ARC/04/INF/8


VINGT-TROISIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE POUR L’AFRIQUE

Johannesburg (Afrique du Sud), 1er – 5 mars 2004

LE VIH/SIDA ET LA CRISE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Table des matières





“Que ce soit en termes de souffrances humaines aujourd’hui ou de perte de confiance en l’avenir, le coût du [VIH/SIDA] est tout simplement trop élevé. Nous n’avons d’autre choix que de l’affronter de face.”
M. Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU

1. Le VIH/SIDA est enfin reconnu comme une catastrophe humanitaire et reçoit à juste titre toute l’attention requise. Avec une proportion des malades sans précédent, qui dépasse maintenant 30 pour cent des adultes dans plusieurs pays de l’Afrique australe, la région se prépare à lutter contre les forces destructrices de la maladie qui s'attaquent à l’espérance de vie, à la sécurité alimentaire, aux acquis du développement et au bien-être général.

2. Le document présenté à la Conférence régionale pour l’Afrique, tenue au Caire en 2002, étudiait les effets du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire. Le document de cette année présente les actions de la FAO face à l’évolution du contexte du développement agricole telle qu’elle est modelée par l’épidémie. Ce document se compose de trois parties: la première partie fait le point sur l’épidémie de VIH/SIDA dans la région; la deuxième donne un aperçu de la portée et de l’intensité des mesures prises par la FAO à ce jour; la troisième identifie des domaines d’intervention et de suivi ultérieurs.

1. L’épidémie de VIH/SIDA

3. Le VIH/SIDA constitue aujourd’hui l’une des plus grandes menaces pour le développement et la stabilité mondiale. Depuis l’apparition de l’épidémie au début des années 80, plus de 60 millions de personnes ont contracté le virus de l’immunodéficience humaine (HIV) et plus de 20 millions sont mortes du SIDA. Près de 42 millions de personnes vivraient actuellement avec le VIH/SIDA et 5 millions d’entre elles auraient été contaminées par le HIV pendant la seule année 2002. Au cours de la même année, le SIDA a coûté la vie à plus de 3 millions de personnes, principalement de jeunes adultes soutiens de famille.

4. L’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée du monde. Sur une population totale de 711 millions d’habitants, environ 30 millions de personnes sont atteintes, plus de 15 millions ont été emportées par le SIDA et plus de 11 millions ont perdu au moins un membre de leur famille (ONUSIDA, 2003). Dans de nombreux pays, il n’est pas rare que la proportion d’adultes malades soit de 10 pour cent. Dans certaines zones de l’Afrique australe et de l’Afrique orientale, une proportion supérieure à 15 pour cent n’a rien d’exceptionnel; au Lesotho, au Swaziland, au Zimbabwe et au Botswana, le taux dépasse 30 pour cent et ne cesse de croître. La surmortalité provoquée par le SIDA a de profondes répercussions sur la composition démographique des communautés et des ménages. D’ici à 2010, 20 millions d’enfants africains de moins de 15 ans perdront l’un de leurs parents, voire les deux (ONUSIDA et OMS, 2002). Pourtant, le pire est encore à venir; jusqu’à présent, peu de pays ont pris des mesures suffisantes pour juguler la propagation de l’épidémie.

5. L’épidémie de VIH/SIDA est un phénomène à long terme qui s’étale sur plusieurs décennies en trois phases: la contamination, les décès et des conséquences plus générales (De Waal, 2003). L’épidémie s’est déclarée dans le monde il y a une trentaine d’années et l’Afrique a aujourd’hui atteint la phase des ‘conséquences’. Pour faire face à la morbidité et à la mortalité liées au VIH/SIDA, les familles appauvries par la maladie sont souvent contraintes de vendre une grande partie de leurs avoirs, ce qui amène nombre d’entre elles à sombrer dans l’indigence. Les dispositifs traditionnels de solidarité des communautés finissent par s’effondrer car de nombreux ménages ont besoin d’aide pour couvrir leurs besoins alimentaires, financiers, médicaux et les pertes de main-d’œuvre mais ne peuvent plus rembourser cette aide en nature. L’épidémie décime également les effectifs des institutions gouvernementales et non gouvernementales, entraînant une désorganisation générale de la vie sociale et économique. Dans certains pays, il meurt plus d’enseignants chaque année que l’on ne peut en former. Si rien n’est fait, cette situation risque de provoquer des catastrophes socioéconomiques d’une ampleur considérable, y compris des pénuries alimentaires généralisées et un affaiblissement de la capacité de gouvernance.

6. La crise humanitaire de 2002-03 en Afrique australe a mis en évidence la complexité des interactions entre le VIH/SIDA, la sécurité alimentaire et l’agriculture. La morbidité et la mortalité dues au VIH/SIDA, associées à la variabilité du climat, à la dégradation des sols, à une mauvaise gestion de l’eau, à des techniques agricoles mal adaptées et au manque de services de vulgarisation, ont fortement compromis la production agricole et les moyens de subsistance qui en dépendent. Le nombre d’animaux d’élevage, qui occupent une place cruciale dans les stratégies de survie des ménages vulnérables, a baissé en deçà du niveau normal dans plusieurs zones, du fait de maladies, de vols et de ventes. Les obstacles au commerce et l’insuffisance des infrastructures ont entravé le transport des excédents agricoles et réduit les débouchés, limitant ainsi les capacités de la région et des pays à parer aux pénuries alimentaires localisées. En conséquence, les communautés sont devenues plus vulnérables aux problèmes engendrés par le SIDA, comme le recul du niveau d’instruction et l’augmentation de la délinquance. Bien que la famine ait été évitée, de nombreux agriculteurs du Lesotho, du Malawi, du Mozambique, du Swaziland, de Zambie et du Zimbabwe ont beaucoup de mal à se relever, du fait de l’incidence du VIH/SIDA. Contrairement aux crises habituelles, la maladie touche plus particulièrement les adultes dans leurs années les plus productives et, pendant la longue période précédant la mort, les ménages sont souvent obligés de vendre une grande partie de leurs avoirs. Dans certaines zones, les ménages dépensent plus de 100 pour cent de leurs revenus annuels en soins médicaux. Même en dehors des situations de crise, le VIH/SIDA a des conséquences désastreuses sur les efforts de lutte contre la pauvreté et annule une grande partie des acquis du développement obtenus durant les dernières décennies. Sept millions de travailleurs africains sont décédés entre 1985 et 2000 dans les 25 pays les plus touchés et au moins un quart des adultes productifs sur le plan économique mourra probablement d’ici cinq à dix ans en Afrique australe.

7. Le VIH/SIDA est maintenant en tête des priorités de l’aide humanitaire et de l’aide au développement, que ce soit au niveau des pays ou dans le cadre d’initiatives régionales (Déclarations d’Abuja et de Maseru et cadre stratégique de la SADC, par exemple) et dans l’ensemble du système des Nations Unies. À cet égard, plusieurs mesures ont été prises: Déclaration d’engagement à l’égard du VIH/SIDA lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale (UNGASS) en 2001, nomination d’un envoyé spécial du Secrétaire général pour le VIH/SIDA en Afrique (M. Stephen Lewis) en 2001, constitution du RIACSO (Regional Inter-Agency Coordination and Support Office) en 2002, et création de la Commission du VIH/SIDA et de la gouvernance en Afrique en 2003. Un document de politique interinstitutions de 2003, intitulé ‘Organizing the UN Response to the Triple Threat of Food Insecurity, Weakened Capacity for Governance and AIDS, Particularly in Southern and Eastern Africa’, propose une approche cohérente pour l’ensemble du système des Nations Unies en matière de politiques et de programmes sur le VIH/SIDA.

8. Les secteurs agricole et rural offrent une possibilité exceptionnelle de faire régresser l’épidémie dans la majeure partie des pays africains. Dans certains pays du continent, jusqu’à 80 pour cent de la population pratique une agriculture de subsistance; l’agriculture, l’élevage et d’autres produits tirés de ressources naturelles sont les piliers de l’économie et la principale source des recettes d’exportation; l’agriculture, les forêts et la pêche constituent également des filets de sécurité indispensables. Une bonne nutrition est souvent le seul moyen dont disposent les populations rurales pour ralentir l’évolution de la maladie. L’amélioration de l’état nutritionnel des malades du VIH/SIDA peut aussi contribuer à accroître l’efficacité des médicaments auxquels seule une minorité de personnes a accès. La FAO, qui est chargée par les Nations Unies d’améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire, et de promouvoir l’agriculture et le développement rural, a donc une responsabilité majeure dans l’atténuation des conséquences de la maladie. L’Organisation a ainsi la possibilité de rechercher et de promouvoir des moyens de renforcer la sensibilisation et de prévenir la transmission du VIH dans les communautés rurales ainsi que d’utiliser le potentiel du milieu naturel (agriculture, forêts et pêche) pour mettre en place des stratégies de soins et de réduction des effets du SIDA.

2. Les actions de la FAO face à l’épidémie

9. Afin de faire face avec efficacité à l’incidence globale et à long terme du VIH/SIDA, compte tenu notamment de la menace de la maladie pour les acquis du développement et la capacité de production de nombreux pays africains, la FAO recherche de nouvelles méthodes de travail et des activités novatrices. Le changement d’orientation des approches est décrit dans le paragraphe 2.1 ci-après et les activités régionales sont présentées en détail dans le paragraphe suivant.

2.1 Incidences du VIH/SIDA sur les travaux de la FAO

10. Le VIH/SIDA n’est pas simplement un problème de santé et de sous-développement parmi tant d’autres. Il s’agit d’une maladie particulière en raison de son incidence dévastatrice, systémique et cumulative. Elle se distingue des autres maladies, comme le paludisme, par l’importance de la morbidité et de la mortalité chez les personnes de 15 à 50 ans et par le mode de propagation de l’infection. La durée de la maladie et les décès précoces dans ces groupes d’âge ont des répercussions considérables sur le secteur agricole. La pandémie entraîne une pénurie aiguë de main-d’œuvre dans les ménages et dans les communautés; transforme les relations traditionnelles entre travail, terre et capital; provoque des pertes irréversibles d’avoirs des ménages ruraux; déclenche des stratégies inadaptées, difficiles à inverser; affaiblit les structures et les mécanismes traditionnels de solidarité des communautés; compromet la souplesse des systèmes agricoles et des modes de subsistance; diminue la capacité de récupération des ménages et des communautés; enfin, les rend plus vulnérables aux pénuries alimentaires.

11. De manière générale, l’épidémie engendre de nouveaux mécanismes d’appauvrissement et crée une nouvelle dynamique de pauvreté et d’insécurité des moyens de subsistance, d’où l’apparition d’une nouvelle catégorie de pauvres. Les ‘pauvres du SIDA’ comprennent: les ménages où de jeunes adultes sont malades de manière chronique et ceux ayant subi la perte d’un jeune adulte au cours des deux à cinq années précédentes; les ménages dirigés par un parent seul, des personnes âgées ou des orphelins; enfin, les ménages prenant en charge des orphelins. Les femmes sont parmi les plus touchées: elles sont non seulement les plus vulnérables au VIH en raison de facteurs biologiques, mais aussi celles qui en supportent les coûts sociaux et économiques les plus lourds.

12. Ce changement de contexte a trois répercussions principales sur la nature et le style des travaux de la FAO. Premièrement, l’épidémie réduit la pertinence et l’efficacité de nombreuses stratégies classiques pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, notamment celles à forte intensité de main-d’œuvre et orientées vers le marché. Deuxièmement, la réalité du VIH/SIDA oblige à définir et à cibler différemment les groupes vulnérables car les classifications habituelles ne sont plus applicables. Troisièmement, l’épidémie requiert également de nouvelles stratégies de développement dans un contexte en évolution, avec des besoins et des priorités différentes. La FAO doit donc se doter de nouvelles méthodes de travail qui demandent une collaboration plus étroite entre les unités techniques de la FAO, les organisations et les initiatives conjointes entre secteurs. Les approches centrées sur l’être humain, dont la FAO a une longue expérience, peuvent être utiles pour entrer en contact avec les ménages, les communautés et les institutions touchées et leur venir en aide.

13. Le Sommet mondial de l’alimentation: cinq ans après (2002), les sessions de 2001 et 2003 du Comité de la sécurité alimentaire de la FAO 1 et la Conférence régionale pour l’Afrique de 20022 ont reconnu les effets dévastateurs du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire et se sont engagés à lutter contre l’épidémie. La FAO a créé une nouvelle entité interdépartementale dans le Plan à moyen terme 2004–2009, appelée “Analyse et réduction des effets du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire et sur le développement rural”. L’an dernier, plusieurs services techniques de la FAO ont analysé leurs opérations pour trouver les moyens d’y intégrer la problématique du VIH/SIDA. La FAO collabore avec les autres organisations des Nations Unies à Rome (le FIDA et le PAM) pour s’attaquer aussi efficacement que possible à l’épidémie à tous les stades de ses opérations – depuis la préparation des interventions et les secours humanitaires jusqu’au développement agricole et rural à long terme.

2.2 Activités de la FAO à ce jour

14. Les activités de la FAO sont très diverses: elles concernent un grand nombre d’initiatives, depuis la prévention de la contamination par le VIH jusqu’à l’atténuation des effets de la maladie. Les initiatives sont prises à tous les niveaux, allant de l’échelle locale (individus, ménages et communautés) jusqu’au niveau international, en passant par les instances et les institutions politiques nationales (en particulier les ministères de l’agriculture).

i) Initiatives régionales et internationales

15. La FAO a joué un rôle prépondérant pour mobiliser l’attention des principaux acteurs des organisation internationales, de la communauté des donateurs, des gouvernements et des ONG sur les liens existant entre le VIH/SIDA, la sécurité alimentaire, la nutrition et le rôle du secteur agricole dans la réduction des effets du VIH/SIDA. Les activités spécifiques portent sur les points suivants:

Collaboration interorganisations:

Activités de sensibilisation:

Crises et alerte rapide:

ii) Orientation des politiques et des projets

16. La FAO participe activement au débat sur la nécessité de mieux comprendre les liens entre les politiques agricoles et l’épidémie de VIH/SIDA9. La pauvreté, les inégalités, l’alimentation et l’insécurité des moyens d’existence ont tous une influence sur la progression de l’épidémie. Les politiques agricoles constituent souvent un cadre pour s’occuper de ces problèmes plus vastes et elles ont donc une influence sur les facteurs qui contribuent à la progression de la maladie10. Ainsi, les politiques agricoles qui - intentionnellement ou non – encouragent la migration risquent de favoriser la propagation du SIDA si des mesures adéquates ne sont pas prises. Si l’on ne tient pas compte des diverses conséquences du VIH/SIDA, les politiques agricoles peuvent s’avérer inefficaces ou impossibles à appliquer (du fait des pénuries de main-d’œuvre, par exemple). Une bonne nutrition est importante pour résister au développement complet de la maladie. Il est important de prendre en considération des questions de cette nature lors de la conception et de l’évaluation des politiques pour faire en sorte que les politiques agricoles nationales jouent un rôle dans la lutte contre la pandémie. La FAO cherche à inclure un volet sur le VIH/SIDA dans les procédures de conception, de suivi et d’évaluation des programmes et des projets.

Les activités spécifiques comprennent:

iii) Études sectorielles

17. Les politiques et les interventions doivent s’appuyer sur une bonne connaissance du contexte local afin d’être adaptées à la situation. Depuis 1988, la FAO a demandé que soit réalisée une série d’études de référence pour aider à mieux comprendre la dynamique de l’épidémie de VIH/SIDA pour les divers aspects des modes de subsistance des communautés rurales. Une attention particulière est accordée aux dynamiques de l’inégalité entre les sexes et de l’âge. Les études récentes portent sur:

iv) Initiatives prises au niveau institutionnel

18. De nombreux ministères et services gouvernementaux ont subi de graves pertes d’effectifs, et de ce fait une déperdition de qualifications et d’expérience, alors même qu’il est urgent de réorganiser les prestations de services pour tenir compte du changement de composition des communautés et satisfaire les nouveaux besoins d’une population atteinte par le VIH/SIDA. La FAO aide à faire face à la situation par les mesures suivantes:

Renforcement des capacités institutionnelles:

Renforcement des moyens de communication:

v) Initiatives prises à l’échelle des ménages et des communautés

19. Outre l’expérience acquise par le Programme ordinaire, la FAO dispose de deux moyens d’action qui sont cruciaux pour s’attaquer au VIH/SIDA sur le terrain: le Programme d’urgence et le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) qui fournissent des observations actualisées et de précieuses leçons pour décider des approches les plus adaptées afin de lutter contre le VIH/SIDA par l’intermédiaire du programme mondial de la FAO.

20. Dans le cadre du Programme d’urgence, la FAO intègre un volet sur le relèvement dans les opérations d’urgence (en fournissant des semences et d’autres intrants agricoles indispensables aux ménages vulnérables), notamment dans les pays d’Afrique australe victimes de la crise humanitaire provoquée par l’insécurité alimentaire et le VIH/SIDA. Le PSSA, opérationnel dans plus de 70 pays, s’appuie sur une longue expérience de la conception et de l’exécution des projets communautaires axés sur l’augmentation de la production agricole. La FAO prend de nouvelles initiatives pour accroître la capacité productive du secteur agricole affaiblie par l’incidence du VIH/SIDA.

21. À ce niveau, la FAO propose un large éventail d’activités, qui portent sur quatre thèmes et intègrent les questions transversales du statut de la femme et de l’âge.

22. Les activités portent sur les points suivants:

Amélioration de l’accès aux intrants agricoles:

Amélioration de la nutrition28:

Protection des moyens de production:

Renforcement de la capacité d’adaptation:

3. Recommandations de suivi

23. Les effets désastreux du VIH/SIDA sur le secteur agricole et sur les économies rurales de nombreux pays africains remettent aujourd’hui en question plusieurs des principaux objectifs stratégiques de la FAO, parmi lesquels: la protection des moyens de subsistance durables en milieu rural et l’accès équitable aux ressources; l’accès des groupes vulnérables et défavorisés à une nourriture saine, nutritive et suffisante; la prévention des crises alimentaires et agricoles et les interventions efficaces et durables pour y faire face lorsqu’elles se déclenchent. Deux domaines sont essentiels pour les futures stratégies37 de la FAO: d’une part, la prévention de crises qui pourraient associer le VIH/SIDA et les pénuries alimentaires en Afrique et ailleurs; d’autre part, l’assistance permettant aux États membres d’élaborer des stratégies efficaces d’atténuation des effets négatifs du VIH/SIDA et de relèvement des secteurs agricole et rural.

24. Comme il a été indiqué dans la section 2, l’Organisation a commencé à définir de nouveaux paramètres pour le développement agricole et les interventions d’urgence, à établir des liens entre les actions à court terme et à long terme en réponse aux crises, à redéfinir les groupes bénéficiaires vulnérables (dont les orphelins, les enfants vulnérables et les adolescents) et à établir des priorités. La FAO n’a toutefois pas encore réussi à répondre de manière efficace à la crise actuelle, et encore moins à offrir le niveau de prestations nécessaires pour faire face à la progression de l’épidémie dans les années à venir.

25. La FAO doit élaborer une stratégie à l’échelle de l’Organisation pour s’occuper du VIH/SIDA dans le contexte de l’agriculture et du développement rural. L’Organisation et son personnel, aux niveaux tant individuel que collectif, doivent reconnaître l’importance de l’épidémie pour leurs travaux sur l’agriculture et le développement rural; accepter la responsabilité de la prise en compte du VIH/SIDA à tous les niveaux de leur mandat; adapter et développer des mesures permettant de travailler dans ce contexte nouveau et changeant; rechercher de nouvelles méthodes pour cibler les groupes prioritaires; enfin, forger de nouvelles alliances au sein de la FAO ainsi qu’avec d’autres acteurs nationaux et internationaux, et avec les communautés.

26. Compte tenu de ce qui précède, il est possible d’identifier trois domaines d’interventions prioritaires:

27. La réaction de la FAO à l’épidémie prouve sa capacité d’innover. Toutefois, afin que l’Organisation puisse exploiter son énorme potentiel pour contribuer à la lutte contre le VIH/SIDA, les activités doivent être augmentées, intégrées et soutenues. À défaut de ce changement de rythme, non seulement l’Organisation sera incapable de répondre aux besoins urgents de millions de ruraux en Afrique, mais elle ne pourra pas non plus faire face à la menace que fait peser l’épidémie sur les projets de développement en cours. Comme le fait remarquer M. Jacques Diouf, Directeur général de la FAO, “le potentiel de croissance et de développement réels en Afrique dépend de la capacité de surmonter deux principaux problèmes: la faim et la pauvreté d’une part, la production agricole et le VIH/SIDA38, d’autre part.”

Références

De Waal, A. (2003) VIH/SIDA and Emergencies: Challenges of Measurement and Modelling, Communication présentée dans le cadre de la Consultation technique du RIACSO sur les moyens de mesurer la vulnérabilité dans le contexte de la pandémie de VIH/SIDA, 9-11 septembre 2003, Johannesburg: RIACSO

ONUSIDA et OMS (2002) AIDS epidemic update: December 2002, Genève: ONUSIDA et OMS

ONUSIDA (2003) Accélérer l’action contre le SIDA en Afrique, Genève: ONUSIDA


1 FAO (2001) Les effets du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire, document préparé pour la vingt-septième session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, 28 mai – 1er juin, Rome: FAO; et FAO (2003) Le point sur les effets du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire, document préparé pour la vingt-septième session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, 12-16 mai, Rome: FAO.
2 FAO (2002) Le VIH/SIDA, l’agriculture et la sécurité alimentaire dans les pays du continent africain et les petits États insulaires d’Afrique, document préparé pour la vingt-deuxième Conférence régionale pour l’Afrique, 4 – 8 février, Le Caire, Rome: FAO.
3 FAO (2003) Atténuer l’impact du VIH/SIDA sur la sécurité alimentaire et la pauvreté dans les zones rurales. Résultats d’une réunion des diverses parties prenantes et résultats de l’élaboration de la stratégie qui en découle, Rome: Programme de la FAO sur le VIH/SIDA.
4 FAO et OMS (2002) Vivre au mieux avec le VIH/SIDA – Un manuel sur les soins et le soutien nutritionnels à l’usage des personnes vivant avec le VIH/SIDA, Rome: Division de l’alimentation et de la nutrition de la FAO.
5 Site web sur l’atelier: www.sarpn.org.za/mitigation_of_HIV_AIDS/index.php.
6 Site web de la FAO sur le VIH/SIDA: www.fao.org/hivaids/ pour toutes les publications ayant trait au VIH/SIDA.
7 FAO (2001) Emergencies and HIV/AIDS: Exploring the Role of FAO and Mainstreaming HIV/AIDS in the Organization’s Emergency Response with a Priority Focus on Sub-Saharan Africa, Rome: FAO.
8 IASC (2003) Guidelines for HIV/AIDS Interventions in Emergency Settings, Genève: Comité permanent interorganisations (IASC).
9 du Guerny J. (2000) AIDS and agriculture in Africa: Can agricultural policy make a difference? Rome: Département du développement durable de la FAO.
10 0 Topouzis D. (1998) The implications of HIV/AIDS for rural development policy and programming: Focus on sub-Saharan Africa, Département du développement durable de la FAO et HIV et Programme de développement du PNUD.
11 Topouzis D. et du Guerny J. (1999) Développement agricole et rural durable et vulnérabilité à l’épidémie du SIDA, Publication conjointe de la FAO et de ONUSIDA, UNAIDS Best Practice Collection, Genève: ONUSIDA.
12 2FAO (2003) Incorporating HIV/AIDS considerations into food security and livelihood projects, Rome: Division de l’alimentation et de la nutrition de la FAO.
13 Stokes C. S. (2002) Measuring impacts of HIV/AIDS on rural livelihoods and food insecurity, Rome: Programme de la FAO sur le VIH/SIDA.
14 4 Université de Namibie (2001) The impact of HIV/AIDS on the different farming systems in Namibia, Accra: Bureau régional de la FAO pour l’Afrique (Service de vulgarisation sur le développement durable).
15 FAO (2003) Inter-linkages between HIV/AIDS, agricultural production and food security, Baseline report for Southern Province, Zambia, préparé par Farming Systems Association of Zambia for Integrated Programme, Rome: Programme intégré de la FAO (www.fao.org/sd/ip).
16 FAO (2003) HIV/AIDS and agriculture: impacts and responses, Case studies from Namibia, Uganda and Zambia, Rome: Programme intégré de la FAO.
17 Rugalema G., Weigang S. et Mbwika J. (1999) HIV/AIDS and the Commercial Agricultural Sector Of Kenya: Impact, Vulnerability, Susceptibility And Coping Strategies, Rome: FAO et La Haye, Pays-Bas: Institut des études sociales.
18 8 FAO (à paraître en 2004) Impacts of HIV/AIDS on livelihoods in fishing communities in Benin and Uganda, Rapport de synthèse, Rome: Programme de la FAO sur le VIH/SIDA et GTZ.
19 Engh I., Stloukal L. et du Guerny J. (2000) HIV/AIDS in Namibia: Impact on the Livestock Sector, Rome: FAO.
20 0 Site web sur les forêts: www.fao.org/forestry/foris/webview/forestry2/index.jsp?siteId=3601&langId=1.
21 Connolly M. (2003) Study of Practices Implemented to Mitigate the Impact of HIV/AIDS at Farm Household Level in Three African Countries: Malawi, Zambia and Zimbabwe, Harare: Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique australe et orientale et GTZ-SNRD.
22 Michiels S. I. (2001) Strategic approaches to HIV prevention and AIDS mitigation in rural communities in sub-Saharan Africa, Rome: Service de la vulgarisation, de l’éducation et de la communication de la FAO.
23 Qamar K. (2001) The HIV/AIDS epidemic: An unusual challenge to agricultural extension services in sub-Saharan Africa, dans Journal of Agricultural Education and Extension, Vol 8, No 1, 1 – 11.
24 4 Topouzis D. (2003) Gérer l’impact du VIH/SIDA sur les ministères de l'agriculture en Afrique de l'Est et en Afrique australe, Publication conjointe de la FAO et d'ONUSIDA, Rome: Département du développement durable de la FAO.
25 5 MAAIF (2002) The impact of HIV/AIDS on agricultural production and mainstreaming AIDS messages into agricultural extension in Uganda, Rome: Programme intégré de la FAO.
26 6 FAO (à paraître en 2004) Série de brochures de vulgarisation, Rome: Programme de la FAO sur le VIH/SIDA.
27 Michiels S. (2001) Considerations for developing a communication plan for HIV prevention and AIDS mitigation in Sub-Saharan Africa, Rome: Service de la vulgarisation, de l’éducation et de la communication de la FAO.
28 Site web consacré à la sécurité alimentaire des ménages et à la nutrition dans les communautés: www.fao.org/es/ESN/nutrition/household_hivaids_en.stm.
29 Drimie S. (2002) The Impact of HIV/AIDS on Land: Case studies from Kenya, Lesotho and South Africa, A synthesis report, Harare: Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique australe et orientale (www.sarpn.org.za/documents/d0000147/P143_Impact_of_HIVAIDS.pdf); EASSI (2003) The impact of HIV/AIDS on women’s land rights in Uganda, Étude appuyée par la FAO et le NORAD; et FAO/OXFAM GB (2003) Report of Workshop on Women’s Land Rights in Southern and Eastern Africa, Harare: Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique australe et orientale.
30 du Guerny J. (2002) Meeting the HIV/AIDS Challenge to Food Security, The role of labour saving technologies in farm-households, Publication conjointe de la FAO et de l’ONUSIDA, Rome: FAO et Thaïlande: PNUD Asie du Sud-Est.
31 Bishop-Sambrook C. (2003) Labour constraints and the impact of HIV/AIDS on rural livelihoods in Bondo and Busia districts, Western Kenya, Rapport sur l’étude des pratiques et des technologies à faible intensité de main-d’œuvre pour les activités agricoles et ménagères en Afrique australe et orientale, Rome: FIDA et FAO: www.fao.org/ag/AGS/programmes/en/enhance/laboursaving.html.
32 2 Bishop-Sambrook C., Kienzle J., Mariki W., Owenya M. et Ribero F. (2004 forthcoming) Suitability of reduced tillage and cover crops as labour saving practices for vulnerable households in Babati and Karatu Districts, Northern Tanzania, Rapport sur l’étude des pratiques et des technologies à faible intensité de main-d’œuvre pour les activités agricoles et ménagères en Afrique australe et orientale: FIDA et FAO.
33 3 NARO (2002) Study in support of transfer, adoption and dissemination of labour saving technologies in Wakiso and Masaka Districts, Uganda, Rome: Programme intégré de la FAO.
34 Sones K. R., Duveskog D. et Minjauw B. (Sous la direction de) (2003) Farmer Field Schools: the Kenyan experience, Rapport sur le forum des parties concernées par le projet d’écoles agricoles de terrain organisé le 27 mars 2003 à l’ILRI, Nairobi, Nairobi: FAO/KARI/ILRI.
35 5 Site web de LinKS: http://www.fao.org/sd/links/gebio.htm.
36 Gari J. (2002) Agrobiodiversity strategies to combat food insecurity and HIV/AIDS impact in rural Africa, Advancing grassroots responses for nutrition, health and sustainable livelihoods, Rome: Service de la population et du développement de la FAO (http://www.geocities.com/rural_africa/contents.html) et Gari J. et Villarreal M. (2003) Agrobiodiversity and Indigenous Knowledge in Mitigation of the Consequences of HIV/AIDS, Document préparé pour le séminaire sur la réduction des effets du VIH/SIDA, en mai, à Pretoria, Rome: Programme de la FAO sur le VIH/SIDA.
37 7 Barnett T. et Topouzis D. (2003) FAO and HIV/AIDS, Towards a food and livelihood security based strategic response, Rome: Programme de la FAO sur le VIH/SIDA.
38 8 Discours adressé au Black Caucus du Congrès des États-Unis durant sa conférence législative annuelle à Washington, septembre 2003.