Directeur général QU Dongyu

Réunion conjointe du Comité du Programme (139e session) et du Comité financier (202e session)

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

11/11/2024

Mesdames et Messieurs les participants à la Réunion conjointe du Comité du Programme et du Comité financier,

Mesdames, Messieurs,

Chers collègues,

Bonjour. 

Je suis toujours très heureux d’avoir la possibilité de m’exprimer lors de la Réunion conjointe du Comité du Programme et du Comité financier, afin de faire le point sur la progression et l’évolution de nos activités au cours de ces derniers mois, soit depuis la dernière session.

Je reviens tout juste du Pacifique, où j’ai assisté au Forum sur les solutions pour les petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique, dans le cadre duquel j’ai eu l’occasion de réaffirmer l’engagement de la FAO en faveur de l’intensification du soutien aux PEID, ainsi qu’aux pays les moins avancés (PMA) et aux pays en développement sans littoral (PDSL), afin d’appuyer la transformation de leurs systèmes agroalimentaires. Le Forum, largement reconnu et salué par les membres et les partenaires, a fait l’objet d’une forte participation et a donné lieu à de nombreuses interventions.

Plus tard dans la journée, je me rendrai à Bakou (Azerbaïdjan) pour la 29e session de la Conférence des parties (COP29) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La FAO a adopté une approche commune pour les trois conventions de Rio, dont les conférences des parties se réuniront durant les trois derniers mois de l’année, en vue de dynamiser et de renforcer davantage les ambitieuses actions menées en faveur de solutions fondées sur la transformation des systèmes agroalimentaires pour faire face au changement climatique.

La FAO a travaillé en étroite collaboration avec la présidence de la COP29, notamment à l’élaboration de l’initiative climatique Bakou Harmoniya pour les agriculteurs, et jouera un rôle important dans la mise en œuvre de celle-ci.

Il y a deux semaines, à Cali (Colombie), dans le cadre de la 16e session de la Conférence des parties (COP16) à la Convention sur la diversité biologique, nous avons lancé l’initiative de soutien aux stratégies et plans d’action nationaux agricoles pour la biodiversité, afin d’aider les pays à planifier, mettre en œuvre et suivre ces stratégies et plans d’action.

Plus de 60 pour cent de la dégradation des terres imputable aux activités humaines concerne les terres agricoles, ce qui exerce une pression sans précédent sur les systèmes agroalimentaires. C’est pourquoi, lors de la 16e session de la Conférence des parties (COP16) à la Convention sur la lutte contre la désertification, qui se tiendra à Riyad, la FAO plaidera en faveur de la restauration des terres agricoles dégradées au service d’une production durable, afin de garantir une alimentation suffisante tout en assurant un enrichissement de la biodiversité, une séquestration de carbone et la fourniture d’autres services écosystémiques essentiels qui soutiennent le bien-être humain et les moyens de subsistance.

La durabilité de nos systèmes agroalimentaires a aussi été un thème central des débats lors des réunions tenues ces derniers mois par les comités techniques de la FAO.

À sa 29e session, le Comité de l’agriculture a réaffirmé la nécessité de continuer à renforcer nos activités relatives à l’approche «Une seule santé», de combler l’écart entre les genres dans les systèmes agroalimentaires, de continuer à promouvoir les espèces cultivées négligées ou sous-utilisées, et de mettre davantage l’accent sur le nexus changement climatique-biodiversité-alimentation, entre autres.

À sa 2e session, qui s’est tenue en juillet, le Sous-Comité de l’élevage du Comité de l’agriculture est convenu de mettre au point un plan d’action mondial négocié pour la transformation de l’élevage dans une optique de durabilité. Dans ce cadre, nous animerons dans les prochains mois, dans différentes régions du monde, une série de forums régionaux sur la transformation de l’élevage dans une optique de durabilité.

L’aquaculture joue un rôle croissant à l’appui de la sécurité alimentaire et de la nutrition, des moyens de subsistance, du développement économique et de la santé humaine. L’essor et l’intensification de l’aquaculture ont permis de multiplier par deux la consommation individuelle d’aliments aquatiques en près de 70 ans. Répondre aux besoins futurs d’une population en expansion requiert une croissance durable dans ce secteur, soutenue par le rôle de chef de file et les partenariats renforcés de la FAO au service de la poursuite de son développement.

L’action de la FAO dans le secteur de l’aquaculture, éclairée par les Directives de la FAO pour une aquaculture durable récemment adoptées par le Comité des pêches, à sa 36e session, vise à favoriser la durabilité, à résoudre les difficultés et à améliorer les pratiques, dans le cadre de la Feuille de route sur la transformation bleue.

À sa 174e session, en décembre 2023, le Conseil de la FAO a réaffirmé le rôle de chef de file de l’Organisation en sa qualité d’institution principale du système des Nations Unies pour le développement durable des régions montagneuses. Dans la droite ligne de son mandat, la FAO continue d’aider les membres, au moyen des ressources extrabudgétaires disponibles, en leur proposant des outils, des méthodologies et des activités de renforcement des capacités en vue de transposer à plus grande échelle les initiatives de développement des régions montagneuses, en particulier en lien avec le programme Cinq années d’action pour le développement dans les régions montagneuses.

Le secrétariat du Partenariat de la montagne, en collaboration avec les unités techniques et bureaux décentralisés de la FAO, a mis au point le Plan d’action mondial pour le développement des régions montagneuses, qui a été présenté aux membres à l’occasion de la 27e session du Comité des forêts.

Je me réjouis que le Comité des produits ait entériné, à sa 76e session, la proposition du Brésil visant à créer une journée internationale du café – initiative tout à fait bienvenue pour mettre en lumière les progrès réalisés à l’échelle mondiale vers une chaîne de valeur du café plus durable et plus résiliente.

La FAO agit en faveur de la chaîne de valeur du café, par l’intermédiaire de l’initiative Main dans la main, afin de mettre l’accent sur l’investissement dans le café et le secteur caféier, et d’aider les pays à établir des partenariats public-privé. L’Organisation aide aussi les membres à renforcer la recherche et l’innovation dans le domaine du café afin de transformer ce secteur de manière à le rendre plus inclusif et plus durable.

Outre la série de sessions des comités techniques, la FAO a aussi organisé un certain nombre de rencontres clés au cours du dernier semestre, telles que la révolutionnaire Conférence mondiale sur l’innovation en matière de santé animale, les centres de référence et les vaccins, en septembre, qui a réuni pour la première fois des vétérinaires en chef et des représentants gouvernementaux, des fabricants de vaccins et des représentants des 60 centres de référence de la FAO. Cette conférence a permis de définir des voies possibles pour accélérer l’accessibilité des vaccins, en particulier dans les contextes de faibles ressources, et de souligner l’importance des initiatives de renforcement des capacités et des plateformes collaboratives.

Lors de la Réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens qui s’est déroulée pendant la session de l’Assemblée générale des Nations Unies, tenue en septembre, la FAO a insisté sur la nécessité de lutter contre la résistance aux antimicrobiens au moyen de l’approche «Une seule santé», soulignant l’interconnexion entre la santé des humains et celle des animaux, des végétaux et de l’environnement. Dans une perspective plus lointaine, la FAO prévoit l’année prochaine de lancer une plateforme de connaissances et de réflexion sur l’approche «Une seule santé» et la résistance aux antimicrobiens, afin d’aider les pays à faire passer à l’échelle supérieure les initiatives «Une seule santé» et à partager les meilleures pratiques en vue d’atténuer les effets de la résistance aux antimicrobiens dans les systèmes agroalimentaires.

Au cours de ma récente visite en Australie, j’ai pu constater de mes propres yeux l’attention de premier ordre portée à la biosécurité, qui renforce l’action importante menée dans le cadre de la Convention internationale pour la protection des végétaux afin de faire progresser la santé des végétaux et la sécurité des échanges commerciaux. À mesure que nous déployons l’approche «Une seule santé», la santé des sols et des végétaux doit être placée au rang de priorité.

À sa 12e session, tenue en juin, l’Assemblée plénière du Partenariat mondial sur les sols a reconnu les progrès notables qui ont été effectués et a réaffirmé le rôle central du Partenariat s’agissant d’élaborer des produits de la connaissance, des directives pour la gestion durable des sols, ainsi que des données et informations sur les sols, afin de permettre une prise de décision judicieuse et en connaissance de cause.

Je félicite les membres et les partenaires de la FAO, qui ont réaffirmé leur engagement, à l’occasion du Dialogue de haut niveau de Rome sur l’eau consacré au Cadre mondial contre la pénurie d’eau dans l’agriculture, en faveur d’une action collective de lutte contre la pénurie d’eau dans l’agriculture.

Depuis son lancement, l’initiative Villes vertes de la FAO a œuvré, en collaboration avec des villes du monde entier, à promouvoir des pratiques durables, à partager des solutions novatrices et des récits de réussite, et à renforcer la résilience face aux défis de l’urbanisation et du changement climatique. À présent, avec le soutien du Gouvernement de l’Italie, la FAO prépare le lancement du projet intitulé L’initiative Ville vertes en action pour l’Afrique. Cette initiative, dotée d’un montant de 3 millions d’USD, aidera 10 villes, réparties dans cinq pays africains, à définir et mettre au point des programmes d’investissement rentables, adaptés au contexte spécifique qui est le leur.

À ce jour, 72 gouvernements participent officiellement à l’initiative Main dans la main de la FAO, tandis que cinq autres pays ont aussi pris des engagements à l’égard de l’initiative et en utilisent les approches et outils novateurs, tels que la Plateforme géospatiale.

Une étape clé a aussi été franchie en octobre 2024, lors de la troisième édition du Forum de l’investissement Main dans la main, organisé dans le cadre plus vaste du Forum mondial de l’alimentation, où 29 pays et cinq initiatives régionales ont présenté leurs propositions d’investissements agroalimentaires prioritaires à un public d’investisseurs du monde entier, au siège de la FAO.

Des plans d’investissement, d’un montant total de 15 milliards d’USD, couvrant 115 projets devant bénéficier à 120 millions de personnes, ont été présentés à l’occasion du Forum, ce qui a abouti à la formulation par les investisseurs de plus de 600 demandes de rencontres d’appariement avec les initiatives régionales ou sous-régionales et les pays membres participants.

Dans le cadre du Forum mondial de l’alimentation, le Forum de la science et de l’innovation de cette année a aussi brassé tout un éventail d’idées, de perspectives et d’expertises, réaffirmant que la disponibilité, l’accessibilité et le caractère abordable des sciences, des technologies et de l’innovation, ainsi que l’accès équitable à ces outils stratégiques, sont essentiels à la transformation des systèmes agroalimentaires.

Nous continuons à nous employer de manière prioritaire à offrir une aide et une assistance d’urgence essentielles dans le secteur agricole aux exploitants les plus touchés par les conflits, les crises climatiques et les chocs économiques.

Dans les mois à venir, l’insécurité alimentaire aiguë va augmenter dans 22 pays et territoires, la Palestine, le Soudan, le Soudan du Sud, Haïti et le Mali ayant atteint le plus haut niveau d’alerte.

En Haïti, 75 pour cent des personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë vivent dans les zones rurales, où l’agriculture est une source d’aliments et de revenu. Nous intensifions nos efforts à l’aide d’une équipe renforcée qui apporte un soutien accru aux familles déplacées et aux populations d’accueil.

À Gaza, notre dernière analyse géospatiale montre que les infrastructures agricoles ont été décimées, 95 pour cent des bovins ont péri, et près de 70 pour cent des terres agricoles sont détruites. Notre priorité est de réactiver la production alimentaire locale, de reconstituer les disponibilités en aliments nutritifs et de prévenir l’effondrement total du secteur de l’agriculture. Nous avons livré des aliments pour animaux et des kits vétérinaires aux éleveurs, et de nouveaux envois sont prévus.

Au Soudan, au cours du premier semestre, la FAO est déjà venue en aide à 3,8 millions de personnes dans le cadre de sa campagne hivernale de distribution de semences et de vaccination et, depuis juin 2024, l’Organisation, en collaboration avec ses partenaires, a distribué plus de 5 000 tonnes de végétaux essentiels, et plus de 8 000 kilogrammes de semences potagères, à environ 2,59 millions de personnes, dépassant les autres institutions du système des Nations Unies sur le plan de l’exécution.

En Ukraine, nous continuons d’aider les familles des zones rurales en leur fournissant des semences potagères et céréalières ainsi que des aliments pour animaux, des soins vétérinaires et des abris pour la production animale. Nous œuvrons aussi aux côtés du Programme alimentaire mondial (PAM) et de la Fondation suisse de déminage (FSD) pour réhabiliter l’utilisation productive des terres contaminées par des mines ou des engins non explosés.

Le programme de la FAO en Afghanistan montre les effets positifs que l’aide agricole d’urgence peut avoir lorsque des fonds suffisants sont investis, en complément de l’aide alimentaire humanitaire. Ces deux dernières années, 6,5 millions de personnes de moins se sont trouvées en phase 3 ou supérieure du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), et cette évolution se poursuit, étant donné que les dernières projections de l’IPC indiquent que, jusqu’en octobre 2024, l’insécurité alimentaire aiguë se trouvait à son niveau le plus bas enregistré depuis 2021.

Le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO a été adopté par la Conférence en 2021, marquant le début d’un parcours de transformation pour l’Organisation. Depuis lors, nous avons parcouru beaucoup de chemin dans la mise en œuvre des programmes et mécanismes en place. Et nous avons prouvé la solidité de notre Cadre stratégique.

Comme vous l’avez constaté, toutes les évaluations externes qui ont été menées récemment ont montré que la FAO jouait un rôle essentiel dans tous ses domaines de compétence et qu’elle s’était maintenue en position en chef de file au regard de son axe technique, grâce à la mise en œuvre des quatre améliorations et de sa réflexion stratégique innovante.

Mais notre Organisation, qui sait aussi tirer les enseignements nécessaires, s’est interrogée sur la voie à suivre pour l’avenir, alors que le monde a pris du retard dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), en particulier des ODD 1, 2 et 10.

Nous entrons à présent dans une période déterminante, alors que nous élaborons trois documents clés qui guideront nos travaux: notre Cadre stratégique révisé pour 2022‑2031, notre Plan à moyen terme pour 2026-2029, et notre Programme de travail et budget pour 2026-2027. Ces documents nous offrent l’occasion de réfléchir ensemble, d’apprendre ensemble, de nous appuyer sur les enseignements tirés du passé, d’agir collectivement, de réagir aux évolutions externes, et de coopérer dans une perspective d’avenir.

Nous entendons repérer les possibilités d’accroître l’échelle de nos activités ainsi que notre impact, tout en tirant parti des avantages comparatifs de la FAO et en intégrant les différentes considérations de prospective stratégique au regard des futures tendances et des défis à relever.

Le Cadre stratégique révisé conservera sa structure articulée autour des quatre améliorations et des 20 domaines prioritaires du Programme (DPP), le Programme de développement durable à l’horizon 2030 demeurant au centre. Nous définirons aussi des domaines de travail prioritaires dotés d’un fort potentiel de transformation en profondeur. Ensemble, ces documents offriront une feuille de route claire pour la contribution de la FAO à la transformation des systèmes agroalimentaires et à la réalisation des ODD.

Nous nous trouvons véritablement à un moment charnière qui déterminera non seulement la direction que prendra la FAO, mais aussi l’avenir du secteur de l’alimentation et de l’agriculture au niveau mondial pour les années à venir. J’appelle donc instamment tous les membres à sortir de leurs cadres habituels, à prendre pleinement part à ce processus, et à fournir leurs précieux conseils, tout d’abord lors des débats de cette Réunion conjointe, de la session du Comité du Programme, puis de la session du Conseil qui suivra. Vos idées sont essentielles, alors que nous œuvrons ensemble à l’exécution du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en soutenant la transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux, dans l’objectif de les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

Les changements progressifs que nous apportons au réseau des bureaux de pays, en étroite consultation avec les pays membres, représentent un autre aspect du travail que nous effectuons pour nous préparer à l’avenir et être en mesure de traduire notre connaissance et notre expertise technique en résultats concrets sur le terrain. Disposer de bureaux de pays professionnels, modernes, souples, polyvalents et réactifs est l’une des pierres angulaires de l’approche des «quatre R»: redressement, réforme et reconstruction, pour une renaissance de la FAO.

En nous appuyant sur le succès et les résultats positifs de la première Conférence de travail mondiale des représentants de la FAO, qui s’est tenue en décembre 2023 au siège de la FAO, la deuxième édition de la manifestation aura lieu à Bangkok du 10 au 12 décembre 2024. Cette importante Conférence se déroulera pour la deuxième fois à un moment clé, alors que la FAO poursuit ses efforts stratégiques de mise en œuvre du Cadre stratégique, guidée par les quatre améliorations (en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie), et vise à renforcer l’alignement entre les bureaux décentralisés et le siège de l’Organisation, afin de garantir une approche harmonisée et efficace face aux défis et possibilités qui se font jour au niveau des pays. Et avant toute chose, à intensifier ses efforts pour une FAMILLE DE LA FAO UNIE DANS L’ACTION.

L’Organisation continue de s’employer à réaliser des économies et des gains d’efficience dans toutes ses activités. Les membres seront tenus informés des mesures prises dans les documents statutaires ainsi qu’au moyen du Portail de la transparence. Vous constaterez que nous mettons l’accent sur trois types de gains d’efficience:

  • Premièrement: les économies de coûts – ce qui suppose à la fois de réduire les coûts et d’éviter les coûts inutiles;
  • Deuxièmement: les économies de temps;
  • Troisièmement: l’amélioration de l’efficacité.

Nous recherchons toujours les gains d’efficience, tout en nous assurant que nous ne faisons aucun compromis sur la qualité ni l’exécution. Nous avons élaboré le plan d’action que vous avez appelé de vos vœux dans le cadre de recommandations formelles et informelles.

Cette année, nous avons atteint des sommets encore plus élevés sur le plan de la mobilisation de ressources en provenance des pays et des partenaires.

Le portefeuille du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) consacré à la FAO est passé de 1,9 milliard d’USD de subventions à 13,4 milliards d’USD de cofinancements. Notre partenariat soutient 141 pays, y compris des PMA et des PEID, en vue de transformer les systèmes agroalimentaires et de contribuer à différents bienfaits environnementaux à l’échelle mondiale.

Le Fonds vert pour le climat (FVC) vient juste d’approuver deux projets dirigés par la FAO et assortis d’investissements équivalents à un montant de 134 millions d’USD, afin d’appuyer l’adaptation et de renforcer la résilience face au climat au sein des communautés agricoles de Somalie et d’Iraq.

Au total, le portefeuille du FVC pour la FAO appuie aujourd’hui 89 pays avec des investissements équivalents à un montant de 1,4 milliard d’USD destinés à favoriser les efforts d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets, ainsi qu’à transformer les systèmes agroalimentaires pour un avenir meilleur en matière de sécurité alimentaire.

Ces investissements témoignent de l’engagement de la FAO en faveur de la mise en place de systèmes agroalimentaires résilients et durables dans les contextes vulnérables et fragiles.

La FAO a par ailleurs réussi à obtenir le financement de 21 nouveaux projets, pour un montant total de 109 millions d’USD, lors du deuxième appel lancé par le Fonds de lutte contre les pandémies – ce qui porte son portefeuille à 33 projets, répartis dans l’ensemble des cinq régions et dans 42 pays, pour un montant global équivalent à près de 170 millions d’USD.

Malgré ces augmentations, la tendance mondiale en matière de financement du développement nous inquiète. De nombreux partenaires bilatéraux fournisseurs de ressources réorientent les flux d’aide et donnent la priorité aux besoins nationaux, ce qui se traduit par des ressources réduites et des disponibilités limitées pour le financement.

La FAO est cependant parvenue à résister à cette tendance, mieux que bien des institutions du système des Nations Unies, grâce à une base de financement très diversifiée.

L’année 2024 marque le 60e anniversaire du Centre d’investissement de la FAO.

En plus de 60 ans, le Centre a contribué à la conception de plus de 2 400 projets d’investissement financés par des institutions financières internationales dans 157 pays, totalisant, après ajustement en fonction de l’inflation, plus de 257 milliards d’USD d’investissements publics.

À l’avenir, nous continuerons de répondre à la demande croissante et évolutive de solutions d’investissement, en étroite collaboration avec un réseau élargi de partenaires financiers et de partenaires de connaissances, en vue d’aider les pays à réaliser les quatre améliorations.

Jusqu’à présent (au mois d’octobre), nous avons reçu pour l’année 1,3 milliard d’USD de contributions volontaires, ce qui représente une légère baisse par rapport à la même période de l’année dernière, étant donné que 2024 a été une année électorale pour les principaux donateurs, mais les ressources mobilisées cette année devraient atteindre un montant élevé – le troisième en importance depuis la création de la FAO.

Nous constatons les répercussions nationales positives des investissements dans la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, et nous avons observé que cette coopération offrait un important complément à l’initiative «Un pays, un produit prioritaire» et à l’approche adoptée en matière de transferts de technologie. Par exemple:

  • L'Algérie bénéficie de l'appui technique de la Türkiye dans le secteur des figues.
  • Le Cambodge et les Philippines recevront l’aide de la Chine et de l’Indonésie dans la filière des mangues.
  • Le Lesotho devrait recevoir le soutien de la Chine et du Pérou pour la production de pommes de terre.
  • Les PEID du Pacifique ont obtenu l’aide de la Chine, de l’Australie et du Japon.

Quatre pays supplémentaires ont rejoint l’initiative cette année, ce qui porte le total des participants à 87 et celui des produits à 53. Nous nous employons à obtenir davantage de financements afin de faire passer à la vitesse supérieure l’appui à la chaîne de valeur de ces pays.

Dans le prolongement de l’examen stratégique du Programme de coopération technique (PCT) 2021-2023 et des améliorations convenues avec les membres, les projets du PCT ont atteint un niveau de pertinence sans précédent. Ces fonds sont des catalyseurs pour la mobilisation de ressources, environ 5 milliards d’USD ayant été mobilisés depuis 2019, au service d’autres initiatives menées au niveau des pays telles que Main dans la main, Villes numériques et «Un pays, un produit prioritaire».

Chers collègues,

Les achats à la FAO ont considérablement augmenté ces dernières années, grâce à une mobilisation des ressources réussie. Ils représentent désormais une part considérable du budget de l’Organisation. Cette croissance reflète clairement le rôle essentiel que jouent les achats s’agissant de garantir l’exécution efficace des programmes de la FAO, en particulier dans les contextes d’urgence, où 80 pour cent des achats servent à financer des opérations d’urgence.

Sur mes conseils, une unité logistique spécifique a été créée en juillet afin de rationaliser davantage la fonction logistique de l’Organisation. Elle élabore actuellement des directives et une feuille de route pour leur mise en œuvre aux fins d’une gestion efficace et durable de la chaîne d’approvisionnement, l’accent étant mis sur l’efficacité du soutien apporté aux activités de la FAO.

Une politique en matière de logistique est par ailleurs en cours d’élaboration et devrait être déployée au premier semestre 2025. Ce sera la première étape vers un système de gestion de la chaîne d'approvisionnement axé sur des objectifs et pleinement opérationnel à la FAO.

Le succès de la FAO repose sur le talent, le dévouement et la créativité de son personnel. Mon axe de travail principal reste de favoriser une culture dynamique, diversifiée, inclusive et performante au sein de l’Organisation, et de faire en sorte que nous disposions des bonnes personnes aux bonnes fonctions au bon moment.

Nous continuons de centrer nos efforts sur la rationalisation et l’amélioration de nos processus de prospection et de recrutement de talents, en comblant les lacunes et en remédiant aux goulets d’étranglement afin d’accélérer le processus, en vue de faire en sorte que la FAO pourvoie les postes vacants et conserve la capacité technique nécessaire à l’exécution de son mandat.

Nous déployons par ailleurs des stratégies de sensibilisation plus ciblées afin d’accroître la diversité du personnel, l’accent étant mis en particulier sur la parité femmes-hommes aux niveaux hiérarchiques élevés, ainsi que sur la représentation géographique.

Lors du Dialogue intergénérationnel de 2024, organisé en amont du Forum mondial de l’alimentation, j’ai souligné la nécessité de mettre en place une culture équilibrée, car les jeunes sont notre avenir.

En octobre, nous avons réinstitué le Programme d’orientation à l’intention des nouveaux membres du personnel, afin de doter les nouveaux arrivants des outils, des ressources et des connaissances nécessaires pour s’adapter à leurs fonctions et contribuer efficacement aux buts et objectifs de l’Organisation.

L’écoute des salariés et de leurs préoccupations est une de mes priorités depuis le départ. Dans cette optique, la troisième enquête de satisfaction menée auprès du personnel a été lancée le 7 octobre auprès de plus de 16 000 collaborateurs. Cette enquête sert d’outil pour mesurer différents aspects organisationnels clés tels que la culture du lieu de travail, la satisfaction au travail et le bien-être des employés. Elle constitue pour la FAO une source de données précieuse qui lui permettra de repérer les domaines spécifiques où apporter des améliorations et de mettre en œuvre des actions ciblées.

La FAO continue de placer le bien-être de ses employés au rang de priorité, dans le but de créer un environnement de travail sain et propice. Cette année, nous avons assisté à l’aboutissement du processus d’appel d’offres relatif aux services d’assurance-maladie de la FAO pour la période du 1er janvier 2025 au 31 décembre 2029.

Cette initiative vise à améliorer la couverture des employés de l’Organisation en matière d’assurance-maladie, et à placer la FAO dans la meilleure position possible pour gérer efficacement les futurs coûts d’assurance-maladie, grâce à des mesures fiables de maîtrise des coûts, tout en offrant une meilleure couverture au personnel. Elle donne l’occasion non seulement de réduire les coûts prévus de l’assurance-maladie, mais aussi de redéfinir les régimes d’assurance, qui seront dotés d’éléments spécifiques en matière de soins préventifs et de bien-être du personnel.

Le Centre des services commun de la FAO continue d’appuyer le changement de modèle de l’Organisation, afin de rendre celle-ci plus inclusive, plus polyvalente et plus efficace. Seize ans après sa création, sa valeur ajoutée reste claire: favoriser l’efficacité en matière de coûts, réduire les risques, et proposer des solutions de service clients, afin de permettre aux collègues répartis partout dans le monde de se concentrer sur leur cœur de mission.

La prévention et la lutte contre toutes les formes de harcèlement, de harcèlement sexuel, de discrimination, d’exploitation sexuelle et d’abus de pouvoir restent une priorité absolue, et des actions sont actuellement menées pour maintenir sur le lieu de travail une culture inclusive et exempte de discrimination, grâce aux travaux du Comité sur le comportement au travail et la protection contre l’exploitation et les abus sexuels.

Je suis heureux de vous annoncer que, en réponse à la recommandation du Corps commun d’inspection (CCI) visant à garantir que le Bureau de la médiation établisse des indicateurs de performance clés permettant de mieux mesurer les résultats, j'ai convenu avec le Médiateur d’un modèle d’évaluation des performances basé sur un certain nombre d’indicateurs pertinents.

L’intégrité et la réputation de la FAO en ce qui concerne son fonctionnement dépendent en grande partie de la manière dont l’Organisation parvient à intégrer une culture axée sur l’intégrité. La sensibilisation aux risques susceptibles d’avoir une incidence sur l’intégrité de la FAO reste une priorité, diverses missions ayant été entreprises par le Bureau de la déontologie auprès des bureaux décentralisés. Les actions menées l’année dernière ont notamment été l’organisation, à l’intention des équipes des bureaux décentralisés, de sessions de formation ciblées sur divers sujets, comme les risques de conflit d’intérêts, la courtoisie sur le lieu de travail, et la prévention du harcèlement et de l’abus de pouvoir.

Avec mon soutien, le Bureau de l'évaluation a mené cette année 24 évaluations entre mai et novembre. Il a renforcé sa présence régionale pour mieux soutenir les opérations sur le terrain et a progressé dans l’élaboration d’un «programme d’apprentissage» visant à définir les questions prioritaires qui guideront les efforts de collecte de données du Bureau.

Une évaluation du DPP de la FAO relatif à l’approche «Une seule santé» (troisième volet de l’amélioration en matière de production) a été entreprise. Elle porte sur l’évolution et l’opérationnalisation de l’action menée par la FAO dans le cadre du programme «Une seule santé» entre 2010 et 2023. Elle a révélé que l’Organisation jouait un important rôle de chef de file dans ce domaine et qu’elle était reconnue pour son expertise technique en matière de santé animale, pour ses interventions de renforcement des capacités et pour sa forte présence au niveau des pays.

La FAO a étendu ses partenariats stratégiques entre les systèmes agroalimentaires en signant de nouveaux protocoles d’accord avec des organisations telles que l’Organisation internationale du Travail (OIT), ONU-Habitat, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Ces collaborations visent à aligner les politiques commerciales mondiales sur la sécurité alimentaire et les ODD, à améliorer l’emploi et la protection sociale, à faire face aux conséquences socioéconomiques des crises et des défis environnementaux, et à soutenir les populations vulnérables au moyen de plans de travail conjoints spécifiques, axés sur les résultats.

Je suis heureux de vous faire part du soutien unanime des membres du G20, sous la direction du Brésil, à la création d’une alliance mondiale contre la faim et la pauvreté. Il est le signe d’une coopération étroite au sein du G20, notamment en matière de sécurité alimentaire. L’Alliance mondiale sera essentielle pour apporter des connaissances et des savoir-faire dans les régions du monde où c’est le plus nécessaire, ainsi que pour présenter à celles-ci des exemples de réussite à l’échelon régional. La FAO est fière de jouer un rôle important à l’appui de l’Alliance mondiale, en accueillant à Rome son mécanisme de soutien, ainsi qu’en assurant l’élaboration et la mise en œuvre de son portefeuille de politiques.

Je tiens à féliciter le Gouvernement du Brésil (pour le G20) et le Gouvernement de l’Italie (pour le G7) d’avoir replacé la sécurité alimentaire au centre des débats mondiaux.

Chers amis,

La Journée mondiale de l’alimentation 2024 a marqué le lancement d’une année d’action jusqu’au 80e anniversaire de la FAO. Tout au long de l’année à venir, nous mobiliserons tous les partenaires dans le cadre d’une série de manifestations et d’activités reflétant notre mission et notre vision communes, avec pour point culminant la date du 16 octobre 2025, qui marquera la 80e anniversaire de la FAO et l’inauguration de son Musée et réseau de l'alimentation et de l'agriculture.

Je tiens à exprimer notre gratitude à l’égard de notre pays hôte, l’Italie, pour son généreux soutien s’agissant d’accueillir tous les projets prévus dans ce cadre.

Je vous invite tous à faire partie intégrante du Musée et réseau de la FAO en y contribuant et en partageant des récits, des pratiques, des cultures et des technologies alimentaires issus de vos pays. Ensemble, nous pouvons accroître la visibilité de la FAO et donner à cette dernière une place plus centrale à l’échelle mondiale, et préparer l’avenir en assurant une conception à plus long terme et en agissant concrètement sur la base du mandat de notre Organisation.

Je vous souhaite une semaine fructueuse et j’attends avec impatience les recommandations que vous formulerez à l’intention du Conseil.

Je vous remercie.