Cérémonie du Forum mondial de l’alimentation et présentation du Prix FAO des réalisations exemplaires.
de M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO
16/10/2024
Mesdames et Messieurs,
Chers collègues, chers amis,
Je vous souhaite le bonjour de Rome!
Bonne Journée mondiale de l’alimentation! Joyeux 79e anniversaire à notre FAO!
Le thème de la Journée mondiale de l’alimentation de cette année («Le droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs») vient opportunément nous rappeler le droit de chaque personne à une alimentation adéquate.
À l’heure où 730 millions de personnes souffrent de la faim, force est de constater qu’il reste encore beaucoup à faire et que le mandat de la FAO, qui est d’assurer la sécurité alimentaire pour tous, est plus que jamais d’actualité.
Plus de 2,8 milliards de personnes n’ont actuellement pas les moyens de s’alimenter sainement.
La malnutrition est présente sous ses diverses formes dans tous les pays et touche toutes les classes socioéconomiques.
Et même dans les économies à haut revenu, les consommateurs optent pour des aliments commodes mais mauvais pour la santé.
Ces problèmes sont liés aux systèmes agroalimentaires, car les aliments nutritifs et diversifiés dont on a besoin pour une alimentation saine ne sont pas suffisamment disponibles ou abordables.
La sécurité alimentaire doit être atteinte en assurant la disponibilité, l’accessibilité et l’abordabilité des aliments.
À l’occasion de cette Journée mondiale de l’alimentation, j’appelle chacun d’entre nous à réitérer son engagement à construire des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, capables de nourrir le monde entier.
Des systèmes agroalimentaires qui aident les petits exploitants, les agriculteurs familiaux et les petits entrepreneurs dans toute la chaîne de valeur, qui, dans beaucoup de pays, jouent un rôle clé dans la fourniture d’aliments nutritifs et diversifiés à tous, ainsi que dans la préservation des cultures alimentaires traditionnelles.
Il n’y a pas de temps à perdre, nous devons agir immédiatement pour mettre en œuvre les quatre améliorations visées.
Pour une meilleure production et une meilleure nutrition: les gouvernements doivent rendre possible une alimentation saine, pour tous et partout, en encourageant la production et la vente d’aliments plus nutritifs et en en promouvant une consommation saine.
Pour l’amélioration de l’environnement, nous devons produire plus avec moins de ressources. Il faut accroître et diversifier la production alimentaire, en utilisant moins d’intrants agricoles et en réduisant les conséquences néfastes sur l’environnement.
Nous devons produire des quantités suffisantes d’aliments diversifiés, tout en agissant pour préserver la biodiversité et protéger la planète.
Enfin, pour l’amélioration des conditions de vie, nous avons besoin de la science et de l’innovation, y compris les technologies de l’information, l’intelligence artificielle, les biotechnologies et l’agriculture numérique, car elles sont essentielles à la transformation des systèmes agroalimentaires afin d’améliorer les conditions de vie de tous, sans laisser personne de côté.
En appui aux gouvernements, le secteur privé doit cesser de proposer des aliments mauvais pour la santé et proposer au contraire des aliments sains et nutritifs plus diversifiés, attractifs et à des prix abordables. Ce secteur doit être notre allié face à ce défi mondial. Les gouvernements n’y parviendront pas seuls.
Chers amis,
Rappelons-nous qu’il ne saurait y avoir de sécurité alimentaire sans paix. La paix est un préalable à la sécurité alimentaire et le droit à l’alimentation est un droit humain fondamental.
Nous ne pourrons pas créer des sociétés pacifiques sans régler le problème de la faim et de la malnutrition.
Comme je dis toujours, notre monde actuel est confronté à de nombreux défis, mais ces défis sont aussi pour nous autant d’occasions de changement.
Le changement est la seule façon de résoudre les problèmes. Un changement important entraîne un développement important. Un changement faible entraîne un faible développement. L’absence de changement ne conduit à aucun développement. Et sans développement, les problèmes s’accumulent. Le développement est donc la solution!
Si le chemin à parcourir peut sembler insurmontable, de nombreux exemples de réussite sont des sources d’inspiration qui peuvent nous motiver à poursuivre notre effort.
J’ai le plaisir de célébrer aujourd’hui le Prix FAO des réalisations exemplaires.
Ce prix est non seulement un symbole d’excellence, mais aussi un encouragement et une ambition, aussi bien pour ses récipiendaires que pour la communauté mondiale au sens large.
Depuis mon arrivée en 2019, nous avons entrepris de remanier les prix afin de récompenser plus systématiquement les réalisations et de manifester notre reconnaissance au soutien apporté.
Le Prix des réalisations exemplaires de la FAO, parce qu’il récompense des solutions innovantes et des réalisations de pointe, est pour nous tous une source de motivation à agir avec audace pour construire un avenir meilleur et plus durable.
Aujourd’hui, j’ai l’honneur de remettre cette prestigieuse distinction à un institut extraordinaire: l’Institut de protection des plantes de l’Académie chinoise des sciences agricoles. Pour moi qui ai quitté cette académie il y a plus de 20 ans, c’est un immense plaisir de voir la nouvelle génération innovante de scientifiques qui apportent leur contribution au monde entier depuis cette remarquable Académie.
Ses travaux de pointe dans la lutte contre la chenille légionnaire d’automne ont eu une grande portée, non seulement en Chine, mais aussi dans le reste du monde.
En prenant les rênes de l’élaboration d’un système de lutte durable contre la chenille légionnaire d’automne, l’Institut a permis des progrès considérables dans la protection des cultures et la sécurisation des disponibilités alimentaires.
Le cadre international de lutte contre la chenille légionnaire d’automne qu’il a établi a contribué à améliorer la sécurité alimentaire et à limiter les pertes de récoltes dans le monde entier.
Cette distinction n’est pas seulement une célébration de ce qui a été accompli, c’est aussi un appel à l’action dans la perspective de ce qu’il reste à faire, à améliorer sur le plan quantitatif et qualitatif.
Les travaux de l’Institut incarnent le type de force motrice dont nous avons besoin pour aider de manière efficace, efficiente et cohérente les membres dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’ODD2 (élimination de la faim).
J’adresse mes félicitations à l’Institut de protection des plantes de l’Académie chinoise des sciences agricoles. Je vous souhaite de poursuivre avec succès vos travaux novateurs et de coopérer de plus en plus étroitement avec des partenaires internationaux, et je souhaite que votre exemple continue de nous inspirer à nous mettre au service des personnes, de la planète et de la prospérité.
Chers amis,
La jeune génération a un rôle vital à jouer.
Un monde durable en matière de sécurité alimentaire, exempt de malnutrition, fait partie de leurs droits humains.
Je me réjouis à l’idée de poursuivre cette conversation avec des étudiants, demain, lors de l’assemblée scolaire de la Journée mondiale de l’alimentation pour les jeunes. Il y a trois ans, nous avons ouvert l’assemblée scolaire dans cette même salle plénière, où nous pouvions sentir l’énergie et l’enthousiasme de ces jeunes, et nous sommes heureux de perpétuer cette tradition.
Cette journée marque également le début de nos préparatifs en vue du 80e anniversaire de la FAO en octobre 2025. Ce sera l’occasion de repenser à nos premières aspirations, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de repenser aux millions de vies perdues et à la faim qui a touché 90 pour cent de la population mondiale durant ces sombres années.
Nous pourrons aussi faire le bilan de nos réussites, grâce au travail acharné des producteurs de denrées alimentaires du monde entier, ainsi qu’aux investissements, à l’innovation et aux politiques de soutien. À présent, la faim ne touche plus 10 pour cent de la population, soit une personne sur 11 à l’échelle planétaire.
C’est un progrès historique, qui a été accompli en 80 ans, mais nous ne pouvons pas en rester là. Nous devons continuer à travailler plus et à faire mieux pour les 10 pour cent restants: nous ne pouvons laisser personne de côté.
C’est pourquoi nous lançons le compte à rebours «80 − 1», afin de nous rappeler chaque jour, au cours des 365 prochains jours, notre aspiration initiale tandis que nous préparons le 80e anniversaire de la FAO, le 16 octobre 2025.
Je me félicite du soutien à cette initiative que le Président de l’Italie, M. Sergio Mattarella, a confirmé lors d’une audience historique avec la FAO, le 8 octobre, au Palais du Quirinal. L’appui de notre pays hôte, au plus haut niveau, est fondamental.
Le 80e anniversaire de la FAO est une étape importante qui sera l’occasion de réaffirmer le rôle à part de la FAO en tant que principal organisme intergouvernemental mondial et spécialisé ayant pour mandat d’aider les membres à éliminer la faim et la pauvreté.
Pour marquer cette commémoration et pour notre héritage collectif, nous allons créer le Musée et réseau de l’alimentation et de l’agriculture de la FAO.
Je me réjouis de la signature prochaine d’un protocole d’accord avec le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), qui marquera le début d’une collaboration fructueuse avec le Musée et réseau.
La FAO et l’ICCROM ont en commun la volonté de préserver et de valoriser notre patrimoine mondial de cultures, d’aliments et de traditions.
Le musée sera un espace interactif, numérique et informatif ouvert en personne et, surtout, en ligne, aux étudiants, aux écoles, aux familles et aux particuliers, qu’ils vivent à Rome ou qu’ils soient en visite dans la Ville éternelle.
L’environnement numérique du musée favorisera le partage des connaissances et mettra à l’honneur la richesse des traditions culinaires du monde entier, tout en mettant l’accent sur les progrès réalisés dans la science et la production agricole et en soulignant le rôle de l’innovation pour la construction de notre avenir.
Grâce à la FAO numérique, tous les membres sont réunis et peuvent partager leurs produits, leurs aliments, leurs technologies, leur culture et leurs communautés traditionnelles.
Elle tissera un réseau pour les systèmes agroalimentaires mondiaux et pour les technologies et cultures alimentaires mondiales qui font partie de nos riches histoires et qui sont ancrées dans notre patrimoine traditionnel et autochtone. Elle présentera aussi les dernières innovations scientifiques et technologiques pour continuer à avancer sur les quatre améliorations.
Chers amis,
En l’honneur de la Journée mondiale de l’alimentation, des centaines de manifestations auront lieu cette semaine dans le monde entier et appelleront à l’action dans plus de 50 langues.
En cette Journée mondiale de l’alimentation, répondons à l’appel en faveur du droit aux aliments au service d’une vie et d’un avenir meilleurs.
Je nous invite à renouveler notre engagement à créer des systèmes agroalimentaires efficaces, inclusifs, résilients et durables, qui garantissent le droit à une alimentation de qualité pour tous, aujourd’hui et demain.
Ensemble, nous pouvons retrouver le chemin qui mène à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en assurant la transformation des systèmes agroalimentaires dans le cadre des quatre améliorations.
Je vous remercie. Bonne Journée mondiale de l’alimentation à vous! Joyeux anniversaire à la FAO!