Transformation numérique de l’agriculture rurale
Au cours des 20 dernières années, le téléphone portable, ce petit objet qui se glisse dans une poche, a permis aux êtres humains d’avoir accès à l’ensemble des données et des renseignements nécessaires pour prendre des décisions avisées dans quasiment tous les aspects de leur vie. Or, dans les régions rurales d’Afrique de l’Ouest, notamment dans le secteur agricole, ce potentiel reste inexploité.
Dans cette partie du monde, la qualité de l’infrastructure mobile s’est nettement améliorée et nombreuses sont les personnes qui ont déjà adopté les technologies mobiles. Pourtant, il est encore rare que les agriculteurs se servent de ces outils dans le cadre de leur activités de production.
Dans le secteur agricole, les possibilités d’utilisation sont nombreuses, notamment pour ce qui est de tirer le meilleur parti des services existants – conseil rural, services financiers, programmes de protection sociale et accès au marché – directement à partir des téléphones portables personnels.
Au Sénégal, la FAO a déployé le projet SAIDA pour soutenir la mise en œuvre de la stratégie d’agriculture numérique de l’Agence nationale de conseil agricole et rural (ANCAR), un organe relevant du Ministère de l’agriculture. Ce programme a pour objectif de mettre les outils numériques au service de la modernisation de l’agriculture locale et d’aider les agents de vulgarisation à atteindre un plus grand nombre d’agriculteurs et à couvrir de plus vastes territoires.
Dans le cadre du programme SAIDA, plus d’un millier d’agents de vulgarisation de l’ANCAR et de responsables d’organisations locales ont été formés à l’utilisation des cinq applications mobiles consacrées à l’agriculture et à l’élevage qui ont été mises au point par l’équipe chargée du programme. Ces agents et responsables ont ensuite transmis les connaissances acquises aux agriculteurs.
«À présent, nous savons quand faire les semis. Grâce aux informations apportées par le programme SAIDA, nous sommes en mesure d’adapter notre calendrier de plantation pour être sûrs de bénéficier d’une pluviométrie optimale», explique Mamadou.
Sept ans après le lancement du programme SAIDA, les agriculteurs observent les retombées positives de la technologie sur leurs activités agricoles et leurs conditions de vie: amélioration des rendements, réduction des dépenses liées aux intrants et diminution des pertes après récolte.
De nouvelles perspectives offertes par le numérique pendant la pandémie
Au milieu de l’année 2020, la FAO a également aidé l’ANCAR à créer une plateforme de commerce électronique (senlouma.org), dans le but d’aider environ 500 petits agriculteurs sénégalais à vendre leurs produits durant la crise de la covid-19. Cette initiative s’inscrivait dans le cadre de la réponse rapide apportée aux graves problèmes liés à la commercialisation et au pourrissement généralisé des produits agricoles découlant des perturbations de la chaîne de valeur causées par la pandémie.
«La plateforme nous a sauvé la vie. Grâce à elle, nous avons pu vendre nos produits en pleine pandémie, sans pour autant déroger aux protocoles relatifs à la covid-19», se souvient Mamadou.
Plus de 45 organisations paysannes sont aujourd’hui inscrites sur la plateforme et près de 4 000 personnes peuvent vendre leurs produits en ligne. L’ANCAR envisage d’utiliser la plateforme senlouma.org pour mettre en contact les producteurs des zones rurales avec des négociants en semences, des fournisseurs d’intrants, des spécialistes de la transformation des aliments, des assureurs, des grossistes et des institutions financières.
Jusqu’à présent, des bénéficiaires des régions du Saloum et de Niaye ont découvert de nouveaux marchés et établi des partenariats dans tout le pays, en particulier dans les régions situées à l’est, comme Tambacounda et Kedougou, où la production maraîchère est assez peu développée.
La plateforme Senlouma a par ailleurs été retenue pour recevoir des fonds supplémentaires, dans le cadre d’une initiative de l’Agence universitaire de la francophonie, en partenariat avec l’Agence nationale de la recherche scientifique appliquée au Sénégal. Ces fonds aideront des bénéficiaires à obtenir des brevets commerciaux et à développer leurs activités au Bénin, au Burkina Faso, au Sénégal et au Togo.