CFS:2000/5


 

COMITÉ DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE MONDIALE

Vingt-sixième session

Rome, 18-21 septembre 2000

QUI SONT LES VICTIMES DE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ?

Table des matières


 


I. INTRODUCTION

1. Dans son paragraphe 20 a), le Plan d'action du SMA demandait aux gouvernements, en collaboration avec tous les acteurs de la société civile, selon qu'il conviendrait, d'établir et de mettre à jour périodiquement, en cas de besoin, un système national d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité, indiquant les zones et les populations, y compris au niveau local, souffrant ou risquant de souffrir de faim et de malnutrition et les facteurs d'insécurité alimentaire, en tirant le meilleur parti possible des données existantes et d'autres systèmes d'information, afin d'éviter tout chevauchement d'efforts.

2. À sa vingt-cinquième session, le Comité a adopté pour thème central de sa session de 2000 "qui sont les victimes de l'insécurité alimentaire", notant qu'il en tirerait des renseignements supplémentaires pour suivre l'application du Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation et les progrès accomplis dans la réalisation de ses objectifs.

3. Le présent document informe le Comité de la méthodologie mise au point et testée par le Secrétariat, en collaboration avec plusieurs pays, dans le cadre de l'initiative des SICIAV pour identifier et caractériser les victimes de l'insécurité alimentaire. La méthode est illustrée par les résultats obtenus dans le cas du Bénin et du groupe vulnérable constitué par les artisans-pêcheurs de ce pays.

II. SITUER LES VICTIMES DE L'INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE PARMI LES GROUPES VULNÉRABLES

4. La réalisation des objectifs du Sommet mondial de l'alimentation - à savoir réduire de moitié le nombre des personnes sous-alimentées d'ici 2015 et promouvoir la sécurité alimentaire pour tous - exige des pays qu'ils conçoivent des interventions visant à améliorer la situation des personnes souffrant de la faim. À l'époque du Sommet, ils étaient près de 830 millions dans les pays en développement. Aujourd'hui leur nombre n'a diminué que de 5 pour cent et se situait à 790 millions en 1996-98.

5. Avant de pouvoir prendre des mesures pour améliorer leur situation et réduire leur nombre, il convient d'identifier et de caractériser les victimes de l'insécurité alimentaire. Les facteurs responsables de l'insécurité alimentaire sont les mêmes que ceux qui conduisent à la vulnérabilité. Quand on envisage des programmes de soutien direct à l'alimentation, il suffit sans doute de savoir avec précision qui a faim. Mais pour mener une action à long terme contre la faim, il est important de lutter contre les facteurs de vulnérabilité et par conséquent de savoir avec plus de précision qui sont ces personnes vulnérables. Ainsi, pour mettre au point des politiques et des interventions efficaces contre l'insécurité alimentaire, les planificateurs doivent tenir compte tant de ceux qui sont déjà victimes de l'insécurité alimentaire que de ceux qui risquent de le devenir parce qu'ils sont vulnérables.

6. La vulnérabilité tient à la présence de facteurs qui font que les personnes risquent de souffrir de l'insécurité alimentaire. Ces facteurs peuvent être externes ou internes. Les facteurs externes peuvent être de diverses natures:

Les facteurs internes sont les caractéristiques de la population, les conditions dans lesquelles elle vit et la dynamique des ménages, qui limitent leur aptitude à se préserver de l'insécurité alimentaire.

7. La différence entre les victimes de l'insécurité alimentaire et les personnes vulnérables est une différence de degré. Les personnes vulnérables ont de fortes chances de devenir victimes de l'insécurité alimentaire et peuvent tomber dans l'insécurité alimentaire à tous moments, du fait des facteurs externes ou internes mentionnés ci-dessus, comme la détérioration de la qualité du sol, une inondation, une variation saisonnière du prix des aliments, la spirale de l'endettement et de l'appauvrissement, la perte d'un soutien de famille, ou la présence d'un malade chronique dans le ménage. D'autres peuvent en revanche voir leur situation s'améliorer, du fait par exemple de nouvelles possibilités d'emploi, de l'octroi d'une bourse à un jeune de la famille, de l'abaissement des tarifs pour les services sanitaires de base ou de la construction d'une nouvelle route ou de digues contre les inondations.

8. À des fins de planification, les personnes vulnérables peuvent être regroupées en grandes catégories partageant des caractéristiques communes. La vulnérabilité peut être perçue de différentes façons, par exemple sous l'angle économique, géographique, culturel ou démographique.

9. Les SICIAV nationaux classent les groupes vulnérables selon divers critères, notamment:

10. Chacun de ces types de classement met en relief une caractéristique spécifique propre aux victimes de l'insécurité alimentaire ou aux personnes vulnérables. Toutefois, l'utilisation des systèmes de survie comme point d'entrée pour le classement des groupes vulnérables se révèle efficace dans un large éventail de contextes, car elle permet d'intégrer les diverses dimensions de la vulnérabilité dans les catégories de systèmes de survie.

11. Les systèmes de survie englobent les capacités, les ressources matérielles et sociales et les activités requises pour un moyen de survie donné. Les systèmes de survie peuvent être décrits en fonction de la source de subsistance principale. Les paysans sans terre, les bergers sur les terres communautaires, les agro-pasteurs sur les terres pluviales, les petits éleveurs sans terre sont autant d'exemples de systèmes de survie au sens large servant à classer les gens dans des groupes vulnérables.

12. Un système de survie est considéré comme vulnérable lorsqu'il est exposé à divers facteurs entraînant des risques pour la plupart des personnes relevant de ce système. Au sein d'un groupe vulnérable de ce type, certaines personnes seront plus vulnérables que d'autres. Celles qui ont tendance à souffrir le plus de l'insécurité alimentaire sont celles qui sont économiquement dépendantes ou socialement marginalisées.

    Il s'agit, au niveau individuel:

    Au niveau des ménages:

13. Parce qu'il est commun à tous les groupes et qu'il existe de bonnes méthodes pour établir le profil des groupes vulnérables sur cette base, la FAO a choisi le système de survie comme point d'entrée pour établir le profil des groupes vulnérables, comme indiqué ci-après.

III. MÉTHODE UTILISÉE POUR ÉTABLIR LE PROFIL DES GROUPES VULNÉRABLES

14. La FAO a mis au point des instruments, des procédures et des techniques que les planificateurs peuvent utiliser pour identifier et classer les victimes de l'insécurité alimentaire et les personnes vulnérables. Cet effort a abouti à l'élaboration d'une méthode permettant d'établir le profil des groupes vulnérables. Le processus consiste à identifier les populations victimes de l'insécurité alimentaire ou vulnérables d'un pays, leur lieu de résidence, leur nombre et les raisons de leur état précaire. Cette information peut ensuite servir de base à l'élaboration de politiques, programmes et projets visant à réduire le nombre de personnes victimes de l'insécurité alimentaire ou vulnérables.

A. SESSIONS DE RÉFLEXION AU NIVEAU NATIONAL

15. L'établissement du profil d'un groupe vulnérable s'appuie sur les travaux déjà réalisés par la FAO dans le cadre de l'initiative SICIAV. Pour identifier les groupes de population victimes de l'insécurité alimentaire ou vulnérables, le Secrétariat a encouragé les pays dès 1999 à organiser des sessions de réflexion interdisciplinaires afin d'identifier et de caractériser les groupes vulnérables.

16. Si un examen de la littérature secondaire sur ce sujet peut aussi être utile, les sessions de réflexion interdisciplinaires ont été jugées particulièrement fructueuses. Les personnes qui connaissent bien leur pays peuvent fournir des aperçus, au cours d'un débat oral, qui n'auraient pas leur place dans une étude plus formelle. Le processus est souvent éclairant pour les participants et crée une base de soutien solide pour la poursuite du travail de recherche sur les groupes identifiés. Grâce à ce processus, des groupes vulnérables ont pu être identifiés dans 14 pays. Les résultats de ces travaux, obtenus à partir du milieu de l'année 1999, sont présentés dans le document CFS:99/Inf.6, qui date de l'an dernier.

17. Dans le projet de Guide SICIAV pour l'identification des victimes de l'insécurité alimentaire (FIVIMS Guide for Finding Out Who the Food Insecure Are, CFS :2000/Inf.10, en anglais seulement pour l'instant), on trouve des indications sur la conduite de ce type de session dans tous les pays ayant décidé d'établir un SICIAV national. Selon la taille du pays et le degré de décentralisation, il peut être plus utile d'organiser les sessions de réflexion au niveau sous-national (provincial, par exemple). Les sessions de réflexion devraient permettre de commencer à identifier, classer et caractériser les populations victimes de l'insécurité alimentaire ou vulnérables, selon leur lieu de résidence, leur source principale de subsistance, leurs caractéristiques démographiques et leur régime alimentaire, en incluant une analyse initiale des facteurs responsables de leur insécurité alimentaire ou de leur vulnérabilité.

B. CLASSEMENT DES GROUPES VULNÉRABLES

18. Une fois la session de réflexion terminée, il importe de mettre en place un système de classement des groupes vulnérables identifiés en fonction d'un ensemble cohérent de critères caractérisant tous les groupes vulnérables du pays. Le classement des groupes vulnérables doit garantir que ces groupes sont distincts et s'excluent mutuellement. Il est indispensable d'éviter la double comptabilisation des personnes vulnérables et de prévenir le chevauchement des programmes ciblés sur tel ou tel groupe de population.

19. Par exemple, certains pays ont identifié des groupes démographiques particulièrement vulnérables, comme les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants âgés de moins de cinq ans. Ces individus caractérisés d'un point de vue démographique appartiennent probablement à d'autres groupes ayant déjà été classés en fonction d'un système de survie. Normalement, parmi les femmes enceintes et allaitantes d'un pays, seules sont vulnérables celles appartenant à un ménage en situation précaire. Dans ces pays, leur vulnérabilité particulière serait mise en relief dans le profil, fondé sur les moyens de subsistance, du groupe vulnérable auquel elles appartiennent.

20. Certains pays ont créé la catégorie des indigents, à laquelle appartiennent toutes les personnes dont la survie dépend de dons de la part de la famille ou d'institutions caritatives, de la mendicité, de la petite délinquance, etc. Dans ce cas, les indigents appartenant à des communautés qui pratiquent d'autres activités ne sont pas considérés comme relevant du système de survie propre à leur communauté, mais d'un système de survie particulier caractérisé comme "l'indigence".

C. ESTIMATION DU NOMBRE DE PERSONNES DANS CHAQUE GROUPE

21. Pour évaluer le nombre approximatif de personnes que comprend chaque groupe vulnérable, plusieurs moyens sont possibles. Bien souvent, les experts et les personnes travaillant avec les groupes identifiés peuvent donner une évaluation approximative du nombre de personnes appartenant à tel ou tel groupe. Les données provenant des dernières enquêtes nationales, telles que les recensements de population ou les recensements de l'agriculture, peuvent également être utilisées. Si ces méthodes ne sont pas disponibles ou satisfaisantes, il peut être nécessaire d'effectuer une enquête par sondage pour chaque groupe.

D. NÉCESSITÉ DE SOUS-GROUPES

22. Une fois déterminées les grandes catégories de groupes vulnérables, il convient habituellement d'affiner l'analyse en créant des sous-groupes. Dans les catégories initiales, il peut exister des différences importantes entre les ménages, selon les facteurs affectant leur sécurité alimentaire. Le degré d'insécurité et de vulnérabilité de ces ménages peut donc varier. Au Viet Nam, par exemple, une session de réflexion a identifié les pêcheurs en mer comme grande catégorie de personnes vulnérables. Par la suite, cette catégorie a été subdivisée en quatre sous-groupes, possédant chacun ses propres caractéristiques en matière de vulnérabilité et d'insécurité alimentaire: personnes ramassant les rejets sur la plage, pêcheurs à terre, pêcheurs près des côtes disposant d'un bateau et pêcheurs au large.

23. Dans le système de classement définitif, chaque sous-groupe doit représenter un groupe de personnes distinct et clairement reconnaissable. Chaque sous-groupe doit aussi être caractérisé par un degré élevé d'homogénéité entre les ménages quant à leur système de subsistance, leurs stratégies de survie et leur sécurité alimentaire (à risque, insécurité alimentaire provisoire, insécurité alimentaire saisonnière et insécurité alimentaire chronique).

24. En raison du degré relativement élevé d'homogénéité au sein de chaque sous-groupe, il doit être possible d'élaborer un profil des ménages appartenant au sous-groupe (un ménage étant défini comme groupe de personnes vivant sur les mêmes revenus et partageant la nourriture). Tous les ménages ne présenteront pas les mêmes caractéristiques, mais la caractérisation générale devrait permettre d'identifier les principaux facteurs de vulnérabilité affectant la plupart des ménages du groupe.

E. DÉTERMINER LA SITUATION DES MEMBRES DE CHAQUE SOUS-GROUPE SUR LE PLAN DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

25. Une fois les sous-groupes établis, il doit être possible de procéder à une estimation initiale du nombre de personnes qui jouissent de la sécurité alimentaire et des victimes actuelles ou potentielles de l'insécurité. L'une des méthodes possibles consiste à compter combien de personnes, au sein du groupe vulnérable, ont un revenu estimatif bien supérieur au seuil de pauvreté. Il s'agira, selon toute probabilité, des personnes jouissant de la sécurité alimentaire. Parmi les personnes vulnérables, une méthode simple d'auto-évaluation de la sous-alimentation, par exemple, pourra être utilisée, en l'absence de données d'enquête plus détaillées, pour déterminer ceux qui ont effectivement faim et ceux qui risquent seulement d'avoir faim.

F. ÉLABORATION DE PROFILS DE GROUPES VULNÉRABLES

26. Pour comprendre les facteurs expliquant la vulnérabilité d'un groupe particulier, il est nécessaire de disposer d'une caractérisation détaillée du groupe. À cette fin, il faudra étblir le profil de chaque groupe vulnérable identifié au niveau national ou sous-national.

27. Un profil de groupe vulnérable est composé des éléments suivants:

28. La FAO met actuellement au point des directives et des méthodes concernant l'exécution des tâches spécifiques qu'implique l'établissement de profils de vulnérabilité, à l'usage des pays.

IV. ÉTABLISSEMENT DU PROFIL D'UN GROUPE VULNÉRABLE AU BÉNIN

29. Un certain nombre de pays sont en train d'établir des profils de vulnérabilité avec l'aide de la FAO. Celle-ci a commencé par passer en revue les groupes vulnérables qui avaient été identifiés dans un grand nombre de pays, afin de déterminer leurs points communs et leurs différences. Sur la base de cet examen, il a été décidé d'établir le profil de groupes vulnérables de la même catégorie, dans plusieurs pays. La catégorie sélectionnée à cette fin est celle des artisans-pêcheurs et les travaux ont commencé en 2000 au Bénin, au Guatemala et au Viet Nam. La présente section décrit quelques résultats obtenus pour le Bénin.

A. CATÉGORIE DE POPULATION VULNÉRABLE:
ARTISANS-PÊCHEURS

30. Les artisans-pêcheurs offrent un exemple de système de subsistance répandu dans le monde entier et qui devient de plus en plus vulnérable du point de vue de la sécurité alimentaire. Pour ces raisons et parce qu'il existait des données pertinentes, les artisans-pêcheurs ont été le premier groupe vulnérable à faire l'objet d'un profil sur la base de la nouvelle approche des SICIAV.

31. Les artisans-pêcheurs, soit 8 millions de personnes ou plus de la moitié du nombre total de marins-pêcheurs dans le monde, travaillent à partir d'embarcations non motorisées dépourvues de pont et/ou lancent de la plage de grands filets de pêche dans la mer. Contrairement aux flottilles de pêche à grande échelle qui restent en mer plusieurs jours ou semaines d'affilée, la plupart des artisans-pêcheurs reviennent à terre chaque jour avec leur capture.

32. La pêche artisanale peut être pratiquée en mer ou en eaux intérieures (rivières ou lacs). Alors que la pêche en mer ou dans les grands lacs est presque toujours une occupation à plein temps, la pêche en eaux intérieures est une activité pratiquée le plus souvent à temps partiel.

33. La pêche artisanale côtière est une activité collective centrée sur le site de débarquement du village à partir duquel les équipages partent chaque jour en mer. Acheteurs et vendeurs se regroupent sur le site de débarquement; à proximité, les femmes nettoient et fument ou sèchent une partie de la capture.

34. Les communautés de marins-pêcheurs sont des unités sociales aux liens très étroits, souvent composées d'un petit nombre de familles élargies fières de leurs traditions. Toutefois, ces communautés sont souvent isolées du reste de la société et tendent à se marginaliser. Les artisans-pêcheurs constituent l'un des groupes aux ressources les plus précaires, faute d'influence économique ou politique.

35. Les facteurs spécifiques contribuant à leur vulnérabilité incluent:

B. GROUPES VULNÉRABLES AU BÉNIN

36. Une session de réflexion nationale a été organisée au Bénin en mai 1999 avec 40 participants représentant toutes les régions et tous les secteurs de la société. Sélectionnés pour leurs connaissances concrètes et leur expérience de la sécurité alimentaire dans le pays, les participants ont identifié 11 groupes vulnérables et fourni des données préliminaires sur les aspects ci-après:

L'annexe I présente les résultats obtenus sous forme de tableau, présentation qu'il est recommandé aux autres pays d'utiliser pour procéder à un exercice similaire.

37. À partir des données fournies par l'atelier, la FAO a affiné le classement des groupes identifiés en utilisant une approche fondée sur les moyens de subsistance. La proportion de la population totale représentée par chaque groupe vulnérable a ensuite été estimée sur la base d'informations découlant d'une enquête récente. Les résultats ont montré que près de la moitié de la population (48 pour cent) est vulnérable. La FAO estime qu'un tiers environ de ces personnes sont sous-alimentées. On trouvera des renseignements plus détaillés à ce sujet à l'annexe 2.

C. PROFIL DES ARTISANS-PÊCHEURS DU BÉNIN

38. Les artisans-pêcheurs vivent sur le bord des lacs, des rivières et des lagunes du Bénin, ainsi que sur la côte. D'après des enquêtes gouvernementales, les artisans-pêcheurs représentent près de 8 pour cent de la population du pays. Ceux dont le profil a été établi vivent dans l'un des nombreux villages d'artisans-pêcheurs, sur la côte atlantique, à l'ouest de la capitale Cotonou.

39. Au sein du système de subsistance des artisans-pêcheurs, il existe de nombreux sous-groupes, et à l'intérieur de ces sous-groupes, de nombreux degrés de vulnérabilité. Au Bénin, les artisans-pêcheurs vivant sur la côte atlantique se répartissent en trois catégories:

40. Le dernier de ces sous-groupes est considéré comme le plus vulnérable. Parmi les membres de ce sous-groupe, ceux qui souffrent le plus de l'insécurité alimentaire sont ceux qui ne possèdent aucun engin ou matériel, dont le revenu dépend essentiellement du salaire de l'homme qui fait partie de l'équipage d'un bateau et qui manquent de liquidités pour payer les cérémonies.

41. Le tableau de l'annexe 3 présente les informations minimales sur les caractéristiques des ménages de ce sous-groupe et plus particulièrement sur les plus démunis. Il est fondé sur des données d'enquêtes sur le terrain et sur des rapports d'évaluation récents, ainsi que sur des interviews avec des experts.

42. Une analyse préliminaire de cette information donne à penser que les questions de santé constituent l'un des principaux facteurs de vulnérabilité pour ce groupe. Le paludisme est endémique, est responsable d'importantes pertes de productivité chez les hommes comme chez les femmes et empêche les enfants d'aller à l'école. La diarrhée et les infections respiratoires sont courantes, notamment pendant la saison des pluies. Les enfants sont sevrés très tôt et les aliments de sevrage typiques ne sont pas équilibrés. Bien que ces problèmes puissent être traités par le biais de programmes d'action communautaire, les personnes appartenant à ce groupe se plaignent de ce que la multiplicité des interventions bien intentionnées fondées sur des méthodes participatives entraîne des conflits de priorité et des pertes de temps. Il faudrait, pour agir efficacement, unifier les interventions, éventuellement sous l'égide du conseil de développement du district.

43. Le degré élevé d'endettement des ménages de ce sous-groupe victimes de l'insécurité alimentaire est un obstacle au progrès. Bien que les femmes soient membres de petits plans d'assurances sociales auxquelles elles versent une modeste cotisation, pour pouvoir emprunter en cas de besoin, ces fonds ne représentent pas une immobilisation suffisante pour qu'elles puissent échapper à la nécessité d'emprunter pour acheter de la nourriture pendant la saison de ralentissement de la pêche. En outre, comme noté ci-dessus, dans les ménages victimes de l'insécurité alimentaire, les hommes ne possèdent pas de capital. Leurs salaires sont modestes et il leur est difficile de rompre le cercle vicieux de l'endettement et de l'appauvrissement.

44. Le profil des groupes vulnérables des trois premiers pays, à savoir le Bénin, le Guatemala et le Viet Nam, sont en cours d'établissement. Une analyse en bonne et due forme des priorités d'action pour chacun de ces trois pays sera effectuée à la fin de l'exercice.

V. PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

45. Pour caractériser les victimes de l'insécurité alimentaire, la ligne de partage entre les personnes effectivement sous-alimentées et celles appartenant à des groupes de population exposés à l'insécurité alimentaire ne peut être établi que grâce à une enquête détaillée au sein des groupes vulnérables. Pratiquement, la méthodologie recommandée vise à identifier et à caractériser les groupes vulnérables d'un pays, autrement dit les groupes de population composés d'une forte proportion de ménages et d'individus souffrant d'insécurité alimentaire ou exposés à l'insécurité alimentaire.

46. L'utilisation des systèmes de subsistance comme point d'entrée pour classer les groupes vulnérables a prouvé son efficacité des contextes variés, du fait que divers facteurs de vulnérabilité peuvent être intégrés dans les catégories de systèmes de subsistance.

47. Une session de réflexion interdisciplinaire au niveau national ou sous-national permet de procéder à une première identification et caractérisation des groupes vulnérables à peu de frais. Il convient, bien entendu, de mettre au point un système cohérent de critères pour garantir, dans la mesure possible, l'exhaustivité et l'absence de chevauchements dans la définition des groupes.

48. Quelques données minimales sur leur lieu de résidence, leur nombre et les raisons de leur état précaire permettent d'établir le profil de chaque groupe vulnérable. Ce type d'information peut servir à mettre en place des politiques, programmes et projets de lutte contre l'insécurité alimentaire.

49. La méthode a été appliquée dans 14 pays et le profil des groupes vulnérables de trois d'entre eux est en préparation. Il est proposé d'en généraliser l'application dans le cadre des activités de démarrage du SICIAV au niveau national.


ANNEXE I: TABLEAU DE PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DES SESSIONS NATIONALES DE RÉFLEXION ORGANISÉES POUR IDENTIFIER LES GROUPES VULNÉRABLES ET RÉSULTATS POUR LE BÉNIN

Profil des principaux groupes vulnérables identifiés au Bénin

Localisation & zones agro-écologiques

Groupes vulnérables

Principaux moyens/systèmes de subsistance du groupe

Type(s) d’insécurité alimentaire

Aliments de base consommés par le groupe

Causes majeures de vulnérabilité du groupe

Facteurs aggravant la vulnérabilité du groupe

Indicateurs de suivi appropriés

ZONE 1: EXTRÊME NORD-BÉNIN

Sous-préfectures (Karimama, Malanville),

Climat: type soudano-sahélien

Superficie cultivable 3 460 Km2

- système de production agro-pastoral

Eleveurs transhumants

- Élevage de troupeaux ne leur appartenant pas

- Vente de produits laitiers

Chronique - Lait (essentiellement)

- Sorgho et mil

- Fragilité des systèmes de subsistance

- Dépendance économique des propriétaires d’animaux

- Variation des conditions climatiques

- Prévalence de conflits entre éleveurs et agriculteurs sur les parcours de transhumance

- Taille du troupeau

- Productivité du troupeau

- Pluviométrie

Petits agriculteurs

Production de sorgho, mil et niébé

Élevage de petit bétail en appoint

Saisonnier - Céréales (sorgho, mil, riz )

- Niébé

Faible capacité de production (manque de formation/ information, d’accès au crédit et équipement...) - Présence de prédateurs (oiseaux, criquets migrateurs)

- Variation des conditions climatiques

- Importantes pertes post-récolte (faible capacité de stockage et conservation des produits)

- Rendement

- Productivité des cultures

- Taille des exploitations agricoles

- Taille du cheptel

2-ZONE COTONNIÈRE NORD-BÉNIN

Sous-préfectures (Banikoara, Kandi, Kérou, Cogonou, Ségbana)

Climat: type soudanien

Zone cotonnière par excellence (autres spéculations : maïs, mil/sorgho, arachide)

Eleveurs transhumants

- Elevage de troupeaux avec une propension élevée de sédentarisation (élevage mieux organisé)

- Petites productions vivrières destinées à la consommation familiale

Saisonnier - Lait

- Céréales (sorgho, mil)

Dépendance et marginalisation économiques - Variation des conditions climatiques

- Prévalence de conflits éleveurs contre agriculteurs

- Taille du troupeau

- Productivité du troupeau

- Pluviométrie

Petits producteurs agricoles

- Productions vivrières

avec en appoint:

soit de cultures de rente (coton); soit le petit commerce en zones frontalières; soit le petit bétail; ou soit la vente saisonnière de la force de travail

Saisonnier - Sorgho, mil, riz

- Niébé et igname

- Faible capacité de production

- Manque de formation/ information

- Risques d’endettement liés à l’achat d’intrants pour la production de coton

- Utilisation de pratiques et techniques culturales peu appropriées

- Rendement

- Productivité des cultures

- Taille des exploitations agricoles

- Taille du cheptel

 

Ouvriers agricoles

- Migration saisonnière offrant la main-d’œuvre pendant la campagne agricole Saisonnier Les migrants/ouvriers agricoles sont logés et nourris par les producteurs locaux - Insuffisance de revenus

- Allocation inadéquate des revenus du travail

- Dépenses de prestige - Flux migratoires par village

- Taille des ménages

3- ZONE VIVRIÈRE DU SUD-BÉNIN

Sous-préfectures (Kouandé, Tanquiéta, Simendé, Denbéréké, Karalé, Nikki, N’Dali, Pèrètè)

 

Climat: type soudanien

Petits agriculteurs

- Agriculture avec utilisation de la traction animale (sorgho, mil, maïs, igname

- Petit commerce dans les zones frontalières

- Location saisonnière de la taction animale, d’où main-d’œuvre salariée moins importante que dans la zone 2

- pratique de la chasse pour la consommation familiale et vente

Saisonnier - Sorgho, mil igname, maïs - Faible capacité de production - Système de la traction animale tombé en panne

- Maladies des animaux (bovins) de trait

- Importance de la traction animale

- Productivité des cultures

- Taille des exploitations agricoles

- Taille du cheptel (bovins de trait)

Eleveurs transhumants

- Elevage de troupeaux avec une propension élevée de sédentarisation (élevage mieux organisé)

- Petites productions vivrières destinées à la consommation familiale

Saisonnier - Lait

- Certains produits vivriers (sorgho, mil)

Dépendance et marginalisation économiques - Variation des conditions climatiques

- Prévalence de conflits éleveurs contre agriculteurs

Taille du troupeau

Productivité du troupeau

Pluviométrie

Ouvriers agricoles

- Migration saisonnière pour vendre la main-d’œuvre agricole Saisonnier Les ouvriers agricoles sont logés et nourris par les producteurs de la zone - Insuffisance de revenus

- Allocation inadéquate des revenus du travail

- Dépenses de prestige

- Expansion de la traction animale (concurrence)

- Flux migratoires par village

- Importance de la traction animale

- Taille des ménages

4- ZONE OUEST-ATACORA

Sous-préfectures (Tanguiéta, Matéri, Cobly, Boukoumbé, Toukountouna, Copargo, Ouaké, Djougou)

 

Climat: type Soudano-sahélien avec des sols de faible niveau de fertilité

Familles de migrants dirigées par des femmes

- Transformation de produits agro-alimentaires (notamment du sorgho en tchoukoutou ou bière locale)

- Productions vivrières autour des cases

- Subsides provenant des maris migrés comme ouvriers agricoles saisonniers

- Activités d’appoint (petit commerce, élevage de petit bétail,

Chronique - Sorgho, mil, fonio, manioc

- riz (faibles quantités)

- Exploitation de sols pauvres et dégradés

- Insuffisance des revenus

- Statut social des femmes, chefs de ménage mais avec faible pouvoir/autorité de décision

- migration du mari

- consommation d’importantes quantités de sorgho pour la fabrication du Tchoukoutou (bière locale)

- Dépenses de prestige prélevées sur les revenus rapportés par le mari

- Flux migratoires

- prévalence de la malnutrition

- Carences en micro-nutriments

- Taille des ménages

Petits agriculteurs

- Agriculture essentiellement vivrière

en appoint (petit bétail, chasse, petit commerce, transformation et vente de bière locale ou tchoukoutou)

Saisonnier - Sorgho, mil, fonio, manioc

- riz (faibles quantités)

- Faible fertilité des sols

- Dégradation des sols mis en cultures

- Très faible capacité de production

- Variation des conditions climatiques - Productivité

- Pluviométrie

- Taux de fertilité des sols

Eleveurs transhumants

- Élevage de troupeaux avec une propension élevée de sédentarisation Saisonnier - Lait

- Sorgho, mil, fonio, maïs

- riz, igname

Dépendance et marginalisation économiques - Variation des conditions climatiques

- Prévalence de conflits éleveurs contre les agriculteurs

Taille du troupeau

Productivité du troupeau

Pluviométrie

5- ZONE COTONNIÈRE DU CENTRE-BÉNIN

Petits agriculteurs

- Agriculture (arachide, coton) utilisant pour la plupart l’entraide (système d’échange de main-d’œuvre)

- Activités d’appoint (petit bétail, petit commerce, chasse transformation de produits agro-alimentaires)

Saisonnier - Sorgho, mil, fonio, maïs, riz

- Igname et autres racines non conventionnelles

- Faible capacité de production

- Utilisation de techniques culturales non appropriées

- Variation des conditions climatiques - rendements

- Productivité

- Pluviométrie

Sous-préfectures (Bassila, Tchaourou, Dopa, Ouèsè, Glazoué, Savè, Dassa-Zoumé, Adja-Ouèrè, Kétou, Anplahoue)

Eleveurs Transhumants

- Élevage de troupeaux appartenant à d’autres Saisonnier - Lait, igname

- maïs, manioc, sorgho (dans le Nord)

Dépendance et marginalisation économiques - Importants conflits éleveurs contre agriculteurs

- Variation des conditions climatiques

- Taille du troupeau

- Productivité du troupeau

- Pluviométrie

Climat: type soudano-guinéen

Ouvriers agricoles (résidents)

Vente de main-d’œuvre avec la chasse comme activité d’appoint (les épouses assurant la transformation de produits agro-alimentaires) Saisonnier - Maïs, sorgho

- Haricot/niébé

- Racines et tubercules (manioc, patate douce, igname)

- Insuffisance des revenus

- Difficulté d’accès à la terre

- Manque de moyens de production

- Allocation irrationnelle des maigres revenus

- Dépenses de prestige

- Taille des ménages

- Revenu

 

Paysans sans terre

- Prestation de service (vente de main-d’œuvre)

- Activités d’appoint (agriculture en métayage, petit commerce, transformation de produits agricoles)

Chronique - Racines et tubercules (manioc, patate douce)

- Sorgho, mil, fonio, maïs, riz

- Difficile accès à la terre lié au système d’héritage

- Pression démographique élevée

- Manque de moyens de production

- Dépendance économique élevée - Disponibilité des terres arables par habitant

- Taille des ménages

- Revenu

 

Marginaux urbains (jeunes déscolarisés, chômeurs, nouveaux migrants)

Pratique de petits métiers (artisanat), petit commerce et prestation de service dans les centres urbains de la zone Chronique - Pain, garit

- alimentation de rues (dans les maquis)

- Manque et précarité d’emplois

- Exode rural

- Urbanisation

- impact négatif des mesures macro-économiques

- Taux de chômage

- prévalence de la délinquance et de la criminalité

 

 

Familles de migrants

(au Nigeria)

- Transformation de produits agro-alimentaires

- Subsides provenant des maris migrés au Nigéria

- Activités d’appoint (petit commerce, élevage de petit bétail, productions vivrières autour des cases)

Chronique - Mil, maïs, manioc

- Autres racines diverses

- Mise en valeur de sols très dégradés

- Insuffisance des revenus

- Ressources en sols insuffisantes

- Migration du mari (chef de famille)

- Dépenses de prestige

- Flux migratoires

- prévalence de la malnutrition

- Carences en micro-nutriments

- Taille des ménages

6- ZONE DES TERRES DE BARRES

Petits agriculteurs

- Agriculture de subsistance

- Vente saisonnière de main-d’œuvre

- Activités d’appoint (chasse, petit bétail, aviculture)

Chronique - Maïs, manioc

et niébé

- Autres racines diverses

- Faible fertilité des sols

- Insuffisance des ressources en sols

- Manque d’information/formation

- Allocation irrationnelle des faibles revenus

- Taille des exploitations agricoles

- Disponibilité de terres arables par habitant

Sous-préfectures (Agbengnizoun, Bohicon, Za-Kpota, Covè, Zagnanado)

Paysans sans terre

- Prestation de service (vente de main-d’œuvre)

- Activités d’appoint (agriculture en métayage, petit commerce, transformation de produits agricoles)

Chronique - Manioc, patate douce

- Sorgho, mil, fonio, maïs, riz

- Difficile accès à la terre lié au système d’héritage

- Précarité des revenus familiaux

- Pression démographique élevée

- Manque de moyens de production

- Dépendance économique élevée - Disponibilité des terres arables par habitant

- Taille des ménages

- Revenu

 

Marginaux urbains (jeunes déscolarisés, chômeurs, nouveaux migrants)

Pratique de l’artisanat, petit commerce et prestation de service dans les centres urbains de la zone Chronique - Alimentation de rues (dans les maquis)

- Pain, garit

- Manque et précarité d’emplois

- Exode rural

- revenus précaires et insuffisants

- Urbanisation

- Effets pervers des mesures macro-économiques

- Taux de chômage

- prévalence de la délinquance et de la criminalité

7- ZONE DE LA DÉPRESSION 

Petits agriculteurs

- Agriculture de subsistance sur des sols hydromorphes

- Vente occasionnelle de main-d’œuvre

- Activités d’appoint (petit maraîchage, chasse, petit bétail, aviculture)

Chronique - Maïs, manioc

et niébé

- Manioc, igname et autres racines diverses

- Difficulté pour exploiter les vertisols

- Pression foncière très élevée

- Insuffisance des ressources en sols (faible disponibilité)

- Forte spéculation foncière

- Allocation inadéquate des faibles revenus

- Taille des exploitations agricoles

- Superficie cultivée par habitant

Dépressions de Tchi, Lama, Zou, Issaba, Toffo et Lalo

Paysans sans terre

- Prestation de service (essentiellement vente de main-d’œuvre)

- Activités d’appoint (agriculture en métayage, petit commerce, transformation de produits agricoles)

Chronique - Manioc, patate douce, igname

- Sorgho, mil, fonio, maïs, riz

- Accès à la terre très difficile

- Pression foncière élevée

- Manque de moyens de production

- Dépendance économique élevée

- Précarité des revenus familiaux

- Forte spéculation foncière

- Disponibilité des terres arables par habitant

- Superficie cultivée par habitant

- Taille des ménages

- Revenu

8- ZONE DES PÊCHERIES

Petits pêcheurs

(techniques de pêche artisanales)

- Pêche utilisant des techniques artisanales

- Vente et transformation des produits de pêche et agricoles

- Activités d’appoint assurées par les épouses (transformation/vente de noix de coco, savon, huile de palme..)

Chronique - Poissons

- Maïs, manioc, garit

- Comblement des lacs et lagunes

- Techniques de pêche inadéquates

- Baisse des ressources halieutiques

- Conflits entre pêcheurs

- Manque d’information/ formation

- Taille des prises

- Sources et niveau des revenus

Zone fluvio-lacustre des départements de l’Atlantique, Mono, et Ouémé ainsi que la bande littorale.

Marginaux urbains et périurbains (jeunes déscolarisés, chômeurs, conducteurs de taxi-motos, nouveaux migrants)

- Prestation de services divers

- Petit commerce et transformation de produits agricoles et de pêche

- Agriculture périurbaine en métayage

Chronique - Alimentation de rues (dans les maquis)

- Pain , garit

- Chômage

- Précarité d’emplois

- Pression démographique

- Effets pervers des mesures macro-économiques

- Phénomène d’urbanisation

- Prévalence de la délinquance

- Taux de chômage

- Sources et niveau des revenus

 

Petits agriculteurs périurbains

- Agriculture de subsistance avec du maraîchage

- Diversification de sources de revenus (transformation et vente des produits de pêche, production de sel marin, transformation de produits agricoles)

Chronique - Poissons, maïs, manioc, garit et niébé - Insuffisance de ressources en terres arables

- Pression démographique élevée

- Faibles revenus

- Spéculation foncière - Taille des exploitations

- Sources et niveau des revenus

Groupes démographiques à risque élevé rencontrés en milieux rural et urbain

Femmes en âge de procréer (enceintes, allaitantes, non enceintes/allaitantes

- Petit commerce

- Transformation de produits agro-alimentaires

Saisonnier

et/ou chronique

- Aliments de base spécifiques aux zones de résidence - État physiologique des femmes allaitantes et enceintes

- Statut social de la femme

- Charges de travail additionnelles relativement élevées

- Faible pouvoir de décision des femmes dans l’utilisation des revenus des ménages

Mesures anthropométriques - Prévalence des carences en micro-nutriments

- Taux de mortalité maternelle

 

Enfants

de 0 à 5 ans

Dépendent des ressources et revenus relativement maigres des parents Saisonnier

et/ou

Chronique

- Lait maternel

- Complément alimentaire (bouillies, autres)

- État physiologique des enfants

- Dépendentnce des faibles revenus et comportement alimentaire de la famille

- État sanitaire lié à l’hygiène du milieu (accès à l’eau potable, assainissement) - Indicateurs anthropométriques

- Prévalence des maladies prédominantes

- Insuffisance pondérale à la naissance (< 2.5 Kg)

- Taux de morbidité et mortalité infantiles

 

Personnes âgées

( > 60 ans)

Variables :

- dépendent des ressources des parents

- pratiques de petit commerce

-

Saisonnier

et/ou

Chronique

Aliments de base spécifiques aux groupes sociologiques - État physiologique des personnes âgées

- Statut social des personnes âgées

- Dépendent des revenus et comportement alimentaire de la famille

- État sanitaire lié à l’hygiène du milieu

- Degré d’autonomie de ces personnes

 

 


ANNEXE II: DÉCOMPTE DES PERSONNES VULNÉRABLES AU BÉNIN ET PRÉSENTATION GRAPHIQUE DES GROUPES VULNÉRABLES PAR CATÉGORIE ET SOUS-GROUPE

1. À partir des données de recensement et d'autres résultats d'enquêtes, on a tenté de dénombrer les personnes appartenant aux différentes catégories de groupes vulnérables identifiées au Bénin (voir annexe I). Le graphique ci-dessous indique la proportion de la population nationale que représente chacune de ces grandes catégories.

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Note: Trois groupes démographiques vulnérables, à savoir les enfants âgés de moins de 5 ans, les femmes en âge de procréer et les personnes âgées, sont présents dans tous les groupes jugés vulnérables du fait de leurs moyens de subsistance.

2. Le tableau ci-après vise à affiner le classement des personnes vulnérables par sous-catégorie. Dans le cas du Bénin, cet exercice a été effectué pour le groupe vulnérable des "artisans-pêcheurs".

Grandes catégories de groupes vulnérables fondées sur l'activité principale Sous-groupes vulnérables fondés sur des types de ménages homogènes Nature et degré de l'insécurité alimentaire

Lieu de résidence

      Rivières et lacs Zones côtières
Artisans-pêcheurs Artisans-pêcheurs en eaux continentales À risque Basses terres des départements de l'Atlantique Mono et Ouémé  
Artisans-pêcheurs Transhumants à plein temps
Communautés de pêcheurs (Ghanéens)
Pas d'insécurité alimentaire   Tout le long de la côte atlantique
Artisans-pêcheurs Communautés de pêcheurs sédentaires à plein temps Victimes de l'insécurité alimentaire   Plus particulièrement le long de la côte de Cotonou à Grand-Popo
Artisans-pêcheurs Communautés de pêcheurs sédentaires à temps partiel (habitants de la lagune) À risque   Zone lagunaire proche de Cotonou

 


ANNEXE III: MODÈLE DE PRÉSENTATION D'UN ENSEMBLE MINIMAL D'INFORMATIONS SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET RÉSULTATS POUR LE BÉNIN

 

1. L'ensemble minimal d'informations sur la sécurité alimentaire inclut les données de base nécessaires pour caractériser les groupes vulnérables et comprendre les causes de leur vulnérabilité, présentées de façon à mettre en évidence les mesures à prendre. L'information a trait à la structure de l'actif des ménages du groupe, aux facteurs externes et internes affectant leur stratégie de survie, à leur comportement et à leur situation en matière de sécurité alimentaire.

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Le diagramme ci-dessus illustre les rapports entre les divers points d'entrée pour analyser la sécurité alimentaire et les différents sous-ensembles d'information. Il est développé ci-après:

2. Par actif de survie, on entend les facteurs généralement utilisés par les ménages pour assurer leur survie. Ils incluent:

L'accès limité à l'un quelconque de ces éléments de l'actif, son absence ou sa mauvaise qualité peuvent contribuer à la vulnérabilité d'un ménage.

3. Les facteurs intermédiaires influencent la façon dont les gens exploitent leur actif pour appliquer une stratégie de subsistance particulière. Ces facteurs peuvent avoir des effets positifs ou négatifs. Ils incluent:

4. Les stratégies de subsistance correspondent aux activités de production, d'échange et de consommation auxquelles se livre le ménage. Chaque stratégie de subsistance exploite un actif dont la composition est décrite dans la colonne « actif ». Les stratégies de subsistance peuvent être affectées par des variations saisonnières sous la rubrique « Forces de changement ». Les stratégies de subsistance incluent:

5. Les activités liées à la santé incluent l'ensemble des activités qui affectent la santé et l'utilisation biologique des aliments par les membres du ménage. Ces activités incluent:

6. Les forces de changement incluent les facteurs qui peuvent affecter l'actif, les stratégies ou les activités du ménage à différentes périodes. Elles incluent:

7. Les résultats intermédiaires mesurables sont l'accès du ménage à l'alimentation, l'accès de la personne individuelle à l'alimentation et l'utilisation biologique de la nourriture. Ils incluent:

Information minimale1


ACTIF

CAPITAL HUMAIN

Un ménage type est composé de deux soutiens de famille, un homme et une femmes, et de quatre à cinq personnes à charge, dont une au moins âgée de moins de 5 ans (N).

À un moment ou à un autre, un membre au moins du ménage sera atteint de paludisme. (PN)

Le paludisme récurrent abaisse la productivité et la capacité de travail rémunéré des adultes et met en danger la croissance des enfants.

La scolarisation est gratuite et généralisée. (P)

La gratuité de la scolarité est en soi un atout, mais si la qualité de l'enseignement est médiocre, cet actif n'aura pas grande valeur.

Les enfants ne fréquentent pas l'école de manière régulière (PN)

Les raisons en sont mal connues, mais pourraient inclure la maladie, d'autres occupations (les garçons partent en mer habituellement dès leur plus jeune âge), l'impossibilité d'acheter des vêtements ou des fournitures scolaires appropriés et à la faible priorité accordée à l'école par la famille. D'autres membres du ménage n'ont jamais fréquenté l'école.

Les rôles respectifs des hommes et des femmes sont clairement définis. La mère est responsable du jardin potager, de l'éducation des enfants et de l'approvisionnement alimentaire du ménage (sauf pour le poisson). Le père fournit le poisson et

  assume les coûts supplémentaires, tels que les frais   de scolarité, les achats de vêtements, les cérémonies et les cadeaux. (N)

CAPITAL SOCIAL

La mère est membre d'une tontine (système traditionnel d'assurance sociale grâce auquel les femmes, à condition de verser régulièrement leur cotisation, obtiennent diverses formes de soutien social en période de difficultés (PP)

Le père reçoit une partie de la capture quotidienne en cadeau de la part des propriétaires du bateau. Il entretient des liens étroits avec d'autres membres de l'unité de pêche. (PP)

Des systèmes de soutien social efficaces fournissent un filet de sécurité aux très pauvres.

CAPITAL NATUREL

L'accès à la mer et aux zones de débarquement sur la plage est gratuit (P)

La mer constitue depuis toujours une source d'approvisionnement durable pour les communautés de pêcheurs en mer. Toutefois, cette source est désormais menacée par les incursions des flottilles de pêche industrielle et l'épuisement des stocks de poisson.

Les forêts de palétuviers fournissent du bois de feu utilisé pour faire cuire et pour fumer le poisson; les troncs de cocotiers sont utilisés pour construire des abris. (PP)

Le taux actuel d'utilisation de cette ressource naturelle précieuse demeure raisonnable.


CAPITAL PHYSIQUE
Le ménage est propriétaire de son logement (fait en tronc de cocotier). (N)
La mère utilise le terrain proche de la maison pour cultiver des tomates, des oignons et des légumes verts). (N)
Le ménage ne possède pas d'animaux. (N)

Le père n'est pas propriétaire du matériel de pêche. (PN)

Les membres de l'équipage ne disposant pas de matériel sont moins payés que ceux qui travaillent avec leur propre matériel.

Il existe une unité de soins primaires à proximité, mais elle est rarement utilisée. (PN)

La raison en est mal connue, mais l'impossibilité de payer les médicaments explique peut-être le faible taux d'utilisation.

Il existe une route qui longe la côte. (PP)

Les négociants collectent le poisson fumé sur les sites de débarquement pour le vendre sur les marchés urbains.

Le village possède plusieurs puits.(PP)

La disponibilité abondante d'eau signifie que ce besoin fondamental peut être satisfait sans frais pour les ménages.

CAPITAL FINANCIER

Le ménage n'a pas d'économies lui appartenant en propre (PN)

Le manque de capital empêche le père d'investir dans des engins de pêche et d'améliorer ses revenus. Le manque de liquidités pendant la saison des pluies oblige également la mère à acheter la nourriture à crédit.
La mère possède une participation au fonds de roulement de la tontine. (PP)

Le fonds de roulement de la tontine est une forme d'assurance sociale traditionnelle qui permet, moyennant une modeste contribution, d'emprunter en période de difficultés.

  FACTEURS INTERMÉDIAIRES

POLITIQUES

Il existe des règlements limitant l'utilisation des seines de plage (grands filets) (PP)

Ces règlements qui devraient protéger la base de ressources naturelles dans l'intérêt des pêcheurs en mer ne servent pas à grand-chose car ils ne sont pas appliqués.

PROGRAMMES ET PROJETS

Un projet régional de soutien à la pêche artisanale dans les pays côtiers de l'Afrique de l'Ouest, financé par le Royaume-Uni, vient de démarrer (PP).

Il est trop tôt pour connaître l'impact de ce projet, mais l'intention est d'améliorer la gestion de la ressource halieutique.

Le manque de coordination entre des ONG toujours plus nombreuses est perçu comme un problème (TN)

Les multiples interventions ciblées sur les mêmes personnes peuvent leur faire perdre beaucoup de temps, sans profit immédiat.

CROYANCES/ATTITUDES

Un jour par semaine, les pêcheurs s'abstiennent de pêcher et de manger du poisson pour ne pas attirer sur eux la malchance (PP).

Cette croyance constitue en fait une méthode traditionnelle de prévention de la surpêche.

LOIS

Aucune information n'est disponible sur les lois pertinentes. (?)

STRATÉGIES DE SURVIE

ACTIVITÉS GÉNÉRATRICES DE REVENUS

Saison sèche (haute saison pour la pêche): de septembre à mars

Le père reçoit un salaire en tant que membre de l'équipage du bateau de pêche; la mère gagne de l'argent en vendant le poisson fumé (le poisson est acheté, fumé et revendu). (N)

Saison des pluies (basse saison pour la pêche): d'avril à août


Le père migre avec l'équipage du bateau de pêche vers le port de Cotonou et envoie des fonds à sa famille;

La mère vend les produits du jardin et prépare et vend de l'huile de noix de coco et du sel artisanal. (N)

STRUCTURE DES DÉPENSES

Saison sèche

Nourriture, remboursement de prêts, cotisations à la tontine, autres (alcool, frais scolaires) (PN)

Saison des pluies

Nourriture, cotisations à la tontine, autres (alcool, frais médicaux) (PN)

Dépenses scolaires et médicales sont reléguées au dernier rang de priorité lorsque les liquidités sont limitées.

RÉGIME ALIMENTAIRE

Saison sèche

Pâte de maïs, poisson (cuit, en sauce ou fumé) et sauce (tomates, huile de palme, oignons, légumes verts). (N)

Saison des pluies

Manioc, sauce (tomates, huile de palme, légumes) et poisson fumé (en de rares occasions)

Le régime pendant la saison des pluies manque de protéines et risque d'être insuffisant en quantité si l'argent liquide manque. (PN)

SOURCES DE NOURRITURE

Saison sèche

Poisson donné au père après chaque journée de travail; achat d'autres denrées alimentaire par la mère avec l'argent provenant de la vente de poisson fumé. (N)

Saison des pluies

Poisson fumé restant de la saison de pêche;

Achat de denrées alimentaires par la mère, grâce au produit de la vente de légumes du jardin, d'huile de noix de coco et de sel, ou à crédit.

Légumes provenant du jardin potager. (PN)

Pendant la saison des pluies, les revenus sont réduits et extrêmement

 

variables et la mère et les enfants risquent de ne pas avoir assez à manger lorsque le père est absent de la maison.

MÉCANISMES DE SURVIE À COURT TERME

Consommation d'aliments moins coûteux (manioc au lieu de maïs). (N)

Achats à crédit et remboursement pendant la saison de pêche (PN)

L'achat de nourriture à crédit empêche le ménage d'accumuler le capital nécessaire pour investir dans du matériel de pêche ou dans des soins de santé de meilleure qualité.

RÉPARTITION AU SEIN DU MÉNAGE

COMPORTEMENTS DISCRIMINATOIRES

Aucun comportement de ce type n'a été observé. (N)

HABITUDES ALIMENTAIRES

Les femmes et les enfants mangent ensemble trois fois par jour. L'homme mange de son côté. Il mange le même type d'aliments. (N)

SANTÉ

SOINS

Les nouveau-nés sont nourris au sein et le sevrage commence à l'âge de trois mois avec du porridge de maïs. (PN)

Le sevrage est très précoce et l'aliment de sevrage ne contient pas tous les nutriments nécessaires à la croissance normale du jeune enfant.

PRATIQUES EN MATIÈRE DE SANTÉ ET D'HYGIÈNE

L'eau de puits n'est pas bouillie. (PN)

L'eau de puits n'est pas propre. L'incidence des maladies transmises par l'eau est donc très élevée.

FORCES DE CHANGEMENT

TENDANCES

Épuisement des stocks de poisson et destruction des habitats marins naturels. (PN)


La surpêche par les navires industriels et l'utilisation excessive de la seine de plage compromettent la durabilité du système de survie des artisans-pêcheurs.

CHOCS

Dévaluation du franc CFA en janvier 1994. (PN)

Le coût du matériel de pêche a augmenté davantage que le prix du poisson. Pour compenser ce manque à gagner, les propriétaires des embarcations de pêche prélèvent une part plus importante de la capture pour couvrir leurs coûts et les membres de l'équipage reçoivent par conséquent une part moindre des recettes provenant de la vente du poisson.

Les risques climatiques ne constituent pas une menace importante sur la côte du Bénin. (N)

VARIATIONS SAISONNIÈRES

Le régime alimentaire est moins varié et le paludisme et les affections respiratoires sont plus fréquents pendant la saison des pluies. (PN)

  RÉSULTATS INTERMÉDIAIRES MESURABLES

REVENUS

On nedispose pas d'information sur les revenus des ménages.

SANTÉ

Parmi les enfants âgés de moins de 5 ans, les trois principales maladies enregistrées dans les dispensaires sont le paludisme, les affections respiratoires aiguës et la diarrhée.

NUTRITION

Le retard de croissance, qui se traduit par un ratio taille/âge insuffisant affecte quelque 25 pour cent des enfants âgés de moins de 5 ans dans les départements côtiers de l'Atlantique et de Mono.

Dans le sud du Bénin, 62 pour cent des enfants âgés de moins de 2 ans souffrent de carences en fer et 52 pour cent sont anémiques.


__________________________

1 Les lettres entre parenthèses à la fin de chaque paragraphe indiquent que l'impact escompté de cette variable sur la sécurité alimentaire est soit neutre (N), soit potentiellement négatif (PN), soit potentiellement positif (PP). Les points sur lesquels aucune information n'est disponible sont signalés par un point d'interrogation (?).