Directeur général QU Dongyu

RÉUNION CONJOINTE DU COMITÉ DU PROGRAMME ET DU COMITÉ FINANCIER

de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO

10/03/2025

Mesdames et Messieurs,

Chers collègues,

Bonjour. 

Comme toujours, je suis heureux de m’adresser à vous à l’occasion de cette réunion conjointe du Comité du Programme et du Comité financier:

Faisons le point sur la situation.

Premièrement: 733 millions de personnes sont confrontées à la faim chronique, soit 1 personne sur 11 à l’échelle mondiale et 1 sur 5 en Afrique.

Deuxièmement: 2,3 milliards de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et 2,8 milliards n’ont pas accès à une alimentation saine.

Les conflits demeurent l’une des plus grandes menaces pour la sécurité alimentaire.

Troisièmement: Il nous faut mener d’urgence une action collective et cohérente pour opérer un changement porteur de transformation, afin d’établir un nouveau modèle d’activité qui garantisse la disponibilité, l’accessibilité et l’abordabilité des denrées alimentaires pour tous; il n’y a pas de temps à perdre.

Quatrièmement: Le changement dont nous avons besoin nécessite une transformation urgente des systèmes agroalimentaires mondiaux visant à les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.

Cinquièmement: En tant que Directeur général de la FAO, je suis fermement engagé à mettre en œuvre le Cadre stratégique 2022-2031 et à concrétiser les quatre améliorations, adoptées par la Conférence de l’Organisation en 2021: amélioration de la production, amélioration de la nutrition, amélioration de l’environnement et amélioration des conditions de vie, en ne laissant personne de côté.

C’est l’objectif précis que je me suis fixé lors de mon entrée en fonction en 2019.

Sixièmement: La vision reposant sur les quatre améliorations tire parti de la position particulière de la FAO en tant qu’institution spécialisée des Nations Unies jouant un rôle essentiel dans la lutte contre la faim et la malnutrition à l’échelle mondiale, conformément à son mandat.

Septièmement: Nous devons rester cohérents et déterminés à l’égard de notre vision à long terme du changement, sans quoi nous perdrons notre cap. Mais nous devons également modifier notre modèle d’activité afin qu’il soit en phase avec les évolutions mondiales.

La semaine dernière, à l’occasion de la réunion-débat de la FAO, j’ai affirmé qu’il nous faut changer et nous adapter à l’évolution des financements. Nous devons atténuer les effets de ces changements en modifiant notre programme de travail afin de réduire autant que possible les coupes budgétaires. Il s’agit là d’un processus d’évolution.

Huitièmement: Le chemin à parcourir est semé d’embûches et de crises, mais il nous offre aussi de nombreuses occasions à saisir.

Et neuvièmement: Pour que ces défis se convertissent en possibilités, nous devons continuer à concevoir, à œuvrer et à contribuer ensemble, en consolidant encore notre engagement en faveur d’une innovation fondée sur des données probantes, de partenariats renforcés et de mesures porteuses de transformation qui ne laissent personne de côté.

Chers collègues,

Le Plan à moyen terme (PMT) 2026-2029 et le Programme de travail et budget (PTB) 2026-2027 présentent une feuille de route axée sur les résultats pour concrétiser notre vision stratégique.

L’approche programmatique de la FAO, fondée sur des éléments factuels, nous permet d’agir dès que de nouveaux défis et possibilités se présentent, en mettant l’accent sur des initiatives à fort impact qui maximisent le retour sur investissement.

Au cours de l’exercice biennal 2026-2027, l’examen des structures des bureaux de pays se poursuivra de façon à garantir un réseau moderne et efficace qui aidera les pays à atteindre leurs cibles afférentes aux ODD, et consolidera davantage encore la portée mondiale de la FAO, unie dans l’action.

L’alignement stratégique entre les bureaux décentralisés et le siège est essentiel, et la deuxième Conférence de travail mondiale des représentants de la FAO, qui s’est tenue à Bangkok en décembre dernier, a réaffirmé notre détermination à penser, apprendre et travailler ensemble de manière cohérente comme une grande famille, dans le droit fil de notre engagement général de rendre l’Organisation plus réactive et plus apte à remplir ses fonctions.

La FAO reste attachée à la rentabilité des intrants et à l’efficience opérationnelle, en veillant à ce que les ressources soient allouées de manière efficace.

Lors de la préparation de la proposition de budget pour 2026-2027, d’autres modalités d’exécution de notre programme de travail ont été envisagées, ce qui a permis de réduire le nombre de postes inscrits au budget.

Soulignant mon engagement ferme en faveur de l’efficience et de l’efficacité, les réductions proposées préservent les compétences essentielles et protègent l’exécution, en particulier dans les domaines techniques clés et pour ce qui est des résultats escomptés au niveau national.

Par exemple, les organismes nuisibles et les maladies touchant des végétaux continuent de causer des dommages importants – 40 pour cent de la production végétale mondiale est ainsi perdue chaque année – et leur impact économique s’élève à 220 milliards d’USD.

En vue d’accroître les efforts de la FAO dans ce domaine, j’ai augmenté de 0,5 million d’USD le budget relatif à la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) dans le PTB.

C’est un signe de notre ferme engagement envers le travail normatif de la FAO, et cela renforcera davantage encore les systèmes d’alerte rapide et les capacités phytosanitaires aux niveaux national et régional.

La FAO continuera à travailler activement pour démontrer clairement la valeur et les résultats de ses activités aux membres, tout en diversifiant les sources de financement, en mettant au point des mécanismes de financement innovants et en visant l’excellence dans tous les domaines.

En 2024, la FAO a mobilisé 1,77 milliard d’USD de contributions volontaires. Il s’agit du troisième montant le plus élevé obtenu par l’Organisation en 80 ans d’existence, ce qui constitue un bon résultat dans un environnement mondial difficile.

Le financement du développement représentait 63 pour cent de ces contributions, le financement des interventions d’urgence s’élevant à 37 pour cent.

Les structures de financement mondiales sont en train de changer, les partenaires bilatéraux redéfinissant les priorités de l’aide pour faire face aux défis nationaux tels que l’inflation et les crises de la dette.

La FAO a su réagir à cette évolution grâce à la diversité de ses partenaires.

Le financement provenant de fonds verticaux, y compris du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), du Fonds vert pour le climat (FVC) et du Fonds de lutte contre les pandémies, a augmenté de 37 pour cent par rapport à la moyenne de 2020-2023.

Les banques multilatérales de développement ont fourni 18 pour cent du financement total en 2024.

Chers collègues,

Permettez-moi d’évoquer brièvement l’évolution de la situation géopolitique ayant un impact sur les programmes et les projets de la FAO.

Sur la base des tendances actuelles, l’année 2025 comportera probablement des défis importants en matière de mobilisation des ressources pour l’ensemble du système des Nations Unies.

Les réorientations stratégiques dans certains pays donateurs pourraient se traduire par une diminution du volume de financement en 2025.

Chaque membre de la FAO a le droit de décider de la manière dont l’argent de ses contribuables est utilisé, ce qui souligne combien il importe que l’Organisation soit adaptée à sa mission.

Nous continuerons à défendre la valeur ajoutée et l’avantage comparatif de la FAO, tout en renforçant nos partenariats afin de garantir le maintien de nos services techniques essentiels, de nos projets d’urgence vitaux et de notre travail normatif.

En juin 2024, nous avons lancé le portail consacré à la transparence et le tableau de bord des projets de la FAO, ce qui a marqué une étape importante du point de vue de l’accessibilité des données et de la responsabilité. Le portail offre un aperçu détaillé et en temps réel des flux de financement, de l’allocation des ressources et de la mise en œuvre des projets, établissant ainsi une nouvelle norme en matière de transparence et de prise de décision fondée sur les données.

Les causes de la faim aiguë persistent.

Il y a tout juste deux semaines, j’ai rencontré à Genève les responsables d’organisations humanitaires et d’organisations non gouvernementales (ONG) à l’occasion d’une réunion d’une journée des directeurs du Comité permanent interorganisations. Nous avons discuté de la manière de garantir que les plus vulnérables reçoivent un soutien urgent, en particulier dans des endroits comme Gaza, le Soudan et la République démocratique du Congo (RDC), entre autres.

Le rôle unique de la FAO s’agissant de fournir une assistance agricole d’urgence permet à des populations de ne plus être confrontées à la faim en stabilisant la production et les approvisionnements alimentaires locaux moyennant une infime partie du coût de l’aide alimentaire.

Chers collègues,

La FAO continue d’accroître son soutien aux membres pour qu’ils intègrent pleinement les systèmes agroalimentaires dans leurs plans et mesures de résilience face au changement climatique. La FAO continue également de jouer un rôle central dans l’accélération de l’accès des pays au financement climatique.

Le partenariat FAO-FVC continue de se développer, desservant 91 pays dans le cadre de 25 projets porteurs de transformation, avec 2 nouveaux projets d’un montant de plus de 130 millions d’USD approuvés par le Conseil du FVC en février, afin de renforcer la résilience climatique et de parvenir à un développement durable.

Le partenariat FAO-FEM a atteint de nouveaux sommets avec des projets d’une valeur de plus de 400 millions d’USD approuvés en 2024. Et nous continuons dans cette voie en 2025: en février ont été soumis, dans leur version définitive, plus de 40 projets FEM en faveur de la transformation des systèmes agroalimentaires, d’océans propres et en bonne santé, d’une gestion durable des terres et de l’eau, de l’adaptation au changement climatique et de la gestion durable des forêts.

Lors de la première réunion des ministres des affaires étrangères du G20, qui s’est tenue en février, j’ai félicité la présidence de l’Afrique du Sud d’avoir souligné que la sécurité alimentaire est essentielle à la paix, à la stabilité et à la dignité humaine.

J’ai également réaffirmé l’engagement de la FAO auprès de l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, lancée sous la présidence brésilienne du G20, qui fournit un mécanisme coordonné de lutte contre la faim et la pauvreté.

Chers collègues,

L’édition 2025 du Forum mondial de l’alimentation vise à faire fond sur les réalisations des années précédentes, grâce à des programmes plus complets, en mettant l’accent sur une intégration accrue afin de transposer à plus grande échelle les solutions efficaces, sur la mobilisation renforcée des jeunes et sur la création de nouvelles possibilités d’investissement, ce au moyen d’outils numériques améliorés pour faciliter la participation aux manifestations et la mise en relation.

La manifestation phare du Forum mondial de l’alimentation 2025 constituera une étape historique puisqu’elle célèbrera le 80e anniversaire de la FAO lors de la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre, et continuera de démontrer la détermination à stimuler les progrès et à trouver des solutions aux défis les plus pressants liés aux systèmes agroalimentaires dans le monde, amplifiant ainsi le rôle de la plateforme en tant que catalyseur du changement.

À cette occasion, la FAO inaugurera également son Musée et réseau mondial de l’alimentation et de l’agriculture au siège, à Rome, avec le soutien du Ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie.

En 2025, le Forum mondial de l’alimentation continuera de faire participer les jeunes aux espaces de gouvernance agroalimentaire par l’intermédiaire de l’Assemblée de la jeunesse.

Cette année, le Forum de l’investissement Main dans la main sera l’occasion de présenter des propositions d’investissement agroalimentaire provenant de 28 pays membres et de 5 initiatives régionales, l’accent étant mis sur l’augmentation de la participation des investisseurs du secteur privé.

Dans le droit fil des éditions précédentes, le Forum de la science et de l’innovation réunira davantage de scientifiques et de jeunes scientifiques de haut niveau et sera associé à la célébration du 80e anniversaire de la FAO par la présentation de solutions innovantes mises en œuvre au cours des huit dernières décennies pour lutter contre la faim et la malnutrition, tout en étant tourné vers les sciences, les technologies et les innovations émergentes afin d’accélérer les mesures destinées à relever les défis actuels et futurs des systèmes agroalimentaires. 

Par l’intermédiaire du Bureau de l’innovation de la FAO, nous continuons à faire progresser la biotechnologie et, en juin de cette année, nous accueillerons la Conférence internationale sur la biotechnologie, dont les participants se pencheront sur le rôle de la biotechnologie dans la transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux.

Chers collègues,

Le Bureau de l’évaluation a mené à terme 14 évaluations depuis notre dernière réunion en novembre 2024. Ces évaluations permettent de tirer des enseignements cruciaux pour améliorer les projets professionnels de la FAO.

Je reste déterminé à renforcer le contrôle interne et l’obligation de rendre des comptes à la FAO. Les récentes modifications de la structure du Bureau des enquêtes ont permis d’améliorer davantage encore son efficacité, tout en accroissant l’efficience des opérations et des activités.

La nouvelle stratégie en matière de ressources humaines pour 2025-2028 guidera la FAO vers l’excellence et l’innovation dans les années à venir. Elle marque une étape importante dans la transformation des ressources humaines de l’Organisation, qui en fera un partenaire professionnel et stratégique efficace, tout en renforçant notre aptitude à nous acquitter de notre mandat de façon efficiente.

Chers collègues,

La FAO continue de tenir un discours convaincant à l’échelle mondiale et de se positionner fermement en tant que principale organisation technique, professionnelle et axée sur les connaissances, et en tant que centre de référence pour l’alimentation et l’agriculture.

En seulement quatre mois, depuis novembre 2024, 14 000 publications de la FAO sur les réseaux sociaux ont été consultées plus de 1,4 milliard de fois, et la visualisation des données numériques sur le site web de la FAO a augmenté de près de 7,5 pour cent – soit plus de 200 000 consultations par mois, avec 98 millions de consultations au total pour la seule année 2024.

L’impact et la valeur de la FAO, ainsi que les avantages qu’en retirent tous ses membres, ne cessent de croître.

L’Organisation a un rôle unique à jouer s’agissant de fournir aux membres les informations nécessaires à l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, et de communiquer sur les quatre améliorations, sur le Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO, et sur l’importance fondamentale des systèmes agroalimentaires pour les populations, la prospérité et la planète, au bénéfice de tous.

Continuons à travailler de concert pour les agriculteurs et les consommateurs du monde entier.

Je vous souhaite une semaine fructueuse, et j’attends avec impatience les suggestions professionnelles que vous nous adresserez, au Conseil et à moi-même.

Je vous remercie de votre attention.