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Introduction

L'élevage familial joue un rôle déterminant dans les pays moyennement avancés et dans les pays en développement tant du point de vue agro-écologique que socio-économique. C'est particulièrement le cas de l'élevage des bovins (zébus, taurins) et des buffles qui apportent, en plus du lait et de la viande, la force de traction et le fumier, facteurs favorables à l'intégration bénéfique de l'agriculture et de l'élevage.

L'aliment idéal des ruminants est évidemment l'herbe verte ou le bon foin. Les parcours naturels (exploités naturellement par la faune sauvage) constituent un immense réservoir d'herbe mais il n'est utilisé que par les éleveurs transhumants autour des points d'eau, ceux des éleveurs sédentarisés qui n'en exploitent que la frange périphérique autour des campements et des villages et, enfin, les grandes exploitations de type ranch appartenant à des grands propriétaires terriens, privés ou étatiques, dans les pays développés ou moyennement avancés à faible démographie. Ce dernier type d'élevage ne touche toutefois qu'un nombre réduit d'éleveurs.

Dans les zones intertropicales et méditerranéennes, l'herbe fait souvent défaut, soit pour des raisons climatiques, soit pour des raisons démographiques, particulièrement en Asie du Sud-Est. La priorité étant de produire des cultures vivrières pour l'alimentation humaine, les surfaces exploitées en herbe sont de plus en plus réduites au profit des surfaces cultivées. En dehors des systèmes fourragers "développés" qui n'affectent que le tiers de la population bovine mondiale, les ruminants domestiques ont donc de plus en plus recours aux ressources fourragères de qualité médiocre que constituent, pendant la saison sèche, les résidus des cultures vivrières (pailles de céréales à petits grains dont le riz représente la majeure partie, tiges de sorgho, de mil, de maïs), les fourrages naturels sur pied, au stade paille et les ligneux. Il est à noter que certains agro-éleveurs ramassent les pailles de brousse par simple ratissage (photo 1) pour assurer la "soudure" avant la saison des pluies.

Photo 1: récolte de pailles de brousse (Schoenefeldia gracilis et Cenchrus biflorus, cram-cram) en fin de saison sèche en Mauritanie. Photo. Chenost.

Grâce à leur panse, ou rumen, véritable fermenteur naturel, les ruminants sont toutefois, contrairement aux autres espèces domestiques, les seuls capables de tirer parti de ces ressources de qualité médiocre.

Les connaissances acquises ces vingt dernières années dans le domaine de la physiologie de la nutrition chez le ruminant ainsi que la mise au point de nouvelles techniques (traitements) permettent d'améliorer la valeur alimentaire des fourrages pauvres comme les pailles et leur valorisation par les bovins et par les petits ruminants.

Beaucoup de choses ont été écrites sur ce sujet mais il s'agit surtout de publications scientifiques. Les articles de développement sont eux aussi nombreux mais épars et il n'existe que très peu d'ouvrages faisant une synthèse exhaustive sur les pailles et les fourrages pauvres.

L'objectif de ce document est de mettre dans les mains des décideurs et surtout des agents de terrain et des enseignants, non pas des recettes souvent mal utilisées car sorties de leur contexte scientifique et pratique, mais des éléments de réflexion et des outils leur permettant de faire les choix et de prendre les décisions techniques appropriées, en toute connaissance de cause en faisant en permanence l'aller-retour entre les connaissances de base et la mise en place concrète de techniques dont on sait qu'elles ont déjà fait leurs preuves.

Nous nous sommes appuyés pour cela sur

· les publications existantes, dont nous avons essayé de tirer l'essentiel,
· les expériences que nous avons vécues dans le cadre de projets de développement (formation/vulgarisation) dans diverses régions agroclimatiques du monde et dans divers systèmes de production animale et dont nous voulons apporter les témoignages des succès, mais aussi des échecs.

Le dénominateur commun est la valorisation des résidus de culture, essentiellement les pailles, et des fourrages naturels récoltés comme ressources fourragères, permettant de passer la saison sèche et, si possible, d'espérer une production minimum (viande, lait, travail) des animaux qui les consomment.

Qu'il s'agisse des pailles de riz des hauts plateaux Malgaches, des périmètres irrigués par les fleuves Sénégal ou Niger ou encore des plaines du Cambodge, du Viêt-nam ou du Laos, des pailles d'avoine de l'altiplano en Bolivie, des pailles d'orge et de blé du Maghreb ou du Proche-Orient, des fourrages naturels de brousse récoltés au râteau dans le Sahel ou encore des tiges de maïs soigneusement transportées depuis le plateau Masaï jusque dans des villages producteurs de café sur les pentes du Kilimandjaro, les questions sont toujours les mêmes:

· Comment valoriser les pailles, les tiges de céréales ou les fourrages naturels de façon à mieux en exprimer la valeur nutritive pour améliorer la production des animaux?

· Comment complémenter ces fourrages pauvres avec les ressources dont on dispose et en faisant le moins possible appel à des produits extérieurs, chers et difficiles à trouver?

· Faut-il les traiter et, si oui, par quelle technique et selon quelles modalités compatibles avec le contexte socio-économique des éleveurs, des transhumants ou des agro-pasteurs. Comment les utiliser de façon à ne pas perdre le bénéfice du traitement?


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