COFO/2005/4


COMITÉ DES FORÊTS

DIX-SEPTIÈME SESSION

Rome (Italie), 15 - 19 mars 2005

OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT: RÔLE DES FORÊTS

Table des matières



Introduction

1. Les dirigeants mondiaux ont adopté la Déclaration du Millénaire lors du Sommet du Millénaire tenu en septembre 2000. La Déclaration regroupe les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui viennent renforcer les objectifs convenus lors des conférences et sommets mondiaux des années 90, y compris le Sommet mondial de l’alimentation. Chacun des huit OMD (voir encadré 1) comporte des résultats chiffrés à atteindre d’ici 2015. Des indicateurs ont été établis pour suivre les progrès réalisés à cet égard. La proportion de terres couvertes de forêts à l’échelle mondiale est l’un des indicateurs utilisés pour le septième OMD.

Encadré 1: Objectifs du Millénaire pour le développement des Nations Unies
  1. Réduire l'extrême pauvreté et la faim
  2. Assurer l'éducation primaire pour tous
  3. Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes
  4. Réduire la mortalité infantile
  5. Améliorer la santé maternelle
  6. Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies
  7. Assurer un environnement durable
  8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement
2. Outre les objectifs quantitatifs, assortis d’échéances, la Déclaration du Millénaire demande d’autres actions, y compris une intensification des efforts en vue de « l’aménagement, la conservation et le développement durable de tous les types de forêts », un engagement de l’aménagement durable des forêts pris en 1992 par la communauté internationale à l'occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) et consigné dans les
principes de gestion des forêts et au Chapitre 11 d’Action 21. Par la suite, des pourparlers intergouvernementaux en vue de promouvoir les progrès vers un aménagement durable des forêts ont été menés au sein du Groupe intergouvernemental sur les forêts (GIF) et du Forum Intergouvernemental sur les forêts (FIF) entre 1995 et 2000 et se poursuivent au sein du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) ainsi que dans d’autres instances.

3. Le lien existant entre un aménagement durable des forêts et le développement durable, reconnu à la CNUED, a été réaffirmé avec force dix ans plus tard au Sommet mondial sur le développement durable (SMDD) de Johannesburg (Afrique du Sud) en 2002. À ce sommet, les pays ont déclaré que l’aménagement durable des forêts « est un objectif essentiel du développement durable » et « un moyen critique d’éliminer la pauvreté, de réduire sensiblement le déboisement, de faire cesser la perte de diversité biologique des forêts et la dégradation des sols et des ressources naturelles et d’améliorer la sécurité alimentaire et l’accès à une eau salubre et à des sources d’énergie abordables… ».

4. Le présent document offre un examen de la contribution des forêts – ce terme désignant collectivement les forêts naturelles et les forêts plantées, les autres terres boisées et les arbres situés hors des forêts – à la réalisation des OMD. Il souligne la nécessité d’accroître l’engagement de la communauté internationale et son action en faveur d’un aménagement durable des forêts en tant que moyen de promouvoir un développement durable.

Les forêts et les objectifs du Millénaire pour le développement

5. Par leurs multiples fonctions sociales, économiques et écologiques, les forêts jouent un rôle de façon directe ou indirecte dans la réalisation de la plupart des OMD. Le présent document porte sur les deux objectifs à la réalisation desquels les forêts contribuent le plus directement: l’élimination de l’extrême pauvreté et de la faim, et le maintien d’un environnement durable.

6. Néanmoins, il convient également de noter la contribution que les forêts apportent indirectement aux autres OMD. Elles aident à réduire la mortalité infantile et à améliorer la santé maternelle en renforçant la sécurité alimentaire et en élargissant l’accès aux médicaments naturels. Le revenu que les familles rurales tirent de la forêt leur permet d’envoyer leurs enfants à l’école primaire. Dans le monde entier, des programmes forestiers tenant compte des inégalités entre les sexes contribuent à autonomiser les femmes et à améliorer leur accès aux avantages découlant des forêts. Diverses mesures liées à la forêt sont également prises pour atténuer les effets négatifs du VIH/SIDA et d’autres maladies.

7. On a beaucoup écrit sur le lien entre la pauvreté et la déforestation; dans beaucoup d’endroits, la pauvreté (y compris l’insécurité alimentaire) est l’une des causes sous-jacentes de la déforestation et de la dégradation des forêts. Depuis peu, on s’intéresse aux liens entre les forêts et la lutte contre la pauvreté et entre les forêts et la sécurité alimentaire. La forêt est une importante source d’éléments de subsistance et de revenu monétaire pour des dizaines de millions d’êtres, et elle procure un complément aux moyens d’existence de centaines de millions d’autres (Angelsen et Wunder, 2003).

8. Les forêts et les arbres hors forêt fournissent le bois utilisé comme combustible et à d’autres fins (telles que matériaux de construction, mobilier, papier, etc.) et un large éventail de produits forestiers non ligneux (tels que gibier, fourrage, fibres, huiles et produits médicinaux, etc.) utilisés pour la subsistance ou pour la vente sur les marchés locaux. Les forêts peuvent servir de filets de protection et empêcher nombre de ménages ruraux pauvres de s’enfoncer davantage dans la pauvreté, et faire fonction de moyen de survie en cas d’urgence (voir résumé dans FAO, 2003).

9. Les forêts peuvent aider les populations à s’affranchir de la pauvreté, par exemple, en offrant des emplois dans le secteur forestier et en aidant au développement de petites entreprises forestières. Quelque 12,9 millions de personnes seraient employées dans le secteur forestier industriel, et il ressort d’analyses de l’Organisation internationale du travail qu’un nombre deux fois plus élevé de personnes (appartenant notamment aux couches les plus pauvres de la société) travaillent peut-être dans le secteur informel (par exemple, au ramassage et à la vente de bois de feu et de produits forestiers non ligneux) (Lebedys, 2004).

10. La prestation de services écologiques liés à la forêt apparaît comme une source possible de revenu, mais on s’interroge encore sur l’ampleur et la diversité des transferts qui en découlent (et sur la mesure dans laquelle les pauvres pourront en bénéficier). Ce domaine potentiellement important mérite un examen plus approfondi.

11. L’échec des efforts en vue d’assurer la stabilité de l’environnement ne peut manquer de nuire aux programmes de développement social et économique. Les forêts jouent un rôle déterminant dans le maintien d’un environnement salubre, en tempérant les changements climatiques, en préservant la diversité biologique, en maintenant des ressources en eau salubres et fiables, et freinant l’érosion, en protégeant les terres de culture, en offrant des ressources énergétiques peu coûteuses et renouvelables et en améliorant le milieu urbain. Ces services écologiques sont bien documentés et leur impact social est parfaitement compris, mais les moyens de tirer parti de leur intérêt économique sont encore déficients.

12. Il importe de tenir compte non seulement des services que les forêts rendent à l’environnement, mais aussi de l’impact que pourrait avoir la diminution des approvisionnements en produits forestiers sur l’environnement. Le bois est une source d’énergie renouvelable et de matériaux de construction et d’emballage. Les produits de substitution ne sont pas aussi respectueux de l’environnement.

13. Les contributions des arbres hors forêts, notamment dans les systèmes agroforestiers, au recul de la pauvreté et de la faim, à la viabilité de l’environnement et aux autres OMD n’ont pas fait l’objet d’une analyse aussi approfondie que celle des forêts, mais leur importance ne fait pas de doute (Garrity, 2004). Dans le monde entier, les habitants des villes sont tributaires des arbres des exploitations agricoles et des systèmes agroforestiers pour la production et la protection qu’ils en retirent. Les arbres situés sur les terres agricoles et les pâturages et les arbres épars dans le paysage sont une source de produits utilisés pour la subsistance et la vente. Les arbres contribuent à assurer la sécurité alimentaire et à atténuer la pauvreté en améliorant la productivité agricole, en favorisant la diversification des revenus et en réduisant les risques. Il faut promouvoir une meilleure compréhension du rôle des arbres hors forêts, notamment dans les systèmes agroforestiers, et de leur contribution au recul de la pauvreté, à la sécurité alimentaire et à la viabilité de l’environnement, et intégrer l’agroforesterie aux stratégies et programmes mis en œuvre par les pays pour assurer la réalisation des OMD.

Problèmes et possibilités d'une action fondée sur la forêt

14. Des stratégies ont été identifiées par diverses organisations et lors de récentes réunions pour combattre la pauvreté. Le « Forum sur les moyens de réduire la pauvreté grâce aux forêts» (« Forum on How Forests can Reduce Poverty »), réunion organisée en 2001 par la FAO, avec l’appui du Department for International Development (Département pour le développement international) du Royaume-Uni (DFID), a identifié des moyens par lesquels les arbres et les forêts peuvent contribuer à assurer la sécurité alimentaire et à réduire la pauvreté (FAO, 2001). Lors de cette réunion, un «Programme d’action»
Encadré 2: Réduction de la pauvreté grâce aux forêts
  1. Renforcement des droits, capacités et mécanismes de gouvernance en faveur des pauvres
  2. Réduction de la vulnérabilité des pauvres
  3. Exploitation des nouveaux débouchés, par exemple amélioration de l'accès aux marchés
  4. Travail en partenariat et renforcement des processus participatifs.
en quatre points a été élaboré pour s’attaquer aux obstacles qui empêchent les pauvres de tirer profit des forêts et de leurs ressources (voir encadré 2).

15. Les OMD préconisent l’intégration des principes du développement durable aux politiques de protection de l’environnement. À travers le monde, la viabilité à long terme de l’environnement

est intégrée aux politiques forestières, surtout depuis la CNUED, en revanche les objectifs de lutte contre la pauvreté et la faim ne sont pas encore bien intégrés aux politiques et aux plans forestiers.

16. La foresterie communautaire, ou foresterie participative, est particulièrement bien placée pour combattre la pauvreté. Elle est à présent bien acceptée et bien établie dans divers pays de toutes les régions, et ses programmes commencent à produire des résultats financiers et autres. Le succès des programmes de foresterie communautaire passe avant tout par l’amélioration des droits des populations et de leur accès aux ressources forestières. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour clarifier et garantir les droits d’accès. Nombre de pays s’emploient à renforcer la gestion des ressources forestières, certains par des processus de décentralisation qui permettent aux pauvres de tirer plus de profit des forêts et de participer davantage aux décisions et à l’aménagement forestier lui-même.

17. Si l’amélioration des droits et de l’accès aux ressources forestières et la création de petites entreprises forestières (notamment par le biais de partenariats entre les communautés et le secteur privé) s’annoncent particulièrement prometteurs pour la réduction de la pauvreté, les réalités politiques et économiques locales, les coûts d’opportunité de l’utilisation des ressources locales et d’autres facteurs risquent d’empêcher les pauvres de bénéficier des programmes forestiers communautaires dans toute la mesure souhaitée. C’est pourquoi il importe de concevoir des politiques et des programmes ciblés explicitement sur les pauvres. Or, il existe peu d’exemples d’approches stratégiques et de méthodologies conçues spécifiquement pour aider la foresterie à mieux combattre ou prévenir la pauvreté (Gilmour et al., 2004).

18. Bien que des progrès aient été réalisés dans l’incorporation des objectifs d’un développement durable aux politiques et à la planification du secteur forestier, l’intégration des forêts et de l’agroforesterie aux plans nationaux de développement durable est moins avancée. Les forêts et l’agroforesterie sont oubliées ou n’ont qu'une importance marginale dans la plupart des Documents de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), qui sont les principaux mécanismes de planification à l’échelon national pour la mise en œuvre des OMD. Souvent, les départements forestiers ne participent que de façon limitée à l’élaboration des DSRP et autres plans de développement durable. Le secteur forestier a peut-être besoin d’établir des analyses plus rigoureuses des liens entre les forêts et les arbres et le marché lui-même en tant qu’important élément des stratégies de réduction de la pauvreté, et de se montrer plus dynamique à l’échelon national dans le processus d’élaboration des DSRP, afin de s’assurer que les questions concernant la forêt sont dûment prises en compte.

19. Les organisations bilatérales et multilatérales ont réorienté leurs politiques et leurs programmes vers la réalisation des OMD. Les principales organisations, parmi lesquelles la Banque mondiale, ont axé leurs objectifs et leurs stratégies de financement sur les OMD, et plusieurs d’entre elles consacrent une grande partie de leur financement du secteur forestier à des programmes de lutte contre la pauvreté (Grosnow, 2003; Banque mondiale, 2004). L’intérêt limité porté aux forêts par les DSRP, qui servent de guide au financement des donateurs, tend à freiner l’appui extérieur au secteur forestier des pays en développement.

20. La coordination intersectorielle est importante pour la réalisation de tous les OMD, mais elle est particulièrement cruciale pour la lutte contre la pauvreté et la faim et pour la viabilité de l’environnement, objectifs qui, par leur nature, ont de profondes répercussions sur tous les secteurs. L’amélioration de la coopération et de la coordination intersectorielles ne peut que contribuer aux efforts en vue d’intégrer les principes d’un développement durable aux politiques liées aux forêts, mais aussi d'intégrer les forêts aux plans de développement durable.

21. Les efforts de réduction de la pauvreté fondés sur la forêt tendent à être liés à d’autres utilisations des sols et devraient donc s’inscrire dans le cadre des stratégies de développement rural. Inversement, on ne peut tirer pleinement parti de la contribution potentielle des forêts et des arbres hors forêts à la viabilité de l’environnement sans une coopération et une coordination intersectorielles. La coordination intersectorielle, quoique difficile et laborieuse, est nécessaire à de saines décisions concernant l’utilisation des sols et l’attribution des ressources, surtout lorsqu’il y a des choix difficiles à faire entre divers objectifs nationaux de développement. Par exemple, si l’on veut combattre la pauvreté et la faim, il est inévitable que certaines zones de forêt soient converties en terres agricoles, avec les répercussions économiques, environnementales et sociales que cela comporte. Les pays ont besoin de mécanismes de planification intersectoriels pour identifier les terres susceptibles d’apporter une contribution accrue au développement durable si elles sont converties de zones forestières en terres destinées à d’autres usages, et pour limiter le plus possible les effets négatifs des changements apportés au couvert végétal et à l’utilisation des sols.

Suivi et évaluation des progrès

22. Le Sommet du Millénaire + 5, réunion de haut niveau qui doit se tenir au Siège de l'ONU du 14 au 16 septembre 2005, procédera à un examen approfondi des progrès réalisés dans la poursuite des OMD et dans l’exécution des engagements pris lors des grandes conférences et sommets des Nations Unies dans les domaines économiques, sociaux et connexes. Les données relatives à l’indicateur forestier – la proportion de terres couvertes de forêts – seront communiquées à propos du septième OMD: assurer un environnement durable. Un rapport d’activité du Département des affaires économiques et sociales de l'ONU fait état de la nécessité « d’inverser la tendance actuelle à la disparition progressive des forêts » comme moyen d’atteindre cet objectif.1 Le descriptif du septième OMD présentera une vision plus large de la contribution des forêts au développement durable. Les données de l’Évaluation des ressources forestières mondiales effectuée par la FAO seront utilisées pour l’indicateur forestier de l’OMD, et la FAO collabore actuellement avec d’autres institutions des Nations Unies et organisations internationales à la rédaction de ce descriptif.

23. Un accord sur un résultat chiffrable concernant les forêts dans le cadre des OMD pourrait répondre à des fins diverses et contribuer à stimuler la mise en œuvre d’actions convenues en vue d’un aménagement forestier durable. Il pourrait utilement rappeler la contribution des forêts à un développement durable. Il servirait de base à l’évaluation et au suivi des progrès, et permettrait ainsi d’indiquer si les efforts actuels sont suffisants. Il pourrait contribuer à l’avenir à orienter le dialogue intergouvernemental sur les forêts en offrant un moyen d’indiquer où il faut renforcer les capacités, où des ressources nouvelles et additionnelles seraient bénéfiques, où un accès aux marchés est nécessaire et où de nouvelles technologies sont essentielles. Sur la base d’un tel objectif mondial, les pays pourraient fixer – comme beaucoup le font déjà – leurs propres objectifs nationaux concernant un aménagement durable des forêts, afin de contribuer à la réalisation de l’objectif mondial, dans le respect de leurs priorités nationales et sur la base des accords conclus à l’échelle internationale.

24. Les données recueillies par la FAO fournissent une base pour le suivi des tendances concernant les ressources forestières à l’échelle mondiale. La FAO serait donc bien placée pour offrir des apports techniques aux efforts intergouvernementaux en vue d’établir un objectif approuvé à l’échelle internationale concernant les forêts. Les délibérations intergouvernementales sur un objectif concernant les forêts pourraient se dérouler dans le cadre des négociations sur l’arrangement international sur les forêts. L’établissement d’un tel objectif pourrait être étudié à l’occasion de l’examen des progrès réalisés dans la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement mené sous les auspices de l’Assemblée générale des Nations Unies.

25. L’Ordre du jour provisoire de la Réunion ministérielle sur les forêts du 14 mars 2005 prévoit un débat sur la valeur potentielle d’un objectif concernant les forêts à l’échelle mondiale. Si les ministres approuvent l’établissement d’un tel objectif, ils pourraient demander à la FAO d’apporter son aide à cet effort. Le Comité des forêts pourrait offrir des conseils à la FAO sur la marche à suivre pour fournir des apports techniques à l’appui d’un dialogue intergouvernemental pour l’établissement d’un tel objectif.

Appui de la FAO aux objectifs du Millénaire pour le développement

26. Le programme de travail de la FAO sur les forêts apporte activement un appui à la réalisation des OMD, notamment des premier et septième objectifs.

27. La priorité absolue des programmes forestiers de la FAO est d’aider les pays dans les efforts déployés en vue d’assurer un aménagement durable des forêts. Les travaux de la FAO dans les domaines suivants contribuent à ces efforts: gestion et conservation des forêts, y compris dans les zones de montagne, sur les terres arides et dans d’autres zones marginales; évaluation et statistiques forestières; études sur les perspectives du secteur forestier; élaboration des politiques et renforcement des institutions, notamment par le biais de programmes forestiers nationaux; foresterie et agroforesterie communautaires; et produits forestiers ligneux et non ligneux. Les Commissions régionales des forêts de la FAO constituent un forum au sein duquel les pays peuvent échanger des connaissances et des données d’expérience. L’appui qu’apporte l’Organisation aux processus d’établissement de critères et d’indicateurs de durabilité de l’aménagement des forêts est également utile. La fonction d’information et de vulgarisation de son Département des forêts, notamment par la publication du rapport sur la Situation des forêts du monde et d’Unasylva, contribue à faire prendre conscience de la contribution d’un aménagement durable des forêts à la réalisation des OMD.

28. L’œuvre de longue haleine consacrée par la FAO à promouvoir une gestion durable des forêts contribue à la poursuite du septième OMD – assurer un environnement durable. Plus récemment, la FAO s'est attachée à renforcer la contribution des forêts à la réduction de la pauvreté et de la faim. Le Plan à moyen terme 2006 – 2011 comprend une entité chargée des forêts, de la lutte contre la pauvreté et de la sécurité alimentaire et une autre chargée de promouvoir une foresterie participative et des moyens de subsistance durables, conformément à l’approbation par le Conseil de la FAO en 2002 et le Comité des forêts en 2003 de la lutte contre la pauvreté comme priorité nouvelle du programme de travail du Département des forêts. L’exécution de ces programmes se fait à la fois à travers des activités normatives et le programme de promotion sur le terrain de moyens de subsistance durables, de la lutte contre la pauvreté et de la sécurité alimentaire.

29. Parmi les activités spécifiques du Département des forêts liées à la lutte contre la pauvreté et contribuant de ce fait à la poursuite des OMD, on peut citer:

30. Dès le début, le Programme spécial de la FAO pour la sécurité alimentaire a reconnu le rôle que joue la forêt dans la sécurité alimentaire en contribuant à la productivité agricole et à la diversification des revenus. La composante forestière des activités menées dans les pays a augmenté progressivement.

31. Un Groupe de travail interdivisions sur la pauvreté, créé en mars 2002 au sein du Département des forêts, a élaboré un cadre pour la lutte contre la pauvreté et la collaboration concernant les activités liées aux forêts, à la lutte contre la pauvreté et à la sécurité alimentaire. Le Département des forêts collabore également au Programme d’appui de la FAO aux moyens d'existence, initiative lancée par plusieurs départements pour promouvoir une bonne gouvernance, des processus de décision souples auxquels participent de multiples parties prenantes, le partage de connaissances et d’informations sur les activités forestières susceptibles de contribuer aux moyens d'existence et une communication efficace. Six pays d’Afrique centrale sont appuyés dans leurs efforts visant à tirer parti de la contribution des produits non ligneux des forêts et des arbres hors forêt à la sécurité alimentaire.

32. À travers son Programme ordinaire et en collaboration avec le Mécanisme pour les programmes forestiers nationaux, le Département des forêts apporte un appui direct aux pays, de manière à renforcer la cohérence et les synergies entre les programmes forestiers nationaux, à promouvoir des processus de planification et de politique de développement plus larges et à favoriser la participation de la société civile aux décisions sur les forêts. C’est là un mécanisme essentiel pour aider les pays à adapter leurs politiques et stratégies de manière à incorporer les forêts au développement durable et vice versa.

33. Avec la ratification du Protocole de Kyoto, les projets de boisement et de reboisement entrepris au titre du Mécanisme pour un développement propre (MDP) pourraient aussi contribuer à la réalisation des premier et septième OMD. La FAO a commencé à intégrer le MDP du Protocole aux programmes forestiers nationaux, et s'efforce particulièrement de créer les conditions propices à l’exécution de petits projets.

34. À l’échelle internationale, la FAO, en collaboration avec d’autres partenaires, joue un rôle clé dans les efforts destinés à intensifier les engagements en faveur d'un aménagement durable des forêts et sa mise en œuvre, notamment en présidant le Partenariat de collaboration sur les forêts, mécanisme interinstitutions chargé de renforcer la coopération sur les forêts et les appuis au processus du Forum des Nations Unies sur les forêts. La contribution de la FAO au suivi des progrès accomplis dans la réalisation des OMD est déjà mentionnée ci-dessus. Par ailleurs, la FAO est en train de travailleur au chapitre sur les forêts du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), mécanisme régional clé destiné à aider l’Afrique à atteindre les OMD et à connaître un développement global effectif.

Avis du Comité des forêts

35. Pour les futurs programmes d’appui aux Objectifs du Millénaire pour le développement, le Comité des forêts pourrait recommander que la FAO:

    1. mette en œuvre les recommandations pertinentes de la Réunion ministérielle sur les forêts, qui doit se tenir le 14 mars 2005, y compris celle sur la contribution éventuelle de l’Organisation à un processus d’apports techniques à l’appui d’un dialogue intergouvernemental concernant un objectif lié aux forêts à l’échelle mondiale;
    2. entreprenne des analyses et diffuse des informations sur la contribution des forêts et d’un aménagement durable des forêts à la réalisation des OMD;
    3. à travers son Programme ordinaire et le Mécanisme pour les programmes forestiers nationaux, aide les pays à incorporer les OMD aux programmes forestiers nationaux, à intégrer les forêts et l’agroforesterie à leurs Documents de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) et à leurs stratégies de développement rural et à renforcer la coordination intersectorielle;
    4. aide les pays à élaborer des stratégies spécifiquement conçues pour tirer parti de la contribution potentielle des forêts à la réalisation des OMD et à concevoir des outils pour aider les spécialistes de la forêt à les mettre en œuvre à l’échelon sous-national et au niveau des unités de gestion forestière;
    5. renforce le Programme spécial pour la sécurité alimentaire, en tant que mécanisme destiné à aider les pays à tirer parti des contributions des forêts et des arbres à la sécurité alimentaire; et
    6. continue d’aider les Nations Unies à suivre les progrès accomplis dans la réalisation des OMD.

Bibliographie

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Gilmour, D.; Y. Malla; et M. Nurse. 2004. Linkages between community forestry and poverty. Regional Community Forestry Training Center for Asia and the Pacific, Bangkok.

Grosnow, J. 2003. Review of poverty alleviation through forestry activity. Dans: Actes du Comité consultatif de la FAO sur le papier et les produits du bois, Oaxaca, Mexique, 8-9 mai 2003.

Lebedys, A. Sous presse. Trends and current status of the contribution of the forest sector to national economies. FAO, Rome.

Banque mondiale. 2004. Sustaining Forests: A Development Strategy. Banque mondiale, Washington, D.C.

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1 Objectifs du Millénaire pour le développement: Rapport d'activité du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies et Département de l'information des Nations Unies – DPI/2363-A (Rev. 27 octobre 2004)