Surveiller les ressources en eau pour en tirer le meilleur parti.

En 2050, notre planète devra nourrir quelque 9 à 10 milliards de personnes. Pour produire des quantités suffisantes d’aliments, nous aurons besoin de beaucoup d’eau.

Assurer la sécurité alimentaire future, tout en utilisant les ressources en eau de manière durable, représente un défi considérable pour la génération actuelle, mais aussi pour les générations à venir. La grande question est de savoir comment faire pour augmenter la productivité de l’eau de manière à produire davantage avec chaque goutte d’eau.

La réponse à cette question pourrait être apportée par la technologie. Le Portail de données en libre accès sur la productivité de l’eau de la FAO (WaPOR) utilise des données satellitaires pour aider les pays à suivre la productivité de l’eau dans l’agriculture, à déterminer les lacunes et à trouver des solutions. En augmentant l’efficacité de l’utilisation de l’eau, nous augmentons la quantité de cultures produites avec la même quantité d’eau et nous pouvons fournir des aliments à une population plus importante.

Qu’est-ce que la comptabilité de l’eau?

Tout le monde doit avoir accès à l’eau pour pratiquer l’agriculture. Mais cette ressource est limitée et n’est pas toujours disponible en quantité suffisante, notamment en raison de la croissance démographique. Le Nil, par exemple, est l’un des bassins hydrographiques les plus vastes. Il traverse ou longe 11 pays, de l’Égypte au Burundi et à la Tanzanie, pour lesquels il constitue la principale source d’eau.  Les économies étant centrées sur l’agriculture, l’accès à l’eau fait l’objet d’une forte concurrence.

Pour faire face à la pression exercée sur les ressources en eau, il importe d’évaluer ces ressources et de les surveiller. La comptabilité de l’eau permet de localiser les ressources en eau, de les évaluer et de déterminer qui peut y avoir accès.

Comment fonctionne-t-elle?

Les avancées récentes dans le domaine des technologies d’observation terrestre ont permis de suivre les données relatives à la gestion de l’eau grâce à la télédétection par satellite.

Les satellites sont capables de mesurer et d’évaluer l’évapotranspiration, qui comprend à la fois l’évaporation de l’eau à partir du sol et des étendues d’eau, et la transpiration des plantes. En mesurant l’évapotranspiration sur une parcelle agricole, nous pouvons évaluer la quantité d’eau qui a été utilisée par les cultures au cours de leur développement, de la semence à la récolte. Plusieurs satellites fournissent gratuitement des données mondiales sur l’évapotranspiration, notamment les satellites de l’Administration américaine pour l’aéronautique et l’espace (NASA) et ceux du programme européen d’observation de la Terre, Copernic. La FAO utilise ces informations pour élaborer une base de données accessible au public pratiquement en temps réel, qui permet de suivre la productivité de l’eau dans l’agriculture.

Qui bénéficie de ces informations?

Toute personne qui a besoin d’informations sur la manière d’utiliser l’eau de manière plus efficace!

Grâce à la mesure de l’évapotranspiration, il est possible de sélectionner des pratiques agricoles appropriées qui permettent d’améliorer la productivité de l’eau. Les données sont disponibles sur le portail WaPOR de la FAO et permettent d’aider les pays à suivre la productivité de l’eau, à déterminer les lacunes, à proposer des solutions pour combler ces lacunes et à contribuer à accroître la production agricole de manière durable.  Les organismes publics peuvent utiliser ces données pour surveiller l’état de leurs ressources naturelles et promouvoir l’utilisation efficace de ces ressources. Les partenaires locaux peuvent utiliser les données satellitaires relatives à la productivité de l’eau pour trouver des solutions pratiques qui permettent d’améliorer cette productivité. La FAO, par exemple, a réalisé, en 2018, une évaluation du programme d’irrigation du réservoir de Koga (Éthiopie), en partenariat avec l’Institut international de gestion des ressources en eau. Sur la base des données obtenues, l’équipe a conçu et organisé des activités visant à améliorer la productivité de l’eau dans l’irrigation, notamment en réduisant la quantité d’eau utilisée pour irriguer les cultures au cours de la saison de végétation, lorsque les données montrent la présence de quantités suffisantes d’eau dans le sol.

Les agriculteurs peuvent utiliser le portail WaPOR pour évaluer la productivité de l’utilisation de l’eau au sein de leurs exploitations et suivre les effets de l’amélioration de la gestion de l’eau au fil du temps.  Le portail peut également servir à élaborer des applications pour les téléphones mobiles, qui fournissent des informations d’intérêt local. En Égypte, par exemple, l’Institut international de gestion des ressources en eau, en partenariat avec l’Institut pour le sol, l’eau et l’environnement, et la FAO, a mis au point une application mobile qui fournit aux agriculteurs des informations sur la situation de l’eau et de la végétation au niveau local, et les aide à cultiver des espèces adaptées aux conditions climatiques.

Envisageons les choses dans leur contexte...

Le Rwanda souffre de pénuries d’eau localisées et d’une demande excédant l’offre disponible. La capitale Kigali est d’ailleurs souvent confrontée à un manque d’eau. Pour remédier à cette situation, il importe d’évaluer et de gérer la quantité d’eau utilisée à partir des rivières qui approvisionnent Kigali. Les données du portail WaPOR peuvent contribuer à apporter des réponses. 

Prime Ngabonziza, Directeur général du Conseil des ressources en eau du Rwanda, explique qu’ on s’attend à l’avenir à une aggravation de la pénurie d’eau, au fur et à mesure que le pays se développe et que la population s’accroît. «Nous devons maintenir des informations et des données précises sur la quantité d’eau utilisée et l’usage qu’il en est fait, afin de gérer efficacement les ressources en eau», dit-il.

Le projet de la FAO «Mieux connaître l’eau» (KnoWat) a pour objectif de renforcer les capacités locales en matière de comptabilité de l’eau et former le personnel à la collecte et à l’utilisation des données. Au Rwanda, le projet étudie la gestion et la distribution de l’eau du fleuve Yanze, qui est l’une des principales sources d’approvisionnement en eau de Kigali et représente une source d’eau indispensable pour les petits agriculteurs, les éleveurs pastoraux et les pêcheurs. Les données obtenues sur le portail WaPOR seront utilisées pour mettre à jour les bilans hydrologiques grâce à une évaluation détaillée de l’évapotranspiration, des précipitations, de la couverture des sols, de la production de biomasse et de la productivité de l’eau. Ces études permettront par la suite d’éclairer la prise de décisions en matière de gouvernance et de gestion durables des eaux, afin que les utilisateurs puissent se procurer l’eau dont ils ont besoin, au moment où ils en ont besoin.

Notre monde est en pleine évolution. La population mondiale est en pleine expansion. La manière dont nous utilisons l’eau devient de plus en plus importante. Le nombre de personnes qui dépendent d’une même source d’approvisionnement en eau est plus important que jamais. La technologie et les données sont essentielles pour résoudre ces problèmes, et créer un secteur agricole durable, moderne et prêt à affronter l’avenir.

Pour en savoir plus

• Site web: Journée mondiale de l’eau
• Site web: Mieux connaître l’eau (KnoWat)
• Site web: WaPOR,la télédétection à l’appui de la productivité de l’eau
• Site web: Portail WaPOR