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La mission a constaté que, bien que la campagne 1997 ait démarré dans des conditions favorables, avec des précipitations nettement au-dessus de la normale en mai, les pluies ont par la suite accusé une baisse importante. Ainsi, au cours des mois cruciaux de juin et de juillet, les pluies ont représenté entre 20 et 30 pour cent de la moyenne à long terme, les projections pour août étant du même ordre, malgré les abondantes pluies apportées par le typhon Winnie à la fin du mois d'août. En outre, ces pluies, étalées sur une période de trois jours, présentaient un intérêt agricole limité puisqu'elles n'ont reconstitué qu'une partie des réserves d'eau d'irrigation d'une importance cruciale pour la culture du paddy et sont arrivées trop tard pour permettre au maïs, essentiellement cultivé en sec, de se développer. Les perspectives de récolte ont été également sérieusement compromises par des températures nettement au-dessus de la normale à des stades végétatifs critiques.
Les réserves d'eau dans la plupart des réservoirs d'irrigation alimentés par les pluies ont atteint la cote d'alerte ou sont déjà épuisées. A défaut de précipitations immédiates, suffisantes et soutenues pendant des périodes allant de trois semaines à un mois, il n'y aura plus d'eau d'irrigation dans ces réservoirs. Le paddy ayant besoin d'une eau d'irrigation garantie, au moins jusqu'à la mi-septembre, une telle situation entraînerait à toute fin pratique la perte totale de la récolte dans les zones desservies par les réservoirs alimentés à l'eau de pluie. Les seules régions où la production de riz et, à un moindre degré, celle de maïs sont raisonnablement assurées sont celles desservies par les périmètres d'irrigation et les réservoirs alimentés par les principaux cours d'eau, comme le Tae Dong. Dans les zones alimentées par ces sources d'approvisionnement en eau, on ne prévoit pas de pertes dues à la sécheresse. La baisse marquée des précipitations cette année risque également de compromettre les récoltes en 1998, puisqu'en raison de l'épuisement presque total des approvisionnements en eau dans les réservoirs alimentés par les pluies, les ressources hydriques disponibles en avril/mai prochain pour la préparation des terres et les principales opérations de semis seront très limitées. Les réservoirs seront certes reconstitués par les pluies limitées et par la fonte des neiges avant le début de la prochaine campagne, mais le volume d'eau prévu sera nettement inférieur aux besoins.
Les perspectives agricoles et alimentaires ont également subi le contrecoup des dommages provoqués par le typhon Winnie entre le 18 et le 22 août, qui a détruit les digues de protection le long de la côte ouest. Le secteur agricole a été très durement touché par l'infiltration d'eau de mer dans les zones de cultures du paddy, où l'on ne prévoit aucune possibilité de reprise. Dans les cas les plus extrêmes, l'eau salée avait avancé de 5 à 6 kilomètres à l'intérieur des terres. Outre les pertes de récolte, dans les zones les plus touchées les maisons ont été détruites et plusieurs milliers de personnes, aujourd'hui sans abri, ont besoin d'une aide extérieure.
Les estimations des pertes fournies par la mission doivent être à ce stade-ci considérées comme provisoires, puisque les moissons ne seront pas terminées avant plusieurs semaines, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'une évaluation plus précise pourra être effectuée. En tenant compte de cette réserve importante, la mission prévoit que, quelle que soit la quantité de précipitations à venir, la production de maïs chutera cette année d'environ 1,25 million de tonnes. Dans le cas du riz, même si des pluies importantes interviennent immédiatement et se maintiennent pendant plusieurs semaines (ce qui est à la fois essentiel mais improbable, compte tenu des schémas habituels de pluviométrie), les pertes se chiffreraient à environ 340 000 tonnes (équivalent riz usiné). En revanche, si des pluies suffisantes ne se matérialisent pas, la production sera réduite de 630 000 tonnes (équivalent riz usiné). La production céréalière pour 1998 sera donc bien inférieure aux besoins. En outre, le volume effectivement disponible risque même d'être plus bas, puisqu'il est fort probable que la majeure partie du maïs récolté sera consommé frais au cours des prochains mois, en raison des besoins alimentaires, tandis qu'une partie devra être retranchée pour les semis et les pertes. En outre, seule une quantité négligeable des besoins alimentaires sera satisfaite par des cultures secondaires comme les pommes de terre, l'orge et le blé, qui ne représentent qu'une petite partie de la production nationale. De fait, la plupart de ces récoltes ont été ou seront consommées bien avant la fin de l'année.
Les perspectives alimentaires pour la RPD de Corée en 1998 sont
donc considérablement plus sombres que ne le laissaient présager
les deux années précédentes, marquées elles
aussi par des catastrophes naturelles. La production intérieure
de céréales, même dans le scénario le plus optimiste,
couvrira moins de la moitié des besoins alimentaires minimaux du
pays, alors que les importations commerciales risquent de devenir de plus
en plus problématiques en raison de difficultés économiques
croissantes et chroniques et du manque de devises étrangères.
Qui plus est, l'année dernière les importations commerciales
avaient dans une très large mesure consisté en des opérations
d'échange avec les provinces limitrophes chinoises de Jilin et Liaonning.
Or, la production de ces provinces ayant été également
gravement touchée par la sécheresse, leurs excédents
et les volumes destinés au commerce pourraient diminuer l'année
prochaine, ce qui pourrait donc encore aggraver les problèmes d'approvisionnements
alimentaires. Compte tenu de tous ces facteurs conjugués, le pays
sera encore plus tributaire de l'aide internationale pour l'alimentation,
le redressement agricole et la fourniture d'intrants essentiels, comme
les semences et les engrais. Faute d'interventions, les conséquences
humaines risquent d'être lourdes.
de précipitations observé en 1997 par rapport aux moyennes mensuelles à long terme pour un échantillon représentatif de stations météorologique à travers le pays..
La forte baisse des précipitations a réduit considérablement les ressources hydriques disponibles dans les réservoirs essentiellement alimentés par les pluies. En outre, il semblerait qu'en raison des fortes pluies du mois de mai, supérieures à la normale, le niveau d'eau de certains réservoirs ait été délibérément et systématiquement abaissé, de peur que, dans l'éventualité où ces pluies se seraient poursuivies en juin et juillet, les retenues débordent et que l'on assiste à des inondations comme au cours de l'année précédente.
La mission a inspecté un certain nombre de réservoirs et, dans tous les cas, a constaté que les approvisionnements en eau étaient soit totalement épuisés soit bien en-deçà de leur capacité normale et du niveau nécessaire pour alimenter les canaux d'irrigation. Lorsqu'il restait de l'eau, l'irrigation n'était possible qu'en utilisant des pompes, et même dans ces cas-là, il était peu probable que ces opérations puissent durer plus de cinq ou six jours en l'absence d'une reconstitution appréciable des réserves en eau par de nouvelles pluies. En règle générale, la récolte de paddy ayant besoin d'une irrigation assurée, au moins jusqu'à la mi-septembre, des pluies suffisantes et soutenues devront absolument survenir de toute urgence dans ces régions pour reconstituer les réservoirs et permettre le développement général des cultures. En l'absence de ces pluies, le risque de voir la totalité de la récolte de paddy anéantie dans ces régions est important. La saison des pluies 1997 touchant également à sa fin, la situation précaire des réservoirs qui dépendent entièrement des pluies aura un autre effet néfaste: la préparation des terres et les semis pour les récoltes de 1998 en avril/mai seront fortement compromis par le manque d'eau. Entre octobre et mai de l'année prochaine, les seules ressources hydriques disponibles parviendront des précipitations limitées (200 mm environ, soit 15 à 20 pour cent des précipitations annuelles) et de la fonte des neiges en février/mars. A titre de comparaison, il faudrait de 700 à 1 000 mm de pluies chaque année pour maintenir les réservoirs à un niveau suffisant.
Outre le manque d'eau à une période critique du cycle végétatif, les températures en juin et juillet ont été nettement au-dessus de la normale dans certaines régions (6 à 8 degrés centigrades) faisant ainsi subir un nouveau choc et de nouveaux dommages aux récoltes.
La production alimentaire nationale dépendra donc cette année fortement, voire exclusivement, des régions irriguées par les principaux cours d'eau ou par les retenues alimentées par ces cours d'eau, dont les niveaux ne semblent pas avoir été affectés par la sécheresse.
L'infiltration d'eau de mer dans les rizières a représenté l'effet le plus grave pour l'agriculture. Dans les cas les plus extrêmes, l'eau de mer a progressé de 5 à 6 kilomètres à l'intérieur des terres agricoles, où des contrôles simples ont établi que la teneur en sel des rizières était de l'ordre de 30 parties par millier, la teneur normale de l'eau de mer étant de 35 parties par millier. Au plan agricole, l'infiltration d'eau de mer dans les zones de production du paddy entraînera la perte totale des récoltes et, à plus long terme, une détérioration marquée des sols, en raison de la salinisation. A l'avenir, ces zones devront donc faire l'objet d'opérations répétées d'irrigation et d'injection d'eau douce pour recouvrer leur productivité.
Outre les pertes de récoltes, dans les zones les plus durement
touchées (principalement aux environs d'Anju, dans le comté
de Mundok), un nombre important de maisons ont été détruites
et plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées sans abri
et ont aujourd'hui besoin d'aide. Le gouvernement a mobilisé l'armée
et l'administration provinciale pour leur fournir un toit et des vivres
afin de couvrir leurs besoins les plus urgents.
Si la production de maïs n'a que peu été touchée par le typhon, les observations réalisées sur le terrain par la mission chargée d'évaluer les dommages de la sécheresse a permis d'établir les conditions de cultures suivantes (une estimation de la superficie concernée est donnée entre parenthèses):
I) dans les zones constamment irriguées, la récolte a été jugée en bon état et des rendements moyens sont prévus (195 000 ha);
ii) dans les zones ayant bénéficié d'un complément d'irrigation, on prévoit une réduction des rendements de l'ordre de 50 pour cent (130 000 ha);
iii) dans les situations de culture en sec non irriguée, la pollinisation et la formation des grains ont été gravement compromises, la croissance a été fortement réduite et les plants n'ont produit que des grains de mauvaise qualité, voire pas de grains. Il est probable que ces régions enregistreront des rendements de 10 pour cent seulement, dans le meilleur des cas (325 000 ha).
Même s'il pleut encore, ce qui pourrait d'ailleurs entraver les moissons, on estime que la production de maïs va baisser cette année d'environ 1,25 million de tonnes.
De façon générale, au moment de la mission, on estimait que la récolte de riz avait encore besoin de 5 à 6 semaines pour atteindre la maturité physiologique. A ce stade, il est indispensable que la récolte continue de bénéficier d'une irrigation assurée pendant au moins 3 à 4 semaines, faute de quoi on pourrait assister à une réduction grave des rendements, voire à la perte totale de la récolte. Les observations réalisées sur le terrain par la mission chargée d'évaluer les dommages provoqués par la sécheresse et le typhon ont fait ressortir les conditions de cultures suivantes (une estimation de la superficie concernée est donnée entre parenthèses):
I) zones ayant continué de recevoir une irrigation adéquate, essentiellement grâce aux périmètres alimentés par les rivières: aucune répercussion apparente sur les récoltes et aucune réduction des rendements et de la production n'ont été relevées (420 000 ha);
ii) champs où les sols se sont asséchés et couverts de boue et où la couverture des eaux de surface a été fortement réduite: dans ce cas précis, si les approvisionnements en eau sont rétablis immédiatement, un taux élevé de récupération des cultures sera possible, mais les rendements pourraient chuter, pour se situer autour de 20 pour cent. En l'absence de pluies suffisantes, aucune production ne sera possible (90 000 ha);
iii) champs de paddy présentant des signes de dommages dus à la sécheresse, où la présence d'eau n'a pas été relevée et où les sols se sont asséchés jusqu'à des profondeurs de 4 à 5 centimètres: dans ce cas-là, même si les approvisionnements en eau sont rétablis immédiatement, les rendements seront réduits de plus de 50 pour cent. Là encore, en l'absence de pluies soutenues et immédiates, la récolte sera entièrement perdue (60 000 ha);
iv) zones présentant des signes avancés de dommages dus à la sécheresse, où les sols se sont totalement asséchés et craquelés et où les plantes ont flétri: à ce stade-ci, qu'il y ait davantage d'eau d'irrigation mise à disposition ou non, compte tenu des conditions, aucune production n'est prévue (30 000 ha);
v) zones ayant subi des dommages dus au typhon: la contamination par l'eau de mer rendra impossible toute production (30 000 ha).
A cette étape cruciale, les perspectives pour la production de
riz dépendent dans une très large mesure de la présence
ou de l'absence de pluies suffisantes et soutenues en septembre. Sur la
base des observations ci-dessus, la mission avance les estimations prudentes
ci-après: 342 000 tonnes environ de riz usiné seront perdues
cette année, même si de nouvelles pluies devaient survenir,
les pertes pouvant atteindre 630 000 tonnes en l'absence de pluies. Il
convient de souligner qu'il s'agit de prévisions provisoires, sous
réserve d'une réévaluation au moment de la récolte
en octobre.
Il est certain que, cette année, les intempéries et les problèmes économiques persistants aggraveront les difficultés d'approvisionnements alimentaires que le pays connaît. De fait, la santé générale de la population ayant déjà été fortement affaiblie en raison des carences alimentaires de ces dernières années, notamment chez les groupes vulnérables, le déficit vivrier prévu cette année aura probablement des répercussions profondes qui dépasseront en ampleur les dommages subis en 1995 et 1996. Les stocks céréaliers du Système public de distribution (SPD) étaient, croit-on, épuisés à la fin du mois de juillet, ce qui signifie que le Système a à toute fin pratique cessé ses opérations normales à ce moment-là. Désormais, la distribution effectuée par le biais du SPD dépendra entièrement des importations alimentaires, importations commerciales ou aide alimentaire. En outre, comme l'an dernier, des quantités limitées de pommes de terre et de maïs frais ont été ajoutées au SPD pour compléter les rations. Si les pommes de terre ne sont pas en temps normal une denrée de base, il est reconnu qu'elles représentent aujourd'hui une part importante du régime alimentaire.
La mission FAO/PAM du mois de mai de cette année a fait état d'un déficit alimentaire important et a souligné la nécessité de recourir à des importations de grande ampleur pour couvrir les besoins minimaux jusqu'à la prochaine récolte. En outre, en raison de la forte pénurie de devises étrangères et des problèmes éprouvés par le pays pour obtenir des prêts pour financer les importations alimentaires, une aide alimentaire internationale importante était jugée nécessaire. Au moment de la mission, les besoins totaux d'importations alimentaires pour la campagne de commercialisation 1996/97 (novembre à octobre) avaient été estimés à 1,9 million de tonnes environ, dont 753 000 tonnes provenant d'importations commerciales (troc) et de l'aide alimentaire, contributions annoncées comprises, par le biais de différentes organisations internationales. Les besoins d'importation non couverts se chiffraient donc à près de 1,2 million de tonnes.
Devant la gravité de la situation des approvisionnements alimentaires, le gouvernement a depuis le mois de mai accru ses efforts pour obtenir des importations de vivres par le troc au niveau des provinces et par des importations payées en devises fortes de la Thaïlande, du Vietnam et de la Chine. Les services gouvernementaux responsables de l'alimentation estiment à l'heure actuelle que, pour cette campagne de commercialisation, ces formes d'importation se chiffrent jusqu'à présent à 690 000 tonnes environ de céréales, dont 320 000 tonnes de maïs, 130 000 tonnes de riz et 240 000 tonnes de blé (équivalent céréale). L'aide alimentaire promise ou livrée, y compris l'aide bilatérale et multilatérale, se chiffre actuellement à 800 000 tonnes environ. Les disponibilités totales de céréales, production nationale, importations commerciales et aide alimentaire comprises, pour la campagne de commercialisation 1996/97, s'élèvent donc à 4,5 millions de tonnes environ, contre des besoins d'utilisation réduits de 5 millions de tonnes, comme l'indiquait la dernière évaluation FAO/PAM en juin (Alerte spéciale NO. 275). Toutefois, le fait qu'une partie de l'aide alimentaire promise n'arrivera pas avant novembre suscite quelques inquiétudes.
Quoi qu'il en soit, les effets les plus graves de la sécheresse
de l'été dernier et du typhon se manifesteront par une diminution
importante des approvisionnements alimentaires provenant de sources intérieures
en 1998.
La phase actuelle des opérations couvre la période avril 1997 - mars 1998. Les quantités totales à fournir au cours de cette phase sont de 333 200 tonnes de vivres. En date du 1er septembre 1997, le total des contributions se chiffrait à 322 500 tonnes, soit près de 97 pour cent de l'objectif. Il existe toutefois un manque de liquidité et les denrées sont plus coûteuses.
Les catégories des bénéficiaires auxquels l'opération en cours vient en aide comprennent:
i) environ 2,6 millions d'enfants de six ans ou moins, qui reçoivent des rations alimentaires dans les pouponnières et les crèches dans l'ensemble du pays. Près des trois quarts des vivres fournis dans le cadre du programme d'urgence sont destinés à ce groupe;
ii) le reste des livraisons des vivres est destiné à quelque 250 000 paysans et ouvriers et 850 000 personnes à charge dans les régions touchées par les inondations, qui reçoivent des céréales contre des travaux comprenant le défrichage de terres agricoles, la remise en état des infrastructures rurales et la participation à des projets d'atténuation des effets des catastrophes naturelles. Jusqu'à un million de patients hospitalisés pour de courts séjours recevront également des vivres.
Compte tenu du déficit de production prévu cette année,
l'aide du PAM sera encore probablement nécessaire en 1998. Toutefois,
les détails précis de l'opération, y compris les groupes
bénéficiaires, les activités, les zones desservies,
etc. ne seront établis qu'après une nouvelle mission FAO/PAM
d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires
en octobre 1997, soit au moment des moissons.
Le présent rapport a été établi sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'information le cas échéant. | |
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