Qu'ont en commun William Shakespeare et l’apiculteur mexicain Francisco Lenin Bartolo Reyes? Tous deux ont compris l’importance de l’abeille domestique, une alliée certes petite mais inestimable de l'espèce humaine.
Le dramaturge anglais pensait que les abeilles pouvaient nous apprendre à vivre et à lutter intelligemment. Le message de Francisco Lenin, lui, est moins subtil, voire brutal: «Un monde sans abeilles va radicalement limiter nos vies en tant qu’êtres humains: la biodiversité va diminuer et nous ferons face à un avenir incertain.» Étant l’un des derniers apiculteurs de San Antonio Tecómitl, une ville située à 40 kilomètres au sud-ouest de Mexico, le jeune homme de 24 ans sait tout de notre dépendance à l’égard des espèces.
Dans cette ville, l’apiculture est une tradition qui se perd. Il y a dix ans, cette activité assurait la subsistance de cinq familles; mais l’urbanisation, les maladies, les vols de ruches et les autres difficultés auxquelles elles ont été confrontées pour vendre leurs produits ont compromis la rentabilité de l’apiculture à San Antonio Tecómitl.
Les ruches des apiculteurs ont été déplacées, installées à l’écart, dans une clairière, au milieu d’une forêt de pins et de chênes. Abîmées, soumises aux intempéries, les petites structures de bois ont été installées dans une plantation de pommiers et sont protégées du soleil par les arbres fruitiers. Francisco Lenin est responsable de la colonie, dont il partage la récolte d'or liquide avec ses collègues, Jorge Isaac Suarez Melo et Diego Elizalde Murilla, ainsi qu’avec les parents de Jorge Isaac, Jorge Sr et Maribel.
Ensemble, ils ont créé une coopérative, "Construir en Raices", qui vend, sur le marché fermier de Mexico, du miel, de l’hydromel et de la gelée royale, en plus de leur production de fruits de saison et de graines d'amarante. Cette entreprise commerciale est née de la collaboration entre la FAO et le Ministère du développement rural de Mexico. Elle vise à rapprocher ce type de petits producteurs agricoles des consommateurs.