SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO

ALERTE SPÉCIALE

Nº 304

(Série diffusée uniquement pour les pays dans lesquels l'état des cultures vivrières ou la situation des approvisionnements alimentaires sont préoccupants)

Date: 5 avril 2000

EN AFRIQUE DU NORD, ON PRÉVOIT UNE AUTRE ANNÉE DE RÉCOLTES MÉDIOCRES ET D'AUGMENTATION DES IMPORTATIONS CÉRÉALIÈRES, À CAUSE DE LA SÉCHERESSE

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VUE D'ENSEMBLE

Les perspectives actuelles de récolte pour l'an 2000 sont défavorables en Afrique du Nord compte tenu de la sécheresse qui persiste depuis janvier. À l'exception des zones d'altitude et de celles situées en bordure de l'Atlantique, qui ont reçu de légères pluies en mars, les terres agricoles allant du Maroc au nord de l'Algérie ont reçu bien peu de précipitations depuis janvier. Le temps sec a également affecté certaines zones du nord et du centre de la Tunisie et du nord de la Libye. Dans certaines zones du Maroc et de l'Algérie, les cultures ont totalement échoué. En Égypte, par contre, le blé, qui est principalement produit dans des zones irriguées, se développe dans des conditions jusqu'à présent favorables et l'on prévoit une bonne récolte.

Les productions végétales de la sous-région (à l'exclusion de l'Égypte, où les cultures sont en grande partie irriguées) ont fortement fluctué au cours des dernières années, en raison de sécheresses répétées. Au cours des dix dernières années, la production céréalière globale a varié de 4 à 8 millions de tonnes au cours de cinq années de sécheresse et de 10 à 18 millions de tonnes au cours de cinq bonnes années (voir graphique 1). Les cultures céréalières de 1999 ont également été affectées par la sécheresse et la production est estimée à 8 millions de tonnes, soit 31 pour cent de moins que celle de l'année précédente. Les besoins d'importations céréalières pour la campagne de commercialisation en cours (juillet/juin) se chiffrent donc à environ 14 millions de tonnes, soit 9 pour cent de plus que la campagne précédente. On ne dispose pas encore d'informations précises sur les dégâts provoqués par la sécheresse, mais selon les indications actuelles, la production céréalière globale dans les quatre pays touchés pourrait tomber nettement en dessous de la récolte de l'année dernière, déjà réduite par la sécheresse et s'approcher du volume de 1997, soit de 6 millions de tonnes. Une deuxième année consécutive de mauvaises récoltes dans la sous-région, notamment au Maroc et en Algérie, qui sont les pays les plus touchés, entraînera une augmentation ultérieure des importations céréalières d'où une pression accrue sur les budgets nationaux. En 1999, le déficit de production céréalière, dû à la sécheresse, a été en grande partie couvert en prélevant abondamment sur les stocks. S'il y a un déficit de production en l'an 2000, il faudra donc recourir en grande partie à des importations.

Les perspectives sont également défavorables pour les éleveurs, en raison du manque de fourrage et d'eau dans de nombreux endroits. Cela aura de graves répercussions sur la sécurité alimentaire, notamment pour les petits éleveurs qui dépendent en grande partie de leur troupeau pour assurer leur subsistance.

On trouvera aux graphiques 1 et 2 une illustration des tendances de la production et des importations céréalières de la région au cours des dix dernières années.

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SITUATION PAR PAYS

MAROC

La forte sécheresse qui a sévi sur la majeure partie du pays au cours des trois derniers mois a gravement nui aux cultures d'hiver, qui devraient être récoltées à partir de mai. La campagne agricole a débuté avec des pluies généralisées en novembre et en décembre, mais une sécheresse prolongée à partir de la mi-janvier puis une vague de chaleur en février ont épuisé les réserves d'humidité du sol, entraînant un stress hydrique important pour les cultures et causant de graves dégâts dans les champs de blé et d'orge. Selon les images par satellite, la situation serait encore pire que l'année dernière, lorsque la production avait été gravement réduite par la sécheresse. À l'exception des terres d'altitude et de celles situées en bordure de l'Atlantique qui ont reçu de faibles précipitations en mars, le temps reste sec dans tout le pays et la plupart des régions ont en général reçu moins de 100 mm de précipitations depuis la mi-janvier. S'il ne pleut pas dans les prochaines semaines, les cultures pourraient être complètement perdues dans plusieurs zones productrices alors qu'il est déjà trop tard pour d'autres cultures qui ont atteint le stade de la maturité.

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1/ À l'exclusion de l'Égypte
2/ Projections pour 1999/2000

Selon les premières indications, la production céréalière de cette année pourrait être encore inférieure à celle de 1999, estimée à 3,8 millions de tonnes, soit 42 pour cent de moins que la récolte précédente, en raison de conditions météorologiques défavorables. En conséquence, les importations céréalières de la campagne de commercialisation 1999/2000 (juillet/juin) s'établissent, selon les estimations actuelles, à environ 4,4 millions de tonnes, soit 26 pour cent de plus que la campagne précédente. Si la récolte est réduite pour une deuxième année consécutive, les importations céréalières devraient encore augmenter lors de la campagne de commercialisation 2000/01. La forte augmentation conséquente de la facture d'importations céréalières exercera des pressions accrues sur les réserves en devises déjà limitées.

Le Gouvernement prépare des mesures d'intervention, y compris une gestion plus prudente de l'eau disponible dans les réservoirs pour la consommation humaine, le bétail et les cultures, ainsi que des mesures d'urgence à l'intention des agriculteurs qui, pour la plupart, ont déjà été victimes de la sécheresse l'année dernière.

ALGÉRIE

Les perspectives des cultures d'hiver 1999/2000, qui seront récoltées à partir de mai, sont incertaines. Depuis la mi-janvier, le temps est resté sec sur la plupart des zones productrices de céréales, de sorte que les cultures n'ont levé que par endroit et accusent un retard de croissance. Les cultures ont surtout souffert dans le centre et l'ouest du pays alors que les conditions de végétation étaient relativement plus favorables dans l'est. À la mi-mars, des averses modérées sur certaines zones ont apporté une humidité bien nécessaire. Il faudrait toutefois de nouvelles pluies pendant le reste de la campagne agricole pour éviter une nouvelle baisse des rendements.

Il semblerait que la récolte de cette année serait inférieure à la récolte céréalière de 1999, estimée à environ 2 millions de tonnes, qui était elle-même inférieure d'environ 30 pour cent aux résultats de l'année précédente ainsi qu'à la moyenne. Les besoins d'importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2000/2001 (juillet/juin) principalement de blé, devraient être supérieurs aux 6 millions de tonnes estimés pour la campagne actuelle.

TUNISIE

Les perspectives des cultures d'hiver de 1999/2000 qui seront récoltées à partir de mai/juin, sont incertaines car le temps est resté sec en février et en mars. Les précipitations ont été irrégulières: début tardif, pluies modérées en décembre et janvier et ensuite, vague de sécheresse. On enregistre des averses localisées dans certaines zones mais les précipitations cumulatives de mars sont inférieures à la normale. De nouvelles pluies sont nécessaires au cours des prochaines semaines pour que les cultures puissent atteindre le stade de maturité sans réduction ultérieure de rendements. Ces pluies auraient également un effet bénéfique pour les éleveurs dans la mesure où elles permettraient de réduire les pénuries d'eau et de fourrage.

La production céréalière de 1999 est estimée à 1,8 million de tonnes, soit 9 pour cent de plus que les résultats moyens de l'année précédente. La production de blé serait de 1,4 million de tonnes, soit un peu plus qu'en 1998. Pour la campagne de commercialisation 1999/2000 (juillet/juin), les importations de céréales, principalement blé et maïs, sont estimées à environ 1,4 million de tonnes, soit autant que la campagne précédente mais beaucoup moins qu'en 1997/98, lorsque la production avait souffert de la sécheresse.

LIBYE

Les perspectives des cultures d'hiver de 1999/2000, qui seront récoltées à partir de mai, sont incertaines. Le temps est resté sec dans les zones céréalières du nord et du nord-est, d'où réduction des rendements. On a continué à enregistrer des averses localisées, mais de nouvelles pluies sont nécessaires pour le reste de la campagne agricole pour éviter une réduction ultérieure des rendements.

La production céréalière de 1999 est estimée à 251 000 tonnes, soit 5 pour cent de plus que la récolte assez bonne de l'année précédente. Les besoins d'importations céréalières du pays pour 1999/2000 sont estimés à 2,1 millions de tonnes, principalement de blé.

ÉGYPTE

En Égypte, les perspectives des céréales d'hiver de 1999/2000, principalement blé et orge, sont favorables. Les conditions de croissance ont été satisfaisantes pour le blé, principalement produit sur des terres irriguées, qui sera récolté à partir de la mi-mai. Les superficies ensemencées sont estimées à environ 1 million d'hectares, soit autant que l'année précédente, mais les rendements et la production devraient augmenter car le Gouvernement a accordé des stimulants aux agriculteurs pour les inciter à cultiver de nouvelles variétés et à utiliser des méthodes culturales améliorées. La production céréalière de 1999 est estimée à environ 17,8 millions de tonnes, soit environ 3 pour cent de moins que les résultats de l'année précédente, mais plus que la moyenne. Ce total comprend 6,3 millions de tonnes de blé, 6,8 millions de tonnes de céréales secondaires et 4,6 millions de tonnes de riz. Le pays devra toutefois importer environ 10 millions de tonnes de céréales en 1999/2000 (juillet/juin) pour couvrir ses besoins dont environ 7 millions de tonnes de blé et de farine de blé.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO (Télécopie: 0039-06-5705-4495, Mél: [email protected]).

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