Des familles mozambicaines déplacées se voient offrir un accueil généreux et une nouvelle chance dans l’agriculture


La violence qui règne à Cabo Delgado a conduit de nombreuses personnes à fuir, laissant tout derrière elles.

Abdul et sa famille ont dû fuir l’insurrection qui a éclaté dans leur ville, mais ils ont pu compter sur la générosité des habitants de Marrupa, où de nouvelles possibilités se sont offertes à eux et à leur communauté d’accueil grâce au soutien de la FAO et du Fonds central pour les interventions d’urgence. © FAO/ Telcínia Nhantumbo

12/05/2021

En août 2020, après que des insurgés eurent incendié leur maison, Abdul Selemane, sa femme, ses deux enfants et sa mère n’ont eu d’autre choix que de fuir Mocímboa da Praia, l’un des districts les plus touchés par le conflit qui sévit dans la province septentrionale de Cabo Delgado, au Mozambique.

Laissant derrière eux une ferme en pleine culture, Abdul et sa famille ont trouvé refuge dans le site de réinstallation de Marrupa, dans le district de Metuge. La population locale qui les a accueillis leur a même fourni de la nourriture et des terres agricoles.

«Nous les accueillons parce que ce sont des êtres humains, comme nous», explique Makupe Bahetwe, un chef de communauté du quartier Ntokota de Metuge. «Nous les avons reçus avec joie et avons partagé notre espace avec eux pour qu’ils puissent eux aussi cultiver, car nous sommes une communauté agricole». Makupe est chargé d’intégrer dans sa communauté les personnes déplacées qui arrivent des zones touchées par le conflit.

Les populations qui vivent dans les zones plus sûres de Cabo Delgado et celles des provinces voisines ont fait preuve d’une solidarité et d’une générosité incroyables envers les personnes déplacées qui fuyaient la crise, dont beaucoup sont hébergées par des familles et des amis dans les communautés d’accueil. Mais il en découle une forte pression sur des ressources déjà maigres et sur les familles d’accueil dans ces zones.

Depuis 2017, la situation s’est dégradée à Cabo Delgado, où les violences continues ont coûté la vie à de nombreuses personnes et perturbé les moyens de subsistance de plus d’un demi-million d’habitants qui ont été contraints d’abandonner la quasi-totalité de leurs biens, y compris les cultures et le bétail.

Les personnes déplacées trouvent refuge dans des sites de réinstallation ou dans des familles d’accueil dans de nombreux districts du sud de la province ainsi que dans sa capitale, Pemba.

La FAO a distribué des semences à Abdul et aux nombreuses personnes réinstallées à Marrupa. ©FAO/Telcínia Nhantumbo

En plus de soutenir les familles directement touchées par la violence, la FAO aide les communautés d’accueil à alléger la pression exercée sur leurs ressources et leur approvisionnement alimentaire.

Entre décembre 2020 et janvier 2021, l’Organisation a fourni à plus de 14 000 familles des cartes électroniques qui leur donnaient accès à des intrants, tels que des semences de céréales et de légumes et des outils agricoles, ce qui leur a permis de produire leur propre nourriture et de réduire ainsi leur dépendance. Ce programme d’urgence de la FAO est financé par le Fonds central pour les interventions d’urgence et par le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

Comme d’autres membres de la communauté qui soutiennent les familles déplacées, Makupe a reçu une carte électronique dans le cadre du programme. Avec cette carte, il a acheté des graines de haricot, d’arachide, de maïs et de sésame ainsi que des outils agricoles pour subvenir aux besoins de sa famille de neuf personnes.

Avec leur exploitation, Makupe et sa femme espèrent améliorer la nutrition de leur famille et vendre des cultures commerciales, comme le sésame, pour satisfaire d’autres besoins du ménage.

Les membres de la communauté d’accueil ont reçu une carte électronique qui leur permet d’acheter des semences ou des outils agricoles. ©FAO/Telcínia Nhantumbo

Une crise persistante

Depuis janvier 2020, la violence s’est aggravée dans la région. Selon les informations rapportées, les attaques des groupes armés se sont étendues géographiquement et ont gagné en intensité. 

Cabo Delgado est aujourd’hui la province qui compte la plus grande population en situation de crise et d’insécurité alimentaire critique. On estime que le nombre de familles présentant des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (niveau 3 ou plus du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) passera de 0,58 million en décembre 2020 à 0,77 million entre avril et septembre 2021.

Les répercussions sur les moyens de subsistance et l’accès à la nourriture, aux services de base et à l’aide humanitaire se font aussi lourdement sentir.

Consciente de l’aggravation de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition, la FAO renforce son soutien aux personnes déplacées afin qu’elles retrouvent leurs moyens d’existence ainsi qu’aux communautés d’accueil dont les ressources deviennent encore plus limitées.

Le rétablissement des moyens d’existence reste une priorité

Selon M. Haggai Mário, Directeur provincial des activités économiques, le rétablissement des moyens d’existence reste une priorité car 86 pour cent de la population dépend de l’agriculture.

«Les actes de violence qui se produisent ont un effet négatif sur les résultats des différents secteurs de l’économie et sur l’agriculture en particulier, à laquelle se consacre une majorité de la population qui est maintenant menacée par la faim», a déclaré M. Mário.

Les autorités locales de Cabo Delgado estiment que le conflit a entraîné une baisse de 30 pour cent de la production par rapport à la campagne agricole précédente.

La FAO mène actuellement des projets dans neuf districts qui accueillent des familles déplacées, dont quatre à Cabo Delgado et trois dans la province de Nampula, afin d’aider à rétablir les moyens d’existence des populations touchées.


Pour en savoir plus

1. No poverty, 8. Decent work and economic growth, 10. Reduced inequalities