Le champ-école pastoral, en classe et à la radio
Les enfants et les adolescents apprennent à lire, à écrire et à compter.
Voici comment se déroule une leçon-type.
Les enfants s’assoient sur des nattes, à l’ombre d’un arbre. Certains portent des t-shirts de football aux couleurs vives avec le nom de leurs idoles. La plupart sont pieds nus.
« Quels mots commencent par "m"?», demande l’enseignant. « Mère », « médecine » - répondent plusieurs voix. Un à un, les enfants se rendent devant le tableau noir et, avec une craie, ils s’entraînent à écrire. Les leçons sont en anglais et en dinka (une des principales langues locales).
Makim, un jeune de 16 ans qui vit dans un champ pastoral aux alentours de la ville d’Yirol, dans l’État des Lacs, a indiqué que maintenant il arrivait à « comprendre certaines choses de son livre » et qu’il savait lire. Selon lui, avoir « l’école » tout près du champ pastoral est une bonne chose parce que cela lui permet de surveiller ses vaches pendant qu’il étudie.
Puor Deng, 15 ans, pense que s’instruire lui permettra d’avoir « ses choses à lui » - une batterie de cuisine, un matelas et d’autres objets qui ont de la valeur dans sa communauté.
En plus de l’enseignement qui leur est donné dans ces classes en plein air, ils apprennent aussi par le biais de la radio, grâce à un programme en 18 épisodes – intitulé “Sukul Wutic” ou champ école pastoral – imaginé par la FAO avec le soutien d’un groupe de radios communautaires.
Il existe aussi d’autres classes à l’air libre, consacrées aux adultes, où ceux-ci peuvent écouter un enseignant soit de vive voix, soit à travers la radio. On leur apprend comment créer de petites entreprises – par exemple, produire et vendre du yogourt ou du beurre – et comment mener des activités qui n’ont rien à voir avec l’élevage du bétail – comme la pêche, l’apiculture ou la culture de légumes à consommer ou à vendre.
Une des leçons concerne la santé des animaux – comment prendre soin du bétail pour que les bêtes soient fortes et en bonne santé et donnent ainsi davantage de lait. Parmi les recommandations «simples», on leur suggère par exemple de: broyer des os d’animaux, prendre de l’argile d’une termitière et les mélanger avec un peu de sel pour le donner aux bêtes à titre de complément alimentaire.
Dans une autre leçon, qui porte sur la manière de préserver la fertilité du sol autour de leur champ pastoral, ils apprennent à recouvrir le sol avec un mélange composé de brindilles et de fumier, pour pouvoir y cultiver des légumes.
«Avant, lorsque la nourriture manquait, nous n’avions que des légumes sauvages à notre disposition, mais à présent nous avons une variété de légumes comestibles et nous espérons aussi en vendre quelques-uns pour pouvoir acheter d’autres choses – du savon, du sucre, des vêtements et autres denrées alimentaires, que nous n’avons pas», dit Achol Tiop Aleth du champ pastoral Nyigomkot.
Les cours durant la pandémie du COVID-19
Les choses ont changé ces derniers mois avec les restrictions imposées aux éleveurs à cause du risque de COVID-19. Ils ne peuvent plus s’asseoir ensemble et former de grands groupes. Actuellement, au lieu d’apprendre à cultiver des légumes, ils écoutent à la radio les messages de la FAO sur les modes de transmission du COVID-19 et sur la manière de se protéger et de protéger leur famille.
Pendant ce temps, la FAO prépare une deuxième série d’émissions radio de Sukul Wutic. Ainsi, dès que les leçons pourront reprendre pleinement, les enseignants disposeront de nouveaux cours. La FAO prévoit aussi d’étendre le programme d’enseignement à d’autres régions du Soudan du Sud.