Rashed est particulièrement heureux ce matin. Aujourd’hui, lui et ses confrères agriculteurs ont à leur tour accès au puits fonctionnant à l’énergie solaire pour irriguer leurs exploitations.
«Je suis un paysan, et l’agriculture, c’est toute ma vie. L’un de mes plus gros problèmes est l’accès à l’eau. Je cultive des carottes, des pommes de terre, des radis, du cresson d’eau, des oignons, du persil et de la menthe. Ces plantes ont besoin de beaucoup d’eau pour bien pousser, sinon elles meurent et, ma famille et moi, nous nous retrouvons sans rien pour vivre», explique Rashed Abdullah, 37 ans, agriculteur yéménite de la province d’Ibb.
Ce puits, construit dans le cadre d’un projet mené par la FAO et l’Union européenne (UE), est au service d’une communauté de 400 personnes dans le sud-ouest du Yémen. Une semaine sur deux, des tuyaux transportent le précieux liquide dans le potager de Rashed.
Près de 70 pour cent de la population yéménite vit dans des zones rurales. L’agriculture irriguée est la principale source de nourriture, d’emploi et d’activité économique, or la pénurie d’eau a longtemps été l’un des principaux obstacles empêchant les agriculteurs de produire des aliments et d’assurer leur subsistance dans de bonnes conditions.
Avant le conflit déjà, l’urbanisation et la hausse de la demande d’eau avaient fait grimper le prix de ce bien précieux, qui n’était ainsi déjà plus à la portée de nombreux Yéménites pauvres. Par la suite, le conflit a provoqué une flambée des prix des carburants, ce qui a considérablement augmenté le coût de l’eau d’irrigation, qui est puisée grâce à des pompes motorisées.
La FAO et l’Union européenne, convaincus que l’agriculture irriguée pouvait contribuer au renouveau des moyens de subsistance dans les zones rurales du pays, ont noué un partenariat et mobilisé 12,8 millions d’USD sur deux ans, afin de mettre en œuvre un programme consacré au renforcement des systèmes d’information sur la sécurité alimentaire et aux moyens de subsistance au Yémen». Ce projet, qui s’adresse à 150 990 Yéménites touchés par le conflit, a permis d’installer 42 pompes à eau solaires dans plusieurs districts du pays. L’objectif était d’améliorer la gestion de l’eau, de développer l’utilisation de techniques de production alimentaire adaptées, d’améliorer les chaînes de valeur et de créer des emplois au sein et en dehors des exploitations.