Lorsque M. Maxton Tsoka et son équipe de chercheurs se sont mis en route pour les zones rurales du Malawi dans l’intention de mettre à l’essai une nouvelle mesure de la pauvreté, ils pensaient avoir des idées bien arrêtées sur les indices vers lesquels se tourner. La beauté n’en faisait pas partie.
Il se trouve que les habitants de Chambogho et ceux de 15 autres villages qu’ils ont visités ont mentionné à plusieurs reprises l’apparence physique des personnes comme signe d’aisance matérielle.
«Au départ, nous n’avions pas pensé que l’apparence physique des personnes pouvait être un des indicateurs de leur condition, mais il se trouve que chez ces populations, on se sert de ce critère pour distinguer le statut des membres de la communauté», explique M. Mtisunge Matope, l’un des cinq chercheurs de l’équipe de Maxton, du Centre de recherche sur les questions sociales de l’Université du Malawi, chargée par la FAO de procéder à la mise à l’essai du projet sur le terrain.
Un autre membre de l’équipe, M. Donald Chitekwe, a été tout aussi surpris de constater l’importance qu’attachent les villageois à cette variable. Elle a en effet été mentionnée dans 55 des 64 groupes de discussion.
À la réflexion, on doit reconnaître une certaine logique à cela.
«Les personnes qui connaissent l’aisance matérielle tendent à soigner leur mise», explique Donald. «Car leurs moyens pécuniaires leur permettent de se payer des lotions nourrissantes pour la peau; des vêtements de meilleure qualité; elles consomment des aliments sains et de qualité, ce qui se lit sur leur teint et se reflète dans leur silhouette.»
Bien qu’il soit difficile de retenir pour indicateur dans ce domaine un élément aussi subjectif que l’apparence physique, le fait que celui-ci ait été mis en avant par un aussi grand nombre de personnes interrogées en dit long sur l’importance de la subjectivité dans l’expérience de la pauvreté: au-delà des chiffres, il y a les humains et leurs émotions.