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VINGT-QUATRIÈME CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L'EUROPE

MONTPELLIER (FRANCE), 5-7 MAI 2004

Point 10 de l'ordre du jour

ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ: 2004

Table des matières



I. INTRODUCTION

1. Le 16 décembre 2002, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé l'année 2004 Année internationale du riz afin d'attirer l'attention du monde sur le rôle que le riz peut jouer comme facteur de sécurité alimentaire et de diminution de la pauvreté. Le riz c'est la vie pour la majeure partie des populations dans le monde et il est profondément enraciné dans le patrimoine culturel des sociétés. Il constitue l'aliment de base pour plus de la moitié de la population mondiale. Les systèmes de production rizicole et les activités après récolte associées à ces systèmes emploient près d'un milliard de personnes dans les zones rurales des pays en développement. Ce sont des petits agriculteurs vivant dans des pays en développement à faible revenu qui assurent les quatre cinquièmes de la production mondiale de riz.

2. Le riz n'est pas une culture vivrière de première importance en Europe. Cependant, la consommation de riz a régulièrement progressé durant la dernière décennie. Le coût de production du riz demeure relativement élevé en Europe et il est donc difficile de concurrencer le riz importé. En outre, on se préoccupe de plus en plus des effets négatifs de la production de riz sur l'environnement et la biodiversité. Cependant, les systèmes de production rizicole offrent en Europe un certain nombre d'opportunités leur permettant un développement durable.

II. LE RIZ EN EUROPE

A. LA SITUATION ACTUELLE DE LA PRODUCTION ET DE LA CONSOMMATION DE RIZ EN EUROPE

3. Durant la période allant de 1992 à 2002, la superficie récoltée en riz dans l'Union européenne est passée de 350 000 ha en 1992 à environ 420 000 ha en 1996, puis elle a légèrement décru en 1998, pour se maintenir ensuite aux alentours de 400 000 ha jusqu'en 2002. Les changements au niveau de la surface récoltée ont été sensibles entre 1992 et 1997, avec une augmentation significative en Espagne et en Grèce. Puis la surface consacrée au riz a décliné dans un bon nombre de pays d'Europe de l'Ouest, alors qu'elle restait stable en Espagne. L'introduction, en 1997/98, par pays, de surfaces de base pour le riz a contribué fortement à stabiliser la production dans l'UE.

4. La superficie récoltée dans d'autres régions d'Europe a diminué rapidement, passant d'à peu près 370 000 ha en 1992 à environ 250 000 ha en 1996, en raison principalement d'un recul marqué dans la Fédération de Russie et en Roumanie. Depuis 1997, la superficie est restée stable aux alentours de 240 000 ha.

Tableau 1: Paddy – Surface récoltée, rendement et production en Europe en 2002

  Surface récoltée (ha) Rendement (kg/ha) Production (tonnes)

Union européenne (15)

Italie 218 676 6 270 1 371 100
Espagne 112 900 7 225 815 700
France 18 490 5 691 105 227
Grèce 22 413 7 526 168 682
Portugal 25 198 5 786 145 801

Autres pays d'Europe

Fédération de Russie 130 100 3 713 483 000
Turquie 70 000 5 143 360 000
Ukraine 25 000 3 000 75 000
Hongrie 2 104 4 643 9 768
Bulgarie 4 166 4 310 17 955
Roumanie 1 600 937 1 500
L'Ex-Rép. yougoslave de Macédoine 1 870 4 738 8 860
Europe, total 628 351 5 670 3 562 593

Source : (FAOSTAT, 2004)

5. En 2002, la production de paddy de l'Union européenne a été de 2,6 millions de tonnes et les premières estimations permettent de prévoir une récolte du même ordre en 2003. La production des autres pays d'Europe n'a été que de 0,96 million de tonnes en 2002 et on envisage un recul en 2003 (Tableau 1). Les trois principaux producteurs de riz étaient l'Italie, l'Espagne et la Fédération de Russie. Ils ont représenté ensemble environ 75 pour cent de la production totale de riz en Europe. On a signalé peu de changements au niveau de la production pour la campagne 2003.

6. Les rendements obtenus pour le riz en Europe de l'Ouest étaient en général bien plus élevés qu'en Europe de l'Est. Au sein de l'UE, la Grèce et l'Espagne réalisaient les meilleurs rendements, alors que, dans le reste de l'Europe, c'est en Turquie et dans l'Ex-République yougoslave de Macédoine que les rendements étaient les plus forts. En UE, le rendement moyen du riz a augmenté régulièrement, passant de 6,0 tonnes/ha au début des années 90 à environ 6,5 tonnes/ha en 2002. En Europe de l'Est, le rendement moyen est resté proche de 3,0 tonnes/ha durant la période allant de 1992 à 1999, et il a atteint environ 3,5 tonnes/ha en 2000.

B. LE MARCHÉ EUROPÉEN DU RIZ

7. Deux variétés de riz se répartissent le marché européen, le riz long indica et le riz japonica, de forme ronde ou moyennement allongée. Traditionnellement, les Européens ont surtout consommé du riz japonica, mais ces dernières années la consommation de riz indica a augmenté. La demande des pays d'Europe du Nord se porte presque exclusivement sur l'indica. La consommation d'indica a dépassé celle de japonica depuis 1999/2000.

8. La demande de riz pour la consommation humaine (85 pour cent) a progressé depuis 1995, alors qu'elle est restée stable pour l'alimentation animale (7 pour cent), et qu'elle a chuté pour les utilisations industrielles (3 pour cent).Dans l'Union européenne, la consommation globale de riz (y compris pour un usage industriel) a atteint presque 2 millions de tonnes en 2001. Entre 1990 et 2002, la consommation de riz par habitant a augmenté, passant de 4,0 kg à 5,2 kg, et cette tendance se poursuit.

9. Le riz récolté en Europe du Sud est traité par l'industrie agroalimentaire locale pour une consommation dans cette zone et pour être exporté en Europe du Nord. L'industrie agroalimentaire d'Europe du Nord traite le riz importé d'Europe du Sud, ainsi que du riz indica décortiqué, venant de l'Inde, du Pakistan, de la Thaïlande et des États-Unis. Les importations ont progressé depuis 1994/95 en raison des réductions tarifaires correspondant à la mise en application des Accords du Cycle d'Uruguay sur l'agriculture et de la concession faite au Pakistan et à l'Inde d'un abattement tarifaire de 250 dollars EU par tonne de riz basmati décortiqué et de la mise en œuvre de régimes préférentiels. Durant ces dernières années, les importations de l'UE sont restées stables aux alentours de 700 000 tonnes, alors qu'on prévoit que les achats de la Fédération de Russie vont atteindre 470 000 tonnes en 2004. Entre 1995 et 2000, les exportations ont diminué de 11 pour cent. Depuis lors, elles ont peu évolué et les opérations d'aide alimentaire se sont au moins substituées partiellement aux exportations commerciales. Cependant, sur la base des données obtenues entre 1997/98 et 1999/2000, le volume de riz ayant fait l'objet de transactions entre les pays membres a été le double de celui négocié avec les pays tiers. L'Italie a constitué le principal fournisseur (environ 300 000 tonnes d'équivalent de riz usiné), suivie par l'Espagne (avec environ 150 000 tons).

10. Dans le cadre du programme “Tout sauf les armes” (TSA), l'UE s'est engagée en février 2001 à importer sans limitation et en franchise de droits le riz en provenance des pays les moins avancés (PMA) à partir de 2009 (Tableau 2). Dans l'intervalle, les importations en franchise de droits seront plafonnées quantitativement, avec des volumes relativement limités. Les importations venant des PMA et dépassant les quotas vont progressivement bénéficier de réductions tarifaires.

Tableau 2 : Concessions de la CE en matière de riz dans le cadre du Schéma d'accès préférentiel prévu par l'initiative TSA

 

2003/04

2004/05

2005/06

2006/07

2007/08

2008/09

2009/10

Quotas en franchise de droits (tonnes)

3 329

3 829

4 403

5 063

5 823

6 696

Libre accès

Diminutions de droits

-

-

-

20%

50%

80%

100%

Source: Commission UE

11. Les consommateurs européens montrent un intérêt grandissant pour des variétés particulières telles que le riz biologique, le riz glutineux, le riz de type jasmin, le riz sauvage, et le riz coloré (péricarpe rouge, noire). Pour le moment, la demande pour ces produits ne représente qu'une partie limitée du marché, à l'exception du riz biologique dont la part de marché devrait augmenter au moins à court ou moyen terme. Toutefois, le rendement obtenu dans les systèmes de riz biologique est en général inférieur de 25 à 30 pour cent à celui réalisé lorsqu'on utilise des technologies classiques, essentiellement parce qu'il est très difficile d'empêcher la prolifération des mauvaises herbes.

C. LES CONTRAINTES D'UNE PRODUCTION DURABLE DE RIZ EN EUROPE

12. La production de riz dans des zones au climat méditerranéen se heurte à des contraintes dont les principales sont: les faibles températures, le manque d'eau, les tensions biotiques, une qualité du grain insuffisante, des coûts de production élevés et les craintes de la population concernant les effets nuisibles de la riziculture pour l'environnement.

a) Les faibles températures

13. Les plants de riz sont issus des zones subtropicales et tropicales et ils supportent mal les faibles températures à tous les stades de leur croissance, de la germination à la maturation. Le temps frais et les vents violents lors de la levée dans les zones à climat méditerranéen peuvent entraîner une perte partielle des levées et la dérive des jeunes plants, causant une mauvaise implantation. Dans un bon nombre de régions au climat tempéré, le taux de levée ne dépasse pas bien souvent 30 à 40 pour cent des semis.

14. Ce faible taux de levée est dû essentiellement aux conditions anaérobies durant la germination en cas de faible température. Afin d'éviter ces faibles températures lors de l'implantation, certains riziculteurs en viennent à retarder les semis. Mais, avec un retard dans l'implantation, des périodes reproductives surviennent à des moments de faible température, à l'automne, causant ainsi la mort de cellules de pollen au stade de la méiose et rendant le grain stérile. La stérilité de l'épillet est peut-être, depuis quelques années, l'un des principaux facteurs nuisant au rendement en riz.

b) Le manque d'eau

15. L'agriculture absorbe environ 40 pour cent de la consommation totale d'eau en Europe, et le riz consomme davantage d'eau que bien d'autres cultures: le blé nécessite six fois moins d'eau que le riz en riziculture inondée. Les activités industrielles, l'assainissement et l'eau potable constituent une demande rivale, qui devrait très vraisemblablement augmenter. Les pouvoirs publics vont être contraints de limiter sévèrement l'utilisation de l'eau, notamment en agriculture.

16. Un bon nombre des problèmes soulevés par l'eau sont liés à l'irrégularité de sa distribution. Il y a d'autres problèmes liés à l'eau: la pollution par les pesticides, l'érosion du sol et la déforestation, l'engorgement des sols lourds et l'accroissement du coût de l'irrigation. Ces diverses contraintes ont obligé les agronomes à élaborer des stratégies de gestion afin de diminuer la consommation d'eau et d'obtenir une meilleure efficacité des systèmes d'irrigation.

17. De nouvelles variétés de riz permettant une moindre utilisation d'eau sont nécessaires pour les systèmes irrigués. Un riz à cycle court et à rendement élevé permettrait de réduire la quantité d'eau d'irrigation nécessaire à la riziculture inondée. Il serait possible de parvenir à une diminution plus appréciable de la consommation d'eau en développant des variétés permettant une irrigation intermittente dans n'importe quelle situation climatique. Ces conditions de gestion de l'eau vont également contribuer à une réduction des émissions de méthane par le riz. L'absence d'inondation, toutefois, peut entraîner des difficultés causées par les mauvaises herbes et un accroissement de la salinité du sol. En développant de nouvelles variétés, il faut également tenir compte des contraintes pesant sur le rendement du riz en raison de la prolifération des mauvaises herbes et de l'augmentation de la salinité du sol.

c) Le stress biotique

18. Les maladies, les ravageurs et les mauvaises herbes entraînent des pertes de production correspondant à environ 50 pour cent de la récolte potentielle, en dépit des protections actuelles. Dans les variétés européennes de riz, un échec dans la lutte contre les mauvaises herbes peut compromettre totalement le rendement. On combat en général les maladies, les ravageurs et les mauvaises herbes à l'aide de pesticides et d'herbicides. L'utilisation de ces produits peut cependant causer l'apparition d'espèces résistantes, entraîner la pollution de l'environnement et risquer de perturber le fragile équilibre entre les ravageurs et leurs ennemis naturels.

d) La qualité du grain

19. La qualité du riz correspond à des caractéristiques liées à un ensemble de facteurs subjectifs et objectifs, dépendant largement du consommateur et de l'utilisation finale à laquelle on destine le grain. Le consommateur demande de plus en plus un riz de meilleure qualité, offrant ainsi aux riziculteurs l'opportunité d'accroître également la valeur économique totale du riz. Les caractéristiques entrant dans la notion de qualité sont aussi liées au goût des différents groupes ethniques qui composent la population européenne. Ces caractéristiques sont :

20. Dans la mesure où le riz est consommé sous forme de grains, on considère que la forme du grain, ses dimensions et son poids constituent les principaux critères de qualité du riz. Les catégories de grains correspondent à trois caractéristiques physiques: la longueur, la largeur et le poids. Les règlements de la CE tiennent compte seulement de la longueur, de la largeur et du rapport entre les deux éléments, alors qu'aux États-Unis on prend également en considération le poids du grain (Tableau 3). Des grains longs et minces se brisent en général davantage que les grains courts et par conséquent leur rendement à la mouture est plus faible.

Tableau 3 :Différentes tailles de grain pour le riz long, moyen et court dans l'UE et aux États-Unis

Type Règlement CE Règlement EU
  Longueur
(mm)
Rapport
longueur/largeur
Longueur
(mm)
Largeur
(mm)
Poids/1000
(g)
Long Longueur A >6,0 >2,0 <3,0 7,0 – 7,5 2,0 – 2,1 16 – 20
Longueur B >6,0 ≥3,0
Moyen >5,2 <3,0 5,9 – 6,1 2,5 – 2,8 18 – 22
Court <5,2 <2,0 5,4 – 5,5 2,8 – 3,0 22 – 24

21. Ces dernières années, la demande de variétés de grains longs a sensiblement augmenté en raison de la diversification alimentaire et de l'immigration. Afin de répondre à cette demande, un bon nombre de variétés de grains longs indica ont été introduites dans les pays européens. L'UE a contribué à ce mouvement en attribuant des aides aux riziculteurs qui plantaient du riz de type indica. À l'origine, ces aides étaient accordées pour compenser des rendements plus faibles en riz et des résultats moindres à la mouture. La variété indica était souvent comparée aux variétés japonica. Les conditions d'un climat tempéré conviennent tant aux variétés indica que japonica, même si les faibles températures nocturnes peuvent causer parfois des dégâts, en particulier durant la floraison.

22. La forme du grain est généralement associée à des caractéristiques de cuisson spécifiques. Le riz long indica, une fois cuit est léger et ferme, alors que le riz japonica, au grain court ou moyen, est de texture molle, moelleuse, et gluante. En Europe, la demande des consommateurs se porte principalement sur le riz long.

23. La fissuration du grain a souvent pour cause une exposition trop prolongée du paddy arrivé à maturation à des variations de température et à l'humidité. Un grain craquelé a le plus souvent subi des chocs lors de la mouture. Le degré de mouture dépend de la dureté du grain, de sa taille et sa forme, de la profondeur des rides à sa surface, de l'épaisseur du son et de l'efficacité du moulin. Le rendement à la mouture de la totalité du grain est le rapport entre les grains demeurés intacts et les grains brisés après mouture et séparation. Les riziculteurs obtiennent un moindre prix pour les brisures que pour les grains entiers.

24. On exige généralement d'autres qualités spécifiques pour la production de riz transformé, comme le riz étuvé, le riz à cuisson rapide ou précuit et la farine de riz. Le riz étuvé est destiné à être consommé comme riz de table; il s'agit généralement d'un riz long. Le riz d'une longueur moyenne est lui aussi étuvé, mais il est le plus souvent moulu pour obtenir de la farine utilisée dans des produits alimentaires (biscuits salés, amuse-gueule frits).

25. L'arôme est une qualité importante dans certaines variétés spécifiques (de type Basmati). Le riz de cette variété est généralement long et il a la caractéristique très marquée de conserver une texture relativement ferme après la cuisson. Depuis le début des années 90, la demande de variétés de riz aromatique a augmenté de façon marquée, surtout au Royaume-Uni et dans les autres pays européens, où existent des communautés asiatiques notables. On peut prévoir raisonnablement que cette augmentation de la consommation de riz aromatique va se poursuivre dans les années qui viennent, dans toute l'Europe, en raison de l'accroissement des immigrants en provenance d'Extrême-Orient et de l'intérêt grandissant pour la cuisine ethnique. Le riz Basmati consommé en Europe est importé en totalité d'Inde et du Pakistan. Aussi est-il nécessaire de lancer des programmes de recherche dans le but de développer des variétés aromatiques adaptées aux conditions climatiques européennes.

e) Coût élevé de production

26. Le coût de production du riz en Europe de l'Ouest est généralement beaucoup plus élevé que dans la plupart des pays asiatiques, à l'exception du Japon. Le coût de production par tonne de paddy est également supérieur en Europe à celui des États-Unis, qui se situe entre 104 et 180 dollars EU la tonne, contre 200 euros la tonne en Italie. Le coût élevé de production en Europe illustre bien l'importance des dépenses d'exploitation, notamment les engrais, les semences, la protection des cultures, le carburant et la main-d'oeuvre.

f) Les préoccupations environnementales

27. Dans le passé, les moustiques et le risque de propagation du paludisme constituaient un obstacle majeur au développement de la production de riz en Europe. Récemment, on a constaté un accroissement des préoccupations liées aux effets négatifs sur l'environnement de la production rizicole, en raison notamment de l'émission de méthane entraînant le réchauffement planétaire, et de l'utilisation de pesticides, nuisibles à la biodiversité agricole. Ces préoccupations environnementales peuvent entraîner un accroissement des restrictions à la production de riz en Europe. En conséquence, il convient de favoriser des systèmes de gestion intégrés, utilisant efficacement les intrants, en particulier au niveau de l'usage de l'eau.

D. POTENTIALITÉS D'UNE PRODUCTION DE RIZ EN EUROPE

28. Devant une demande croissante, les potentialités du riz en Europe dépendent de la résolution des problèmes essentiels liés à cette production, notamment:

E. ÉLÉMENTS DE LA STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DES SYSTÈMES RIZICOLES DANS LA RÉGION

29.  Une progression durable de la production de riz en Europe nécessite des stratégies axées sur les éléments suivants:

30. En outre, la mise en œuvre de l'Année internationale du riz, proclamée par l'Assemblée générale des Nations Unies, pourrait contribuer à mieux sensibiliser à l'importance du riz dans la diversification du revenu rural et dans la sécurité alimentaire dans la région.

III. L'ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ

31. L'initiative de l'Année internationale du riz a vu le jour en 1999, date à laquelle l'Institut international de recherche sur le riz, s'inquiétant, à l'instar de ses membres, des menaces grandissantes pesant sur le développement de la riziculture, a demandé à la FAO d'œuvrer en faveur de la proclamation d'une Année internationale du riz. Ces efforts ont abouti à l'adoption, lors de la trente et unième Conférence de la FAO, de la Résolution 2/2001, qui priait l'Assemblée générale des Nations Unies de proclamer l'année 2004 Année internationale du riz. Le projet de résolution, présenté le 16 décembre 2002 à l'Assemblée générale des Nations Unies par la délégation des Philippines et coparrainé par 43 pays, a été examiné lors de la cinquante-septième session de l'Assemblée générale, qui a décidé de proclamer l'année 2004 Année internationale du riz. Jamais depuis leur création les Nations Unies n'avaient consacré une année internationale à une culture unique. La FAO a été invitée à contribuer à la mise en œuvre de l'Année internationale du riz, en collaboration avec d'autres organisations compétentes.

32. Le thème retenu pour l'Année internationale du riz - Le riz, c'est la vie - témoigne de l'importance du riz en tant que produit alimentaire de base et se fonde sur le principe que les systèmes de production rizicole contribuent de manière essentielle à la sécurité alimentaire, à la lutte contre la pauvreté et à l'amélioration des moyens d'existence des populations. Le riz est l'aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale. Dans les seuls pays d'Asie, plus de deux milliards de personnes tirent entre 60 et 70 pour cent de leurs apports énergétiques du riz et des produits dérivés du riz. Le riz est la source d'alimentation qui s'accroît le plus rapidement en Afrique et revêt une importance majeure pour la sécurité alimentaire des populations dans un nombre grandissant de pays à faible revenu et à déficit vivrier. Les systèmes de production rizicole et les opérations après récolte connexes emploient près d'un milliard de personnes dans les zones rurales des pays en développement. Près des quatre cinquièmes du riz mondial sont cultivés par de petits agriculteurs dans des pays en développement à faible revenu. La qualité et la productivité des systèmes de production rizicole sont donc essentielles au développement économique et à l'amélioration des conditions de vie, en particulier en milieu rural.

33. Quelque 840 millions de personnes, dont plus de 200 millions d'enfants, souffrent de malnutrition dans les pays en développement. L'amélioration de la productivité des systèmes de production rizicole contribuerait à éliminer ce fléau, qui revêt actuellement des proportions inacceptables. Cela étant, la production rizicole se heurte à de sérieuses difficultés, qui tiennent notamment à la baisse des taux de croissance des rendements, à l'appauvrissement des ressources naturelles, à la pénurie de main-d'œuvre, à des questions de parité hommes-femmes, à des contraintes d'ordre institutionnel et à la pollution de l'environnement. On ne pourra assurer le développement durable des systèmes de production rizicole et en améliorer la productivité, tout en protégeant l'environnement et en préservant les ressources naturelles, que si de nombreuses composantes de la société civile, les pouvoirs publics et les organisations intergouvernementales s'engagent collectivement en faveur de ces objectifs.

34. De nombreux pays attachent une grande importance au développement durable de la riziculture et un nombre croissant d'initiatives mondiales ont été engagées en ce sens. On peut notamment citer le volet Agriculture et développement rural durables (ADRD) du programme Action 21 adopté lors du Sommet de Rio de 1992, le Sommet mondial du développement durable tenu en 2002, la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation adoptés en 1996, et la Déclaration du Millénaire des Nations Unies, adoptée en 2000. Les dispositifs réglementaires intergouvernementaux qui intéressent directement le riz portent notamment sur: la qualité des aliments (CODEX); les changements climatiques; le commerce et les obstacles non tarifaires aux échanges; la biodiversité et le transport sans risque des organismes vivants modifiés; l'accès équitable aux ressources phytogénétiques et le partage équitable des avantages en découlant. Ces diverses initiatives, à l'instar de l'Année internationale du riz, se fondent sur le principe selon lequel, face à des institutions, des sociétés et des économies de plus en plus interdépendantes, il est impératif que les interventions soient coordonnées et les responsabilités partagées à tous les niveaux, depuis l'échelle locale jusqu'à l'échelle internationale, et que tous les acteurs concernés y participent, à quelque niveau que ce soit.

A. « LE RIZ C'EST LA VIE »: SYSTÈMES DE PRODUCTION RIZICOLE

35. L'Année internationale du riz fait du riz l'élément central d'un système au travers duquel les interactions entre l'agriculture, la sécurité alimentaire, la nutrition, l'agrobiodiversité, l'environnement, la culture, l'économie, la science, la parité hommes-femmes et l'emploi peuvent être clairement appréciées.

B. L'ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ: ENJEUX ET PERSPECTIVES

36. L'Année internationale du riz offre à la communauté internationale une occasion importante de s'engager dans une démarche collective visant à résoudre les problèmes de plus en plus complexes liés au développement durable de la riziculture et des systèmes de production rizicole. Cette question revêt des dimensions techniques, politiques, économiques et sociales majeures liées en particulier aux moyens à mettre en œuvre pour renforcer le rôle du riz dans la satisfaction des besoins de la population mondiale.

C. PLAN CONCEPTUEL DE MISE EN OEUVRE DE L'ANNÉE INTERNATIONALE DU RIZ

37. L'Année internationale du riz a pour but fondamental de promouvoir et d'accompagner le développement durable de la riziculture et des systèmes de production rizicole. La stratégie de mise en œuvre de l'Année internationale du riz répond à cette fin aux objectifs intermédiaires suivants:

38. Pour atteindre ces objectifs, l'Année internationale du riz s'appuiera sur les principes directeurs suivants:

39. Le plan de mise en œuvre de l'Année internationale du riz s'articulera autour d'un réseau structuré de partenaires mondiaux, régionaux, nationaux et locaux désignés par l'Assemblée générale des Nations Unies. En tant qu'organisation chargée de la conduite des activités relevant de l'Année internationale du riz, la FAO a constitué une Unité de coordination et de mise en œuvre de l'Année internationale du riz qui a pour tâche de cordonner les activités à tous les niveaux d'intervention.


1 Critères de qualité du riz retenus par le Réglement CE 1785/2003.