À quelques encablures au sud de la ville animée d’Agadir, au Maroc, se trouve une région rurale du nom de Chtouka-Ait Baha. Bien qu’elle soit située à proximité de plusieurs sites touristiques marocains, ses paysages montagneux et désertiques nous plongent dans un monde à des années-lumière des rues colorées et de l’effervescence des villes du pays. Cette région relativement isolée recèle toutefois un incroyable trésor national: l’arganier. Non seulement cet arbre fournit-il l’un des produits d’exportation les plus précieux du Maroc, l’huile d’argan, mais il est également endémique de la région et ne pousse naturellement qu’au Maroc et dans ses environs.
Résistants à la sécheresse et à la chaleur, les arganiers sont cultivés depuis des siècles dans la zone d’Ait Souab-Ait Mansour, située dans la région de Chtouka-Ait Baha. Ils peuvent supporter des températures allant jusqu’à 50 °C et jouent un rôle irremplaçable dans la vie des communautés de la région. Les populations qui vivent sur ces terres arides et semi‑arides ont créé un système de production exceptionnel qui repose sur la culture de l’arganier. Ces communautés locales fabriquent de l’huile et d’autres produits à partir des arganiers, cultivent les terres tout autour des arbres et élèvent des chèvres, qui aiment grimper dans les branches de ces arbres de petite taille pour se nourrir de leurs fruits. Du fait de cette triple vocation, combinant la culture des terres (agriculture), l’exploitation des arbres (sylviculture) et l’élevage de chèvres (pastoralisme), on parle ici d’un système «agro‑sylvo-pastoral».
En 2018, la FAO a accordé au système mis en place dans la zone d’Ait Souab-Ait Mansour la désignation de Système ingénieux du patrimoine agricole mondial (SIPAM) afin de souligner combien les pratiques agricoles singulières et résilientes des communautés de la région constituent un élément précieux du patrimoine culturel, qui a permis de préserver un paysage et une biodiversité hors du commun. Le système agro-sylvo-pastoral fondé sur l’arganier ne constitue qu’un seul exemple parmi les 62 sites innovants reconnus par le programme SIPAM.