FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique No.1 - mai 2003 p.4

Page pécédenteTable des matièresPage suivante


PREMIÈRE PARTIE: SITUATION PAR SOUS-RÉGION

La récolte des céréales de la campagne 2002/03 a débuté en Afrique australe. En Afrique de l’Est, les cultures de la campagne principale sont en phase de maturation en Tanzanie tandis qu’ailleurs dans la sous-région, les semis de la campagne principale sont engagés, sauf en Éthiopie, en Érythrée et au Soudan où ils ne devraient commencer que dans un mois ou deux. En Afrique centrale et dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, les travaux d’ensemencement ont démarré mais ils ne débuteront pas avant juin dans les pays du Sahel.

Tableau 1. Calendrier des cultures céréalières

Sous-régionCultures céréalières
 SemisRécolte
Afrique de l’Est 1/mars-juinaoût-décembre
Afrique australeoctobre-décembreavril-juin
Afrique de l’Ouest  
- Zones côtières (première campagne)mars-avriljuillet-septembre
- Zone du Sahel juin-juilletoctobre-novembre
Afrique centrale 1/avril-juinaoût-décembre
1/  Hormis le Burundi, le Rwanda et la République démocratique du Congo qui ont deux campagnes principales, et la Tanzanie, dont la campagne principale suit le calendrier des semis de l’Afrique australe. Au Soudan, les semis des céréales secondaires se font en juin-juillet et la récolte d’octobre à décembre

En Afrique australe, les perspectives des récoltes céréalières de 2003 sont favorables dans l’ensemble. En dépit du démarrage tardif et de l’irrégularité des pluies durant la première moitié de la campagne, des précipitations abondantes depuis la mi-février ont permis d’améliorer l’état des cultures. Les premières estimations de la FAO font état d’une production totale de maïs de 14,8 millions de tonnes, ce qui représente un volume légèrement supérieur au niveau moyen de l’an dernier. Ce résultat est attribuable à l’accroissement de la production dans la majeure partie des pays, malgré la baisse d’environ un million de tonnes enregistrée en Afrique du Sud, premier producteur de la sous-région. Les besoins d’importations céréalières de la sous-région pour la campagne de commercialisation 2003/04 sont estimés, au total, à 5,3 millions de tonnes, soit près de 27 pour cent de moins que l’année précédente et les importations commerciales, à 4,6 millions de tonnes; les besoins d’aide alimentaire devraient donc s’établir à 0,7 million de tonnes.

Au Zimbabwe, la production céréalière devrait diminuer pour la troisième année consécutive en raison de l’insuffisance et de l’irrégularité des pluies ainsi que d’une nouvelle contraction des emblavures dans le secteur commercial. Dans les principales zones de production de maïs situées dans le nord du pays, des pluies bénéfiques en février et en mars ont apporté un répit aux cultures touchées par une longue période de sécheresse, mais elles sont probablement survenues trop tard pour éviter une baisse sensible des rendements. Dans les zones méridionale et occidentale, les précipitations n’ont pas été suffisantes en février pour compenser les effets de la forte sécheresse des mois précédents, qui a repris en mars. Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence dans la province de Matabeleland Sud, la plus touchée. Une grave pénurie d’intrants agricoles explique également le recul de la production. Dans le secteur de la petite exploitation, les semis de maïs auraient diminué de 9 pour cent par rapport à l’année écoulée, tandis que dans le secteur commercial, 15 000 hectares de maïs seulement auraient été cultivés, contre 62 000 hectares l’an dernier.

La situation alimentaire demeure extrêmement tendue tant dans les villes que dans les campagnes, et l’on estime que 7,2 millions de personnes, soit la moitié de la population, ont besoin d’une aide alimentaire. Compte tenu du déficit de maïs qu’une mission FAO/PAM sur place en mai 2002 a évalué à 1,7 million de tonnes pour la campagne de commercialisation 2002/03 (avril/mars), le gouvernement a passé des contrats afin d’acheter 948 000 tonnes et environ 752 000 tonnes avaient été vendues par l’entremise de l’Office de commercialisation des céréales fin février 2003, au prix subventionné de 12,5 dollars Z le kilo, contre 130 dollars Z le kilo sur le marché parallèle. À partir du mois de janvier, le PAM a accéléré les distributions de secours alimentaires d’urgence en faveur de 3,4 millions de bénéficiaires. Depuis le début de la campagne de commercialisation jusqu’à la fin février, 212 000 tonnes de céréales, au total, ont été livrées.

En Zambie, les perspectives alimentaires sont en général favorables pour la campagne 2003/04. Malgré leur démarrage tardif, les précipitations ont été généralisées et abondantes à partir de janvier, en particulier dans les principales zones de production de maïs. Dans la province du Sud et dans certaines parties des provinces de l’Ouest et de Lusaka marquées par une pluviométrie nettement inférieure à la moyenne et irrégulière, des pluies bénéfiques durant la seconde moitié de février ont permis d’apporter une nette amélioration à l’état des cultures. La sécheresse ayant détruit les cultures semées avec l’arrivée des premières pluies de novembre, la plupart des agriculteurs ont dû procéder à un deuxième semis en décembre et en janvier. De fortes pluies en mars ont été à nouveau propices au développement des cultures, mais des inondations localisées ont entraîné des pertes de récoltes, notamment dans le district Gwenbe dans la province du Sud.

Les prix du maïs ont fléchi depuis janvier sous l’effet des bonnes perspectives de récoltes et de l’augmentation des approvisionnements de maïs, et ils se situent aujourd’hui en deça du niveau enregistré à la même époque l’an dernier. Les distributions d’aide alimentaire se sont accélérées en janvier 2003 et à la fin du mois de février, 103 000 tonnes de maïs, au total, avaient été distribuées, toutes sources confondues. Les importations commerciales de maïs, par voie officielle, se sont chiffrées à 60 000 tonnes seulement alors que les besoins avaient été évalués à 301 000 tonnes; il semble donc qu’une grande partie du déficit ait été comblée par des importations officieuses, estimées de 60 000 à 300 000 tonnes, en provenance de la Tanzanie et du Mozambique.

Au Malawi, les perspectives des récoltes céréalières de 2003 sont encourageantes, car les pluies ont été satisfaisantes durant la campagne, malgré un démarrage tardif et des inondations localisées. La disponibilité d’intrants, plus importante que l’an dernier, a également joué un rôle important. L’élargissement sensible du programme public de distribution gratuite d’intrants à près de 3 millions de ménages, contre 1,8 million l’année précédente, a été complété par les distributions effectuées par des ONG et par l’amélioration des approvisionnements sur le marché. Les estimations officielles laissent escompter une production de maïs de 1,9 million de tonnes en 2003, soit un volume supérieur à la récolte de 1,55 million de tonnes engrangée l’an dernier.

Des importations commerciales et une aide alimentaire substantielles ont permis d’éviter que la crise alimentaire ne tourne à la catastrophe. La mission FAO/PAM qui s’est rendue dans le pays en avril/mai 2002 a estimé que les besoins d’importations de maïs se chiffreraient à 433 000 tonnes pour la campagne de commercialisation 2002/03 (avril/mars), dont 225 000 tonnes d’importations commerciales et 208 000 tonnes d’aide alimentaire. Le gouvernement a importé 260 000 tonnes de maïs, y compris 27 000 tonnes au profit de la Réserve stratégique de céréales. Les distributions alimentaires du PAM ont été soutenues depuis septembre et une quantité importante de maïs a été officieusement importée du Mozambique et de la Tanzanie. Les contributions d’aide alimentaire à la fin mars totalisaient 250 000 tonnes, soit un volume supérieur aux besoins. Ces importations ont permis de stabiliser les prix du maïs, mais il semble qu’un grave problème d’offre excédentaire soit apparu. Sur les 233 000 tonnes proposées par le gouvernement à prix subventionné, 28 000 tonnes seulement avaient été vendues à la fin février. Le gouvernement prévoit de porter le volume de la Réserve stratégique de céréales à 100 000 tonnes. L’importance des stocks de report, conjuguée aux bonnes perspectives de récoltes, fait craindre une chute des prix en 2003/04, ce qui risque d’affecter les semis durant la prochaine campagne.

Au Mozambique, en dépit des perspectives encourageantes pour les céréales de la campagne 2003 dans l’ensemble du pays, la production devrait accuser un net recul pour la quatrième année consécutive dans les provinces méridionales de Gaza, Maputo et Inhambane ainsi que dans certaines zones de la région centrale. Un temps particulièrement sec depuis le début de la campagne agricole a entraîné une contraction des emblavures et une réduction marquée des rendements. Il faudra continuer à fournir une aide alimentaire dans ces zones où l’on estime déjà à 660 000 le nombre de personnes vulnérables dans le besoin.

Les perspectives des céréales de 2003 sont en général favorables grâce aux pluies tombées en abondance dans les principales zones de production du nord et du centre-nord. Les premières estimations permettent d’envisager une augmentation de 6 pour cent de la production céréalière de 2003 par rapport au bon résultat de l’an dernier. On prévoit à nouveau un excédent exportable de maïs.

Au Lesotho, les perspectives des céréales de la campagne de 2003 sont également encourageantes, les cultures étant en bon état dans la plupart des zones du pays. Les semis de maïs n’ont pas pu commencer à temps en raison du retard de la saison des pluies et de l’arrivée tardive des intrants agricoles, mais les précipitations ont été adéquates durant la seconde partie de la campagne. Toutefois, il se pourrait qu’au cours des prochaines semaines des gelées compromettent la maturation du maïs. Dans les zones montagneuses, où la principale culture est le blé, la majeure partie des agriculteurs ont engrangé une bonne récolte. En revanche, dans les districts méridionaux de Mafeteng, Mohale’s Hoek et Quthing, la production céréalière pourrait fléchir pour la seconde année consécutive, car les précipitations ont été insuffisantes et irrégulières durant la campagne.

Au Swaziland, les perspectives de récoltes sont bonnes dans le Highveld et satisfaisantes dans le Middleveld et Plateau, mais très médiocres dans le Lowveld où un temps particulièrement sec et des températures élevées en début de campagne ont détruit de vastes superficies de maïs. D’après les estimations, jusqu’à 85 pour cent des agriculteurs dans le Lowveld ne récolteront rien. Les familles agricoles vivant dans cette région devront donc bénéficier de secours alimentaires durant la campagne de commercialisation 2003/04 (avril/mars).

Au Botswana, le temps sec en mars a endommagé à nouveau les cultures céréalières (sorgho, pour l’essentiel) qui avaient déjà souffert du manque de pluie et l’on prévoit donc une faible récolte. La longue vague de sécheresse risque également d’avoir une incidence négative sur la qualité des pâturages dont dépend le secteur important de l’élevage.

En Namibie, l’abondance des précipitations à partir de février a été bénéfique aux cultures céréalières (mil, principalement) qui avaient jusqu’alors souffert de pluies irrégulières et inférieures à la moyenne. Les précipitations ont également permis d’améliorer l’état des pâturages pour le bétail. Les perspectives de récoltes sont satisfaisantes dans l’ensemble, les cultures du “triangle du maïs” étant en bon état, selon les rapports. Les premières estimations officielles tablent sur une production céréalière de 119 000 tonnes, ce qui représente une hausse sensible par rapport à la faible récolte de 74 000 tonnes engrangée l’an dernier et un volume supérieur à la moyenne des cinq dernières années.

Dans la région de Caprivi toutefois, la production devrait accuser un nouveau recul. Le maïs a dû être réensemencé, parfois jusqu’à quatre fois, en raison du temps sec qui a sévi d’octobre à décembre; des pénuries de semences et le piètre état des bœufs en début de campagne ont également entraîné une contraction des emblavures. Étant donné que la situation des approvisionnements alimentaires risque de rester précaire dans la région en 2003/04 (mai/avril), il faudra surveiller de près la situation alimentaire dans les zones en difficulté où des pénuries de vivres pourraient survenir plus tard dans l’année.

À Madagascar, une grave sécheresse dans les zones septentrionales a engendré une baisse sensible de la récolte de maïs de la campagne principale. Près de 600 000 personnes dans cinq districts auraient besoin de secours alimentaires d’urgence. Le PAM avait prévu de venir en aide à 175 000 personnes mais ne se porte aujourd’hui au secours que de 55 000 bénéficiaires, faute de contributions. Une évaluation récente de la vulnérabilité indique que 30 pour cent des enfants souffrent de malnutrition modérée à aiguë dans les zones touchées et que le chiffre progresse. On signale également que les populations, à la recherche de nourriture et d’eau, migrent vers d’autres destinations. Le gouvernement envisage la vente de maïs à prix subventionné dans les districts affectés. Quelque 40 000 personnes, victimes de la tempête tropicale Fari dans le sud de Madagascar fin janvier, ont encore besoin de secours alimentaires.

Il faut faire appel d’urgence à la communauté internationale pour mobiliser des contributions d’aide alimentaire supplémentaires afin d’éviter que la situation nutritionnelle ne se dégrade dans le sud de Madagascar, compte tenu notamment des délais considérables qui sont nécessaires pour acheminer les vivres aux zones éloignées, du fait du mauvais état de l’infrastructure.

En Angola, les perspectives des céréales de la campagne 2003 sont favorables grâce au niveau suffisant des précipitations durant la période de végétation et à l’accroissement des surfaces cultivées depuis la fin de la guerre civile.

Après 27 ans de troubles civils, un grand nombre de personnes vulnérables ont encore besoin d’une aide alimentaire d’urgence. Il s’agit de personnes déplacées à l’intérieur du pays et de réfugiés rentrant chez eux ainsi que d’anciens combattants de l’UNITA et de leur famille. Depuis avril l’an dernier, environ 1,8 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays et 130 000 réfugiés angolais auraient regagné leurs communautés, dont un grand nombre sont dépourvues d’infrastructure et de services de base. D’après le PAM, 137 000 tonnes de produits alimentaires sont nécessaires pour venir en aide aux plus vulnérables jusqu’à fin 2003, mais les contributions à ce jour couvriront les besoins jusqu’en juillet seulement; il est donc urgent d’en mobiliser davantage. La fin de la guerre civile a permis aux organismes humanitaires d’accéder plus facilement à des zones éloignées, mais il est encore impossible d’accéder à certains secteurs en raison du mauvais état des routes et de la présence de mines terrestres. D’après les estimations, 308 700 personnes au moins, dans 24 îlots localisés, auraient un besoin critique de secours alimentaires.

Il faut également fournir une assistance internationale pour remettre sur pied le secteur agricole et déminer les zones rurales. À cette fin, le gouvernement a lancé un appel à la communauté internationale en février 2003.

En Afrique de l’Est, à l’exception de quelques pluies précoces tombées en mars dans certaines zones de l’Éthiopie, le début de la saison des pluies de 2003 a été retardé de plus de 20 jours dans les principales zones de production céréalière de la sous-région. Le temps anormalement sec en Tanzanie et les graves pénuries d’eau signalées dans le nord de la Somalie (Somaliland et Puntland) sont préoccupants.

En Érythrée, les pénuries alimentaires sont alarmantes, près de deux tiers des 3,4 millions d’habitants étant confrontés à un grave déficit vivrier, suite à la sécheresse de l’an dernier. Sur ce total, environ 1,4 million de personnes ont besoin de secours alimentaires d’urgence. Le gouvernement, qui a lancé un appel pour réunir quelque 476 000 tonnes d’aide alimentaire d’urgence à la fin de l’an dernier, a plusieurs fois demandé à la communauté internationale d’accroître ses contributions. En mars 2003, la FAO et le PAM ont conjointement approuvé une opération d’urgence, d’une enveloppe de 46,5 millions de dollars EU, pour venir au secours de près de 900 000 personnes pendant dix mois (mai 2003-février 2004).

La crise alimentaire pourrait s’accentuer si l’aide alimentaire n’est pas rapidement acheminée. De récents rapports indiquent que les taux globaux de malnutrition ont atteint 15 à 26 pour cent. Un grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays par la guerre qui a récemment éclaté avec l’Éthiopie voisine, des réfugiés rentrant du Soudan et 80 000 enfants bénéficiant du Programme d’alimentation scolaire d’urgence du PAM ont encore besoin d’une aide alimentaire. Le résultat de la campagne agricole de 2003 sera donc déterminant. Or, la campagne d’octobre à mars (Bahri) a été médiocre, la plupart des régions ayant enregistré une pluviométrie inférieure à 25 pour cent de la moyenne. Ces précipitations sont importantes pour la régénération des pâturages dans les zones septentrionales et méridionales de la mer Rouge et pour l’irrigation par épandage sur les contreforts de l’escarpement occidental.

En Éthiopie, les semis de la campagne "belg" de 2003 ont commencé dans plusieurs zones, après les pluies de mars. La campagne "belg" représente 8 à 10 pour cent de la production annuelle de céréales et de légumineuses mais constitue la principale récolte dans certaines zones.

Selon les rapports, une crise alimentaire se profile dans plusieurs zones du pays touchées par la sécheresse. La situation nutritionnelle des enfants vivant dans ces secteurs demeure inquiétante et requiert d’augmenter les distributions alimentaires générales et complémentaires. À moins que de nouvelles contributions ne soient reçues, l’aide alimentaire dans la filière sera épuisée début juillet. Suite à un examen de la sécurité alimentaire dans plusieurs zones clés, le gouvernement et une équipe de pays des Nations Unies ont révisé à la hausse les besoins d’aide alimentaire en 2003 pour les porter à 1,46 million de tonnes, contre une estimation antérieure de 1,44 million de tonnes. De plus, les articles non alimentaires, y compris des semences, de l’eau et des fournitures vétérinaires, ont été augmenté, passant de 75 millions à 81 millions de dollars EU. En conséquence, la FAO et le PAM ont conjointement approuvé une opération d’urgence, d’un montant proche de 205,5 millions de dollars EU, en mars 2003 en vue d’apporter une aide à 4,6 millions de petits agriculteurs et éleveurs, pendant 12 mois (avril 2003 – mars 2004).

Au Kenya, la campagne des “longues pluies” de 2003 a débuté et les prévisions permettent d’envisager un niveau de précipitations normal de mars à mai dans les principales zones de production. Toutefois, les perspectives restent mauvaises dans les zones d’élevage où l’on prévoit des précipitations inférieures à la moyenne. La récolte des céréales de la campagne secondaire des “courtes pluies ” de 2003/04, qui assure de 15 à 20 pour cent de la production annuelle, est terminée et la production (des deux campagnes) devrait atteindre un volume normal. Les pluies bénéfiques tombées tardivement l’an dernier ont permis d’améliorer les rendements. Cette récolte représente la principale source de nourriture dans certaines zones des provinces du Centre et de l’Est. Une première estimation porte le total de la production céréalière de 2003/04 (des deux campagnes) à 2,8 millions de tonnes, contre 3,2 millions tonnes en 2001/02.

D’après les évaluations du Groupe d’orientation sur la sécurité alimentaire au Kenya réalisées en février dans les districts en situation d’insécurité alimentaire chronique de West Pokot, Turkana, Marakwet et Baringo, les troubles intérieurs et la succession de mauvaises récoltes sont les deux principales causes de l’insécurité alimentaire. Le Groupe a recommandé qu’une aide alimentaire, sous forme de projets vivres-contre-travail, soit immédiatement fournie aux ménages les plus en difficulté. Il a également souligné que les mesures destinées à consolider la paix étaient cruciales pour assurer la réussite des interventions visant à lutter contre l’insécurité alimentaire dans ces zones.

En Somalie, la production céréalière de la campagne secondaire (“deyr”), rentrée depuis peu dans le sud, est estimée à 164 624 tonnes, soit près de 80 pour cent de plus que la moyenne d’après guerre (1995-2001). La campagne deyr représente normalement de 25 à 30 pour cent de la production céréalière annuelle, mais elle en a assuré plus de 43 pour cent cette année. Selon les dernières estimations, la production céréalière de 2002/03 devrait totaliser 376 000 tonnes, soit une hausse de 46 pour cent par rapport à l’année précédente. La situation des approvisionnements alimentaires dans le sud de la Somalie est en général meilleure grâce à l’augmentation des récoltes “gu” et “deyr”, mais les enquêtes nutritionnelles continuent d’indiquer des taux de malnutrition élevés.

Dans le nord-ouest de la Somalie (Somaliland) et dans le nord-est (Puntland), on signale de graves pénuries d’eau et de vivres. Ces pénuries sont particulièrement aiguës dans les régions de Togdheer, Sool, Sanaag et dans le Hawd ainsi que dans plusieurs districts de Bari et dans certains secteurs de la région de Nugal.

Au Soudan, la mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires qui s’est rendue dans le pays à la fin de l’an dernier a estimé que la production de céréales secondaires accuserait un recul sensible du fait du retard et de la répartition inégale des pluies. Le total de la production céréalière en 2002/03, évaluée à 3,8 millions de tonnes, représente un volume inférieur d’environ 30 pour cent par rapport à l’année précédente et de 14 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

De graves pénuries alimentaires sont apparues dans plusieurs zones du pays et les prix, du sorgho notamment, sont plus élevés que d’habitude à cette époque de l’année. Les évaluations de surveillance de la sécurité alimentaire effectuées depuis janvier confirment que 1,9 million de personnes dans le sud du Soudan auront besoin d’une aide alimentaire, estimée à 101 000 tonnes, jusqu’à la prochaine récolte en septembre 2003. Près de 700 000 d’entre elles ont été considérées en situation d’extrême insécurité alimentaire et bénéficient de distributions de vivres depuis janvier. En avril 2003, la FAO et le PAM ont conjointement approuvé une opération d’urgence, d’une enveloppe de quelque 130,97 millions de dollars EU, pour venir en aide à près de 3,25 millions de personnes pendant 12 mois (avril 2003-mars 2004).

En Tanzanie, les perspectives des céréales secondaires de la campagne principale sont incertaines, du fait surtout du temps sec qui a régné dans les zones occidentales, centrales et méridionales du pays de février à la mi-mars. De nombreuses zones ont été touchées par la sécheresse pendant plus de trois semaines, à un moment critique de la croissance des cultures. La pluviosité s’est améliorée depuis la mi-mars mais trop tard sans doute pour éviter de fortes pertes de rendements. La situation est plus particulièrement préoccupante dans les zones côtières du centre, du sud et du nord. En outre, les prévisions météorologiques pour la période allant de mars à mai indiquent que les précipitations seront soit inférieures à la normale soit quasiment normales dans la plupart des zones du grenier à céréales situées dans la région des hautes terres du Sud (Iringa Mbeya, Rukwa et Ruvuma). Cette région assure, en moyenne, près de la moitié du total de la production nationale de maïs et dispose en général d’excédents exportables vers les pays voisins.

La situation alimentaire continue toutefois à être stable dans le pays. La quantité d’eau et de pâturages disponibles a également permis d’accroître la sécurité alimentaire des éleveurs.

En Ouganda, des précipitations inférieures à la moyenne en février et en mars ont retardé la préparation de la terre et les semis de la campagne principale dans plusieurs secteurs. Les prévisions météorologiques de mars à mai 2003 tablent sur des pluies normales, voire supérieures à la moyenne dans le nord-ouest, l’est et le sud-est de l’Ouganda et dans certaines zones du bassin du lac de Kyoga. Le nord-est, le centre, le nord et l’ouest du pays ainsi que le bassin du lac Victoria devraient bénéficier de précipitations normales ou inférieures à la moyenne.

La situation des approvisionnements alimentaires continue à être généralement stable. La situation alimentaire est toutefois précaire dans le nord et l’est de l’Ouganda. L’insurrection continue de provoquer le déplacement de centaines de personnes, notamment dans les districts de Gulu, Kitgum et Pader dans le nord du pays. Une évaluation récente effectuée dans le district de Pader indique que près des trois quarts de la population a été déplacée. Une enquête nutritionnelle dans le plus grand hôpital du district a constaté que 14 pour cent des enfants âgés de moins de cinq ans souffraient d’une malnutrition aiguë et que 29 pour cent en étaient menacés. Ces observations sont similaires à celles d’une autre évaluation réalisée dans le district de Gulu en janvier 2003. En mars 2003, une évaluation effectuée dans l’est de l’Ouganda a indiqué que la reprise des attaques par des éleveurs karamojongs avait contraint près de 89 000 personnes à se réfugier dans le district de Katakwi. Les personnes déplacées se massent dans des camps disposant d’un accès limité à l’eau, à l’assainissement et aux services de santé. En outre, la situation alimentaire d’un grand nombre de ménages dans les districts de Kotido, Moroto et Nakapiripirit, dans le nord-est du pays, est difficile, les récoltes de la campagne précédente ayant été faibles. À l’heure actuelle, le PAM distribue des vivres aux ménages les plus vulnérables.

Les besoins d’importations céréalières de l’Afrique de l’Est en 2002/03 sont estimés, au total, à 6,4 millions de tonnes. Avec des importations commerciales prévues à 4,0 millions de tonnes, les besoins d’aide alimentaire devraient atteindre 2,4 millions de tonnes. Par rapport à ces besoins, les annonces de contributions faites à la fin avril se chiffraient à 0,7 million de tonnes, dont 0,5 million de tonnes déjà livrées.

En Afrique de l’Ouest, la forte sécheresse qui a durement frappé les pays dans l’ouest du Sahel l’an dernier a compromis la sécurité alimentaire de quelque 600 000 personnes. De plus, les mouvements de populations engendrés par les conflits armés dans plusieurs pays continuent de désorganiser la production agricole et d’autres activités économiques, ce qui se traduit par une insécurité alimentaire persistante.

En Mauritanie, le total de la production céréalière de 2002 est officiellement estimé à 116 000 tonnes, soit un repli d’environ 31 pour cent par rapport à la moyenne des cinq années précédentes et de 5 pour cent par rapport à la médiocre récolte de 2001. Les cultures ‘dieri’ (pluviales), qui occupent plus de 80 pour cent des superficies cultivées et représentent 60 pour cent de la production céréalière totale en temps normal, ont diminué de 80 pour cent, pour s’établir à 8 000 tonnes, du fait de la sécheresse. Les besoins d’importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2002/03 (novembre/octobre) devraient avoisiner les 323 000 tonnes, dont environ 258 000 tonnes d’importations commerciales, et les besoins d’aide alimentaire devraient représenter 65 000 tonnes. Dans l’ensemble de la Mauritanie, près de 420 000 personnes ont besoin de secours alimentaires. Il sera également nécessaire de fournir d’urgence des intrants agricoles (des semences, par exemple) pour permettre aux familles agricoles victimes de la sécheresse de reprendre les travaux agricoles dès la prochaine campagne de semis, qui débutera en juin 2003.

Les conditions proches de la famine, limitées jusqu’alors à la région d’Aftout, se sont étendues à la vallée du fleuve Sénégal et à la zone du plateau central de Hodh El Chargui et de Hodh El Gharbi, touchant aussi bien les éleveurs que les agriculteurs. Les taux de malnutrition seraient élevés et les maladies en résultant seraient fréquentes. Une mission FAO/CILSS, en janvier, a constaté que les cours des céréales, en forte hausse l’an dernier, étaient encore élevés alors que les prix du bétail avaient nettement diminué. En mars 2002, le PAM a lancé une opération d’urgence, d’une valeur de 7,5 millions de dollars EU (16 230 tonnes de produits alimentaires), en faveur de 250 000 personnes particulièrement menacées par de graves pénuries alimentaires. À la mi-décembre, la FAO et le PAM ont approuvé conjointement une opération d’urgence régionale afin d’apporter une aide à cinq pays touchés par la sécheresse dans l’ouest du Sahel (Cap-Vert, Gambie, Mali, Mauritanie, Sénégal), comprenant notamment l’attribution de 43 632 tonnes de vivres à la Mauritanie. Le taux de réponse des donateurs a été très faible puisqu’à la fin du mois de mars les contributions ne couvraient que 29 pour cent des besoins.

Au Sénégal, la production céréalière devrait totaliser près de 851 300 tonnes, ce qui représente un fléchissement de 11 pour cent par rapport à l’an dernier et de 8 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Une mission conjointe FAO/CILSS en janvier a noté que les prix des céréales, montés en flèche l’année précédente, n’avaient pas encore diminué et que de nombreux ménages avaient donc du mal à se procurer des vivres.

Compte tenu de la précarité de la situation des approvisionnements alimentaires, le gouvernement a débloqué 15 milliards de francs CFA (soit 23 millions de dollars EU) pour acheter et distribuer environ 54 000 tonnes de riz aux ménages ruraux les plus touchés. Le Sénégal devrait bénéficier de 3 000 tonnes de produits alimentaires au titre de l’opération régionale d’urgence en faveur de 23 300 personnes parmi les plus déshéritées.

En Côte d'Ivoire, jusqu’à un million de personnes ont été déplacées par le conflit déclenché par la tentative de renversement du gouvernement le 19 septembre 2002. Les villes les plus affectées sont Abidjan, la capitale, Bouaké et Korogho au nord, et Man à l’ouest. Au moins 800 000 personnes ont fui le nord et le centre pour se rendre dans le sud et quelque 300 000 ont été déplacées dans l’ouest, aux alentours de la ville de Man. Deux cent mille autres personnes, pour la plupart des travailleurs migrants originaires des pays voisins - Burkina Faso, Guinée, Libéria et Mali - ont quitté le pays.

Le conflit et les mauvaises conditions météorologiques devraient engendrer une baisse de la production alimentaire et agricole cette année. Les régions les plus touchées par le conflit dans le nord assurent normalement près de 80 pour cent de la production nationale d’ignames, 40 pour cent de celle de riz ainsi que l’essentiel de la production de mil, de sorgho et de fonio. On signale que les cultures pourriraient dans les champs et que les personnes déplacées à l’intérieur du pays et celles qui sont sous le contrôle des rebelles seraient confrontées à de graves pénuries alimentaires. Dans la ville centrale de Bouaké, aux mains des forces rebelles, environ 60 pour cent des familles n’ont aucun revenu tandis que le reste de la population a perdu jusqu’à 80 pour cent de son pouvoir d’achat. L’accès aux soins médicaux et aux autres services essentiels est également très cher et difficile. Le PAM a lancé une opération régionale d’urgence en faveur de près de 175 000 personnes particulièrement touchées par le conflit pendant dix mois (novembre 2002–août 2003). L’essentiel des interventions se déroulera en Côte d’Ivoire mais les pays voisins - Burkina Faso, Mali et Ghana – en bénéficieront également. Les organisations humanitaires continuent toutefois à être confrontées à de grandes difficultés pour accéder aux personnes déplacées en Côte d’Ivoire, en particulier dans l’ouest.

Au Libéria, la persistance des affrontements armés qui limitent l’accès à la majeure partie des zones de production agricole et provoquent des déplacements de population massifs est la principale cause de l’insécurité alimentaire. La campagne agricole en cours est désorganisée par la recrudescence des combats, ce qui laisse anticiper une nouvelle chute de la production rizicole cette année. Environ 200 000 personnes déplacées, originaires des régions du nord, du nord-ouest et du centre, vivent dans des camps installés dans d’autres régions du pays tandis que des milliers d’autres personnes ont fui vers la Sierra Leone depuis que les troubles intérieurs se sont intensifiés en février. De plus, l’instabilité en Côte d’Ivoire a conduit un grand nombre de réfugiés libériens, estimés à 60 000, à demander un rapatriement immédiat. Le PAM fournit actuellement une aide alimentaire à quelque 117 600 personnes.

En Gambie, la production céréalière en 2002 est officiellement évaluée à 139 000 tonnes, soit un recul de 30 pour cent par rapport à l’an dernier et de 7 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les cours du mil, qui ont fortement augmenté l’an dernier, n’ont pas baissé, ce qui résulte de la faiblesse des récoltes engrangées en 2002/03 non seulement en Gambie mais aussi dans l’ensemble de l’ouest du Sahel. En raison du prix élevé du mil, les ménages, notamment dans les campagnes, ont de très grandes difficultés à se procurer cette denrée de base.

La Gambie bénéficie de 2 340 tonnes de céréales au titre de l’opération régionale du PAM engagée en décembre 2002.

Au Cap-Vert, la mission conjointe FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires, qui s’est rendue dans le pays en octobre 2002, a estimé que la production de maïs se situerait autour de 5 000 tonnes, ce qui représente un quart seulement de la bonne récolte de 2001 et un volume identique aux résultats médiocres obtenus en 1997 et 1998. La mission a estimé les besoins d’importations céréalières pour la campagne de commercialisation 2002/03 (novembre/octobre) à 108 518 tonnes, dont 33 250 tonnes d’importations commerciales; les besoins d’aide alimentaire devraient donc s’élever à 75 268 tonnes.

Une mission de suivi conjointe FAO/CILSS en janvier 2003 a constaté que le gouvernement avait lancé des programmes vivres-contre-travail afin de permettre aux déshérités de se procurer de la nourriture. Ces programmes manquent toutefois de financement. Le Cap-Vert s’est vu attribuer 2 400 tonnes de produits alimentaires dans le cadre de l’opération d’urgence régionale.

En Guinée, le temps est sec, comme il est de rigueur pour la saison. La première estimation officielle établit la production céréalière de 2002, de riz pour l’essentiel, à quelque 1,04 million de tonnes, ce qui se situe dans la moyenne. La présence de nombreux réfugiés et la persistance de l’instabilité dans la sous-région ont été lourdes de conséquences pour le pays, qui accueille aujourd’hui plus de 100 000 réfugiés libériens. Le conflit avec la Côte d’Ivoire a également entraîné un nouvel afflux de personnes déplacées, y compris d’évacués, de réfugiés et de ressortissants étrangers en transit. À la fin du mois de janvier, environ 52 000 Guinéens étaient rentrés de Côte d’Ivoire. En outre, près de 82 000 personnes déplacées par le conflit armé entre septembre 2000 et mars 2001 vivent encore dans le pays.

En Sierra Leone, la production céréalière de 2002 devrait approcher les 417 000 tonnes, soit 20 pour cent de plus que l’an dernier. Cette augmentation est attribuable à l’amélioration de la sécurité, à l’accroissement des semis effectués par les réfugiés de retour et les agriculteurs précédemment déplacés ainsi qu’à l’amélioration relative des conditions de distribution des intrants agricoles.

Par ailleurs, la situation humanitaire du pays a nettement progressé depuis la fin de la guerre. En 2002, plus de 100 000 réfugiés de la Sierra Leone et 124 000 personnes déplacées sont rentrés chez eux. La recrudescence des troubles intérieurs au Libéria a toutefois obligé 40 000 Libériens au moins à franchir la frontière.

Au Ghana, les semis de maïs de la première campagne sont en cours dans le sud et progressent vers le nord à fur et à mesure de l’arrivée des pluies. Le gouvernement a augmenté les droits d’importation du riz de 20 à 25 pour cent cette année afin de soutenir la production rizicole nationale et de réduire la dépendance à l’égard des importations.

Les effets de la crise en Côte d’Ivoire sur le Ghana se sont principalement traduits par un afflux de ressortissants de pays tiers en transit vers leur pays d’origine, par la demande d’asile de citoyens ivoiriens et par le retour de ressortissants ghanéens. Depuis septembre 2002, environ 70 000 personnes ont passé la frontière de la Côte d’Ivoire pour venir au Ghana, ce qui, d’après les rapports, exerce une forte pression sur la capacité du gouvernement, de la communauté humanitaire et des communautés d’accueil à répondre à leurs besoins.

Au Burkina Faso, selon les dernières estimations, la production céréalière de 2002 atteindrait le niveau exceptionnel de 3,12 millions de tonnes, ce qui représente une augmentation de 22 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. La situation globale des disponibilités alimentaires est donc satisfaisante. La situation alimentaire se ressentira toutefois du retour de milliers de Burkinabés en provenance de Côte d’Ivoire et de la fermeture de la frontière entre les deux pays qui est en vigueur depuis septembre 2002.

La Guinée-Bissau connaît un temps sec de saison. Le total de la production céréalière de 2002 est officiellement estimé à près de 151 400 tonnes, soit un fléchissement de 8 pour cent par rapport à l’an dernier et un léger recul par rapport à la moyenne.

La situation des approvisionnements alimentaires est satisfaisante dans l’ensemble. Les personnes vivant dans les zones à déficit vivrier chronique le long de la frontière septentrionale avec le Sénégal continuent cependant à avoir besoin d’une aide alimentaire.

Au Mali, selon la dernière estimation officielle, la production céréalière approchera les 2,5 millions de tonnes pour 2002, ce qui se situe dans la moyenne. La situation globale des disponibilités alimentaires est satisfaisante, sauf dans l’ouest où elle est difficile, et le retour de quelque 130 000 Maliens en provenance de la Côte d’Ivoire exerce une pression considérable sur les approvisionnements disponibles. Le Mali bénéficie de 4 000 tonnes de produits alimentaires au titre de l’opération régionale.

Au Nigéria, les semis de maïs de la première campagne sont en cours dans le sud. La situation des disponibilités est stable dans l’ensemble. Certains groupes de population, représentant environ 750 000 personnes dans les États de Bénoué, Nasarawa et Taraba, continuent à être victimes de l’insécurité alimentaire, du fait des conflits ethniques et religieux qui sévissent depuis les deux dernières années.

Ailleurs, un temps sec de saison règne dans le Sahel tandis que les semis de maïs de la première campagne sont en cours dans les zones méridionales des pays riverains du golfe de Guinée.

En Afrique centrale, les troubles intérieurs et l’insécurité continuent de compromettre la sécurité alimentaire dans plusieurs pays.

En République centrafricaine, la situation de la sécurité alimentaire est précaire, du fait des troubles intérieurs qui ont éclaté en octobre 2002 et qui ont conduit au renversement du président à la mi-mars. La destruction généralisée des biens matériels, le pillage et les déplacements de la population ont perturbé les travaux agricoles et les activités économiques, ce qui laisse anticiper une diminution de la production alimentaire cette année. Le PAM a lancé un nouvel appel d’un montant de 6,1 millions de dollars EU à la mi-mars, aucune contribution n’ayant été reçue suite à la demande émise deux mois auparavant. D’après les estimations, plus de 230 000 personnes auraient été contraintes de quitter leur foyer et 30 000 d’entre elles auraient trouvé refuge au Tchad.

En République du Congo, la reprise des combats dans la région de Pool (autour de Brazzaville, la capitale) en mars 2002 a provoqué le déplacement d’au moins 84 000 personnes, mais leur nombre exact est inconnu, la majeure partie des zones dans la région étant inaccessibles aux organisations humanitaires. Le PAM, faute de ressources, a suspendu tous les programmes de relèvement afin de se concentrer sur les distributions d’aide alimentaire aux plus vulnérables. Une épidémie du virus Ebola dans la région de Cuvette a aggravé la situation humanitaire.

En République démocratique du Congo (RDC), la recrudescence des combats dans les provinces orientales au cours des dernières semaines a engendré de nouveaux déplacements de populations, notamment dans la zone d’Uvira, et a entravé la distribution de l’aide humanitaire. Les stocks alimentaires du PAM dans la région ont été pillés au cours des affrontements qui ont opposé divers groupes armés tandis que les distributions de vivres à grande échelle ont été interrompues suite à l’interdiction des autorités locales d’accéder aux bénéficiaires. En revanche, les livraisons se sont améliorées dans la province de Katanga où 48 000 personnes déplacées reçoivent des secours alimentaires.

Les pénuries de vivres dans la filière du PAM entravent également les distributions alimentaires. Depuis le début de l’année, tous les produits distribués ont été prélevés sur les stocks de report de 2002. Les contributions de 2003 ne devraient arriver qu’au début du mois de juin et couvrir les besoins jusqu’en août seulement. Il convient donc de mobiliser des contributions supplémentaires de toute urgence pour prévenir une réduction des rations alimentaires et une interruption de l’aide aux bénéficiaires ciblés.

Au Burundi, les perspectives des récoltes de la campagne B de 2003, qui seront rentrées à partir de juillet, sont incertaines. Le démarrage tardif de la saison des pluies, de deux à quatre semaines, conjugué à des pénuries de semences et d’engrais, risque de se traduire par une contraction des emblavures, notamment dans la région d’Imbo, la plus touchée. Les précipitations en mars et durant la première moitié d’avril ont été inférieures à la moyenne, ce qui devrait se répercuter sur le potentiel de rendement, à moins que des pluies substantielles ne surviennent prochainement. La persistance de l’insécurité dans les provinces centrales et orientales a également été préjudiciable aux travaux agricoles et a terni les perspectives de récoltes dans ces secteurs.

La production de la campagne A de 2003 a diminué de 6 pour cent par rapport au volume moyen de l’an dernier, la production de haricots – principale source de protéines pour la majorité de la population - ayant fléchi de 18 pour cent. À l’arrivée de la nouvelle récolte, les prix des haricots ont enregistré une baisse sensible dans les zones de production excédentaire du nord mais ils sont restés élevés dans les autres régions, notamment à Bujumbura, la capitale, et ils devraient augmenter dans les mois à venir en raison de la faible production de la dernière campagne.

L’escalade du conflit civil qui sévit depuis les derniers mois dans les provinces de Bubanza, Bujumbura Rural, Gitega, Ruyigi et dans celle de Ngozi, par endroits, continue à perturber la distribution de secours alimentaires à la population vulnérable.

Au Rwanda, les semis des cultures vivrières de la seconde campagne de 2003 ont été retardés par un temps généralement sec en février et par des pluies inférieures à la moyenne en mars, ce qui risque d’avoir entraîné une contraction des emblavures. Les précipitations sont restées plus faibles qu’en temps normal en avril, provoquant un stress aux cultures céréalières et non céréalières en cours de croissance. Il faut d’urgence qu’il pleuve davantage pour prévenir une baisse des rendements et de la production cette année.

Les cultures de la première campagne de 2003 ont également souffert du démarrage tardif des pluies, ce qui a engendré une réduction des rendements dans certaines zones. Après avoir récemment évalué la vulnérabilité dans la région de Bugesera, où la dernière récolte a été mauvaise, le PAM et FEWSNET ont recommandé qu’un projet d’aide alimentaire ciblé soit mis en place.

Ailleurs, en Afrique centrale, la situation des disponibilités alimentaires est satisfaisante.


LE POINT SUR LES ANNONCES ET LES LIVRAISONS D’AIDE ALIMENTAIRE

Les besoins d’importations céréalières en Afrique subsaharienne en 2003 devraient rester élevés, en raison surtout des conséquences de la sécheresse de l’an dernier qui a touché l’Afrique australe, l’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest. Les dernières estimations du SMIAR concernant la production de 2002 ainsi que les besoins en matière d’importations et d’aide alimentaire pour 2002/03 sont résumées au Tableau 2. Les besoins d’aide alimentaire devraient s’élever, au total, à 4,6 millions de tonnes alors qu’ils avaient été estimés à 2,0 millions de tonnes en 2001/02. Les annonces d’aide alimentaire en céréales pour 2002/03, y compris les reports de 2001/02, représentent 2,1 millions de tonnes, dont 1,7 million de tonnes ont été livrées à ce jour.

Les besoins d’importations pour 2003/04 pour les pays de l’Afrique australe dans lesquels la nouvelle campagne de commercialisation a déjà commencé sont présentés au Tableau 3. Les besoins d’importations céréalières et d’aide alimentaire des pays dans lesquels la campagne de commercialisation 2002/03 est encore en cours sont indiqués au Tableau 4.


DOMAINES D’INTERVENTION PRIORITAIRES

La situation des disponibilités alimentaires reste sombre dans plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne, notamment en Érythrée, en Éthiopie, en Mauritanie et au Zimbabwe, ce qui est dû en grande partie à la sécheresse des précédentes campagnes agricoles. La recrudescence et/ou la persistance des conflits dans plusieurs pays, dont le Burundi, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République du Congo et le Libéria, a aggravé l’insécurité alimentaire en désorganisant les travaux agricoles. En Côte d’Ivoire, malgré les légers progrès accomplis sur le front politique, la situation alimentaire de plus d’un million de personnes déplacées continue à être critique.

L’attention de la communauté internationale est attirée sur les domaines d’intervention prioritaires suivants:

Tableau 2. Besoins d'importations céréalières et d'aide alimentaire par sous-région en Afrique subsaharienne
en 2002/03 ou 2003 (en milliers de tonnes)

Sous-régionProduction céréalière en 2002 1/2002/03 ou 2003
TotalEn % de
la moyenne
des 5 années
précédentes
Besoins
d'importations
céréalières 2/
Importations
commerciales
prévues
Besoins
d'aide
alimentaire
Afrique de l'Est20 370926 4484 0172 431
Afrique australe20 411967 5005 8951 605
Afrique de l'Ouest38 4581069 3898 951438
Afrique centrale2 88910098189487
TOTAL82 1289924 31819 7574 561
1/ Y compris le riz en équivalent riz usiné.
2/ Non comprises les reexportations. 

Tableau 3. Besoins d'importations céréalières et d'aide alimentaire en 2003/04 en Afrique subsaharienne:
pays où la campagne commerciale 2003/04 a commencé (en milliers de tonnes)

Sous-région/
pays
Campagne
ommerciale
Production céréalière en 2003 1/2003/04
TotalEn % de
la moyenne
des 5 années
précédentes
Besoins
d'importations
céréalières 2/
Importations
commerciales
prévues
Besoins
d'aide
alimentaire
Afrique australe 21 1731025 2874 572715
Afrique du Sudmai/avril12 0781061 6661 666-
Angolaavril/mars605108656476180
Botswanaavril/mars1372281281-
Lesothoavril/mars1551222382353
Madagascaravril/mars1 89910038333053
Malawiavril/mars2 027965858-
Mozambiqueavril/mars1 798110723609114
Namibiemai/avril119132108108-
Swazilandmai/avril10610692875
Zambiemai/avril1 160120150150-
Zimbabweavril/mars1 21368932572360
TOTAL 21 1731025 2874 572715
1/ Y compris le riz en équivalent riz usiné.
2/ Non comprises les reexportations.

Tableau 4. Besoins d'importations céréalières et d'aide alimentaire en Afrique subsaharienne:
pays où la campagne commerciale 2002/03 ou 2003 n'est pas achevée (en milliers de tonnes)

Sous-région/
pays
Campagne
commerciale
Production céréalière
en 2002 1/
Importations en 2001/02 ou 2002Situation en 2002/03 ou 2003

Total
En % de
la moyenne
des 5 années
précédentes
Importations
totales
En % de
la moyenne
des 5 années
précédentes
Aide
alimentaire
Besoins
d'importa-
tions céréa-
lières
2/
Importa-
tions
commer-
ciales
prévues
Besoins
d'aide
alimentaire
Afrique de l'Est 20 370924 412959326 4484 0172 431
Burundi janv./déc.2811126510818703040
Comoresjanv./déc.610046102-4646-
Djiboutijanv./déc.--78862063558
Erythréejanv./déc.54222087612144080360
Ethiopie 4/janv./déc.6 71081390542921 6453051 340
Kenyaoct./sept.2 8101011 180781361 6401 340300
Ougandajanv./déc.1 79989186159801458065
Rwanda janv./déc.2691232261082822619630
Seychellesjanv./déc.--13102-1313-
Somalieaoût/juil.375144270991832027545
Soudannov./oct.3 776861 2501481021 3701 180190
Tanzaniejuin/mai4 29011550010911647041753
Afrique australe 2200302109-278278-
Mauricejanv./déc.2200302109-278278-
Afrique de l'Ouest 38 4581069 8151374519 3898 951438
Pays côtiers 27 4581037 2191462716 7656 528237
Béninjanv./déc.1 026113115881911510015
Côte d'Ivoirejanv./déc.1 051831 317141141 1771 15522
Ghanajanv./déc.1 549965421127952046060
Guinéejanv./déc.772105373964637033040
Libériajanv./déc.7156150703216513035
Nigériajanv./déc.22 0001044 310179134 0104 010-
Sierra Leonejanv./déc.2681313131256930824365
Togojanv./déc.72110710083-100100-
Pays sahéliens 11 0001132 5961161792 6242 423201
Burkina Fasonov./oct.3 0891232581383023721918
Cap-Vertnov./oct.5287480371093375
Gambienov./oct.1329514911761421375
Guinée-Bissaunov./oct.122985166669654
Malinov./oct.2 296101245219727926118
Mauritanienov./oct.9064287904130824365
Nigernov./oct.3 31013138690303773752
Sénégalnov./oct.786941 060130181 0069997
Tchadnov./oct.1 17010488108498917
Afrique centrale 2 8891009721159298189487
Camerounjanv./déc.1 26910436812523683662
Congojanv./déc.51251901291119018010
Gabonjanv./déc.3210392101-8888-
Guinée équatorialejanv./déc.--15126-1515-
Rép. centrafricainejanv./déc.130923798538371
Rép. dém. du Congojanv./déc.1 452982581036827020070
Sao Toméjanv./déc.1-1211361284
TOTAL 61 71910015 5011201 47417 09614 1402 956
Note: Totaux calculés à partir de chiffres non arrondis.
1/ Y compris le riz en équivalent riz usiné.
2/ Non comprises les reexportations.
3/ La FAO a inclus toutes les contributions communiquées au SMIAR,qu'elles soient destinées à des distributions gratuites ou à la vente. Toutefois,il peut arriver que les gouvernements enregistrent une partie de l'aide alimentaire destinée à la vente sous la rubrique des besoins d'importations commerciales.
4/ Y compris les besoins des réfugiés.

Tableau 5. Opérations triangulaires au bénéfice de l'Afrique subsaharienne en 2002/03 ou 2003
(en milliers de tonnes) 1/

DonateurSource
d'approvi-
ment
Pays bénéficiairesTotal par
donateur
CEAfrique du SudAngola (6.4), Rép. dém. du Congo (3.0), Mozambique (1.0), 10.8
 TanzanieBurundi (0.4) 
Etats-UnisKenyaSomalie (0.1)0.1
PAMKenyaSomalie (2.4)9.6
 Afrique du SudAngola (7.2) 
TOTAL  20.5
1/ Sur la base des informations fournies par le PAM au SMIAR à la fin avril 2003.

Tableau 6. Achats locaux en Afrique subsaharienne en 2002/03 ou 2003
(en milliers de tonnes) 1/

DonateurPays bénéficiairesTotal par
donateur
AllemagneBurkina Faso (0.5), Burundi (2.2), Rép. dém. du Congo (1.5), Ethiopie (10.7),
Lesotho (0.4), Madagascar(0.3), Malawi (9.4), Mali (0.3), Soudan (12.0),
Zambie (1.9)
39.2
ONGKenya (0.1), Malawi (0.4), Mozambique (0.1), Zambie (3.4)4.0
PAMAngola (4.7), Bénin (0.7), Burkina Faso (4.0), Cameroun (1.0), Tchad (0.6),
Côte d'Ivoire (2.5), Kenya (34.4), Ethiopie (36.7), Lesotho (10.3),
Madagascar (1.1), Malawi (4.0), Mali (0.6), Mozambique (9.7), Niger (2.6),
Rwanda (0.2), Sénégal (1.7), Soudan (9.4), Tanzanie (26.9), Ouganda (20.7),
Zambie (3.2)
175.0
TOTAL 218.2
1/ Sur la base des informations fournies par le PAM au SMIAR à la fin avril 2003.   

Tableau 7. Contributions d'aide alimentaire en céréales et pourcentage livré en Afrique subsaharienne en 2002/03 ou 2003
(en milliers de tonnes) 

Donateur/bénéficiaireCanadaChineCEJaponJamahiriya arabe libyenneONGEtats-UnisPAMContribu-tions d'aide alimentairePourcenta-ge livré à la fin d'avril 2/
Afrique de l'Est4.7-31.7--12.8169.3528.0746.563
Burundi--0.4----23.724.115
Comores----------
Djibouti-------1.81.8100
Erythrée-------42.942.983
Ethiopie 1/4.7-20.3--12.868.3253.1359.260
Kenya------69.035.0104.074
Rwanda------9.22.111.319
Ouganda------8.150.658.726
Seychelles----------
Somalie------4.62.47.090
Soudan--11.0---6.478.595.987
Tanzanie------3.737.941.673
Afrique australe--45.011.9-17.1171.8902.31 148.198
Afrique du Sud-----15.0--15.0-
Angola--6.6--0.225.9195.3228.0100
Botswana----------
Lesotho--1.0---15.026.042.0100
Madagascar---11.9--27.27.046.1100
Malawi--2.5--1.64.1238.9247.189
Maurice----------
Mozambique--32.4---41.520.894.7100
Namibie------40.00.440.4100
Swaziland-------12.812.8100
Zambie--1.4--0.3-137.0138.7100
Zimbabwe--1.1---18.1264.1283.3100
Afrique de l'Ouest-1.019.212.12.70.170.271.9177.248
Pays côtiers------42.827.470.239
Bénin------8.2-8.2 
Côte d'Ivoire-------0.90.9100
Ghana------34.61.035.63
Guinée-------4.34.3100
Libéria-------14.214.2100
Nigéria----------
Sierra Leone-------7.07.0100
Togo----------
Pays sahéliens-1.019.212.12.70.127.444.5107.054
Burkina Faso---7.8-0.12.72.813.442
Cap-Vert--16.24.3--18.81.040.328
Gambie-------2.22.2100
Guinée-Bissau----2.7--5.78.492
Mali-------6.96.981
Mauritanie-1.03.0---0.214.118.384
Niger------1.60.62.2100
Sénégal-------8.38.36
Tchad------4.12.97.0100
Afrique centrale--3.0----15.118.162
Cameroun----------
Congo-------2.02.060
Gabon----------
Guinée équatoriale----------
Rép.centrafricaine-------0.80.8100
Rép.dém. du Congo--3.0----12.315.360
Sao Tomé----------
TOTAL 4.71.098.924.02.730.0411.31 517.32 089.981
1/ Y compris les besoins des réfugiés.
2/ Pourcentages calculés à partir de chiffres non arrondis.

FAO/SMIAR - mai 2003

Page pécédenteTable des matièresPage suivante