SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO

ALERTE SPÉCIALE

N° 312

(Série diffusée uniquement pour les pays dans lesquels l'état des cultures vivrières ou la situation des approvisionnements alimentaires sont préoccupants)

LES TEMPÊTES TROPICALES, LES TYPHONS ET LES INONDATIONS DUES À LA MOUSSON COMPROMETTENT SÉRIEUSEMENT LES PERSPECTIVES EN MATIÈRE D'ALIMENTATION ET LES DISPONIBILITÉS VIVRIÈRES EN ASIE ET PRÉCIPITENT DES MILLIONS DE PERSONNES DANS LA MISÈRE

Date : 22 septembre 2000

Les fortes pluies de la mousson auxquelles se sont ajoutés les tempêtes tropicales, les typhons et les inondations, ont gravement touché un certain nombre de pays asiatiques (Chine, Inde, Bangladesh, Népal, Cambodge, Thaïlande, Viet Nam et Laos). Outre les dommages économiques considérables, des centaines de personnes ont péri et des centaines de milliers ont dû être évacuées. Étant donné que, dans certaines régions, les pluies de la mousson dureront encore quelque temps, on craint que la situation ne s'aggrave considérablement. On signale des graves pénuries alimentaires dans plusieurs zones, tandis que le risque d'épidémies augmente rapidement. Des opérations de secours humanitaires ont été lancées mais elles sont entravées par les difficultés d'accès dans de nombreuses régions du fait du niveau élevé des eaux de crue.

En Inde, après la grave sécheresse qui a frappé au début de l'année plusieurs États de l'ouest et du sud, les violentes inondations de la saison de la mousson ont dévasté de nombreuses régions du pays, faisant plusieurs centaines de victimes, entraînant le déplacement de milliers de personnes et détruisant les cultures. Du fait de la désorganisation de l'agriculture, de la commercialisation et des communications, la situation des approvisionnements alimentaires est extrêmement difficile dans certains États. Les dernières inondations ont touché l'État le plus peuplé du pays, l'Utter Pradesh, où les fortes pluies tombées pendant des semaines ont provoqué des inondations entraînant le déplacement de milliers de personnes. Le niveau des principaux fleuves et de leurs affluents a commencé a baissé, mais on estime que 40 000 personnes sont toujours sans abri. Les inondations auraient fait 306 victimes et endommagé ou détruit près de 200 000 hectares de cultures. Au milieu de septembre, une recrudescence des inondations a été enregistrée dans certaines régions du Bengale occidental, qui avaient déjà souffert auparavant pendant la saison de la mousson. Les rapports indiquent que les districts qui ont été les plus touchés sont ceux de Birbhum, Burdwan, Murshidabad et Malda, et que les principaux fleuves et leurs affluents ont largement dépassé la cote d'alerte. Plusieurs barrages et réservoirs de l'État ont également dépassé la cote d'alerte et doivent déverser d'importants volumes d'eau. Environ 600 000 personnes ont été évacuées vers des lieux plus sûrs. Ailleurs, à la fin d'août, dans l'État méridional de l'Andhra Pradesh, il a fallu évacuer des milliers de personnes à cause de la montée du niveau des rivières due aux précipitations, les plus fortes depuis des décennies. On estime que les inondations ont fait 142 victimes, tandis que les pertes de biens et de récoltes s'élèveraient à 168 millions de dollars É.-U. Les inondations occasionnées par la mousson au début de la saison ont par ailleurs causé la mort de plusieurs centaines de personnes et détruit des cultures dans l'État de Himachal Pradesh au nord du pays et dans les États de Bihar, Bengale occidental et Assam dans le nord-est. L'État d'Assam, où environ 3 000 villages ont été submergés et 2,5 millions de personnes (chiffre estimatif) sont restées sans toit, a été le plus touché. À l'exception de l'Himashal Pradesh, les États frappés par les inondations sont tous d'importants producteurs de riz, assurant environ 52 pour cent de la production totale de riz de la campagne kharif (ou de la mousson). En raison des dégâts causés par les inondations et de l'irrégularité des pluies dans certaines régions, les perspectives générales concernant le riz sont incertaines. La situation reste favorable dans les grands États produisant des excédents de riz - Punjab, Haryana et la majeure partie de l'Uttar Pradesh, mais les pluies tombées récemment dans le Bihar, le Madhya Pradesh, le Bengale occidental et l'Orissa, où la culture de riz est essentiellement pluviale, ont été irrégulières. Par ailleurs, les inondations dans l'Andhra Pradesh ont réduit les chances d'y engranger une récolte exceptionnelle pour la campagne de la mousson. En conséquence, la production totale de riz pour 2000-2001 pourrait s'en ressentir et être inférieure aux prévisions précédentes (90 millions de tonnes). La production de riz usiné de 1999/2000 a atteint le chiffre record de 88,25 millions de tonnes, dont 75,6 millions de tonnes (86 pour cent) provenaient de la campagne principale kharif (de la mousson) et 12,6 millions de tonnes de la campagne rabi.

Ailleurs, dans le sous-continent, au Bangladesh, environ 60 000 habitants sont restés sans abri et plusieurs personnes ont péri pendant les 10 premiers jours de septembre, à cause des inondations qui ont frappé l'île de Sandwip, située à une centaine de kilomètres du continent. Elles ont été provoquées par un raz de marée exceptionnellement haut dans la baie du Bengale. On signale des problèmes d'alimentation en eau potable et d'approvisionnement vivrier. Par ailleurs, dans les régions les plus gravement touchées du centre du Népal, les fortes pluies de la mousson, les inondations et les glissements de terrain ont fait un certain nombre de victimes et entraîné le déplacement de plusieurs milliers de personnes. Les cultures, principalement le riz, les infrastructures et les réseaux de communications ont été également endommagés, le coût économique des dégâts étant actuellement estimé à environ 6 millions de dollars É.-U. La situation en matière de sécurité alimentaire suscite par ailleurs des inquiétudes dans les régions reculées du pays, en particulier le district de Rukum, où les stocks diminuent et où la distribution des vivres est entravée par les difficultés d'accès persistantes.

En Chine, au cours de la première semaine de septembre, le typhon Maria a fait 29 victimes et causé des dégâts estimés à 100 millions de dollars É.-U. dans les provinces de Guangdong et de Hunan, où il a endommagé ou détruit 40 000 hectares de cultures (chiffre estimatif). Normalement, ces deux provinces, gros producteurs de riz, assurent conjointement environ 21 pour cent de la production nationale. Toutefois, pendant la deuxième décade de septembre, le temps a été généralement favorable dans la majeure partie du pays, la chaleur sèche facilitant la maturation et la récolte des cultures d'été, et les semis des cultures d'hiver précoces. La récolte du riz précoce, le premier des trois riz cultivés, est achevée et la production est estimée à 37,5 millions de tonnes, niveau le plus bas depuis les années 80 et inférieur d'environ 8 pour cent à celui de l'an dernier. Par ailleurs, d'après les rapports officiels, la récolte du riz intermédiaire, qui a souffert de la sécheresse dans certaines régions, marquera également un recul par rapport à l'an dernier, tandis que le riz tardif a subi le contrecoup des typhons et des tempêtes, en particulier dans les provinces de Fujian, Zhejiang et Guangdong. D'après les prévisions actuelles, la production totale de riz de 2000-01 serait donc d'environ 186 millions de tonnes, soit quelque 12 millions de tonnes de moins qu'en 1999/2000. Les dégâts causés par les inondations s'ajoutent à la grave sécheresse précédente qui a nui à la production céréalière d'été, en particulier dans les grandes régions productrices du nord. Les estimations de la production de blé de 2000 ont été de nouveau révisées à la baisse et établies à 101 millions de tonnes, contre 103 millions de tonnes auparavant et 111 millions de tonnes en juin. A ce niveau, la production serait inférieure de quelque 10 pour cent à la moyenne des cinq dernières années et de près de 13 millions de tonnes, soit 11 pour cent, à la récolte de 1999. En outre, en raison du temps sec défavorable et, dans une certaine mesure, de la réduction des emblavures, la production de maïs devrait tomber à son niveau le plus bas des six dernières années, environ 103 millions de tonnes, soit 15 pour cent au-dessous de la moyenne et 25 millions de tonnes de moins que l'an dernier. Cette baisse de la production aura probablement pour conséquences une hausse des prix du marché intérieur, une progression de la demande d'importations et une réduction des exportations. D'après les rapports officiels, la sécheresse de cette année, qui a endommagé les cultures d'été et d'automne sur environ 31 millions d'hectares, a été la pire enregistrée en 20 ans.

Les organismes d'aide signalent que non moins de 4 millions de personnes ont été touchées dans le bassin du Mékong, l'une des plus importantes zones productrices de riz de l'Asie du sud-est. Au Cambodge, frappé par les crues les plus fortes des soixante-dix dernières années, les problèmes humanitaires et d'approvisionnement vivrier suscitent une inquiétude grandissante. On signale que plus de 100 personnes ont déjà péri à cause des inondations, le nombre de victimes risquant d'augmenter du fait de la persistance des pluies. D'après les rapports, ces derniers jours, environ 70 000 personnes vivant le long du Mékong étaient menacées par la montée continue des eaux de crue, qui détruisent les cultures et les maisons. Sur les 23 provinces du pays, 17 ont été touchées par les inondations et plus de 250 000 hectares de riz ont été endommagés ou détruits. Les dégâts économiques subis par les seules cultures ont été estimés officiellement à environ 10 millions de dollars É.-U. Ces derniers jours, les inondations ne montrant aucun signe de décrue, on craignait que Phnom Penh, la capitale, ne soit également inondée. On signale dans plusieurs régions de graves pénuries alimentaires et la montée en flèche des prix des vivres. Le gouvernement a déclaré l'état d'urgence dans plusieurs provinces et demandé une aide humanitaire internationale pour 600 000 personnes parmi les plus touchées. Normalement, le pays est sujet aux inondations pendant la saison des pluies entre août et septembre, mais cette année, elles ont commencé début juillet et ont été plus étendues que d'habitude. Lors des dernières graves inondations de 1996, 169 personnes avaient trouvé la mort. La Fédération internationale de la Croix-Rouge a lancé un appel pour un montant de 1,6 million de dollars É.-U. afin d'aider les victimes des inondations dans le pays.

Pour ce qui est du riz de la campagne principale de la saison des pluies, les inondations retarderont les opérations en cours de préparation du sol, repiquage et semis. L'objectif de récolte pour 2000/01 a été fixé à 4,2 millions de tonnes, mais il n'est pas certain maintenant qu'il sera atteint. Alors que les inondations ont provoqué des dégâts étendus dans le delta, dans certaines régions comme la province de Kampong Spoe, c'est la sécheresse qui a détruit les pépinières de riz, d'où une nouvelle dégradation des perspectives générales. La production totale de paddy de 1999/2000 a été estimée à 4 millions de tonnes, chiffre record supérieur de quelque 500 000 tonnes, soit 14 pour cent, à celui de l'année précédente. La production de riz provient pour environ 83 pour cent des cultures de la saison des pluies, le reste provenant des cultures de décrue et des cultures de la saison sèche. Le riz, qui représente par ailleurs environ 84 pour cent de la production agricole vivrière annuelle, est ensemencé sur quelque 90 pour cent de la superficie cultivée, essentiellement dans le bassin central et le delta du Mékong et dans la plaine de Tonle Sap.

De même, au Viet Nam, pays voisin, les pires inondations des quarante dernières années dans le delta du Mékong ont fait 43 victimes et entraîné d'importants déplacements de populations, tandis que de nombreux logements ont été détruits et que certaines régions connaissent de graves pénuries alimentaires. Par ailleurs, environ 100 000 hectares de riz ont été endommagés ou détruits, le coût économique des dégâts se chiffrant à ce jour à 26 millions de dollars É.-U. Jusqu'à présent, le niveau des eaux de crue du réseau hydrographique du Mékong a largement dépassé la cote d'alerte III, c'est-à-dire qu'il s'agit d'inondations extrêmement dangereuses, comparables aux niveaux atteints pendant les inondations exceptionnellement catastrophiques de 1961, 1966, 1978 et 1996. Le centre d'alerte du PNUD sur les inondations prévoit que, dans les trois à cinq prochains jours, les eaux de crue en amont (rivières Tien et Hau) atteindront probablement un niveau record.

Les zones les plus touchées sont celles de Long An, Dong Thap et An Giang qui bordent le Cambodge. Jusqu'à présent, on y a dénombré 25 victimes et 400 000 personnes ont dû être évacuées (chiffres estimatifs).

Auparavant, pendant la première décade de septembre, des tempêtes tropicales ont également causé des dégâts aux cultures dans les régions du centre, tandis que de fortes pluies dans les zones côtières du delta de la rivière Rouge ont retardé la récolte du riz du «10e mois». Dans les régions septentrionales du pays, normalement le riz du 10e mois est semé en juin/juillet et récolté à partir de la mi-septembre, tandis que dans le sud, la période de croissance est plus longue et la récolte commence à partir de fin octobre. Malgré l'ampleur que pourraient prendre les éventuels dégâts dus aux inondations, selon les prévisions actuelles, la récolte du riz du 10e mois s'établirait à environ 8,3 millions de tonnes, chiffre légèrement inférieur à celui de l'an dernier. La production de paddy de 1999/2000 a atteint 31,7 millions de tonnes, dont près de la moitié provenait des cultures de la campagne principale d'hiver/printemps, semée de janvier à mars et récoltée entre avril et juillet suivant le lieu.

Pour appuyer les initiatives de secours du gouvernement, la Fédération internationale de la Croix-Rouge a lancé un appel pour un montant de 1,5 million de dollars É-U., en vue d'aider 125 000 personnes parmi les plus touchées dans le delta du Mékong.

Ailleurs, au nord et au nord-est de la Thaïlande, la décrue a commencé ces derniers jours après que la pluie ait cessé, mais les inondations ont fait plusieurs victimes, ont contraint des milliers de personnes à se déplacer et ont provoqué d'importants dégâts aux biens. Selon les estimations officielles, environ 836 sur les quelque 2000 sous-districts du pays ont été touchés, les dommages économiques étant évalués à 30 millions de dollars É.-U. Quelque 645 000 hectares de cultures ont été endommagés ou détruits dans plus de 24 provinces. Les dégâts causés au riz par les inondations dans les basses terres pourraient cependant être compensés par les effets bénéfiques du surcroît de pluie dans les zones plus élevées.

Compte tenu des événements récents, les perspectives générales concernant le riz en 2000/01 restent incertaines. D'après les dernières prévisions officielles datant d'avant les inondations, la récolte de riz de la campagne principale s'établirait à environ 19,04 millions de tonnes. Par ailleurs, la récolte du riz de la seconde campagne, semé de janvier à mars et récolté en mai/juin, atteint normalement environ 4,3 millions de tonnes. Le pays, qui est le plus gros exportateur de riz du monde, s'est fixé comme objectif d'exporter quelque 6 millions de tonnes en 2000.

Dernières estimations, au Laos, environ 45 000 hectares de paddy ont été également endommagés par les inondations dans certaines régions du centre et du sud.

Le présent rapport a été établi sous la responsabilité du Secrétariat de la FAO à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser, pour tout complément d'information, à: M. Abdur Rashid, Chef, SMIAR, FAO (Télécopie: 0039-06-5705-4495, Mél: [email protected] ).

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