En décembre 2019, le cyclone Pawan a frappé le village d’Ali Mahamud Rubaax, Dharkeynley, dans le district de Beletweyne (centre de la Somalie). Les pluies diluviennes ont fait monter le niveau du fleuve qui a débordé et inondé le village et les zones environnantes, submergeant la majeure partie de la ville. Quelque 182 000 habitants du district ont dû être déplacés. Il y a eu des victimes par noyade et des personnes disparues.
Ce n’était pas la première fois qu’Ali assistait à une inondation. Agriculteur depuis toujours, il a souvent vu le fleuve déborder et détruire ses récoltes.
«Quand l’inondation s’est achevée l’année dernière, nous avons commencé à semer, mais l’eau est revenue», explique Ali. Cela n’a rien d’inhabituel pour les agriculteurs résidant dans ce centre, situé à faible altitude mais important sur le plan économique, du district de Beletweyne, qui fournit des services aux communautés rurales environnantes.
Cependant, le cyclone Pawan a été si intense que certaines parties de la Somalie ont reçu en quelques jours un volume d’eau équivalent à celui qu’elles reçoivent en une année entière. L’ampleur de l’inondation provoquée a dépassé tout ce que connaissaient les agriculteurs comme Ali. Et cette fois-ci, avec la pluie, sont arrivés les criquets.
La pluie et le vent sont deux facteurs essentiels à l’origine de la multiplication et de la propagation rapide des criquets pèlerins. Le cyclone Pawan a justement créé les conditions météorologiques propices à leur multiplication et a déclenché la plus grande infestation de criquets pèlerins ayant touché la Somalie depuis des générations.
Considéré comme le ravageur migrateur le plus destructeur au monde, le criquet pèlerin est particulièrement mobile et, porté par le vent, peut parcourir jusqu’à 150 km par jour.
«D’abord l’eau a fait des dégâts dans mon exploitation, puis les criquets sont arrivés et ont tout mangé» explique Ali. «À cause des criquets, nous n’avons plus rien sur nos terres, la saison est perdue.»