C 2001/INF/6


Conférence

Trente et unième session

Rome, 2 - 13 novembre 2001

PRIX B.R. SEN (2000 et 2001)

 

1. Le Prix B.R. Sen, institué par la Résolution 33/67 prise par la Conférence à sa quatorzième session, est une manifestation permanente. Décerné chaque année, il est lié au nom de l'ancien Directeur général, M. B.R. Sen, et s'inspire des objectifs auxquels ce dernier s'est consacré. Il peut être attribué à tout expert qui, pendant l'année correspondante, a occupé un poste sur le terrain dans l'un des programmes exécutés par la FAO. Le lauréat/la lauréate doit totaliser au minimum deux années de service ininterrompu sur le terrain et avoir apporté une contribution exceptionnelle au développement du pays ou du groupe de pays auquel il (elle) était affecté(e). Cette contribution doit être clairement assimilable aux tâches confiées à l'intéressé(e): innovations techniques dans les domaines de l'agriculture, des pêches ou des forêts, améliorations institutionnelles ou administratives, découverte de nouvelles ressources à la suite de prospections ou d'autres types de recherches, création de centres de formation et de recherche.

2. Le prix consiste en:

  1. une médaille portant le nom du lauréat;
  2. un parchemin décrivant ses réalisations;
  3. une somme de 5 000 dollars;
  4. un voyage aller et retour à Rome pour le lauréat et son conjoint.

Désignation des lauréats

3. Le Comité du Prix B.R. Sen, présidé par le Directeur général adjoint de la FAO et composé de tous les Sous-directeurs généraux des départements du Siège, du Directeur de la Division des opérations de terrain et du Directeur de la Division du personnel, établit une liste restreinte à partir des candidatures soumises par les représentants régionaux, les représentants de la FAO et les chefs des départements. C'est le Directeur général qui désigne les lauréats, de concert avec le Président indépendant du Conseil, le Président du Comité du Programme et le Président du Comité financier, à partir de la liste restreinte établie par le Comité du Prix B.R. Sen et après avoir consulté le gouvernement des pays où les candidats sont ou ont été affectés.

Remise des prix

4. Les prix sont remis par le Président de la Conférence lors d'une cérémonie spéciale qui a lieu la première semaine de chaque session ordinaire de la Conférence de la FAO. La cérémonie qui aura lieu lors de la trentième session de la Conférence est destinée à récompenser les lauréats du prix B.R. Sen pour 2000 et 2001.

5. Pour 2000, le lauréat est M. Jean Prosper Koyo (République du Congo). Le lauréat pour 2001 est M. Menachem Lourie (Israël). On trouvera ci-après de brèves notices sur les deux lauréats et sur leurs activités.

M. Jean Prosper Koyo

1. M. Jean Prosper Koyo est né le 14 juin 1948 au Congo-Brazzaville. Il est titulaire d'un diplôme d'agriculture subtropicale et tropicale décerné par l'Institut Supérieur d'Etat de Huy en Belgique, de sciences agronomiques et forestières (Ingénieur agronome et des Eaux et Forêts) décerné par la "Faculté des Sciences Agronomiques de Louvain" en Belgique, et un doctorat en phytogénétique et amélioration du matériel végétal décerné par l'Université de Paris-Sud Orsay (France).

2. M. Koyo a acquis une expérience approfondie du développement agricole et forestier, et de l'amélioration phytogénétique au cours de 25 années de carrière professionnelle, dont 20 années de recherche et d'enseignement, notamment au niveau universitaire (Faculté des Sciences Agronomiques de Louvain en Belgique, et à l'Institut de Développement Rural à Brazzaville). Il a occupé différents postes à des niveaux de direction techniques, consultatifs et institutionnels dans plusieurs ministères du Gouvernement congolais (Agriculture, Forêts, etc.). Les activités qu'il a mené incluent notamment la recherche sur l'amélioration phytogénétique, la sélection végétale, les systèmes agroforestiers, l'amélioration de la fertilité des sols, l'amélioration des techniques de pépinières et de plantations forestières dans les zones tropicales, l'évaluation et la gestion des ressources forestières. Il a aussi formulé et appliqué de nombreux programmes de recherche et développement et de projets dans l'agriculture et la foresterie, et a participé au niveau de fonctionnaire supérieur, à l'élaboration de politiques nationales pour l'agriculture et l'environnement. M. Koyo a aussi fait partie de nombreuses associations professionnelles et scientifiques et a présidé plusieurs conseils d'administration des entreprises agricoles semi-publiques.

3. Après 15 ans d'expérience professionnelle en tant que chercheur à Brazzaville et maître de conférences à l'Université de Brazzaville et à la Faculté d'agronomie de Louvain (Belgique), M. Koyo est entré à la FAO en 1989 en tant que Conseiller technique principal au Burundi pour le projet BDI/87/007 "Formation forestière et agroforestière à l'Institut Technique Agricole du Burundi", financé par le PNUD. Au cours des 38 mois de son affectation, M. Koyo a travaillé avec les autorités nationales et les fonctionnaires techniques afin de mettre au point des techniques agroforestières rationnelles en effectuant des essais sur l'exploitation, et a dispensé un enseignement et une formation à des étudiants et des agriculteurs sur les systèmes agroforestiers intégrés visant à améliorer la production agricole et à protéger l'environnement.

4. En septembre 1992, alors qu'il était sur le point de quitter le Burundi pour Thiès (Sénégal) en tant que conseiller technique principal du projet PREVINOBA de la FAO, il a été nommé Ministre de son pays. Au cours des cinq années qui ont suivi, M. Koyo a été successivement Ministre des eaux et forêts, Ministre de la fonction publique et des réformes administratives et Ministre de l'agriculture, de l'élevage et des eaux et forêts. Dans cette fonction, M. Koyo a joué un rôle déterminant dans les récentes réalisations et initiatives concernant la conservation, la gestion et la mise en valeur durables des forêts du bassin du Congo. Il a été, en particulier, au tout premier rang pour lancer et appuyer ce que l'on appelé la Conférence sur les Ecosystèmes Forestiers Denses Humides de l'Afrique Centrale (CEFDHAC) qui est devenue un mécanisme ministériel permanent de consultation et de coopération.

5. Alors qu'il apportait une contribution déterminante au développement de son pays et s'attachait résolument à la promotion de la conservation et de la gestion durable des forêts, l'évolution de la situation politique au Congo en 1997 l'a obligé à prendre ses distances avec les événements nationaux.

6. En mai 1999 M. Koyo est revenu à la FAO en tant que conseiller technique principal au Burundi pour le projet BDI/96/001 "Appui à la restauration et à la gestion de l'environnement au Burundi" financé par le PNUD. Au cours des 27 mois de son affectation il a travaillé avec les autorités nationales, les fonctionnaires techniques, les paysans et les ONG au renforcement des capacités nationales en matière de planification et de gestion de l'environnement, à la promotion de la gestion intégrée des bassins versants et de l'agriculture dans les basses terres ainsi qu'à la gestion participative des ressources forestières. Dans ce domaine, il a appuyé les techniques de plantation conçues pour être efficaces et faciles à utiliser, la sélection et l'utilisation d'essences polyvalentes appropriées. Le projet, sous ses directives, a aussi développé l'utilisation de la technologie du Système d'information géographique (SIG), qui a commencé à fournir des informations et des représentations sur de nombreux aspects concrets allant de la conservation des ressources, au suivi des camps de réfugiés et à la planification des centres de santé.

7. Au cours de la mise en œuvre des activités du projet, M. Koyo a agi dans un climat de dialogue et de coopération avec les autorités nationales, les paysans, les ONG et les collègues professionnels. Il s'est efforcé de mettre en place une équipe et de promouvoir en particulier la formation dans l'objectif de développer de manière efficace les capacités nationales afin d'assurer la durabilité après la fin du projet.

8. Toute cette expérience et les résultats qui y sont liés sont documentés dans plusieurs publications et documents de travail scientifiques, signés ou co-signés par M. Koyo, qui ont été largement diffusés .

9. Entre juillet 2000 et juillet 2001, M. Jean Prosper KOYO a rempli les fonctions de Représentant par interim de la FAO au Burundi.

M. Menachem Lourie

1. La formation universitaire de M. Menachem Lourie est orientée sur la géographie et la planification. Il a tout d'abord obtenu un diplôme de sciences politiques et de géographie humaine décerné par la Hebrew University de Jérusalem, suivi par une maîtrise de planification régionale. Il a ensuite entrepris des études de troisième cycle sur la planification globale du développement rural, la planification sociale et la gestion.

2. La carrière brillante de M. Lourie, avec plus de 35 années d'expérience professionnelle, a été axée sur les projets de développement rural, au début principalement en Israël, mais par la suite et de façon intermittente, avec la FAO en Thaïlande, aux Philippines, au Paraguay, au Sri Lanka et au bureau régional de Bangkok. Il a acquis une expérience approfondie au cours d'affectations avec des responsabilités croissantes, couvrant la planification des établissements, le développement institutionnel et le développement rural en général.

3. M. Lourie a travaillé pour la première fois avec la FAO en 1975 en tant que chargé de la planification des établissements et du développement rural intégré au bureau régional de Bangkok. Il a aidé une équipe dans la planification de projets et d'ateliers d'action sur le terrain pour la mise en valeur des petites exploitations agricoles au Laos, en Thaïlande, au Philippines, au Bangladesh et au Népal. Ensuite et jusque dans les années 80, il a rempli des missions de responsabilité et de rang croissants dans des projets FAO.

4. En 1976-77 il a participé en tant que conseiller à l'élaboration de projets de développement rural à Leyte avec le Département de la réforme agraire aux Philippines. Cette activité s'est avérée être le début des relations durables qui se sont établies jusqu'à ce jour.

5. En 1978, M Lourie a été nommé chef d'équipe et expert en établissements ruraux et agricoles dans un projet de développement TCP (Programme de coopération technique) de la FAO alors qu'il dirigeait l'élaboration d'un plan d'établissement avec le National Economic and Social Development Board en Thaïlande. A la suite de quoi il a apporté son concours pendant deux ans en tant que gestionnaire de projets pour l'Equipe opérationnelle interinstitutions sur le développement rural (Nations Unies), administrée par la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP), avec la participation de la FAO, et pour le National Council on Integrated Area Development aux Philippines. Au cours des deux années suivantes, il a rempli une tâche analogue en Thaïlande auprès du Ministère de l'intérieur. A la fin des années 80, les activités de M. Lourie l'ont ramené en Thaïlande puis à Sri Lanka en tant que conseiller principal pour les projets et la planification des établissements pour le projet "Appui technique à la réforme agraire et au développement rural" financé par la FAO/PNUD.

6. Depuis 1995, M. Lourie a travaillé en tant que conseiller technique principal pour des projets successifs de la FAO apportant un soutien aux réformes agraires aux Philippines. Sous les directives techniques de M. Lourie, le projet de fonds fiduciaire de la FAO pour les communautés touchées par la réforme agraire durable - soutien technique à la réforme agraire et au développement rural a été et continue d'être un projet très pertinent, efficace et à forte incidence qui appuie l'application du Programme de réforme agraire global aux Philippines.

7. Les connaissances approfondies et la large expérience de M. Lourie dans l'exécution de projets de développement rural, et son aptitude à trouver des solutions souples et pragmatiques aux problèmes, guident le projet pour remédier aux principales contraintes des bénéficiaires de la réforme agraire qui continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté rurale aux Philippines. Grâce à des approches novatrices et hautement participatives, M. Lourie a aidé à transformer le projet en un élément vital qui continue à faciliter la fourniture de services d'appui essentiels à un grand nombre de bénéficiaires de la réforme agraire, leur permettant d'accroître la productivité agricole et les revenu des ménages de manière durable.

8. L'approche de développement des systèmes agricoles, reposant sur l'expérience acquise par la FAO dans plusieurs pays et modifiée par le projet en fonction des conditions locales au niveau de la communauté touchée par la réforme agraire, est officiellement approuvée par le Département de la réforme agraire comme un instrument important pour le développement de ces communautés.

9. Les plans de développement de la communauté touchée par la réforme agraire, qui sont les principaux produits de la formation en six étapes au développement des systèmes agricoles, ont fourni une base solide aux communautés agraires et aux unités administratives locales pour mobiliser des fonds sous forme de subventions locales ou reçues de l'étranger étrangère, d'emprunts importants auprès des banques internationales et d'investissements du secteur privé. A ce jour, le projet a formé et dirigé 436 équipes de développement des systèmes agricoles qui comprennent plus de 6 000 membres. Leurs plans de développement de la communauté touchée par la réforme agraire sont maintenant à différents stades d'exécution..

10. Une autre approche novatrice qui fait partie de l'approche de développement des systèmes agricoles consiste en un processus de consultation avec les habitants des barangay (village) . Les consultations d'atelier dans le barangay offre une tribune efficace où les habitants peuvent participer, de manière ouverte et large, à l'identification des principales contraintes et donner à celles-ci un ordre de priorité. A ce jour, des consultations ont été menées dans 801 villages avec la participation de plus de 66 000 villageois. Les résultats de ces consultations sont des points d'entrée importants pour les plans et les interventions de développement répondant vraiment aux besoins de la communauté touchée par la réforme agraire. Les informations considérables ainsi obtenues ont également fourni des données précieuses sur les communautés agraires qui permettent de planifier et d'affecter les ressources avec efficacité.

11. Le projet a également mis au point une autre approche novatrice visant à relier les petits exploitants aux marchés offrant des prix compétitifs. Le rapprochement de l'offre et de la demande où les agriculteurs influents et les gestionnaires de coopérative tiennent des discussions directes avec notamment les transformateurs de denrées alimentaires, les exportateurs et les responsables de l'approvisionnement des hôtels et restaurants et des entreprises de mouture d'aliments pour animaux, permet aux petits exploitants de conclure des accords commerciaux viables et mutuellement bénéfiques. L'approche encourage aussi le secteur privé à traiter directement avec les agriculteurs et à fournir l'assistance technique et financière nécessaires aux bénéficiaires de la réforme agraire et à investir dans des installations après récolte. Compte tenu de son efficacité, cette approche est aujourd'hui institutionnalisée dans le cadre de développement du Département pour la réforme agraire comme l'une de ses stratégies clés pour améliorer la productivité agricole et augmenter les revenus en renforçant la compétitivité des bénéficiaires de la réforme agraire.

12. Grâce à la synergie de ces approches très concluantes et novatrices, le projet de la FAO a progressé et il est aujourd'hui devenu le point focal pour l'affectation et l'utilisation plus rationnelles des ressources d'autres projets du Département pour la réforme agraire bénéficiant d'une aide étrangère. Il s'agit notamment de projets financés par la Banque mondiale, le Fonds de coopération économique avec l'étranger (OECF) du Japon, le PNUD et la Banque africaine de développement (BAD). Un fonds fiduciaire unilatéral est aussi devenu opérationnel et fournit au projet FAO des financements importants provenant des recettes d'un projet appuyé par la Banque mondiale. Un projet financé par le PNUD fournit un montant équivalent pour l'application des approches du projet.

13. Ce projet, sous la direction talentueuse de M. Lourie, représente la contribution de la FAO aux efforts du Gouvernement des Philippines non seulement pour mettre en œuvre le programme de réforme agraire mais aussi pour prendre en compte la pauvreté, la sécurité alimentaire et le développement du secteur rural dans son ensemble.