FAO banner 
SMIAR

SAHEL : SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE ET ÉTAT DES CULTURES

Système mondial d'information et d'alerte rapide
Rapport No 2 - 12 juillet 2006

 LES PLUIES IRRÉGULIÈRES ONT RETARDÉ LES SEMIS ET PROVOQUÉ LE STRESS HYDRIQUE DANS PLUSIEURS PAYS

Guinée Bissau Cap-Vert Gambie Senegal Mauritanie Mali BKF Niger Tchad
Carte sensible du Sahel

RESUME

Après les premières pluies tombées dans le sud du Burkina Faso, du Tchad, du Mali et du Niger en mai, les précipitations sont restées irrégulières et inférieures à la normale dans ces pays jusqu'à la troisième décade de juin. L'irrégularité des pluies a nui aux cultures, et des réensemencements ont été faits en plusieurs endroits. Les précipitations se sont quelque peu intensifiées au Burkina Faso à la fin juin/début juillet, mais le temps sec continue de retarder les semis et de compromettre les cultures dans d'autres pays, notamment le Niger, où le potentiel de rendement pourrait considérablement diminuer si la situation ne s'améliore pas en juillet. En revanche, les conditions de végétation ont été plus favorables dans la partie occidentale du Sahel, où les pluies ont démarré en juin. En Guinée-Bissau, en Gambie, en Mauritanie et au Sénégal, la préparation des sols et les semis sont en cours après l'arrivée des pluies. Un temps sec de saison règne toujours au Cap-Vert uniquement. La situation des criquets pèlerins est calme, mais des ailés isolés ont été signalés au Niger et sont probablement présents dans les zones de reproduction estivales du Sahel. Des sauteriaux, des chenilles défoliantes et des oiseaux granivores sont également signalés dans quelques pays.

La situation globale des disponibilités alimentaires reste satisfaisante dans la sous-région. Toutefois, on signale une grave insécurité alimentaire localisée dans plusieurs pays, notamment la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Niger, en raison principalement du manque d'accès à la nourriture. Au Niger, selon la dernière Évaluation de la vulnérabilité effectuée par le gouvernement, en collaboration avec la FAO, FEWSNet et le PAM, 60 pour cent de la population souffre d'insécurité alimentaire ou est à risque. Par conséquent, le gouvernement aurait commencé à vendre à prix subventionnés environ 20 000 tonnes de céréales dans les communautés vulnérables.


SITUATION PAR PAYS

 

BURKINA FASO  CAP VERT  GAMBIE  GUINEE BISSAU 
MALI  MAURITANIE  NIGER  SENEGAL  TCHAD

Undisplayed Graphic

BURKINA FASO :

La saison des pluies a démarré tardivement dans le centre. Malgré les pluies abondantes qui sont tombées en mai dans le sud du pays et qui ont permis de procéder à la préparation des sols et aux premiers semis, un temps sec était toujours signalé à la fin juin dans plusieurs régions, notamment le centre-est et le centre-nord, ce qui suscite des inquiétudes quant aux résultats de la campagne agricole. Les précipitations se sont quelque peu améliorées au début juillet, mais les prochaines semaines seront décisives pour la production de cette campagne, en raison de l'arrivée tardive des pluies et du temps sec qui a sévi précédemment. La situation globale des approvisionnements alimentaires demeure satisfaisante, les prix des céréales étant relativement stables depuis le début de l'année. Undisplayed Graphic

CAP-VERT :

Il règne un temps sec de saison. Les semis de maïs commencent habituellement en juillet, lors de l'arrivée des pluies sur les principales îles. Suite à la mauvaise récolte de 2005, des semences ont été distribuées aux exploitants dans le cadre d'un projet d'urgence de la FAO. Undisplayed Graphic

GAMBIE :

La campagne agricole a commencé. Les pluies sont arrivées début juin dans l'est du pays, ce qui a permis de procéder à la préparation des sols et aux premiers semis. Les précipitations se sont étendues à l'ensemble du pays pendant la troisième décade, mais leur niveau est resté nettement inférieur à la moyenne dans l'est, selon l'imagerie satellite, ce qui pourrait avoir entraîner quelques réensemencements. Les disponibilités de semences devraient être suffisantes suite à la bonne récolte de 2005. Undisplayed Graphic

GUINEE-BISSAU :

La saison des pluies a démarré au début juin. La préparation des sols et les semis de céréales secondaires et de riz pluvial sont en cours. Les céréales secondaires sont au stade de la levée/du tallage. Le repiquage du riz inondé à partir des semis aura lieu en juillet/août après le dessalement des rizières inondées. La superficie plantée pourrait être réduite du fait des pénuries de semences dans le sud, où la récolte de riz a été mauvaise l'an dernier, ainsi que dans les régions à déficit vivrier chronique le long de la frontière nord avec le Sénégal.

En dépit de la bonne production céréalière de 2005, la mauvaise récolte de riz rentrée dans les régions de Quinara et Tombali au sud, associée aux problèmes de commercialisation de la noix de cajou - qui est la principale source de revenus des ménages ruraux -, a entraîné une grave insécurité alimentaire localisée et des pénuries de semences dans ces régions. En outre, les combats et l'insécurité ont entraîné le déplacement d'environ 15 000 personnes dans le nord du pays à la fin mars. Le PAM a lancé une Opération d'urgence en vue de porter secours aux PDI jusqu'au mois d'août. Dans l'ensemble, une grande partie de la population est exposée à l'insécurité alimentaire chronique, dans un contexte de stagnation économique, et 65 pour cent vit en dessous du seuil de pauvreté. Undisplayed Graphic

MALI :

Le démarrage des pluies a été quelque peu erratique; des précipitations inférieures à la moyenne ont été enregistrées dans l'ensemble du pays jusqu'en juin, notamment à Ségou et Mopti, où selon les estimations, la pluviométrie cumulée pour juin n'a représenté qu'entre 40 et 70 pour cent de la normale, d'où des déficits hydriques allant jusqu'à 100 mm. Les semis ont été retardés dans plusieurs régions et les cultures en train de lever souffriront du manque d'eau si la situation ne s'améliore pas en juillet.

Les parcours ont commencé à se régénérer en certains endroits, mais il faudra que les pluies soient plus régulières pour que les conditions s'améliorent dans tout le pays. Selon les rapports, la situation des criquets pèlerins est calme mais des ailés épars pourraient être présents en certains endroits du Timétrine, du Tamesna, de la vallée de Tilemsi et de l'Adrar des Iforas. Des infestations de sauteriaux et la présence d'oiseaux granivores ont été signalées en certains endroits. Undisplayed Graphic

MAURITANIE :

Les premières pluies tombées en juin ont permis de commencer les semis dans le sud. Les premières précipitations importantes sont arrivées en juin dans l'extrême-sud. Elles ont permis de procéder à la préparation des sols et aux semis. Ailleurs, il règne un temps sec de saison. La régénération des parcours a commencé dans le sud. Selon les rapports, la situation des criquets pèlerins est calme, mais des ailés épars pourraient être présents dans le sud, notamment dans les deux Hodh.

Les mauvaises récoltes consécutives qu'a connu le pays ces dernières années et le niveau extrêmement élevé des prix des produits alimentaires constaté dans tous les pays du Sahel en 2005 ont eu une incidence très néfaste sur le pouvoir d'achat des ménages et les actifs d'une grande partie de la population. De sources officielles, le gouvernement apporte une aide à environ 280 000 personnes vulnérables dans le Hodh Charghi et la Vallée du fleuve, et prévoit d'élargir son intervention à d'autres régions, y compris la Wilaya du Nord, la Wilaya du Centre et Nouakchott. Toutefois, le PAM a averti à la mi-juin que son opération de secours en Mauritanie ne disposera plus d'aucun approvisionnement en juillet, alors que le pays sera au plus fort de la période de pénurie, et il a lancé un appel visant à fournir des secours d'urgence aux groupes vulnérables, selon les besoins, pendant cette période. Undisplayed Graphic

NIGER :

La saison des pluies a démarré tardivement et des précipitations inférieures à la normale ont été enregistrées jusqu'au début juillet. À la fin juin, 36 pour cent seulement des villages avaient procédé aux semis, contre 80 pour cent environ à la même époque l'an dernier. Les pluies irrégulières ont compromis les cultures, et des réensemencements ont été effectués dans plusieurs régions. Le redressement des perspectives de récolte dépendra fortement de la pluviosité en juillet, et il convient de suivre de près la situation. Des infestations de sauteriaux, de chenilles défoliantes et de rongeurs sont signalées dans quelques endroits, tandis que, s'agissant des criquets pèlerins, des ailés matures et immatures sont signalés dans les montagnes de l'Aïr et le Tamesna.

En dépit de disponibilités vivrières satisfaisantes dans l'ensemble, selon la dernière Évaluation de la vulnérabilité effectuée par le gouvernement, en collaboration avec la FAO, FEWSNet et le PAM, 60 pour cent de la population souffre d'insécurité alimentaire ou est à risque. Cette situation s'explique par le contrecoup de la crise alimentaire de 2004-2005, qui a eu des incidences très négatives sur les actifs, les revenus et l'état nutritionnel des ménages. Désormais, les réserves tant de nourriture que d'argent de la majorité des familles sont épuisées, la consommation alimentaire est fortement réduite et les ventes de bétail et des quelques autres biens productifs restants ont repris. Par conséquent, le gouvernement aurait commencé à vendre à prix subventionnés environ 20 000 tonnes de céréales dans les communautés vulnérables qui ont de graves difficultés d'accès à la nourriture. En outre, 5 000 tonnes seront distribuées aux populations les plus exposées à l'insécurité alimentaire. Il convient de suivre de très près la situation. Undisplayed Graphic

SENEGAL :

Les pluies ont atteint le centre et le nord en juin. Après les pluies précoces tombées dans l'extrême sud-est en mai, les précipitations se sont étendues au centre et au nord en juin. Les semis de céréales secondaires sont en cours dans le sud et le centre, où les cultures sont en train de percer. Les pâturages commencent à se régénérer dans le sud, mais dans l'ensemble la disponibilité de parcours reste limitée. Les disponibilités semencières risquent d'être limitées en certains endroits du pays.

La situation globale des disponibilités alimentaires reste satisfaisante. Toutefois, une insécurité alimentaire localisée est signalée dans plusieurs régions du fait principalement de problèmes de commercialisation dans le secteur de l'arachide, qui est la principale source de revenus pour la plupart des ménages ruraux. Undisplayed Graphic

TCHAD :

Le début de la saison des pluies a été quelque peu erratique. Les pluies ont été dans l'ensemble irrégulières et inférieures à la moyenne en juin. Selon les estimations de FEWSNet, la pluviosité estimative depuis le début juin représente entre 50 et 71 pour cent de la normale, d'où des déficits allant de 50 à 100mm. Cette situation a entraîné des pertes de semis dans plusieurs régions et il a fallu réensemencer. La situation globale des disponibilités vivrières reste toutefois satisfaisante, suite à la récolte céréalière record de 2005.

L'insécurité croissante continue de gêner l'accès des organismes d'aide humanitaire aux réfugiés soudanais qui vivent dans l'est du pays. En outre, l'insécurité qui règne en République centrafricaine voisine a entraîné un afflux d'environ 15 000 réfugiés depuis un an, ce qui porte le nombre de réfugiés centrafricains à plus de 45 000.

SOURCES:

Voici le second rapport du SMIAR sur les conditions météorologiques et l'état des cultures dans les pays sahéliens de l'Afrique de l'Ouest en 2006. L'aire géographique couverte par ces rapports comprend les neuf pays membres du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), à savoir Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Ces rapports seront établis tous les mois de juin à octobre.

Ces rapports sont établis en utilisant des données fournies par les représentations de la FAO dans les pays, le Groupe agrométéorologique et Groupe de surveillance de l'environnement (SDRN), le Groupe acridiens, migrateurs nuisibles et opérations d'urgence (ECLO), le Service des opérations d’urgence (TCEO), le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que diverses organisations non gouvernementales (ONG). Pour le présent rapport ont été utilisés les données pluviométriques locales, l’imagerie satellitaire fournie par FAO/ARTEMIS, les rapports de terrain et informations communiquées par les représentants de la FAO jusqu'au 31 mai. . Les images satellites de la première décade de juin ont été également analysées pour une dernière mise à jour.

*QUELQUES DEFINITIONS

Dans ces rapports sont mentionnées quatre zones écoclimatiques qui se différencient par le niveau de leurs précipitations annuelles moyennes et leurs caractéristiques agricoles (zone sahélienne, zone soudano-sahélienne, zone soudanienne et zone guinéenne). Ces zones sont décrites ci-dessous:

Zone sahélienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 250 à 500 mm. C'est la zone située à la limite de la végétation pérenne; là où les précipitations sont inférieures à 350 mm, il n'y a que des pâturages et, parfois, des cultures céréalières à cycle court résistant à la sécheresse; dans cette zone, toutes les activités agricoles sont hautement aléatoires.

Zone soudano-sahélienne : Les précipitations annuelles se situent entre 500 et 900 mm. Là où elles sont inférieures à 700 mm, on pratique surtout des cultures ayant un cycle de végétation bref de 90 jours, c'est?à?dire principalement du sorgho et du mil.

Zone soudanienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 900 à 1 100 mm. La plupart des céréales cultivées ont un cycle de végétation de 120 jours ou plus. C'est la zone où l'on produit l'essentiel des céréales, notamment du maïs, des racines et tubercules, et des cultures de rapport.

Zone guinéenne : Les précipitations annuelles moyennes dépassent 1 100 mm. Font partie de cette zone, où il est plus facile de cultiver des racines, la Guinée-Bissau et une petite partie du Sud Burkina Faso, du Sud Mali et de l'extrême Sud du Tchad.

Il sera également question de la "Zone de convergence intertropicale", dont la trace à la surface du sol est dénommée "front intertropical". Il s'agit d'une zone quasi permanente entre deux masses d'air qui sépare les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Elle se déplace au nord et au sud de l'Equateur et arrive généralement en juillet à sa position située le plus au nord. Sa position fixe les limites septentrionales des précipitations possibles au Sahel; les nuages de pluie se situent généralement à 150 ou 200 km au sud du front.


 See File