C’est le moment de restaurer nos écosystèmes!


Découvrons, grâce à six sites du patrimoine agricole, comment gérer nos écosystèmes de manière durable.

La population des Andes péruviennes a élaboré des systèmes agricoles novateurs, adaptés à la haute montagne. © FAO/David Boerma

25/01/2021

Selon les scientifiques, la prochaine décennie sera la plus déterminante sur le plan de la lutte contre le changement climatique et l’appauvrissement de la biodiversité. L’année 2021 ouvre la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes, qui sera l’occasion d’inverser la tendance en prévenant et en faisant cesser la dégradation des écosystèmes dans le monde, d’une part, et en restaurant les écosystèmes dégradés, d’autre part.

Qu’entend-on par «restauration des écosystèmes»?

La restauration consiste à remettre en état les écosystèmes dégradés et à protéger ceux qui sont en bonne santé. Elle englobe des activités extrêmement diverses, qui vont de l’accroissement de la teneur des sols agricoles en carbone organique jusqu’à la restauration des sites pollués, en passant par la reconstitution des stocks de poissons dans les zones où ils ont été surexploités.

Pour franchir cette étape, nous pouvons nous inspirer de l’expérience d’agriculteurs qui, depuis des générations, vivent de la terre de manière durable. Forts de leurs savoir-faire traditionnels, conscients de la valeur de l’environnement et fidèles à leur identité culturelle, ces agriculteurs ont acquis des connaissances et une expérience uniques s’agissant des bonnes pratiques agricoles et des méthodes de préservation des écosystèmes.

La FAO a inscrit leurs techniques remarquables sur la liste des Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM). Sur les sites concernés, les populations exploitent leur milieu et leurs ressources naturelles de manière respectueuse et prospèrent en harmonie avec la nature.

Les SIPAM présentés ci-dessous sont la preuve que la durabilité environnementale n’est pas seulement possible, elle est aussi viable!

Agriculture andine (Pérou)

Les méthodes agricoles des Andes sont appliquées dans les montagnes du Pérou depuis plus de cinq millénaires. Grâce aux connaissances agricoles qui se transmettent depuis des siècles, les peuples autochtones de la région ont construit et entretenu des terrasses et des systèmes d’irrigation locaux, et ont mis au point trois grands systèmes agricoles adaptés à différentes altitudes. Le waru waru est une pratique unique au monde qui consiste à capter le rayonnement solaire pendant la journée au moyen de canaux, afin que les cultures ne gèlent pas la nuit. Les terrasses et les techniques de gestion de l’eau qui permettent de cultiver des végétaux autochtones et de préserver la santé des sols sont des moyens ancestraux que les agriculteurs ont trouvés pour s’adapter de manière durable à un environnement difficile.

Système de culture en pentes abruptes de Nishi Awa (Japon)

Sur l’île de Shikoku, au Japon, dans une région réputée impropre à l’agriculture en raison de ses pentes abruptes, les agriculteurs ont élaboré des techniques agricoles uniques. En réduisant la pente au moyen de murs de pierre et en utilisant de la paille de kaya (roseau de Chine) pour limiter l’érosion des sols, ils exploitent les versants montagneux sans porter atteinte à leur intégrité. Bien que les parcelles soient de petites dimensions, une grande variété de céréales et de légumes y sont cultivés. Elles constituent également un couloir écologique pour les espèces sauvages des forêts environnantes et contribuent ainsi à conserver la biodiversité de l’écosystème.

À gauche/en haut: Nous pouvons nous inspirer des populations comme celle-ci qui, en Tanzanie, travaille et vit en harmonie avec l’écosystème local. © FAO/Felipe Rodríguez À droite/en bas: Au Maroc, une partie de la population vit de l’exploitation de ces terres agricoles résilientes face au climat, où prospèrent les arganiers, et en prend soin. © Saidi Seddik

Système agroforestier Kihamba de Shimbwe Juu (Tanzanie)

Le système traditionnel Kihamba, mis en place sur les pentes du Kilimanjaro et parfaitement adapté à cet environnement difficile, est réputé pour les méthodes impressionnantes sur lesquelles il repose. Il a été élaboré et conservé, génération après génération, grâce aux connaissances traditionnelles des agriculteurs. La population locale a bâti un système de production à étages, qui comprend quatre grands niveaux de végétation. Le niveau le plus élevé est composé d’arbres très espacés, qui procurent de l’ombre, des substances médicinales, du fourrage, des fruits et du bois. Sous leur feuillage, ces arbres abritent de nombreuses variétés de bananiers qui, de même que les caféiers et les légumes, contribuent à l’alimentation de la population locale. Ce système à étages permet d’optimiser l’utilisation des terres, dont l’étendue est limitée, afin de produire une large gamme d’aliments tout au long de l’année. Le recours aux cultures intercalaires et une lutte contre les organismes nuisibles qui respecte l’environnement participent à la préservation de la biodiversité et de la santé des sols dans la région.

Système agroforestier (Maroc)

Le système agroforestier d’Aït Souab-Aït Mansour, au Maroc, est un point névralgique de la biodiversité où les arganiers sont associés à plus d’une cinquantaine d’autres espèces végétales, cultivées depuis des siècles. Ce qui rend ce système remarquable est qu’il repose sur un réseau de grottes souterraines qui retiennent et filtrent l’eau provenant du sol. L’énorme quantité d’eau qui s’accumule dans ces réservoirs naturels permet à la population locale de conserver ses moyens d’existence en dépit des longues saisons sèches. Ainsi, l’agriculture prospère malgré l’aridité de l’environnement et la pauvreté des sols.

Culture traditionnelle du jujubier dans le comté de Jia (Chine)

Le jujube, également appelé «datte chinoise», est un fruit originaire de Chine. Il est cultivé depuis des siècles de manière durable et selon des méthodes respectueuses du climat. Grâce à l’ombre qu’ils procurent, les jujubiers permettent de réduire l’évaporation de l’eau contenue dans le sol. Associés à des légumes, des vignes, des poiriers, des pommiers et des abricotiers, ils contribuent à la nutrition et aux moyens d’existence de la population locale. Avec leurs racines très étendues, ils jouent un rôle important dans la préservation de la biodiversité mais aussi dans la conservation de l’eau, la prévention de l’érosion des sols et la protection contre le vent et les tempêtes de sable.

La plus grande concentration d’oliviers millénaires au monde se trouve à Taula del Sénia. © Mancomunidad Taula del Sénia

Système agricole des oliviers millénaires de Taula del Sénia (Espagne)

Taula del Sénia, dans l’est de l’Espagne, compte 5 000 oliviers anciens, dont beaucoup ont entre 1 000 et 2 000 ans. C’est la plus grande concentration d’oliviers millénaires au monde! Ce véritable trésor procure des revenus et des moyens d’existence à la population locale. En outre, les activités économiques, telles que la production d’huile et l’agrotourisme, se déroulent en harmonie avec la nature. Nombre des techniques de culture des oliviers et de production de l’huile d’olive utilisées actuellement remontent à l’époque romaine et au temps de la présence musulmane, et se sont transmises de génération en génération. Aucune partie des terres n’est délaissée. Les oliviers anciens qui ne produisent plus de fruits sont remis en état.

La Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes souligne que la bonne santé des écosystèmes est le gage de la bonne santé des populations et de la planète. Les méthodes traditionnelles et durables qui sont utilisées depuis des années sur les sites du patrimoine agricole que nous avons présentés, aux quatre coins du monde, sont autant d’exemples qui nous montrent comment vivre et travailler en harmonie avec la nature.

Nous pouvons ainsi prévenir et faire cesser la dégradation des écosystèmes, et restaurer les écosystèmes dégradés. Cependant, aucun individu, aucune entité ne peut le faire isolément. Nous n’y arriverons que si chacun apporte sa contribution, alors rejoignez le mouvement (#GenerationRestoration) et engagez-vous.


Pour en savoir plus

1. No poverty, 2. Zero hunger, 12. Responsible consumption and production, 15. Life on land