«Un de mes enfants a dû arrêter l’école car nous ne pouvions pas payer les frais de scolarité», dit Ray Kwingu d’une voix triste, avant d’ajouter, inquiet: «Nous allons bientôt devoir trouver de quoi payer les frais de scolarité d’un autre enfant qui est à l’école secondaire.»
Ray, 63 ans et père de cinq enfants, habitant du village de Varigu dans la province du Sepik oriental en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a pour seule source de revenus moins de 0,5 hectare de plantation de cacaoyers. Sa femme, Jenny, et lui travaillent d’arrache-pied pour faire en sorte que cette plantation de 300 cacaoyers leur permette de payer les frais de scolarité de leurs enfants et leurs frais médicaux et d’acheter des aliments nutritifs pour toute leur famille.
Malgré tous leurs efforts, les rendements de leur plantation sont chaque année moins bons, ce qui oblige Ray et Jenny à trouver d’autres moyens de subvenir aux besoins essentiels de leur famille ou à éliminer des dépenses, notamment en déscolarisant leurs enfants.
Au début de 2021, Ray a rejoint le programme STREIT, un programme dirigé par la FAO et financé par l’Union européenne qui vise à soutenir les entreprises, l’investissement et le commerce en milieu rural. Dans le cadre du programme, on s’est attaché à fournir aux agriculteurs des jeunes plants de cacaoyer à plus haut rendement qui ont été clonés de façon naturelle au moyen d’un greffage en écusson. Technique naturelle qui permet de répliquer des plants aux caractéristiques recherchées, le greffage consiste à placer une portion d’une plante sur la tige ou une branche d’une autre plante, le porte-greffe, de façon qu’elle continue de pousser. À terme, le porte-greffe est remplacé par le «clone» greffé (le bourgeon) et repiqué dans la plantation de cacaoyers.
Non seulement ces plants offrent de meilleurs rendements mais ils résistent aussi mieux au foreur de cabosses, organisme nuisible pour les cacaoyers.
Depuis 2013, la région du Sepik est envahie par ce ravageur dont la présence a fait considérablement baisser la production de cacao. En 2013, la production totale de cacao de la région dépassait les 12 000 tonnes alors qu’en 2016, elle était passée sous la barre de 9 000 tonnes. L’invasion de foreurs de cabosses a obligé les agriculteurs à abandonner progressivement les cacaoyers touchés, ce qui a mené à la fermeture de 58 pour cent des installations de traitement des graines de cacao de la région.