Fibre épaisse et solide, le sisal est de plus en plus souvent utilisé dans les matériaux composites pour l’industrie automobile, l’ameublement et la construction. On le retrouve également dans les plastiques et dans les produits de papier.
La plante
Les fibres du sisal sont issues de l’Agave sisalana, originaire du Mexique. Cette plante résistante pousse toute l’année dans des climats chauds et arides souvent impropres aux autres cultures. Elle s’accommode de la plupart des types de sols saufs ceux les sols argileux, très salins et humides. Sa culture est relativement simple car elle résiste bien aux maladies et nécessite comparativement peu d’intrants. Le sisal peut être récolté deux ans après avoir été planté et sa vie productive peut atteindre 12 ans. Chaque plante peut produire de 180 à 240 feuilles selon la situation géographique, l'altitude, la pluviométrie et la variété considérée.
Les fibres
Même si le degré d’humidité des feuilles de sisal est de quelque 90 pour cent, elles sont rigides et leur pulpe charnue est très ferme. Les fibres, situées à l’intérieur des feuilles dans le sens de la longueur, sont plus abondantes vers la surface. Il faut donc défibrer immédiatement la récolte afin d’éviter de les abîmer durant le nettoyage. Pour ce faire, on gratte la pulpe, généralement à l’aide d’un procédé mécanique, mais aussi à la main. La production de sisal induit des pertes minimales en amont et aval de la récolte. Le rendement moyen en fibres séchées s'établit à une tonne par hectare. En Afrique de l'Est, ce chiffre peut atteindre quatre tonnes par hectare.
Avantages pour l'environnement
Le sisal est la ressource renouvelable par excellence et pourrait aider à relever le défi du changement climatique. Tout au long de son cycle de vie, il absorbe plus de dioxyde de carbone qu’il n’en produit. Au cours de la transformation, il génère principalement des déchets organiques et des résidus de feuilles qui peuvent être utilisés pour produire de la bioénergie et fabriquer des aliments pour animaux, des engrais et des logements écologiques; en fin de cycle, il est totalement biodégradable. Les fibres synthétiques ne possèdent aucune de ces caractéristiques. De surcroît, le sisal réduit l’érosion des sols en raison de ses profondes racines et contribue à une bonne gestion des bassins versants. Planté en haies, il constitue une barrière végétale efficace pour protéger les cultures et les forêts des prédateurs et des intrus.
Les usages du sisal
Les applications du sisal sont très diverses:
Usages traditionnels – Ficelles, cordes et fils, qui peuvent être utilisés pour fabriquer des tapis, des nattes et divers produits artisanaux.
La concurrence exercée par les matières synthétiques a affaibli la demande de sisal pour ces usages. Cependant, la demande pour les fibres naturelles s’est renouvelée et le sisal devrait bénéficier de l’expansion de ces marchés à plus forte valeur ajoutée (papiers, composites de renforcements, composites plastiques).
Pâtes et papiers à base de sisal – La biomasse du sisal contient une forte proportion de cellulose et sa pulpe peut donc être utilisée comme substitut de la fibre de bois pour épaissir le papier et le carton. Ses qualités d’absorption et sa résistance au pliage en font un intrant de qualité pour les produits de papier. Compte tenu de sa porosité, il peut notamment être utilisé dans les filtres des cigarettes et les sachets de thé.
Textiles – Le sisal sert souvent à fabriquer les chiffons de polissage car il est assez solide pour polir l’acier et suffisamment doux pour ne pas le rayer.
Renforcement des composites – Le sisal peut être utilisé en substitut ou en complément de la fibre de verre employée pour renforcer le plastique dans les automobiles, les bateaux, les meubles, les tuyaux et les réservoirs d'eau. Le sisal peut aussi renforcer les mélanges de ciment pour la construction de logements à bas coût et remplacer l’amiante dans les toitures et les plaquettes de frein. Il s’agit également d’un isolant et il peut se substituer au bois dans les panneaux de fibres.
Composites à base de plastique et de caoutchouc – Du fait de sa faible densité et de ses bonnes propriétés de soudage, le sisal recèle un intéressant potentiel pour le renforcement des composites polymères (thermoplastiques, thermodurcissables et caoutchoucs). L’utilisation des composites contenant du sisal gagne en popularité dans les composants d’automobiles et le mobilier. La fibre demeure par ailleurs le matériau de prédilection pour les cibles à fléchettes.
Déchets du sisal – Les sous-produits de l’extraction du sisal peuvent être utilisés pour fabriquer du biogaz, des ingrédients pharmaceutiques et du matériel de construction. La biomasse restant après le défibrage, qui peut représenter jusqu’à 98 pour cent de la plante, est rarement utilisée. Afin de valoriser économiquement ces résidus, qui représentent quelque 15 millions de tonnes par an, le Fonds commun pour les produits de base, l'ONUDI et l'industrie tanzanienne du sisal ont créé la première usine de traitement des résidus du sisal pour produire du biogaz, de l'électricité et des engrais. L'évaluation actuelle de l'usine indique que 75 pour cent de l'énergie produite pourrait être distribuée aux foyers ruraux et 25 pour cent utilisée pour transformer le sisal.
Les déchets issus du décorticage − jus de sisal, particules des tissus parenchymateux broyés et fragments de feuilles et de fibres − peuvent être utilisés comme engrais ou aliments pour animaux. Enfin, le jus de la plante entre dans la composition de produits pharmaceutiques tels que l’hécogénine et l’inuline.
Production et commerce
Le sisal est cultivé pour sa fibre dans plusieurs pays: Afrique du Sud, Angola, Brésil, Chine, Cuba, Haïti, Indonésie, Kenya, Madagascar, Mozambique, Mexique, Tanzanie et Thaïlande.
Les modes de production varient d’un pays à l’autre. En Tanzanie et au Kenya, le sisal est essentiellement une culture de plantation, tandis qu’au Brésil, il est surtout cultivé artisanalement. La production mondiale de sisal et d’henequen (une fibre similaire issue d’une autre agave) est estimée à 300 000 tonnes, soit une valeur de 75 millions d’USD. Les principaux producteurs sont le Brésil (120 000 tonnes), la Tanzanie (30 000 tonnes) et le Kenya (25 000 tonnes). Le Brésil exporte près de 100 000 tonnes de fibre brute et de produits manufacturés, en particulier de la corde à destination des États-Unis. Le Kenya exporte environ 20 000 tonnes et la Tanzanie 15 000 tonnes. La Chine est un producteur et un consommateur important.
Perspectives du marché
Le sisal a un avenir prometteur, non seulement du fait de ses nouveaux usages, mais aussi car le public est davantage conscient que les fibres naturelles, à l’instar du sisal, sont respectueux de l’environnement. Ce message a été largement diffusé en 2009 à l’occasion de l’Année internationale des fibres naturelles (voir www.naturalfibres2009.org/en/index.html pour de plus amples informations). Le développement des usages novateurs du sisal montre que cette fibre est de plus en plus largement reconnue comme une ressource précieuse aux applications diverses. Et, s’agissant des sous-produits, les déchets de pulpe issus des décortiqueuses pourraient trouver de nouveaux emplois intéressants en plus de leur utilisation comme aliments pour animaux et biogaz.
Développement de la filière
Le Groupe intergouvernemental sur les fibres dures de la FAO et le Fonds commun pour les produits de base ont parrainé plusieurs projets qui ont contribué à rassembler des connaissances sur l’application des techniques liées au sisal et les possibilités de développement de la filière.
Développement du marché et des produits du sisal et du henequen (CFC/FIGHF/07)
• Ce projet a permis de rédiger un document technique sur les résultats des recherches passées et les méthodes actuelles de production de sisal en Afrique de l'Est ( Sisal: Past Research Results and Present Production Practices in East Africa – Present Status, Problems, Opportunities and Future Prospects, document technique no 8 de l’ONUDI et du FCP). Ce rapport fait figure de jalon dans les travaux sur le développement de la filière du sisal. Il constitue une source utile d’informations pour planifier les activités futures de recherche-développement aux niveaux scientifique, technologique et industriel.
Vers une utilisation intégrale plus propre des déchets de sisal pour le biogaz et les engrais biologiques (CFC/FIGHF/13)
• Ce projet a établi la viabilité technique de la production de biogaz et d’engrais biologiques à partir de déchets du sisal. Il a également démontré que les déchets du sisal provenant des broyeurs à marteaux sont un meilleur substrat pour la production de biogaz dans les digesteurs que ceux issus des décortiqueuses traditionnelles.
Les projets réalisés en Tanzanie ont contribué à faire évoluer la manière dont les secteurs public et privé perçoivent l’industrie du sisal. C'est ainsi que de nombreux petits exploitants des régions traditionnelles de culture envisagent de nouveau cette fibre comme une culture commerciale fiable.
Évaluation préliminaire de faisabilité de l’utilisation des déchets liquides de sisal (jus) pour la production de pesticides et de médicaments vétérinaires (CFC/FIGHF/30FT)
• L’objectif est d’évaluer provisoirement quelles sont les perspectives du développement des insecticides et des pesticides pour l’élevage et la protection des cultures, tout d’abord au Brésil.
Autres projets en cours
Libérer le potentiel commercial du sisal
Ce projet, financé par l'Allemagne, vise à développer les filières commerciales de la fibre de sisal à Haïti, au Mozambique et en Tanzanie. Il permettra d’évaluer le potentiel de commercialisation de cette matière et d’élaborer des modèles économiques proposant une stratégie et des mesures pour libérer le potentiel de la fibre.