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Aménagement des parterres de coupes

Nous n'envisageons pas le cas des coupes de bois d'oeuvre.

Obligations légales

Un décret forestier daté de 1949, complété et adapté par le Comité Spécial du Katanga qui gérait la province du Shaba, comportait des mesures spéciales qui stipulaient que l'exploitant était tenu de procéder aux feux hâtifs dirigés dans ses coupes qu'elles soient en exploitation ou déjà terminées, ainsi que rassembler et incinérer les rémanents, écorces, etc., non récupérables. La coupe était généralement nettoyée en incinérant les rémanents rassemblés en lignes parallèles ou déposés au pied des termitières (Schmitz, 1969).

Les grandes coupes de bois de chauffage pratiquées par les Européens étaient régies par le décret forestier de 1949 et donc soumises à contrôle par l'administration forestière, tandis que les chantiers de carbonisation exploités par les autochtones étaient soumis au droit coutumier qui échappait à l'administration forestière. Malgré cela, les coupes de bois de feu étaient rarement nettoyées et incinérées comme le stipulait la loi forestière.

Ensemencement des coupes de bois de chauffage

Une coupe de bois de chauffage fraîchement terminée et occupant un sol d'assez bonne qualité a été aménagée aux environs de Lubumbashi (S.-E. du Zaïre) (Schmitz et Herinckx, 1969). Le titulaire du permis d'exploitation n'ayant pas rempli ses obligations, il a fallu 14 jours/ha pour nettoyer la parcelle et incinérer les rémanents en fin de saison sèche.

Après les premières pluies continues, un mélange de semences d'eucalyptus a été semé sur les placeaux de brûlis dont la superficie totale couvrait près de 10 pour cent du terrain. Le semis a parfaitement réussi et, après 9 ans, le couvert des arbres correspondait à près de 50 pour cent de la surface totale. Entre les bosquets ainsi créés, le sol s'est couvert de hautes herbes (qui brûlent au hasard des feux sauvages) ainsi que par quelques rejets de souches et semis d'essences locales dépassant rarement 3 m de hauteur.

Malgré leur isolement, les groupes d'eucalyptus sont parfaitement droits et les feux successifs ont nettoyé les troncs de leurs branches inférieures sur une hauteur d'une dizaine de mètres. La hauteur totale des arbres atteint de 20 à 28 m. Une aire de brûlis de 2 x 15 m porte 15 tiges de 20 à 110 cm de circonférence à 1,50 m du sol et les souches de 7 arbres de moins de 40 cm de tour à leur base et de 18 autres de plus de 40 cm. Un autre placeau mesure 1,50 x 8 m et porte, à 9 ans, 4 arbres de 51, 56, 75 et 77 cm de circonférence respectivement à hauteur d'homme tandis que 17 autres furent prélevés, qui ont laissé des souches de 15 à 40 cm de tour portant de nombreux rejets.

Ensemencement des chantiers de carbonisation

Laissées à elles-mêmes, les aires de carbonisation se couvrent d'une végétation rudérale de hautes herbes et d'arbustes sans valeur à l'apparence de forêts claires fortement dégradées. Elles sont parfois ensemencées en éleusine ou en courges durant la première saison pluvieuse suivant la carbonisation.

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Les semis d'eucalyptus effectués sur ces aires fraîchement libérées ont toujours donné des levées régulières et denses grâce aux avantages que présentent ces milieux particuliers, dont notamment:

* le lit d'ensemencement est composé d'un mélange intime de terre pulvérulente, de menus charbons et de cendres. Ce substrat poreux retient bien l'eau quoique sans excès, et s'oppose au ruissellement. Sa surface unie comporte cependant de minuscules dépressions où s'installent les semis, à l'abri des morceaux de charbon;

* le sol est désinfecté superficiellement, aéré suite à la combustion des racines et autres éléments végétaux et enrichi par les cendres;

* la destruction de la végétation, outre qu'elle élimine la concurrence, représente une entrave à la circulation des prédateurs tels que sauterelles, limaces, termites, etc. (Schmitz, 1969);

Simultanément, le parterre est nettoyé de tout ce qu'il porte encore de matériaux ligneux de gros diamètre, tandis que des branches sont regroupées le long des troncs ou au pied des termitières comme dans la cas des coupes de bois de chauffage. On peut ainsi préparer des lits de semences après incinération de ces matériaux entre les aires de carbonisation. Celles-ci, selon la dimension des meules et la richesse de la forêt sont au nombre de 2 à 3 par hectare tandis que leur diamètre atteint de 6 à 8 m.

Le résultat obtenu sur ces aires est spectaculaire. On y compte plusieurs centaines de plantules, parfois, au mètre carré. Lorsque le semis a été fait d'un mélange d'espèces, la plus vigoureuse s'impose rapidement. Sinon, il faut attendre un certain temps pour voir certains brins surpasser les autres et les dominer progressivement. Le feu précoce et même tardif fait peu de dégâts car l'aire ensemencée est séparée de la brousse environnante par une zone initialement enherbée mais dégagée après prélèvement des mottes de gazon devant servir à recouvrir la meule.

Dans un ancien chantier de carbonisation, aux environs de Lubumbashi, le nettoyage complet a permis d'ajouter aux aires de carbonisation de 10 à 50 petits placeaux de dimensions et formes variables.

Une nette amélioration a été apportée au système en limitant le volume des meules à 25-30 stères. Dans une forêt claire établie sur bon sol, on a ainsi obtenu, par hectare, 27 placeaux dont 10 aires de carbonisation et 17 brûlis de rémanents, d'une superficie totale de 466 m². Cinq ans après le semis d'Eucalyptus saligna, les élites mesurent 28 m de hauteur et le plus gros atteint une circonférence de 77 cm à 1,50 m du sol. Dans une plantation en plein de la même espèce âgée de 8 ans et demi, (dont 6 mois en pépinière) effectuée sur même sol, les plus beaux arbres atteignent 32 m de haut et mesurent de 75 à 85 cm de circonférence. Malgré une différence d'âge de 3 ans et demi, il semble que les performances du semis sur brûlis soient réellement supérieures à celles de la plantation. De surcroît, une sélection très poussée a lieu parmi les sujets issus de semis. Un avantage supplémentaire de ce dernier, réside dans la suppression des frais de pépinière, transport et manipulation de plants, ainsi que dans l'élimination des attaques par termites qui surviennent fréquemment à la transplantation. A noter encore que dans ce secteur ainsi aménagé, les plus beaux sujets indigènes sont une trentaine d'Albizia adianthifolia issus de graines et qui, à 10 ans, mesurent de 25 à 35 cm de circonférence et s'étalent en une large cime subhorizontale dès 3,50 m de hauteur. Les autres brins sont des rejets de souches de 2 à 3 m de hauteur seulement.

Conduite des peuplements

Dès la première saison sèche, la parcelle ensemencée est nettoyée par un brûlage précoce normal. Du fait de l'exploitation récente, le sol s'est couvert de hautes herbes mais l'incinération des tas de rémanents les a détruites sur le pourtour des brûlis ensemencés. Il en est de même autour des aires de carbonisation qui sont protégées par la zone ayant servi au prélèvement des mottes de gazon de recouvrement de la meule. Seuls les plantules de bordure peuvent être atteintes par les flammes ou la chaleur déplacée par le vent. Ce faisant, elles protègent les brins de l'intérieur des groupes. Même les feux relativement tardifs sont sans grand effet nuisible.

Si le climat le permet, on peut, dès la première saison des pluies, prélever des plantules avec motte, et les transplanter entre les bouquets de semis. Il faut alors nettoyer soigneusement les sites de transplantation afin de pouvoir recourir au brûlage hâtif comme moyen d'entretien de la parcelle. Si la saison est trop courte, ce travail peut être reporté à la saison suivante. Une telle plantation a été effectuée en intercalaire, à l'écartement de 2,50 x 2,50 m en prélevant des tiges déjà assez hautes dont il a fallu rabattre les branches feuillées. Les transplante accusent un retard de croissance d'au moins une année par rapport aux semis laissés en place et subissent en outre des attaques des termites et sauterelles. Le système n'est donc pas à conseiller lorsque le climat est aride.

Une autre technique consiste à utiliser les herbes, si elles sont hautes et abondantes, pour en faire des tas recouverts de mottes de racines retournées. On les incinère en fin de saison sèche puis on les ensemence selon le même procédé décrit plus haut. En fonction de la répartition de la végétation herbeuse, on peut ainsi créer par étapes successives et en quelques années, un peuplement couvrant toute la superficie de la parcelle.

La méthode la plus lente mais aussi la moins coûteuse consiste à attendre l'âge d'exploitabilité des arbres ensemencés et conduits en rotations courtes (6 à 10 ans). La première coupe, rase ou partielle, laissera des rémanents à regrouper et incinérer dans les espaces vides de la futaie. En cas de carbonisation, il s'ajoutera une aire de meule de loin en loin. Ces divers brûlis sont ensemencés à leur tour à moins que les arbres laissés sur pied n'assurent eux-mêmes un ensemencement latéral. Lors de chaque exploitation ultérieure, la quantité de bois prélevée augmente ainsi que celle des aires de carbonisation éventuelles et des brûlis de déchets. A leur emplacement de nouveaux semis occupent progressivement les vides jusqu'à réaliser un peuplement absolument complet. A ce stade, le façonnage des meules et le regroupement des rémanents se font à l'emplacement des premières futaies dont les souches après avoir rejeté plusieurs fois après coupe, vieillissent et demandent à être remplacées par une régénération issue de semis.

Les eucalyptus conviennent parfaitement à ce type d'aménagement. La récolte de semences est facile lors de l'exploitation des arbres car leur fructification est souvent assez précoce. On peut d'ailleurs réserver quelques sujets, dans chaque groupe, destinés a produire des bois de plus fortes dimensions et à assurer une fructification abondante. Il faudra accorder une attention particulière au choix des espèces, en tenant compte de la vocation des boisements (bois de feu, de carbonisation, de mines, perches, etc.). Il est également recommandé de tester d'autres espèces locales et/ou exotiques, dont les qualités pourraient s'avérer bonnes, et les performances satisfaisantes. Ces espèces devraient pouvoir rejeter de souche, faute de quoi l'incinération des rémanents ne pourrait plus servir à compléter par semis les vides, mais tout juste à remplacer les arbres exploités.

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Semis sur brûlis d'herbes

La technique de semis sur brûlis d'herbes, dont l'origine est autochtone (production de cultures vivrières), a été appliquée par Dubois qui a pu effectuer avec succès des reforestations à l'aide de diverses espèces issues de semis.

Nous-même l'avons utilisée, dans le Haut-Shaba. Dans une savane relativement fournie, les herbes ont été réparties en tas réguliers mesurant 1,5 m à 2 m de diamètre et 1 m de haut après recouvrement par les mottes de terre prélevées sur le pourtour et tassées. Cette opération est nécessaire pour incinérer les herbes à feu doux en fin de saison sèche et elle protège les futurs semis du feu tardif qui pourrait parcourir la parcelle, les herbes n'étant pas supprimées en totalité.

Bien que moins favorable que le brûlis de bois, la meule d'herbe qui peut porter plusieurs centaines de plantules (figure 30) alors que les dimensions du placeau suffisent à peine pour un maximum de trois arbres de moyenne grandeur n'en offre pas moins un gros avantage du point de vue sélection naturelle. Les hautes herbes entourant le groupe de plantules permettront de façonner d'autres tas à brûler et à ensemencer.

Comme pour les brûlis de bois, il se présente plusieurs possibilités d'extension du peuplement. Le premier est de répéter l'opération d'année en année, coupant et entassant les herbes entre les placeaux antérieurs. Le nombre de ces derniers augmentant sans cesse et le couvert des arbres débordant du placeau et ombrageant leur pourtour, la quantité d'herbe diminue rapidement. Mais bientôt, l'exploitation des ligneux compense ce manque d'herbe en laissant des rémanents à incinérer ou des aires de carbonisation. On peut aussi traiter par feu précoce et attendre ces exploitations pour profiter des seuls brûlis de bois. Comme dans le cas d'aménagement d'anciennes coupes de bois, une fois le peuplement fermé, les tas de rémanents et les meules éventuelles seront façonnés sur les souches les plus vieilles à régénérer. Ces diverses techniques de boisement produisent des peuplements d'âge multiple, par groupes, convenant à l'aménagement par jardinage mais sont à réserver aux essences rejetant vigoureusement de souche.


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