Quatre produits de beauté que l’on trouve en forêt


Plein phare sur les produits cosmétiques naturels, source de moyens d’existence pour les communautés forestières

La FAO et le Programme d’échange sur les produits forestiers non ligneux formulent des recommandations en vue d’aider les communautés rurales à trouver de nouveaux moyens d’existence sur le marché des produits naturels. ©FAO/Giulio Napolitano

18/03/2022

Vous avez un intérêt pour les produits cosmétiques naturels qui soutiennent les populations locales et n’épuisent pas nos ressources naturelles? Vous n’êtes pas seuls! 

L’attachement croissant des consommateurs aux caractéristiques éthiques et environnementales des produits cosmétiques les incite à s’intéresser aux produits de beauté provenant de sources éthiques et durables, dont beaucoup de produits issus de la forêt, également connus sous le nom de «produits forestiers non ligneux». 

Le secteur des produits cosmétiques naturels enregistre une croissance de près de 10 pour cent par an. Afin de profiter de ce marché pour augmenter les revenus des communautés forestières et rurales dans le monde, la FAO et les membres du réseau du Programme d’échange sur les produits forestiers non ligneux (Non-Timber Forest Products – Exchange Programme ou NTFP‑EP) ont examiné quelques-uns des produits de beauté issus des forêts qui, depuis l’antiquité, sont employés dans le cadre de pratiques traditionnelles et font l’objet d’échanges commerciaux dans différents pays de l’Asie et du Pacifique.

Dans leur publication intitulée Naturally Beautiful: Cosmetic and Beauty Products from Forests (La beauté au naturel: produits cosmétiques et produits de beauté issus des forêts), la FAO et le Programme d’échange sur les produits forestiers non ligneux attirent l’attention sur l’importance des forêts en tant que source de produits de beauté, et montrent que ces produits peuvent offrir des moyens d’existence aux communautés forestières. Ils évaluent les difficultés et recensent les perspectives de croissance, en particulier pour les entreprises à assise communautaire.

Voici quatre produits de beauté que l’on trouve dans la nature et qui recèlent un grand potentiel pour les communautés forestières: 

1) L’essence de bois de santal dans la région Asie-Pacifique 

L’essence de bois de santal est une source de revenus et d’échanges commerciaux très importante dans le Pacifique depuis plus de 200 ans. On trouve des santals dans plusieurs endroits du monde, que ce soit en Inde, en Australie, en Indonésie ou dans les pays insulaires du Pacifique. L’essence de bois de santal est distillée à partir des racines de l’arbre et, en raison de son parfum très apprécié, on l’ajoute à des produits commerciaux comme des savons, des bougies, des parfums et de l’encens. 

La surexploitation de ces arbres a décimé les stocks, et le commerce de bois de santal a failli disparaître. Cependant, les possibilités de revenus qu’offre cette ressource incitent les communautés à passer à l’action, notamment en Australie, où elles créent de nouvelles plantations de santal, et au Vanuatu, où elles s’efforcent d’améliorer la gestion des échanges commerciaux. La FAO encourage les communautés du monde entier à mieux gérer et conserver les santals afin d’exploiter durablement cette source de revenus et d’en préserver l’importance culturelle.

L’emploi de millions de personnes dans le monde dépend des forêts. Il apparaît donc indispensable de gérer ces ressources naturelles de manière durable pour soutenir les communautés forestières. À gauche/En haut: © FAO/Enric Catala Conteras À droite/En bas: ©FAO/Hoang Dinh Nam

2) Le baume de gurjum au Cambodge

Au Cambodge, la résine issue des diptérocarpacées, plus connue sous le nom de «baume de gurjum», est utilisée comme agent de turbidité dans les cirages et les peintures ou pour imperméabiliser les parapluies et les paniers. Elle peut également être transformée en huile essentielle, principalement destinée à l’industrie du parfum. La récolte de baume de gurjum est une importante source de revenus pour beaucoup de membres de communautés autochtones.

Depuis 2003, l’exploitation forestière illégale et les pratiques de récolte destructives entraînent une baisse de la production. Le manque de stocks et la baisse générale de la demande menacent le secteur de la résine dans le pays. La FAO a formulé des recommandations afin de promouvoir la protection des ressources naturelles des forêts cambodgiennes et une relance durable de l’activité de récolte de résine. Elle recommande notamment de dispenser des formations aux communautés pour leur apprendre à récolter la résine plus efficacement, à appliquer des techniques de filtration qui donneront plus de valeur aux produits, ou encore à récolter la résine dans de nouveaux récipients qui permettront de réduire les impuretés et d’accroître la valeur marchande des produits. 

3) Les bains médicinaux aux plantes au Viet Nam

Dans le district de Sapa, dans le nord du Viet Nam, les Dao rouges de la commune de Ta Phin ont pour pratique traditionnelle de prendre des bains médicinaux, appelés «Dia dao xin». Dans le cadre de leur culture, les Dao rouges se lavent en ayant recours à des plantes médicinales de cinq à dix variétés différentes. Ils font bouillir ces plantes et versent ensuite l’eau dans des barils, dans lequel les gens se baignent. On attribue à ces bains médicinaux plusieurs vertus, notamment celle de soulager la fatigue et de faciliter la circulation sanguine. Ils éliminent également les peaux mortes et dilatent les pores. 

La communauté propose ces traitements aux touristes lors de séjours chez l’habitant à Ta Phin, et vend aux visiteurs et aux hôtels des préparations en poudre pré-mélangées. Cependant, les pratiques de récolte non durables et l’exploitation de la filière par des personnes extérieures menacent les activités locales de la communauté. Une société par actions à assise communautaire a été créée en 2006 pour résoudre ces problèmes. Ce modèle de société a permis de mettre au point des traitements et des produits médicinaux certifiés, et ainsi de générer des emplois et des revenus stables pour plus de 100 foyers, ce qui a contribué à unifier la communauté.

Les produits forestiers non ligneux créent des possibilités d’emploi pour les populations rurales vivant dans les régions de haute altitude du Népal, où les sources de revenus sont limitées. ©FAO

4) L’huile de nard au Népal 

Le nard, plante de la région de l’Himalaya, également connu sous le nom de jatamansi au Népal, est utilisé pour fabriquer de l’huile qui entre dans la composition de plusieurs produits du marché mondial de la beauté, tels que les parfums, les lotions, les crèmes anti-vieillissement, les déodorants et les produits de maquillage. La récolte et le commerce du nard créent des emplois pour les populations rurales pauvres vivant en haute altitude au Népal.

Le nard figure cependant parmi les espèces gravement menacées qui sont répertoriées sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L’augmentation de la demande et la forte valeur économique du nard ont conduit à une exploitation excessive ou inadaptée des jeunes plantes. Le développement des infrastructures et les établissements humains ont également contribué à la perte d’habitat du nard. Cependant, la valeur socio‑économique de cette ressource a poussé les pouvoirs publics et plusieurs organisations à agir pour améliorer sa gestion et réglementer les pratiques de récolte. La FAO encourage la participation des communautés à la chaîne de valeur afin de promouvoir la création d’entreprises à l’échelle locale. Le développement des marchés permettra également d’améliorer le potentiel économique de l’huile de nard. 

En aidant les communautés à gérer les forêts de manière durable et à explorer les perspectives qui s’offrent à elles pour vivre des produits forestiers non ligneux, la FAO contribue à stimuler l’économie locale et à faire avancer les initiatives de conservation des forêts dans le monde.


Pour en savoir plus

8. Decent work and economic growth, 12. Responsible consumption and production, 15. Life on land