FORUM INTERNATIONAL D’ASTANA Séance d’ouverture – Allocution d’ouverture
de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
29/05/2025
Monsieur le Président du Kazakhstan,
Chers amis,
Mesdames et Messieurs,
J’ai l’immense plaisir de vous retrouver pour la séance d’ouverture de l’édition 2025 du Forum international d’Astana, qui est un lieu d’échanges important pour l’émergence d’idées ambitieuses, la poursuite d’un dialogue fécond et le renforcement de la coopération en ces temps où la collaboration mondiale est essentielle.
Ayant pour thème «Créer des ponts entre les esprits et bâtir l’avenir», ce forum réunit des dirigeants, des penseurs et des partenaires déterminés à trouver des solutions communes en ce qui concerne, notamment, la sécurité alimentaire, la sécurité de l’approvisionnement en eau, la résilience énergétique et les actions pour le climat.
Comme je le dis toujours, nous devons travailler, réfléchir, apprendre et agir ensemble. Surtout, nous devons collaborer de manière plus efficiente, plus efficace et plus cohérente.
Le 16 octobre de cette année, nous célébrerons le 80e anniversaire de la FAO, créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Nous fêterons huit décennies d’action collective en faveur de la paix, du développement et de la sécurité alimentaire.
La paix est un préalable à la sécurité alimentaire et le droit à l’alimentation est un droit humain fondamental.
Ce 80e anniversaire nous rappelle tout le chemin que nous avons parcouru et nous invite, pour l’avenir, à redoubler d’efforts dans la réalisation de notre mission commune.
Nous devons continuer à mettre les discours en pratique, avec encore plus de détermination et d’ardeur!
Il y a 20 ans, Astana était une toute jeune capitale et, aujourd’hui, c’est l’une des villes les plus modernes du monde, en harmonie avec la nature, où la végétation est omniprésente, le ciel bleu et l’eau propre. C’est une ville tournée vers l’action et axée sur les résultats. Pour construire de beaux édifices, il ne suffit pas de parler, en restant au stade de la planification ou du débat.
Mesdames et Messieurs,
L’Asie centrale est une région charnière sur le plan géographique, économique et climatique.
Ce territoire abrite une diversité culturelle et écologique extraordinaire mais il est aussi confronté à des problèmes croissants, de la dégradation des terres aux pénuries d’eau, en passant par la vulnérabilité face au climat et les pressions démographiques.
Rappelons-nous la sagesse chinoise qui nous enseigne que ces défis sont aussi des ouvertures.
Grâce à ses immenses étendues de terres, à son abondante agrobiodiversité et à son emplacement stratégique, l’Asie centrale est dotée de tous les atouts nécessaires pour transformer ses systèmes agroalimentaires en moteurs de la durabilité, de la résilience et d’une amélioration des conditions de vie.
Cette transformation est essentielle non seulement pour la région, mais aussi pour l’ensemble du continent eurasiatique et au-delà.
Près de 64 millions de personnes vivant dans la région Europe et Asie centrale ne peuvent toujours pas se permettre d’adopter une alimentation saine, et l’Asie centrale affiche le taux le plus élevé en la matière (16,3 pour cent de la population).
Quand on parle de sécurité alimentaire, on pense tous aux aliments de base et aux aliments sains. Pourtant, d’après mon expérience de la culture d’Asie de l’Est, il y existe quatre niveaux: l’alimentation de base, l’alimentation nutritive, l’alimentation saine et l’alimentation fonctionnelle. Nous avons donc encore deux objectifs à atteindre, afin que l’alimentation soit non seulement en quantité suffisante (qu’il s’agisse de pain, de riz, de nouilles ou de bœuf, par exemple), mais aussi nutritive et fonctionnelle.
Alors que la sécurité de l’approvisionnement en eau est un élément fondamental des systèmes agroalimentaires, elle est de plus en plus menacée par les pénuries, la pollution et l’insuffisance des infrastructures.
La FAO exhorte à prendre des mesures pour la conservation des ressources en eau, la coopération transfrontière et les pratiques agricoles durables afin de garantir l’avenir de la région.
Si l’on veut tirer le meilleur parti des possibilités offertes par la région et relever ces défis, il faut de toute urgence augmenter les investissements dans l’innovation, les infrastructures hydriques et un développement inclusif.
Nous devons rassembler les gouvernements, le secteur privé, la société civile et tous les partenaires de la communauté internationale pour changer les choses, car l’inaction nous coûte bien plus cher que l’action.
Le Kazakhstan, qui est le plus grand pays d’Asie centrale, joue un rôle crucial dans la construction de cet avenir.
Grâce au projet du Président du Kazakhstan visant à transformer ce pays en pôle alimentaire de l’Eurasie, le Kazakhstan a témoigné de son profond attachement à la sécurité alimentaire régionale et mondiale, à la durabilité environnementale et à la coopération régionale et mondiale.
Je suis fier du programme de partenariat entre la FAO et le Kazakhstan qui va étayer, consolider et accélérer davantage la transformation des systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.
Ce programme durera 10 ans et prévoit la mise en œuvre de plusieurs initiatives décisives. En d’autres termes, nous avons maintenant un projet qui va s’étendre sur 20 ans. Ainsi, quand nous fêterons les 100 ans de la FAO, nous aurons travaillé ensemble pendant 20 ans!
Notre philosophie ne doit pas se cantonner aux politiques et aux technologies, elle doit aussi accorder de l’attention aux personnes, en particulier aux femmes et aux jeunes.
L’avenir que nous dessinons aujourd’hui sera la réalité des jeunes de demain. Leur santé, leur bien-être et leurs moyens de subsistance dépendront des outils que nous leur offrons aujourd’hui.
Nous devons donner aux jeunes les connaissances, les outils et les possibilités qui leur permettent de devenir des agents du changement, en tant que futurs scientifiques, agriculteurs, responsables politiques, dirigeants et aussi, bien sûr, hommes et femmes d’affaires.
À la FAO, nous considérons que la jeunesse est un puissant moteur de transformation. Nous sommes le premier organisme du système des Nations Unies à avoir créé un comité de la jeunesse et un bureau des jeunes et des femmes.
Au Kazakhstan, les jeunes représentent près d’un tiers de la population (plus de 5,7 millions de personnes) et plus de deux millions d’entre eux vivent en zone rurale.
Leur énergie, leur créativité et leur engagement sont indispensables à l’avènement de sociétés durables et sans laissés-pour-compte. C’est tout le sens du thème d’aujourd’hui: créer des ponts entre les esprits (mettre en lien de jeunes esprits innovants pour trouver des solutions et des approches innovantes) et bâtir l’avenir, un avenir meilleur pour tous.
Chers amis,
J’aimerais clôturer mon propos en félicitant le Kazakhstan en tant que chef de file régional, défenseur de politiques durables, moteur de l’innovation dans les systèmes agroalimentaires et hydriques, et bâtisseur d’un avenir plus sûr et plus résilient pour l’Asie centrale et pour le reste du monde.
Continuons à œuvrer ensemble, dans cette région et partout ailleurs, aux quatre améliorations, qui concernent la production, la nutrition, l’environnement et les conditions de vie, en ne laissant personne de côté.
Je vous remercie.