Système d’information sur les ressources alimentaires et d’engrais en aquaculture
 

Poisson-chat nord-africain - Besoins nutritionnels

Même si le poisson-chat nord-africain est une espèce euryphage, il se nourrit essentiellement de poissons (Schoonbee, 1969; Richter, 1976; Bruton, 1979b; Spataru, Viveen et Gophen, 1987). Sa propension à privilégier une alimentation carnivore laisse supposer qu’il a des besoins en protéines assez élevés, de l’ordre de 40 à 50 pour cent de protéines crues (sur la base du poids sec). Le fait que l’animal se nourrit aussi de végétaux indique qu’il est capable de digérer les protéines végétales et qu’il utilise les glucides comme source énergétique (Clay, 1979; Uys, Hecht et Walters, 1987; Van Weerd, 1995). Pour l’élevage, le caractère euryphage du poisson-chat nord-africain signifie que l’on peut adopter un vaste éventail d’ingrédients alimentaires d’origine animale ou végétale dans les aliments formulés pour satisfaire les besoins du poisson.

Larves et jeunes juvéniles

Les besoins nutritionnels des larves et des jeunes juvéniles de C. gariepinus sont résumés dans le Tableau 4. Comme de nombreuses autres espèces piscicoles, les larves et les jeunes juvéniles (jusqu’à environ 1 g) de poisson-chat nord-africain ont de gros besoins en protéines, de l’ordre de 55 pour cent du régime alimentaire. Leurs besoins en lipides sont de l’ordre de 9 pour cent du régime alimentaire et les glucides peuvent constituer jusqu’à 21 pour cent de celui-ci. En ce qui concerne les acides aminés de la série oméga-3, le niveau recommandé est de 0,5 à 1 pour cent du régime alimentaire pour le frai de Heterobranchus longifilis (Kerdchuen, 1992). En l’absence d’informations dans ce domaine pour C. gariepinus (en termes de quantité), et d’après les indications d’Uys (1989), suivant lesquelles les jeunes juvéniles présentent une meilleure croissance si au moins 10 pour cent du total de lipides est fournit sous forme d’huile de poisson, il est recommandé d’incorporer aux aliments des larves le niveau minimum suggéré par Kerdchuen (1992).

Des travaux ont été entrepris afin de déterminer les besoins des larves en acides aminés (Conceição et al., 1998) mais, exception faite pour la L-méthionine (Uys, 1984), on ne sait pas quelles sont les quantités exactes. On ne maîtrise pas davantage leurs besoins en acides gras. On sait seulement que le rapport 1:1 entre les acides gras des séries oméga-3 et oméga-6 apparaît optimal pour leur croissance et leur condition corporelle. Les besoins en acides aminés des jeunes juvéniles et des poissons dont le poids corporels dépasse 10 g sont mieux compris. On trouvera leur liste dans le Tableau 4

Uys et Hecht (1987) et Uys, Hecht et Walters (1987) ont signalé l’activité de l’amylase pancréatique et pré-intestinale chez les larves de C. gariepinus. Ali et Jauncey (2005a) ont quant à eux constaté que l’activité de l’alpha-amylase intestinale s’accentuait avec l’augmentation du niveau de glucides dans le régime alimentaire. Ces études montrent que le poisson-chat nord-africain est très vite en mesure de digérer les glucides et que cette faculté perdure tout au long de sa vie (Uys, 1989).

Phase de croissance (du fingerling à la taille commerciale

On trouvera dans le Tableau 4. un résumé des besoins nutritionnels de C. gariepinus lors de sa phase de croissance.

Les besoins nutritionnels de l’espèce changent de façon assez évidente quand les poissons atteignent un poids d’environ 5 g. Ils ne changent plus tellement ensuite. La demande en protéines diminue alors dans le régime alimentaire. Lors de la phase de croissance, la plupart des résultats indiquent que les protéines représentent entre 40 et 43 pour cent des besoins nutritionnels de base, les lipides entre 10 et 12 pour cent et les glucides entre 15 et 32 pour cent (Tableau 4). L’énergie digestible optimale est comprise entre 14 et 16 kJ/g et le rapport protéine/énergie est idéal entre 26 et 29 mg/kJ d’énergie digérable. On connaît assez bien les besoins en acides aminés essentiels des poissons d’un poids inférieur à 10 g. Les protéines animales comme les protéines végétales sont bien digérées (Tableaux 5a et 5b) et peuvent être utilisées à différents niveaux pour remplacer la farine de poisson (Tableau 6) et la farine de graines de soja dans le régime alimentaire. Les formulations alimentaires établies pour réduire les coûts relatifs aux matières premières et à la production ont montré que la profitabilité peut être optimisée à des niveaux de protéines compris entre 35 et 38 pour cent du régime alimentaire. Van Weerd (1995) propose un résumé d’un grand nombre des informations précédentes. On trouvera aussi dans les Tableaux 4 et 5 une liste générale des références pertinentes.

Si l’huile de poisson constitue la seule source de lipides, on a noté des conséquences négatives sur la croissance du poisson (Ng, Lim et Boey, 2003; Ng et al., 2004), ce qui indique clairement que l’espèce a besoin d’une certaine quantité d’acides gras de la série oméga-6. L’origine des lipides du régime alimentaire n’affecte cependant pas toute la composition du corps ou la teneur en lipides musculaires, même si les niveaux d’acides gras et d’alpha-tocophérol correspondent en général au profil en acides gras et à la concentration en alpha-tocophérol des lipides du régime alimentaire utilisé (Ng, Lim et Boey, 2003).

Il semble que le niveau moyen de glucides autorisé est d’environ 27 pour cent (voir le Tableau 4). Ali (2001) indique que C. gariepinus ne peut pas utiliser des niveaux de glucides supérieurs à 35 pour cent. Pantazis (2005) a quant à lui découvert que des niveaux de glucides compris entre 26 et 32 pour cent ont eu un important effet de potentialisation de l’utilisation des protéines, ce qui invite à utiliser plus de glucides dans la formulation du régime du poisson-chat.

Les besoins en énergie brute et en énergie digestible sont respectivement d’environ 19 kJ/kg et 14 kJ/kg, avec un rapport protéines/énergie moyen de 27 mg/kJ. Ce dernier dépend cependant beaucoup de la température (Henken, Machiels, Dekker et Hogendoorn, 1986). Il augmente nettement de 25,4 mg/kJ à 24°C à 34,7 mg/kJ à 29°C. La composition corporelle du C. gariepinus n’est pas influencée par les changements dans le rapport protéines/énergie (Ali et Jauncey, 2005a). Avec un régime alimentaire contenant 40 pour cent de protéines, le rapport lipides/glucides optimal est d’environ 1:2,5.