SWIOP/WP/6 - Profil de la Pêche Artisanale aux Comores













Table des matières


Michel de San

Mars 1983

RAF/79/065/WP/6/82

LES COMORES

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Table des matières


1. GENERALITES

1.1 Population
1.2 Economie

2. GEOGRAPHIE - METEOROLOGIE - OCEANOGRAPHIE

2.1 Géographie

2.1.1 Généralités
2.1.2 Grande Comore
2.1.3 Anjouan
2.1.4 Mohéli
2.1.5 Mayotte

2.2 Météorologie

2.2.1 Régime des vents
2.2.2 Perturbations

2.3 Océanographie 1/

2.3.1 Régime des courants

3. SITUATION DE LA PECHE ARTISANALE

3.1 Généralités

3.1.1 Facteurs Déterminants
3.1.2 Techniques de pêches

3.2 Production actuelle et prix pratiqués

3.2.1 Production
3.2.2 Les prix et la commercialisation

3.2.2.1 Les prix
3.2.2.2 Système de commercialisation

3.3 Facilites frigorifiques et moyens de conservation

3.3.1 Grande Comore
3.3.2 Anjouan
3.3.3 Mohéli
3.3.4 Boucanage
3.3.5 Salage-Séchage

3.4 Description des bateaux existants

3.4.1 Bateaux existants

3.4.1.1 Grande Comore
3.4.1.2 Anjouan et Mohéli

3.5 Développement de la pêche artisanale et nouvelle technique de pêche

3.5.1 Nouveaux bateaux
3.5.2 Conservation du poisson
3.5.3 Nouvelle technique de pêche

3.6 Situation portuaire

3.6.1 Grande Comore
3.6.2 Anjouan
3.6.3 Mohéli

3.7 Institutions gouvernementales
3.8 Groupements de pêcheurs et système de crédit
3.9 Zone exclusive économique des 200 milles

Remerciement
Bibliographie


1. GENERALITES


1.1 Population
1.2 Economie


1.1 Population

L'archipel des Comores couvre une superficie de 1792* km2 et sa population s'élève en 1980 a 347.000* personnes. Il est formé de 4 îles principales dont une est sous administration française.

* A l'exclusion de Mayotte encore sous administration française.

Les Comores se situent dans la partie nord du canal du Mozambique. La plus grande île est la Grande Comore, avec 1148 km2 et 191.000 habitants, soit une densité de population de 166 personnes au km2. Anjouan est la seconde île par sa taille, 424 km2 et sa population, 141.000 habitants, soit une densité de 332 personnes au km2. Mohéli est la plus petite des îles, 220 km2, 15.000 habitants et une densité de population de 68 au km2.

1.2 Economie

Taux de change, en avril 1982, de la monnaie locale contre le $.U.S.

300 francs CFA = 1 $ U.S.

Produit national brut en 1979 (prix constant)

$ 74.666.000

Produit national brut par habitant

$ 194 selon les plus récentes estimations

Croissance en terme réel du produit national brut

5,1%

Ventilation par secteur du P.N.B. en 1979 exprimé en million de $ U.S.:

SECTEURS

1979

%

Agriculture

29.970

42,0

Industrie

3.443

4,8

Construction

5.793

8,1

Commerce

17.893

25,1

Administration publique

10.230

14,4

Autres

3.956

5,6

TOTAL

71.285

100

(Source: Rapport économique de La banque mondiale sur les Comores de septembre 1981)

Commerce extérieur en 1979 (à l'exclusion de Mayotte)

Les principaux partenaires à l'exportation

Les principaux partenaires a l'importation

1. France

1. France

2. Etats Unis

2. Kenya

3. l'Allemagne de l'Ouest

3. Tanzanie

4. Hollande

4. Kuwait

5. Angleterre

5. Pakistan

Les principaux produits exportés

Les principaux produits importés

1. Huiles essentielles (Ylang-Ylang etc.)

1. Riz

2. Vanille

2. Autres produits alimentaires

3. Vêtements

3. Pétrole

4. Coprah

4. Coton

5. Café

5. Sucre

(Source: Rapport BIRD 1979)

Exportation totale:

Importation totale:

3.745.10 millions de francs CFA

6.506.00 millions de francs CFA

(Source: Septembre 1981 «World Bank Economic Report on Comoros»)

2. GEOGRAPHIE - METEOROLOGIE - OCEANOGRAPHIE


2.1 Géographie
2.2 Météorologie
2.3 Océanographie 1/


2.1 Géographie


2.1.1 Généralités
2.1.2 Grande Comore
2.1.3 Anjouan
2.1.4 Mohéli
2.1.5 Mayotte


2.1.1 Généralités

L'archipel des Comores est situé au Nord du canal du Mozambique, a 350 km au Nord Ouest de Madagascar et à 250 km de la côte du Mozambique. Sa latitude est comprise entre les parallèles 11°20' et 13°04' Sud.

Les quatres îles de l'archipel - Grande Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte sont d'origine volcanique et présentent toutes des sommets élevés; très arrosées par des pluies fréquentes, elles sont couvertes d'une végétation luxuriante.

2.1.2 Grande Comore

La côte Nord est généralement basse en avant d'un plateau aux bords escarpés. La largeur du récif frangeant la côte est mal déterminée. La côte Est présente un aspect a peu près uniforme et très peu découpé. Il n'y a pas de plaine côtière. Les profondeurs devant la côte sont vite très grandes. Les rades ou les baies sont rares, très petites et mal abritées. L'extrémité Sud Est présente une côte basse et débordée par un récif mal délimité et particulièrement étendu entre Malé et Chindini. La côte Ouest est généralement très accore et rocheuse; abrupte dans sa partie Nord ou se trouvent, toutefois, quelques plages de bon sable; basse entre Moroni et Salimani; et très accore à nouveau dans la partie Sud de l'île (zone Itsounzou à Ifoundihé).

2.1.3 Anjouan

La côte Nord Ouest de' l'île présente de grandes profondeurs à peu de distance au large. Le récif côtier est rare et n'apparaît que peu développé vers l'Ouest (entre Foumbani et l'île de la Selle). La côte Est est haute, rocheuse et généralement accore; elle est frangée en de rares endroits par un récif étroit. La côte Sud-Ouest est à peu près partout débordée par des récifs qui, dans sa partie Ouest s'étendent jusqu'à un mille au large. Quelques échancrures du récif corallien abritent de bons mouillages avec des plages de sable.

2.1.4 Mohéli

Est la plus petite des îles. Elle est entourée d'un récif corallien et d'une plateforme continentale, particulièrement étendue sur la côte Sud, ou se trouvent un groupe d'îlots au large de Nioumachoua. La côte Nord-Est présente un récif irrégulier, a courte distance de la terre et avec plusieurs échancrures. Celles-ci sont très favorables pour l'accès de la navigation a des zones de mouillage peu étendues mais suffisamment abritées. Quelques unes de ces zones se trouvent devant les rares plages de cette côte. L'extrémité Sud-Est de l'île est débordée par un récif qui porte l'îlot M'Bouzi. A partir de ce point commencent a se développer les caractéristiques prédominantes de la côte Sud; rivage très découpé, alternance de baies et promontoires, plusieurs plages, groupe d'îlots au large, enfin conditions d'abri naturel très favorables.

2.1.5 Mayotte

Un grand récif corallien situé au large des côtes, entoure cette île, formant un lagon très étendu. Les quelques passes d'accès à la haute mer font en sorte que ce lagon est facilement accessible a la navigation. La zone de mouillage ainsi formée est exceptionnellement bien protégée de l'agitation du large. Les conditions portuaires de Mayotte sont les plus favorables. Toutefois, cette île se trouve encore sous administration française.

2.2 Météorologie


2.2.1 Régime des vents
2.2.2 Perturbations


2.2.1 Régime des vents

Le régime des vents est la donnée physique la plus importante pour la pêche côtière, spécialement en vue des incidences qu'il a pour la navigation ainsi que pour l'abri naturel des sites portuaires. Les conditions générales sont celles de la région équatoriale: en saison fraîche souffle le "Kussi" - mai/octobre: alizé S/SE vers N/NO; en saison chaude souffle la mousson ou "Kascasi" - octobre/mai: alizé N/NO vers S/SE. La vitesse de ces vents saisonniers est faible à modérée; la moyenne générale est de 8 km/h sauf en juillet et août ou elle peut atteindre 12 a 14 km/h. Au voisinage des terres, le régime général est très influencé par les reliefs locaux qui modifient tant la direction que la vitesse des vents.

- La proportion de vents calmes est très importante, spécialement au cours de la saison chaude et surtout de nuit;

- La fréquence de périodes calmes est plus importante dans les îles plus à l'Ouest de l'archipel;

- La fréquence saisonnière des vents maxima montre, pour Moroni (Grande Comore), une très nette distribution selon le régime général des alizés;

- Par contre, la même fréquence saisonnière des vents maxima est plus équilibrée pour Ouani (Anjouan) et Pamanzi (Mayotte) en raison du relief local environnant le site des stations; ici l'alizé de NE, correspondant au régime général, est sensible, ce qui ne se vérifie pas à Moroni.

2.2.2 Perturbations

L'archipel des Comores est situé dans une zone susceptible de subir les effets de perturbations météorologiques: les ondes de l'Est, les dépressions tropicales et les cyclones tropicaux. Les cyclones, spécialement sont assez fréquents dans le canal de Mozambique. Dans la zone des Comores ils atteignent parfois une grande intensité, avec un diamètre restreint. Couvrant en général une zone assez étroite et se déplaçant lentement, ils se dirigent le plus souvent vers le sud ou le sud/ouest.

2.3 Océanographie 1/


2.3.1 Régime des courants


1/ Origine: Instructions Nautiques, série L, Vol. IX, 1972 et données

2.3.1 Régime des courants

Dans le canal de Mozambique, les eaux provenant du courant équatorial qui ont heurté la côte d'Afrique, pénètrent par le nord et suivent son mouvement vers le sud. Ainsi, le long de la côte d'Afrique, le mouvement des eaux se fait vers le sud; c'est le courant de Mozambique, lequel a son origine aux environs du parallèle 11° Sud. Sa vitesse est très variable et oscille entre 10 et 80 milles par jour avec une moyenne de 20 milles par jour. A part ce régime général, dans la zone des Comores le courant porte à l'Ouest avec une vitesse moyenne de 1,5 noeuds, et maximale de 3 noeuds. Au Sud de l'archipel, il s'infléchit nettement vers le SO et parfois même vers le SE. Tous ces courants sont normalement faibles et ne posent pas de difficultés S la navigation motorisée. Plus importants pourront être les courants de marée sur certains endroits ou la configuration de la côte et du fond marin leurs sont propices. C'est le cas notamment des passes dans les récifs-barrières, plus particulièrement a Mayotte ou les courants peuvent atteindre plus de 3 noeuds.

3. SITUATION DE LA PECHE ARTISANALE


3.1 Généralités
3.2 Production actuelle et prix pratiqués
3.3 Facilites frigorifiques et moyens de conservation
3.4 Description des bateaux existants
3.5 Développement de la pêche artisanale et nouvelle technique de pêche
3.6 Situation portuaire
3.7 Institutions gouvernementales
3.8 Groupements de pêcheurs et système de crédit
3.9 Zone exclusive économique des 200 milles


3.1 Généralités


3.1.1 Facteurs Déterminants
3.1.2 Techniques de pêches


La pêche artisanale est pratiquée exclusivement à l'aide de pirogues monoxyles à balancier, simple ou double, dont il y a environ 3000 pour les îles. A l'heure actuelle, quelques rares pirogues sont motorisées, principalement à Mutsamudu (Anjouan) et elles représentent à peu près 3Z du nombre total des pirogues en activité. Quelques grandes pirogues à Anjouan et Mohéli sont équipées d'une voile latine.

3.1.1 Facteurs Déterminants

Deux éléments conditionnent la pêche aux Comores et conduisent a une surexploitation de la frange côtière:

- Le premier est l'inexistance du plateau continental, excepté pour Mohéli, ce qui réduit la zone de pêche benthique a quelques centaines de mètres;

- Le second est le rayon d'action extrêmement limité des pirogues d'abord par leur taille et ensuite par leur mode de propulsion a la pagaie.

A ces deux facteurs limitants, s'ajoute l'alternance des moussons NE et SO, exposant tour S tour une côte de chaque île a des vents parfois forts et rendant la pêche impossible sur le versant exposé alors qu'elle devient possible sur la côte abritée du vent. Ainsi a la Grande Comore, la pêche se pratique de mai à septembre, sur la côte ouest (de Salimani à Mitsamiouli) et de novembre à mars sur la côte est (de Ifoundihé à Mbéni). Le même phénomène se produit a Anjouan et Mohéli. En définitive, on peut estimer que les sorties journalières ne dépassent pas en moyenne 180 par unité et par an, en raison de cette alternance des vents et de la précarité des embarcations.

De plus, à cause d'une subdivision des territoires de pêche entre les différents villages, facteur le plus marqué à la Grande Comore, rares sont les pirogues qui se déplacent d'une côté à l'autre. Cette territorialité est encore exacerbée lorsque les pêcheurs viennent d'une autre île.

Quelques unités d'Anjouan viennent cependant pêcher en haute saison près des îlots de Nioumachoua, a Mohéli, et de Mzambdroi, a Mayotte, mais cette pêche plus lointaine est handicapée par l'inexistance de moyens de conservation.

3.1.2 Techniques de pêches

Les techniques de pêche pratiquées dans l'archipel sont peu sophistiquées.

La pêche a la ligne à main ou palangrotte constitue la méthode la plus employée. L'hameçon appâté et entouré de petits morceaux de poisson est placé entre deux gallets solidarisés par une dizaine de tours du bas de ligne. Un noeud simple, libérable d'une secousse, empêche le déroulement de l'assemblage. Sur la bobine, le fil de nylon est marqué a des intervalles réguliers. Le pêcheur connaissant par expérience la profondeur d'un endroit, déroulera la longueur exact de ligne pour se trouver près du fond, et d'une' secousse libérera l'hameçon des deux pierres. En eau moins profonde, le pêcheur a la nage avec un masque, libère l'hameçon et les petits morceaux d'appât juste devant le poisson repéré. Quelques rares filets sont utilisés à Chindini et Mitsamiouli en Grande Comore et dans la partie Ouest d'Anjouan. Ce mode de pêche, néanmoins, est proscrit par la majorité des pêcheurs dans leurs zones de pêche réservée.

A Chindini, la technique du filet dérivant pour la capture des thonidae est utilisé.

Faute de motorisation et du fait de l'inadaptation des pirogues, la pêche à la traîne n'est pas pratiquée sauf a Anjouan.

La pêche de nuit à la palangrotte a l'aide de lamparo (lampe à pétrole sous pression) est employée avec succès.

Dans tout l'archipel, la pêche au casier existe mais, sans données statistiques, il est difficile de savoir son importance réelle.

Casier à la Grande Comore

Sur la côte nord-ouest d'Anjouan, la pêche au poison végétal «Téphrosia» quoique illégale, est encore pratiquée.

3.2 Production actuelle et prix pratiqués


3.2.1 Production
3.2.2 Les prix et la commercialisation


3.2.1 Production

Il est très difficile de connaître les quantités exactes de poisson péché aux Comores. Cependant une estimation supérieur a 4 000 tonnes/an est généralement admise, assurant une consommation d'un peu plus de 10 Kg par an et par personne. Pour 1981, les prises ont été estimées a 4 250 tonnes dont 2 250 tonnes sont des thonidae.

En 1979, les flux de commercialisation étaient a peu près les suivants:


Grande Comore

Anjouan

Mohéli

TOTAL

Captures totales par an

2.160 T

1.440 T

410 T

4.010 T

Consommation en frais

2.100 T

1.370 T

330 T

3.800 T

Traitement:






- Boucanage 1/

60 T

30 T

-

90 T


- Salage-séchage 1/

-

40 T

80 T

120 T

Auto-consommation

400 T

290 T

80 T

770 T

Flux commercialisation

1.700 T 2/

1.080 T 2/



interne (intérieur de l'île)

60 T 3/

70 T 3/

250 T 2/

3.169 T

Flux commercialisation sur l'archipel (autres îles)

-

-

80 T 3/

80 T

TOTAL commercialisation

1.760 T

1.150 T

330 T

3.249 T

1/ En poids équivalent frais pour le poisson salé-séché, il convient: de réduire le poids frais par 3,5 pour obtenir le poids du produit: traité.

2/ En frais

3/ Poisson traité (boucane ou salé) exprime en équivalent frais.

Nous verrons dans les paragraphes 3.5.1 et 3.5.2 concernant respectivement l'introduction de moyens de conservation et de nouveaux types de bateaux, les efforts consentis par les Comores pour augmenter la quantité de poisson péché.

3.2.2 Les prix et la commercialisation


3.2.2.1 Les prix
3.2.2.2 Système de commercialisation


3.2.2.1 Les prix

Les prix varient avec l'offre et la demande. Le poisson se vend sans pesée, à l'estimation, après accord des deux parties sur le prix.

En période d'abondance du thon d'octobre à février, les prix sont de 200 à 300 F CFA/Kg pour les deux îles principales et de l'ordre de 100 F CFA/Kg pour Mohéli. Mais en dehors de cette période d'abondance, les prix varient de 1 000 a 1 500 F CFA/Kg pour la Grande Comore et jusqu'à 2 000 F CFA/Kg a Moroni, la Capitale. A Anjouan, les prix se situent entre 300 et 600 F CFA/Kg.

3.2.2.2 Système de commercialisation

La commercialisation des prises se fait directement dès l'arrivée des pirogues, le poisson est mis en petits lots ou débité en quartiers et vendu aux villageois qui se trouvent au débarquement.

Lorsque l'offre dépasse la demande, l'excédent se commercialise dans les centres de consommation, soit par l'intermédiaire de commerçants, soit encore par une personne désignée par un groupe de pêcheurs. Nous verrons dans les paragraphes 3.3.4 et 3.35, le boucanage et le salage-séchage qui régularisent un peu le marché.

3.3 Facilites frigorifiques et moyens de conservation


3.3.1 Grande Comore
3.3.2 Anjouan
3.3.3 Mohéli
3.3.4 Boucanage
3.3.5 Salage-Séchage


L'emploi de la glace pour la conservation du poisson n'existe pas aux Comores. Les facilités frigorifiques sont en voie d'achèvement ou viennent d'être terminés. La mise en place de cette infrastructure va de pair avec le projet d'acquisition de 34 catamarans de 7 m pour la Grande Comore et de 50 monocoques de 9 m pour Anjouan et Mohéli (voir para 3.5.1), ainsi que l'installation de chambres isothermes dans les villages et la mise en place d'un système de distribution de glace et de ramassage du poisson.

3.3.1 Grande Comore

A Moroni, il y a une chambre froide d'une capacité de 80 tonnes à -20°C employée pour la conservation de la viande. Un autre complexe d'une capacité de 250 tonnes est en voie d'achèvement. Il sera équipé d'un groupe électrogène de 220 KVA. Il sera capable de produire 10 tonnes de glace par jour et possédera un tunnel de congélation de 5 tonnes par 16 heures a -40°C.

3.3.2 Anjouan

Le complexe frigorifique se situe à Mirontsi: il vient d'être terminé et n'est pas encore en service. Il est d'une capacité de 200 à 250 tonnes -20°C. Il possède un tunnel de congélation de 8 tonnes par 12 heures à -40°C et pourra produire 5 tonnes de glace par jour.

Ce complexe possède également une légumière et un ételier. Des tractations sont en cours pour récupérer un groupe électrogène de 220 KVA pour épauler l'actuel groupe de 80 KVA, nettement insuffisant.

3.3.3 Mohéli

Mohéli possède 6 chambres froides totalisant 30 tonnes a -20°C. A cela s'ajoute la possibilité de produire 1 tonne de glace par jour.

3.3.4 Boucanage

Il s'agit d'un procédé de grillage-fumage appliqué principalement au thon et autres espèces pélagiques. Le poisson est découpé en cubes, enfilé sur une baguette de bois et mis a griller au-dessus d'un feu étouffé. Le procédé permet d'obtenir un produit susceptible de se conserver pendant quelques jours (3 environ). La perte au poids varie de 1,7 a 2 (0,5 a 0,6 Kg de produit fini par Kg de poisson frais entier). Le prix de vente est le même que celui du poisson frais. Il s'agit en fait de tirer parti des invendus lors des périodes de forte production et de minimiser les pertes sur le poisson qui ne peut être écoulé le jour même. En fait, ce produit donne plus souvent lieu à des «trocs» ou échanges de produits alimentaires qu'à de véritables tractations: les paysans des villages non côtiers viennent, en période d'abondance de la pêche, échanger certains de leur produits contre du poisson boucané; bananes, manioc, lait caillé. Ce procédé est essentiellement utilisé en Grande Comore.

3.3.5 Salage-Séchage

Pratiqué exclusivement à Bimbini (Anjouan) et a Nioumachoua (Mohéli) ce procédé permet d'obtenir un produit stabilisé, de qualité appréciée mais de conservation médiocre. On compte 1 Kg de sel pour 5 Kgs de poisson. Après salage, le poisson est mis a sécher pendant quelques jours. Il est expédié

Actuellement, on estime a environ 35 tonnes/an les produits commercialisés. sous cette forme, correspondant a 120 tonnes de poisson frais. Seule Mohéli fait l'objet d'un trafic vers les autres îles pour ce produit. Le poisson ainsi traité a Anjouan (Bimbini) est commercialisé dans l'île.

3.4 Description des bateaux existants


3.4.1 Bateaux existants


3.4.1 Bateaux existants


3.4.1.1 Grande Comore
3.4.1.2 Anjouan et Mohéli


A l'exception des boutres, presque toutes les embarcations sont tirées au sec après chaque utilisation.

Pirogues tirées au sec à Anjouan (Domoni)


3.4.1.1 Grande Comore

L'embarcation la plus répandue est une pirogue monoxyle à balancier petite dimension. Son coût moyen est actuellement de 60,000 CFA. Il en existe environ 1 500 à la Grande Comore.

Description et caractéristiques principales

- Longueur HT

3,5 m

- Bau maxi

0,30 à 0,35 m

- Creux

0,45 à 0,50 m

- 2 balanciers - plan porteur



Largeur

2 m


Longueur

1,80 m

- Poids à vide

de 85 à 100 Kg

Bois de construction

- Accacia
- Badamier
- Manguier
- Kapoquier
- Camphrier

L'aspect parfois «tordu» et peu symétrique de certaines pirogues s'explique par la difficulté de plus en plus grande qu'ont les pêcheurs locaux a se procurer des troncs de qualité convenable.

Pirogues Monoxyles à deux balanciers de la Grande Comore

Ca durée de vie des pirogues est de 2 a Sans. Elles sont réalisées sur place, dans chaque village de pêcheur par un artisan spécialisé; le pêcheur dégrossit le tronc, l'artisan charpentier fait le reste.

Descente d'une pirogue dégrossie vers un village de pêcheur

Les balanciers sont formés de deux planches de faible épaisseur (20 - 30 mm), courbées et maintenues par deux bras. Ils ont très peu de flottabilité propre et n'assurent qu'une faible stabilité a l'arrêt. Mais lorsque la pirogue avance, les deux balanciers fonctionnent comme des hydrofoils et assurent une bonne stabilité par portance hydrodynamique.

Très peu de pirogues de ce type sont motorisées, car en dehors de toute considération économique, le manque de stabilité initial l'exiguïté des zones de pêche et le type de pêche pratique n'encourage pas cette évolution.

Une des rares pirogues motorisée à la Grande Comore

En plus de la pirogue très répandue, deux ou trois constructeurs épisodiques de boutres de 7 à 10 m existent en Grande Comore.

Caractéristiques principales moyennes

Longueur HT

7 a 9 m (maxi)

Bau Maxi

3 a 3,60 m

Creux

1,20 m

Déplacement approximatif

3 a 5 tonnes

Leste

cailloux intérieurs

Voilure latine avec antenne et mât incliné vers l'avant.

La majorité de ces boutres, sans moteur, servent au chargement et déchargement des paquebots ancrés devant Moroni.

Déchargement du ciment a Moroni à l'aide de boutres.


3.4.1.2 Anjouan et Mohéli

Les pirogues d'Anjouan (environ 1200 unités) et Mohéli (environ 300 unités) sont réalisées suivant le même principe que celle de la Grande Comore, à deux différences près:

a) Leurs dimensions sont plus importantes

- Longueur

5 à 5,50 m

- Bau

0,40 à 0,45 m

- Creux au milieu

0,50 a 0,60 m

- Poids

150 Kg

b) Le balancier est unique et de section ronde, ayant une flottabilité à l'arrêt, nettement plus importante. La durée de vie est de 2 a 7 ans.

Détail du balancier des pirogues a Anjouan et de Mohéli.

La construction est similaire, mais compte tenu de l'augmentation du creux, un bordé supérieur est fréquemment ajouté.

Grande pirogue équipée d'une voile latine

Quelques grandes pirogues sont aussi réalisées à Anjouan et Mohéli: longueur 9 à 10 m, Bau 0,60 m, creux 0,75 m et poids 200 à 300 Kg. Quelques pirogues seulement sont équipées d'une voile latine assez rudimentaire avec vergue en bambou (des bambous poussent à Mohéli). Environ 3% des pirogues d'Anjouan et Mohéli sont équipées de moteurs hors-bord de 5 à 10 CV. Les pagaies utilisées sont taillées d'une pièce, en hélice, de forme bien élaborée.

A Anjouan, il existe plusieurs constructeurs épisodiques de boutres de 7 a 15 m. Ils servent aussi au déchargement des paquebots ancré en rade.

Boutre dans le port de Mutsamudu

3.5 Développement de la pêche artisanale et nouvelle technique de pêche


3.5.1 Nouveaux bateaux
3.5.2 Conservation du poisson
3.5.3 Nouvelle technique de pêche


3.5.1 Nouveaux bateaux

Dans le programme de développement de la pêche artisanale, est prévue. l'introduction de deux types de bateaux pour 1983.

Pour la Grande Comore, il s'agit de 34 catamarans en fibre de verre de 7 m avec une voile latine et un hors-bord de 10 CV. Une boîte a glace de 250 litres est prévue dans chacune des coques.

Ces catamarans financés par la Banque Africaine de Développement (BAD) seront construits à Moroni avec l'avantage non négligeable qu'est l'introduction de la technique de la fibre de verre aux Comores.

Pour Anjouan et Mohéli, l'aide Japonnaise leur offre 50 monocoques de 9 m équipés d'un diesel de 15 CV et d'une voile. Nous verrons au point 3.8 la façon dont les autorités Comoriennes entendent gérer ces bateaux. De plus il est prévu de motoriser 200 pirogues à Anjouan et 50 a Mohéli.

3.5.2 Conservation du poisson

Le programme de développement de la pêche artisanale prévoit, outre l'achèvement ou la mise en route des complexes frigorifiques, l'installation de chambres isothermes dans les villages de pêcheurs et l'organisation de la distribution de glace et du ramassage du poisson par des véhicules isothermes.

3.5.3 Nouvelle technique de pêche

La pêche du poisson pélagique, principalement le thon, représente la meilleure possibilité de développement de la pêche aux Comores.

Dans ce but, la FAO (RAF/79/065) doit introduire la technique des «Fish Aggregating Devices» (FAD) employée avec énormément de succès dans le Pacifique. Ces radeaux ancrés à quelques milles de la côte retiennent autour d'eux de grandes quantités de thonidae, ce qui simplifie et rentabilise fortement la pêche.

3.6 Situation portuaire


3.6.1 Grande Comore
3.6.2 Anjouan
3.6.3 Mohéli


Il n'existe pour les îles Comores que deux ports commerciaux, l'un a Moroni (Grande Comore) et l'autre à Mutsamudu (Anjouan).

Les autres sites, le long de toutes les côtes des Comores, qui pourraient être classés de portuaires, sont les plages et les falaises basses et rocheuses qui servent d'attache aux flottes des pirogues de la pêche artisanale.

3.6.1 Grande Comore

L'anse de Moroni présente des fonds de sable percés, par endroits, de bancs de corail et d'affleurements rocheux; les profondeurs diminuent brusquement a l'approche de la terre. L'anse est ouverte a l'Ouest et les épis, très courts, existant au Nord et au Sud, assurent une protection assez réduite du plan d'eau du port. Du côté Nord, l'épi de protection forme une darse bien abritée mais qui reste a sec a marée basse. L'épi Sud est le seul praticable par les barques du cabotage entre les îles, ainsi que par les boutres qui effectuent le transport de marchandises entre la terre et les cargos mouillés en rade. Le quai, du côté intérieur de cet épi, ne dispose que de 2 a 3 mètres d'eau à marée basse. Ainsi, le port de Moroni ne permet pas l'accostage de la navigation océanique et il n'est pas opérationnel par tout temps. Il dispose de deux plans inclinés dépourvus d'équipement mécanique.

Port de Moroni. partie Sud

3.6.2 Anjouan

Le port de Mutsamudu est, actuellement, le seul capable de recevoir a quai des petits cargos de la navigation océanique. Il est essentiellement formé par une jetée de protection sur son côté intérieur. La partie accostable se trouve sur le tronçon de la jetée situé plus au large et elle n'offre qu'une centaine de mètres praticables avec 5 m de tirant d'eau à basse-mer. Des bateaux de 3 000 t peuvent se mettre à quai. La jetée est préparée à son extrémité pour pouvoir subir une extension; des études sont en cours. Le bassin du port est ouvert à l'Ouest et, en conséquence, il n'offre pas un abri total par une mer du NO, plus fréquente pendant les mois de janvier, février et mars. Du côté terre, existe un terre-plein pour le stockage de marchandises en plein air, quelques petits magasins et le bâtiment des douanes. L'éclairage de la jetée permet des opérations de manutention pendant la nuit.

Port de Mutsamudu

3.6.3 Mohéli

A Mohéli, la seule infrastructure portuaire est constituée par un appontement en béton armé situé sur la plage, devant Fomboni. Cet appontement est en très bon état mais tellement court qu'il reste entièrement à sec à basse mer. Il n'est pratiquement pas utilisé; en effet, le tirant d'eau en pleine mer n'est pas suffisant pour les navires de cabotage et les pirogues de la pêche artisanale n'ont pas besoin d'une telle infrastructure. En fait les navires de cabotage s'échouent sur la plage a côté.

3.7 Institutions gouvernementales

Le Gouvernement Comorien a fondé la SODEPEC (Société de développement des pêches aux Comores) pour servir de courroie de transmission entre le pouvoir et les pêcheurs.

A la tête de cette société dépendant du Ministère de la Production Agricole, de l'Industrie et de l'Artisanat, se trouvent un directeur général basé à Moroni et deux directeurs régionaux basés a Anjouan et Mohéli. Cette société a pour objet:

- de financer la construction de navires de pêche locaux, les équipements des pêcheurs auxquels ils seront affectés, l'entretien des dits navires tant qu'ils resteront la propriété de la société;

- de transférer la propriété des dits navires aux groupements de pêcheurs en leur consentant des crédits ou des locations-ventes;

- de financer la commercialisation du produit de la pêche locale, notamment: les installations de stockage et: de congélation et l'organisation des circuits de vente.

- d'inciter et d'aider les pêcheurs a s'organiser en créant:, au niveau des villages, des groupements de pêcheurs et, au niveau de chaque île, des unions de groupements de pêcheurs.

- de proposer aux groupements et unions de groupements de pêcheurs des moyens et méthodes de pêche susceptibles d'améliorer quantitativement et qualitativement leurs prises, leurs conditions de vie et d'engendrer des emplois nouveaux;

- d'apporter tout l'appui technique nécessaire aux groupements et unions de groupements des pêcheurs pour l'exploration et l'exploitation rationnelle des ressources biologiques des zones maritimes sous juridiction nationale afin de satisfaire les besoins nationaux en produits halieutiques;

- d'aider les groupements et unions de groupements a obtenir des institutions de crédit les prêts dont ils ont besoin dans des meilleures conditions;

- d'aider les groupements et unions de groupements à mieux vendre leurs produits de pêche et a mieux les valoriser;

- de tenir à jour les informations statistiques des différents groupements et unions de groupements;

- de collecter les observations, réactions et suggestions des pêcheurs.

3.8 Groupements de pêcheurs et système de crédit

Dans le cadre du développement de la pêche, les autorités Comoriennes ont encouragé les pêcheurs à s'organiser en société civile à capital et personne variable. Ces groupements de pêcheur ont pour objet d'effectuer, pour le compte et aux profits de leurs membres, toute opération susceptible d'accroître leur revenu dans le domaine de la pêche au sens large.

En résume, un groupement comprend de 8 à 20 pêcheurs de la même région. Il est administré par un conseil d'administration élu pour deux ans. Chaque participant doit être propriétaire d'au moins une action d'une valeur nominale de 5 000 CFA. L'argent réuni par la vente des actions représente le capital.

La SODEPEC fournit à la demande et au travers d'une banque, un prêt pouvant égaler 5 fois la valeur du capital réuni. Le groupement de pêcheur est libre d'acheter le matériel de son choix, bateaux, filets, moteurs, etc. Vingt pourcents des prises du groupement sont systématiquement affectés au remboursement du prêt. La distribution des bénéfices se fait en proportion des actions.

Dans l'esprit des autorités comoriennes, ces groupements donneront la possibilité d'acheter à crédit, outre le matériel dû pêche, les 34 catamarans a voile pour les pêcheurs de la Grande Comore, et pour les pêcheurs d'Anjouan et Mohéli, les 50 monocoques de 9,11 m et des hors-bords pour les pirogues.

3.9 Zone exclusive économique des 200 milles

C'est en 1976, que les Comores ont déclaré la zone exclusive économique des 200 milles. Actuellement, une législation est à l'étude pour régler l'accès de la zone aux navires de pêche étrangers.

Remerciement

Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à M. Said O. OUIRDANE, Directeur de la SODEPEC et M. A. MASSONDE, Directeur Régionale de la SODEPEC a Anjouan pour leur efficaces collaboration et t'aide apporté dans la rédaction de ce texte.

Bibliographie

Banque Mondiale: Rapport économique sur les Comores, septembre 1981.

FAO Centre d'investissement Vol. I et II, rapport provisoire îles Comores, Projet de Développement de la Pêche Artisanale 1979.

FAO et programme des Nations Unies pour le développement: Mission de programmation, identification et formulation sur les Comores Réf.: DP/COI/78/008 1979.

Instruction Nautique: Série L. Vol. IX, 1972.

Loi N° 8 1-24 République Fédérale Islamique des Comores: statuts de la société de développement des pêches aux Comores "Sodepec'" septembre 1981.