COMITÉ DES PRODUITS

GROUPE INTERGOUVERNEMENTAL SUR LA BANANE
ET LES FRUITS TROPICAUX

Première session

Gold Coast (Australie), 4 - 8 mai 1999

RAPPORT SUR LES ACTIVITÉS DU FONDS COMMUN RELATIVES AUX BANANES


Table of Contents


I. INTRODUCTION

1. En sa qualité d'organisme international de produits (OIP) désigné pour les bananes, le Groupe a mis en œvre et supervisé le Projet d'amélioration de la banane qui s'est achevé à la fin de 1998. La section II du présent document contient une évaluation globale de ce projet.

2. A sa dernière session, le Groupe a approuvé quatre propositions de projet. Les vues du Fonds commun pour les produits de base sur ces projets figurent dans la section III, et un remaniement des éléments clés des propositions est fourni à l'appendice A.

3. En outre, un nouveau projet visant la relance de la production bananière en Guinée a été soumis à l'examen du Groupe en tant qu'appendice B. Il pourrait servir à d'autres membres comme exemple de projet appuyé par le Fonds commun sous l'égide du secteur privé.

4. Depuis la dernière session du Groupe, le Fonds commun a révisé ses directives relatives aux projets. Les changements sont résumés à la section IV du présent document.

II. LE PROJET D'AMÉLIORATION DE LA BANANE

ÉVALUATION GLOBALE DU PROJET

5. Le Groupe se souviendra que les deux objectifs clés du projet étaient les suivants:

    1. créer et évaluer une gamme de variétés de bananes améliorées ayant des bonnes perspectives d'exportation, plus productives et présentant une résistance durable aux maladies grâce à des techniques d'amélioration génétique classiques ou nouvelles; et
    2. mettre au point des pratiques plus efficaces et intégrées de gestion des maladies, notamment en ce qui concerne la cercosporiose noire.

6. La plupart des sous-projets du Projet d'amélioration de la banane entraient dans deux catégories, à savoir la sélection et la biotechnologie. Nombre d'entre eux étaient à long terme et de nature stratégique et visaient en premier lieu l'acquisition de connaissances théoriques et pratiques. De l'avis du Groupe, l'utilisation de ces connaissances constituera un apport précieux aux secteurs tant de la production que de l'exportation de bananes et de plantains. Leur application future donnera lieu à d'importants résultats pour les producteurs et les exportateurs mais un investissement ultérieur dans la recherche-développement sera nécessaire.

7. Il existe un grand nombre de domaines où les résultats du programme auront très probablement des effets directs à court terme sur l'industrie, y compris l'utilisation de certains clones de cercosporiose noire au Brésil, et l'indexation des souches de Fusarium dans un lieu donné lorsqu'on prévoit d'établir de nouvelles bananeraies. La collection de référence permettra d'identifier rapidement les souches responsables de la fusariose du bananier.

8. Presque tous les projets réalisés dans le cadre du Projet d'amélioration de la banane ont contribué aux futurs efforts de recherche sur ce fruit. L'efficacité du Projet aurait été renforcée si le secteur privé avait fourni un financement, comme envisagé au début du programme.

9. Réalisations du Projet d'amélioration de la banane:

10. Le Projet d'amélioration de la banane a donné naissance à un "consortium biotechnologique"1. Il a démontré que la transformation in vitro peut être utilisée dans la modification génétique, et a affiné les techniques par bombardement de particules, la transformation par agrobacterium et les technologies de régénération. Le "consortium" envisage de publier des manuels relatifs à la production in vitro de Musa.

11. Un consortium similaire a été créé pour la recherche sur les nématodes2.

12. Les essais menés sur plusieurs tétraploïdes et diploïdes de banane vis-à-vis de certaines maladies devraient beaucoup contribuer à la formulation de nouvelles stratégies de lutte dans les plantations d'Amérique du Sud. Certains clones évalués dans le cadre du Projet d'amélioration de la banane ont également montré une grande résistance au nématode Radopholus similis.

13. La collection de matériel génétique provenant du Viet Nam et du Kérala (Inde), résultat direct de l'appui financier du Projet d'amélioration de la banane, revêt une grande importance car elle contient des matériels encore inconnus dans d'autres pays et qui pourraient être très utiles dans d'autres programmes de recherche sur l'amélioration génétique de la banane. Il faut encore étudier les caractéristiques de ces matériels et appuyer les nouvelles collectes et les études correspondantes en vue d'obtenir des clones améliorés.

14. La mosaïque en tirets du bananier est une maladie grave qui est devenue une véritable épidémie en Afrique, mais qui touche aussi plusieurs tétraploïdes mis au point récemment par la FHIA et résistants à la cercosporiose noire. Il est donc important de lutter contre ce virus pour éviter la propagation de la maladie aux pays d'Amérique latine touchés récemment et qui utilisent ce matériel. Au cours de la dernière phase du Projet d'amélioration de la banane, l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA) a beaucoup contribué à la mise au point de méthodes thérapeutiques visant l'assainissement de matériel génétique amélioré de Musa contaminé par le virus.

15. Dans le cas de la cercosporiose noire, bien qu'il n'ait pas été possible de mettre au point une gamme de variétés améliorées durables et résistantes aux maladies, les résultats obtenus contribuent à mieux faire comprendre les mécanismes de résistance/tolérance du matériel génétique, ainsi que le comportement des champignons résistant après des traitements répétés de fongicides.

16. Les résultats du Projet sont dans l'ensemble extrêmement prometteurs, mais c'est la prise en charge par les agriculteurs eux-mêmes des différents outils et variétés qui sera le vrai banc d'essai de son efficacité. A l'appendice A figure une proposition de projet visant à faire profiter les agriculteurs de certains des résultats obtenus. Le Projet d'amélioration de la banane n'a certes pas produit de nouveau cultivar résistant aux maladies pour remplacer la banane Cavendish mais, à longue échéance, plusieurs variétés pourraient naître du travail accompli.

17. Grâce à PROMUSA, au Réseau international pour l'amélioration des bananes et des plantains (INIBAP), à la Banque mondiale et à ses efforts visant à créer un organisme de recherche permanente ("Biobanana"») financé par les secteurs public et privé, et aux fonds affectés par les institutions nationales de recherche, les études entreprises dans le cadre du Projet d'amélioration de la banane sont assurées d'un suivi. Le résultat le plus intéressant obtenu par le Projet est peut-être la possibilité d'associer différentes formes de résistance dans une ou plusieurs plantes transgéniques, conjuguée à une réduction notable des pulvérisations de produits chimiques. Tout droit de propriété intellectuelle au titre de la recherche financée par le Projet revient aux membres du Groupe par l'intermédiaire de la Banque mondiale, du Fonds commun pour les produits de base et de la FAO.

III. PROJETS APPROUVÉS PAR LE GROUPE
À SA DERNIÈRE SESSION

18. A sa dernière session, le Groupe a approuvé les quatre projets suivants à soumettre au Fonds commun pour les produits de base: Programme mondial pour l'amélioration de Musa (PROMUSA), Nouvelles perspectives commerciales et possibilités de commercialisation de la banane en Afrique de l'Est, Appui à l'amélioration des productions de bananiers et plantains visant les marchés d'exportation d'Amérique centrale et des Caraïbes et Projet d'introduction et de distribution de variétés de bananes et plantains résistant aux maladies au Nicaragua. Le Fonds commun pour les produits de base a informé les promoteurs de ces projets et le secrétariat que, pour de multiples raisons, ces projets ne remplissent pas les conditions nécessaires pour être financés par lui. Cependant, le Fonds commun a souligné qu'il pourrait prendre en considération un projet qui associe des éléments communs aux quatre projets, comme indiqué à l'appendice A. La proposition de projet présentée à l'appendice A devra sans doute comprendre des accords de prêt et de financement de contrepartie, qui devront être conçus séparément pour chaque pays.

IV. PLAN D'ACTION QUINQUENNAL
DU FONDS COMMUN POUR LES PRODUITS DE BASE

19. Le Fonds commun a approuvé récemment un plan d'action quinquennal dont plusieurs aspects concernent l'évaluation de projets. Ce plan, qui est une réorientation, modifie les directives antérieures. Dorénavant, l'examen de projets par les organes directeurs du Fonds commun devra se conformer aux directives suivantes:

V. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

20. Le Groupe souhaitera peut-être exprimer son avis sur les réalisations du Projet d'amélioration de la banane et proposer des mesures de suivi conformément à sa stratégie. Parmi les domaines de suivi, le Groupe pourrait encourager le renforcement des réseaux afin de diffuser les résultats du projet auprès des institutions nationales, des services de vulgarisation et des associations d'agriculteurs. En outre, le Groupe pourrait aussi faire des observations sur les effets possibles des directives du Fonds commun pour les produits de base données au paragraphe 19 sur les efforts d'amélioration de la banane.

21. Tout en maintenant sa stratégie3 de développement des produits, le Groupe souhaitera peut-être appuyer en priorité d'autres projets à soumettre pour financement au Fonds commun (y compris ceux figurant aux appendices A et B) compte tenu des directives énumérées au paragraphe 19.

Appendice A
Proposition de projet: Evaluation et diffusion de matériel génétique amélioré de Musa avec la participation des producteurs

Le projet vise en premier lieu l'introduction de cultivars existants de Musa résistant aux ravageurs/maladies (y compris ceux qui ont été renforcés par la recherche du Projet d'amélioration de la banane) et qui répondent aux exigences locales. L'objectif est de permettre aux petits exploitants des pays producteurs de bananes et de plantains de remplacer les cultivars existants, hautement vulnérables aux cercosporioses, à la fusariose du bananier et aux nématodes, par des variétés qui se sont avérées plus résistantes. Cet objectif sera réalisé grâce à une évaluation, en collaboration avec les agriculteurs, d'hybrides améliorés produits par les programmes de sélection de Musa (dont un grand nombre sont liés au Projet d'amélioration de la banane) dans des projets pilotes de pays désignés.

Il est proposé de lancer des projets pilotes de démonstration dans certains pays d'Amérique latine et des Caraïbes et d'Afrique de l'Est et centrale. Parmi les pays choisis pourraient figurer le Nicaragua, Haïti et le Honduras pour l'Amérique latine, l'Ouganda, l'Ethiopie et la République démocratique du Congo pour l'Afrique. Quatre des six pays sont des PMA. Ces pays ont déjà identifié comme activité prioritaire l'introduction et l'évaluation de variétés améliorées de bananes, et le projet s'associerait dès lors à des initiatives en cours dans chaque pays. Tous ces pays ont des problèmes de sécurité alimentaire et les bananes/plantains joueront un rôle crucial à cet égard au profit des petits exploitants et des groupes les plus pauvres de la population. En évaluant les variétés de bananes, il faudra tenir compte des besoins et des contraintes des différents pays et il faudra donc que chaque projet pilote soit géré séparément par un agent d'exécution distinct.

Dans chaque pays, les variétés à évaluer seront choisies sur la base de la demande nationale et régionale tant des consommateurs que du marché. Dans tous les cas, l'objectif consistera à identifier les variétés améliorées résistant aux ravageurs/maladies qui ont des perspectives commerciales prometteuses aussi bien pour le marché intérieur que pour l'exportation. Ces variétés identifiées au cours des travaux d'évaluation seront multipliées et distribuées à grande échelle dans les zones qui en ont besoin. Cette multiplication pourra se réaliser soit in vitro, soit dans des pépinières sur le terrain.

Le projet comprendra les éléments suivants:

Mise en œvre du projet

Les composantes du projet (projets pilotes) se dérouleront dans différents pays et pourraient être exécutées par différents organismes.

Coûts

Le coût total du projet devrait avoisiner le million de dollars E.-U. La répartition du financement entre subventions et prêts se fera une fois que le document de projet aura été entièrement rédigé et lorsque les disponibilités de cofinancement par d'autres sources que le Fonds commun pour les produits de base seront connues.

Appendice B
Description du projet

Le marché de Conakry, capitale de la Guinée, est insuffisamment ravitaillé en bananes. En outre, il existe dans les pays voisins des débouchés possibles pour ce produit. Le projet intégral propose donc de créer trois unités de base de production-commercialisation de 25 hectares chacune, outre 50 petites exploitations couvrant chacune deux hectares au maximum. La structure centrale de production-commercialisation est la Société d'importation, transformation et exportation de la banane (SITEB), compagnie privée qui recevrait un soutien financier et technique et dispenserait, à son tour, une aide technique et de gestion ainsi qu'une formation aux petits exploitants. La Guinée ayant été jadis un important producteur de bananes, les petits agriculteurs sont prêts à consacrer à nouveau leurs terres à la production de bananes. L'amélioration du transport, la qualité de l'entreposage après récolte et la commercialisation des fruits sont autant d'éléments importants du projet. La Guinée fait partie des pays en développement les moins avancés. Ce projet vise les groupes les plus pauvres de la société.

Le projet coûterait l'équivalent de 4,04 millions de dollars E.-U. Le Fonds commun pour les produits de base devra affecter à son financement un montant de 2,5 millions de dollars E.-U., grâce à une combinaison de prêts et de subventions, tandis que la SITEB mobilisera 1,5 million de dollars E.-U. Les fonds alloués par le Fonds commun serviront essentiellement à financer l'investissement dans les plantations de base et les petites exploitations, y compris les services de formation et de transfert de technologie, alors que ceux mobilisés par la SITEB couvriront les coûts de fonctionnement, y compris le service de la dette.

Mise en œvre du projet

La SITEB deviendra vraisemblablement l'agent d'exécution du projet, à moins qu'un organisme plus approprié ne soit désigné.

1 Laboratoire d'amélioration des cultures tropicales de l'Université de Louvain, Centre de biotechnologie moléculaire de l'Université de technologie du Queensland, Centre de recherche coopérative sur la pathologie des plantes tropicales de l'Université du Queensland, Institut Boyce Thompson de recherche sur les plantes de l'Université Cornell, Université de science et de technologie de Hong Kong et Université de Hawaï.

2 Parmi les membres figurent le Centre de recherches régionales sur bananiers et plantains, Cameroun (CRBP), la FHIA et l'IRTA/CITA (Espagne).

3 Document CCP:BA 97/11 approuvé par le Groupe à sa quinzième session.