Migration et agriculture


Ce qu’il faut savoir

Des migrants rejoignant un camp de fortune en Grèce. ©FAO/Giuseppe Carotenuto

18/12/2017

À l'occasion de la Journée internationale des migrants, les six points développés ci-dessous permettent de mieux comprendre le phénomène de la migration et d’appréhender plus concrètement le lien entre la migration et l'agriculture.

1. Les gens bougent mais surtout dans leur propre pays

En 2017, au niveau mondial, le nombre de migrants internationaux a atteint 258 millions, contre 248 millions en 2015 et 220 millions en 2010. Mais malgré la perception du public, la grande majorité des migrants, environ 763 millions selon les dernières estimations, se déplacent dans leurs propres pays vers les villes ou vers d'autres lieux ruraux.

Dans certains pays comme le Nigeria ou l'Ouganda, la migration interne atteint 80 pour cent.

2. La migration fait partie du processus de développement

La migration joue un rôle important dans le processus de changement permanent de chaque société.

Les migrants ont façonné le monde dans lequel nous vivons. Ils ont soutenu à la fois leur pays d'origine et le pays de destination.

Dans le pays de destination, les migrants apportent leur force de travail et un ensemble de compétences et de connaissances différentes. Pour le pays d’origine, la migration peut réduire la pression sur les ressources naturelles et favoriser une répartition plus efficace de la main-d'œuvre rurale.

Les groupes de la diaspora et les migrants de retour aident également les zones rurales par des investissements, des transferts de compétences et de technologies, du savoir-faire et des réseaux sociaux.

Les transferts de fonds constituent une source supplémentaire de revenus souvent importante et aident les communautés du pays d'origine des migrants à échapper à la pauvreté et à la faim.

3. Pourquoi les gens émigrent-ils? 

hoto de gauche: Des mères et leurs bébés dans un camp de personnes déplacées au Sud-Soudan. Le nombre des populations déplacées par les conflits est en augmentation. ©FAO/Giuseppe Carotenuto
Photo de droite: “A présent, je peux rester et prendre soin de mes plantes grâce au soutien dont j’ai bénéficié ”, affirme Paseano Gómez López, ex-migrant et agriculteur mexicain, alors qu’il s’apprête à se rendre à sa ferme tôt le matin. Il participe à un projet FAO de soutien aux communautés rurales consistant à leur offrir des options pour restaurer ou améliorer leurs moyens d’existence. ©Alex Webb/Magnum Photos pour la FAO

Un nombre croissant de personnes sont contraintes de quitter leur foyer à cause de catastrophes naturelles (inondations, sécheresses, tremblements de terre), du changement climatique, des conflits, de la violence, de la persécution et des violations des droits de l'homme. En 2016, le nombre des populations déplacées malgré elles a atteint le chiffre record de 66 millions de personnes dans le monde.

Cependant, beaucoup de gens bougent parce qu'ils perçoivent qu'il n'y a pas d'autres alternatives pour échapper à la pauvreté et vivre dans la dignité.

Environ 40% des transferts de fonds internationaux sont destinés aux zones rurales, ce qui reflète l'origine rurale d'une grande partie des migrants. Plus de 75% des pauvres et des populations qui souffrent de l'insécurité alimentaire dans le monde vivent dans les zones rurales. Leurs moyens d’existence dépendent principalement de l'agriculture et des ressources naturelles.

La pauvreté rurale, l'insécurité alimentaire, le manque de possibilités d'emploi et d'accès à la protection sociale, l'épuisement des ressources naturelles et la détérioration des moyens d’existence ruraux sont des vecteurs importants  de la migration.

En raison des grandes populations rurales et du processus d'urbanisation en cours, la migration des zones rurales vers les zones urbaines est courante en Afrique. Cependant, les gens se déplacent aussi des zones urbaines vers les zones rurales, ou entre les zones rurales, de façon saisonnière et circulaire (aller-retour dans les mêmes zones ou dans des zones différentes).

Résultat : les frontières entre les espaces ruraux et urbains et les moyens d’existence sont floues, présentant ainsi une nouvelle réalité rurale-urbaine africaine.

4. La force de la jeunesse en croissance = un besoin accru d’opportunités d’emplois

Le facteur de l’âge est une dimension importante de la migration. Un tiers des migrants internationaux en provenance des pays en développement ont entre 15 et 35 ans.

La population des jeunes devrait tripler pour atteindre plus de 350 millions d'ici à 2050. La plupart des jeunes vivent dans les zones rurales et sont souvent employés dans l'agriculture. Cela crée une énorme pression sur les économies rurales.

Les jeunes ruraux sont plus susceptibles de migrer à la recherche de meilleures opportunités et pour réaliser leurs objectifs et aspirations personnels.

En Afrique, environ 380 millions d'Africains entreront sur le marché du travail d'ici à 2030. Et les zones rurales compteront quelque 220 millions de personnes.

Le défi dans les prochaines décennies sera de générer suffisamment d'emplois pour absorber une main-d'œuvre en plein essor.

©FAO/Luis Tato

5. Quel rôle pour l'agriculture et le développement rural?

Les zones rurales façonnent la migration et continueront à le faire au cours des prochaines décennies dans de nombreux pays. L'agriculture et le développement rural doivent faire partie intégrante de toute réponse aux grands mouvements migratoires. Ils peuvent exploiter le potentiel de la migration au profit du développement.

L'agriculture et le développement rural créent non seulement des exploitations agricoles mais aussi d'autres entreprises rurales ou non agricoles ainsi que des emplois pour les jeunes. Ils peuvent aussi générer les conditions dans lesquelles les gens migrent par choix et non par nécessité.

6. L’avenir de la migration

Combien de personnes vont migrer? Pourquoi? Qui seront-ils? Où iront-ils?

Il est impossible de prédire des réponses avec exactitude.

Mais en savoir davantage sur la migration aide à mieux y répondre.

La décision d'une personne rurale d'émigrer ne devrait pas être dictée par l’instinct de survie ou par l’unique option viable pour une vie décente, mais elle doit être inspirée par l'aspiration à de nouvelles expériences.


Le défi consiste à s'attaquer aux facteurs structurels des mouvements importants de personnes pour rendre la migration sûre, ordonnée et régulière. De cette manière, la migration peut contribuer à la croissance économique et améliorer la sécurité alimentaire et les moyens d’existence en milieu rural, permettant ainsi aux pays de progresser dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).

La FAO et ses partenaires s’emploient à mieux discerner les facteurs qui obligent les gens à se déplacer. La FAO et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont été chargées de coprésider le Groupe mondial sur les migrations (GMG) en 2018. Le GMG est un organe inter-institutions pour le dialogue mondial sur les migrations. On s’attend à ce qu’il joue un rôle important pour l'adoption, en 2018, du Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière.

En savoir plus sur la FAO et la migration et sur la migration rurale en Afrique.

8. Decent work and economic growth, 10. Reduced inequalities