La technologie aide les pêcheurs à tirer profit de nouvelles ressources dans le Pacifique Sud


Dans le cadre du projet FishFAD, la FAO apporte des compétences et fournit du matériel aux pêcheurs fidjiens

Dans le cadre du projet FishFAD, mené aux Fidji, les pêcheurs apprennent à exploiter des espèces aquatiques vivant plus au large, à l’aide d’un dispositif de concentration des poissons. ©David Itano

14/06/2022

Comme dans beaucoup d’États insulaires du Pacifique Sud, la pêche est un moyen de survie aux Fidji; elle fait partie intégrante de la vie quotidienne des habitants de l’archipel.

«Je pêche depuis toujours», raconte Aviuta Ramoli. «La plupart de nos ressources proviennent de la mer.»

Aviuta pêche depuis près de sept décennies dans les magnifiques eaux turquoise qui entourent sa maison. Aujourd’hui, il a six enfants, 24 petits-enfants et 13 arrière-petits-enfants.

Cependant, pour lui et les autres pêcheurs, il est de plus en plus difficile de trouver des stocks de poissons suffisants à proximité des côtes. Beaucoup doivent parcourir de longues distances pour trouver du poisson, qui leur permettra de nourrir leur famille et dont ils pourront tirer des revenus. Selon Aviuta, en raison de l’essor de la pêche non durable, moins de poissons parviennent à maturité et les stocks disponibles s’amenuisent.

«Lorsque j’ai commencé à pêcher, la pêche commerciale était très minoritaire et les poissons pêchés étaient beaucoup plus gros», dit-il. «Nous attrapons encore des poissons, mais ils sont beaucoup plus petits, ils font la moitié de ceux que nous capturions au début.»

Les Fidji comptent parmi les petits États insulaires en développement  (PEID) de la région Pacifique. Les PEID comprennent certains des pays les plus isolés au monde, dont les écosystèmes côtiers subissent de plein fouet les conséquences de la pollution, de la surpêche, de la dégradation marine et du changement climatique. En cette Année internationale de la pêche et de l’aquaculture artisanales, la FAO attire l’attention sur certains de ces problèmes et célèbre la contribution des pêcheurs, des aquaculteurs et des travailleurs de la pêche qui pratiquent leur activité de manière artisanale.

Dans le cadre d’un projet mené par la FAO aux Fidji, les pêcheurs apprennent à exploiter des espèces aquatiques qui se trouvent plus au large, sont formés à de nouvelles compétences et obtiennent le matériel nécessaire. Le projet, nommé FishFAD, fait référence à la technologie se trouvant au cœur de ces activités: le dispositif de concentration des poissons (en anglais, fish aggregating device [FAD]). Le dispositif, fixé sur le fond marin, est muni de bouées situées à la surface qui permettent d’attirer les petits poissons pélagiques tels que les maquereaux, ainsi que des poissons de forte valeur et de plus grande taille, tels que les thons, que l’on ne rencontre pas à proximité des côtes. La FAO aide les pêcheurs à fabriquer leur dispositif sur le rivage, avant de le transporter par bateau et de le fixer dans un endroit stable, à près de 10 kilomètres des côtes. 

«Les pêcheurs se forment à différents types de pêche en vue de pouvoir pêcher en eaux profondes», explique Mike Savins, Conseiller technique en chef de la FAO chargé du projet. Il souligne que le projet ne vise pas seulement à accroître la diversité et le nombre des prises: «[Les pêcheurs] se familiarisent aussi avec l’utilisation du matériel et en apprennent davantage sur la gestion et sur la manière de développer leurs techniques de transformation du poisson.»

Le projet vise à renforcer les capacités et la résilience, mais aussi la sécurité alimentaire et la nutrition, puisque les produits halieutiques représentent entre 50 et 90 pour cent des protéines animales et apportent des nutriments essentiels dans le cadre du régime alimentaire local.

Le projet de la FAO vise à renforcer les capacités et la résilience, mais aussi la sécurité alimentaire et la nutrition, car les produits halieutiques représentent entre 50 et 90 pour cent des protéines animales et apportent des nutriments essentiels dans le cadre du régime alimentaire local. ©FAO/Neelam Bhan

«Les pêcheurs apprennent à pêcher dans des eaux plus profondes et sont dotés du matériel adéquat afin que leurs activités liées à la pêche gagnent en efficacité et que, grâce à la formation, ils puissent les poursuivre», ajoute Mike Savins.

La formation et la fourniture d’équipements de sécurité constituent un autre aspect essentiel du projet FishFAD, d’autant plus que les pêcheurs sont amenés à pêcher très au large, dans des eaux encore plus profondes et plus dangereuses.

Financé par le Gouvernement japonais, le projet concerne les sept pays suivants: Fidji, Îles Marshall, Kiribati, Palaos, Samoa, Tuvalu et Vanuatu.

«Le dispositif de concentration des poissons est avantageux pour nous, car nous savons qu’il y a du poisson en permanence, de jour comme de nuit, chaque fois que nous allons pêcher là-bas. Nous ne gaspillons pas notre carburant à aller de l’autre côté de l’île», précise Aviuta Ramoli.

«Le Pacifique présente le taux de consommation de poisson frais le plus élevé au monde, si bien que la consommation de poisson comme source de protéines et de micronutriments revêt une importance capitale dans cette région», explique Nicole Franz, Fonctionnaire chargée des pêches à la FAO.

«Il est primordial pour l’Organisation, en particulier en cette Année internationale de la pêche et de l’aquaculture artisanales, d’aider les pays à améliorer les activités visant à garantir la pérennité de la pêche côtière et à fournir des protéines et d’autres nutriments sains aux populations des PEID.»

Dans le cadre de l’initiative FishFAD, les femmes travaillant dans la transformation du poisson reçoivent aussi une formation qui leur permettra de valoriser les prises et d’accroître leurs revenus en se servant des parties habituellement mises au rebut pour fabriquer des steak hachés, des samossas et d’autres produits à base de poisson. ©FAO/Neelam Bhan

Lorsque les pêcheurs reviennent avec leurs prises, les transformateurs locaux, qui sont généralement des femmes, nettoient, traitent, fument, salent et sèchent le poisson. Dans le cadre du projet FishFAD, ces femmes, ainsi que les pêcheurs et les travailleurs du secteur halieutique, acquièrent également des compétences liées aux activités après capture qui les aident à valoriser les prises et à augmenter leurs revenus. Par exemple, les travailleurs du secteur halieutique apprennent comment utiliser les parties du poisson habituellement mises au rebut pour préparer des steak hachés, des samossas et d’autres produits à base de poisson.

«Nous avons appris beaucoup de choses, comme la façon de découper le poisson et de lever les filets», affirme Ilisebeta Bau, âgée de 66 ans. «Nous avons aussi appris à utiliser la tête du poisson et les restes pour en faire des samossas et des boulettes de poisson, ce qui nous permet de gagner de l’argent en plus.»

Le projet FishFAD arrive à point nommé, car les PEID sont confrontés à un avenir plus incertain. Ces deux dernières années, la covid-19 a perturbé le tourisme et d’autres secteurs économiques et les chocs climatiques se multiplient, faisant payer un lourd tribut à ces États insulaires vulnérables. Le niveau de la mer et les températures sont en hausse, tout comme le nombre de cyclones dans la région Pacifique. Les Fidji ont été frappées par trois cyclones tropicaux violents, rien que ces deux dernières années.

 «Dans les pays mélanésiens et polynésiens, notamment le Vanuatu et les Fidji, des cyclones anéantissent totalement les cultures de racines et de légumes-feuilles», indique Mike Savins. «En revanche, dès le lendemain d’un cyclone, les habitants peuvent retourner pêcher du poisson. Les dispositifs de concentration des poissons constituent donc un outil important pour renforcer la résilience dans les situations d’urgence.»

Le projet FishFAD change déjà la donne pour les pêcheurs et les aquaculteurs artisanaux et les travailleurs du secteur. À l’occasion de l’Année internationale de la pêche et de l’aquaculture artisanales (2022), la FAO s’engage à apporter son concours aux pêcheurs, qui contribuent au bien-être humain, à la santé des systèmes alimentaires et à l’éradication de la pauvreté grâce à une utilisation responsable et durable des ressources marines et naturelles.


En savoir plus

8. Decent work and economic growth, 9. Industry innovation and infrastructure, 14. Life below water