Gestion communautaire des forêts
Imataca est une immense forêt tropicale humide présentant une grande diversité, située dans le sud-est du Venezuela. Cette réserve naturelle abrite une biodiversité hors du commun, nichée dans chaque recoin de la forêt. Parmi la végétation luxuriante, on peut observer un grand nombre de mammifères, tels que des jaguars, des tapirs, des biches et des singes hurleurs, mais ce sont les oiseaux qui offrent les spectacles les plus saisissants. C’est là, en effet, que l’imposante harpie féroce, le plus grand oiseau de proie du monde, fait son nid.
Les Kali’nas vivent en petits groupes de familles élargies au cœur de la réserve forestière. Beaucoup de personnes et d’entreprises n’ont jamais reconnu cette réserve comme étant le territoire des Kali’nas, y abattent des arbres ou y travaillent sans leur autorisation ni le consentement de ceux-ci et en utilisant les ressources sans en faire bénéficier les populations locales. Les entreprises minières sont particulièrement dévastatrices.
«Étant donné que ces entreprises extérieures à la communauté ne nous aidaient pas, nous avons eu l’idée de lancer notre propre entreprise, explique Cecilia. Les femmes de la communauté se sont ensuite organisées et ont commencé à construire des pépinières pour nos arbres».
Les femmes kali’nas ont ensuite créé leur entreprise, en coordination avec le gouvernement vénézuélien et la FAO. Elles ont choisi de l’appeler Tukupu en hommage à un petit poisson à rayures originaire d’Itamaca qui est malheureusement menacé par les exploitations minières, les abattages non sélectifs d’arbres et les pratiques forestières néfastes.
«Les tukupu étaient nombreux dans le Botanamo, et je parle au passé car, aujourd’hui, ils ne le sont plus, nous n’avons presque plus d’eau, déplore Cecilia. Tout est en train de s’assécher à cause des exploitations minières et des activités irresponsables qui détruisent notre forêt».
Lorsque les Kali’nas ont monté leur entreprise, le gouvernement vénézuélien leur a offert 7 000 hectares de la réserve forestière d’Imataca à co-gérer. Des activités de formation et de remise en état sont désormais organisées sur ces territoires pour restaurer des zones abîmées par l’exploitation minière. Les Kali’nas sont en train d’y construire des centaines de pépinières pour cultiver des plantes qui seront utilisées pour reboiser. L’entreprise améliore également l’état des sols et des rivières pour aider les tupuku à revenir.
L’octroi de ces terres est l’une des plus grandes réussites de ce projetmais, pour Cecilia, le changement de mentalité au sein de la communauté est encore plus important. «Nous avons prouvé que le peuple kali’na était capable de mener à bien ce projet.» Cecilia estime que cette reconnaissance est essentielle car, pour elle, les Kali’nas sont les «vrais gardiens de la forêt».