Système d’information sur les ressources alimentaires et d’engrais en aquaculture
 

Truite arc-en-ciel - Formulation et préparation/production des aliments

Aliments vivants

Au moment de la première alimentation, le frai de truite arc-en-ciel est relativement gros et son système digestif est mature. Il est capable d’ingérer des petites particules alimentaires (< 0,5 mm) et de digérer des aliments fournis sous forme de granulés très petits ou de miettes. On n’a pas recours aux aliments vivants dans l’élevage de la truite arc-en-ciel.

Aliments formulés

La truite arc-en-ciel est nourrie avec des aliments formulés suivant les cycles de production de l’élevage et le degré de maturation des géniteurs (Tableaux 3 et 4). Dans l’étude de Tacon et Metian (2008),la production mondiale d’aliments pour truite arc-en-ciel était estimée à environ 790 000 tonnes en 2006. La majorité est produite par cuisson-extrusion pour obtenir des granulés flottants. Les granulés extrudés sont gélifiées avec de l’huile pour contenir entre 18 et 25 pour cent de lipides (Hardy et Barrows, 2002). L’alimentation destinée au frai et aux alevins contient des niveaux inférieurs de lipides par rapport à ceux des aliments pour les poissons en phase de grossissement.

Les aliments pour truite arc-en-ciel ont évolué depuis les années 1970 : relativement riches en protéines et pauvres en lipides dans un premier temps, ils ont progressivement été enrichis en lipides alors que leur teneur en protéines baissait (Hardy, 2002) (Figure 5). Au cours de la même période, le pourcentage de protéines digérables a augmenté, ce qui a permis d’obtenir des aliments modernes, plus efficaces et moins polluants. Les farines de poisson ne sont plus aussi importantes qu’avant. Cette diminution s’est accompagnée d’une plus grande utilisation d’autres protéines, principalement de concentrés de protéines d’origine végétale et de protéines animales d’équarrissage (par exemple des farines de sous-produits de volailles). Les sources de protéines sont panachées pour obtenir une alimentation dont les acides aminés satisfont les besoins des poissons. En règle générale, la lysine et la L-méthionine sont les deux premiers acides aminés limitants. On ajoute la L-méthionine aux aliments pour truite quand on a recours à des niveaux élevés de protéines de soja dans la formulation alimentaire.

On aussi remplacé l’huile de poisson par des huiles végétales. En 2006, l’industrie aquacole consommait 88 pour cent de la production mondiale d’huile de poisson (Tacon et Metian, 2008). Le jeu de l’offre et de la demande a entraîné cette année-là et en 2007 une forte augmentation du prix de ce produit, Les producteurs d’aliments ont alors remplacé l’huile de poisson par des huiles végétales comme l’huile de colza et l’huile de soja (Tableau 3). On utilise aujourd’hui des mélanges d’huiles lors de la phase de grossissement de la production et parfois de l’huile de poisson à la fin du cycle de production pour augmenter la teneur en acides gras de la série oméga 3 dans les filets.

Ingrédients alimentaires

On trouvera dans le Tableau 3 les ingrédients alimentaires, d’origine végétale ou animale, utilisés dans la formulation des aliments pour truite arc-en-ciel, ainsi que leurs valeurs nutritionnelles générales et d’autres informations pertinentes. Le niveau maximum d’inclusion de chaque ingrédient dépend du stade de production et du prix des matières premières. On compare souvent les différentes sources de protéines en prenant en compte leur coût rapporté à la quantité de protéines (en kg) qu’elles contiennent. On dispose aussi d’une étude assez récente de Gatlin et al. (2007) sur les protéines végétales appropriées pour être utilisées dans les aliments pour truite arc-en-ciel.

Formulation alimentaire

Les ingrédients alimentaires utilisés dans la formulation des aliments pour truite arc-en-ciel sont les mêmes dans le monde entier (Tableau 3): les farines de poisson, de sous-produits de volailles, de soja, de gluten de maïs, de sang, de plumes et de viande et d’os sont les principales sources de protéines. En ce qui concerne les aliments pour alevins, on utilise parfois des concentrés de protéines de soja ou de la farine de gluten de blé. Ce sont alors les seules protéines d’origine végétale auxquelles on a recours. La farine de krill peut aussi être parfois utilisée si on en dispose. En ce qui concerne les lipides, on relève l’utilisation d’huile de poisson, d’huile de soja et d’huile de canola. Il faut aussi intégrer une source d’amidon qui sert de liant nutritionnel dans les aliments extrudés. Le blé moulu, le blé entier, l’amidon de blé et la fécule de maïs font également partie des ingrédients qui entrent dans la composition des aliments. On ajoute encore des prémélanges de vitamines et de sels minéraux (Tableaux 6 et 7) ainsi que, afin d’obtenir des truites tachetées, de l’astaxanthine.

Les chercheurs ont obtenu suffisamment d’informations à travers le monde pour élaborer des formulations alimentaires fondées sur le niveau nutritionnel des différents ingrédients disponibles. La plupart des producteurs d’aliments formulent leurs aliments pour truite de façon à ce qu’ils contiennent une teneur minimale en protéines digérables et en énergie. À l’heure actuelle, on progresse aussi dans la mise au point de modèles permettant de prévoir la disponibilité en phosphore des aliments formulés, ce qui permettra d’intégrer ces caractéristiques dans la formulation future des aliments (Hua et Bureau, 2005).

Le recours à moins de farine de poisson et à davantage de concentrés de protéines d’origine végétale entraîne une plus grande attention accordée aux caractéristiques antinutritionnelles des secondes. Les protéines végétales ont en effet de nombreux facteurs antinutritionnels (voir à ce sujet l’étude de Francis, Makkar et Becker, 2001), dont plusieurs sont inactivés grâce au chauffage lors de l’extrusion des granulés. Les glucosinolates des concentrés de protéines de colza/canola restent cependant actifs après l’enrobage. L’acide phytique, ainsi que certains éléments encore mal définis de la farine de soja, provoquent des entérites distales dans l’intestin des truites quand la farine de soja représente plus de 25 à 30 pour cent du régime alimentaire. La variété de soja utilisé et, peut-être, la souche de truite arc-en-ciel élevée entrent également en compte.

On trouvera des exemples de formulations alimentaires pour truite arc-en-ciel dans le Tableau 3.

Additifs alimentaires

On utilise des additifs alimentaires pour différentes raisons, notamment pour libérer du phosphore à partir de l’acide phytique dans les concentrés de protéines d’origine végétale (grâce à des phytases microbiennes) et pour pigmenter les filets ou les œufs dans le cas des géniteurs (grâce à l’emploi d’astaxanthine). D’autres additifs sont ajoutés à certaines formulations pour améliorer l’ingestion des aliments. C’est le cas de la bétaïne dans les aliments qui contiennent un concentré de protéines de colza. On n’ajoute généralement pas d’inhibiteurs de moisissures car les aliments pour truite sont normalement utilisés très peu de temps après leur production et les élevages se trouvent en général pratiqués dans des régions au climat assez froid. En ce qui concerne les aliments produits par granulation compressée, on ajoute des sulfonates de lignine qui servent de liant alimentaire. On a constaté que l’ajout de bentonite contribuait à réduire les niveaux d’aflatoxine, moisissure qui apparaît dans des graines exposées à de fortes humidités avant la récolte ou pendant le stockage (Ellis et al., 2000).

On a récemment mis au point des additifs alimentaires (nucléotides, béta-glucanes, prébiotique, probiotiques, etc.) qui permettent d’améliorer les fonctions immunitaires. Ces produits ne sont cependant pas encore très utilisés dans l’élevage de la truite arc-en-ciel. On trouvera des études relativement récentes sur le sujet dans Gatlin (2002) et Li et Gatlin (2005).

Fiches d’alimentation

Les fiches alimentaires relatives à la truite arc-en-ciel varient suivant la taille des poissons (Tableau 5). Le frai est alimenté de façon pratiquement continue dans un premier temps, aussi bien manuellement qu’à l’aide de distributeurs mécaniques. À ce stade, il est important de maintenir la qualité de l’eau et d’éviter l’apparition de problèmes bactériologiques sur les branchies, qui peuvent être aggravés par un excès de particules alimentaires en suspension dans l’eau d’élevage. Le frai devrait être transféré aussi vite que possible dans des bassins plus petits et alimenté à une fréquence réduite à huit fois par jour. Quand les alevins pèsent entre 1 et 2 g, la fréquence de l’alimentation peut être réduite à 4 ou 5 fois par jour, puis à 3 fois seulement quand les poissons atteignent 5 g environ. L’alimentation doit permettre d’atteindre le niveau de satiété apparente et il faut observer le frai pour en avoir la confirmation. Les signes de maigreur (« têtes d’épingle ») indiquent des insuffisances dans la fréquence et/ou la quantité de l’alimentation.

À titre indicatif, les alevins de truite peuvent consommer environ 1 pour cent de leur poids lors d’une seule prise alimentaire. Si ce n’est pas le cas, on constate une plus grande variation des tailles au sein du groupe de poissons. La fréquence de l’alimentation doit être ajustée de façon à ce que la quantité totale d’aliments destinés au frai et aux alevins puisse être consommée en un seul jour. Exprimée sous la forme d’un pourcentage de la biomasse présente dans le bassin, elle est divisée en un nombre approprié de distributions alimentaires qui correspondent à chaque fois à 1 pour cent environ du poids des poissons. Ensuite, quand les truites grossissent, les aliments sont généralement dispensés au moyen de distributeurs mécaniques ou libre-service. Avec les distributeurs mécaniques, on peut quantifier la distribution de façon à suivre les indications fournies pour des poissons d’une certaine taille à une température donnée de l’eau. Les distributeurs libre-service délivrent quant à eux une quantité appropriée d’aliments pour assurer une croissance rapide et efficace des truites. Les producteurs d’aliments fournissent des tableaux avec des indications sous forme de fiches d’alimentation.

Stabilité dans l’eau

La stabilité dans l’eau des aliments pour truite arc-en-ciel n’est pas un problème. Cette question est bien plus importante pour les espèces qui se nourrissent lentement. La truite arc-en-ciel se nourrit en effet rapidement et on constate peu de pertes de nutriments par lessivage.