ARC/04/3


VINGT-TROISIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE POUR L’AFRIQUE

Johannesburg (Afrique du Sud), 1er - 5 mars 2004

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL DE L’ALIMENTATION ET AU Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après: DIMENSIONS RÉGIONALES

Table des matières



I. INTRODUCTION

1. Le présent document récapitule les principales mesures prises à l’échelle régionale et sous-régionale pour appliquer le Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation (SMA). D’ici la prochaine conférence régionale, donc d’ici 2006, tous les pays devraient être à mi parcours par rapport à l’objectif du Sommet qui est de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde d’ici 2015. La Conférence régionale de 2004 offre donc une excellente occasion de procéder à une évaluation collective des progrès accomplis à ce jour. Le principal but de ce document est de souligner les besoins, les possibilités et les faiblesses propres à la région. Cet examen vise à faire le point sur les succès remportés et les difficultés rencontrées dans le cadre des programmes de lutte contre la faim en cours d’application afin d’en tirer des leçons et de solliciter des avis sur la voie à suivre à l’avenir.

2. La faim dans un monde d’abondance n’est pas seulement un scandale moral; elle représente aussi un problème à long terme d’un point de vue économique: en effet, les enfants dénutris ont des difficultés d’apprentissage (quand ils vont à l’école); les adultes sous-alimentés n’ont pas la force de travailler, tombent facilement malades et ont tendance à mourir jeunes. Le cycle de la faim se reproduit également lorsque des mères sous-alimentées donnent naissance à des bébés trop maigres, dont le potentiel mental et physique est déjà compromis. La productivité des individus et la croissance de nations entières sont gravement menacées par la faim. Il est donc dans l’intérêt de tous les pays de l’éradiquer.

3. La lutte contre la faim chronique peut devenir rapidement efficace dans les pays en développement s’il y a une volonté politique. Pour cela, la double approche, qui allie la stimulation de la croissance agricole au niveau des petits agriculteurs à des programmes ciblés visant à assurer des approvisionnements adéquats aux personnes sous-alimentées n’ayant ni les capacités de produire leurs propres aliments, ni les moyens de se les procurer, est particulièrement adaptée. Ces deux composantes se renforcent mutuellement. Les programmes axés sur un accès direct et immédiat à l’alimentation créent de nouveaux débouchés pour une production en hausse, tout en augmentant le potentiel de production des personnes sous-alimentées.

II. COMPARAISON DES RÉSULTATS RÉGIONAUX PAR RAPPORT AUX OBJECTIFS DU SOMMET MONDIAL DE L’ALIMENTATION

4. Selon les dernières estimations mondiales, 798 millions de personnes souffraient de sous-alimentation en 1999-2001 dans les pays en développement, soit un recul de 19 millions seulement par rapport à 1990-92, période de référence du SMA. Depuis le Sommet, le chiffre n’a donc diminué, en moyenne, que de 2,1 millions par an. Si l’on veut atteindre l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation, il faut relever ce chiffre, très inférieur au niveau projeté, pour le porter à 26 millions de personnes par an, soit presque 12 fois le taux de réduction actuel.

5. Certains pays ont réussi à faire reculer la faim. La Chine, à elle seule, a réduit de 58 millions le nombre de personnes sous-alimentées depuis 1990-92. En Indonésie, au Vietnam, en Thaïlande, au Brésil, au Ghana et au Pérou, plus de 3 millions de personnes ont vu le spectre de la faim s’éloigner, ce qui a légèrement compensé les 75 millions de personnes supplémentaires souffrant de la faim dans 57 pays où aucun progrès n’a été enregistré. Mis à part la Chine et les six pays mentionnés précédemment, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde a augmenté de plus de 60 millions dans les pays en développement depuis la période de référence du SMA.

III. PERSPECTIVES MONDIALES EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

6. La consommation alimentaire1, mesurée en kilocaries par personne et par jour, est une variable clé que l’on utilise pour évaluer la situation alimentaire mondiale. De grands progrès ont été réalisés à l’échelle mondiale en ce qui concerne la consommation alimentaire par personne. Ainsi, la consommation alimentaire moyenne par personne devrait passer de 2 680 kcal en 1997/99 à 2 850 kcal en 2015 et à près de 3 000 kcal d’ici 2030 et dans les pays en développement, la proportion de personnes sous-alimentées pourrait être ramenée de 776 millions en 1997/99 à 610 millions en 2015 et à 440 millions en 2030.

Consommation alimentaire par habitant (kcal/personne/jour)

 

1964/66

1974/76

1984/86

1997/99

2015

2030

Pays du monde

2 358

2 435

2 655

2 803

2 940

3 050

   Pays en développement

2 054

2 152

2 450

2 681

2 850

2 980

   Afrique subsaharienne

2 058

2 079

2 057

2 195

2 360

2 540

   Proche-Orient/Afrique du Nord

2 290

2 591

2 953

3 006

3 090

3 170

   Amérique latine et Caraïbes

2 393

2 546

2 689

2 824

2 980

3 140

   Asie du Sud

2 017

1 986

2 205

2 403

2 700

2 900

   Asie de l’Est

1 957

2 105

2 559

2 921

3 060

3 190

Pays industriels

2 947

3 065

3 206

3 380

3 440

3 500

Pays en transition

3 222

3 385

3 379

2 906

3 060

3 180


Notes:

1. Pays du monde, moins pays en transition

2 261

2 341

2 589

2 795

2 930

3 050

2. Pays en développement, moins la Chine

2 104

2 197

2 381

2 549

2 740

2 900

3. Asie de l’Est, moins la Chine

1 988

2 222

2 431

2 685

2 830

2 980

4. Afrique subsaharienne, moins le Nigeria

2 037

2 076

2 057

2 052

2 230

2 420


© FAO, Agriculture mondiale: Horizon 2015/2030, p. 30.

7. D’après la dernière évaluation démographique des Nations Unies, la population mondiale, qui s’élevait à 5,9 milliards en moyenne sur la période 1997/99, devrait atteindre 7,2 milliards en 2015 et 8,3 milliards en 2030. Cette augmentation en nombre absolu correspond cependant à une baisse du taux de croissance de la population mondiale, qui a atteint le point culminant de 2,04 pour cent par an dans la seconde moitié des années 60 avant de fléchir à 1,35 pour cent par an dans la seconde moitié des années 90. Un nouveau ralentissement du taux de croissance ramènera ces chiffres à 1,1 pour cent en 2010-15 et à 0,8 pour cent en 2025-30. C’est dans les pays en développement que se produira la quasi totalité de l’augmentation d’environ 70 millions d’habitants, par an en moyenne, jusqu’en 2015.

8. Malgré la lenteur des progrès visant à réduire le nombre absolu de personnes souffrant de la faim, il ne faut pas minimiser l’amélioration considérable que traduisent les chiffres projetés. Un nombre croissant de personnes vivront dans des pays bénéficiant d’un niveau moyen à élevé de consommation alimentaire par personne. Ainsi, d’ici 2015, 81 pour cent de la population mondiale vivra dans des pays où cette consommation dépassera 2 700 kcal/personne/ jour, soit une augmentation de 61 pour cent par rapport à aujourd’hui et de 33 pour cent par rapport au milieu des années 70. Quarante huit pour cent de la population mondiale en 2015 et 53 pour cent en 2030, soit 42 pour cent de plus qu’aujourd’hui, vivront dans des pays où la consommation alimentaire dépassera 3 000 kcal/personne/jour.

9. Le nombre de pays caractérisés par un taux élevé de sous-alimentation (plus de 25 pour cent de la population) rendant nécessaires des interventions au niveau international diminuera considérablement, passant de 35 en 1997/99 à 22 en 2015 et à 5 seulement en 2030. Aucun d’entre eux ne figurera au nombre des pays les plus peuplés (plus de 100 millions d’habitants en 1997/99). Leurs populations représenteront une proportion toujours décroissante du nombre total de personnes sous-alimentées, soit 72 millions sur 440 millions de personnes en 2030, contre 250 millions de personnes sur 776 millions en 1997/99.

10. Il existe une forte corrélation entre la croissance économique et le recul de la faim bien que cela ne soit pas automatique. Mais l’on peut constater que les pays dont la croissance économique est nulle ou dont le PIB par habitant recule n’ont pas été en mesure de réduire le nombre de personnes souffrant de la faim et qu’ils ont même vu ce nombre augmenter. Plusieurs pays caractérisés par un faible niveau de consommation alimentaire et par une forte incidence de la sous-alimentation risquent de ne pas avoir un taux de croissance économique suffisant pour réduire la pauvreté de manière substantielle d’ici 2015.

11. D’après la dernière évaluation de la Banque mondiale pour la période 2000-15, la croissance devrait être lente pendant les cinq premières années de la période de projection, puis être plus soutenue durant les 10 années suivantes (2005-15); mesurée en PIB par habitant, elle devrait atteindre, en moyenne, 1,9 pour cent par an. Le taux de croissance devrait progresser dans toutes les régions et dans tous les groupes de pays (en particulier dans les pays en transition dont l’économie se redressera), à l’exception de l’Asie de l’Est.

12. Les hypothèses de croissance économique exogènes utilisées ici, associées à l’accroissement de la population, sont les principaux déterminants de la consommation alimentaire prévue, et donc également de l’incidence de la sous-alimentation.

IV. LA VOIE À SUIVRE

13. Quels sont les instruments et les mécanismes les plus efficaces pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement? Les paragraphes suivants décrivent brièvement quelques-unes des initiatives les plus récentes de la FAO:

Þ  Le Programme de lutte contre la faim repose sur une double approche pour réduire le nombre de personnes sous-alimentées de manière rapide et durable. Il s’agit d’une approche conceptuelle qui définit des domaines d’action prioritaires à l’échelon national pour atteindre l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation. Ce programme préconise l’accès à la nourriture et une aide immédiate pour les plus nécessiteux. Il définit cinq domaines d’investissement prioritaires et fournit une estimation approximative des ressources publiques supplémentaires nécessaires pour couvrir les dépenses. Il propose les principaux éléments d’un cadre politique à mettre en place pour optimiser les retombées de ces investissements en incitant le secteur privé à consentir un financement complémentaire et en donnant aux personnes sous-alimentées et démunies les moyens d’exploiter tout leur potentiel. La Déclaration du Sommet mondial de l’alimentation reconnaissait explicitement le droit de chaque être humain à une nourriture suffisante. Mais il fallait traduire ce concept dans la pratique par des directives opérationnelles. La FAO assure actuellement le secrétariat du Groupe de travail intergouvernemental pour l’élaboration d’une série de directives volontaires à l’appui de la concrétisation progressive du droit à une alimentation adéquate dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale. Une fois adoptées, ces directives devraient aider les pays membres à établir la base juridique et institutionnelle qui leur permettra d’assurer la sécurité alimentaire de tous et de définir les responsabilités qui incombent à chacun pour y parvenir. La valeur ajoutée de cette approche fondée sur un droit fondamental tient à ce qu’elle énonce les obligations et les responsabilités de toutes les parties engagées. Elle donne aux individus et aux groupes un droit de revendication vis-à-vis de l’État et des États qui œuvrent ensemble pour respecter, protéger et garantir leur accès à une alimentation adéquate. Cette approche, fondée sur un droit, permet également de mieux évaluer les mesures de politique générale qui s’imposent ou au contraire sont à éviter.

Þ  L’Alliance internationale contre la faim, issue du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, reconnaît  « le besoin urgent de consolider les efforts de tous les partenaires concernés et de former une alliance internationale contre la faim en vue de la réalisation de l’objectif du Sommet de 1996 ». Le but principal de cette alliance est de favoriser les initiatives locales et nationales visant à donner aux populations démunies et sous-alimentées les moyens de jouir d’une sécurité alimentaire durable en mobilisant la volonté politique, les connaissances techniques et les ressources financières nécessaires à cet effet.

Þ  Le Groupe d’étude sur la faim du projet Millénaire cherche à mettre sur pied un plan d’exécution qui permettra à tous les pays en développement de réduire de 400 millions le nombre de personnes sous-alimentées d’ici 2015. Ce groupe s’efforcera de recommander des programmes s’inspirant des six directives suivantes sur une période de trois ans:

V. DIMENSIONS RÉGIONALES AFRICAINES

14. Lors du Sommet mondial de l’alimentation tenu à Rome en 1996, les dirigeants mondiaux se sont engagés à assurer la sécurité alimentaire de tous et dans cette perspective, à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde d’ici 2015. La Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale2 et le Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation récapitulent les conclusions du SMA, y compris sept engagements-clés concernant les actions à entreprendre pour atteindre l’objectif du Sommet (Annexe).

15. Cette volonté politique a été encore renforcée grâce à l’inclusion de l’objectif du SMA parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement. Au cours du Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, tenu en 2002, les dirigeants internationaux ont évalué les progrès réalisés par rapport à l’objectif du premier Sommet, reconnaissant qu’ils étaient lents et qu’il faudrait intensifier les efforts pour atteindre le but fixé par le SMA d’ici 2015. Ils ont souligné qu’il était important de répondre à la fois aux besoins à court terme des populations démunies, en améliorant leur accès à la nourriture (filets de sécurité alimentaire) et aux besoins de développement à plus long terme pour assurer une sécurité alimentaire durable. De ce constat est née la double approche visant à lutter contre la faim chronique. Lors de ce Sommet, la FAO a dévoilé le Programme contre la faim qui met l’accent sur les mesures génériques à prendre par les pays pour atteindre l’objectif du SMA.

16. Le Comité de la sécurité alimentaire a été chargé de suivre l’exécution du Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation et de faire rapport à ce sujet. À cette fin, le Comité a publié plusieurs rapports évaluant la mise en œuvre des divers aspects du Plan3. Ces rapports peuvent être consultés sur le site web de la FAO (http://www.fao.org/).

17. Le présent document évalue les progrès réalisés pour atteindre l’objectif du SMA dans la région de l’Afrique; il présente les principaux obstacles, les possibilités et les mesures indispensables pour accélérer les progrès. Il débute par un bref exposé de la sous-alimentation en Afrique.

VI. LA SOUS-ALIMENTATION EN AFRIQUE

18. L’Afrique a en général peu progressé dans la lutte contre la faim chronique. On estime qu’en 1998/2000, quelque 202 millions de personnes, soit plus d’un quart de la population africaine, souffraient de sous-alimentation; le problème étant particulièrement grave dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) qui ne produisent pas suffisamment pour couvrir les besoins de leurs habitants, et n’ont pas les moyens financiers d’importer les quantités nécessaires pour combler le déficit alimentaire. Quarante trois des 86 pays à faible revenu et à déficit vivrier se situent en Afrique subsaharienne. Dans cette sous-région, la proportion de personnes sous-alimentées est restée relativement stable, passant de 35 pour cent en 1990/92 à 33 pour cent en 1998/2000. Malgré cela, le nombre absolu de personnes sous-alimentées, qui était de 168 millions en 1990/92, est passé à 194 millions en 1997/99 et, à ce rythme, atteindra 205 millions en 2015.

19. De fortes variations régionales existent. Comme l’indique le tableau 1 ci-après, depuis le début des années 90, la faim a gagné du terrain en Afrique centrale tout particulièrement, sous l’effet des troubles intérieurs en République démocratique du Congo, où le nombre de sous-alimentés a triplé. Le nombre et la proportion des personnes souffrant de la faim ont également progressé en Afrique de l’Est et en Afrique australe, du fait de la sécheresse et des troubles intérieurs. Cette situation contraste avec les progrès accomplis en Afrique de l’Ouest, notamment au Ghana et au Nigeria, où le nombre de personnes souffrant de la faim a diminué de plus de trois millions. Au cours des 30 dernières années, c’est en Afrique du Nord que l’on enregistre les progrès les plus importants. D’après les estimations de la FAO pour cette sous-région en 1998/2000, le taux de sous-alimentation était de 4 percent, contre 27 pour cent en 1969/71 et 8 pour cent en 1979/81.

20. Si l’on analyse la situation par pays, le nombre de personnes sous-alimentées a diminué dans 10 pays africains au cours des années 90. Toutefois, à la fin des années 90, plus d’un cinquième des habitants de 30 pays étaient sous-alimentés et le nombre de personnes souffrant de faim chronique dépassait 35 pour cent de la population dans 18 d’entre eux.

Tableau 1: Prévalence sous-régionale de la sous-alimentation en Afrique

NOMBRE DE PERSONNES SOUS-ALIMENTÉES

Proportion de personnes sous-alimentées sur le total de la population

1969-71

1979-81

1990-92

1999-01

1969-71

1979-81

1990-92

1999-01

Millions

Pour cent

Afrique du Nord

19,2

7,4

5,7

6,1

27

8

5

4

 

Afrique subsaharienne

91,6

125,0

165,5

198,4

35

36

35

33

Afrique centrale

10,2

14,9

22,0

47,6

30

33

35

58

Afrique de l’Est

39,6

42,5

73,2

81,4

44

35

44

39

Afrique australe

13,1

17,0

34,2

36,8

33

33

48

41

Afrique de l’Ouest

28,6

50,6

36,2

32,7

30

40

21

15


Source: FAO

21. Les résultats en Afrique subsaharienne contrastent avec ceux des autres régions en développement, où le nombre absolu et la proportion de personnes sous-alimentées dans la population ont diminué. Selon les dernières tendances, la consommation alimentaire par habitant en Afrique subsaharienne devrait progresser de 7 pour cent seulement au cours des 15 prochaines années pour s’établir à 2 360 kcal par personne et par jour, contre 2 700 kcal par personne et par jour en Asie du Sud et 3 060 kcal par personne et par jour en Asie de l’Est, et le niveau de pauvreté (sur la base de moins d’un dollar EU par jour) devrait évoluer de la même manière (Tableau 2).

Tableau 2: Indicateurs de la faim et du dénuement par région

Année

Afrique subsaharienne

Proche-Orient et Afrique du Nord

Asie du Sud

Asie de l’Est

Amérique latine et Caraïbes

Pays en développement

Consommation alimentaire par habitant (kcal/personne/jour)

1964-66

2 058

2 290

2 017

1 957

2 393

2 054

1997-99

2 195

3 006

2 403

2 921

2 824

2 681

2015

2 360

3 090

2 700

3 060

2 980

2 850

Millions de personnes sous-alimentées

1990-92

168

25

289

275

59

815

1997-99

194

32

303

193

54

776

2015

205

37

195

135

40

610

Millions de personnes démunies (moins de 1 dollar EU par jour)

1990

242

6

495

452

74

1 269

1999

300

7

490

260

77

1 134

2015

345

6

279

59

60

749


Sources: FAO et Banque mondiale

22. Il est évident que les taux de sous-alimentation en Afrique demeurent inacceptables, la faim menaçant de manière persistante le développement économique et social du continent. En outre, au rythme actuel, l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation ne pourra pas être atteint d’ici 2015. Il faut donc accélérer sensiblement le recul de la faim sur le continent.

VII. PRINCIPAUX OBSTACLES À LA RÉALISATION DE L’OBJECTIF DU SOMMET MONDIAL DE L’ALIMENTATION

23. Si l’on veut réaliser l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation en Afrique, les obstacles à surmonter sont nombreux. Les principaux sont cités ci-après:

24. L’une des conditions essentielles pour réduire la faim de manière durable est de créer un environnement politique, social et économique favorable, comme les dirigeants africains se sont engagés à le faire lors du Sommet mondial de l’alimentation en 1996. Toutefois, les nombreux conflits qui ont éclaté en Afrique au cours des dix dernières années ont beaucoup contribué à aggraver l’insécurité alimentaire et la pauvreté. Ces conflits ont non seulement engendré des crises alimentaires pour les personnes déplacées et pour d’autres populations mais ils ont aussi provoqué des dégâts à l’infrastructure et à d’autres biens, érodant ainsi les acquis du développement à long terme. La gouvernance et le prévention des conflits demeurent deux des principaux aspects de la lutte contre la faim en Afrique.

25. Depuis 2000, de nouveaux conflits ont éclaté dans certaines régions de la Côte d’Ivoire, du Liberia et du Nigeria. Aujourd’hui, malgré les efforts bilatéraux, multilatéraux et régionaux pour y mettre un terme, plusieurs régions et pays du continent, comme le Burundi, la Somalie, le Soudan, l’Ouganda, la République du Congo et la Casamance au Sénégal sont encore déchirés par des conflits armés.

26. Heureusement, certains des conflits les plus dévastateurs sur les plans humain et économique se sont apaisés au cours des dernières années ou des derniers mois, les progrès les plus notables incluant la cessation des hostilités en Sierra Leone, la signature du cessez-le-feu par l’Éthiopie et l’Érythrée en juin 2000, l’amélioration de la sécurité en Angola, la signature d’un accord de paix et l’établissement d’un gouvernement partagé entre les factions belliqueuses engagées dans le conflit de la République démocratique du Congo, même si la paix et la sécurité ne sont pas encore rétablies dans l’ensemble du pays.

27. Les élections qui ont été organisées dans plusieurs pays africains au cours des dernières années sont également encourageantes. Bien que parfois controversées, elles témoignent d’un renforcement des processus démocratiques. Des élections nationales ont ainsi eu lieu au Sénégal, au Botswana, en Éthiopie, au Ghana, au Malawi, au Mozambique, en Namibie, au Nigeria, en Sierra Leone, en Afrique du Sud et en Zambie.

28. Reconnaissant que la restauration de la stabilité, de la paix et de la sécurité sur le continent africain est une condition cruciale pour lutter efficacement contre la pauvreté et instaurer un développement durable, les dirigeants africains se sont engagés une nouvelle fois en 2001, dans la Déclaration du NEPAD sur la démocratie, la gouvernance politique et économique et la gestion des entreprises, à rechercher des solutions rapides et pacifiques aux conflits. Ils se sont également engagés à développer les capacités de l’Afrique en matière de prévention, de gestion et de résolution des conflits. Dans leur engagement, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine ont également décidé de prendre des mesures supplémentaires pour protéger les plus vulnérables (femmes, enfants, minorités ethniques et personnes handicapées) durant les conflits. De plus, dans une démarche novatrice, les dirigeants sont convenus d’établir un mécanisme d’évaluation intra-africaine dans le but de promouvoir l’adhésion à la Déclaration et la concrétisation des engagements pris.

    Catastrophes naturelles

29. Au cours des dernières années, ce ne sont pas seulement les conflits et les guerres mais aussi les catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, invasions acridiennes et maladies animales) qui ont aggravé l’insécurité alimentaire en Afrique. En 2002/2003, la grave et longue sécheresse qui a frappé l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe a détruit les cultures, ravagé le bétail et laissé des millions de personnes dans le besoin urgent de secours alimentaires. Des inondations sans précédent se sont produites au Mozambique en 2000; des cyclones et des tempêtes tropicales ont provoqué des inondations à Madagascar et détruit les cultures, décimé le bétail, endommagé les infrastructures et fait de nombreuses victimes. De fait, en Afrique subsaharienne, l’insécurité alimentaire est trop souvent due à une forte dépendance à l’égard de l’agriculture pluviale, alors que la pluviométrie est très irrégulière. Cela dit, l’impact de la sécheresse sur l’agriculture varie considérablement d’une année à l’autre et d’une zone agroécologique à l’autre.

30. Le bilan des catastrophes naturelles et des troubles intérieurs est lourd, qu’il soit mesuré en souffrances humaines ou en pertes économiques. Les pays africains sont en général tributaires de l’aide de la communauté internationale lors des crises alimentaires qu’engendrent les conflits et les catastrophes naturelles. En collaboration avec d’autres partenaires de développement, la FAO aide les pays membres à faire face à ces crises lorsqu’elles se présentent. La FAO exécute actuellement des programmes d’urgence dans plusieurs pays africains par le biais de sa Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation qui répond aux demandes d’aide émanant de pays victimes de catastrophes exceptionnelles provoquées par l’homme ou par la nature.

31. La FAO participe activement à la rédaction des appels communs inter-institutions lancés en cas de crises exigeant une intervention urgente ou prolongée. Il arrive, toutefois, que la communauté internationale réponde trop lentement aux appels d’aide alimentaire ou d’autres secours d’urgence, comme ce fut le cas récemment pour l’Éthiopie et l’Afrique australe. Les systèmes d’alerte rapide, dont l’objectif est de prévenir ou d’atténuer de manière significative les souffrances des populations victimes d’une catastrophe naturelle, perdent alors de leur efficacité. Ces dysfonctionnements ont mis en relief la nécessité de consolider les liens entre la collecte, l’analyse et la diffusion des données d’une part, et l’allocation de secours d’urgence, d’autre part. Il apparaît clairement que les modalités de la mobilisation de secours d’urgence alimentaires et autres devraient être assouplies.

    VIH /SIDA

32. Le VIH/SIDA est l’une des principales menaces pour le développement du continent. Cette maladie a un effet préjudiciable sur la vie économique et sociale de millions de personnes, en particulier en Afrique de l’Est et en Afrique australe, où le taux d’infection est l’un des plus élevés, mais aussi dans certains pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. La FAO collabore avec plusieurs pays membres pour résoudre les problèmes agricoles et nutritionnels que pose la pandémie du VIH/SIDA. La FAO continuera notamment à sensibiliser l’opinion aux aspects alimentaires et nutritionnels de l’épidémie et à coordonner les efforts visant à atténuer ses effets et à enrayer sa propagation. Elle cherche en particulier à améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire des ménages, grâce aux communications, à la formation, à la planification et à la programmation, à l’échelle nationale, locale et communautaire. Dans le domaine agricole, par exemple, elle cherche à promouvoir auprès des communautés touchées par le VIH/SIDA les cultures vivrières indigènes riches en éléments nutritifs et qui exigent peu de main-d’oeuvre.

33. Les pays africains ont mis en place de nombreux programmes de sensibilisation à divers aspects de la maladie. Depuis quelque temps, dans certains pays, des médicaments sont distribués aux personnes atteintes du VIH/SIDA, bien que leurs prix restent prohibitifs pour la grande majorité des malades. Des mesures prises récemment au niveau international (OMS, OMC, Banque mondiale et gouvernement américain) devraient permettre aux séropositifs d’avoir accès à des médicaments moins onéreux; il n’en demeure pas moins que seule une faible proportion des malades (<5 pour cent) pourra en bénéficier. Il est donc essentiel d’accorder une plus grande attention à l’amélioration de la nutrition car, en association avec les soins palliatifs qui permettent d’apporter un soulagement, ce sera le seul traitement possible pour la majorité des malades. Une bonne nutrition peut retarder le développement du VIH et aider à combattre les infections secondaires. Les malades qui ont une bonne alimentation sont en meilleur santé, plus actifs, plus productifs et souffrent moins que les autres. Il est également important de veiller à la bonne nutrition et à la sécurité alimentaire des ménages touchés par le VIH afin qu’ils puissent s’assumer à court et à long termes.

34. Si la pandémie du VIH/SIDA semble irréversible dans certains pays, d’autres, comme l’Ouganda, montrent que des programmes énergiques de sensibilisation et d’information peuvent inverser les taux d’infection. Ces programmes doivent être associés à des programmes axés sur les besoins socio-économiques des personnes déjà malades et de leur famille, y compris les orphelins du SIDA.

VIII. PRINCIPAUX CADRES DE POLITIQUES GÉNÉRALES

35. Le Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation reconnaissait que les programmes de lutte contre la faim devaient s’insérer dans un cadre adapté de politiques macro-économiques et sectorielles. Les dirigeants africains et d’autres se sont engagés à définir ou à renforcer ces politiques.

    Stratégies nationales de développement agricole et rural

36. À l’issue du Sommet mondial de l’alimentation, la FAO a élaboré des projets de documents stratégiques pour le développement agricole des pays en développement ou en transition membres de l’Organisation. Ces projets visaient à aider ces pays à compléter leur stratégie nationale axée sur la réalisation des objectifs du Sommet à l’échelle nationale. La majeure partie des pays africains ont adopté les documents de stratégie proposés et, avec le soutien de la FAO, ont organisé des ateliers d’une journée pour étudier ces stratégies, évaluer l’insécurité alimentaire à l’échelle nationale et définir les nouvelles actions nécessaires pour atteindre l’objectif du Sommet. Les principaux obstacles à l’application du Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation dans la région de l’Afrique ont été définis comme suit:

37. Depuis le Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après, la FAO participe à nouveau à la mise à jour des stratégies nationales pour le développement agricole. Les stratégies révisées devraient refléter le regain d’intérêt porté à la double approche pour faire reculer la faim. Les nouveaux projets de stratégies devraient être prêts en décembre 2003, ce qui aidera les pays à mettre en place leurs propres processus de lutte contre la sous-alimentation.

    Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté

38. Les Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, élaborés dans la majeure partie des pays africains classés dans l’AID de la Banque mondiale, constituent eux aussi un cadre important. Ces documents sont devenus la pierre angulaire des efforts de développement dans de nombreux pays africains. Ils servent également de plus en plus souvent de base à l’attribution d’une aide internationale aux pays en développement. Ces documents attachent une importance particulière aux secteurs sociaux (éducation et santé) ainsi qu’aux secteurs économiques, dont l’agriculture, secteur-clé dans la plupart des pays africains. La FAO aide à la collecte et à l’analyse des données, facilitant ainsi l’intégration de stratégies agricoles et rurales ciblées dans les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté de certains pays membres.

    Parité entre les sexes

39. La parité entre les sexes est un domaine prioritaire. À l’issue de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de 1995, la majorité des pays africains ont établi ou renforcé leurs politiques générales ou leurs cadres institutionnels en fonction de la Plate-forme d’action de Beijing. L’un des objectifs principaux de cette plate-forme était d’intégrer les questions de parité dans les politiques et les programmes nationaux et internationaux. La FAO a offert son assistance: aide technique à la formulation de politiques et de stratégies (au Ghana, par exemple); formation de planificateurs du développement aux questions de parité; et élaboration de matériels pédagogiques.

IX. PRINCIPAUX PROGRAMMES

    Programme spécial pour la sécurité alimentaire

40. Outre les mesures prises dans le domaine des politiques générales, les pays africains ont mis en œuvre de nombreux programmes et projets visant à améliorer la sécurité alimentaire. L’un d’entre eux est le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) introduit par la FAO pour tester et transférer des technologies peu coûteuses susceptibles d’accroître la productivité et les revenus des petits agriculteurs sur une base durable d’un point de vue économique et environnemental. Il s’agit surtout de réduire la variabilité de la production alimentaire d’une année à l’autre, priorité étant accordée aux pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV). Le Programme spécial pour la sécurité alimentaire appuie actuellement les efforts de 42 pays. Vingt-six pays environ bénéficient également de la Coopération Sud-Sud au titre de laquelle des accords ont été conclus avec plusieurs pays d’Asie: le Bangladesh, la Chine, l’Inde, le Myanmar, le Pakistan et le Vietnam. Jusqu’à présent, les activités du Programme sont surtout des projets pilotes de portée limitée. Dans la majorité des cas, la principale difficulté consiste à passer de la phase pilote à la phase d’expansion.

    Qualité et sécurité sanitaire des aliments

41. L’importance accordée à la qualité et à la sécurité sanitaire des aliments ne cesse de croître, tant dans le cadre des programmes de sécurité alimentaire en Afrique que dans les négociations commerciales multilatérales, comme le montre le cycle de Doha de l’OMC, où l’alimentation et l’agriculture sont en vedette. Avec l’aide de la FAO et d’autres organismes, notamment l’OMS, les pays africains prennent des mesures pour créer et consolider les systèmes nationaux de contrôle de la qualité des denrées alimentaires, et pour participer plus efficacement à l’établissement d’un système international de sécurité sanitaire des aliments ayant pour but de favoriser les échanges. Ces mesures sont les suivantes:

42. Toutefois, malgré ces activités et d’autres mesures connexes, il reste encore beaucoup à faire en Afrique pour améliorer la sécurité sanitaire des aliments. Les actions prioritaires sont les suivantes:

    Commerce international

43. Certains progrès ont été réalisés en Afrique sur le plan des politiques commerciales. En 2001 notamment, en incluant la consolidation des infrastructures et des capacités commerciales au nombre des composantes-clés du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) du NEPAD, les dirigeants africains ont à nouveau reconnu que le commerce pouvait dynamiser le développement agricole et économique en général. Depuis sa création, le PDDAA sert de tremplin à de nouveaux efforts visant à stimuler les investissements locaux et étrangers dans l’agriculture africaine.

44. Les communautés et les organisations économiques régionales sont les unités opérationnelles qui permettront d’exécuter le PDDAA. Cette décision reflète l’élan croissant du continent vers l’intégration, en dépit des nombreux problèmes opérationnels qui se présentent. Des Programmes régionaux pour la sécurité alimentaire (PRSA) sont intégrés au CAADP, pour favoriser la cohérence des efforts nationaux et sous-régionaux à l’appui de la sécurité alimentaire, sur le plan commercial notamment, grâce à l’harmonisation des politiques et des mesures relatives au commerce des produits agricoles; à la réduction des obstacles techniques au commerce; à la promotion, à la réduction et à l’harmonisation des tarifs douaniers; et à l’adoption des normes internationales du Codex Alimentarius.

45. La première session ordinaire du Sous-comité ministériel et du Comité technique pour le commerce de l’Union africaine, qui s’est tenue à Grand Baie (Maurice) en juin 2003, est une autre initiative importante pour le commerce des produits agricoles en Afrique. L’ordre du jour de la réunion reflétait les préoccupations de l’Union africaine relatives au commerce en général, et à celui des produits agricoles en particulier. Lors de cette réunion, les ministres du commerce ont adopté des positions communes sur le cycle des négociations commerciales de Doha et se sont inquiétés du non respect de diverses échéances, dont celles liées à certaines modalités des négociations sur l’agriculture. Entre autres points, la Réunion ministérielle et la Réunion préparatoire des hauts fonctionnaires ont également réfléchi à la création d’un Marché commun africain pour les produits agricoles, sur la base d’un document technique préparé par la FAO à la demande de l’Union africaine.

46. Des changements importants pour l’Afrique ont aussi eu lieu dans le contexte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis le Sommet mondial de l’alimentation. L’un des plus importants a été la quatrième Conférence ministérielle de l’OMC tenue à Doha en 2001, qui a lancé un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales. Les réunions de Doha avaient été précédées d’une reprise du dialogue sur l’agriculture et les services. La réussite de la Conférence de Doha contraste fortement avec l’échec de la réunion ministérielle de 1999 à Seattle et plus récemment, à Cancun (Mexique) en septembre 2003. Ces deux réunions ont fait ressortir des divergences marquées entre les membres de l’OMS à propos des priorités de l’ordre du jour du commerce multilatéral et des réformes du commerce des produits agricoles liées à l’accès aux marchés, à la concurrence à l’exportation, au soutien interne et à l’Initiative en faveur du coton proposée par les pays d’Afrique de l’Ouest de l’Afrique centrale.

47. Depuis le lancement du cycle de Doha, la FAO a intensifié son programme de renforcement des capacités commerciales afin que les pays membres, en particulier les pays en développement ou en transition, soient mieux informés et puissent ainsi participer efficacement aux négociations commerciales multilatérales sur un pied d’égalité avec les autres pays. Ce programme est conforme au Plan d’action du Sommet mondial de l’alimentation de 1996 qui demande à la FAO d’aider les pays en développement à comprendre les questions commerciales et à se préparer aux négociations commerciales multilatérales, dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et des forêts notamment, en leur consacrant des études, des analyses et des activités de formation.

X. SYSTÈMES D’INFORMATION SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

48. La FAO continue d’appuyer les systèmes d’alerte rapide et d’information sur l’insécurité alimentaire de plusieurs pays africains. À cette fin, elle développe les capacités techniques et institutionnelles et encourage les partenaires à mieux coordonner la collecte, l’analyse et la diffusion en temps voulu de renseignements pertinents sur l’insécurité alimentaire, de façon à mieux cibler leur action, depuis les interventions à court terme jusqu’aux programmes à moyen et long terme. Ce soutien s’élargit aujourd’hui à des entités sous-régionales comme la SADC, le CILSS et la CEDEAO. La FAO a également déployé des efforts spécifiques pour améliorer les systèmes d’alerte rapide et d’information sur la sécurité alimentaire des pays sujets à des crises complexes.

49. Le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR) permet aux décideurs et aux organismes de secours internationaux de disposer d’informations actualisées et très précises sur la production et la sécurité alimentaires dans le monde entier. Le SMIAR est aujourd’hui un réseau international qui regroupe 115 gouvernements et un grand nombre de ONG, d’organisations commerciales, d’organismes de recherche et de média. La situation des approvisionnements alimentaires en Afrique subsaharienne, comme dans d’autres régions, est suivie de près et les pénuries les plus graves sont identifiées (en fonction du suivi de l’état des cultures vivrières et de nombreux autres facteurs).

50. À l’issue du Sommet mondial de l’alimentation, l’initiative inter-institutions SICIAV (Système d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité) a été établie pour consolider les systèmes d’information sur l’insécurité alimentaire ainsi que sur la pauvreté et la vulnérabilité de groupes de populations spécifiques à l’échelle nationale et sous-nationale. La FAO a commencé à appuyer des applications pilotes du SICIAV dans plusieurs pays africains, les projets les plus récents concernant quelques pays parmi les moins avancés du groupe ACP (Burkina Faso, Kenya, Madagascar) et de petits États insulaires en développement (Comores et Cap-Vert). La dernière réunion annuelle du Groupe de travail inter-institutions sur le SICIAV s’est tenue en octobre 2003 au Kenya. Dans l’ensemble, le développement des principes et des méthodes du SICIAV, de même que le renforcement des systèmes de statistiques agricoles intégrés, exigent encore des investissements substantiels avant que ces instruments soient vraiment efficaces pour lutter contre la faim.

51. Pour plusieurs raisons, il est souvent difficile d’associer les systèmes d’alerte rapide et d’information sur la sécurité alimentaire à des interventions adaptées/opportunes. Ainsi, il arrive que les secours d’urgence ne répondent pas aux besoins d’aide alimentaire; que des difficultés à un point quelconque de la filière interrompent la distribution; que les stocks de sécurité alimentaire nationaux ne soient pas reconstitués à temps; que des contributions supplémentaires deviennent nécessaires au dernier moment; que des troubles intérieurs entravent les opérations logistiques et le déroulement des programmes de secours; ou que des secours autres que l’aide alimentaire soient difficiles à mettre en place.

XI. L’AVENIR ET LE PDDAA/NEPAD

52. Malgré les modestes avancées résultant des actions décrites précédemment et d’autres initiatives pour lutter contre la faim en Afrique, les dirigeants africains reconnaissent que des actions beaucoup plus concertées sont nécessaires pour que le secteur agricole remplisse pleinement son rôle et nourrisse la population africaine, tout en servant de fer de lance du développement économique. À cette fin, dans le contexte du NEPAD, les dirigeants ont adopté le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) afin d’orienter les investissements et les mesures prises en faveur du secteur agricole. Le PDDAA a établi trois axes d’intervention prioritaires:

53. Le PDDAA s’est fixé des objectifs spécifiques à atteindre d’ici 2015 dans chacun de ces domaines. Reconnaissant le travail immense que cela représente, les dirigeants africains se sont engagés, au sommet de Maputo, à accroître les crédits budgétaires alloués à l’agriculture de façon qu’ils représentent 10 pour cent au moins des budgets nationaux d’ici cinq ans. Ils ont demandé à leurs partenaires de développement, dont la FAO, de leur apporter une assistance technique et financière pour mettre en application le PDDAA et le NEPAD en général. À cet égard, la FAO continuera, parmi d’autres actions, à participer à la mise en œuvre du Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) et du Programme régional pour la sécurité alimentaire (PRSF), qui correspondent directement aux trois axes d’intervention du PDDAA. Depuis le sommet de Maputo de septembre 2003, la FAO aide également les pays membres africains à préparer des projets d’investissements bancables en vue d’atteindre les objectifs du PDDAA.

54. Afin de tout axer sur la sécurité alimentaire, et au minimum, de réaliser les objectifs du Sommet mondial de l’alimentation en Afrique comme ailleurs, la FAO continuera à collaborer avec les pays membres pour rendre opérationnelles les décisions prises dans le cadre du SMA et du SMA: cinq ans après. Des analyses approfondies et des délibérations fructueuses qui ont été menées dans le cadre de ces forums et d’autres forums est née l’idée de mettre en place des mécanismes d’appui. Le Programme contre la faim, le Droit à l’alimentation et l’Alliance internationale contre la faim sont issus de cette réflexion collective. La FAO et d’autres partenaires de développement aideront les pays africains à concrétiser ces concepts, de concert avec des initiatives nationales et régionales, comme le PDDAA/NEPAD.

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1 Le terme « consommation alimentaire apparente en moyenne et au niveau national » conviendrait mieux puisque les données sont en général issues de bilans de disponibilités alimentaires, et non d’enquêtes sur la consommation.

2 http://www.fao.org/DOCREP/003/W3613E/W3613E00.HTM

3 Rapports disponibles sur le site web de la FAO: www.fao.org