L’énergie solaire pour une production maraîchère plus écologique au Bangladesh


Dans le district de Cox’s Bazar, au Bangladesh, les panneaux solaires et les technologies vertes aident les agriculteurs à affronter la pénurie d’eau et à produire des aliments nutritifs

La FAO a installé des systèmes d’irrigation qui sont alimentés en électricité par des panneaux solaires, pour faire face à la pénurie d’eau dans le Cox’s Bazar, où la croissance démographique sollicite fortement les ressources naturelles. ©FAO/Saikat Mojumder

10/03/2022

Devant des rangs de choux dont il a pris grand soin, de radis éclatants de fraîcheur et de tomates volumineuses, Mohammad Islam est radieux. Ce jardin luxuriant n’a rien à voir avec ce qu’on aurait pu attendre sur ces terres assoiffées. À quelques mètres de là, trois panneaux argentés sont tournés vers le soleil comme des héliotropes. Ces plaques de métal d’aspect anodin sont des panneaux solaires installés par la FAO, et c’est à eux que l’on doit ces légumes.

Ce père de trois enfants vient de Ukhiya, dans le Cox’s Bazar (Bangladesh). Cox’s Bazar, district dont le nom revient dans l’actualité pour de nombreuses raisons sans rapport avec la production maraîchère, est depuis toujours une véritable oasis. Son sol fertile rendait jadis possible n’importe quelle culture ou presque. Mais les choses ont changé. La surexploitation et l’usage excessif d’engrais chimiques et de pesticides ont abîmé les sols. La baisse de fertilité des sols se traduit par un recul de la végétation, ce qui a pour corollaire une baisse des ressources en eaux. La pression démographique étant ce qu’elle est, un cercle vicieux s’est installé et les difficultés vont croissant. 

À Cox’s Bazar, la FAO travaille à améliorer les méthodes d’irrigation et la production agricole en mobilisant des technologies vertes, parmi lesquelles l’énergie solaire. À l’heure actuelle, la production agricole consomme 70 pour cent de l’eau douce de la planète. Les systèmes qui fonctionnent à l’énergie solaire permettent de réduire les déperditions d’eau du fait qu’on installe des conduites enterrées au lieu de canaux à ciel ouvert creusés dans la terre et soumis à l’évaporation et aux exfiltrations.

«La pénurie d’eau est un problème courant dans la région, et les coûts d’irrigation sont très élevés», explique Mohammad, «la FAO a installé un système d’irrigation à l’énergie solaire qui apporte des solutions à la pénurie d’eau». Ce système a aussi permis de réduire de moitié les coûts de production.

«Les systèmes d’irrigation traditionnels se soldent par d’importantes pertes d’eau qui épuisent les réserves d’eau souterraines, et qui pèsent sur les coûts de production du fait qu’ils font appel à des combustibles fossiles. Et de plus, ils sont polluants», déclare le représentant de la FAO au Bangladesh, M. Robert Simpson. «En apportant des solutions à ces deux problèmes - le manque d’eau et l’impact sur l’environnement - cette initiative va dans le sens de la durabilité».

La FAO et le Ministère bangladais de la vulgarisation agricole étendront l’initiative à d’autres régions du pays afin d’œuvrer à la transformation durable des systèmes agroalimentaires.

La FAO a créé quelque 300 écoles pratiques d’agriculture dans la région de Cox’s Bazar, dispensant ainsi à 6 000 agriculteurs environ des formations aux bonnes pratiques agricoles. Ci-dessus, à gauche: ©FAO/Saikat Mojumder; à droite: ©FAO/MH Kawsar Rudro

Faire le plein de soleil

Afin d’apprendre à utiliser ces nouveaux systèmes d’irrigation et d’autres techniques de culture, Mohammad a suivi les cours d’une école pratique d’agriculture qui bénéficie de l’aide de la FAO.

Les écoles pratiques d’agriculture, qui accueillent une vingtaine d’agriculteurs, dont un tiers de femmes, encouragent les cultivateurs à travailler en groupes, à gérer des comptes bancaires communs, à suivre des formations aux bonnes pratiques agricoles et à adopter des solutions sur mesure à travers des expériences conduites à même les exploitations.

La FAO a fourni à Mohammad des semences maraîchères et lui a dispensé une formation à l’horticulture. Le groupe auquel il appartient a par ailleurs été équipé de machines agricoles dont un motoculteur, ce qui doit permettre d’augmenter la production et rendre les exploitants moins dépendant de la main-d’œuvre sous contrat, celle-ci étant d’obtention difficile durant la pandémie de covid-19.

Devenu président de son groupement agricole, Mohammad promeut une agriculture intelligente face au climat par des techniques telles que la gestion intégrée des nuisibles et certaines solutions naturelles comme l’utilisation de phéromones et de pièges lumineux, qui permettent d’éviter l’emploi de pesticides.

Les écoles pratiques d’agriculture constituent une plateforme d’enseignement et d’autonomisation et, en renforçant la résilience des moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des réfugiés et de leurs communautés d’accueil, elles sont devenues un élément central du programme intégré de la FAO dans le Cox’s Bazar. La FAO a popularisé cette approche dans d’autres régions du Bangladesh, créant quelque 300 écoles pratiques d’agriculture dont bénéficient 6 000 agriculteurs environ dans la seule région du Cox’s Bazar.

Depuis le début de la crise des Rohingyas en 2017, la FAO intervient auprès des collectivités d’accueil et des réfugiés en vue de créer des moyens de subsistance et d’aider les agriculteurs à trouver des débouchés commerciaux. ©FAO/Saikat Mojumder

La covid-19 et ses conséquences

Comme de nombreux agriculteurs dans le monde, Mohammad a éprouvé des difficultés au moment de la récolte à cause de la pandémie.

«Pendant le confinement, il y a eu une pénurie de main-d’œuvre. J’ai eu du mal à trouver de l’aide pour travailler dans mes champs. J’ai aussi rencontré des difficultés pour transporter mes produits jusqu’à des marchés parfois éloignés».

Conscient de l’importance que revêtaient les aliments nutritifs pendant la période de crise sanitaire, Mohammad est parvenu à acheminer ses produits jusqu’aux marchés locaux. Il a tiré une grande satisfaction de sa récolte de tomates, d’aubergines, de radis, d’amarantes rouges, de choux et de haricots, des produits dont profitera la collectivité.

«J’aime à penser que ceux qui les consomment pourront se maintenir en bonne santé grâce aux légumes frais que je produis».

Il a aussi fait don d’une partie de sa production à ses voisins pour leur venir en aide pendant la crise de la covid-19. «Pendant la pandémie, j’ai proposé mes légumes gratuitement à ceux de mes voisins qui étaient dans le besoin», explique Mohammad.

«Je suis cultivateur; je cultive pour moi et aussi pour les autres. Je suis apprécié dans le village et j’aime les gens de mon village».

Avec l’aide d’agents des services sociaux et de responsables agricoles, dont Muhammad, la FAO a mené une campagne de sensibilisation de masse sur les dispositions à prendre pour poursuivre l’activité agricole tout en réduisant au maximum les risques de transmission de la covid-19.

La FAO dans le Cox’s Bazar

Dans le district de Cox’s Bazar, qui compte une population bangladaise de 2,65 millions d’habitants, se trouve le plus grand complexe d’accueil de réfugiés au monde, qui abrite 920 994 Rohingyas, répartis dans 34 camps de fortune.

La forte demande de bois de feu, de matériaux de construction de logements et de matériaux de couverture pour cette vaste population a intensifié la demande en ressources forestières et accéléré la dégradation de l’écosystème. On estime que 8 000 hectares de forêt ont été dégradés, entraînant une rupture des services écosystémiques, dont l’approvisionnement en eau douce.

Depuis le début de la crise des Rohingyas en 2017, la FAO met en avant une approche globale de l’affectation des terres. Une opération de remise en état des forêts, menée à grande échelle, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des camps de réfugiés, la promotion d’une agriculture résiliente face au climat et la mobilisation des technologies vertes que sont les systèmes d’irrigation fonctionnant à l’énergie solaire figurent parmi les moyens que la FAO met en œuvre à l’appui de la sécurité alimentaire de ces populations tout en protégeant la nature. La FAO travaille aussi avec les communautés d’accueil et les réfugiés à créer de nouveaux moyens de subsistance, en mettant à la disposition des communautés d’accueil des intrants agricoles et du matériel agricoles et des moyens de renforcer leurs capacités.

Le renforcement de la résilience des ménages et des collectivités face à l’insécurité alimentaire et les aléas naturels, grâce à une transformation de l’agriculture, est un volet essentiel de la mission de la FAO à l’échelle du monde. Les programmes menés dans le Cox’s Bazar, qui reçoivent l’aide du Bangladesh, du Canada, des États-Unis d’Amérique, du Japon, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Suède et de l’Union européenne, ont profité directement à 146 340 personnes à ce jour.


*Cet article est une version actualisée de l’article publié le 24/08/2021. 

En savoir plus

 

2. Zero hunger, 3. Good health and well-being, 7. Affordable and clean energy, 10. Reduced inequalities