Impression
Crassostrea gigas (Thunberg, 1793) [Ostreidae]
Mollusque
FAO Names:
En Pacific cupped oyster
FrHuître creuse du Pacifique
EsOstión japonés

FAO. 2009. Crassostrea gigas. In Cultured aquatic species fact sheets. Text by Helm, M.M. Edited and compiled by Valerio Crespi and Michael New. CD-ROM (multilingual).
IDENTIFICATION
Caractéristiques biologiques
Coquille solide, inéquivalve, extrêmement rugueuse, très cannelée, et laminée; valve (inférieure) gauche profondément creuse, ses côtés parfois presque verticaux, valve (supérieure) droite plate ou légèrement convexe se reposant à l'intérieur de la gauche; inéquilatérale, le crochet et l’umbone souvent envahis; tendant à être oblongs dans le contour mais souvent déformés et très irréguliers. La forme de la coquille change avec l'environnement. La couleur souvent blanchâtre avec plusieurs raies et taches pourpres rayonnant loin de l'umbo. L'intérieur de la coquille est blanc, avec un muscle adducteur qui est parfois sombre, mais jamais pourpre ou noir.
PROFIL
Contexte historique
A cause de sa croissance rapide et sa grande tolérance aux conditions environnementales, l'huître creuse du Pacifique est devenue l'huître choisie pour la culture dans plusieurs régions du monde. Tandis que ses origines sont au Japon, où elle a été cultivée pendant des siècles, elle a fait l'objet de plusieurs introductions ailleurs, le plus souvent au littoral occidental des Etats-Unis d'Amérique dans les années 20 et en France en 1966. L'huître creuse du Pacifique a été introduite pour remplacer les stocks des huîtres indigènes épuisés par la surexploitation ou les maladies, ou pour créer une industrie là où elle n'existait pas auparavant. La liste des introductions est susceptible d'être incomplète et peut ne pas inclure les introductions accidentelles, c-à-d. les naissains (graines) portées par l'eau de ballast ou les adultes attachés aux coques des bateaux. D'autres petites introductions extensives d'un pays à l'autre, non documentées ont aussi eu lieu. Les méthodes historiques de l’élevage extensif, dépendant des captures des naissains sauvages et leur reparcage (relais) dans des zones productives, ont évolué avec le temps pour inclure un éventail de méthodologies en suspension (culture en suspension) et en surélévation utilisant des naissains sauvages et aussi ceux obtenus en écloserie. Les développements récents ont permis la production de naissains triploïdes dans les écloseries et des programmes de sélection des individus à croissance plus rapide, et des stocks de naissains de meilleure qualité s'adaptant aux conditions particulières.
Principaux pays producteurs
 
Principaux pays producteurs de Crassostrea gigas (FAO Statistiques des pêches, 2006)


En plus des pays indiqués sur la carte ci-dessus, des introductions ont été enregistrées dans les pays suivants:
  • Equateur, Belize, Costa Rica, Puerto Rico, Îles Vierges américaines, et Brésil.
  • Israël, Philippines, et Malaisie.
  • Roumanie et l'Ukraine.
  • Seychelles.
  • Fidji, Polynésie française, Guam, Palau, Samoa et Vanuatu.
Habitat et biologie
L'huître creuse du Pacifique est une des espèces d'estuaire, préférant les couches inférieures des substrats solides où elle mène une existence sédentaire attachée aux rochers, aux débris et aux coquilles à partir de la zone intertidale inférieure à 40 m. Cependant, ces huîtres peuvent également être trouvées sur les fonds vaseux et sablo-vaseux. Le niveau optimal de salinité varie entre 20 et 25‰ bien que ces espèces puissent se reproduire dans des salinités en dessous de 10‰ et survivent dans des salinités au-dessus de 35‰ où elles peuvent très rarement se reproduire. Elles supportent également une large gamme de températures oscillant entre 1,8 et 35 °C. Les huîtres du pacifique sont des hermaphrodites protandriques, qui, le plus souvent, atteignent la maturité d'abord comme mâles. Dans les zones avec un bon apport en nourriture, le sex-ratio chez les huîtres plus âgées montre une prédominance des femelles, tandis que l'inverse est vrai dans les zones pauvres. Les femelles peuvent de nouveau redevenir des mâles si l'apport en nourriture est limité comme, par exemple, quand elles sont sévèrement entassées. La gamétogenèse commence à environ 10 °C et à des salinités allant de 15 à 32‰ mais rarement à des salinités plus élevées. La ponte se produit généralement à des températures au-dessus de 20 °C et rarement entre 15 et 18 °C. L'espèce est très féconde avec des femelles de 8-15 centimètres de longueur produisant entre 50-200 millions d’oeufs pendant une seule ponte. Les larves sont planctoniques et sont distribuées dans toute la colonne d'eau. elles ont une coquille mesurant 70 µm au stade prodissoconque I - suivant un développement embryonnaire initial - et à 300-340 µm elles se précipitent dans la colonne d'eau pour ramper, en utilisant le pied larvaire, à la recherche d’un endroit approprié pour se fixer. Cette opération peut durer deux à trois semaines, selon la température de l'eau, la salinité et l'apport en nourriture. Durant cette période, elles peuvent être largement dispersées par les courants d'eau. Comme chez d'autres espèces d'huître, les larves matures de l'huître creuse du Pacifique se fixent sur un substrat choisi grâce à la sécrétion d’une sorte de ciment d'une glande qui se trouve au pied. Une fois fixées elles se métamorphosent en juvéniles. Dans de bonnes conditions, leur croissance est très rapide; la taille commerciale est atteinte après 18 à 30 mois.
PRODUCTION
Cycle de production
Cycle de production de Crassostrea gigas
Systèmes de production
Diverses méthodologies sont adoptées dans la production des huîtres creuses du pacifique, dépendant de la source des larves, des conditions environnementales régnant dans les différentes régions et du type de produit à commercialiser: si les huîtres sont destinées pour le commerce du décoquillé ou pour l'extraction de viande. Des différences dans l'approche sont soulevées ci-dessous avec l'accent mis sur l'offre de naissains provenant des écloseries.

Approvisionnement en juvéniles  

Dans les zones où le stock des naissains sauvages est abondant et fiable, les ostréiculteurs installent des collecteurs dans la mer pour garantir leur propre approvisionnement, indépendamment des écloseries. Une grande partie de l'approvisionnement mondial provient des captures de naissains sauvages, en utilisant une grande variété de matériaux de fixation (collecteur de naissains) en suspension sur des filières et des radeaux. Néanmoins, d'autres unités commerciales installent des écloseries, comme décrit ci-dessous.

Le stock des géniteurs destiné à la reproduction est souvent obtenu d’une unité commerciale d'élevage basée en mer et il est issu du stock sélectionné et maintenu dans de bonnes conditions. Puisque le sexe des adultes n'est pas connu, des groupes d'adultes sont pris à des intervalles réguliers en hiver. Ils sont maintenus dans des bassins séparés à flux ouverts approvisionnés en eau de mer et des algues cultivées à 20-22 °C à une salinité variant entre 25-32‰. Pendant l'hiver, quand les adultes ne sont pas encore mûres sexuellement, environ six semaines de conditionnement en écloserie sont requises pour initier la gamétogenèse et pour que les gamètes atteignent leur maturité. Progressivement, une période plus courte sera nécessaire vu que la température ambiante de la mer augmente vers la ponte. Des adultes avec des gamètes matures peuvent pondre à la suite d’un choc thermique mais le plus souvent ils sont ouverts et les gamètes sont obtenus par «lacération» des gonades avec des pipettes Pasteur, une procédure qui donne de bons résultats. Les femelles matures d'un poids vif de 70-100 g pondent plus de 50-80 millions d’oeufs. Les œufs de six femelles ou plus sont fécondés avec de petites quantités de sperme d'un nombre identique de mâles. Le développement du stade œufs fécondés au stade prodissoconque I (larve D) entièrement couverte de coquille se passe dans des bassins volumineux remplis d'eau de mer finement filtrée - et souvent traitée au rayons UV - à 25-28 °C et à une salinité de 25-32‰. Les bassins ne sont pas aérés et aucune nourriture n'est ajoutée pendant le développement initial, qui dure à peu près 24 heures. De nos jours, la majorité des écloseries se concentrent sur la production des triploïdes. La manipulation génétique, souvent par un choc thermique, se produit peu de temps après la fécondation bien que la tendance la plus récente soit le croisement des tétraploïdes avec des diploïdes, qui garantit une progéniture 100 pour cent triploïde.

Culture des larves et post-larves

Les larves sont prégrossies dans de l'eau statique ou dans des systèmes de bassins à flux ouverts jusqu’au stade de larves pélagiques véligères, qui dure 14 à 18 jours à 25-28 °C. La salinité optimale varie entre 20 et 25‰. La densité initiale est de l'ordre de 20 000 larves D/litre et elle est réduite à environ 5 000/litre après les mortalités naturelles et le tri sélectif par tailles lors des changements de l'eau, qui ont lieu trois ou quatre fois par semaine dans le cas des systèmes de bassins d'eau stagnante. L'objectif est de garder uniquement les larves saines, ayant une croissance rapide, quand la fixation et la métamorphose s‘approchent. Les larves sont alimentées par des algues cultivées. Les larves au stage véligère précoce (longueur de la coquille <120 µm) sont alimentées quotidiennement par des rations d’Isochrysis galbana ou Pavlova lutherii, ainsi que des petites diatomées comme Chaetoceros calcitrans ou Thalassiosira pseudonana.

Le régime alimentaire pendant la phase larvaire finale consiste en les mêmes espèces, complété par l'une ou l'autre des espèces variées des grandes flagellées rouges Tetraselmis. Quand la larve est sur le point de se fixer, des taches oculaires foncées pigmentées apparaissent, elles sont plus visibles à travers les valves de la coquille. De même, le pied se développe dans ce stade. En ce moment le substrat de fixation est placé dans les réservoirs pour que les larves s'y attachent. Les matériaux tels que des feuilles en PVC légèrement rugueuses, noires, des tuyaux en PVC cannelés, des coquilles ou tacs de coquilles sont utilisés comme surfaces de fixation. Alternativement, les larves atteignant la maturité peuvent être emballées et transportées aux ostréiculteurs pour leur fixation et grossissement jusqu'à la taille commerciale dans des sites souvent très loin de l'écloserie. C‘est la méthode choisie sur la côte pacifique de l'Amérique du nord et le processus est connu sous le nom de télécaptage.

Dans d'autres régions du monde, les écloseries procèdent au captage et au grossissement des juvéniles (naissains) de quelques millimètres (entre 3-5 millimètres) dans des conditions totalement contrôlées au sein de l'écloserie. Cette phase de production est généralement accomplie dans des systèmes de bassins volumineux avec changement quotidien d'une partie de l'eau, dans lesquels les naissains sont maintenus en couche fluide dans des récipients par un processus appelé culture dans les zones d'upwelling. Les rations d'algues de haute valeur nutritionnelle provenant des écloseries d'élevage ou des algues qui poussent dans les bassins ou étangs externes adjacents sont disponibles sans interruption pour stimuler la croissance rapide. Une fois atteint la taille requise, les naissains sont transférés vers les systèmes extérieurs de nurseries de l'écloserie ou ils sont emballés et vendus aux ostréiculteurs.

Nurserie

Les écloseries gèrent souvent des nurseries en mer ou à terre dans lesquelles les naissains sont pré-grossis d'une longueur aussi petite qu'un millimètre pour atteindre 12-15 mm. Les densités peuvent être très élevées et peuvent atteindre 100 kg/m³ dans les cours d'eaux des zones fortement productives. Cette méthode est adoptée pour réduire la mortalité chez les petits naissains, qui peut avoir lieu en cas de transfert direct vers les unités de grossissement basées en mer. Les nurseries en mer sont souvent des systèmes d'upwelling installés sur des barges ou radeaux et sont situées dans des environnements d'estuaires chauds plus productifs. Un tel confinement réduit au minimum les pertes par prédation. La méthode d'upwelling est aussi largement répandue dans les nurseries à terre, qui peuvent être montées sur des barges dans des étangs d'eau salée ou dans des systèmes de bassins sur terre alimentés en eau riche en algues pompée à partir des étangs. Les étangs peuvent être naturellement productifs ou enrichis avec des engrais artificiels ou naturels. Dans le cas de télécaptage, où les naissains sont fixés sur un collecteur sous forme de sacs constitués de débris de coquilles, cordes de coquille ou matériels en plastiques, les bassins utilisés pour la fixation des larves servent également au grossissement des naissains pendant quelques jours ou plus. Ceci a lieu avant la fixation sur le collecteur déployé sous une certaine forme de culture protectrice (soit intertidale vêtue de mailles ou de toiles soit sub-tidale sur des supports ou en suspension) pour réduire au minimum les pertes par prédation. Les naissains sauvages capturés sont manipulés de la même manière.
Le rendement des naissains de 10-15 mm destinés à l'élevage peut atteindre 3 tonnes/ha dans les nurseries d'upwelling approvisionnées à partir des d'étangs fertilisés.
 
Techniques de grossissement   

L'élevage est presque entièrement basé en mer. Une variété de méthodes de culture à plat, en surélévation et en suspension sont adoptées, selon l'environnement (par exemple l'amplitude de la marée, l'abri, la profondeur de l'eau dans les concessions, le taux d'échange d'eau dans les passes des baies et des estuaires, la nature des substrats, etc.) et les traditions. La croissance est rapide dans une température entre 15-25 °C et une salinité variant entre 25 et 32‰. Elle dépend aussi du taux d'approvisionnement en phytoplancton naturel. Les huîtres creuses du Pacifique prendront de 18-30 mois pour atteindre la taille commerciale d'un poids vif de 70-100 g (avec coquille). Les rendements des zones extensives louées (s'étendant sur des milliers d'hectares), qui sont exploitées dans tous les aspects de la production, allant de la collecte des naissains, les phases de nurserie, le grossissement et l’endurcissement des huîtres à la récolte, peuvent atteindre 25 tonnes/ha/an. Des rendements beaucoup plus importants (70 tonnes/ha/an) peuvent être obtenus dans de petites zones de bail bien aménagées.

Les naissains peuvent être semés sur des fonds intertidaux ou subtidaux convenablement solides, endurcis par la pré-application de coquilles ou de gravier, à des densités de 200-400/m² quant le poids vif est de 1 à 2 g, avec une protection contre les prédateurs (barrières ou fils de clôtures). Ils peuvent aussi, être semés sans protection à ~200/m² quand le poids vif est de10 g. L'objectif est de semer à des densités qui n'exigeront aucun autre entretien jusqu'à ce que les huîtres atteignent la taille commercialisable.

Culture en surélévation

Les naissains sont mis dans des filets maillés ou des plateaux en plastique perforés de divers types attachés par une corde ou des bandes élastiques à une armature en bois ou à des tables faites de tiges métalliques (rebar) posées sur des fonds convenables dans une zone intertidale inférieure. De tels systèmes se trouvent aussi dans des zones sub-tidales mais ceci augmente les coûts de manutention. La culture en surélévation peut être utilisée dans la phase intermédiaire de nurserie ou comme méthode de grossissement jusqu’à la taille commerciale. Des naissains mesurant 10-15 mm peuvent être mis en charge à 1 000-2 000 par 0,25 ou 0,5m² dans des civières et nécessitent un entretien régulier, pour les mettre ensuite, à de plus petites densités pour nettoyer les filets/casiers dont les mailles augmentent durant la croissance. Le taux de croissance ralentit sensiblement une fois que la biomasse des huîtres excède la superficie de casier de 5 kg/m² dans les zones très productives.

Des unités de confinement tridimensionnelles sont utilisées dans la culture en suspension: il s’agit de filières (le plus souvent) ou des radeaux. Les unités peuvent être des cordes ou des fils de coquilles sur lesquelles les naissains se sont fixés, comme elles peuvent être des séries de filets, filets maillés ou civières en plastique ficelés ensemble et suspendus verticalement à des lignes ou des radeaux horizontaux. Cette forme de culture est adoptée dans les eaux plus profondes et les mêmes densités de stock par filet ou civière s'appliquent quant aux méthodes de culture en surélévation. Il faut, particulièrement, faire attention lors de l'immersion des unités à des profondeurs où des organismes de fouling dominent moins et pour éviter qu'elles ne touchent le fond aux marrées basses. La maintenance et l'entretien réguliers sont nécessaires, pour transférer les huîtres en élevage à une plus faible densité pour nettoyer les filets/civières dont les mailles sont augmentées pendant leur culture.

Les civières d'armature en bois avec des bases en filet ou celles en plastique perforées munies de colliers flottants (mousse de styrol) sont utilisées dans certains endroits pour les premiers stades de croissance des naissains. Les dessus de ces unités doivent être couverts de toile ou de maille étroitement tissée, contre la lumière.

Durcissement

Les huîtres du Pacifique cultivées dans le système en suspension sont généralement «durcies» pendant une période qui peut durer jusqu'à trois ou quatre mois avant la récolte. Le processus du durcissement permet des périodes quotidiennes d'exposition à l'air et s'effectue généralement dans la zone intertidale ou dans de l'eau peu profonde où la l'amplitude de la marée est suffisante. Les huîtres exposées à l'air contiennent plus de viande et conservent leur bonne qualité après la récolte.
 
Techniques de récolte 

Les huîtres sont habituellement récoltées à une longueur de coquille > à 75 mm et un poids vif de 70-100+g. La récolte de la culture à plat se fait par râtelage et ramassage à la main ou par des dragues quand les parcs intertidaux sont submergés, ou en draguant les parcs (lits) subtidaux. Les huîtres commercialisables cultivées par le système en surélévation ou en civières ou filets suspendus sous des filières sont récoltées par des petits bateaux ou des barges auto-propulsées, qui sont souvent équipées de machines à laver et de trieuses quand le produit est destiné au marchés du décoquillé. Quand la culture est entreprise dans les zones où l'intoxication paralytique par les fruits de mer (PSP), l’intoxication diarrhéique par les fruits de mer (DSP) et d'autres neurotoxines des floraisons d'algues nocives peuvent être présentes à certaines périodes de l'année, la récolte peut être suspendue. Les huîtres ne sont pas récoltées pendant une période de deux ou trois mois après la ponte, à cause de la faible qualité de leur viande.
 
Manipulation et traitement 

Les plus petits individus peuvent être commercialisés sous la spécialité d'huîtres «cocktail». Elles sont vendues vivantes dans la coquille ou sont écossées et congelées, fumées et conservées en boîte dans de l'huile, séchées, extraites pour la sauce à huître, ou préparées sous forme d'autres produits à valeur ajoutée.

Les huîtres cultivées dans les eaux exemptes de bactéries coliformes fécales requièrent un traitement mineur. Elles sont lavées et triées selon la taille et la forme et, si elles sont issues de la culture à plat, elles peuvent être tenues dans des bassins exposés à un courant d'eau de mer pour se débarrasser du sable et de la boue qui se trouvent dans la cavité du manteau. Si le coliforme fécal est présent, les huîtres auront besoin d'une période de dépuration dans des systèmes de recyclage équipés de stérilisateurs par rayons UV ou à l'ozone. Les huîtres destinées au marché du décoquillé sont emballées avec la valve creuse vers le bas afin de conserver l'eau de la cavité du manteau.La durée de conservation est de sept à dix jours une fois correctement emballées et entreposées dans de bonnes conditions de fraîcheur. Les produits décoquillés emballés sous vide et à valeur ajoutée ont été lancés sur le marché en Europe avec un certain succès, bien que la majeure partie du commerce soit pour le produit vivant. Dans plusieurs autres pays, les huîtres récoltées sont transportées vers les usines à écaillage pour l'extraction de la viande, la mise en bouteilles, la mise en boîte ou la congélation, ou sont utilisées dans la préparation des produits tels que les sauces à huître. La transformation est strictement contrôlée dans la plupart des pays.
 
Coûts de production 

Il est difficile d'obtenir des informations sur les coûts de production, non seulement parce que l'information est propriété privée mais également en raison des facteurs spécifiques à chaque site, la diversité des méthodes adoptées et les innombrables différents niveaux de technologies utilisées. L'approvisionnement en naissains constitue, généralement, environ 20-25 pour cent des coûts totaux. Dans les pays développés, les larves produites par les écloseries et qui mesurent 3-4 mm sont vendues à 10-15 USD/1 000, alors que les larves matures destinées au télécaptage coûteront à peu près 2 USD/million (frais de transport exclus). La culture des huîtres destinées au commerce d’huîtres écaillées requière moins de main-d'œuvre et de matériel que la production des huîtres destinées aux marchés du décoquillé, de même la culture à plat est moins coûteuse que la culture en suspension. L'alimentation ne figure pas dans l'équation du coût vu qu'elle est gratuite une fois la graine est transférée pour le grossissement en mer. La main-d'œuvre représente la majeure dépense et elle est généralement à caractère saisonnier.
Maladies et mesures de contrôle
Contrairement à d'autres huîtres à valeur commerciale, et en dépit de sa large distribution dans le monde, peu de problèmes liés aux maladies de grande importance ont été signalés chez les huîtres creuses du Pacifique. L'événement le plus marquant est la «mortalité estivale» survenue sur la côte pacifique des Etats-Unis et en France, qui semble être liée au stress physiologique de reproduction dans l'eau chaude quand les huîtres sont massivement serrées. On a constaté que les introductions des huîtres du Pacifique n'entraînent pas, avec elles, des microbes pathogènes qui provoquent des maladies catastrophiques chez les bivalves indigènes. Cependant, leur transport vers certains pays pour leur immersion directe en mer a été par mégarde accompagné d'un certain nombre d'organismes nuisibles et de parasites comme le bigorneau perceur japonais, Ceratostoma inornatum, ver plat de l’huître, Pseudostylochus ostreophagus, et les copépodes parasites, Mytilicola orientalis. Les maladies liées aux bactéries des larves et des juvéniles précoces ne sont pas rares dans les écloseries et elles sont fréquemment liées au Vibrio spp. Dans ce contexte, les larves C. gigas sont aussi sujettes aux mortalités massives que les larves d'autres espèces de bivalves.

Certaines maladies et parasites observés sont cités dans le tableau ci-dessous.

Dans certains cas, des antibiotiques et d'autres produits pharmaceutiques ont été utilisés pour les traitements mais leur inclusion dans cette table n'implique pas une recommandation FAO.

MALADIES AGENT TYPE SYNDROME MESURES
Microsytose Mikrocytos mackini Protozoaire parasite Pratiques de culture réduites modifiées
Nocardioses Nocardia crassostreae Bactérie Pratiques de culture modifiées
Infection à virus de type herpès chez les larves C. gigas Virus Aucunes
maladie virale du vélum des huîtres (OVVD) Virus Aucune mesure n'est connue
STATISTIQUES
Statistiques de production
Production globale d’aquaculture de Crassostrea gigas
(FAO Statistiques des pêches)
Marché et commercialisation
Une grande partie de la production des principaux pays producteurs est absorbée par les marchés locaux et elle est complétée par des importations des pays limitrophes et des partenaires commerciaux (par exemple le commerce dans l'UE, où la France procède à l’importation des autres pays de l'UE tels que le Royaume-Uni et l'Irlande). La durée de conservation relativement courte de ces espèces constitue un handicape au commerce à grande échelle pour le produit frais, et la préférence du consommateur est souvent pour les huîtres vivantes et demi-coquilles ou viandes fraîchement écossées. Les produits conventionnels et à valeur ajoutée, y compris les huîtres en boîte et les huîtres congelées ou emballées sous vide préparées avec diverses sauces, apparaissent de temps en temps et ont un potentiel pour une distribution à l'échelle mondiale. Cependant, ils représentent seulement une petite proportion de la production totale. Des opportunités de commerce, à l'échelle internationale, des naissains produits en écloserie restent possibles, en particulier pour les triploïdes.
SITUATION ET TENDANCES
La production mondiale de l'aquaculture de l'huître creuse du pacifique continue à évoluer de façon régulière, après une augmentation de 156 000 tonnes en 1950 à 437 000 tonnes en 1970, et 1,2 million de tonnes en 1990. L'expansion était très rapide dans les années 90, atteignant 3,9 millions de tonnes en 2000. Elle a continué pour atteindre presque 4,4 millions de tonnes en 2003. La production est susceptible de continuer à augmenter, quoiqu'à un taux plus lent à cause de l'urbanisation côtière et la nécessité croissante de partager la ressource côtière commune avec d'autres utilisateurs.
PROBLÈMES ET CONTRAINTES MAJEURS
Contrairement à d'autres espèces aquacoles, l'approvisionnement fiable en naissains n'est pas une contrainte au développement futur. Ils sont aisément disponibles par les captures sauvages ou peuvent être produits relativement moins cher et en grandes quantités dans les écloseries. Le problème majeur est lié à la dégradation environnementale, qui existe déjà dans certaines zones de grande production, ainsi que celui de la concurrence territoriale de l'huître du pacifique et son invasion des habitats occupés par les bivalves indigènes dans les pays où elle a été introduite. Les huîtres du pacifique ont une capacité de filtrer de grands volumes d'eau de mer et de ce fait, dans la culture intensive, elles déposent de grandes quantités de déchets biologiques. Elles forment des récifs denses dans les zones où elles se reproduisent naturellement et les récifs agissent en tant que pièges de sédiment en ralentissant l'écoulement de l'eau des fonds et en même temps en altérant la biodiversité. La culture en suspension réduit ces impacts sur l'environnement.

Les introductions, intentionnelles ou accidentelles, en Nouvelle Zélande et dans le nouveau Pays de Gales du sud, en Australie, ont accentué le problème de supplantation des espèces indigènes. Les huîtres creuses du pacifique étaient au début formellement identifiées dans la région d'Auckland (île du Nord), la Nouvelle Zélande en 1971. En 1977, Crassostrea gigas était devenue l'huître dominante mise en culture, ayant délogé l'huître indigène de roche (Saccostrea glomerata), en raison de la concurrence pour l'espace de captage et en vertu de leur taux de croissance considérablement supérieur. De même, l'introduction ou le transfert accidentel des C. gigas dans des baies et estuaires au nouveau Pays de Gales du sud, où il y a une importante production aquacole de l'huître de roche indigène de Sydney, Saccostrea commercialis, a suscité une inquiétude chez les producteurs, le gouvernement et les écologistes.

Pratiques pour une aquaculture responsable
Les questions importantes identifiées ci-dessus ont été abordées dans le cadre du développement des pratiques plus responsables et durables de la production de ces espèces. Celles-ci sont infiniment en conformité avec le Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable (CCPR) et incluent la restriction des concessions dans les baies et estuaires en vue de maintenir le niveau de capacité de charge des eaux. Avec la production triploïde garantie 100 pour cent, l'amélioration permanente de la connaissance et du contrôle sanitaire des poissons, et la capacité de transporter les larves oeillées n'importe où dans le monde pour le télécaptage, le potentiel pour le développement de la production existe dans les régions et les pays où ces espèces n'ont pas été auparavant cultivées. Les triploïdes ne menaceraient que légèrement les espèces indigènes par la reproduction et la concurrence si la culture se conforme aux directives adéquates relatives à l'environnement.

La culture de l'huître du pacifique est bien adaptée aux petites entreprises familiales, coopératives ou industrie régionale, et la phase de grossissement peut être assurée par de la main-d'oeuvre relativement non qualifiée avec un investissement mineur en équipement et infrastructure, en comparaison avec la culture des crevettes ou des poissons.
RÉFÉRENCES
Bibliographie
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