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ÉTUDE DE CAS SUR LE BÉNIN

Préparée par B. Otchoun

Résumé

Commanditée par la FAO, l'étude ci-après décrit la situation et l'évolution des systèmes de V/A au Bénin. Elle s'insère dans le cadre d'une investigation plus globale menée au niveau de l'Afrique sahélienne.

Le contexte béninois se distingue par son climat globalement moins aride ainsi que par ses formations végétales variées. La population du Bénin, dont le taux d'accroissement annuel est de 3,3 pour cent, est à 65 pour cent agricole. L'agriculture qui procure des revenus à 75 pour cent de la population active constitue l'élément le plus important de l'économie béninoise.

La V/A rurale a, au cours de la période coloniale servi à promouvoir les cultures industrielles d'exportation, et à constituer, délimiter et protéger le domaine forestier de la Colonie. La période post-coloniale (1960-1971) a été celle de l'encadrement rural et de l'approche par produits/spéculation. La période récente (1972-1989) a été marquée par l'adoption de l'approche formation et visites dans un souci d'amélioration des systèmes de V/A, dont les outils tiennent mieux compte de l'aspect communication. La V/A a évolué de manière significative au cours des années 90, eu égard aux changements intervenus dans l'approche du développement rural et à travers les réformes structurelles, administratives et législatives.

L'évolution de la V/A rurale a été fortement influencée par la révolution ayant affecté les TCI. L'expérience béninoise en ce domaine a fait l'objet d'une investigation auprès de trois structures, dont deux projets forestiers; Ceci a permis de dégager les missions ainsi que les principaux domaines d'activité des organismes sélectionnés, les principales activités de la V/A ainsi que leurs bénéficiaires. Cette recherche a révélé que l'approche formation et visites est, avec l'approche participative, la plus utilisée en V/A. Quant aux TCI les plus usitées, ce sont la PAO et les bases de données informatisées. Appliquées depuis 1994, les TCI sont unanimement jugées importantes parce qu'elles permettent une meilleure couverture des groupes-cible, dont la population est à 95 pour cent analphabète.

La fréquence d'utilisation des TCI est journalière en ce qui concerne l'élaboration informatisée des supports pédagogiques, elle est régulière pour la PAO, tandis que les bases de données informatiques ne font, l'objet que d'une utilisation occasionnelle. Les raisons majeures justifiant l'utilisation des TCI sont le taux élevé d'analphabétisme et l'insuffisance numérique du personnel d'encadrement, la rapidité, qualité et fidélité de l'information ainsi que la mise au même niveau d'information et d'expression du monde rural. Les TCI sont perçues comme moyen de communication, de diffusion, d'échange et d'accès à l'information, aux connaissances et aux expériences diffusées. Les contraintes les plus importantes de la vulgarisation sont la durabilité, le taux de couverture, l'adéquation, la coordination et les liaisons. Les TCI sont jugées utiles pour faire face aux contraintes des taux de couverture et du ciblage. Elles sont très utiles, face aux contraintes de la coordination et des liaisons. L'évaluation de l'impact des TCI par rapport à chaque contrainte de la V/A a donné des résultats qui démontrent la complexité du problème. La grande diversité des réponses et leur imprécision n'ont, pas permis d'en faire une synthèse. Quant à leur impact dans la réalisation des objectifs et programmes de la V/A, il a été évalué comme globalement positif. Les changements positifs portent essentiellement sur la qualité de la vulgarisation, sur l'élargissement des groupes-cible et surtout sur les changements de comportement des populations rurales à l'égard des ressources naturelles. Le seul changement négatif mentionné est relatif à la manipulation des TCI qui est devenue plus contraignante. En conséquence de ces changements, il existe une transparence accrue dans les discussions et prises de décisions qui met en confiance les populations. Celles-ci s'approprient, de ce fait, mieux les messages vulgarisés et s'impliquent davantage dans la co-gestion des ressources naturelles de leur terroir. Les structures interrogées rappellent l'importance des TCI traditionnelles et la nécessité de leur réhabilitation et de leur renforcement.

Les mesures ayant affecté favorablement les systèmes de V/A, sont: l'adoption des politiques de développement rural (1991) et forestière (1994), la création du système national de vulgarisation agricole, la promulgation des lois portant régime forestier (1993), etc. Les acquis de la V/Ase reflètent dans la mise en confiance des populations qui acquièrent une responsabilité accrue dans la gestion des ressources du domaine forestier de l'État. Elles portent sur un meilleur transfert technologique et sur l'amélioration de la gestion des infrastructures communautaires. Les contraintes ont trait au taux élevé d'analphabétisme et au faible niveau de formation du personnel d'encadrement insuffisant et vieillissant.

Des recommandations d'action sont faites, pour impliquer davantage les institutions universitaires et de recherche aux activités de la V/A, renforcer les capacités du personnel d'encadrement et des organisations paysannes en matière d'utilisation des TCI et pour procéder au recensement et à la promotion des pratiques favorables à la conversation in situ et ex situ et à l'utilisation durable des ressources biologiques des terroirs villageois.

En conclusion, l'on peut dire que la V/A rurale au Bénin a évolué au cours de l'histoire, en fonction des objectifs des politiques de développement. Les approches unisectorielles et dirigistes ont graduellement cédé la place à des approches participatives, dont la plus récente est l'approche participative au niveau village.

CASE STUDY FROM BENIN

Prepared by B. Otchoun

Summary

Funded by FAO, the study hereafter describes the situation and development of extension/ communication (E/C) Systems in Benin. It fits into a broader investigation undertaken over Sahelian Africa.

Benin's natural environment is characterized by a somewhat less arid climate and more diversified natural vegetation formations, which in part, belong to the Sudano-guinean domain. Sixty five per cent of Benin's fast growing population is rural. Agriculture, which provides revenues to 75 per cent of the active population, is vital to the national economy.

Rural E/C has contributed to the promotion of industrial crops for export, and to delineate and protect the colony's forest domain. The post-colonial period has promoted the supervision and organization of the rural world. To improve the E/C Systems, the training and visits approach, which highlights the role of communication was introduced during the recent period (1972-89). Thanks to the improvements brought to the rural development approach and to the structural, institutional and legislative reforms undertaken, extension has evolved significantly during the 90s.

The development of E/C owes much to the revolution that has affected the communication and information technologies (CITs). Benin's experience in this field has been investigated within 3 institutions, 2 of which are, forestry projects. The survey made it possible to identify the missions and main fields of activities of the selected organizations, the main E/C activities and their benefïciaries. The research indicated that the training and visits and the participatory approaches are the most utilized. The computer assisted publications and the computerized databases, are the most utilized CITs. In use since 1994, CITs are unanimously considered to be important, because they allow a larger coverage of target-groups who, for the most, are illiterate.

The frequency of CITs' use is daily for the electronically developed educational supports; it is regular for the computer, assisted publications and, occasional for the computerized databases. The main reasons behind the use of CITs are: the high rate of illiteracy among rural people, coupled with the limited number of field supervision agents, the speed, quality and reliability of information conveyed and putting rural populations at the same level in terms of information and expression opportunities. CITs are viewed as a means of dissemination and exchange of information, knowledge and experience. The major constraints met in extension and communication are, those related to: sustainability, rate of coverage, adéquation, coordination and liaison. CITs are considered useful in solving the constraints of rate of coverage and of targeting. They are very useful in resolving those of coordination and liaison. The evaluation of the level of impact of CITs on each E/C constraint demonstrates the complexity of the problem. Given the diversity and imprecision of the answers, it was impossible to make a synthesis. As to CITs' impact on the implementation of E/C s objectives and programmes, it was globally perceived as beneficial. The positive transformations identified are related to the quality and the effectiveness of the extension and information functions, and to the coverage of larger numbers of target groups; but most of all, they are associated with the modification of people' s behavior in regard to their natural resources. The only negative transformation identifîed concerns, the steadily increasing complexity of CITs manipulation. As a consequence, of these changes, there exists a better transparency in discussing and deciding on development options and issues. As a result, rural people make a better appropriation of the messages conveyed to them and become more involved in the co-managing the natural resources of their community. The institutions have further stressed the importance of the traditional CITs and the necessity to consent more efforts towards their rehabilitation.

The measures that have positively affected E/C Systems are: the adoption of policies related to rural development (1991) and forestry (1994), the creation of a national agricultural extension System, the promulgation of forest laws (1993), etc. E/C's achievements are reflected in the confidence with which, people take on more responsibility in managing State-owned forests. They also concern the finer technology transfer and the improved management of community infrastructures. The constraints are related to the high rate of illiteracy coupled with the poor level of training of field personnel whose limited numbers undergo a severe aging process.

Recommendations are made to promote further involvement of university and research institutions in forestry extension programmes, to reinforce the capacity of rural organizations and supervision agents in terms of CITs' utilization, to compile and promote in situ/ex situ conservation practices and to support sustainable utilization of biological resources.

To conclude, it may be said that the historical evolution of Benin's E/C Systems has been related to the objectives of the development policies adopted. The one-sector-based and directive approaches have gradually made place to participatory approaches, the most recent of which is the participatory approach at village level.

INTRODUCTION

Les systèmes de V/A relatifs aux aspects forestiers des pays de l'Afrique de l'Ouest, ont évolué d'une façon significative ces dernières années. Les tendances à la décentralisation constatées à l'échelle internationale ainsi que la privatisation et la libéralisation accrue des économies constituent, au vu des changements démographiques et environnementaux, des atouts importants permettant une meilleure appréciation du rôle et de l'importance de la V/A rurale. Ceux-ci expliquent sa dynamique actuelle ainsi que les nouvelles approches mises en œuvre par divers pays désireux de repenser, réformer et réorganiser leurs systèmes de V/A.

La justification de l'étude est liée à la «révolution» dans les techniques de communication et d'information (TCI) constatée suite au développement fulgurant de technologies, comme l'Internet, les publications électroniques, les publications assistées d'ordinateurs, les bases de données informatisées, les systèmes d'aide à la décision, etc. Si le potentiel dont disposent ces technologies ne fait aucun doute, leur rôle et leur impact éventuel méritent par contre, d'être étudiés avec soin. En effet, le besoin d'analyse systématique du potentiel des TCI est réel et il paraît en effet important de s'interroger sur la place qu'elles détiennent dans les systèmes de V/A et sur le rôle qu'elles pourraient jouer dans la réorganisation de ces derniers. Cette étude vise donc à analyser, là où leur utilisation est possible, le rôle, l'influence et l'impact des TCI vis-à-vis de la V/A.

Dans le cadre de cette étude, la V/A est considérée comme la fonction d'appui/conseil au sens le plus large, ayant pour objet de catalyser le monde rural dans le cadre d'activités de foresterie, de gestion des ressources naturelles et de lutte contre la désertification. les acteurs en sont diversifiés, pouvant se composer de formations telles que les associations paysannes, les organisations non gouvernementales (ONG), les services techniques (agriculture, eaux et forêts, environnement, etc.), et le secteur privé.

L'objectif global de l'étude est de décrire et d'analyser la situation et l'évolution des systèmes de V/A forestière, y compris tous les partenaires impliqués, en vue de fournir des informations sur les techniques, méthodes et approches organisationnelles qui ont eu le plus de succès, ainsi que des observations et recommandations pertinentes pour l'avenir. C'est dans ce contexte que se situe le présent travail, qui a pour objectif spécifique l'étude détaillée sur l'évolution des systèmes de V/A rurale au Bénin. Pour ce faire, le rapport s'articule sur les points centraux ci-après:

I. BREF APERÇU SUR LE BÉNIN

Pays de l'Afrique de l'Ouest, la République du Bénin qui couvre une superficie de 112 622 km2 est entièrement située dans la zone intertropicale. Le Bénin est limité au nord, par le Burkina Faso et le Niger, au sud par l'océan Atlantique, à l'est par le Nigeria et à l'ouest par le Togo.

L'organisation administrative issue des lois sur la décentralisation prévoit un découpage territorial en 12 départements, 77 communes1, 569 arrondissements et 3 736 villages administratifs et quartiers de ville.

Milieu naturel

Du point de vue du relief et de la géomorphologie, le pays se présente comme une mosaïque de zones de plateaux et de collines de basse altitude, à l'exception de la chaîne de l'Atacora qui culmine à 600 m.

Le réseau hydrographique, avec plus de 7 000 km linéaires de cours d'eau, comprend deux systèmes à partir de la ligne de partage des eaux: le système Nord, ayant comme défluent le fleuve Niger et le système sud dont les eaux convergent vers le Golfe du Bénin dans l'océan Atlantique. Ce réseau hydrologique est complété par le système lacustre et lagunaire qui couvre 33 300 ha.

Le Bénin est divisé en cinq zones agro-écologiques comme indiqué ci-dessous, dont les principales caractéristiques sont résumées aux tableaux présentés en Annexe 1.

SITUATION DEMOGRAPHIQUE

La population du Bénin, dont le taux d'accroissement annuel est de 3,3 pour cent a été évaluée à 4 915 555 habitants lors du recensement général effectué en 1992.Les projections pour 1997 et 2002 prévoyaient d'atteindre respectivement 5 780 000 et 6 841 000 habitants. La densité de population varie de 23 habitants/km2 dans le Borgou à 329 âmes/km2 dans le littoral Atlantique. Cette répartition inégale fait que les départements du sud qui ne totalisent que 12 pour cent du territoire abritent 63 pour cent de la population.

PAYSAGE AGRICOLE BENINOIS

Population agricole

Selon les résultats de l'enquête statistique agricole de 1992, la population agricole est estimée à 3 200 000 personnes, dont 48,9 pour cent d'hommes et 51,1 pour cent de femmes. La population agricole active2 représente 61,8 pour cent de la population agricole totale. En moyenne 7,8 personnes, dont 4,8 actives, vivent sur chaque exploitation agricole.

Importance économique des activités agricoles

Structurellement, le secteur primaire est le deuxième secteur d'activité après le tertiaire. Sa contribution à la croissance, quoique fortement tributaire des aléas climatiques, demeure assez importante. En effet, la contribution du secteur rural à la formation du PIB fluctue autour de 35 pour cent.

L'agriculture, première source de richesse du Bénin, constitue le secteur le plus important de l'économie béninoise. Elle procure des revenus3 à environ 75 pour cent de la population active. Les produits agricoles constituent les principales sources de devises de l'État béninois. Ils contribuent pour plus de 85 pour cent aux recettes d'exportation d'origine intérieure. Le Bénin exporte principalement des produits primaires: oléagineux, coton, noix de cajou, etc. Le coton représente à lui seul 97 pour cent des recettes d'exportation des produits agricoles. Il est par ailleurs le principal facteur déterminant l'évolution des recettes d'exportation. L'agriculture béninoise est basée sur l'existence de 408 020 exploitations agricoles dont la superficie moyenne est estimée à 2,6 hectares/unité.

Instruments de la politique agricole nationale

Les institutions publiques de développement rural sont placées sous la tutelle du Ministère du développement rural (MDR) qui a pour mission de créer les conditions favorables à l'amélioration du niveau de vie des populations rurales, à travers l'élaboration et la mise en œuvre de politiques adéquates. A ce titre, il est chargé entre autres de:

Les politiques et stratégies de développement rural sont élaborées au niveau national par les directions techniques (sectorielles) et centrales du ministère notamment: Direction des forêts et des ressources naturelles (DFRN), Direction de la formation opérationnelle et de la vulgarisation (DIFOV), Direction de l'élevage (DE), Direction du génie rural (DGR), etc.

En dehors de quelques projets spécifiques, la mise en œuvre des actions relève des Centres d'action régionale pour le développement rural (CARDER) qui opèrent du niveau département jusqu'au niveau village, en passant par la commune (ex-sous-préfecture). Les directions techniques centrales apportent leur appui à cette mise en œuvre, de même qu'au suivi et à l'évaluation des actions. Elles sont toutes représentées au sein du CARDER par leurs services déconcentrés. C'est globalement à travers ce dispositif, que les programmes de V/A de tous les domaines d'activités du secteur rural, y compris ceux de la foresterie, sont conçus et exécutés. Il faut toutefois noter que pour des projets particuliers, certaines ONG ainsi que des institutions publiques interviennent également sur le terrain.

IL ÉVOLUTION DES SYSTÈMES DE V/A RURALE AU BÉNIN

Période coloniale: 1894-1959

En lieu et place de V/A proprement dite, les populations indigènes ne recevaient à l'époque coloniale que des directives très strictes sur des questions relatives à la production agricole, la conservation des ressources naturelles et autres réquisitions spécifiques. De manière plus spécifique, la vulgarisation visait à cette époque, les objectifs suivants:

A cette époque, les thèmes techniques de vulgarisation rurale tournaient globalement autour de:

Au plan organisationnel, il y avait au niveau local, un responsable de la section agricole placé sous l'autorité du Commandant de cercle. Les principaux acteurs du système étaient:

La base juridique des interventions était constituée essentiellement des principaux textes législatifs et réglementaires ci-après:

L'animation rurale à l'époque coloniale se distinguait par son approche dirigiste faite de directives, d'instructions et de mises en demeure d'application. Ses outils étaient constitués entre autres, par:

Période post-coloniale: 1960-1971

Cette époque a été caractérisée essentiellement par le quadrillage du pays par des sociétés d'intervention opérant dans les différents départements, à tel point qu'il n'y avait ni service unifié de V/A, ni cadre formel de concertation pour harmoniser les stratégies d'intervention au niveau des paysans. Quant aux directions techniques du MDR4, elles encadraient tant bien que mal les paysans, chacun dans son domaine, avec des moyens (humains, matériels et financiers) dérisoires, au regard des besoins des populations rurales et du faible niveau de performance.

Les objectifs des programmes de V/A se présentaient comme suit:

Le cadre législatif de l'époque coloniale a été renforcé par d'autres dispositions relatives à la coopération agricole, l'aménagement rural, la pêche continentale et le crédit rural. Il s'agit notamment des textes suivants:

Compte tenu de l'orientation donnée à la production agricole au cours de cette période, la V/A rurale a été caractérisée par une approche par produit/spéculation. Les conditions agroécologiques propres à chaque région imposaient à cette approche, une connotation géographique par rapport aux différents départements du pays. Les outils traditionnellement utilisés ont été renforcés par des projections cinématographiques, des émissions de radio rurale ainsi que par les fiches de vulgarisation qui récapitulent les arguments propres à créer des motivations.

ÉPOQUE RECENTE

Période allant de 1972 à 1989

Au plan structurel et organisationnel, cette période a été particulièrement marquée par la création en décembre 1975, au niveau de chacun des six départements du pays, d'un Centre d'action régionale pour le développement rural (CARDER). Cette approche géographique adoptée lors de la création des CARDER, devait permettre d'inciter les partenaires au développement, de se concentrer, suivant leur option propre, sur le département de leur choix, à travers des programmes et/ou projets spécifiques5. Placés sous la tutelle du MDR, les CARDER étaient entre autres chargés de l'appui technique aux paysans et à leurs organisations. Leur avènement a mis un terme à la dispersion des efforts en matière d'encadrement technique des populations rurales. Pour ce faire, les CARDER disposaient6 de six directions techniques dont notamment les suivantes: Direction de la vulgarisation et de l'appui aux organisations paysannes (DVAOP); Direction des forêts et de la protection des ressources naturelles (DFPRN).

Les six objectifs principaux visés au niveau des programmes de V/A étaient les suivants:

En matière de foresterie et de gestion des ressources naturelles, cette période a été marquée par une prise de conscience accrue des problèmes environnementaux qui s'est notamment traduite par:

L'arsenal juridique forestier a également connu, suite à cette prise de conscience des réalités environnementales, une évolution remarquée. Il a ainsi subi des changements importants, imputables notamment à: i) la caducité de facto de certains textes suite à l'accession du Bénin (ex-Dahomey) à l'indépendance le 1er août 1960; ii) l'inadéquation d'autres textes alors en vigueur8, avec les réalités écologiques, économiques et socioculturelles du pays. C'est dans ce contexte que les textes ci-après ont été adoptés:

Durant cette période, le contenu de la V/A se présentait sous forme de «fiches techniques » détaillant les tâches hebdomadaires, sur lesquelles étaient basés la formation et le recyclage des agents. Lors de leurs interventions au niveau du terrain, toutes les divisions/unités, y compris celles de la foresterie, travaillaient selon ce système et en liaison avec l'Agent de vulgarisation agricole (AVA) qui en constituait le pilier. Les thèmes de la V/A portaient, d'une manière assez globale, sur: i) le reboisement; ii) la conduite des pépinières; iii) la production agricole (cultures vivrières, cultures de rente); iv) la lutte contre les adventices; v) l'amélioration de la fertilité du sol; vi) les rotations et assolements, etc.

Le souci permanent d'amélioration des systèmes de V/A justifie l'adoption de l'approche formation-visite (système F&V) qui sera, elle aussi, maintes fois modelée pour s'adapter à la grande diversité des conditions agro-écologiques des départements. Le but de l'approche est d'apporter un soutien approprié au développement rural en aidant les agriculteurs à accroître leur production et à multiplier et diversifier leurs revenus. L'une de ses caractéristiques essentielles réside dans la nécessité du recours à la formation régulière et permanente. Parmi les divers procédés mis en oeuvre, nous pouvons citer notamment, celui des formations en cascade, où chaque niveau de la hiérarchie forme le niveau immédiatement inférieur. Les différents outils utilisés en V/A rurale tendent à tenir de plus en plus compte de l'aspect communication.

Période 1990-2000

Restructuration des services agricoles

L'un des faits marquants à relever au cours de cette période, est la mise en œuvre du Projet de restructuration des services agricoles (PRSA). Celui-ci a abouti, entre autres, à la création au sein du MDR de la DIFOV9. Parmi les attributions de cette dernière, l'animation/coordination à différents niveaux de la concertation entre CARDER, organisations paysannes et institutions de recherche, sur tous les aspects concernant la vulgarisation, la recherche-développement et le conseil aux paysans. Les objectifs visés par les programmes de V/A rurale sont les suivants:

Réforme des textes législatifs

Les exigences découlant des nouvelles orientations des politiques et des stratégies de développement basées sur l'approche participative ont conduit à la réforme de certains textes législatifs et réglementaires, dont les suivants:

Parmi les autres dispositions importantes découlant des nouvelles orientations politiques et stratégiques, il y a lieu de relever celles relatives aux mécanismes de financement de microréalisations dans le cadre de l'exécution de certains projets de développement rural intégré. II s'agit, entre autres, du Fonds d'équipement villageois (FEV), du Fonds de développement villageois (FDV), de l'Agence de financement des initiatives de base (AGEFTB), etc.

D'une façon générale, contrairement aux lois et règlements de l'époque coloniale et postcoloniale, définis par des mesures à caractère limitatif, restrictif et coercitif, la législation des 10 dernières années tient davantage compte des préoccupations des populations et des collectivités locales. Ainsi, la loi de 1993 portant régime des forêts 11 prescrit la gestion participative des ressources du domaine forestier de l'Etat, sur la base de plans de gestion et d'aménagement. Dans le même ordre d'idées, d'autres lois et règlements sont en cours d'actualisation. Il s'agit notamment de la loi n° 87-014 du 21 septembre 1987 portant réglementation de la protection de la nature et de l'exercice de la chasse, dont l'actualisation en cours se fait au regard de la nouvelle stratégie de conservation et de gestion des aires protégées de 1995.

La loi-cadre sur l'environnement, dont le processus de préparation a été long, est en cours de restitution au niveau de toutes les couches socioprofessionnelles du pays, sous l'égide de l'Agence béninoise pour l'environnement (ABE). Quant à ses textes d'application, ils sont en préparation pour adoption et traduction dans les langues nationales dominantes.

Démarches/méthodes/approches de V/A rurale

S'agissant des méthodes/approches, l'impulsion donnée par le «Sommet de la Terre» de Rio, en 1992 et l'exécution de projets à vocation «environnement et développement durables» ont fait évoluer «l'approche par projet» vers «l'approche participative». II s'agit d'une démarche méthodologique itérative dont les différentes étapes sont décrites à l'Annexe 2. Une série d'approches participatives aussi valables les unes que les autres ont été développées, au nombre desquelles, l'on peut citer les suivantes:

Par ailleurs, un système national unifié de vulgarisation agricole (SNVA) a été mis en place et appliqué dans tout le pays depuis 1992. Il s'agit en fait du système de formation-visite unifié au niveau national et ensuite renforcé depuis 1996 par l'APNV. Son objectif est d'améliorer les performances de la vulgarisation et de renforcer ses liens avec la recherche d'un côté et les paysans de l'autre.

L'organigramme du dispositif d'encadrement de la V/A rurale est joint en Annexe 3. L'acteur principal de ce dispositif est l'agent polyvalent de vulgarisation (APV) qui intervient à travers les groupes de contact (GC). Il est appuyé au niveau du Secteur (sous-préfecture) par une équipe pluridisciplinaire de techniciens spécialisés (TS), coordonnée par le Responsable du développement rural (RDR). L'appui au niveau départemental est assuré par le CARDER à travers sa Direction de la vulgarisation et de l'appui aux organisations paysannes (DVAOP). Au niveau national, il est assisté par la Direction de la formation opérationnelle et de la vulgarisation du MDR. En fonction de la spécificité des thèmes, d'autres structures interviennent également dans l'appui au niveau national. Pour ce qui concerne les forêts et autres ressources naturelles, on peut citer notamment:

Tout ce dispositif est complété sur le terrain par des ONG, des partenaires privés, les organisations paysannes (OP) et les structures locales de gestion (SLG) constituées dans le cadre de l'aménagement participatif de certains massifs forestiers classés 12. En ce qui concerne les outils utilisés par le système de V/A rurale, ils sont choisis dans la gamme de ceux de la Méthode accélérée de recherche participative (MARP) et de la Planification des projets par objectifs (PPO).

Approche de développement rural

Une politique de développement rural nouvelle a été mise en œuvre à partir de 1991. Son objectif majeur vise à élever le niveau de vie de la population rurale, non plus par la simple poursuite d'un objectif d'autosuffisance régionale ou nationale, mais plutôt par l'amélioration de la compétitivité du paysan béninois en vue de s'assurer la conquête de marchés agricoles. Le mouvement coopératif a, dans ce cadre, connu un essor appréciable avec pour conséquence le renforcement des capacités de mobilisation, d'organisation et de négociation des paysans. C'est ainsi, depuis 1995, les paysans disposent d'une «chaîne de producteurs» allant du village jusqu'au niveau national, en passant par les sous-préfectures et les départements. Il s'agit de:

Il existe présentement environ 3 500 GV dont 1 200 GF, 77 USPP et 6 UDP. La chaîne est bien structurée et opérationnelle, surtout dans les zones de production du coton. Elle intervient dans divers domaines dont: i) commercialisation du coton graine (100 pour cent); ii) gestion des intrants; iii) mise en place et récupération de crédit; iv) gestion des stocks et calcul des ristournes; vi) production et commercialisation de plants13 ; vii) transformation et commercialisation des produits agricoles; viii) production et commercialisation de noix d'anacardier, de l'ananas, de l'huile de palme, etc.

Dans le cas particulier du secteur forestier, des structures locales de gestion (SLG) ont été créées dans le cadre de l'aménagement participatif des forêts naturelles. Il s'agit des Organisations villageoises de développement (OVD), des Comités villageois de développement (CVD), des Comités de gestion des ressources naturelles (CGRN), des Conseils de supervision des actions d'aménagement (CSAA), des Comités de gestion des unités d'aménagement (CGUA), etc.

D'une façon générale, les organisations paysannes (OP) sont devenues des interlocuteurs valables des pouvoirs publics et des bailleurs de fonds, ainsi que de véritables partenaires pour le développement.

Efforts consentis aux niveaux de la communication et de l'information

L'élan et l'esprit d'initiative et de créativité ainsi créés au niveau du monde rural, témoignent de l'impact positif des actions menées en matière d'information et de communication par le biais des radios rurales et autres moyens de communication. En effet, depuis la libération de l'espace audiovisuel dans le cadre de la démocratisation et de la décentralisation, la radio rurale a connu un essor remarquable ces 10 dernières années. Les radios rurales émettent, toutes catégories confondues en 18 langues nationales14. Le Bénin est actuellement couvert par:

S'agissant des autres moyens d'information et de communication, s'ils sont moins développés, ils demeurent cependant utiles et complémentaires de ceux déjà décrits. On peut citer les journaux et autres brochures édités en langues nationales, le cinéma et le théâtre.

III. UTILISATION DES TCI EN V/A RURALE

Les données relatives aux technologies de communication et d'information ont été recueillies à l'aide du questionnaire annexé aux termes de référence de l'étude, auprès de deux projets forestiers et de la DIFOV au niveau du MDR. Les projets forestiers sont les suivants:

En ce qui concerne la DIFOV, ses activités de vulgarisation couvrent tout le territoire national par l'entremise des CARDER.

MISSIONS

Les missions des institutions interrogées se résument globalement en la gestion rationnelle des ressources naturelles renouvelables (sols, eau, flore, faune) et en la promotion d'une agriculture durable, avec la participation des populations riveraines. De manière plus spécifique, les missions communiquées par ces structures sont de:

PRINCIPAUX DOMAINES D'ACTIVITES

Les principaux domaines dans lesquels s'inscrivent les activités de V/A des structures cible sont l'agriculture générale, la foresterie, l'utilisation des eaux et des terres, le génie et la mécanisation agricole, la nutrition et la sécurité alimentaire ainsi que la pêche.

Trois autres domaines ont été enregistrés en complément de ceux des fiches d'enquête. Ce sont l'élevage et les soins vétérinaires/vaccination, les technologies postrécolte15 ainsi que l'aménagement des bassins versants et la gestion des terroirs villageois.

PRINCIPALES ACTIVITES DE V/A

Les principales activités de V/A décrites par les structures cibles portent sur:

En définitive, quelles que soient leurs spécificités propres dans le cadre global du développement rural intégré, les principales activités de V/A se résument à l'organisation, l'information, la formation, la communication et le suivi-évaluation.

BENEFICIAIRES

Les groupes principaux de bénéficiaires visés par les activités de vulgarisation sont:

En ce qui concerne spécifiquement le secteur forestier, il convient de souligner l'expérience acquise dans l'implication des élus locaux, des autorités politiques et administratives et du secteur privé dans les activités relatives à l'aménagement participatif des forêts naturelles.

APPROCHES DE VULGARISATION

Les enquêtes ont révélé que l'approche formation et visite (F&V) et l'approche participative de la vulgarisation agricole sont les plus utilisées. L'approche de la participation aux coûts et l'approche par les institutions d'éducation n'ont été citées qu'une seule fois et par la même structure (volet aménagement forestier du PGRN).

Il faut noter que le projet UNSO/GEF/BEN/93/G31 «Aménagement participatif des forêts naturelles et reboisement villageois pour la réduction du carbone» a fait mention de trois autres approches ne figurant pas sur la fiche d'enquête. Il s'agit de:

UTILISATION DES TCI DANS LA VULGARISATION

Toutes les structures interrogées ont reconnu utiliser dans une certaine mesure les TCI, même si souvent, elles le font de façon très sommaire, précise l'une d'entre elles. Plus spécifiquement, la publication assistée par ordinateur (PAO) et les bases de données informatisées qui sont employées au même degré, constituent les TCI les plus utilisées. Les PAO servent à éditer les aides visuels et les journaux, tandis que les bases de données informatisées sont utilisées sous forme de disques-vidéos interactifs, de données statistiques ou de CD-ROM. Viennent ensuite les communications électroniques (E-mail) et les systèmes d'aide à la décision (signalés par une seule structure). Les diapositives, les cassettes audio et vidéo ainsi que les TCI usuelles comme la radio, les documentaires et les démonstrations font également l'objet d'une certaine utilisation.

Les TCI sont utilisées dans différentes structures depuis 6 ans (1994) et sont jugées importantes voire très importantes par ces structures par ce qu'elles jouent un rôle important dans:

L'examen du rôle joué par les TCI dans les activités des structures interrogées révèle que ces technologies sont d'abord et avant tout un moyen d'accès à l'information au profit des groupes-cible. Elles constituent également un moyen d'accès à l'information au profit du personnel de ces structures. C'est aussi, avec le même degré d'importance un moyen de diffusion et/ou d'échange d'information, de connaissance et d'expérience des groupes-cible avec d'autres groupes ou organisations/projets. Les TCI constituent enfin, à un moindre degré, un moyen de communication pour tout le personnel au sein de l'organisation/projet ou avec d'autres groupes et/ou organisations/projets.

En ce qui concerne les raisons majeures qui justifient l'utilisation des TCI, les réponses obtenues sont:

En dehors du taux d'analphabétisme qui a été cité par deux structures comme raison majeure justifiant l'importance de l'utilisation des TCI, le degré d'importance des autres raisons, les unes par rapport aux autres, n'est pas précisé.

S'agissant de la fréquence d'utilisation de ces types de TCI en V/A rurale, il ressort que l'utilisation au quotidien des TCI par les structures est une réalité, dans la mesure où l'ordinateur est employé pour élaborer les supports pédagogiques: documents des ateliers villageois, fiches techniques, affiches, journaux, même en langues nationales. La PAO est utilisée de façon régulière, sinon, au moins tous les mois pour produire des affiches, dépliants et spots. L'utilisation des bases de données informatisées, des diapositives et des cassettes, est moins fréquente. La recherche documentaire sur le Internet et l'envoi/réception de courrier électronique sont également cités par une des structures. C'est la preuve que l'accès à ces technologies est encore limité.

En général, les TCI sont utilisées pour tous les groupes ciblés par les activités de V/A. Lorsque cela n'est pas le cas, les groupes cibles visés en priorité sont les communautés villageoises et les producteurs, ensuite les agents d'encadrement et enfin les autorités politiques et administratives.

UTILITE DES TCI FACE AUX CONTRAINTES MAJEURES DE LA V/A

Les structures approchées ont donné des réponses aussi diverses que variées à cette partie de l'enquête. De plus, seulement 25 pour cent de ces structures ont répondu entièrement au point n° 15 du questionnaire. Cette situation peut être attribuée à la variabilité et la diversité des missions.

Pour le classement des contraintes de la vulgarisation, la durabilité apparaît nettement comme la contrainte la plus importante puisqu'elle est créditée de 5 points16 . Elle est suivie du taux de couverture (4 points), de l'adéquation (3 points) et de la coordination et des liaisons avec deux points. Le clivage et le contrôle viennent ensuite simultanément avec un (1) point chacun. S'agissant du niveau d'utilité des TCI pour faire face à chacune des contraintes, les résultats des analyses font ressortir qu'il est considéré comme:

IMPACT DES TCI EN V/A

L'évaluation du niveau d'impact des TCI utilisées par rapport à chaque contrainte de V/A a donné des résultats qui démontrent la complexité du problème pour les structures interrogées. La grande diversité des réponses et leur imprécision n'ont pas permis d'en faire une synthèse.

Quant à l'impact des TCI dans la réalisation des objectifs des programmes de vulgarisation, toutes les structures l'ont évalué comme étant globalement positif (4). Les justifications avancées sont les suivantes:

Les interlocuteurs, appréciant les changements significatifs intervenus à leurs yeux depuis le début de l'utilisation des TCI, laissent apparaître, au travers de leurs réponses, que leur impact global dans la réalisation des objectifs des programmes de vulgarisation est plus positif que négatif. En comparant la situation actuelle de la V/A actuelle par rapport à celle ayant précédé l'accès aux TCI, l'on peur relever les changements suivants:

- Changements positifs:

- Changements négatifs:

Aucun changement négatif n'est signalé quant à la situation de la V/A. Le seul aspect négatif relevé concerne la manipulation des TCI devenue plus contraignante.

En ce qui concerne les conséquences de tous ces changements sur les activités de V/A, on peut retenir:

Les structures interrogées ont fait d'autres remarques concernant l'impact et les contraintes de l'utilisation des TCI dans les programmes de V/A rurale. Ces remarques concernent globalement trois points:

  1. Le poids relativement élevé des TCI traditionnelles dans les activités de V/A rurale exige que davantage d'efforts soient consentis en vue de leurs réhabilitation et renforcement. On ne saurait donc promouvoir l'utilisation des TCI séparément de la création et de l'appui à un service de médias opérationnel au sein des structures de la vulgarisation.
  2. La perception de l'utilité et l'utilisation réelle des TCI dépendent de l'environnement de travail de chaque acteur. En conséquence, le renforcement des capacités des structures compétentes n'est pas toujours perçu avec la même importance.
  3. L'accès aux technologies modernes comme l'ordinateur20 est limité du fait du coût élevé des équipements d'une part et du niveau de connaissance du personnel d'autre part. Pour avoir accès aux TCI modernes, il faut pouvoir disposer du matériel qui coûte relativement cher et des ressources humaines adéquates. Ceci implique la formation du personnel et sa dotation en matériel performant.

La pertinence de ces remarques se passe de commentaire et tout programme visant à promouvoir et appuyer l'utilisation des TCI dans la V/A rurale devra y accorder une attention particulière.

IV. ANALYSE CRITIQUE DES RÉSULTATS DÉCOULANT DES SYSTÈMES DE V/A UTILISÉS

CONTEXTE ET MESURES DE BASE

La République du Bénin a connu de son indépendance21 à la fin des années 80, des changements de régimes politiques et de gouvernements et a été le théâtre de graves crises et autres tensions sociales. Nonobstant cela, la situation de la V/A rurale s'est nettement améliorée à partir de 1990. Au nombre des mesures à la base de ce changement qualitatif ayant affecté les systèmes de V/A rurale, on peut citer:

Mesures d'ordre politique

Elles portent sur:

Mesures d'ordre administratif

Elles portent notamment sur:

Mesures d'ordre législatif

La promulgation de la loi de juillet 1993 sur le régime des forêts au Bénin. Cette loi prescrit entre autre, la participation des populations riveraines à l'élaboration et l'exécution de plan d'aménagement du domaine forestier de l'État.

RESULTATS POSITIFS

La mise en œuvre conséquente et coordonnée de ces mesures a contribué à l'amélioration des résultats découlant des systèmes de V/A utilisés. Les résultats positifs se résument comme suit:

CONTRAINTES

Les principales contraintes à la mise en œuvre des systèmes de V/A rurale sont:

PERSPECTIVES

Le développement des capacités est le processus par lequel les systèmes opérant dans un contexte dynamique apprennent à concevoir et à conduire des actions visant à améliorer leurs résultats, dans une perspective de développement durable. La démarche méthodologique actuelle de la V/A favorise ce type de développement, surtout en ce qui concerne la mise sur pied de structures locales pour le pilotage des activités par les populations. Le renforcement des capacités de ces structures à travers diverses formations, la mise à disposition d'outils de gestion et l'animation intensive22 est nécessaire dès leur mise sur pied.

L'organisation de sous-comités peut constituer un outil efficace pour la prise en charge des problèmes spécifiques comme la gestion des parcours, la lutte contre la désertification, la prévention des conflits entre éleveurs et agriculteurs.

Dans le contexte actuel de décentralisation et de démocratisation, les paysans ainsi organisés et motivés pourraient assurer à court et moyen termes la gestion de leurs affaires et devenir ainsi les acteurs privilégiés de la démocratie et du développement à la base.

V. RECOMMANDATIONS

Au regard de ce qui précède, il est recommandé d'étudier les modalités d'une meilleure implication de la Faculté des sciences agronomiques de l'Université nationale du Bénin ainsi que de l'Institut national des recherches agricoles du Bénin dans les activités de V/A rurale.

Il est souhaitable de dispenser un appui technique et financier à la DIFOV dans le cadre des opérations de transfert des activités de V/A aux OP et ONG. Dans cette optique, il est également recommandé de:

Renforcer les capacités du personnel d'encadrement et des OP en matière d'utilisation des TCI. Etudier les modalités de création d'un mécanisme de coordination et suivi-évaluation des activités de V/A rurale dans les différentes zones agro-écologiques du pays. Procéder au recensement systématique et à la promotion des pratiques, des us et coutumes favorables à la conservation in-situ et ex-situ, la valorisation et l'utilisation durable des ressources biologiques des terroirs villageois.

VI. CONCLUSIONS

La V/A rurale au Bénin a évolué au cours de l'histoire, en fonction des objectifs propres à la politique de développement de chaque période. Ses fondements législatifs et réglementaires ont changé et évolué suivant les options et la réorientation des stratégies de développement fondées sur la démocratisation, la décentralisation, la libéralisation de l'économie, la lutte contre la pauvreté et le développement durable.

Les systèmes purement sectoriels et fermés ont progressivement cédé la place à un système unifié de V/A mis en place à partir de 1992. Les approches unidirectionnelles dirigistes ont été graduellement remplacées par des approches participatives, dont la plus récente est l'approche participative au niveau village.23 Dès lors, les outils de la démarche ont fait leurs preuves sur le terrain en ce qui concerne la mise au point des technologies, leur diffusion et leur appropriation par les producteurs.

Au vu des résultats enregistrés, des atouts et des contraintes, il s'avère nécessaire et urgent de renforcer le système de V/A rurale du Bénin par la mise au point et la diffusion de technologies écologiquement rationnelles, économiquement viables et à moindre coût.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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MDR, Banque mondiale et KIT. 1998. Atelier sous-régional sur la participation villageoise dans les services ruraux en Afrique de l'Ouest. Synthèse. 63 p.

MDR. 1994. Les opportunités de création d'activités agricoles au Bénin, Zone agroécologique VI. 102 p.

MDR. 1999. Rapport final d'exécution du Projet de restructuration des services agricoles (PRSA).

ANNEXE 1
CARACTÉRISTIQUES DES ZONES AGROÉCOLOGIQUES DU BÉNIN

CARACTÉ-RISTIQUES ZONE SUD ZONE CENTRE ZONE BORGOUSUD ZONE BORGOU NORD ZONE ATACORA
CLIMAT Soudano-guinéen à deux saisons pluvieuses: 800 à 1.400 mm/an Soudano-guinéen à 2 saisons pluvieuses au sud et 1 au nord: 1000-1200 mm/an Soudanien avec 1 saison pluvieuse: 900-1300 mm/an Soudano-sahélien avec 1 saison pluvieuse: 700- 1200 mm/an Soudano-sahélien à soudano-guinéen: 800- 1300 mm/an
SOLS Sols ferralitiques Sols sableux Sols hydromorphes Vertisols Sols ferrugineux tropicaux Terre de barre Sols ferralitiques Sols ferrugineux tropicaux sur socle cristallin Sols hydromorphe Sols hydromorphes des vallées Sols ferralitiques Sols ferrugineux tropicaux Sols ferralitiques Sols ferrugineux tropicaux Sols hydromorphes Sols alluviaux du fleuve Niger Sols minéraux peu évolués Faibles réserves en eau
VÉGÉTATION Savane herbeuse Prairie Mangrove Fourré arbustif Forêt semi-décidue Relique forestière Savane arborée et savane arbustive à dominante Daniella olivieri Savane arbustive et savane arborée dominée par le karité Savane arbustive et savane arborée clairsemée à épineux et karité Forte dégradation par l'homme Forêt claire Forêt galerie Savane arborée et savane arbustive avec arité néré & fromager épineux à certains endroits
POPULATION 3 040 670 397 652 552 224 355 950 569 059
% POPULATION RURALE 56,4 77,6 59,3 74,6 66,9
TERRE CULTIVÉE/ PERSONNE 0,19 ha 0,38 ha 0,25 ha 0,25 ha 0,36 ha
PROBLÈMES DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES Dégradation de la fertilité des terres par surexploitation Ensablement Déforestation Occupation anarchique des forêts classées Destruction des forêts classées Feux de brousse Techniques culturales inadaptées Feux de brousse Braconnage Mode d'élevage et techniques culturales inadaptés Braconnage Érosion Feux de brousse Techniques culturales inadaptées

Sources: Synthèse à partir de MDR, 1994: Les opportunités de création d'activités agricoles au Bénin, INRAB, 1995: Plan directeur de la recherche agricole du Bénin, volume 1.

ANNEXE 2
APPROCHE PARTICIPATIVE AU NIVEAU DU VILLAGE (APNV):
DÉMARCHE MÈTHODOLOGIQUE

ÉTUDE DE LA SITUATION ET DE L'ÉVOLUTION DES SYSTÈMES DE VULGARISATION ET D'ANIMATION FORESTIÈRE EN AFRIQUE SAHÉLIENNE

ANNEXE 3
ORGANIGRAMME DU DISPOSITIF DE
V/A RURALE

ÉTUDE DE LA SITUATION ET DE L'ÉVOLUTION DES SYSTÈMES DE VULGARISATION ET D'ANIMATION FORESTIÈRE EN AFRIQUE SAHÉLIENNE

ANNEXE 4
ÉVOLUTION DES PARAMÈTRES DE VULGARISATION DE
1993 À 1998

Année APV GC CE GE/GC Enca drement (%) UD GC/ APV UD/ APV CEGC/ APV UD/ GC
1993 738 8.000 408.226 ND - 8.000 10 10,84 - 1
1994 677 13.537 439.600 143.916 33 27.858 20 41 213 4
1995 573 14.088 493.992 134.182 27 81.836 24,58 153,67 234 6
1996 535 12.308 493.992 123.664 25 32.364 23 60,49 231 2,63
1997 436 7.491 490.224 75.072 15,31 43.518 17,18 99,81 172,18 5,8
1998 393 5.645 468.273 23.091 5,25 1.537 9,81 6,7 58,75 0,67

Source: DIFOV/MDR.

ANNEXE 5
NOUVEAU DÉCOUPAGE ADMINISTRATIF DU BÉNIN

(première partie)

NO

DÉPARTEMENTS

COMMUNES

RESSORT TERRITORIAL

1

ALIBORI

Banikoara
Gogounou
Kandi
Karimama
Malanville
Sgbana

ex-Sous-Préfecture de Banikoara ex-Sous-Préfecture de Gogounou
ex-Cir. Urbaine de Kandi
ex-Sous-Préfecture de Karimama ex-Sous-Préfecture de Malanville ex-Sous-Préfecture de Sgbana

2

ATACORA

Boukoumbé
Cobli
Kérou
Kouandé
Matéri
Natitingou
Péhunco
Tanguiéta
Toucountouna

ex-Sous-Préfecture de Boukoumbé ex-Sous-Préfecture de Cobli ex-Sous-Préfecture de Kérou ex-Sous-Préfecture de Kouandé ex-Sous-Préfecture de Matéri
ex-Cir. Urbaine de Natitingou ex-Sous-Préfecture de Péhunco ex-Sous-Préfecture de Tanguiéta ex-Sous-Préfecture de Toucountouna

3

ATLANTIQUE

Abomey-Calavi
Allada
Kpomassè
Ouidah
So-Ava
Toffo
Tori

ex-Sous-Préfecture d'Abomey-Calavi ex-Sous-Préfecture d'Allada ex-Sous-Préfecture de Kpomassè
ex-Cir Urbaine de Ouidah ex-Sous-Préfecture de So-Ava ex-Sous-Préfecture de Toffo ex-Sous-Préfecture de Tori ex-Sous-Préfecture de Zè

4

BORGOU

Bembèrèkè
Kalalé
N'Dali
Nikki
Parakou
Pèrèrè
Sinendé
Tchaourou

ex-Sous-Préfecture de Bembèrèkè ex-Sous-Préfecture de Kalalé ex-Sous-Préfecture de N'Dali ex-Sous-Préfecture de Nikki
ex-Cir Urbaine de Parakou ex-Sous-Préfecture de Pèrèrè ex-Sous-Préfecture de Sinendé ex-Sous-Préfecture de Tchaourou

5

COLLINES

Bantè
Dassa-Zoumè
Glazoué
Ouèssè
Savalou
Savè

ex-Sous-Préfecture de Bantè ex-Sous-Préfecture de Dassa-Zoumè ex-Sous-Préfecture de Glazoué ex-Sous-Préfecture de Ouèssè ex-Sous-Préfecture de Savalou ex-Sous-Préfecture de Savè

(deuxième partie)

6

COUFFO

Aplahoué
Djakotomey
Dogbo
Klouékanmey
Lalo
Toviklin

ex-Sous-Préfecture de Aplahoué ex-Sous-Préfecture de Djakotomey ex-Sous-Préfecture de Dogbo ex-Sous-Préfecture de Klouékanmey ex-Sous-Préfecture de Lalo ex-Sous-Préfecture de Toviklin

7

DONGA

Bassila Copargo Djougou Ouaké

ex-Sous-Préfecture de Bassila ex-Sous-Préfecture de Copargo ex-Cir Urbaine de Djougou ex-Sous-Préfecture de Ouaké

8

LITTORAL

Cotonou

ex-Circonscription Urbaine de Cotonou

9

MONO

Athiémé
Bopa
Comè
Grand-Popo
Houéyogbé
Lokossa

ex-Sous-Préfecture de Athiémé ex-Sous-Préfecture de Bopa
ex-Sous-Préfecture de Comè ex-Sous-Préfecture de Grand-Popo ex-Sous-Préfecture de Houéyogbé
ex-Cir. Urbaine de Lokossa

10

OUEME

Adjarra
Adjohoun
Aguégué Akpro-Missérété Avrankou
Bonou
Dangbo
Porto-Novo Sèmè-Podji

ex-Sous-Préfecture de Adjarra ex-Sous-Préfecture de Adjohoun ex-Sous-Préfecture de Aguégué ex-Sous-Préfecture de Akpro-Missérété ex-Sous-Préfecture de Avrankou ex-Sous-Préfecture de Bonou ex-Sous-Préfecture de Dangbo
ex-Cir. Urbaine de Porto-Novo ex-Sous-Préfecture de Sèmè-Podji

11

PLATEAU

Adja-Ouèrè
Ifangni
Kétou
Pobè
Sakété

ex-Sous-Préfecture de Adja-Ouèrè ex-Sous-Préfecture de Ifangni ex-Sous-Préfecture de Kétou ex-Sous-Préfecture de Pobè ex-Sous-Préfecture de Sakété

12

ZOU

Abomey
Agbangnizoun
Bohicon
Covè
Djidja
Ouinhi
Zangnanado Za-Kpota Zogbodomey

Ex-Cir. Urbaine de Abomey
ex-Sous-Préfecture de Agbangnizoun
ex-Cir. Urbaine de Bohicon
ex-Sous-Préfecture de Covè
ex-Sous-Préfecture de Djidja
ex-Sous-Préfecture de Ouinhi
ex-Sous-Préfecture de Zangnanado ex-Sous-Préfecture de Za-Kpota ex-Sous-Préfecture de Zogbodomey


1 Dont trois villes à statut particulier, à savoir : Cotonou, Porto Novo et Parakou.

2 II s'agit de personnes de 14 ans ou plus exerçant une activité agricole, soit à plein temps soit à temps partiel.

3 Y compris les revenus dérivés des activités forestières.

4 Agriculture, élevage, eaux, forêts et chasses, pêche, action coopérative, alimentation et nutrition appliquée.

5Y compris ceux relatifs à la foresterie.

6A la suite des dernières restructurations.

7Constitution de banques de vivres, transformation des produits agricoles, valorisation des ressources biologiques des terroirs villageois.

8Y compris ceux de l'époque postcoloniale.

9Ex-Direction des ressources humaines, de la formation et de la vulgarisation.

10 Transformation des produits agricoles, petit élevage, pisciculture, apiculture, maraîchage, etc.

11 Actuellement en vigueur au Bénin (Cf. Art. 38 à 49).

12 Association villageoise de gestion de la forêt, comité de coordination des unités d'aménagement, etc.

13 Essences forestières, fourragères ou fruitières.

14 Fon, Gun, Yoruba, Adja, Mina, Baatonu, Dendi, Fulfuldé, Mokolè, Bétamaribê, Berba, Waaba, Yoa, etc.

15 Conservation/transformation.

16Les contraintes majeures sont classées par niveaux d'importance (allant de 1 à S par ordre d'importance croissant).

17Les niveaux d'utilité des TCI pour faire face aux contraintes de la vulgarisation sont appréciés en utilisant une échelle allant de 1 (pour « pas du tout utile ») à 5 (pour « très utile »).

18 FAO, UNESCO, Universités, etc.

19 Des aires protégées notamment.

20 Donc à l'Internet et au courrier électronique.

211er août 1960.

22 Animation intensive dans les domaines comme le montage des dossiers de prestation de services, l'élaboration de microprojets, la communication et l'organisation.

23 Cette approche a été intégrée au système national de V/A depuis 1997 seulement.

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