Le Bangladesh, les Philippines et le Rwanda ont remporté le Défi mondial de l'innovation de la FAO sur la mécanisation agricole durable (SAM) à travers les champs-écoles des producteurs (CEP). Les propositions novatrices de ces pays visent à relever les défis de la mécanisation auxquels sont confrontés les petits exploitants agricoles, en se concentrant sur l'augmentation de la productivité, la réduction de la charge de travail et l'amélioration des moyens d'existence. Chacun d'entre eux recevra une subvention de 200 000 USD pour concrétiser son projet.

Le camp d'entraînement de trois jours qui a permis d'élaborer ces propositions a rassemblé des décideurs politiques, des représentants d'agriculteurs, des praticiens du développement, des acteurs du secteur privé et des experts techniques. Ensemble, ils ont cocréé des solutions innovantes pour promouvoir une mécanisation durable qui donne la priorité à l'inclusion et à l'évolutivité, en particulier pour les femmes et les jeunes.

Les cinq autres pays participants - la Mauritanie, le Kenya, l'Ouganda, le Népal et le Zimbabwe- recevront un soutien technique et bénéficieront des connaissances collectives acquises dans le cadre de ce défi.

Bangladesh : Transformer les petites exploitations agricoles grâce à la mécanisation dirigée par les agriculteurs

La proposition du Bangladesh se concentre sur l'intégration de la mécanisation agricole durable dans le projet ACCESS, une plateforme qui s'associe à l'organisation nationale de producteurs Sara Bangla Krishak Society (SBKS). Malgré les efforts de mécanisation en cours, de nombreux petits exploitants, en particulier les femmes, sont toujours confrontés à une faible productivité et à une charge de travail élevée en raison d'un accès limité aux machines et aux compétences techniques.

L'intervention introduira la SAM dans le cycle d'apprentissage de la CEP à travers six groupes de produits clés : oignon, coriandre, riz aromatique, pomme de terre, apiculture et légumes. En formant les agriculteurs, en particulier les femmes et les jeunes, et en développant une cohorte d'opérateurs de machines et de mécaniciens, la proposition garantit que les agriculteurs non seulement adoptent la mécanisation, mais aussi qu'ils en conservent l'usage. Les investissements dans les centres d'installations communes permettront aux organisations de producteurs d'intégrer la SAM dans leurs activités, tandis que les échanges entre pairs au sein du réseau de la SBKS accéléreront l'adoption.

Grâce aux efforts de sensibilisation visant à réviser la politique nationale de mécanisation agricole afin d'intégrer officiellement la SAM dans les programmes de vulgarisation existants, et aux partenariats avec les fabricants de machines locaux, cette intervention fait le lien entre le développement des compétences, l'accès aux machines et le changement de politique, ce qui permet en fin de compte de réduire la pénibilité du travail, d'augmenter les rendements et d'accroître les revenus des petits exploitants agricoles.

Philippines : Créer des entreprises d'agromécanisation pour transformer les économies rurales

Aux Philippines, la proposition sélectionnée s'appuie sur les investissements importants réalisés par le pays dans la mécanisation par le biais du Fonds pour l'amélioration de la compétitivité du riz. Alors que la mécanisation agricole a augmenté, la GAM reste absente des programmes de formation des champs champs-écoles des producteurs existants, ce qui limite les possibilités pour les agriculteurs de transformer la mécanisation en entreprises durables.

L'intervention introduit la mécanisation agricole durable et le développement d'entreprises agroalimentaires le long de la chaîne de valeur, pilotée dans deux provinces, Isabela et Nueva Ecija, parmi les diplômés des CEP de pour le riz (le système PalayCheck). La proposition vise à doter les agriculteurs des compétences nécessaires pour augmenter leurs revenus en développant des modèles commerciaux spécifiques au contexte, tels que les services de location de mécanisation, la réparation de machines et le transport hors saison de produits agricoles.

En s'appuyant sur des partenariats avec des agences gouvernementales, des institutions de formation professionnelle et des fabricants de machines, l'intervention formera des facilitateurs SAM, développera des programmes d'études spécifiques à chaque site et mettra en œuvre des plans d'affaires participatifs pour les groupes CEP. Cette approche permettra non seulement d'améliorer l'accès à la mécanisation, mais aussi de donner aux agriculteurs, en particulier aux femmes et aux jeunes, les moyens de créer des entreprises d'agromécanisation qui amélioreront les moyens de subsistance des populations rurales et stimuleront les économies locales. La réussite du projet pilote permettra de valider le concept d'intégration de SAM dans les programmes de formation nationaux, ouvrant ainsi la voie à une mise en œuvre à l'échelle nationale.

Rwanda : Responsabiliser les agriculteurs grâce à des modèles de mécanisation inclusifs

La proposition du Rwanda s'attaque aux défis importants que représente la faible adoption de la mécanisation par les petits exploitants agricoles, qui exploitent 80 % des terres agricoles de moins d'un hectare. Malgré les stratégies nationales de modernisation de l'agriculture, les agricultrices, qui représentent 56 % de la main-d'œuvre agricole, sont confrontées à une charge de travail manuel disproportionnée.

S'appuyant sur les modèles de CEP existants, l'intervention intégrera la SAM dans les chaînes de valeur du riz, du maïs et du manioc dans trois districts : Gatsibo, Kirehe et Bugesera. Visant à inclure 1 500 ménages, la proposition se concentre sur l'amélioration de l'accès aux technologies de mécanisation telles que les déchiqueteuses de manioc, les séchoirs solaires mobiles et les batteuses motorisées.

L'initiative encouragera les modèles commerciaux de propriété coopérative des machines et les partenariats avec les fournisseurs de services, et offrira des possibilités de formation pour introduire des professions hautement qualifiées telles que les opérateurs de machines, les fabricants de machines et les techniciens de terrain. Avec un fort potentiel de transposition à l'échelle nationale, l'intervention collaborera avec des institutions de formation professionnelle, des partenaires du secteur privé et des agences gouvernementales pour construire un écosystème de mécanisation durable, créant des emplois, réduisant la charge de travail et améliorant la sécurité alimentaire.

Une vision collective de la mécanisation et de la transformation du système agroalimentaire

Les huit pays participant au défi ont montré que la SAM, lorsqu'elle est intégrée aux champs-écoles des producteurs, peut changer la donne pour les petits exploitants agricoles. En se concentrant sur des solutions innovantes et adaptées au contexte local, ces propositions démontrent comment la mécanisation peut stimuler la croissance économique, la sécurité alimentaire et le développement rural durable.

Avec ces subventions et ce soutien technique, la FAO encourage un avenir où la mécanisation inclusive transforme les systèmes agroalimentaires, assurant un avenir plus brillant et plus productif pour les communautés agricoles du monde entier.