SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES AU MOLDOVA

25 septembre 2007

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Faits saillants

  • La sécheresse qui a sévi en 2007 au Moldova est la plus grave de mémoire d'homme; elle représente toutefois la manifestation extrême d'une tendance à un temps plus sec qui s'est amorcée au début des années 1990.
  • La production céréalière totale est en recul de 63 pour cent par rapport à l'an dernier et se situe à environ 70 pour cent au-dessous de la moyenne des cinq dernières années. La production de blé est estimée à 464 000 tonnes, celle de maïs à 276 000 tonnes et celle d'orge à 86 000 tonnes.
  • La baisse des rendements des cultures d'hiver (principalement blé et orge de 40 et 55 pour cent respectivement) et des cultures d'été (tournesol, maïs, raisin, etc.) a eu une incidence négative sur la production totale et a entraîné une réduction considérable des recettes générées sur les terres cédées à bail et la main-d'oeuvre pour la majorité des petits exploitants, qui perçoivent habituellement des paiements en nature, sous forme de blé, de maïs ou d'huile. La production domestique tirée des jardins privés, élément essentiel de l'approvisionnement vivrier de la plupart des familles rurales (70 pour cent de la population) a aussi accusé un net recul.
  • Le manque de parcours/fourrage et la nécessité d'acheter des aliments de plus en plus chers ont contraint la majorité des ménages à vendre une partie considérable du cheptel, notamment des bovins mais aussi des porcs et des moutons.
  • La part des prêts allant au secteur agricole est relativement faible, mais des associations de petits agriculteurs et des sociétés à responsabilité limitée ont emprunté auprès de banques, d'associations d'épargne et de fournisseurs d'intrants agricoles. L'encours de la dette est de l'ordre de 30,5 millions de dollars EU pour les petits agriculteurs et associations, et dépasse 100 millions de dollars EU pour les entreprises et sociétés. À moins d'un rééchelonnement des remboursements, une mauvaise campagne agricole pourrait être suivie d'une campagne tardive ou nettement raccourcie.
  • Depuis 2001, le Moldova enregistre un déficit croissant d'animaux sur pied et de produits animaux (le déficit commercial net se montait à 40 millions de dollars EU environ en 2005). Ces dix dernières années, les échanges nets de céréales ont été positifs, sauf en 2003, année où le pays a été frappé par la sécheresse précédente (près de 10 millions de dollars EU en valeur d'importation nette).
  • Pour maintenir l'équilibre du bilan alimentaire national, les quantités de blé importées par voie commerciale, destinées notamment à la constitution de stocks d'urgence, devraient s'élever à 237 000 tonnes environ. Étant donné les dégâts plus importants causés aux cultures d'été, et en dépit de la réduction du cheptel bovin national, les importations de maïs devraient être beaucoup plus importantes et pourraient atteindre 500 000 tonnes. Une partie sera destinée à la consommation humaine, mais la plupart du maïs importé servira d'aliment pour animaux. Même si les disponibilités globables sont adéquates, les prix des denrées alimentaires resteront élevés ou augmenteront encore. Comme les budgets des ménages se ressentent déjà de la situation, il est probable que les catégories les plus pauvres de la population auront moins accès à la nourriture.
  • Parmi les mesures à prendre d'urgence figurent la fourniture d'intrants agricoles en prévision des semis d'octobre, de subventions sur les aliments pour animaux afin d'éviter toute nouvelle diminution des troupeaux, un allègement des taxes foncières et des droits d'importation sur les produits alimentaires de base, et l'élargissement des programmes d'aide sociale; ceux-ci pourraient comprendre le versement d'allocations aux groupes vulnérables, un élargissement des activités de cantine scolaire et des paiements en espèces dans le cadre de programmes de travaux publics. Compte tenu de la prévalence de l'anémie, le blé importé devrait être enrichi.
  • Les mesures à moyen terme pourraient être notamment les suivantes: reconstitution du cheptel national, amélioration de la production et de la multiplication des semences, assortiment approprié de cultures et ressources en eau pour les jardins privés et amélioration des systèmes/outils de surveillance de la sécurité alimentaire et d'alerte rapide.
  • Les mesures à long terme comprennent notamment une stratégie plus durable pour le secteur agricole, un accès plus large et moins cher au crédit et à l'assurance agricole, et notamment le recours aux instruments de gestion indicielle des risques météorologiques.

1. VUE D’ENSEMBLE

Suite à la demande adressée par le Président de la République de Moldova au Secrétaire général de l'ONU et au Directeur général de la FAO, une Mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Moldova du 13 au 22 août 2007. Elle devait évaluer l'impact de la sécheresse sur l'agriculture et l'élevage ainsi que sur la population dans son ensemble. En outre, la Mission était chargée de mettre au point des mesures de redressement immédiates et à moyen terme pour atténuer l'impact de la sécheresse. Des fonctionnaires du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation (MAFI) ont accompagné la Mission, tandis qu'un représentant de l'Union européenne (UE) s'y est joint en tant qu'observateur.

La Mission s'est longuement entretenue avec divers organismes publics concernés, en particulier le personnel du MAFI, l'Office national de statistiques (NBS), le Ministère de l'économie et du commerce, le Ministère de la protection sociale, le Département d'agro-météorologie et l'équipe nationale de lutte contre la sécheresse dirigée par le Premier Ministre adjoint. En outre, la Mission a tenu des consultations approfondies avec toutes les institutions des Nations Unies et d'autres organisations internationales et bilatérales, parmi lesquelles la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l'Union européenne (UE), le PNUD, le HCR, l'UNICEF et l'USAID. Deux ONG importantes, qui ont un bilan impressionnant, méritent d'être mentionnées spécifiquement pour l'aide qu'elles ont apporté à la Mission, à savoir l'Agence nationale pour le développement rural (ACSA) et l'Association nationale des agriculteurs.

Après des réunions d'information dans la capitale, la Mission s'est scindée en deux équipes pour couvrir le plus de districts ("raions") possibles dans les brefs délais dont elle disposait. Elle s'est rendue dans au moins 4 districts de chacune des trois régions que compte le pays, à savoir le nord, le sud et le centre. Elle s'est en outre entretenue avec les députés maires des 32 districts, qui s'étaient rassemblés dans l'un des districts centraux pour parler de la sécheresse de cette année et de son impact avec le Ministre de l'Agriculture et de l'industrie agro-alimentaire. Dans chaque district, le personnel du MAFI établit tous les ans des prévisions de récolte en trois étapes pour chaque grande culture. La méthode utilisée pour établir ces prévisions et estimations a été passée en revue dans tous les districts visités. En dépit d'une méthodologie discutable, les prévisions globales se sont révélées valables et conformes aux estimations de récolte faites par d'autres organismes et aux vérifications effectuées par la Mission sur place à l'aide des méthodes d'évaluation participative en milieu rural.

La Mission s'est rendue sur plusieurs marchés de district et s'est longuement entretenue avec de grands et petits exploitants tout au long des visites de terrain. La Mission a présenté ses conclusions préliminaires au Gouvernement et à la communauté internationale présente dans le pays avant de quitter la République de Moldova.

La sécheresse de cette année est à rapprocher de celle qui a sévi en 1946, la pire de mémoire d'homme, pendant laquelle de nombreux Moldovars sont morts de faim. La Mission a constaté que de nombreux lacs et fleuves, habituellement à pleine capacité à cette époque de l'année, étaient à sec; en certains endroits, la nappe phréatique a baissé de près de deux mètres. Les précipitations tombées depuis le début mars représentent moins de 40 pour cent de la moyenne à long terme dans l'ensemble du pays, à l'exception de trois districts du nord. Non seulement les précipitations mensuelles moyennes ont été nettement inférieures à la moyenne à long terme mais la fréquence de la pluviosité a aussi été très fluctuante. L'irrégularité et la nette insuffisance des pluies par rapport à la moyenne ont eu un effet dévastateur sur les cultures tant d'hiver que d'été.

La production céréalière de cette année est la plus basse des dix dernières années. La production céréalière totale est en recul de 63 pour cent par rapport à 2006 et se situe à environ 70 pour cent au-dessous de la moyenne des cinq dernières années. Ce total comprend quelque 464 000 tonnes de blé, 86 000 tonnes d'orge et 276 000 tonnes de maïs. Les autres cultures importantes sont notamment le vignoble, le tournesol, la betterave à sucre, les fruits et les légumes.

 

 Remerciements

La Mission souhaiterait remercier tous les membres de l'Administration de la République de Moldova, plus particulièrement Mme Graceani, Vice-Premier Ministre, ainsi que les membres de la Commission nationale de lutte contre la sécheresse, M. Anatoly Gorodenco, Ministre de l'Agriculture et M. Spivacenco, Vice-Ministre et leur personnel dévoué.

La Mission tient à exprimer sa gratitude aux membres des institutions des Nations Unies présentes à Chisinau, tout particulièrement à Mme Kaarina Immonen, Coordonnateur résident des Nations Unies, ainsi qu'aux nombreux représentants des institutions nationales, organismes donateurs et ONG qui ont aidé l'équipe de multiples manières.

La Mission souhaite aussi exprimer sa reconnaissace aux nombreux agriculteurs et autres personnes qui lui ont fait part de leurs connaissances et de leur expérience lors des entretiens.

 

Le présent rapport a été établi par Aziz Arya, Henri Josserand, Asif Niazi et Gerard Rebello sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations, le cas échéant.

Henri Josserand
Chef, SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél: [email protected]
Naila Sabra
Directeur régional, ODC, PAM
Télécopie: 00202 25282735
Mél:[email protected]

Veuillez noter qu'il est possible d'obtenir le présent Rapport spécial sur le site Internet de la FAO à l'adresse suivante: http://www.fao.org/giews/

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