CCP 05/13


COMITÉ DES PRODUITS

Soixante-cinquième session

Rome (Italie), 11-13 avril 2005

ENJEUX ET ACTIONS DANS LE DOMAINE DE LA GESTION DU RISQUE SUR LES MARCHÉS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX DES PRODUITS

Table des matières



I. INTRODUCTION

1. Au cours de la soixante-quatrième session du Comité des produits, il a été noté que « de nombreux pays cherchent à faire face à la faiblesse persistante et à la variabilité des prix sur les marchés des produits, notamment pour des produits spécifiques jouant un rôle essentiel dans leur économie. Parmi les stratégies correctives à élaborer, on peut citer la mise en place de mécanismes appropriés permettant de faire face aux risques découlant de l’instabilité des prix et la diversification du secteur agricole de ces pays. Plusieurs délégations ont souligné qu’un complément d’information, d’analyse et d’assistance serait nécessaire pour élaborer et mettre en application ces stratégies ». Dans la même perspective, la mise en place dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de la Décision de Marrakech issue du Cycle d’Uruguay (Décision sur les mesures concernant les effets négatifs possibles du programme de réforme sur les pays les moins avancés et les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires) tarde à se concrétiser. Dans cette décision les ministres des États membres de l’OMC ont reconnu que « par suite du Cycle d’Uruguay, certains pays en développement risquent d’avoir à court terme des difficultés à financer des niveaux normaux d’importations commerciales ». Des études ultérieures de la FAO et de la CNUCED ont montré que ces risques et ces difficultés à court terme sont dus principalement à une évolution inattendue des cours sur les marchés internationaux de produits ou aux difficultés enregistrées au niveau de la production nationale. Il a été également relevé que les principales contraintes auxquelles se trouvent confrontés les pays en développement à faible revenu importateurs de produits alimentaires sont les plafonds de crédit imposés par les pays développés sur le financement des importations.

2. Le présent document examine les problèmes soulevés par l’instabilité des prix des produits sur les marchés internationaux et les mesures susceptibles de gérer les risques correspondants qui font depuis longtemps l’objet d’études, de recherches, de propositions et d’actions correctives. Bien que ce problème soit depuis longtemps pris en considération et que diverses mesures aient été prises pour tenter de régler ce problème, les risques auxquels sont exposés les pays en développement semblent être aujourd’hui aussi élevés qu’il y a cinquante ans. Plus de cinquante pays en développement sont tributaires de trois produits (ou parfois moins) pour plus de la moitié de leurs recettes d’exportation. Tous les pays pauvres très endettés (PPTE) dépendent en grande partie (souvent pour plus de la moitié) de leurs exportations de produits de base. Nombre de pays tributaires des exportations de produits de base sont aussi en situation d’insécurité alimentaire. Comme la communauté internationale, ils disposent essentiellement de deux moyens pour tenter de régler les problèmes liés à l’instabilité des marchés. Le premier consiste à agir directement sur les marchés de produits, en vue de modifier la structure des prix, notamment par le biais des divers accords de produits internationaux, des programmes régulateurs des stocks tant au plan national qu’international, et de diverses autres initiatives, principalement nationales, visant à contrôler la production. Alors que la plupart des accords internationaux sur les produits ont échoué et ne sont pas actuellement à l’ordre du jour des instances internationales, on relève encore nombre de politiques qui tentent de contrôler les marchés internes des produits agricoles, tant dans les pays en développement que dans les pays développés.

3. Le deuxième moyen de régler les problèmes liés à l’instabilité des marchés de produits passe par la compensation a posteriori pour les pays dont les recettes d’exportation ou le coût global des importations ont subi le contrecoup des fluctuations sur le marché de produits. Les mécanismes mis en place par l’Union européenne au profit des pays ACP (STABEX et SYSMIN) sont les plus connus. On peut également citer la Facilité de financement compensatoire et de financement pour imprévus (FFCI) du Fonds monétaire international. Tous ces dispositifs n’ont pas toutefois permis d’éviter les risques auxquels se trouvent confrontés les pays à faible revenu tributaires des produits de base.

II. LA GESTION DU RISQUE ET LES MÉCANISMES D’APPLICATION

4. Le risque découle d’actions dont les résultats sont imprévisibles. C’est le caractère imprévisible qui détermine l’incertitude et ce sont les actions dont les résultats sont incertains qui sont à l’origine des risques. Les conséquences négatives de l’imprévisibilité du marché des produits ont fait l’objet de nombreuses études et de recherches approfondies. Selon Keynes1 (1942), la fluctuation du prix des produits entraîne un gaspillage des ressources, agit de manière préjudiciable sur les investissements consacrés au développement des capacités productives et tend à perpétuer la dépendance vis-à-vis des produits de base. Des publications récentes ont étudié la question de manière plus approfondie et détaillée. D’après les nouvelles connaissances acquises, une situation d’incertitude peut conduire les agents à accumuler des réserves liquides de précaution (en espèces ou en nature), s’il est impossible. Dans les pays pauvres, ces réserves doivent être suffisamment liquides pour être rapidement disponibles, au moment voulu. Consacrées aux stocks régulateurs, ou à ce que l’on appelle « les mécanismes de lissage de la consommation » ces ressources ne sont donc pas être affectées à des investissements productifs non liquides, et cela se répercute de manière négative sur la croissance générale2.

5. Une simple variation de revenus ne permet pas de parler d’incertitude et n’est donc pas considérée comme néfaste. Par exemple, si les recettes d’exportation d’un pays oscillent chaque année de 100 à 200 millions de dollars EU, et si les autorités nationales concernées le savent avec certitude une année à l’avance, les recettes d’exportation seront donc parfaitement prévisibles et l’on ne parlera pas dans ce cas d’incertitude. Les décisions que devront prendre les autorités pour gérer cette variation des recettes d’exportation sont un autre problème, mais une planification est possible. Par contre, si ces variations ne sont pas connues un an à l’avance, on parlera d’incertitude des recettes d’exportation et la planification se révélera beaucoup plus complexe. La gestion du risque liée aux produits met en oeuvre toutes les stratégies et toutes les politiques spécifiques qui permettent de régler à l’avance les difficultés liées à des revenus imprévisibles. Ces stratégies dépendent des possibilités dont dispose le pays. S’il n’y a pas de dispositif de sécurité externe (possibilité d’obtenir des fonds sous forme de don ou de prêt, ou de négocier le risque) on peut envisager trois moyens de réagir. Le premier consiste à modifier les risques en agissant directement sur les marchés qui génèrent ces risques. Cette approche a été pendant longtemps la plus courante dans de nombreux pays et elle est encore fréquente dans plusieurs pays (notamment dans plusieurs pays développés). Le contrôle international des produits de base n’a pas donné de résultats satisfaisants et on n’envisage pas actuellement cette option. Le contrôle des prix interne, par le biais des politiques commerciales ou d’intervention directes sur les marchés, pèse lourdement sur les finances et sur la croissance. Ces mesures, qui comportent presque toujours des distorsions à long terme des marchés, exercent une action négative sur l’affectation des ressources et s’accompagnent potentiellement de répercussions néfastes sur la croissance. Elles sont aussi très coûteuses et de nombreux pays en développement ont pu le constater.

6. La deuxième façon de gérer les risques liés aux revenus consiste à modifier l’exposition aux risques, en jouant sur la diversification. Des exportations plus diversifiées et une réduction de la dépendance vis-à-vis des importations permettent d’être moins vulnérables aux fluctuations des recettes d’exportation ou à une forte augmentation des cours des produits importés.

7. La troisième approche, qui touche à la fois les individus et les pays, fait intervenir des stratégies d’assurance, à savoir des mécanismes correcteurs. Au plan microéconomique, ces stratégies concernent surtout l’assurance individuelle par le biais du stockage ou du déstockage de réserves de précaution (en espèces ou en nature) ou la création de réseaux d’assurance mutuelle qui permettent des transferts lorsque cela est nécessaire. Dans une optique macroéconomique, les stratégies correspondantes pourraient porter sur le stockage et le déstockage des réserves en devises étrangères dans les pays, ou à des accords d’aide réciproque entre gouvernements amis (le coût ou la prime lié à ces accords est en général implicite).

8. Ces considérations supposent qu’il n’existe pas de système d’assurance externe, de dispositifs de sécurité ou d’instruments de diversification des risques pour protéger les entités économiques (au sein des pays) exposées aux risques liés aux produits. Cela n’est pas le cas dans les pays développés. Les agriculteurs et les consommateurs de produits agricoles (comme tous les agents de la chaîne de commercialisation) disposent dans ces pays de divers instruments sur les marchés qui leur permettent daffronter les risques. Par exemple, les propriétaires de silos qui achètent des céréales aux agriculteurs américains protègent leurs achats sur les marchés à terme et sur le marché des options. De même, les acheteurs de café et de cacao opérant sur les marchés internationaux gèrent, à ce niveau, les risques liés aux produits sur le marché à terme et sur le marché des options. Dans les pays développés, les producteurs et les consommateurs ont élaboré des stratégies complexes de gestion des risques reposant sur le marché pour régler les risques liés aux produits. Au cours des deux dernières décennies, la mise au point de divers instruments financiers (marchés à terme, marché des options, swaps, etc.) a élargi les possibilités. Ainsi les agents des pays développés peuvent estimer la valeur monétaire des risques qu’ils encourent dans les marchés organisés ou moins organisés (de gré à gré3).

9. Alors que les marchés des instruments de gestion du risque sont actuellement ouverts à tous, dans les pays en développement, les entités économiques n’en font pas grand usage. Cela tient à diverses carences institutionnelles et à des contraintes financières4. Ainsi, l’aide sous la forme de dispositifs de sécurité additionnels pour les produits, tant sur les marchés internationaux que nationaux, devrait non seulement être utile mais aussi favoriser la croissance et réduire la pauvreté. Récemment, le Groupe spécial international sur la gestion des risques inhérents au cours des produits, avec l’appui de la Banque mondiale, a tenté d’améliorer l’accès des pays en développement à de tels instruments de gestion5.

III. SYSTÈMES D’ASSURANCE AXÉS SUR LES FORCES DU MARCHÉ POUR AIDER LES PAYS À FAIBLE REVENU TRIBUTAIRES DES PRODUITS DE BASE À AFFRONTER L’INSTABILITÉ DES PRIX SUR LES MARCHÉS INTERNATIONAUX

10. Sur les marchés internationaux, les principaux risques liés à l’importation ou à l’exportation de produits, que doivent affronter les pays à faible revenu tributaires des produits de base, sont des prix et des volumes de produits exportés anormalement bas et des prix et des volumes de produits importés trop élevés, entraînant une baisse des revenus d’exportation ou une hausse des dépenses d’importation. Les pays à faible revenu tributaires des produits de base auraient besoin d’un type d’assurance internationale qui permette donc de couvrir certains manques à gagner à l’exportation ou de compenser l’accroissement des dépenses d’importation. Compte tenu du fait que les cours de la plupart des produits agricoles (alimentaires et non alimentaires) sont caractérisés par de rares flambées et de longues périodes de récession, il semblerait que les options (de vente ou d’achat) seraient le plus appropriées.

11. Une option de vente sur un produit donne à l’acheteur de l’option la possibilité de vendre une certaine quantité de produit à un prix préétabli (le prix de levée de l’option), au cours d’une période donnée. Si le prix réel du produit, au moment où le vendeur souhaite vendre, est plus élevé que le prix de levée de l’option, le vendeur n’exerce pas l’option et perd juste la prime versée pour l’option. Au contraire, si le prix réel est inférieur au prix de levée de l’option, le bénéficiaire de l’option demande son application et gagne la différence entre le prix de levée de l’option et le prix réel du produit. Une option d’achat donne la possibilité d’acheter à terme à un prix de levée de l’option préétabli, pendant une période donnée. Si le prix à terme est inférieur, le bénéficiaire de l’option d’achat ne fait pas valoir son option et perd la prime versée. Si le prix réel est plus élevé que le prix de levée de l’option le bénéficiaire exerce l’option et gagne la différence entre le prix effectif et le prix de levée de l’option.

12. Aux fins de la planification, il serait utile que les autorités de nombreux pays à faible revenu tributaires des produits de base puissent disposer de telles options d’assurance. La difficulté tient au fait que, pour diverses raisons, ces options utilisées dans les échanges commerciaux sont difficiles à appliquer dans les pays à faible revenu tributaires des produits de base, pour diverses raisons. Il s’agit notamment du fait qu’il n’existe pas d’option sur les produits pour des périodes supérieures à un an; du risque de corrélation potentiellement élevé; des problèmes liés au crédit et au risque de contrepartie pour les organismes des pays en développement; du manque de compétences dans ce secteur; de la faiblesse des institutions financières et du cadre réglementaire; du faible volume d’échanges potentiels, ainsi que des coûts de la participation aux marchés à terme et aux marchés d’options qui peuvent être élevés6.

13. Pour certains pays à faible revenu tributaires des produits de base, il peut être logique de gérer les risques liés aux exportations ou aux importations de produits alimentaires par le biais d’un engagement direct sur les marchés à terme et d’options des pays développés, mais ces coûts peuvent être très élevés (du point de vue monétaire certes, mais également du fait de l’absence de certaines infrastructures et institutions). Cela dit, une option internationale appropriée pourrait être de créer certains types de mécanismes ou dispositifs d’intermédiation ou de les faciliter, entre les pays à faible revenu tributaires des produits de base et les marchés bien organisés des pays développés. Une telle démarche pourrait donner aux autorités des pays à faible revenu tributaires des produits de base la possibilité d’obtenir des options de vente ou d’achat sur une ou plusieurs années, pour les exportations ou les importations de produits agricoles. Elle pourrait être adoptée directement par les pays à faible revenu tributaires des produits de base ou par le biais de certains fonds ou d’autres modalités de financement, qui pourrait donner aux pays à faible revenu tributaires des produits de base la possibilité de conclure des contrats d’options, comme susmentionné.

14. Un point intéressant pour les pays à faible revenu tributaires des produits de base est que ces contrats pourraient être adaptés à chaque pays ou à chaque organisme au sein d’un même pays, lorsque les conditions requises sont réunies. Plus le contrat s’écarte des clauses et conditions en vigueur dans les échanges organisés de produits, plus il sera difficile de réassurer le risque et plus le contrat sera cher. Par exemple, si un pays souhaite obtenir la garantie des prix d’exportation des produits sur plusieurs années, ou une option de vente à un prix précis de leveé de l’option, et si les échanges organisés offrent des options de vente d’une durée qui ne dépasse pas un ou deux ans, la prime perçue pour un tel contrat pluriannuel sera considérablement plus élevée que pour les options commerciales disponibles en la matière.

15. Le principal avantage d’un système de ce genre serait tout d’abord de mettre à la disposition des pays à faible revenu tributaires des produits de base des contrats d’assurance sur les produits qu’ils ne pourraient pas obtenir sur le marché. Il permettrait ensuite de réaliser des économies d’échelle, à la fois pour l’intermédiation financière et pour la mise en commun des risques des divers pays à faible revenu tributaires des produits de base. Le groupement des risques permettrait d’abaisser le coût total des contrats d’assurance. Il ne devrait pas être trop cher puisque l’essentiel du risque pourrait être couvert par les échanges commerciaux.

16. Le secrétariat de la FAO a effectué diverses études empiriques sur les répercussions d’un système de gestion des risques sur les importations et exportations de produits alimentaires de base. Les tableaux 1 à 3 présentent les résultats de trois simulations pour le blé, le maïs et le café robusta. Les simulations ont porté sur le point de savoir quels auraient été les coûts à la charge d’un pays importateur de denrées alimentaires, ou d’un pays exportateur de café robusta, s’il avait constamment, au cours des dernières années (les simulations portent sur les années 1986-2004) compensé les coûts excessifs des importations alimentaires dues à de brusques hausses des prix par des options d’achat ou le fort déclin des recettes d’exportation par des options de vente. Selon les simulations, les pays auraient payé le coût commercial intégral des options.

17. Les résultats indiquent qu’une couverture constante des importations de blé ou de maïs par des options dans le Chicago Board of Trade (CBOT) semblent être un bon choix stratégique pour de nombreux pays à faible revenu et à déficit vivrier, même s’ils doivent soutenir le coût total de la couverture. Les résultats sont dans l’ensemble positifs et lorsqu’ils sont négatifs, ils sont en général inférieurs à 1 pour cent de la valeur des importations. Dans le cas du café les résultats montrent que presque tous les pays exportateurs auraient pu tirer des profits substantiels, s’ils avaient couvert les risques de leurs exportations commerciales dans le cadre de LIFFE, la principale bourse internationale du café robusta, basée à Londres.

18. Alors que les résultats indiquent que chaque pays pourrait bénéficier d’une couverture individuelle, il a été démontré qu’un regroupement des couvertures (voir la rubrique « Fonds » dans les tableaux) permettrait beaucoup plus probablement de dégager des profits nets du fait d’une facilité d’intermédiation qui permet de réunir les risques de divers pays. Les avantages pris en considération étaient exclusivement d’ordre monétaire. D’autres avantages peuvent être liés à l’assurance. Par exemple, la quantité globale des importations ou des exportations peut augmenter. Elle se traduira donc par un accroissement des approvisionnements alimentaires dans les pays et peut-être par une amélioration de la sécurité alimentaire, ou par un accroissement des recettes d’exportation et, partant, des revenus des producteurs de denrées exportables.

IV. CRÉATION D’UNE FACILITÉ DE FINANCEMENT DES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES POUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCISION DE MARRAKECH

19. La création, dans les meilleurs délais, d’une Facilité de financement des importations alimentaires à portée internationale, conformément à la Décision de Marrakech, devrait, à ce stade, permettre aux pays membres de l’OMC de répondre à leurs engagements juridiques, mais faciliter aussi les négociations en cours à l’OMC sur les crédits à l’exportation, en donnant à un plus grand nombre de pays exportateurs, au moins à certaines conditions, la possibilité de vendre des produits alimentaires à crédit de manière plus équitable et aux pays importateurs, de maintenir le niveau de leurs importations lorsque les conditions nationales ou internationales sont défavorables.

20. Les besoins excessifs d’importations de produits alimentaires dont dus essentiellement à trois facteurs. Le premier est la hausse des cours des produits alimentaires sur les marchés mondiaux, qui peut être due à diverses raisons qui ne dépendent pas du pays concerné. Le deuxième est l’accroissement du déficit alimentaire dans le pays, du fait d’une baisse imprévue de la production, de catastrophes et d’autres facteurs, non compensés par l’aide alimentaire. Le troisième est une modification intervenue dans les importations alimentaires d’un pays, qui passe de l’aide alimentaire ou d’importations à conditions de faveur à l’importation de produits aux conditions du marché. Les contraintes financières liées aux importations alimentaires excessives s’expliquent par les limites de crédit ou de risque imposées pour l’essentiel par les institutions financières internationales privées. Ces limites sont très contraignantes lorsque les besoins d’importation sont excessifs, en raison des facteurs susmentionnés, ce qui limite les importations alimentaires. C’est cet aspect que la facilité devrait permettre de régler7.

21. Parmi les solutions envisageables on peut citer un accord portant création d’un mécanisme de financement des importations de produits alimentaires. Elle aurait pour but d’octroyer un financement commercial élargi aux agents des PFRDV pour soutenir le coût accru des factures d’importations des produits alimentaires excessives, de façon à maintenir un volume normal d’importations ou à permettre l’importation de quantités supplémentaires par rapport aux besoins normaux d’importations commerciales. Ce financement pourrait être assuré aux agents importateurs de produits alimentaires par le biais des banques centrales et commerciales des pays concernés, qui assurent normalement le financement des importations commerciales de produits au moyen de lettres de crédit. Le financement assuré par le mécanisme de financement des importations de produits alimentaires pourrait non seulement accroître la capacité de financement des banques locales mais aussi inciter les banques des exportateurs privés à accepter les lettres de crédit des banques des pays importateurs en monnaie forte, pour des montants supérieurs aux plafonds de crédit imposés par les banques commerciales pour les exportations à destination des PFRDV. Une première étude de la question par la FAO indique qu’un tel accord, sous la forme d’un mécanisme utilisant des garanties pour emprunter lorsque les conditions sont anormales sur les marchés mondiaux et rétrocéder les prêts aux PFRDV, est très efficace du point de vue de coûts, surtout si on l’associe aux mécanismes modernes de gestion des risques liés aux prix des produits, aux taux des changes ou à la convertibilité des monnaies et pourrait représenter un atout supplémentaire pour la gestion du risque des importations alimentaires.

V. CONCLUSIONS ET ENJEUX, POUR EXAMEN

22. Les points essentiels contenus dans le présent document peuvent être résumés comme suit:

23. Le Comité pourrait souhaiter examiner les questions suivantes:

Tableau 1 – Pertes et profits découlant des opérations de couverture des risques liées au prix d’importation du blé, par le biais des options d’achats auprès du Chicago Board of Trade, pour la période 1986-2002 (Tous les chiffres indiquent la part du blé dans le coût des importations commerciales du pays au cours de la même période. Le facteur k indique le nombre de mois écoulés avant l’achat des importations, lorsque l’option d’achat est placée. Le facteur α indique la part située au-dessus du prix à terme - k mois avant l’achat - qui définit le prix de levée de l’option).

 

k=6

k=9

K=12

 

α = 0,10

α = 0,20

α = 0,10

α = 0,20

α = 0,10

α = 0,20

Bangladesh

-0,92

-0,33

-0,57

0

-1,67

-0,85

Chine

0,25

0,99

2,24

4,42

0,50

-0,15

Égypte

0,32

0,43

1,01

1,12

0,37

-0,37

Inde

-1,12

-0,24

-0,50

-0,39

-1,50

-0,27

Indonésie

0,39

0,29

0,25

0,53

0,25

-0,50

Mozambique

-0,41

0,04

0,86

1,33

-0,34

-0,47

Nicaragua

0,16

0,39

0,73

1,03

0,23

-0,38

Pakistan

0,12

0,47

-0,13

0,46

0,23

-0,23

Philippines

0,06

0,31

0,47

0,81

0,21

-0,56

Soudan

0,15

0,15

0,64

0,72

0,06

-0,62

Tanzanie

-0,92

-0,39

-0,51

-0,30

-1,11

-1,07

« Fonds »

0,38

0,50

0,98

1,05

0,38

-0,28

Source. FAO

Tableau 2 – Pertes et profits découlant des opérations de couverture des risques lies aux prix d’importation du maïs par le biais des options d’achat auprès du Chicago Board of Trade, pour la période 1986-2004 (Tous les chiffres indiquent la part du maïs dans le coût des importations commerciales du pays au cours de la même période. Le facteur k indique le nombre de mois écoulés avant l’achat des importations lorsque l’option d’achat est placée. Le facteur α indique la part située au-dessus du prix à terme - k mois avant l’achat - qui définit le prix de levée de l’option).

 

k=6

k=9

k=12

 

a =0,10

a =0,20

a =0,10

a =0,20

a =0,10

a =0,20

Algérie

0,04

-0,07

0.12

-0.29

0.11

0.00

Brésil

0,02

-0,15

0.04

-0.25

0.45

0.18

Colombie

0,49

0,11

0.60

-0.08

0.54

0.12

Égypte

0,20

-0.02

0.57

-0.13

0.38

0.06

Indonésie

0,97

0,37

1,49

0,05

0,82

0,33

Iran, Rép Islamique d’

0,30

-0,02

1,14

-0,17

0,70

0,23

Kenya

-0,51

-0,43

-0,43

-0,47

-0,21

-0,18

Madagascar

0,50

-0,14

0,43

0,49

0,88

0,04

Malawi

0,35

-0,15

0,84

-0,45

1,54

0,03

Malaisie

0,66

0,27

0,85

-0,14

0,53

0,18

Mozambique

0,36

-0,09

0,58

-0,15

0,37

-0,14

Pérou

0,64

0,10

1,25

-0,05

0,63

0,22

Arabie saoudite

0,31

-0,04

0,67

-0,11

0,47

0,14

Tanzanie

-0,22

-0,17

-0,03

-0,06

0,30

0,23

Venezuela

0,20

-0,09

0,71

-0,18

0,70

0,16

“Fonds”

0,32

0,02

0,65

-0,16

0,48

0,12

Source. FAO

 Tableau 3 – Pertes et profits découlant des opérations de couverture des risques lies aux prix des importations de café par le biais des options de vente auprès du LIFFE, pour la période 1986-2004 (Tous les chiffres indiquent la part du café dans les revenus d’exportation du pays au cours de la même période. Le facteur k indique le nombre de mois écoulés avant l’exportation effective lorsque l’option de vente est placée. Le facteur α indique la part située au-dessous du prix à terme - k mois avant l’exportation effective - qui définit le prix de levée de l’option).

 

k=6

k=9

k=12

 

α = -0,10

α = -0,20

a = -0,10

α = -0,20

α = -0,10

α = -0,20

Brésil

2,03

1,98

2,88

3,31

2,89

2,84

Burundi

8,35

7,76

13,14

12,53

6,50

6,19

Cameroun

6,42

6,02

8,38

8,06

4,69

4,51

Congo, République dém. du

2,27

1,82

5,91

5,72

3,79

3,76

Équateur

1,80

1,75

5,27

5,27

3,76

3,65

Guinée équatoriale

3,44

3,41

-0,33

0,50

-1,62

-2,73

Guatemala

-5,25

-4,64

-0,49

-0,64

1,73

1,72

Inde

7,08

6,83

9,86

10,18

5,60

5,41

Indonésie

4,30

4,26

5,15

5,17

4,06

3,95

Madagascar

0,51

0,19

6,86

6,72

2,79

2,55

Tanzanie

4,48

3,93

8,86

8,56

5,17

4,80

Thaïlande

2,27

1,82

5,91

5,72

3,79

3,76

Togo

5,72

5,52

7,40

6,94

5,49

5,43

Ouganda

4,23

4,11

5,12

5,15

3,24

3,26

Vietnam

5,64

5,45

10,36

10,40

6,60

6,35

“Fonds”

4,30

4,15

6,91

6,94

4,48

4,33

Source. FAO

_____________________

1 Keynes, J.M. (1942), “The International Control of Raw Materials”, U.K. Treasury Memorandum (réimpression dans le Journal of International Economics, vol. 4, 1974).

2 Voir par exemple: Fafchamps, M.,et J. Pender (1997) “Irreversible Investment: Theory and Evidence from Semiarid India”, Journal of Business and Economic Statistics, vol. 15(2): 180-193.

3 Pour en savoir plus sur les possibilités et les modalités de gestion du risque, voir Harwood, J, R. Heifner, K. Coble, J. Perry, and A. Somwaru (1999), “Managing Risk in Farming: Concepts, Research and Analysis”, US Department of Agriculture, Economic Research Service, Agricultural Economics Report No. 774, Varangis, P., D. Larson, and J.R. Anderson (2002), “Agricultural Markets and Risks: Management of the Latter not the Former”, Banque mondiale, document de travail n° 2793.

4 Pour en savoir plus voir Debatisse, M.L., I. Tsakok, D. Umali, S. Claessens, and K. Somel (1993), “Risk Management in Liberalising Economies: Issues of Access to Food and Agricultural Futures and Options Markets”, World Bank, Europe and Central Asia Regional Office, Middle East and North Africa Regional Office, Technical Department Report No. 12220 ECA, November.

5 Groupe international spécial sur la gestion des risques inhérents aux cours des prix des produits dans les pays en développement (1999), “Dealing with Commodity Price Volatility in Developing Countries: A Proposal for a Market Based Approach”, Document de travail destiné à la Table ronde sur la gestion des risques inhérents au cours des prix des produits dans les pays en développement (Banque mondiale). Washington DC.

6 Pour en savoir plus, voir Debatisse, et. al. (op. cit.).

7 FAO (2003). Financing Normal Levels of Commercial Imports of Basic Foodstuffs in the context of the Marrakesh Decision on least-developed (LDC) and net food importing developing countries (NFIDC).