SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION
ET L'AGRICULTURE DE LA FAO PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT   SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES
ET DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
AU YÉMEN

09 décembre 2009

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Faits saillants


  • En 2009, l’insuffisance des pluies saisonnières a affecté la production céréalière non irriguée dans certaines régions du Yémen.

  • La production céréalière totale de 2009, estimée à 706 000 tonnes, est légèrement inférieure au niveau de l’année précédente, mais en recul d’environ 24 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de 2007.

  • La production céréalière nationale par habitant, qui stagne depuis une décennie, est d'environ 30 kg par an et couvre en moyenne seulement un cinquième des besoins du pays.

  • Comme les importations céréalières couvrent 80 pour cent des besoins de consommation (jusqu’à 90 pour cent pour le blé et 100 pour cent pour le riz), la récente flambée des prix internationaux des denrées alimentaires a fortement
    influé sur les prix intérieurs. Par exemple, en avril 2008, les prix du blé ont culminé à 6 400 YER par sac de 50 kg, plus du double du niveau de l'année précédente.

  • Bien que les prix céréaliers aient reflué par rapport à leur pics, ils sont toujours plus élevés que ceux observés en 2005/06 avant la crise.

  • En 2010, tous les besoins d’importations céréalières, estimés à environ 3,2 millions de tonnes (principalement du blé et de la farine de blé), devraient être couverts par voie commerciale.

  • Quelque 2 millions de personnes, dont des victimes de conflits, des réfugiés ainsi que d’autres personnes vulnérables, risquent selon les estimations de voir leur insécurité alimentaire s’aggraver et devront bénéficier d’une assistance alimentaire ciblée, estimée à environ 100 000 tonnes en 2010.


1. APERÇU GÉNÉRAL

Du 3 au 17 octobre 2009, une Mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire s’est rendue au Yémen pour estimer la production céréalière de la campagne principale de 2009 et évaluer les disponibilités alimentaires globales pour l’année commerciale 2010 (janvier-décembre). Deux experts du Département de la coopération technique de la Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation (TCES) ont participé à la Mission. Ils ont élaboré des projets de rétablissement agricole d’urgence, en vue de les intégrer au Plan humanitaire d’urgence 2010 pour le Yémen.

À Sana’a, la Mission a rencontré diverses institutions nationales et internationales pour débattre de la situation actuelle de l’agriculture et de la sécurité alimentaire et des perspectives en la matière. Elle a en outre collecté les dernières informations disponibles sur l’agriculture, le commerce, les politiques menées, les prix et l’aide humanitaire. Sur une période de 8 jours, la Mission s’est rendue aux gouvernorats d'Al Hudaydah, de Sana’a, de Dhamar, d’Ibb et de Taizz. Ces derniers représentent quelque 55 pour cent des terres agricoles nationales, qui produisent environ 60 pour cent des céréales à l’échelle nationale.

Au cours du travail de terrain, la Mission a interrogé des représentants du gouvernement, des chefs de communauté rurale et d’autres intervenants importants, ainsi que des commerçants, des agriculteurs et des ménages ruraux défavorisés. Elle a inspecté les récoltes sur pied et celles récemment récoltées. Elle a également recueilli des informations sur différents aspects de la sécurité alimentaire des ménages et des principaux systèmes de subsistance. Elle a examiné l’évolution des prix locaux des principales cultures vivrières et commerciales, les possibilités de production et de création de revenus, ainsi que les conséquences des mauvaises conditions climatiques sur la production agricole et l’élevage. Dans les gouvernorats où elle s’est rendue, la Mission a bénéficié d’un soutien fort des autorités locales et du personnel technique.

La saison agricole de 2009 a été marquée par des précipitations irrégulières (début tardif avec quelques périodes sèches), même si, au total, les pluies saisonnières ont évolué autour de la moyenne, voire légèrement au-dessus, dans la plupart des régions. Des récoltes désastreuses ont été enregistrées dans certaines régions, tandis que dans quelques autres, les rendements étaient moindres qu’attendu.

Après avoir examiné en profondeur tous les facteurs pertinents, et en se basant sur des données et informations disponibles plutôt limitées, la Mission a estimé que la récolte céréalière de 2009 serait d’environ 706 000 tonnes, soit une légère baisse par rapport à la récolte de 2008, mais un recul de près de 24 pour cent par rapport à celle exceptionnelle de 2007.

Les précipitations de septembre-octobre ont été bénéfiques pour le pâturage et l’eau potable destinés au bétail. Les courbes profils des Indices différentiels normalisés de végétation (NDVI) du Yémen indiquent qu’en 2009 le couvert végétal s’améliorait dans la plupart des gouvernorats par rapport à leur situation en 2008 et par rapport aux moyennes à long terme de 1999-2008. Les données satellite sont également confirmées par les observations réalisées sur le terrain par la Mission et les échanges avec les agriculteurs, les éleveurs nomades et les négociants en bétail. Les conditions de vie du bétail étaient généralement bonnes, surtout dans le gouvernorat de l’Hadramaut où l’humidité résiduelle des sols, due aux inondations de l’année précédente, a amélioré l’accès aux pâturages.

Pour 2010 (janvier-décembre), on estime les besoins d’importation céréalière à environ 3,2 millions de tonnes, dont 2,48 millions de tonnes de blé, 383 000 tonnes de riz et quelque 330 000 tonnes de maïs. Ce volume devrait être entièrement couvert par les importations commerciales. Habituellement, 90 pour cent des besoins en blé et 100 pour cent de ceux en riz sont couverts par les importations.

Les prix élevés pratiqués pendant la plus grande partie de 2008 ont aggravé la sécurité alimentaire des ménages défavorisés, qui souffraient déjà d’une insécurité alimentaire allant de modérée à sévère. Les ménages souffrent souvent d’insécurité alimentaire chronique, et les taux de malnutrition sont parmi les pires dans le monde. La malnutrition des enfants est particulièrement préoccupante: la prévalence d’insuffisance pondérale et de retard de croissance chez les enfants est très marquée, et celle d'enfants émaciés est élevée. La reprise du conflit entre un groupe local et le gouvernement a aggravé la situation, provoquant de nouveaux déplacements pour de larges segments de la population, en particulier dans le gouvernorat de Sa'dah.

Quelque 2 millions de personnes, dont des victimes de conflits, des réfugiés ainsi que d’autres personnes vulnérables, risquent selon les estimations de voir leur insécurité alimentaire s’aggraver et devront bénéficier d’une assistance alimentaire ciblée, estimée à environ 100 000 tonnes en 2010.

L’année prochaine, un approvisionnement d’urgence en semences sera nécessaire pour soutenir les agriculteurs. S’agissant de l’élevage, une aide d’urgence devra être apportée pour fournir des aliments pour animaux aux propriétaires de petits troupeaux, une attention particulière étant accordée aux personnes déplacées (PDI) de Sa’dah. À moyen et long terme, il convient d’envisager l’élaboration d’une stratégie de gestion de l’eau (qui prendrait également en compte des alternatives adéquates pour la production de qat) et la mise en place d'un système d'informations sur les disponibilités alimentaires.

 


 

Le présent rapport a été établi par Mario Zappacosta, Tayeb El Hassani et Jan Delbaere sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d’informations officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser aux soussignés pour un complément d’informations le cas échéant.

Henri Josserand
Directeur adjoint
EST/SMIAR, FAO
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél: [email protected]
Daly Belgasmi
Directeur régional pour le Moyen-Orient,
Asie centrale et Europe de l’Est, PAM
Télécopie : 0020-2-528-1735
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