FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique, Mars 1998:

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PREMIERE PARTIE: VUE D'ENSEMBLE




 

Les perspectives alimentaires pour l’Afrique subsaharienne en 1998 sont généralement défavorables, en raison du fléchissement de la production vivrière dans plusieurs régions. En Afrique de l’Est, des pluies trop abondantes pour la saison et prolongées associées à El Niño ont provoqué des inondations graves qui ont fait des victimes parmi la population et entraîné des pertes substantielles de récolte et de bétail, et gravement endommagé le réseau routier et ferroviaire de la sous-région. Le transport des marchandises à l’intérieur des pays et d’un pays à l’autre a été très perturbé, entraînant des difficultés économiques, notamment pour les pays enclavés. En Afrique australe, bien que la menace d’une sécheresse généralisée liée à El Niño ait reculé, des pluies irrégulières et trop abondantes dans certaines zones ont provoqué des pertes de récoltes localisées; toutefois, il est encore trop tôt pour évaluer avec précision les effets sur la campagne actuelle. A Madagascar, le résultat de la récolte est incertain, car des acridiens sont encore présents dans de nombreuses zones productrices de céréales. Dans la région des Grands Lacs, les mauvaises conditions météorologiques et l’insécurité persistante ont aggravé la situation alimentaire déjà précaire, retardant la lente reprise de la production vivrière. En Afrique de l’Ouest, sous l’effet de la période de sécheresse prolongée qui a frappé l’ouest de la région sahélienne à mi-campagne en 1997, les récoltes ont été inférieures à la moyenne dans plusieurs pays. Dans l’ensemble, les besoins d’importations céréalières de l’Afrique subsaharienne devraient être beaucoup plus importants en 1998 qu’en 1997.



LES FORTES PLUIES LIEES A EL NIÑO ONT CAUSE BEAUCOUP DE DEGATS EN AFRIQUE DE L’EST

Depuis octobre 1997, l’excès de pluie associé au phénomène El Niño a causé des ravages un peu partout en Afrique de l’Est, notamment de graves inondations qui nuisent beaucoup à la production et à la distribution des aliments. Les inondations ont causé des pertes de vies humaines, des pertes importantes de récoltes, dans les champs comme dans les entrepôts, et de nombreuses pertes de bétail. De graves dommages ont aussi été infligés à l’infrastructure de la sous-région (routes, ponts et voies ferrées), perturbant gravement le transport de marchandises dans et entre les pays, ainsi que la distribution de l’aide alimentaire et d’autres formes d’assistance humanitaire. On prévoit pour le moment des précipitations normales ou supérieures à la normale de mars à mai. Après les fortes pluies de ces derniers mois, tout excès de pluie risque de compromettre le développement des cultures de la campagne principale de 1998 dans la sous-région.

En Somalie, les pluies exceptionnellement abondantes de mi-octobre à janvier ont provoqué les plus graves inondations depuis les trois dernières décennies, et le bilan est très lourd: 2 000 morts, 250 000 personnes déplacées, des dégâts importants aux habitations et aux infrastructures et des pertes de récoltes et de bétail.

Les fortes pluies ont endommagé les cultures "deyr" de la campagne secondaire 1997/98 (octobre à février), qui représentent normalement environ 20 pour cent de la production céréalière annuelle. La production de cette année ne dépassera sans doute pas 43 pour cent du niveau normal. Il s’agit de la quatrième récolte consécutive inférieure à la moyenne en Somalie. Les inondations ont également réduit les stocks céréaliers des ménages, constitués grâce à la récolte "gu" de la campagne principale 1997. La production de cette année ayant été réduite par des vagues de sécheresse, on estime que la production céréalière totale de 1997/98 s’établira à peu près au faible niveau de l’an dernier (287 000 tonnes). Les besoins d’importation pour la campagne commerciale 1997/98 (août/juillet) ont été révisés en hausse et s’établissent à 330 000 tonnes, dont seulement 220 000 tonnes seront couverts par des importations commerciales; le déficit vivrier à combler dépassera donc 100 000 tonnes. Les perspectives concernant les cultures "gu" de la campagne principale de 1998, qui seront semées en avril, sont incertaines dans plusieurs zones où les terres agricoles sont encore inondées.

Les inondations seules auraient provoqué la perte de 35 500 têtes de bétail, mais l’épidémie de fièvre de la vallée du Rift, qui s’est propagée depuis octobre du nord-est du Kenya jusqu’au sud de la Somalie, ainsi que d’autres maladies, auraient causé des pertes très importantes, en particulier de chameaux et de chèvres. Cette épidémie est à l’origine de la mesure prise par les pays du Golfe, principaux destinataires des exportations de la Somalie, interdisant d’importer des animaux et de la viande. Cette interdiction réduira les recettes en devises du pays et donc sa capacité d’importer à des conditions commerciales.

La situation alimentaire est précaire et la fourniture d’une aide alimentaire aux populations touchées par les inondations continue d’être entravée par le mauvais état des routes et la recrudescence du conflit dans le sud du pays.

Au Kenya, les précipitations abondantes d’octobre à février ont provoqué de graves inondations, entraînant des pertes de vies humaines, des dégâts importants aux infrastructures et aux habitations, l’isolement de maints villages et de nombreux déplacements de populations locales. Les zones les plus touchées comprennent la province côtière, la province du nord-est et certaines parties de la province orientale, déclarées zones sinistrées par le Gouvernement, qui a sollicité une aide internationale pour faire face à cette crise. Toutefois, la distribution de l’aide alimentaire dans ces zones continue d’être entravée par le mauvais état des routes, bien qu’il y ait eu une petite amélioration après la diminution des pluies à partir de la deuxième moitié de janvier.

Les pluies ont également compromis la récolte 1997 de maïs, aliment de base des Kényans. Les pluies torrentielles d’octobre et novembre, au moment de la récolte de la campagne principale, ont réduit les rendements de maïs déjà touchés par une vague de sécheresse au stade critique du remplissage des grains. Toutefois, ce sont les récoltes de la deuxième campagne qui ont le plus souffert des inondations, dans les zones à pluviosité bimodale des provinces de l’ouest, du centre et de l’est à partir de la mi-octobre jusqu’en février. Selon des estimations officielles récentes, la production de maïs de 1997/98 sera de 2,4 millions de tonnes, chiffre légèrement supérieur au niveau réduit de 1996/97, mais en deçà de la moyenne des cinq dernières années. Les importations de maïs durant la campagne commerciale 1997/98 (octobre/septembre), qui devraient être couvertes en grande partie par les circuits commerciaux, sont estimées à 700 000 tonnes.

Des déficits vivriers importants deux années de suite font prévoir que la situation alimentaire sera difficile en 1998. Les prix du maïs demeurent élevés, nettement supérieurs à la moyenne à cette époque de l’année, ce qui rend difficile l’accès aux denrées alimentaires pour une bonne partie de la population.

Si les pluies abondantes des derniers mois ont amélioré l’état des pâturages, le temps humide a également favorisé l’apparition d’une série de maladies animales, causant des pertes importantes de bétail. Ceci a aggravé la situation alimentaire dans les districts pastoraux ayant déjà des difficultés pour accéder aux marchés à cause des inondations.

En Tanzanie, les pluies très abondantes d’octobre à janvier et les inondations ont eu pour effet principal de perturber fortement les réseaux routier et ferroviaire, ce qui a encore aggravé les problèmes de transport. En conséquence, l’accès aux marchés urbains et périurbains par les communautés rurales, notamment dans la région des Lacs, est particulièrement difficile car les déplacements en direction et à partir de zones comme Kagera, Kigoma, Mwanza, Mara et Shinyanga restent encore très limités. Dans ces régions et dans d’autres très touchées par les inondations, l’accès aux vivres des villageois isolés suscite une grande inquiétude. Dans les zones ayant un déficit vivrier traditionnel ou dont les récoltes ont été détruites par les inondations ces derniers mois, on craint de plus en plus de graves déficits vivriers. Dans les prochains mois, les difficultés logistiques limitant le transport des produits alimentaires et la rapidité avec laquelle celles-ci seront résolues seront des éléments déterminants pour la sécurité alimentaire des ménages dans ces régions.

En Ouganda, les fortes pluies de mi-novembre à début décembre, surtout dans l’est et l’ouest du pays, ont provoqué des inondations et des coulées de boues, entraînant des pertes de vies humaines, des dégâts aux habitations, aux infrastructures et aux cultures.

La récolte des cultures vivrières de la deuxième campagne de 1997 qui vient d’être engrangée est plus faible que prévu, en raison des baisses de rendement dues à l’excès d’humidité, principalement pour les haricots. Néanmoins, dans les régions pastorales déjà touchées par un temps sec prolongé, les précipitations abondantes de la campagne ont amélioré l’état des pâturages et du bétail.

Les prix du maïs et des haricots, qui en décembre 1997 avaient doublé en un an, ont baissé après l’arrivée de la nouvelle récolte sur les marchés, mais restent élevés à cause des graves difficultés de transport dues aux dégâts causés au réseau routier par les pluies trop abondantes. Le mauvais état des routes a également ralenti la distribution de l’aide alimentaire dans les zones touchées par les inondations.

En Ethiopie, les pluies inhabituelles du début d’octobre à la fin de novembre ont perturbé la récolte des cultures "meher" de la campagne principale de 1997. Ces pluies ont augmenté les pertes de graines de teff, ralenti la dessiccation des céréales plantées plus tard avant le battage, accéléré la détérioration des céréales en meules, provoqué la germination des cultures sur pied de blé et de sorgho et accru les attaques de maladies cryptogamiques aux céréales (sur pied ou entreposées), particulièrement aux légumineuses. Dans les zones du sud-est en bordure de la Somalie et du Kenya, les fortes pluies ont provoqué des inondations intenses qui ont entraîné des pertes de vies humaines, le déplacement d’un grand nombre de personnes et des dégâts aux habitations. Plus de 12 000 animaux domestiques auraient été perdus et 30 000 hectares de terres inondés. Le Gouvernement a distribué une aide alimentaire et non alimentaire dans les zones touchées.

Les précipitations abondantes, puis irrégulières en début de campagne et le faible emploi d’engrais expliquent que la production céréalière de 1997 ait baissé d’un quart par rapport au niveau record de l’année précédente. Après deux ans d’autonomie, les besoins d’importations céréalières en 1998 sont estimés à 530 000 tonnes, qui seront couverts en grande partie par une aide alimentaire, pour plus de 5 millions de personnes vulnérables, notamment celles touchées par une récolte réduite.

En Erythrée, les précipitations inhabituelles d’octobre, au moment des récoltes, ont détérioré les céréales en meules et réduit les rendements des cultures déjà affectés par une vague de sécheresse en septembre, quand les cultures étaient au stade critique de la maturation. La production céréalière est estimée au même niveau réduit qu’en 1996. Par ailleurs, à la suite de fortes pluies inattendues, de nombreuses infestations acridiennes ont été signalées dans le nord mais des traitements sont en cours.

Les prix des céréales, qui normalement baissent au moment de la moisson, ont enregistré une forte hausse en novembre du fait des prévisions de récolte médiocre et ont continué de monter ces derniers mois. Comme la récolte céréalière est inférieure à la moyenne pour la troisième année consécutive et que l’Ethiopie voisine dispose de moins d’excédents exportables, la situation alimentaire sera précaire en 1998.

Au Soudan, les céréales secondaires de la campagne principale de 1997 n’ont pas souffert des fortes pluies liées à El Niño mais des précipitations inférieures à la moyenne dans certaines zones, principalement dans le sud où la récolte a été fortement réduite, et dans certaines parties des régions occidentales du nord Darfour et du nord Kordofan. La production totale de 1997 serait inférieure de 15 pour cent à la récolte exceptionnelle de l’année précédente, mais resterait supérieure à la moyenne. Les disponibilités alimentaires globales en 1998 devraient être suffisantes grâce aux stocks de report importants, mais une aide alimentaire sera nécessaire pour 2,4 millions de personnes déplacées ou touchées par la sécheresse.
 



LES PERSPECTIVES ALIMENTAIRES RESTENT PRECAIRES DANS LA REGION DES GRANDS LACS

La reprise de la production vivrière reste lente dans la région des Grands Lacs, en raison de l’insécurité persistante par endroits, de la pénurie d’intrants et, ces derniers mois, de l’excès de pluie.

Au Burundi, en dépit de l’expansion des superficies plantées après le retour dans leurs foyers de nombreuses familles provenant de camps de regroupement, l’excès de pluie durant la campagne a amoindri les rendements de plusieurs cultures. La production vivrière de la campagne 1998A a été très légèrement inférieure à celle de l’an passé, mais inférieure d’environ 20 pour cent à la moyenne d’avant la crise en raison des récoltes réduites de céréales et de haricots. Les fortes pluies d’octobre à l’époque de la moisson ont aussi fait chuter les récoltes de la campagne secondaire C de 1997.

En janvier 1998, les prix des aliments de base avaient beaucoup augmenté par rapport à l’an dernier, en raison des mauvais résultats des récoltes des deux dernières campagnes et des expéditions informelles vers les pays voisins. La situation alimentaire déjà précaire des groupes vulnérables, notamment des personnes déplacées, de ceux qui sont rentrés récemment, des secteurs les plus pauvres de la population et de ceux affectés par l’insécurité, risque de se détériorer dans les prochains mois. La malnutrition progresse dans toute la population et ne touche pas seulement ceux qui vivent dans les camps. Des quantités substantielles d’aide alimentaire continueront d’être nécessaires en 1998.

Au Rwanda, malgré un accroissement de 14 pour cent des cultures de la campagne A de 1998 par rapport à la campagne A de l’an dernier, la production par habitant n’est que d’environ 88 pour cent du niveau d’avant la crise. Un retard d’un mois de l’arrivée des pluies a freiné l’expansion considérable des superficies cultivées, tandis que l’excès de pluie enregistré par la suite a provoqué des inondations des terrains marécageux des vallées et réduit les rendements de certaines cultures.

La production étant insuffisante, les prix des aliments continuent de monter, aggravant les conditions déjà précaires de la sécurité alimentaire d’une bonne partie de la population. Le taux de malnutrition reste élevé chez les enfants de moins de cinq ans et la situation de ceux qui viennent de rentrer dans leurs foyers s’aggrave. Les besoins d’aide alimentaire pour le premier semestre 1998 sont estimés à 82 000 tonnes en équivalent céréales; sur cette quantité, environ 70 000 tonnes seront distribuées par le PAM. En raison des difficultés de transport dans la région et de l’insécurité croissante dans les préfectures du nord-ouest, il pourrait donc y avoir un déficit de 12 000 tonnes.

Dans l’est de la République démocratique du Congo où l’insécurité persiste, la situation des approvisionnements alimentaires est critique et la population souffre de malnutrition grave. La récolte de haricots récemment rentrée de la campagne A serait nettement inférieure à la moyenne, alors que les perspectives pour la prochaine récolte dont les semis ont lieu en ce moment sont défavorables à cause de la pénurie de semences. La recrudescence des troubles intérieurs dans le nord Kivu et le sud Kivu a entraîné des déplacements de populations massifs, et les inondations récentes ont entravé la fourniture de l’aide humanitaire.

Les prix des aliments sont en forte hausse à Uvira en raison des difficultés de transport le long de l’axe habituel qui a été partiellement bloqué par les inondations. Une épidémie de choléra a été signalée à Kisangani.

Dans la République du Congo, des troubles intérieurs de mai à novembre 1997 ont donné lieu à des déplacements massifs de populations, en particulier des villes vers les campagnes, et ont gravement perturbé les activités de commercialisation. Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, qui s’est rendue dans le pays en janvier 1998, a constaté que la production animale avait davantage souffert des conséquences des troubles intérieurs que la production végétale, car le manioc, aliment de base du pays, est une culture résistante. Elle a estimé que la production vivrière totale en équivalent céréales ne pourra pas couvrir les besoins de consommation en 1998 et a calculé que le déficit sera de 118 000 tonnes. En temps normal, ce déficit serait couvert par des importations commerciales. Cependant, en raison de la désorganisation des activités commerciales, en particulier à Brazzaville, on suppose que, pour 1998, les importations commerciales de produits alimentaires atteindront seulement 80 pour cent du niveau de 1995/96; il reste donc un déficit de 46 000 tonnes en équivalent céréales qui sera couvert par une aide alimentaire ciblée et divers mécanismes d’adaptation.
 
 



LA SITUATION ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE RISQUE DE SE DETERIORER EN SIERRA LEONE EN ZONE RURALE

La situation des approvisionnements alimentaires à Freetown et dans d’autres villes sous le contrôle de l’ECOMOG s’améliore après la restauration de l’administration civile et la levée de l’embargo imposé en août 1997, ce qui explique l’amélioration du fonctionnement des marchés de produits alimentaires ainsi que l’arrivée des secours d’urgence. Toutefois, si les combats gagnent les zones rurales qui sont restées relativement calmes en 1997, les personnes déplacées seront plus nombreuses et les activités agricoles vitales telles que la préparation des terres et les semis de riz, qui commencent normalement en avril, seront compromises. L’insécurité croissante empêchera aussi de distribuer des intrants aux agriculteurs et pourrait conduire au pillage du manioc dans les champs et des stocks de riz dans les exploitations. En conséquence, la superficie ensemencée et les récoltes pourraient chuter en 1998 si la paix n’est pas complètement rétablie dans tout le pays. Même si les forces de l’ECOMOG ont pris les villes de Kenema et de Bo dans la province orientale, la situation est plus incertaine dans les campagnes où des affrontements et des embuscades ont été signalés. De nombreux villages ont été pillés et brûlés, et des crimes graves comme des viols et des meurtres ont été perpétrés contre des civils.

Depuis l’entrée en vigueur de l’embargo économique en août 1997, très peu d’aide humanitaire a été fournie. En outre, du fait de la désorganisation des activités commerciales intérieures et du mauvais état des infrastructures, le transport des denrées alimentaires disponibles a été fortement entravé, et les prix sont devenus inabordables pour une grande partie de la population.

Les combats récents ont également accru le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont la situation nutritionnelle et sanitaire est source d’inquiétude. Selon les dernières estimations, le nombre de personnes déplacées est peut-être arrivé à 250 000 après les récents combats. Leurs stocks vivriers étant épuisés ou ayant été pillés, les ménages risquent de voir leur état nutritionnel se dégrader, à moins que des interventions n’aient lieu rapidement. Un grand nombre de Sierra-léoniens se sont enfuis dans les pays voisins. En outre, on estime que 420 000 réfugiés sierra-léoniens ne sont pas rentrés après la guerre civile qui a commencé en 1991.

Les besoins d’importations céréalières de la Sierra Leone pour 1998 sont estimés pour l’instant à quelque 260 000 tonnes. Si la paix est rétablie et que l’embargo est levé sous peu, 180 000 tonnes de céréales pourraient être importées par des commerçants locaux jusqu’à la fin de 1998, les besoins d’aide alimentaire à couvrir étant de 80 000 tonnes. Si ces conditions ne se matérialisent pas rapidement et que l’aide humanitaire reste limitée, le pays pourrait être confronté à une crise alimentaire de grande ampleur.

En revanche, au Libéria, la situation des cultures et des approvisionnements vivriers s’est améliorée. La situation étant plus stable dans tout le pays, la production rizicole de 1997 a beaucoup augmenté par rapport à l’année précédente, mais elle reste inférieure au niveau d’avant la guerre. L’aide humanitaire peut être distribuée dans presque tout le pays et on constate que l’état nutritionnel de la population s’est amélioré. Dans les villes, l’approvisionnement des marchés est stable, mais la plus grande partie provient de l’aide alimentaire. Les prix restent élevés sur les marchés urbains et la majorité des consommateurs ont remplacé le riz par du manioc. La destruction de l’infrastructure durant la guerre continue d’entraver la commercialisation des denrées alimentaires. Le Libéria reste fortement tributaire de l’aide alimentaire, surtout dans les comtés où les rapatriés sont nombreux. Le nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays, estimé à 700 000 au début de l’année risque d’augmenter après l’arrivée de réfugiés sierra-léoniens qui fuient les combats et l’insécurité dans leur pays. Le Gouvernement a dernièrement fait appel à l’aide internationale pour plus de 100 000 réfugiés sierra-léonais. Le renforcement de la sécurité favorise également le retour des réfugiés libériens.
 
 



DIFFICULTES D’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE DANS QUELQUES PAYS SAHELIENS APRES LA RECOLTE INFERIEURE A LA MOYENNE

Après des récoltes inférieures à la moyenne rentrées dans plusieurs zones des pays sahéliens, on prévoit des difficultés d’approvisionnement alimentaire dans les prochains mois, notamment au Burkina Faso, en Gambie, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal. Une longue période de sécheresse en juillet/août l’année dernière a gravement endommagé les cultures dans l’ouest du Sahel (Gambie, Mauritanie et Sénégal). Même si les précipitations abondantes de fin août/début septembre ont reconstitué les réserves d’humidité dans les sols et rempli les barrages, améliorant ainsi les perspectives pour les cultures de décrue et les cultures irriguées, la production de cultures pluviales a été nettement inférieure à la moyenne. Les récoltes réduites ont aussi affecté des groupes vulnérables dans diverses zones du Burkina Faso et du Niger. En revanche, des récoltes supérieures à la moyenne ont été engrangées au Mali, en Guinée-Bissau et au Tchad. La production totale de céréales (paddy compris) dans les neuf pays membres du CILSS est estimée pour le moment à 8,9 millions de tonnes, soit environ 4 pour cent de moins que la production de 1997 et que la moyenne des cinq dernières années.

Compte tenu des récoltes inférieures à la moyenne dans plusieurs pays, la situation des disponibilités alimentaires s’annonce plus difficile en 1998 qu’en 1997. Si les marchés restent généralement bien approvisionnés, les prix des céréales sont élevés et augmentent dans les zones touchées. Il faudra, durant la période de soudure, vendre à des prix subventionnés ou distribuer des aliments. Les Gouvernements du Burkina Faso, du Niger et du Sénégal ont demandé une aide internationale pour les populations vulnérables. Au Niger, la situation est aggravée par le très faible niveau du stock national de sécurité; pour sa reconstitution, on a obtenu seulement des fonds et des annonces d’aide limités de la part des donateurs. Dans plusieurs pays, notamment au Burkina Faso, au Niger, au Sénégal et au Tchad, l’aide des donateurs est requise pour l’achat et le transport des céréales à partir des zones excédentaires ou de pays voisins pour couvrir les besoins alimentaires des régions à déficit ou pour reconstituer les stocks nationaux de sécurité.
 
 



LES PERSPECTIVES ALIMENTAIRES DE L’AFRIQUE AUSTRALE S’AMELIORENT CAR LA MENACE D’EL NIÑO S’ELOIGNE

Après des pluies abondantes et bien réparties en janvier et pendant une partie de février, les perspectives sont généralement favorables pour les cultures en Angola, au Malawi, au Mozambique, au Swaziland et en Zambie. Dans la plupart des autres pays de la sous-région, il faudrait qu’il pleuve encore dans les prochaines semaines pour que les cultures arrivent à maturité après des semis effectués plus tard que d’habitude en début de campagne. Les perspectives de récolte restent incertaines à Madagascar, étant donné la persistance des acridiens dans de nombreuses régions productrices de céréales.

En supposant que les conditions météorologiques restent normales jusqu’à la fin de la campagne, on prévoit une production céréalière totale de 19,8 millions de tonnes. Cela représenterait une chute de production d’environ 8 pour cent par rapport à la récolte relativement bonne de 1997, due surtout à la réduction des semis dans de nombreux pays attribuable aux sécheresses annoncées et aux pluies irrégulières. Si les conditions météorologiques devaient beaucoup se détériorer durant le reste de la période mars/avril, il pourrait y avoir une nouvelle baisse de production, mais dans de faibles proportions, étant donné le taux relativement bon d’humidité dans le sol en maints endroits et la disponibilité d’eau d’irrigation pour les fermes commerciales. Sur la base de cette prévision, les besoins totaux d’importations céréalières de la sous-région pour la campagne commerciale 1998/99 sont estimés au total à quelque 4,7 millions de tonnes, soit quelque 30 pour cent de plus que le niveau de l’an dernier. En outre, il y aurait une forte réduction des excédents exportables à partir de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe vers les pays démunis de la sous-région. Compte tenu de la production réduite et de la capacité limitée de plusieurs pays de la sous-région de procéder à des importations commerciales, les besoins d’aide alimentaire pendant la campagne commerciale 1998/99 pourraient augmenter. La récolte ne commencera que dans deux mois; ces estimations ont donc un caractère très provisoire. Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, avec le concours de la SADC, se rendra dans les pays les plus vulnérables en avril/mai afin d’examiner les résultats de la campagne et d’y estimer les besoins d’importations céréalières, aide alimentaire comprise, pour 1998/99.
 
 



ANNONCES ET LIVRAISONS D’AIDE ALIMENTAIRE

Les besoins d’importations céréalières de l’Afrique subsaharienne pour 1997/98 devraient beaucoup augmenter, compte tenu des récoltes réduites en Afrique de l’Est et en Afrique australe. Les estimations les plus récentes du SMIAR pour la production de 1997 et les besoins d’importations et d’aide alimentaire pour 1997/98 sont résumés dans le tableau 1. Les besoins totaux d’aide alimentaire sont évalués à 2,3 millions de tonnes, soit 14 pour cent de plus qu’en 1996/97. Les annonces d’aide alimentaire sous forme de céréales, y compris celles reportées de 1996/97, s’élèvent à 1,5 million de tonnes, dont 0,6 million de tonnes ont déjà été livrées.
 



DOMAINES D’ACTION PRIORITAIRES

La situation des approvisionnements alimentaires en Afrique de l’Est et dans la région des Grands Lacs sera très précaire en 1998, principalement à cause des ravages causés par les fortes pluies inhabituelles et les inondations qui ont provoqué des pertes importantes de récoltes et de bétail et gravement endommagé les réseaux ferroviaire et routier. Venant après les récoltes réduites par la sécheresse de 1997 en Afrique de l’Est et renforçant les effets de l’insécurité persistante dans la région des Grands Lacs, ces anomalies météorologiques ont aggravé la situation alimentaire déjà précaire des deux sous-régions. En Sierra Leone, l’amélioration de la production alimentaire en 1998 dépendra du rétablissement de la paix dans les zones rurales qui devra être aussi rapide que possible pour que les agriculteurs puissent respecter le calendrier des opérations agricoles. En Afrique australe, la période de végétation n’est pas terminée et tout risque de sécheresse ne peut être complètement écarté. Dans ce contexte, l’attention de la communauté internationale est appelée sur quatre grands domaines où une assistance est nécessaire:

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