Des outils numériques pour une exploitation biologique


En Macédoine du Nord, les agriculteurs ont tout intérêt à investir dans les technologies de l'information et de la communication (TIC)

Suzana Dimitrievska est agricultrice biologique en Macédoine du Nord. Elle utilise les technologies de l'information et de la communication (TIC) pour améliorer l'efficacité de son exploitation familiale. ©Suzana Dimitrievska

08/03/2019

Suzana Dimitrievska est agricultrice biologique en Macédoine du Nord. Issue d'une lignée de femmes fortes et bien éduquées, elle a toujours été à l'aise avec les nouvelles technologies. Elle utilise les technologies de l'information et de la communication (TIC) pour améliorer l'efficacité de son exploitation familiale.

Il y a plusieurs années, elle a acheté un logiciel de gestion agricole qui lui a permis de mieux planifier et surveiller ses récoltes, de minimiser les coûts de main-d'œuvre et de dépenser moins d'argent pour le gaz et les engrais organiques. Cela lui a permis d'augmenter ses profits.

Après un contrat signé avec une société suisse en 2017, Suzana pensait que le recours au travail saisonnier suffirait pour gérer son exploitation. Mais, alors que la demande augmentait, elle a réalisé qu'elle avait besoin d'une solution automatisée lui permettant de contrôler différents processus en même temps.

Avec l'aide d'un consultant et de la société suisse, Suzana a pu réaliser une analyse coûts-avantages comparant le travail manuel à l'utilisation d'un trieur automatique. Ensemble, ils ont identifié une machine de tri optique par couleur, capable de détecter et de trier plus de 123 différents types de cultures, d'herbes et de produits agricoles selon leur taille, leur couleur et leur forme.

Grâce à un prêt de la banque, elle a investi dans le sélecteur de photo optique. «Même si le prix d'accès a été élevé - 75.000 euros -, je suis maintenant en mesure de sélectionner et d'emballer facilement les haricots tout en répondant aux normes de qualité que mes clients attendent», dit Suzana.

À gauche: Suzana partage régulièrement ses connaissances avec d'autres agriculteurs. © FAO/Sophie Treinen. À droite: après avoir acheté un logiciel de gestion agricole, Suzana peut désormais planifier et analyser les récoltes depuis son bureau. ©Suzana Dimitrievska

Les technologies de l'information et de la communication, comme celles utilisées par Suzana, sont depuis longtemps considérées comme des moteurs du développement rural. Elles accélèrent aussi les progrès vers l'égalité hommes-femmes. Les TIC recouvrent en fait plusieurs catégories de dispositifs et de services qui aident les agriculteurs à rassembler, à stocker, à analyser et à partager des données. Grâce aux téléphones portables, elles fournissent aux populations rurales, et notamment aux femmes, un accès aux services bancaires mobiles et aux satellites. Ces derniers établissent des rapports météorologiques en temps réel permettant aux drones de prendre des images aériennes détaillées.

Il faut toutefois noter que les personnes qui pourraient bénéficier le plus des TIC sont aussi celles qui sont le moins en mesure d'y accéder. Ainsi, bien qu'elles jouent un rôle fondamental dans la production agricole, les femmes rurales pauvres ont tendance à avoir moins accès aux TIC que les femmes plus riches et plus urbaines ou que les hommes. Par conséquent, le potentiel des TIC reste inexploité dans les zones rurales.

Depuis qu'elle travaille avec ce logiciel de gestion agricole, Suzana a renforcé sa capacité décisionnelle. Son investissement s'est avéré rentable. Son exploitation fonctionne désormais de façon plus efficace, grâce à ce logiciel qui lui permet de conserver des documents, de suivre les coûts, de gérer les travailleurs saisonniers et d'analyser la rentabilité de chacune de ses récoltes.

Après un an d'expérience avec ce logiciel, Suzana a compris que certaines de ses cultures n'étaient pas économiques. Elle étudie désormais des options plus rentables.

Suzana veut maintenant mettre en place une agriculture de précision, compatible avec les TIC. Il s'agit pour elle réduire les risques et d'atténuer les effets du changement climatique. ©Suzana Dimitrievska

D'autres TIC pourraient elle aussi être déterminantes pour l'avenir de Suzana. En 2017, les températures extraordinairement élevées ont eu de graves conséquences sur les récoltes de Suzana. Ses abricots, ses pastèques, ses haricots, ses pois chiches et ses tournesols ont été touchés. A cause de la chaleur, les feuilles de ses vignes étaient même brûlées. Mais en investissant dans l'agriculture de précision et en utilisant des TIC comme la cartographie des sols et l'imagerie aérienne, elle a obtenu des informations vitales pour irriguer ses récoltes avec une efficacité maximale. Cela lui a en effet permis de choisir la bonne méthode et le bon moment. Cette approche réduit le risque de perdre des récoltes et atténue les effets du changement climatique. Dans un avenir proche, elle espère investir dans un système d'irrigation moderne et acquérir de nouveaux capteurs de sol.

 «Les petits exploitants agricoles, comme moi, manquent encore de connaissances et de compréhension des possibilités offertes par les TIC», explique Suzana. «Nous avons besoin de davantage d'exemples d'exploitations expérimentales pour comprendre comment les nouvelles technologies peuvent être utilisées et quels sont les avantages. Cela nous permettra d'investir sur les TIC.»

La FAO organise régulièrement des forums régionaux sur l'e-agriculture où l'intérêt d'utiliser les TIC dans l'alimentation et l'agriculture est démontré. Cela permet aux petits exploitants agricoles de partager leurs expériences.  La FAO estime que la mise au point d'approches intelligentes centrées sur la communauté peut fournir aux ruraux les outils nécessaires pour innover. Cela permet aussi de donner à des agricultrices, comme Suzana, accès à ces technologies clés. En outre, alors que les agriculteurs ruraux sont amenés à jouer des rôles plus actifs dans leurs communautés, les TIC peuvent être des outils efficaces pour les femmes et pour les hommes afin d'atténuer la pauvreté, de promouvoir l'égalité des sexes et de bâtir un monde #FaimZéro.


Pour en savoir plus:

2. Zero hunger, 5. Gender equality, 9. Industry innovation and infrastructure