juin 2007 | ||
Perspectives alimentaires | ||
Analyse des marchés mondiaux | ||
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MANIOC
La reprise des cours internationaux des produits dérivés du manioc, qui a commencé début 2006, a été constante durant les quatre premiers mois de 2007. Les prix de la farine et de la fécule de manioc en provenance de Thaïlande (f.o.b. Bangkok), libellés en dollars E.-U., ont enregistré une hausse d’environ 16 pour cent par rapport à 2006 à la même période, tandis que les prix des cossettes de manioc en provenance de ce même pays (et destinés à la Chine) ont augmenté de près de 13 pour cent. Le renforcement de ces cours peut être en grande partie attribué à l’appréciation de la devise thaïlandaise par rapport au dollar E.-U., qui, par exemple, a progressé de 25 pour cent depuis le début de l’an dernier. Les cours des agglomérés destinées à l’Europe (f.o.b. Rotterdam) continuent d’être peu connus, ce qui montre le manque persistant d’intérêt sérieux pour les ingrédients d’aliments pour animaux à base de manioc sur le marché de l’UE. Les perspectives en ce qui concerne les prix du manioc pour le reste de l’année 2007 dépendront surtout du dynamisme de la demande en Asie de l’Est et du Sud-Est et du retour de l’UE sur la scène internationale, qui dépendra en dernier ressort de la compétitivité des cours des produits dérivés du manioc par rapport aux céréales de production nationale et importées.
Les perspectives concernant la production mondiale de manioc de 2007 sont dans l’ensemble favorables et les résultats prévus (212 millions de tonnes) dépasseraient de 4 millions de tonnes le volume record estimatif de l’an dernier. Toutefois, les résultats sont très incertains, car dans de nombreux pays, les racines peuvent être laissées en terre pendant plus d’une année et sont généralement récoltées lorsque des pénuries alimentaires surviennent ou que les prix sont favorables. En Afrique, principale région productrice, le soutien fourni par le gouvernement en faveur de la commercialisation de cette culture dans plusieurs des plus grands pays producteurs, en particulier au Nigéria, est responsable des perspectives encourageantes sur ce continent. Au Nigéria, la production pourrait atteindre 45 millions de tonnes, soit 4 pour cent de plus qu’en 2006. Toutefois, en d’autres endroits de l’Afrique subsaharienne, où cette racine joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire en sa qualité de denrée de base ou de culture de subsistance, les perspectives concernant la production demeurent mitigées. En République démocratique du Congo, malgré de bonnes conditions météorologiques, les troubles civils et les conflits internes pourraient nuire à la culture du manioc. En République-Unie de Tanzanie, des pluies saisonnières bien réparties devraient favoriser les conditions de végétation. En Ouganda, le temps clément sera probablement également favorable à la récolte de 2007; toutefois, ce pays a signalé une recrudescence de la mosaïque et de la striure du manioc qui menacent de saper les perspectives. Des précipitations excessives dans les régions productrices de manioc en Angola, à Madagascar et au Mozambique pourraient aussi avoir un impact négatif sur la culture du manioc. En Asie, la production de manioc devrait progresser, en particulier après l’enquête annuelle sur les semis menée en Thaïlande qui a indiqué une hausse de 12 pour cent de la production en 2007, laquelle s’établirait à 25,3 millions de tonnes. La demande internationale en produits dérivés du manioc en provenance de Thaïlande est le principal moteur de l’expansion de cette culture dans le pays et bénéficie du soutien solide accordé par le gouvernement au secteur. En vue d’encourager les agriculteurs à récolter le manioc dans de meilleurs délais, les prix d’intervention proposés dans le cadre du programme d’hypothèque du manioc de la Thaïlande ont fait l’objet d’augmentations progressives et sont passés de 1,25 baht le kilo (36 dollars E.-U. la tonne) en novembre 2006 à 1,50 baht le kilo (39 dollars E.-U. la tonne) en avril 2007. Cette mesure n’a pas suffi à endiguer la chute des prix intérieurs des racines, qui ont reculé de 12 pour cent au cours des 12 derniers mois. En Indonésie, au Viet Nam et aux Philippines, autres grands producteurs de la région, les conditions météorologiques très peu propices n’affecteront probablement pas les efforts concertés déployés pour renforcer la production du manioc dans ces pays. La robustesse de la demande du secteur industriel pour les produits dérivés du manioc dans la région est à la base des mesures prises pour accroître la superficie sous manioc et améliorer les rendements. Par exemple, l’Indonésie a affecté 2,2 millions d’hectares à la culture du manioc et de la canne à sucre destinés à la production de biocarburants. Aux Philippines, plus de terres sont également mises à la disposition de la production de biocarburants à base de manioc, par le biais d’investissement publics de la Chine, tandis qu’au Viet Nam, la croissance rapide de la demande de fécules stimule vivement le secteur du manioc. En Amérique latine et aux Caraïbes, la production s’annonce également bonne en 2007, reflétant des perspectives favorables au Brésil, premier pays producteur de la région. Grâce à l’appui solide et continu du gouvernement en faveur du secteur du manioc, la production de ce pays pourrait dépasser les résultats exceptionnels de l’an dernier (28 millions de tonnes). En ce qui concerne la Colombie et le Paraguay, qui sont les autres grands pays producteurs de la région, la situation actuelle reste floue, mais ces deux pays ont enregistré une forte croissance de la production du manioc ces dernières années.
Les échanges internationaux des produits dérivés du manioc atteindront probablement quelque 12 millions de tonnes en 2007 (en équivalent agglomérés), dépassant ainsi les résultats de 2006 (10 millions de tonnes). Les prévisions sont basées sur la compétitivité soutenue du manioc par rapport aux céréales, conjuguée à des disponibilités exportables plus importantes en Thaïlande, premier fournisseur mondial. Les résultats attendus sont également conformes au rythme plus rapide des expéditions de manioc de ce pays à ce jour. Dans l’ensemble, le pays devrait expédier 10,6 millions de tonnes (en équivalent agglomérés) de cossettes, d’agglomérés et de fécule de manioc en 2007, soit 19 pour cent de plus qu’en 2006. Les pays d’Asie devraient continuer d’être les principaux destinataires des échanges internationaux des produits dérivés du manioc. La Chine s’est imposée avec fermeté comme le premier importateur de produits dérivés du manioc. La création d’une zone de libre échange entre la Chine et la Thaïlande, avec l’élimination d’un droit de douane de 6 pour cent sur les produits dérivés du manioc en provenance de Thaïlande en 2007, a encore dynamisé les échanges de manioc entre les deux pays. En ce qui concerne les cossettes et les agglomérés, la Thaïlande devrait accroître ses exportations de 28 pour cent par rapport à 2006. Cette année-là, la part de la Chine sur le marché mondial des produits dérivés du manioc était de plus de 90 pour cent et ce pays devrait rester la principale destination des échanges en 2007. La suspension, annoncée au début de l’année, de l'ouverture de nouvelles usines de production d’éthanol à base de céréales en Chine a ouvert la voie à des importations à grande échelle de cossettes de manioc devant servir comme matières premières dans l’industrie des biocarburants du pays. Le recul de l’UE sur le marché des importations, autrefois la principale destination des expéditions internationales de manioc, montre des signes d’apaisement. Des sources industrielles thaïlandaises se préparent à expédier près d’un million de tonnes d’agglomérés à destination des États membres cette année, soit trois fois plus que le volume livré en 2006, ce qui s’expliquerait par la compétitivité accrue des prix des aliments pour animaux à base de manioc par rapport aux céréales fourragères de production intérieure. Pour ce qui est de la fécule et de la farine de manioc, la croissance des échanges ne devrait pas être aussi dynamique que prévu pour les cossettes et les agglomérés, mais resterait en hausse de 12 pour cent par rapport à l’année précédente. L’expansion des échanges de fécules reflèterait également l’avantage que le manioc devrait conserver, en termes de prix, par rapport à la fécule de maïs et de blé. Là encore, la Chine devrait être le principal acheteur, l’Indonésie et le Japon devant également s’engager dans des achats internationaux importants. Au début de l’année, la Chine a imposé un droit anti-dumping sur la fécule de pomme de terre en provenance de l’UE et prélèvera 35 pour cent sur les importations au cours des cinq prochaines années. Cette mesure pourrait favoriser des flux considérables de fécule de manioc en Chine, étant donné qu'il est aisé de remplacer un produit amylacé par un autre. Tableau 6. Exportations de manioc de la Thaïlande 1
Source: TTTA, FAO.
1 En poids de cossettes et d’agglomérés du produit.
Les applications industrielles du manioc devraient augmenter de manière marquée, en particulier en Asie, où la rapidité de la croissance économique stimule la demande en fécules et en éthanol (voir encadré). L’utilisation mondiale de manioc comme denrée alimentaire, la majeure partie étant consommée en Afrique subsaharienne et en Amérique latine sous forme de racine fraîches et de produits transformés, devrait être supérieure à celle de l’an dernier, qui s'élevait à 115 millions de tonnes. Les gains de production dans ces deux régions devraient dépasser la croissance démographique, entraînant une hausse modérée des disponibilités alimentaires par habitant. Au Brésil, la politique gouvernementale, qui exige d’inclure 10 pour cent de farine de manioc dans la farine de blé, préoccupe le secteur privé. Cette politique vise à réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations de blé et à offrir un débouché commercial aux producteurs de manioc. On s’est demandé si le secteur du manioc de ce pays pouvait satisfaire à cette demande et si cela pouvait désavantager la farine mélangée de production intérieure par rapport à la farine de blé importée. Poursuivant le même objectif, le Gouvernement nigérian a annoncé une politique similaire l’an dernier, qui implique également l’inclusion obligatoire de 10 pour cent de farine de manioc dans la production du pain et de la pâtisserie. Les meuneries qui ne respectent pas cette politique peuvent faire l’objet de sanctions, notamment la fermeture de leur activité. Les meuniers ont constitué un fonds de N$500 millions (4 millions de dollars E.-U.) visant à aider le secteur du manioc à produire une farine de qualité industrielle. Toutefois, le Nigéria a récemment abaissé le droit d’importation frappant la farine de maïs, qui est passé de 20 pour cent à 5 pour cent, ce qui soumet le secteur du manioc à davantage de pression compétitive. L’utilisation du manioc pour l’alimentation animale, sous la forme de cossettes et d’agglomérés secs, concerne essentiellement le Brésil et la Colombie (Amérique latine et Caraïbes), le Nigéria (Afrique), la Chine (Asie) et les Pays-Bas et l’Espagne (Europe). Selon les prévisions actuelles, l’utilisation mondiale dans l’alimentation animale se chiffrerait à quelque 61 millions de tonnes (en équivalent racines), soit 2 millions de tonnes de plus que l’année précédente. Cette progression reflèterait la robustesse de la demande en ingrédients d’aliments pour animaux autres que les céréales en Asie, mais également l’amélioration des perspectives concernant le manioc utilisé dans l’alimentation du bétail au sein de l’UE. |
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