Sous l'égide de la
Direction de la Pêche et de l'Aquaculture,
et du
Projet Régional pour le Développement et l'Aménagement des Pêches dans l'Océan
Indien Sud-occidental
Rédacteurs
B.R. Bautil
et
J.D. Ardill
Projet OISO
FOOD AND AGRICULTURE ORGANIZATION OF THE UNITED NATIONS UNITED NATIONS DEVELOPMENT PROGRAMME
Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. |
La référence bibliographique de ce document doit être donnée ainsi:
Bautil, B.R.R., et J.D. Ardill, Rédacteurs, 1991, Actes du séminaire sur l'aménagement de la pêcherie de crabes des mangroves (Scylla serrata) du Nord-ouest de Madagascar
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Programme du séminaire
Présentation de la pêcherie
Les résultats de l'étude sur la ressource
Les résultats de l'étude socio-économique
Les résultats de l'étude coûts-bénéfices
Conclusions du séminaire
Liste des participants
1. Introduction3
2. Méthodes et résultats
3. Discussion
4. Conclusions
References
Annexe I: Tableaux
Annexe II: Figures
Annexe III: Formulaires
Annexe IV: Progressions Modales
Paramètres Socio-Economiques de la Pêche au Crabe liée à Réfrigépêche Ouest
1. Introduction
2. Contexte de l'étude
3. Méthode d'approche
4. Les paramètres socio-économiques
5. Discussion
6. Conclusion
7. Bibliographie sommaire
Annexe 1: Les techniques de pèche
Annexe 2: questionnaire
Introduction
Hypothèses entrant dans les simulations
Résultats des simulations
Conclusions
Annexe I: Simulations sur les activités de Réfrigépêche-ouest
Annexe II: Simulations sur les activités d'un bateau péchant le crabe
Programme du séminaire
Présentation de la pêcherie
Les résultats de l'étude sur la ressource
Les résultats de l'étude socio-économique
Les résultats de l'étude coûts-bénéfices
Conclusions du séminaire
Liste des participants
Le séminaire sur l'aménagement de la pêcherie en crabe des mangroves Scylla serrata, a été organisé conjointement par la Direction des Pêches et de l'Aquaculture et le Projet Régional pour le Développement l'Aménagement des Pêches dans l'Océan Indien Sud-Occidental (Programme OISO). Il s'est tenu dans les locaux de la Direction des Pêches et de l'Aquaculture à Antananarivo le 10 octobre 1990.
Présentation de la pêcherie et présentation des résultats de l'étude sur l'état de la ressource et sur la biologie du crabe Scylla serrata. | RAMANANTONIAINA, J. UFSH Toliara et BAUTIL, B.R. Projet OISO. |
Présentation de l'étude sur les paramètres socio-économiques de la population de pêcheurs de crabe. | RAZAFINDRAINIBE, H., CNRO. |
Simulations sur l'analyse économique et financière de l'activité du crabe au sein de la. société "Réfrigépêche Ouest" de Mahajanga. | Mlle. TOURETTE, S. et ARDILL, D., Projet OISO |
Conclusions du séminaire.
Madagascar, avec 3.200 km2 de mangroves, possède un potentiel en crabes des mangroves Scylla serrata. Les mangroves se répartissent essentiellement sur la côte Ouest du pays. La pêcherie de crabes s'est surtout développée dans le Nord-ouest du pays dans l'ensemble des mangroves comprises entre la baie de la Mahajamba et le cap St André.
En 1984, la société REFRIGEPECHE-OUEST s'installe dans la région de Mahajanga et achète du crabes, des crevettes et du poissons auprès des pêcheurs traditionnels. A cette époque, les pêcheurs particuliers apportaient eux-mêmes leurs produits directement au siège de la société.
En juin 1987 des collecteurs-boutiquiers sont installés au sein des neufs différentes mangroves de la région et achètent à titre privé le crabe aux pêcheurs à 200 FMG le kilogramme. Ils le revendent à la société avec un bénéfice de 25 FMG par kilogramme. C'est au moyen de vedettes achetées où louées à des particuliers que la société collecte régulièrement les crabes.
Durant l'année 1987, les produits ont été exportés, essentiellement en morceaux congelés, vers le marché de la Réunion dont le potentiel d'absorption est estimé à 200 tonnes de crabes entiers par an.
En janvier 1988, une usine moderne de traitement du crabe a été construite à Mahajanga, sa capacité annuelle de traitement s'élève à 1.000 tonnes de crabes entiers lavés. Cette usine permet un conditionnement du crabe en "entier-cuit-congelé", en "morceaux-crus-congelés", en "pinces-entières-cuites" et en pinces dites "cocktail". A partir du mois de mars 1988, une chaîne d'extraction de chair de crabe était opérationnelle et de la chair de crabe surgelée constituait un nouveau conditionnement.
Afin d'assurer un approvisionnement régulier en crabes pour l'usine, la société a recrutée en 1988 huit groupes de 10 pêcheurs et les a équipés d'engins de pêche et de pirogues. Ces pêcheurs sont des salariés que l'on dénomme "pêcheurs associés", ils pratiquent la pêche toute l'année et pèchent essentiellement à l'aide de balances. En 1988, six de ces groupes étaient installés dans la baie de la Mahajamba.
En 1989, 717 tonnes, de Scylla serrata ont été collectés et destinés à différents marchés. La société REFRIGEPECHE-OUEST, qui collecte 80% du total, les destinent au marché de l'exportation. La société PECHE-EXPORT a collecté 13% à destination du marché local. En sus, les marchés locaux de Mahajanga et d'Antananarivo ont absorbés 6,5% du total de collecte, fournis par des petits mareyeurs.
Les produits de la REFRIGEPECHE-QUEST sont exportés et commercialisés en France par la société GELPECHE. La société connaît cependant des difficultés financières liées à la chute du prix du crabe sur le marché français. En effet, la concurrence exercée par certains pays comme la Thaïlande qui exporte en France la chair de Scylla serrata à moins de 26 FF/kg et la concurrence exercée par des produits tels que le "Surimi" ont entraîné la chute du prix du crabe de Madagascar. Le prix du kilogramme de chair est passé sur le marché français de 52 FF en septembre 1988 à 32 FF en février 1989.
Cette étude s'intéresse particulièrement aux captures et aux efforts de pêche pratiqués dans sept entités de mangroves des alentours de la ville de Mahajanga.
Les captures réalisées dans ces mangroves, entre avril 1989 et avril 1990 sont estimées à 430 tonnes. Au total, 80% des captures ont été obtenues avec deux engins de pêche, le crochet (38%) et la balance (42%). La pêche au crochet s'effectue sur les surfaces intertidales tandis que la pêche à la balance se pratique dans les chenaux marins et estuaires, par des fonds ne dépassant pas 15 mètres de profondeur.
Les quantités capturées sont caractérisées par la saisonnalité suivante: en fin de saison des pluies et au début de la saison sèche (mars avril, mai), les captures sont élevées; durant la saison sèche elles diminuent pour atteindre des valeurs minimales en septembre, octobre et novembre. Ensuite, elles augmentent (décembre, janvier et février), pour atteindre les valeurs élevées de la fin de la saison des pluies.
La fluctuation des captures est étroitement liée à l'effort de pêche pratiqué. Pour la pêche au crochet, les captures par unité d'effort sont élevés en fin de saison des pluies (>13 kilogrammes/jour). A ce moment, les captures par unité d'effort à la balance sont à leurs minimum (8 kilogrammes/jour).
Les crabes capturés sont essentiellement constitués d'individus mesurant entre 9 et 15 cm de largeur céphalothoracique. Dans les captures, les mâles dominent, surtout dans les grandes (>15 cm) classes de tailles. La composition sexuelle varie très peu au cours de l'année.
Les paramètres de la relation taille-poids sont pour les mâles: P = 0,5729 Lc2,58, pour les femelles: P = 0,39 Lc2,66. Les paramètres de croissance obtenus pour l'espèce sont: L¥ = 26 cm, K = 0,404, t0 = - 0,2464.
La mortalité totale (Z) trouvée est de 0,658, la mortalité naturelle (M) déterminée par la formule de PAULY (1985) est 0,53 et la mortalité de pêche (F) est 0,1252. L'âge à première capture correspond à une largeur céphalothoracique de 10,8 cm. Un coefficient (Z') qui inclue la mortalité et la migration à été déterminé comme égal à 6,29.
Les productions maximales équilibrées estimées par le modèle de THOMPSON et BELL (1934) varient entre 2,5 et 3,97 tonnes par km2 et par an, en fonction des différents âges à première capture (Tc50%). Au Tc50% obtenu en 1989, la production maximale équilibrée est de 3,8 tonnes/km2/an. Dans ces conditions, il apparaît que la PME en Scylla serrata dans les sept mangroves étudiées serait de 3.176 tonnes. Pour atteindre la PME, il faudrait multiplier la capture actuelle par 7,8 et augmenter l'effort pêche de 35 fois.
Cependant, les résultats obtenus selon ce modèle dépendent de l'interprétation faite de la courbe des captures. En effet, nous avons retenus l'hypothèse d'une migration comme explication des deux pentes observées.
Scylla serrata étant essentiellement une espèce subtidale la fraction importante de la population se trouve en deçà des zones intertidales. A Madagascar, cette zone est sous-exploitée et dépasse rarement 15 mètres de fond. En vue d'une augmentation des captures, il est donc souhaitable d'augmenter l'effort de pêche sur la zone subtidale au moyen d'engins adaptés à cette pêche en eaux plus profondes (casiers, balances). Toute augmentation de l'effort de pêche dans cette zone devrait s'accompagner d'une augmentation de la production, particulièrement en période de captures par unité d'effort élevées. Dans la situation actuelle d'exploitation, les captures des pêcheurs associés augmenteraient si ils exploitaient le crabe au crochet entre janvier et mars.
La pêche au Scylla serrata se pratique à pied où à partir d'une pirogue à l'aide de différents engins de pêche.
La pêche à pied s'effectue au moment des basses-eaux sur les étendues intertidales découvertes. Elle se pratique également en bordure des chenaux. Les crabes sont souvent trouvés cachés dans des terriers remplis d'eau; ils en sont extrait à l'aide d'un crochet.
La pêche en pirogue nécessite différents engins tels que la balance et la ligne. Parfois des crabes sont capturés dans les "valakira" . Le casier est rarement utilisé. Lorsque les crabes se déplacent dans les eaux peu profondes en bordure des chenaux et des estuaires, ils sont visibles par transparence de l'eau et sont capturés à l'aide d'une raquette.
Les résultats de l'étude socio-économique ont prouvé que les pêcheurs de la région ne pratiquent pas uniquement la pêche au crabe mais également d'autres types de pêche (crevette, poisson, requin...). Ils pratiquent parallèlement l'agriculture.
Entre avril 1989 et mars 1990, 685 personnes ont pratiqués la pêche au crabe au moins une fois dans l'année. Cependant, le nombre de pêcheurs actifs durant une quinzaine ne dépasse pas 280. Le calendrier cultural montre une correspondance entre les activités agricoles et la période de faible effort de pêche.
L'âge moyen des pêcheurs est de 31,6 ans et 80% d'entre eux sont illettrés. La durée de vie de la pirogue est limitée à deux ans et elle coûte 20.000 FMG. Les bovins ne constituent pas un investissement important pour le pêcheur de crabes. Le prix offert au pêcheur pour le crabe (200 FMG par kilogramme) n'est pas très motivant en comparaison des prix offerts pour d'autres produits (crevettes, poisson...). L'activité de pêche au crabe se pratique pour financer des besoins particuliers.
Dix simulations ont été faites. Les quatre premières sont au niveau de production de 1988 (513 tonnes), et les autres sont au niveau maximum de production de l'usine (1.000 t).
L'activité du crabe n'est rentable que sous les conditions retenues à travers les simulations proposées:
(i) Une utilisation maximale des capacités de production de l'usine, avec une bonne ventilation commerciale des produits usinés, associé à
(ii) Des coûts de transport du crabe entre les mangroves et l'usine subventionnés, ou
(iii) Une augmentation des prix.
Afin de vérifier l'option (ii), un modèle économique a été élaboré faisant apparaître l'activité de pêche du crabe, associé à la collecte. Les hypothèses retenues étaient celles d'un bateau de 26 CV, fourni gratuitement (eg. don japonais). La capture annuelle totale estimée à 39 tonnes produit un résultat nul (ou les coûts de fonctionnement sont équivalent à la valeur de la production) à un prix de 2,5 FF/kg, soit le double du coût du crabe dans la simulation IX. Donc, même dans le cas ou des bateaux seraient fournis gratuitement, la pêche artisanale au crabe ne peut pas subventionner le transport.
Une augmentation du prix de la chair de crabe de 32 à 40 FF produit un petit bénéfice. Dans cette situation, la société n'aura théoriquement pas de problèmes de flux de trésorerie. Il est à noter que dans cette simulation, le meilleur bénéfice est réalisé si toute la production est passée en chair, pinces cocktail et coquilles.
La stratégie de la société doit donc se concentrer sur la recherche de produits et de marchés plus porteurs que celui actuel de la chair de crabe.
Compte tenu de l'apport en devises non-négligeable, de l'impact important de l'activité du crabe sur l'emploi local et de la valorisation intéressante que représente le crabe en tant que produit national, une subvention de l'Etat serait à envisager, sous forme d'un programme d'aide à la recherche de marchés et au développement de produits.
Malgré une production de devises importante au niveau de l'économie nationale, l'activité de REFREGEPECHE semble souffrir du fait des prix faibles à l'exportation.
Les prix offerts ne sont pas motivants pour les pêcheurs indépendants, pour qui les ventes de crabe représentent une activité répondant à des besoins ponctuels. Il y a aussi une rotation importante des pêcheurs des groupements, ce qui traduit une insatisfaction sur les conditions de travail.
Les coûts de collecte semblent être l'élément majeur, associés aux prix du crabe traité à l'exportation, qui grèvent le bilan financier et limitent les prix aux producteurs. Certaines mesures pourraient remédier à cette situation:
(a) Réduire la fréquence de la collecte auprès des pêcheurs indépendants à une rotation par quinzaine, synchronisée avec les marées d'eau vive, période où la pêche au crochet est possible. La collecte auprès des pêcheurs associés devrait continuer comme à présent, puisque la pêche à la balance qu'ils pratiquent n'est pas liée aux marées. Comme les groupements sont concentrés surtout dans la Mahajamba, une réduction de près de moitié de l'effort de collecte est possible.
(b) Reconvertir les pêcheurs associés à la pêche au crochet entre janvier et mars et promouvoir la pêche à la balance chez les pêcheurs indépendants (en leur fournissant du matériel?) entre juin et octobre afin de bénéficier des périodes de forts taux de capture de ces engins.
(c) Effectuer une étude de marchés à l'exportation pour tenter d'identifier des prix plus portants; cette étude devrait aussi déterminer le type de produit adapté à tout nouveau marché, et aider aux essais de fabrication et de vente des produits adaptés.
La société REFRIGEPECHE-OUEST aura vraisemblablement besoin d'une aide pour accomplir le troisième élément. Cette aide se justifie par l'apport important de devises de la collecte de crabe en vue de l'exportation et du nombre d'emplois crées au niveau de la pêche traditionnelle et du conditionnement.
En raison de l'effort de pêche minime par rapport à celui qui donnerait la production maximale équilibrée, aucune mesure d'aménagement de la pêcherie ne semble nécessaire; les augmentations des coûts liées à la pêche limiteront les captures aussitôt que les taux de celles-ci fléchissent.
Les recherches additionnelles sur la ressource devraient comporter des études sur les biomasses dans les zones de pêche, ainsi que sur les phénomènes de migration et de mortalité naturelle. L'analyse des donnés récoltées sur la deuxième année doit être effectuée.
Un complément de l'étude socio-économique touchant le reste de la population des mangroves permettrait une meilleure interprétation de la présente étude.
M. CHRISTOPHE, V., Direction de la Pêche et de l'Aquaculture.
Mlle. RAZAFINDRAINIBE, H., CNRO.
M. DESFOSSET.Y., société Réfrigépêche-Ouest.
M. RAFARAMANDIMBY, S.C., Chef CIRPA, Tolagnaro.
M. RALIERISZA, F.A., DASS/DPA.
M. EDALY, DPA.
M. RABESALAMA, A.R., DPA.
M. RABENORANTSA, L.. DPI/SPI.
M. RABENEVANANA, M-W., UFSH.
M. RALIJAONA, Ch.. UFSH. i
M. MARA.E.R., UFSH.
M. RAHARIMANANA, FI., DPA/DPM.
M. RAMANANTONIAINA, UFSH.
Mme. RAMIALISON A., UFSH.
M. SANDERS, M. J.. Projet OISO.
M. BAUTIL, B., Projet OISO.
M. ARDILL, D. Projet OISO.
Mlle. TOURETTE, S., consultant OISO.
Bruno R. BAUTIL1
Jonah RAMANANTONIAINA2
Guido CARRARA1
1. Introduction3
2. Méthodes et résultats
3. Discussion
4. Conclusions
References
Annexe I: Tableaux
Annexe II: Figures
Annexe III: Formulaires
Annexe IV: Progressions Modales
1
FAO Fishery Project
B.P.487, Victoria, Seychelles2 U.F.S.H., Université de Toliara, B.P.141, Madagascar
3 Nous remercions la Direction de la Pêche et de l'Aquaculture et son directeur Monsieur Charles ANDRIANAIVOJAONA pour le support apporté durant le déroulement de cette étude. La coopération des dirigeants de la société REFRIGEPECHE-OUEST a permis l'implantation rapide et efficace du système de collecte de données. L'attention de Monsieur Yves DESFOSSÈT a permis le bon déroulement de cette opération, qu'il trouve ici l'expression de notre reconnaissance.
Nos remerciements vont également à notre collègue du projet OISO, M. J. SANDERS pour l'aide précieuse dans l'analyse des données.
Enfin, pour avoir volontiers répondu aux innombrables questions concernant leur pêche, nous remercions les pêcheurs de la région
1.1. Contexte
En septembre 1988, à la suite d'une mission du projet régional de la FAO pour le développement et l'aménagement des pêches dans l'Océan Indien Sud-Occidental (projet OISO, RAF/87/008), l'administration des pêches de Madagascar a demandé la conduite d'une étude de la ressource en crabes des mangroves du Nord-ouest du pays. En mars 1989, le système de collecte des données a été implanté au sein de la société REFRIGEPECHE-OUEST. Cette étude menée en collaboration avec le projet national de la FAO, intitulé "Développement des pêches et formation des cadres" (MAG/84/002) devait couvrir deux années, 1989 et 1990.
Les objectifs, en plus de la formation des homologues malgaches en techniques d'estimations des ressources, étaient de déterminer le niveau actuel d'exploitation et la production maximale équilibrée (PME) de la ressource en crabes.
La représentation du PNUD a accordé un financement pour ces études ainsi que pour le déplacement du chercheur malgache durant un mois au sein du projet OISO pour l'analyse conjointe des données.
Les résultats présentés ici couvrent la première année de collecte de données, entre avril 1989 et avril 1990. Les données collectées pour la deuxième année couvrent la période entre avril 1990 à avril 1991; elles sont saisies sur ordinateur et doivent être analysées ultérieurement.
1.2. Présentation de la pêcherie
1.2.1. Généralités
Madagascar, avec 3.200 km2 de mangroves, possède une ressource en crabes des mangroves, Scylla serrata. Ces mangroves se répartissent essentiellement sur la côte Ouest du pays.
LE RESTE et al. (1976), d'après les statistiques du service des pêches, signalent qu'entre 1970 et 1973 la capture moyenne de crabes vendus sur le marché intérieur, pour l'ensemble du pays, était de 178 tonnes. Pour l'année 1987, ROULLOT (1988) signale une valeur de 200 tonnes pour le marché intérieur.
En 1984, la société REFRIGEPECHE-OUEST débute dans la région de Mahajanga un achat de crabes, de crevettes et de poissons auprès des pêcheurs traditionnels. A cette époque, les pêcheurs particuliers apportaient eux-mêmes leurs produits directement au siège de la société.
En juin 1987, la société démarre sa propre collecte de crabes dans les différentes mangroves. Elle installe alors des collecteurs-boutiquiers au sein des neufs différentes mangroves de la région (Figure 1). Ces collecteurs-boutiquiers achètent le crabe aux pêcheurs et disposent d'une boutique où ils vendent des produits de première nécessité (riz, allumettes, savon, etc...). Ils revendent le crabe à la société avec un bénéfice de 25 FMG par kilogramme4.
4
Le prix d'achat au pêcheur est de 200 FMG/kg, la société offre 226 FMG/kg.
C'est au moyen de vedettes achetées où louées à des particuliers que la société collecte régulièrement les crabes auprès des collecteurs-boutiquiers. Ceux-ci n'achètent aux pêcheurs que les crabes vivants; ils rejettent tous les crabes morts. Entre le moment où le crabe est capturé par le pêcheur et le moment ou il remet sa capture au collecteur, il peut s'écouler trois ou quatres jours. On ne connaît pas la mortalité de crabes qui existe à ce niveau5.
5
Une étude au niveau des collecteurs permettrait de connaître l'importance de cette mortalité et de proposer des remèdes.
Durant l'année 1987, les produits ont été exportés, essentiellement en morceaux congelés, vers le marché de la Réunion dont le potentiel d'absorption est estimé à 200 tonnes de crabes entiers par an.
En janvier 1988, une usine moderne de traitement du crabe a été construite à Mahajanga. Sa capacité annuelle de traitement s'élève à 1.000 tonnes de crabes entiers lavés. Cette usine permet un conditionnement du crabe en "entier-cuit-congelé", en "morceaux-crus-congelés", en "pinces-entières-cuites" et en pinces dites "cocktail"6. A partir du mois de mars 1988, une chaîne d'extraction de chair de crabe était opérationnelle et la chair de crabe surgelée constituait un nouveau conditionnement.
6
Il s'agit d'une pince cuite dont une partie de la carapace a été enlevé de manière à rendre la chair directement accessible à la consommation.
La zone d'exploitation s'est agrandie suite à la création de l'usine, et la pêche artisanale du crabe s'est développée de manière plus importante qu'ailleurs dans la région comprise entre le cap St André et la baie de la Mahajamba. Depuis, les 6 vedettes de la société collectent chaque semaine le crabe dans 17 centres implantés dans neufs mangroves. Celles-ci totalisent une superficie de 959 km2 de formation végétale. La baie de la Bombetoka était exclue de la zone de collecte de la société, servant à approvisionner le marché local. On estime pour cette même année que plus de 500 pêcheurs de crabes étaient fournisseurs à la REFRIGEPECHE-OUEST.
En 1988, afin d'assurer un approvisionnement régulier en crabes, la société a recrutée 8 groupes de 10 pêcheurs et les a équipés d'engins de pêche et de pirogues. Ces pêcheurs sont des salariés que l'on dénomme "pêcheurs associés". Ils pratiquent la pêche toute l'année, essentiellement à l'aide de balances. Six de ces groupes étaient installés dans la baie de la Mahajamba.
En 1989, la superficie de la mangrove exploitée par la REFRIGEPECHE-OUEST s'est quelque peu réduite, les baies situées tout au Sud (Vilamatsa et Antahaly) ne sont plus visitées et la superficie des mangroves exploitées (toujours en excluant la Bombetoka) est estimée à 831 km2. Une autre société, PECHE EXPORT, collectait également dans les mangroves environnantes de Mahajanga.
Durant cette année, la REFRIGEPECHE-OUEST a également modifiée sa stratégie en diminuant la fréquence de collecte des bateaux dans les mangroves afin de réduire les frais de transport qui constituent une charge importante (prix du carburant). Le prix offert aux pêcheurs pour le crabe livré à l'usine s'élevait à 600 FMG par kg. Cela a amené de nombreux pêcheurs des mangroves avoisinantes à vendre eux-mêmes leurs crabes à l'usine, plutôt que de le vendre aux collecteurs qui n'offrent que 200 FMG. A partir du mois d'avril 1989, les crabes de la baie de la Bombetoka formaient une part régulière des livraisons, les pêcheurs venant régulièrement vendre leurs captures à l'usine.
Les captures destinées à la REFRIGEPECHE-OUEST ne représentent qu'une partie des crabes capturés. En effet, le reste constitue:
- l'autoconsommation de crabes par les pêcheurs (environ 5% des captures livrées au collecteurs d'après J. RAZAFAMANDIMBY 1989).
- le commerce destiné à PECHE EXPORT et aux marchés locaux de Mahajanga, d'Antananarivo et autres (environ 20% du total en 1989).
1.2.2. Méthodes de pêche
On distingue deux façons de pêcher le crabe: à pied ou à partir d'une pirogue. Habituellement, la pêche se pratique par équipe de deux.
- La pêche à pied se pratique lors des basses-eaux sur les étendues intertidales alors découvertes ou en bordure des chenaux dans des endroits faiblement immergés. Sur les étendues intertidales découvertes, les crabes sont souvent trouvés dans des terriers remplis d'eau; ils en sont extrait à l'aide d'un crochet. Lorsque les crabes se déplacent dans les eaux peu profondes où ils sont visibles par transparence, ou lorsque ils sont à même le sol, ils sont capturés à l'aide d'une raquette.
- La pêche en pirogue nécessite différents engins tels que la ligne, l'hameçon et la balance. Le casier est rarement utilisé. Parfois des crabes sont capturés dans les "valakira"7. Lorsque un pêcheur en pirogue repère un crabe près de la rive, il peut descendre dans l'eau muni de deux raquettes dont il se sert à la manière de cuillères pour attraper les crabes.
7
Barrage côtiers pour capturer les crevettes.
A Madagascar, les pêcheurs de la région ne pratiquent pas uniquement la pêche au crabe; d'autres produits marins (crevettes, poisson, requin...) sont également péchés. L'agriculture se pratique parallèlement. Entre avril 1989 et mars 1990, 685 personnes ont pratiqués la pêche au crabe au moins une fois dans l'année. Cependant, le nombre de pêcheurs actifs durant une quinzaine ne dépasse pas 280 (HOEKSTRA et RAZAFINDRAINIBE, 1989).
Les prises de crabes varient en fonction de l'efficacité du pêcheur, de la saison et des phases lunaires.
Une fois péchés, les crabes sont acheminés par le pêcheur vers un centre de collecte où l'embarquement sur les vedettes de la société a lieu à destination de l'usine. L'acheminent des crabes vers l'usine peut prendre plusieurs jours. Pour les baies éloignées, entre le moment où le crabe est capturé par le pêcheur et le moment où il est traité à l'usine, il peut s'écouler jusqu'à 6 jours. En 1988, la société signale qu'environ 14% des crabes destinés à l'usine sont morts durant le transport en vedettes.
Il est essentiel de maintenir un environnement humide afin de diminuer la mortalité des crabes durant le transport; en effet si ceux-ci perdent 10% de leur poids en eau, ils meurent (N. C. GILLEPSIE, communication personnelle). Afin d'éviter cette dessiccation des crabes durant le transport, les pêcheurs les entourent d'une couche de boue humide. Pour cette raison, la société accepte un certain pourcentage de boue dans les captures. En 1988, en effectuant les pesages des crabes avant et après le lavage, elle a déterminée que le poids des crabes sans boue était en moyenne de 86% du poids total collecté dans les centres (14% de boue).
1.2.3. La répartition du Scylla serrata au sein des différents biotopes associés à la mangrove.
Scylla serrata est essentiellement une espèce subtidale et la fraction importante de la population d'adultes se trouve en permanence dans les zones immergées.
HILL, WILLIAMS et DUTTON (1982) signalent qu'en Australie, tous les stades (juvéniles, subadultes et adultes) utilisent la zone intertidale. Les juvéniles (20-80 mm de largeur céphalothoracique) se rencontrent dans la mangrove proprement dite ou dans les formations de phanérogames aquatiques qui constituent un abri. Ils demeurent dans ce biotope lorsque la marée se retire.
Les subadultes et les adultes, par contre, migrent dans la zone intertidale à marée haute, et la grande partie se retirent avec la marée basse, bien que bon nombre d'entre-eux restent dans cette zone intertidale à marée basse, réfugiés dans des terriers pleins d'eau. Le repeuplement des terriers de la zone intertidale se fera en fonction de la marée et donc du cycle lunaire.
RAZAFIMANDIMBY (1989) observe en effet, que les captures des pêcheurs traditionnels de la baie de la Mahajamba sont plus élevées lors des vives eaux de la pleine lune et de la nouvelle lune que durant les autres phases lunaires. Il signale également, "La productivité élevée au mois de mars coïncide avec la fin de la saison des pluies où les sorties en mer sont devenues favorables. Dans les mangroves, les stocks de crabes dans les terriers sont renouvelés après le débordement du fleuve."
L'importance des terriers de la zone intertidale pour l'accouplement de la population de crabes, est discutée:
- en Australie, HILL (1984) signale que les terriers ont un rôle de protection durant la mue et durant l'accouplement (l'accouplement est obligatoirement précédé d'une mue "précopulatoire" de la femelle);
- à Madagascar, LE RESTE (1976) constate: "il est probable que c'est au fond de ces terriers que se produit le plus souvent l'accouplement". Plus récemment, RAZAFAMANDIMBY (1989) signale, que dans la baie de la Mahajamba, les terriers sont en général occupés par des couples de crabes, surtout pendant la période de mai à août, c'est à dire après la saison des pluies.
Les terriers de la zone intertidale semblent bien être un lieu d'accouplement fréquent des crabes, mais ils ne constituent pas l'unique endroit d'accouplement. En effet HILL (1975) a capturé, dans des casiers posés en estuaire par des fonds de 3 à 5 mètres, 24 couples de crabes en phase d'accouplement. Dans trois cas, les crabes sont entrés dans le casier durant la copulation. La femelle était alors tenue renversée sous le mâle et avait subi la mue précopulatoire. Dans les 21 autres cas, la femelle était sur le dos du mâle et n'avait pas encore subi cette mue.
1.2.4. Mesures d'aménagement de la pêche au crabe des mangroves
A Madagascar, il n'existe pas de mesures d'aménagement de la pêche au crabe. Cependant, les crabes de petites tailles (< 9 cm8), sont évitées, notamment pour des raisons de rendement à l'extraction.
8
Les tailles sont exprimées en largeur-céphalothoracique.
A titre de comparaison, en Australie dans le Qeensland, la législation protège totalement les femelles et interdit la capture des mâles d'une taille inférieure à 15 cm. Dans le New South Wales, les femelles sont également protégées et la taille minimale de capture des mâles est fixée à 12,7 cm.
Par contre, HILL (1984) signale qu'en Asie du sud-est il n'existe aucune mesure de protection du stock de crabes et les tailles marchandes sont comprises entre 8 et 9 cm avec une préférence du consommateur pour les femelles matures.
Dans les pêcheries de crabes développées d'Asie du sud-est, la population subtidale est intensément exploitée à l'aide de casiers. La Thaïlande, par exemple, a produit entre 1980 et 1987 une moyenne de 4.327 tonnes de crabes par an (FAO Statistical Year Book, 1989). Dans ces pays, la pêcherie existe depuis de nombreuses années et on n'observe pas de diminution des captures.
1.2.5. La transformation des produits au sein de la REFRIGEPECHE-OUEST
L'objectif de la société REFRIGEPECHE-OUEST est de traiter 1.000 tonnes par an de crabes lavés vivants, ce qui correspond à la capacité de l'usine. La chaîne d'extraction de chair permet une production de 400 kilos/jour, soit le traitement de 2,2 tonnes de crabes entiers passés à l'usinage9. La quantité de crabes usinés (entiers vivants lavés) a été de 513,5 tonnes en 1988. Cette production se répartit comme suit:
9
Le rendement de chair à l'extraction est donc de 18%.- 381,5 tonnes ont été transformées en 69,804 tonnes de chair (soit 18,3% de rendement à l'extraction);
- 129,3 tonnes ont produit 71,644 tonnes de morceaux congelés (rendement de 55.4%);
- 2,1 tonnes de crabes entiers crus congelés ont été produits;
- 0,6 tonnes de crabes entiers ont été vendus localement.
La chair du crabe, préalablement cuit, est soufflé au moyen d'un fin tube propulsant de l'air comprimé. Celui-ci est introduit dans les parties cartilagineuses contenant la chair qui est expulsé hors de la carapace sur la paroi latérale de la chambre de manipulation d'ou elle peut être recueillie. D'autres pays produisent de la chair de Scylla serrata, cependant elle est souvent extraite manuellement.
La chair de crabe est conditionnée en pains de 2 kilos, 400 grammes et 200 grammes. Auparavant, les pains étaient constitués d'un mélange de chair brune (45%) et de chair blanche (55%), ce qui reconstituait la proportion de chair brune (pinces et pattes) et de chair blanche (corps) présente dans le crabe avant traitement. Actuellement, la chair mélangée étant peu appréciée sur le marché français, la chair brune et la chair blanche sont conditionnées séparément. Les pains de chair sont exportés et commercialisés en France par la société GELPECHE.
La commercialisation du produit est cependant lié à la concurrence exercée par certains pays comme la Thaïlande qui exporte en France la chair de Scylla serrata à moins de 26 FF/kg et par des produits tels que le "Surimi 10, le prix du kilogramme de chair de crabes de Madagascar est passé sur le marché français de 52 FF en septembre 1988 à 32 FF en février 1989. Par la suite, l'usine c'est orientée vers la fabrication de "plats préparés"
10
Produit à base de poisson, aromatisé au crabe et présenté sous forme de bâtonnets ou de pinces de crabes.
2.1. Collecte de donnés
2.1.1. Données de captures et d'effort
La source de données principale de cette étude provient de la collecte de données effectuée en collaboration avec la société REFRIGEPECHE-OUEST entre avril 1989 et avril 1990. Ce système a permis de suivre l'évolution des captures et des efforts de pêche dans sept des neufs mangroves de la région située entre le Cap St. André et la baie de la Mahajamba (Figure 1), comprise entre 14°30' et 16°30' de latitude Sud et de 43°30' et 47°30' de longitude Est. Les deux mangroves les plus au Sud (Vilamatsa et Antahaly), bien que collectées antérieurement, n'étaient pas inclues entre avril 1989 et 1990. La baie de la Bombetoka n'était également pas inclue dans la période échantillonnée.
Les données de captures-effort étaient récoltées sur un formulaire spécifique (Annexe III). Les captures individuelles réalisées par les pêcheurs et l'effort de pêche (en jours de pêche) investi pour réaliser cette capture ont été enregistrés par les collecteurs et les chefs de groupe des centres de collecte. Les collecteurs privés ont interrogé les pêcheurs à chaque vente de crabe (environ une fois par semaine). Une liste des pêcheurs de chaque centre a été établie par le collecteur et un code a été attribué a chacun d'eux. Les chefs de groupement de pêcheurs ont récoltés de manière quotidienne les renseignements.
Pour chaque capture remise au collecteur, la date, le nom, le code du pêcheur, le nombre de jours de pêche, la capture par engin de pêche et le poids total capturé ont été notés. A chaque embarquement des crabes vers l'usine, le collecteur remettait les fiches au patron de la vedette qui notait la date de remise. Une fois par semaine, les formulaires de chacun des 17 centres et des 8 groupes de 10 pêcheurs revenaient à l'usine sur les bateaux de collecte. Les données de chaque centre étaient alors saisies sur ordinateur en utilisant un programme créé en dBase III Plus. Une fiche de saisie de données par pêcheur consistait à introduire:
- Le code du pêcheur;
- Le nombre de jours de pêche;
- Le poids capturé au crochet, à la balance, à la raquette ou au valakira et enfin
- le poids total capturé.
Les fiches "capture-effort" de 20 pêcheurs en moyenne ont été récoltées pour chaque centre de collecte par semaine. Pour les 17 centres, cela a fait 340 fiches individuelles. Pour les 80 pêcheurs des groupes, chacun péchant 5 jours, cela a fait 400 fiches "capture-effort" par semaine. Afin de faciliter la saisie et le traitement des données, les mangroves et les centres de collectes ont été codifiés (Annexe III).
La REFRIGEPECHE-OUEST étant le seul acheteur de crabe dans de nombreuses mangroves, les quantités totales vendues sont connues. Pour les baies rapprochées, les pêcheurs livraient parfois directement leurs crabes à l'usine, et l'échantillonnage ne couvrait qu'une partie des captures totales.
Par ailleurs, la société a fourni les poids de crabes en provenance de chaque mangrove entre janvier 1988 et avril 1990. Ces données étaient notées sur les formulaires reproduits en Annexe III et ultérieurement saisies et analysées à l'aide d'un programme crée en dBase III Plus.
2.1.2. Données taille-poids
Aux débarquements à l'usine, les largeurs céphalothoraciques de cinq cents individus mâles et femelles ont été mesurés au millimètre près au pied à coulisse et pesés au gramme près. Les mesures étaient récoltées sur un formulaire spécifique (Annexe III). Des individus de toutes les tailles ont été choisis afin de couvrir l'éventail de tailles présents dans les captures.
2.1.3. Données fréquence-longueur
A chaque débarquement de crabes en provenance des centres de collecte, un échantillon constitué d'un panier (20 kg) était prélevé au hasard. L'échantillonnage s'est fait de manière à ce que chaque centre ait été échantillonné trois fois par mois. Lorsque la capture d'un centre dépassait 700 kg, deux paniers (40 kg) de crabes étaient échantillonnés. La mesure de la largeur céphalothoracique était effectuée entre les épines latéro-postérieures de tous les crabes présents dans chaque échantillon. Les largeurs des crabes ont été notés, pour chaque sexe séparément, classés en intervalles de taille de 1 cm sur le formulaire reproduit à l'Annexe III.
De plus, pour chaque échantillon, les informations suivantes ont été récoltées et saisies sur ordinateur
Le nom et le code du centre de collecte échantillonné, le poids de l'échantillon, la date de départ de la vedette du centre (la date à laquelle les captures du centre d'où provient l'échantillon ont été embarquées sur le bateau de collecte - cela a permis de faire la correspondance entre la capture et l'effort de pêche de ce centre, récolté sur le formulaire de l'Annexe III) et enfin, la date de l'échantillonnage effectué à l'usine.
Enfin, des informations complémentaires sur les collectes d'autres commerçants de crabes de la région ont été obtenues par le Service Provincial de la Pêche et de l'Aquaculture de Mahajanga.
2.2. Les poids de Scylla serrata collectés par les opérateurs et les captures réalisées en mangroves
2.2.1. Données utilisées
Les sources de données utilisées pour l'analyse ont été :
- Les poids mensuels de crabes vivants lavés collectés par la REFRIGEPECHE-OUEST dans chaque mangrove entre janvier 1988 et avril 1990;
- Les captures réalisées par les pêcheurs, obtenues par l'intermédiaire les enquêtes de "captures-effort" réalisées par des collecteurs auprès des pêcheurs entre avril 1989 et avril 1990;
- Les informations du Service de la Pêches et de l'Aquaculture sur les quantités collectées par les autres commerçants de la région.
2.2.2. Résultats
a) Les poids totaux de crabes collectés dans les dix mangroves de la région par les opérateurs commerciaux en 1989.
En 1989, les crabes collectés en provenance des dix mangroves situées entre le cap St André et la baie de la Mahajamba (Bombetoka inclue) se répartissent comme suit:
- 577,5 tonnes de crabes lavés vivants ont été traités à la REFRIGEPECHE-OUEST. De ce total, 495,6 tonnes provenaient des collecteurs des dix mangroves et des groupements de pêcheurs, 60,3 tonnes provenaient de la baie de la Bombetoka (10%), les 2,4 tonnes restantes ont été livrées à la société par des particuliers;
- 94,1 tonnes de crabes ont été collectés par la société PECHE-EXPORT;
- 46,8 tonnes ont été collectés pour le marché local de Mahajanga et d'Antananarivo.
Au total, 718 tonnes de crabes vivants ont été commercialisés. Ce chiffre ne tient pas compte de l'autoconsommation, de la mortalité au transport, ni de la mortalité des crabes au niveau du pêcheur.
La REFRIGEPECHE-OUEST a réalisé 80%, du poids total de crabe commercialisé. Les quantités destinées aux marchés locaux de Mahajanga et d'Antananarivo ont représentés 6,5% et la société PECHE EXPORT a réalisé 13% du total commercialisé.
b) Les poids de crabe collectés par la REFRIGEPECHE-OUEST entre janvier 1988 et avril 1990. l'importance des différentes mangroves et la saisonnalité de la collecte.
Le Tableau 1 récapitule les poids de crabes vivants collectées par la REFRIGEPECHE-OUEST dans les neufs mangroves entre janvier 1988 et avril 1990 (Bombetoka exclue). Elles sont passées de 562 tonnes en 1988 à 413 tonnes en 1989. Entre avril 1989 et avril 1990, le total était de 387 tonnes.
Pour ces périodes, la mangrove la plus importante était celle de la Mahajamba qui totalise plus de 30% des collectes annuelles (Figures 2, 3 et 4). La seconde mangrove en importance est celle de Namakia-Kompasy qui totalise près de 20% des collectes annuelles. Les mangroves de Baly et Marambitsy représentent chacune près de 10%. Marosakoa représente 8,6%, Boeny 7,3% et Ampasimariny 4% des quantités collectées.
Les quantités de crabes collectés (Figure 5) sont caractérisées par un maximum en fin de saison des pluies-début de saison sèche, de mars à juin, suivi d'une diminution de la collecte durant la période des vents forts du Talio" (juillet-août). Le minimum est atteint aux mois de septembre-octobre. Par la suite, les collectes s'accroissent à nouveau au début de la saison des pluies, d'octobre à février. La baisse de collecte du mois de janvier coïncide avec les fêtes de fin d'année et une diminution de la fréquence de collecte des vedettes.
La saisonnalité décrite ci-dessus se retrouve pour chacune des mangroves. Par ailleurs, elle est indépendante de la fréquence de collecte de la société qui est demeurée la même, à raison d'une visite par baie par semaine, quelque soit le mois (sauf la fin d'année). Les diminutions des quantités collectées sont donc attribuables à une réduction des captures durant certaines périodes de l'année. Cette réduction peut être due soit à une diminution de l'effort de pêche, soit à une diminution de l'abondance des crabes, ou encore à la combinaison de ces deux facteurs.
c) Les captures réalisées et l'importance des engins de pêche dans sept mangroves de la région entre avril 1989 et avril 1990.
Cette analyse se base sur les enquêtes "captures-effort" réalisées par l'intermédiaire des collecteurs privés auprès des pêcheurs entre avril 1989 et avril 1990. Elle couvre sept des dix mangroves de la région (Tableau 2).
Un total de 405 tonnes de crabes ont été livrés aux collecteurs. Une mortalité intervient durant le transport entre les mangroves et l'usine qui, d'après les données fournies par la société, s'est élevée à 56,7 tonnes (14%). Ainsi, 348 tonnes de crabes vivants ont été débarqués à l'usine. Par ailleurs, 26 tonnes de crabes ont été vendus directement à l'usine par les pêcheurs des environs de Mahajanga.
Au total, la quantité de crabes capturés dans les sept mangroves, entre avril 1989 et avril 1990, s'élève à 430 tonnes et la quantité traitée par l'usine à 374 tonnes.
Pour les deux raisons cités ci-dessus les données du Tableau 2 ne correspondent pas à celles du Tableau 1.
Les captures les plus importantes, constituant 42% du total, ont été réalisées à la balance (Figure 6). Les captures au crochet ont constitué 38% du total, celles réalisées à la raquette 16%, à la ligne 3% et au "valakira" 1%.
Pour les baies de Mahajamba, de Baly et de Marosakoa, la majorité des captures sont réalisées à la balance (49,7%, 56,1% et 77,5%). Dans les baies de Namakia-Kompasy et Marambitsy, la majorité des captures sont réalisées au crochet (51,1% et 92,%) (Figure 7).
En suivant l'évolution mensuelle des captures par engin de pêche pour l'ensemble des mangroves confondues, on constate (fin du Tableau 2)11 que les quantités mensuelles capturées au crochet sont très variables, étant comprises entre 3,2 tonnes et 23,8 tonnes. Les maximums s'observent en fin de saison des pluies aux mois de mars, avril et mai. A partir de mai, les captures diminuent pour atteindre le minimum en septembre. Par la suite, elles s'élèvent à nouveau (Figure 8).
11
Rappelons que les captures au crochet et à la balance, représentent 80 % des captures totales.
Les captures réalisées au crochet, varient entre 14,8 et 54,8% de la capture totale. Aux mois d'avril, mai février et mars 1990, elles font plus de 44% de la capture totale. Pour les autres mois les captures réalisées au crochet sont moins importantes et représentent entre 14,8% et 32,6% du total. L'effet saisonnier sur les captures réalisées au crochet est donc fort marqué.
Les quantités mensuelles prises à la balance varient moins que celles observées au crochet et sont comprises entre 10,5 tonnes en octobre et 17,4 tonnes en décembre, les minimums étant atteint en septembre-octobre et en avril. Le minimum de capture en avril correspond au maximum observé au crochet. Exprimés en pourcentages de la capture totale, les captures à la balance varient entre 25,6 et 59,2%. L'effet saisonnier sur les captures réalisées a la balance est donc moins marqué que pour le crochet.
Les captures réalisées à la raquette varient entre 3,02 et 10,3 tonnes elles sont maximales en avril, mai et juin, en fin de saison des pluies. Elles baissent pour atteindre leur minimum en décembre et s'élèvent quelque peu les autres mois. Les captures réalisées à la ligne et au valakira sont relativement faibles et ne contribuent que peu aux captures totales. Le pourcentage mensuel maximal observé est de 5,7% pour la ligne et 1,64% pour le valakira.
Ainsi, les fluctuations des captures totales des pêcheurs et des quantités collectées par la société dépendent essentiellement des fluctuations observées au crochet, les captures à la balance étant plus stables. Elles sont dues à la conjonction de deux facteurs, d'une part de l'effort de pêche et d'autre part des captures par unité d'effort (CPUE).
2.3. L'effort de pêche et les CPUE
2.3.1. Données utilisées
Cette analyse se base sur les enquêtes "captures effort" décrites à la section 2.1.1.
2.3.2. Résultats.
a) Evolution des CPUE par engin
Pour l'ensemble des engins confondus, la moyenne des captures par unité d'effort est de 11,7 kilos de crabes par jour de pêche. Selon le mois, les captures varient entre 10,4 et 13,1 kilos (Tableau 3), ces variations sont relativement faibles (2,7 kilos).
Si on considère les engins séparément, on observe que la capture moyenne par unité d'effort réalisée au crochet varie entre 8,5 et 15,4 kg/pêcheur-jour. La moyenne annuelle est de 11,9 kg. Les captures sont élevées en saison des pluies à partir du mois de novembre, pour atteindre le maximum en mars (Figure 9). Ensuite, les taux de capture diminuent durant la saison sèche pour atteindre le minimum en septembre.
La pêche au crochet se pratiquant sur les zone intertidales, les CPUE élevés en saison des pluies indiquent une plus grande abondance des crabes dans les zones intertidales en cette période. Cette constatation confirme l'observation faite par RAZAFIMANDIMBY (1989) qui signale que dans la baie de la Mahajamba, au mois de mars, les stocks de crabes dans les terriers sont renouvelés après le débordement du fleuve.
Les captures journalières par pêcheur à la balance varient entre 8,1 et 14 kg, la capture moyenne étant de 11 kg. A l'inverse du crochet, les minimums des CPUE sont observés en janvier, février et mars, en fin de saison des pluies. Elles s'élèvent en avril et mai pour atteindre le maximum en juin et diminuent ensuite jusqu'en octobre. Les taux sont à nouveau élevés et près du maximum en novembre. Ainsi, de mai à décembre, les CPUE à la balance sont supérieures à celles au crochet; cette situation s'inverse de janvier à mars, et les taux de captures à la balance sont minimales lorsque celles au crochet sont maximales.
Pour la ligne, les CPUE varient entre 5,5 et 11,4 kg par pêcheur-jour, la moyenne étant de 8,3 kg. Pour la raquette, elles varient entre 9,7 et 17,3 kg par pêcheur-jour, la moyenne étant de 12,6 kg. Pour le valakira, elles sont comprises entre 1,9 et 15,3 kg par pêcheur-jour, la moyenne étant de 6 kg. L'utilisation de plusieurs engins à la fois donne des CPUE compris entre 14,7 et 21,9 kg, la moyenne étant de 16,3 kg par jour. Ainsi, les captures par pêcheur-jour les plus élevées sont obtenues en utilisant à la fois plusieurs engins, ensuite avec la raquette suivi successivement du crochet, de la balance, de la ligne et du valakira.
b) L'évolution des captures en fonction de l'effort de pêche
Pour permettre l'analyse de l'effort de pêche et des CPUE de chacune des mangroves, les captures ont été standardisées au crochet-jour et l'effort au pêcheur-crochet-jour (Tableau 4).
L'évolution mensuelle des captures, de l'effort de pêche et de l'effort standardisé sont présentés à la Figure 10. La corrélation entre ces courbes est étroite. Les maxima de captures et d'effort se situent entre mars et juin, avec un pic marqué en mai. Entre juillet et octobre, les captures atteignent leur valeur le plus bas, pour augmenter progressivement ensuite. L'effort suit sensiblement la même tendance.
Les CPUE standardisés se situent entre 10 et 12 kg par jour de pêche sauf en septembre-octobre. Les maxima s'observent en novembre et en mars. La courbe d'effort standardisé ne suit pas la même évolution que celle de la CPUE, ce qui indique que les pêcheurs sont peut-être motivés par d'autres éléments que les taux de capture.
La conjonction de l'effort de pêche peu élevé en septembre-octobre et des faibles CPUE expliquent le minimum de captures observées en septembre et octobre. En novembre, le minimum de l'effort s'accompagne de CPUE élevés. La conjonction d'effort et de CPUE élevés produit les maximums de captures observées en mars, avril et mai en fin de saison des pluies (Figure 11).
Globalement, les captures de crabes pour l'ensemble des mangroves sont étroitement liées à l'effort de pêche pratiqué: elles sont maximales lorsque l'effort est maximal et diminuent avec ce dernier. Comme nous l'avons signalé au chapitre précédent, les captures dépendent dans une moindre mesure des variations des CPUE dans la mesure ou à certaines périodes de l'année, la divergence des CPUE entre la balance et le crochet ont tendance à s'annuler pour produire une moyenne.
2.4. Les relations taille-poids.
Les relations taille-poids ont été établies à partir des donnés décrites à la section 2.1.2. Pour les mâles, les paramètres de l'équation exprimant le poids en fonction de la largeur carapace sont :
P = 0,5729 Lc 2,58
Pour les femelles ils sont:
P = 0,39 Lc 2,66
2.5. La répartition de taille des crabes capturés et la composition par sexe.
A partir des données de distributions mensuelles de fréquence de taille (section 2.1.3.; Tableau 5), les fréquences relatives et cumulées de chacun des sexes ont été calculées et les tailles moyennes déterminées (Figure 12).
La taille moyenne des mâles capturés a été établie à 12,66 cm et celle des femelles à 11,99 cm. (Tableau 6).
Pour chacun des deux sexes, plus de 90% des captures sont constituées d'individus entre 9 et 16 cm. (93% de mâles et 99,43% de femelles). Très peu d'individus ont été capturés inférieurs à 9 cm et supérieurs à 16 cm. Les mâles entre 15 et 16 cm constituent 10% des captures alors que les femelles n'en comptent que 4,9%.
Pour les mâles, les intervalles de classe les plus représentés (totalisant plus de 13% des individus) sont ceux de 10 à 15 cm. Pour les femelles les intervalles de taille les plus représentés dans les captures (plus de 11% par intervalle) sont ceux de 9 à 15 cm.
Les mâles dominent nettement dans les grandes tailles (>15 cm) atteignant près de 100% dans ces classes. Dans les intervalles de 6 à 15 cm, la proportion de femelles fluctue entre 38,9 et 50% (Tableau 7, Figure 13).
Au total, 241,7 tonnes de mâles ont été capturés, contre 163,6 tonnes de femelles. Les femelles constituent 40,4% du poids des captures. Le sexe ratio mensuel observé fluctue peu durant l'année avec un minimum de 37,5% de femelles observées en septembre et un maximum de 42,7% en mars (Figure 14).
2.6. L'estimation des paramètres de croissance du Scylla serrata
2.6.1. Méthode.
L'objectif était ici de déterminer, pour chacun des sexes les paramètres de croissance de l'équation de von BERTANLANFFY. Les données étaient ceux de longueur-fréquence (section 2.1.1.).
Les distributions de fréquence mensuelles de chaque échantillon pour une même mangrove et un même sexe ont été sommées sans pondération afin d'obtenir par mois pour l'ensemble des mangroves et chaque sexe une seule distribution (Tableau 5). La méthode de BATTACHARYA (1967) a ensuite été appliquée à chaque distribution mensuelle afin d'identifier les modes correspondant aux cohortes (Annexe IV).
Ces modes ont été arrangés latéralement de façon à obtenir une progression modale (Tableau 8). La croissance observée au sein d'une même cohorte (colonne) en six mois, correspond à la différence de taille entre modes de cohortes adjacentes (entre colonnes au sein d'une même ligne). Ceci indique, que le temps séparant deux cohortes est de six mois.
Ensuite, à chaque mode a été attribué un âge relatif à une date de naissance arbitrairement fixée au 15 Janvier ou au 15 juillet. Les âges absolus retenus ont été ceux pour lesquels la valeur de t0 est la plus proche de zéro (Tableau 9). Les couples "âge-largeur" pour chaque sexe ont alors servis à la détermination des paramètres de croissance de l'espèce en appliquant les méthodes décrite par SPARRE (1987) et par STAMATOPOULOS et CADDY (1989).
Dans tous les cas, l'hypothèse est que la croissance des crabes se conforme à l'équation de von BERTANLANFFY ci-dessous:
Lt = L¥ (1-exp(-K(t-to)))
où L¥ est la largeur moyenne des individus d'âge infini, K est le taux instantané de croissance, t0 est l'âge théorique à largeur nulle et Lt est la largeur à l'âge t.
2.6.2. Résultats
Les paramètres de croissance ont été déterminés pour les mâles par les deux méthodes (Tableau 10). Pour les femelles aucune des deux méthodes n'a donné de résultats vraisemblables.
Les paramètres moyens suivants ont été retenus pour l'espèce:
MALES ET FEMELLES |
|
L¥ | = 26 cm (largeur cephalothoracique) |
K | = 0,404/an |
to | = -0,2464 an |
La croissance chez les crabes est la résultante de deux phénomènes distincts:
- l'accroissement de taille à chaque mue (mue de croissance) et
- la durée séparant deux mues de croissance (période d'intermue).
ROBERTSON et KRUGER 12 ont déterminés les paramètres de la relation linéaire entre la largeur de carapace et la croissance de mue à cette taille.
12
Travaux réalises en Afrique du Sud, référence non identifiée(1) Y = 1,0960 + 0,1789 Lc (Lc < 115 mm)
(2) Y = 36,2141 - 0,1171 Lc (Lc > 115mm)
ou Y est la croissance en mm et Lc la largeur céphalothoracique. La taille à laquelle de croissance se modifie est de 115 mm. Cela correspond à la taille qu'ils ont observés en Afrique du Sud à laquelle le crabe atteint la maturité sexuelle..
La période d'intermue correspond à l'équation suivante:
(3) Y = 16,9353 e0,0167 Lc
ou Y est la durée de l'intermue en jours et Lc la largeur carapace. Les croissances obtenues à partir de ces deux équations sont schématisés à la Figure 15. L'équation de croissance selon von BERTANLANFFY qu'ils ont obtenue est la suivante:
(4) Lt = 188,2 (1-e-1,083(t+0.2143))3,0634
ou Lt est la largeur de carapace en mm et t l'âge.
Signalons que HEASMANN (1980) trouve pour des crabes maintenus dans une eau à 27° Celsius la relation suivante entre la période d'intermue et la taille :
(5) Y = 2.966+ 2,747 * Lc + 0,254 Lc2.
D'après cette formule, les crabes observés dans nos captures (modes entre 8 et 16 cm) ont une période d'intermue située respectivement entre 41,23 et 112 jours (1 et 3 mois).
En comparant les courbes de croissance obtenues d'après les paramètres identifiés dans cette étude et ceux obtenus par ROBERTSON et KRUGER en Afrique du Sud13 (Figure 15), on constate, si l'on tient compte de la translation due aux to différents, une croissance égale dans les trois premières années de la vie du crabe. Ayant obtenus un L¥ plus important à Madagascar, qu'en Afrique du Sud, la croissance se poursuit après trois ans à un rythme plus élevé à Madagascar, tandis qu'en Afrique du Sud l'asymptote est atteinte plus rapidement.
13
Lt = 188,2(1-e-1,0183(T+0,2143))3,0634
2.7. L'estimation des taux de mortalité et de l'âge à la première capture de Scylla serrata
2.7.1. Méthode.
L'objectif ici était de déterminer les coefficients instantanés de mortalité naturelle (M), de mortalité de pêche (F) et de mortalité totale (Z) pour Scylla serrata, tous sexes combinés. De plus, la taille (Lc) et l'âge (Tc) à première capture devaient aussi être déterminés.
La mortalité naturelle (M) a été déterminée en se basant sur la formule de PAULY (1985). La mortalité de pêche et la mortalité totale (Z) ont été déterminées en utilisant la méthode décrite par SPARRE et al (1989) à partir de la branche décroissante de la courbe de structure d'âges après conversion des longueurs en âges. Les données nécessaires au calcul sont la distribution de fréquence saisonnière des sexes combinés. Ne disposant pas de paramètres de croissance séparés pour chacun des sexes, nous avons combiné les données de fréquence largeur des deux sexes. Nous avons également obtenus la courbe de capture pour chacun des sexes, afin de savoir si les courbes étaient similaires pour les mâles et les femelles. La distribution de fréquence des sexes combinés à été obtenue par sommation des distributions mensuelles après leur pondération par la CPUE. La mortalité de pêche (F), a été obtenue par soustraction de M a Z.
L'analyse de la courbe de structure d'âges des captures permet une estimation de l'âge à première capture où 50% et 75% des individus sont retenus par l'engin de pêche. Ces âges ont ensuite été convertis en largeurs en utilisant les paramètres de croissance déterminés auparavant.
2.7.2. Résultats.
La branche décroissante de la courbe de structure d'âge présente un changement de pente marquée (Figure 16). On a attribué la première pente à la mortalité totale (Z = M + F). La deuxième pente (Z') a été attribuée à une migration (W), additive à la mortalité totale (Z' = W + Z). Les arguments en faveur du choix de deux pentes d'ajustement aux données de la branche décroissante sont:
- Une migration des femelles liée à la ponte en eaux profondes qui a été décrite par plusieurs auteurs (HILL, 1975s,. HILL et al, 1982 et ARRIOLA, 1940).
- pour les mâles, on observe une nette diminution du nombre et de la fréquence relative des mâles dans les captures à partir d'une taille de 16,5 cm (Tableau 5). Pour les femelles, la diminution s'observe à une taille légèrement inférieure (15,5 cm). Ceci pourrait indiquer une migration des individus de grande taille.
La mortalité totale (Z) des sexes combinés a été déterminée comme égal à 0,658 (Tableau 11). A partir d'une mortalité naturelle de 0,53, la mortalité de pêche (F) trouvée est de 0,1252. L'âge à première capture (Tc50%) est de 1,083 an et correspond à une largeur à première capture de 10,8 cm Lc50%)
Le coefficient Z' qui inclue la migration (W) a été déterminé comme égal à 6,29. L'âge auquel 50% des individus disparaissent des lieux de pêche par mortalité et migration (Tw 50%) est de 1,94 ans et la taille correspondante de 15,26 cm (Lw).
2.8. L'estimation des productions maximales équilibrées de Scylla serrata correspondant à différents efforts de pêche et à différents âges à première capture .
2.8.1. Méthode.
L'objectif ici était de déterminer pour différentes combinaisons de l'effort de pêche et d'âges à première capture (Tc50%) la valeur des productions correspondantes. Cette simulation des productions, a été faite en appliquant le modèle de THOMPSON et BELL (1934) et en utilisant les paramètres de croissance et les relations taille-poids obtenus auparavant, ainsi que les mortalités et les âges à première capture pour Scylla serrata (Tc50% = 1,083). Nous avons également tenus compte de la disparition des crabes de la zone de pêche attribuée à la migration (Tw 50% = 1,94).
Le nombre de recrues qui rejoignent la pêcherie chaque année pour obtenir la capture observée durant la période d'étude a d'abord été simulé. Ce nombre a été obtenu par le même modèle, de manière itérative, en fixant l'effort de pêche à la valeur observée dans l'étude (38.212 crochet-jour), l'âge à première capture à 0,76 ans et la valeur de F à 0,1252, puis en variant le nombre de recrues jusqu'à ce qu'on obtienne la production de 405 tonnes observée en 1989. Ce nombre a été déterminé comme égal à 18.237.000 recrues. Le coefficient de capturabilité (f) a été déterminé à 0,001745 (f = F/effort de pêche). Par la suite, la simulation des productions a été effectuée en fixant les valeurs du nombre de recrues et du coefficient de capturabilité déterminé auparavant et en variant l'effort et l'âge à première capture.
Disposant d'observations de courte série temporelle (1 an) sur la production de crabes par unité de surface pour différentes mangroves, nous avons tenté d'ajuster nos données à un modèle de production composite, selon la méthode décrite par CADDY et GARCIA (1982). Ce modèle permet, à condition que la productivité de base des différentes mangroves soit similaire, d'estimer la PME de la ressource en crabe.
2.8.2. Résultats.
Les estimations des productions correspondant à différents niveaux d'effort de pêche et différents âges à 50% de capture figurent au Tableau 12. Les courbes des ces productions sont reprises à la Figure 17.
Il apparaît qu'avec l'âge à première capture observé en 1989 (Tc50%= 1,083 ans) et avec un effort de pêche de 1.350.000 crochets-jour (35 fois l'effort actuel), on obtient une PME de 3.176 tonnes (Tableau 12). Au-delà, la production diminue. Les productions ne s'accroissent que faiblement entre 1.100.000 1.350.000 crochets-jour.
Il apparaît donc sur l'ensemble des mangroves qu'en augmentant l'effort de pêche actuel 38.212 crochets-jour à 1.350.000 crochet-jour (35 fois), les productions seraient multipliées par 7,8 fois (3.176 tonnes).
La superficie des sept mangroves étudiées en 1989-1990 est de 831 km2, la valeur de PME trouvée selon le modèle de THOMPSON et BELL (1934) est de 3.176 tonnes; cela nous donne une production de 3,8 tonnes/km2 pour une taille à première capture de 1,08 ans (10,8 cm).
La simulation effectuée nous montre que, pour des efforts de pêche relativement faibles, les productions sont maximalisées si l'âge à première capture est entre 1,08 ans (situation actuelle) et 1,25 an. Pour des efforts très importants, les productions sont maximalisées avec un âge à première capture 'de 1,5 ans. On constate que la PME varie largement en fonction des différentes valeurs de Te 50%. En effet les productions par km2 varient entre 2,5 et 3,97 tonnes pour des Tc compris entre 0,5 et 1,25 ans. Dans le modèle de THOMPSON et BELL, la mortalité naturelle utilisée a été calculée par la formule de PAULY (1985). L'application de cette formule pour les crustacés est contestable; des études complémentaires permettraient de vérifier l'hypothèse de migration et déterminer avec plus de précision la mortalité naturelle des crabes à Madagascar.
HILL (1984) a déterminé la mortalité naturelle des crabes en Afrique du Sud comme égale à 0,79. La biomasse vierge en crabes des mangroves trouvée par HILL pour ces même estuaires en Afrique du Sud était de 4,5 tonnes/km2.
La formule de GULLAND (PME = 0.5 * M * Bv, où M est le coefficient de mortalité naturelle et Bv est la biomasse vierge de l'espèce considérée) nous donne:
PME = 0.5 * 0.79 * 4.5 = 1,8 tonnes/km2/an
La PME serait donc de 1,8 tonnes/km2/an. Cette valeur est cependant approximative et indicative; elle dépend de la mortalité naturelle et de la biomasse vierge. Ces dernières pourraient être plus élevées pour les zones de pêche à Madagascar que dans les estuaires d'Afrique du Sud, ce qui permettrait d'expliquer les valeurs plus élevées des PME obtenues par le modèle de THOMPSON et BELL (1934).
L'ajustement de nos données à un modèle de production composite, mettant en relation l'effort de pêche par unité de surface et les captures par unité de surface pour les différentes mangroves, ne retrace pas la courbe caractéristique du modèle de production (Figure 18). En effet le coefficient de corrélation de la régression entre la CPUE et l'effort par unité de surface est faible et ne permet pas d'obtenir la valeur de la PME avec suffisamment de précision.
On remarque que pour des efforts similaires (Namakia-Kompasy et Boeny), les captures par unité de surface sont fort différentes. De même pour Baly et Ampasimariny, les captures par km2 sont différentes. Les captures par unité d'effort de la mangrove de Boeny sont relativement faibles par rapport à celles des autres baies. La disparité entre les données observées et le modèle de production pourrait être dû aux niveaux d'effort très faibles. Il se peut également que les hypothèses de base d'une productivité similaire des différentes mangroves et d'une condition d'équilibre ne soient pas respectées certaines baies pouvant avoir des productivités plus élevées que d'autres.
La Thaïlande offre l'exemple d'une pêcherie de Scylla serrata qui depuis plusieurs années possède une production annuelle proche de 2 tonnes/km2. Les tailles marchandes des crabes commercialisés en Thaïlande sont de 9 cm de largeur céphalothoracique. Les tailles à première capture sont donc vraisemblablement inférieure à celles obtenues à Madagascar. La simulation effectuée dans notre modèle montre qu'avec des LC de 6,77 cm la PME serait de 2,5 t/km2/an. Ainsi, la PME se rapprocherait de la valeur obtenue en Thaïlande.
Les productions maximales équilibrées estimées par le modèle de THOMPSON et BELL (1934) varient entre 2,5 et 3,97 tonnes par km2 et par an, en fonction des différents Tc 50%.
Au TC50% obtenu en 1989, la PME est de 3,8 tonnes/km2/an. Dans ces conditions, il apparaît que la PME de Scylla serrata dans les sept mangroves étudiées serait de 3.176 tonnes. Les captures, sur la période étudiée dans ces mangroves sont estimées à 430 tonnes, réalisées avec un effort de pêche de 38.272 crochet-jour. Pour atteindre la PME, donc multiplier la capture actuelle par 7,8, il faudrait augmenter l'effort pêche de 35 fois.
Cependant, les résultats obtenus selon le modèle de THOMPSON et BELL (1934) dépendent de l'interprétation faite de la courbe des captures. En effet, nous avons retenus l'hypothèse d'une migration comme explication des deux pentes observées.
Les résultats du paragraphe 2.2. indiquent que les captures de Scylla serrata dépendent dans une large mesure de l'effort de pêche pratiqué. Les captures par unité d'effort tous engins confondus ne varient que faiblement; c'est essentiellement le niveau d'effort appliqué qui détermine les captures.
Les minimums de capture observés en septembre et en octobre sont dûs à la conjonction de faibles efforts de pêche et à de faibles CPUE. Les maximums de captures observés en fin de saison des pluies sont la conjonction d'un effort de pêche élevé et d'une CPUE élevée.
Les captures réalisées étant largement en dessous de la PME de la ressource, toute augmentation de l'effort de pêche doit s'accompagner d'une augmentation des captures. Cependant, il convient de choisir les engins de pêche et les périodes qui permettent des captures maximales.
Pour le crochet, nous avons vu que les CPUE élevés sont obtenues en fin de saison des pluies. Hors de cette saison, elles sont plus faibles. Ainsi, une augmentation de l'effort de pêche au crochet entre juillet et décembre s'accompagnera de captures plus faibles qu'en fin de saison des pluies. Par ailleurs, les captures de crabes au crochet se limitent à la pratique de la pêche lors des marées basses rendant les trous accessibles. Les captures réalisées aux crochet vont également dépendre de la recolonisation des trous péchés. Cette recolonisation se fait selon HILL et al (1982), durant les marées hautes. Les captures de pêche au crochet sont donc limités par ces facteurs. Pour la balance, les maximums de taux de capture sont obtenus en saison sèche, en saison des pluies on observe les minimums.
Dans la situation actuelle d'exploitation, la reconversion des pêcheurs associés à la pêche au crochet entre janvier et mars augmenterait la production. Le même effet viendrait de la promotion auprès des pêcheurs indépendants de la pêche à la balance en saison sèche.
Scylla serrata étant essentiellement une espèce subtidale, la fraction importante de la population se trouve en deçà des zones intertidales. A Madagascar, cette zone est exploitée à l'aide de balances; cependant, la zone d'opération dépasse rarement 15 mètres de profondeur. Il est donc souhaitable d'augmenter l'effort de pêche sur la zone subtidale au moyen d'engins adaptés à la pêche en eaux plus profondes (casiers, balances).
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Tableau 2: Captures mensuelles par engin de pêche et par mangrove.
Mangrove |
Mois |
Crochet |
Balance |
Ligne |
Raquette |
Valakira |
Total |
Baly | Avril 89 | 3707 |
1195 |
863 |
205 |
0 |
5970 |
Mal | 4742 |
4934 |
475 |
0 |
0 |
10151 |
|
Juin | 1070 |
4145 |
336 |
0 |
0 |
5551 |
|
Juin et | 863 |
3732 |
316 |
0 |
0 |
4911 |
|
Août | 1627 |
3322 |
207 |
0 |
0 |
5156 |
|
Septembre | 589 |
2108 |
155 |
0 |
0 |
2852 |
|
Octobre | 1029 |
2044 |
94 |
0 |
0 |
3167 |
|
Novembre | 1214 |
1828 |
187 |
0 |
0 |
3229 |
|
Décembre | 358 |
2119 |
145 |
0 |
0 |
2622 |
|
Janvier'90 | 438 |
103 |
42 |
245 |
0 |
828 |
|
Février | 951 |
668 |
65 |
153 |
0 |
1837 |
|
Mars | 1775 |
1793 |
74 |
0 |
0 |
3642 |
|
Total | 18363 |
27991 |
2959 |
603 |
0 |
49916 |
|
Marambitsy | Avril 89 | 4983 |
0 |
0 |
0 |
0 |
4983 |
Mai | 2238 |
0 |
0 |
61 |
0 |
2299 |
|
Juin | 1967 |
384 |
0 |
173 |
0 |
2524 |
|
Juillet | 2368 |
0 |
0 |
150 |
0 |
2518 |
|
Août | 1839 |
500 |
0 |
0 |
145 |
2484 |
|
Septembre | 663 |
0 |
16 |
0 |
0 |
679 |
|
Octobre | 625 |
0 |
0 |
0 |
0 |
625 |
|
Novembre | 1340 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1340 |
|
Décembre | 1592 |
0 |
0 |
0 |
0 |
1592 |
|
Janvier'90 | 3697 |
0 |
0 |
330 |
0 |
4027 |
|
Février | 3482 |
0 |
0 |
239 |
0 |
3721 |
|
Mars | 2109 |
0 |
0 |
153 |
0 |
2262 |
|
Total | 26903 |
884 |
16 |
1106 |
145 |
29054 |
|
Namakia & Kompasy | Avril 89 | 3623 |
1411 |
82 |
491 |
129 |
5736 |
Mai | 4998 |
1819 |
12 |
1651 |
96 |
8576 |
|
Juin | 2926 |
1375 |
289 |
1134 |
0 |
5724 |
|
Juillet | 3601 |
1743 |
134 |
1475 |
0 |
6953 |
|
Août | 4548 |
1342 |
288 |
1601 |
0 |
7779 |
|
Septembre | 1234 |
1784 |
114 |
529 |
0 |
3661 |
|
Octobre | 2831 |
2048 |
580 |
726 |
0 |
6185 |
|
Novembre | 2870 |
3048 |
187 |
1094 |
0 |
7199 |
|
Décembre | 1932 |
1967 |
34 |
915 |
0 |
4848 |
|
Janvier 90 | 4661 |
1569 |
5 |
1888 |
0 |
8123 |
|
Février | 2595 |
1686 |
10 |
1263 |
0 |
5554 |
|
Mars | 2946 |
1752 |
16 |
787 |
0 |
5501 |
|
Total | 38765 |
21544 |
1751 |
13554 |
225 |
75839 |
|
Boeny | Avril 89 | 1157 |
0 |
50 |
1048 |
0 |
2255 |
Mai | 1342 |
0 |
40 |
1102 |
0 |
2484 |
|
Juin | 1580 |
0 |
18 |
1863 |
0 |
3461 |
|
Juillet | 465 |
0 |
0 |
460 |
0 |
925 |
|
Août | 332 |
0 |
0 |
230 |
0 |
562 |
|
Septembre | 199 |
0 |
0 |
442 |
0 |
641 |
|
Octobre | 353 |
0 |
0 |
710 |
0 |
1063 |
|
Novembre | 390 |
0 |
0 |
547 |
0 |
937 |
|
Décembre | 34 |
0 |
0 |
249 |
0 |
283 |
|
Janvier'90 | 491 |
0 |
0 |
783 |
0 |
1274 |
|
Février | 185 |
0 |
46 |
620 |
0 |
851 |
|
Mars | 143 |
0 |
0 |
214 |
0 |
357 |
|
Total | 6671 |
0 |
154 |
8268 |
0 |
15093 |
|
Ampasimariny | Avril '89 | 158 |
405 |
396 |
146 |
0 |
1105 |
Mai | 27 |
138 |
291 |
18 |
11 |
485 |
|
Juin | 0 |
163 |
110 |
113 |
0 |
386 |
|
Juillet | 197 |
494 |
196 |
40 |
0 |
927 |
|
Août | 70 |
137 |
180 |
32 |
0 |
419 |
|
Septembre | 94 |
396 |
222 |
161 |
0 |
873 |
|
Octobre | 77 |
182 |
95 |
67 |
0 |
421 |
|
Novembre | 180 |
735 |
139 |
32 |
0 |
1086 |
|
Décembre | 328 |
143 |
179 |
37 |
0 |
687 |
|
Janvier '90 | 152 |
144 |
284 |
396 |
114 |
1090 |
|
Février | 147 |
165 |
475 |
189 |
0 |
976 |
|
Mars | 210 |
101 |
152 |
132 |
0 |
595 |
|
Total | 1640 |
3203 |
2719 |
1363 |
125 |
9050 |
|
Marosakoa | Avril '89 | 212 |
851 |
0 |
141 |
0 |
1204 |
Mai | 60 |
851 |
16 |
387 |
0 |
1314 |
|
Juin | 0 |
570 |
8 |
227 |
0 |
805 |
|
Juillet | 0 |
775 |
0 |
104 |
0 |
879 |
|
Août | 26 |
750 |
2 |
21 |
0 |
799 |
|
Septembre | 884 |
27 |
112 |
0 |
1023 |
||
Octobre | 68 |
536 |
55 |
86 |
745 |
||
Novembre | 36 |
1543 |
16 |
161 |
0 |
1756 |
|
Décembre | 71 |
1839 |
0 |
30 |
0 |
1940 |
|
Janvier '90 | 95 |
1044 |
0 |
73 |
0 |
1212 |
|
Février | 250 |
1010 |
0 |
149 |
0 |
1409 |
|
Mars | 844 |
606 |
0 |
0 |
0 |
1450 |
|
Total | 1662 |
11259 |
124 |
1491 |
0 |
14536 |
|
Mahajamba | Avril 89 | 8852 |
7299 |
349 |
5613 |
220 |
22333 |
Mai | 9178 |
8839 |
93 |
7094 |
595 |
25799 |
|
Juin | 5143 |
10418 |
506 |
4134 |
206 |
20407 |
|
Juillet | 1918 |
8779 |
290 |
2140 |
35 |
13162 |
|
Août | 1095 |
8250 |
242 |
4693 |
4 |
14284 |
|
Septembre | 434 |
5940 |
557 |
4857 |
114 |
11902 |
|
Octobre | 1591 |
5650 |
446 |
2081 |
367 |
10135 |
|
Novembre | 1822 |
6694 |
287 |
1510 |
270 |
10583 |
|
Décembre | 3515 |
11366 |
708 |
1790 |
77 |
17456 |
|
Janvier '90 | 3785 |
9062 |
86 |
2387 |
47 |
15367 |
|
Février | 8034 |
11418 |
26 |
1282 |
4 |
20764 |
|
Mars | 15787 |
11659 |
0 |
2171 |
64 |
29681 |
|
Total | 61154 |
105374 |
3590 |
39752 |
2003 |
211873 |
|
Toutes Mangroves | Avril '89 | 22692 |
11161 |
1740 |
7644 |
349 |
43586 |
Mai | 22585 |
16581 |
927 |
10313 |
702 |
51108 |
|
Juin | 12686 |
17055 |
1267 |
7644 |
206 |
38858 |
|
Juillet | 9412 |
15523 |
936 |
4369 |
35 |
30275 |
|
Août | 9537 |
14301 |
919 |
6577 |
149 |
31483 |
|
Septembre | 3213 |
11112 |
1091 |
6101 |
114 |
21631 |
|
Octobre | 6574 |
10460 |
1270 |
3670 |
367 |
22341 |
|
Novembre | 7852 |
13848 |
816 |
3344 |
270 |
26130 |
|
Décembre | 7830 |
17434 |
1066 |
3021 |
77 |
29428 |
|
Janvier '90 | 13319 |
11922 |
417 |
6102 |
161 |
31921 |
|
Février | 15644 |
14947 |
622 |
3895 |
4 |
35112 |
|
Mars | 23814 |
15911 |
242 |
3457 |
64 |
43488 |
|
Total | 55158 |
170255 |
11313 |
66137 |
2498 |
405361 |
Tableau 3: Capture mensuelle par unité d'effort (pêcheur-jour) pour chaque engin de pêche et l'ensemble des mangroves de mars '89 à avril '90.
Mangrove |
Crochet |
Balance |
Ligne |
Raquette |
Valakira | Engins multiple |
Moyenne |
Avril 89 | 12,1 |
10,9 |
9,9 |
13,1 |
10.5 |
14,1 |
12.0 |
Mai | 11,5 |
12.9 |
5,5 |
13.6 |
5.0 |
16.1 |
12.3 |
Juin | 10.1 |
14,0 |
10,2 |
10,6 |
3.2 |
16.5 |
11.8 |
Juillet | 10,0 |
12,5 |
6.3 |
9.7 |
1,9 |
14,7 |
11,2 |
Août | 10,6 |
12,0 |
6.2 |
13,1 |
8,3 |
20.0 |
12,0 |
Septembre | 8.5 |
11,0 |
8.0 |
13,5 |
9,9 |
16,9 |
11,1 |
Octobre | 9.7 |
10.5 |
7.4 |
11,9 |
15,3 |
16,3 |
10.4 |
Novembre | 12,9 |
13,9 |
9.1 |
12.0 |
6,6 |
15,6 |
13.1 |
Décembre | 11,7 |
12.5 |
11.4 |
12.2 |
4,3 |
15.0 |
12.2 |
Janvier 90 | 13,0 |
8.1 |
8.2 |
13,9 |
6,7 |
17.5 |
10.8 |
Février | 13,4 |
8.7 |
9.9 |
12,5 |
4.0 |
20,3 |
11.0 |
Mars | 15,4 |
8,8 |
6,5 |
17,3 |
4.0 |
21,9 |
12.1 |
Moyenne | 11.9 |
11,0 |
8.3 |
12.6 |
6,0 |
16.3 |
11.7 |
Tableau 5: Fréquence des largeurs (Lc) de S. serrata - Mâles
Tableau 5: Fréquence des largeurs (Lc) de S. serrata - Femelles
Tableau 6: Distribution de fréquences absolues, relatives et cumulées du S. serrata échantillonné dans les captures,
Centre de classe (cm) |
Mâles |
Femelles |
||||
Fréquence absolue |
Fréquence relative |
Fréquence cumulée |
Fréquence absolue |
Fréquence relative |
Fréquence cumulée |
|
4,5 |
0 |
0,00 |
0.00 |
0 |
0.00 |
0,00 |
5.5 |
5 |
0,02 |
0,02 |
1 |
0,01 |
0,01 |
6.5 |
16 |
0,06 |
0,07 |
15 |
0,08 |
0,08 |
7,5 |
156 |
0,54 |
0,61 |
98 |
0.49 |
0.57 |
8,5 |
899 |
3.12 |
3.73 |
689 |
3,46 |
4,03 |
9.5 |
2737 |
9,49 |
13,22 |
2336 |
11.72 |
15,74 |
10,5 |
3819 |
13,24 |
26,46 |
3817 |
19.72 |
34.89 |
11.5 |
4019 |
13,94 |
40,40 |
3550 |
17.80 |
52,69 |
12,5 |
4211 |
14,60 |
55.00 |
2853 |
14,31 |
67,00 |
13,5 |
4235 |
14,68 |
69.68 |
3012 |
15,11 |
82,11 |
14,5 |
3896 |
13,51 |
83,19 |
2463 |
12,35 |
94,46 |
15.5 |
2921 |
10.13 |
93,32 |
992 |
4,98 |
99,43 |
16.5 |
1525 |
5,29 |
98,61 |
104 |
0,52 |
99,95 |
17.5 |
374 |
1,30 |
99,91 |
7 |
0,04 |
99,99 |
18.5 |
26 |
0.09 |
100,00 |
2 |
0.01 |
100,00 |
Total |
128840 |
100 |
100 |
19939 |
100 |
100 |
Taille moyenne des mâles = 12,66 cm | Taille moyenne des femelles = 11,99 cm |
Tableau 7: Pourcentage de femelles par intervalle de taille
Tableau 8: Progression des modes* du S. serrata identifiés par la méthode de Battacharya.
* Les tailles modales sont en largeurs céphalothoraciques (cm),
Date |
Mâles |
|||
Cohorte 1 |
Cohorte 2 |
Cohorte 3 |
||
15 Avril | 10,56 |
13,92 |
||
15 Mai | 11,31 |
15,02 |
||
15 Juin | 10,95 |
14,26 |
||
15 Juillet | 11,04 |
14.17 |
||
15 Août | 11,79 |
14.81 |
||
15 Sept. | 11,42 |
14.66 |
||
15 Oct. | 11,50 |
14,80 |
||
15 Nov. | 12,43 |
15,20 |
||
15 Dec. | 10,86 |
13,85 |
16,24 |
|
15 Janv. | 10,88 |
14,29 |
||
15 Fev. | 13,35 |
15,76 |
||
15 Mars | 13,69 |
16,09 |
||
Femelles |
||||
Date |
Cohorte 1 |
Cohorte 2 |
Cohorte 3 |
Cohorte 4 |
15 Avril | 10.81 |
14,59 |
||
15 Mai | 11.11 |
14,54 |
||
15 Juin | 10.81 |
13,71 |
||
15 Juillet | 10,90 |
14,04 |
||
15 Août | 11.07 |
13,77 |
||
15 Sept. | 11.15 |
13,97 |
||
15 Oct. | 10,65 |
13,75 |
||
15 Nov. | 10,81 |
14,17 |
||
15 Dec. | 10,72 |
14,03 |
||
15 Janv. | 10,82 |
14.07 |
||
15 Fev. | 10,84 |
14,51 |
||
15 Mars | 10,92 |
14,23 |
Tableau 9: Couples âges-largeurs ayant servis à l'estimation des paramètres de croissance
Mâles,
Mâles |
15 janvier |
15 juillet |
15 janvier |
Date |
largeur\âge |
largeur\âge |
largeur\âge |
15 Avril | 10,56\0.750 |
13.92\1.250 |
|
15 Mai | 11,31\0,833 |
15.02\1.330 |
|
15 Juin | 10.95\0.916 |
14.26\1.416 |
|
15 Juillet | 11,04\1.000 |
14.17\1.500 |
|
15 Août | 11.79\1.083 |
14.81\1.583 |
|
15 Septembre | 11,42\1,660 |
14.66\1.660 |
|
15 Octobre | 11.50\1,250 |
14.80\1.750 |
|
15 Novembre | 12.43\1.330 |
15.20\1.833 |
|
15 Décembre | 10.86\0,916 |
13.85\1,.416 |
16.24\1.916 |
15 Janvier | 10.88\1.000 |
14,29\1,500 |
Femelles
Femelles |
15 janvier |
15 juillet |
15 janvier |
15 juillet |
Date |
largeur\âge |
largeur\âge |
largeur\âge |
largeur\âge |
15 Avril | 10.81\1.250 |
14,59\1,750 |
||
15 Mai | 11,11\1.330 |
14,54\1,833 |
||
15 Juin | 10,81\0,916 |
13.71\1.416 |
||
15 Juillet | 10,90\1,000 |
14.04\1.500 |
||
15 Août | 11,07\1,083 |
13.77\1,583 |
||
15 Septembre | 11.15\1.166 |
13.97\1.660 |
||
15 Octobre | 10,65\0,750 |
13.75\1,250 |
||
15 Novembre | 10.81\0.833 |
14,17\1.330 |
||
15 Décembre | 10,72\0.916 |
14.03\1,416 |
||
15 Janvier | 10,82\1,000 |
14,07\1.500 |
||
15 Février | 10,84\1,083 |
14,51\1.583 |
||
15 Mars | 10,92\1.166 |
14,23\1,660 |
Tableau 10: Paramètres de croissance obtenus pour S. serrata.
Mâles |
|||||
Méthodes |
L< |
K |
to |
R2 |
SCE |
Méthode 1 | 25,74 |
0.408 |
-0,493 |
- |
15,15 |
Méthode 2 | 26.25 |
0,400 |
0,001 |
0,81 |
- |
Méthode 1 = SPARRE P.(1987)
Méthode 2 = STAMATOPOULOS C. ET J.F.CADDT (1989)
Tableau 11; Détermination des mortalités par la méthode basée sur la structure d'âge des captures
Centre de classe |
C |
dt |
t |
Log (c/dt) |
|||||
4,5 |
0,00 |
0.1151 |
0,4707 |
0,0000 |
|||||
5.5 |
0.01 |
0.1207 |
0,5883 |
-1,9601 |
|||||
6,5 |
0.08 |
0.1269 |
0,7120 |
-0,3829 |
|||||
7.5 |
0.69 |
0.1338 |
0,8424 |
1.6498 |
|||||
8.5 |
4.24 |
0.1414 |
0.9799 |
3,4021 |
|||||
9.5 |
13,33 |
0,1500 |
1,1255 |
4,4873 |
|||||
10,5 |
20,09 |
0.1597 |
1.2803 |
4,8345 |
|||||
11,5 |
19.71 |
0.1707 |
1,4454 |
4.7489 |
|||||
12.5 |
18,20 |
0.1834 |
1.6223 |
4,5974 |
|||||
13,5 |
18.68 |
0.1981 |
1,8128 |
4,5464 |
|||||
14,5 |
16,36 |
0.2153 |
2,0191 |
4,3305 |
|||||
15,5 |
10,16 |
0.2359 |
2.2443 |
3,7635 |
|||||
16.5 |
4,16 |
0,2608 |
2,4921 |
2,7714 |
|||||
17.5 |
0.94 |
0.2915 |
2,7674 |
1.1777 |
|||||
18.5 |
0,07 |
0,3305 |
3,0772 |
-1,4784 |
|||||
19,5 |
0.00 |
0.3815 |
3,4314 |
-4.7554 |
|||||
Résultats |
|||||||||
Intervalle choisis |
Z |
Intervalle de confiance |
r |
Tc |
Lc |
a |
b |
Tw |
Lw |
10,5-14,5 |
0,658 |
0,453-0.863 |
-0,986 |
1.0833 |
10.806 |
5,69 |
-0,658 |
||
15,5-18.5 |
6,29 |
3,141-9,449 |
-0.987 |
1,94 |
15,257 |
Tableau 12: Production de Scylla serrata en fonction de différents efforts de pêche et différents âges à première capture
EFFORT STANDARO (*1000) |
Tc=0,5 |
Tc=0,75 |
Tc=1,08 |
Tc=1,25 |
Tc=1,50 |
25 |
364,57 |
344,55 |
271,21 |
263,22 |
203,32 |
50 |
673,39 |
645,82 |
520,04 |
505,73 |
394,80 |
100 |
1153,86 |
1138,55 |
957,83 |
935,13 |
745,19 |
150 |
1491,79 |
1512.48 |
1326.41 |
1299,87 |
1056.48 |
200 |
1724,73 |
1794.28 |
1636,71 |
1609,79 |
1333,33 |
250 |
1880,61 |
2004.71 |
1897.87 |
1873,17 |
1579.79 |
300 |
1980,23 |
2159,95 |
2117.57 |
2097.07 |
1799,38 |
350 |
2039,04 |
2272.58 |
2302,26 |
2287,23 |
1995,20 |
400 |
2068,51 |
2352.42 |
2457,37 |
2448,84 |
2169,96 |
450 |
2077.14 |
2407.11 |
2587,48 |
2586,09 |
2326,05 |
500 |
2071.19 |
2442,59 |
2696,44 |
2702,58 |
2465,56 |
550 |
2055,28 |
2463.50 |
2787,52 |
2801,39 |
2590,34 |
600 |
2032,80 |
2473.41 |
2863,46 |
2885,11 |
2702.01 |
650 |
2006,20 |
2475,12 |
2926,60 |
2955.98 |
2802.01 |
700 |
1977,26 |
2470.80 |
2978.89 |
3015,87 |
2891,62 |
750 |
1947,26 |
2462,10 |
3022,02 |
3066,41 |
2971,96 |
800 |
1917,08 |
2450.31 |
3057,39 |
3108,96 |
3044,02 |
850 |
1887.34 |
2436.42 |
3086.20 |
3144,71 |
3108.70 |
900 |
1858.47 |
2421.17 |
3109.46 |
3174,65 |
3166.77 |
950 |
1830,72 |
2405.14 |
3128.05 |
3199,65 |
3218,94 |
1000 |
1804,25 |
2388.75 |
3142,69 |
3270.43 |
3265.83 |
1050 |
1779,16 |
2372,32 |
3154,00 |
3237,63 |
3308,00 |
1100 |
1755,46 |
2356.08 |
3162,51 |
3251,78 |
3345,93 |
1150 |
1733,15 |
2340.22 |
3168,68 |
3263,34 |
3380.07 |
1200 |
1712,20 |
2324.83 |
3172,87 |
3272,71 |
3410,80 |
1250 |
1692,55 |
2310.00 |
3175.41 |
3280,22 |
3438,49 |
1300 |
1674.15 |
2295.78 |
3176,58 |
3286,15 |
3463,44 |
1350 |
1656,92 |
2282.20 |
3176,61 |
3290,76 |
3485,94 |
1400 |
1640,80 |
2269,27 |
3175,69 |
3294,26 |
3506.23 |
1450 |
1625.71 |
2256,98 |
3174,00 |
3296.82 |
3524.54 |
1500 |
1611.60 |
2245.34 |
3171,67 |
3298,60 |
3541.07 |
1550 |
1598,39 |
2234.31 |
3168,82 |
3299,73 |
3556.01 |
1600 |
1586,03 |
2223.88 |
3165,56 |
3300,32 |
3569,51 |
1650 |
1574,45 |
2214.04 |
3161,97 |
3300,47 |
3581,72 |
1700 |
1563.60 |
2204,74 |
3158,12 |
3300.27 |
3592.77 |
1750 |
1553,43 |
2195,97 |
3154,07 |
-3299,77 |
3602,77 |
1800 |
1543,89 |
2187.69 |
3149,87 |
3299,04 |
3611,83 |
Figure 1: Carte de la zone étudiée
Figure 2: Collecte 1988: Crabes vivants-lavés traités à l'usine
Figure 3: Collecte 1989: Crabes vivants-lavés traités à l'usine
Figure 4: Collecte avril 1989 - mars 1990: Crabes vivants-lavés traités à l'usine
Figure 5: Collecte mensuelle de crabes vivants lavés de toutes les mangroves
Figure 6: Captures par engin toutes mangroves
Figure 7: Pourcentage des captures par engin dans chaque mangrove
Figure 8: Evolution des captures par engin, avril 1989 - avril 1990
Figure 9: Evolution mensuelle des CPUE (crochet et balance)
Figure 10: Evolution mensuelle des captures, de l'effort et de l'effort standardisé
Figure 11: Evolution mensuelle des CPUE et efforts standardisés
Figure 12: Distribution de fréquences mâles et femelles de S. serrata
Figure 13: Composition sexuelle de S. serrata
Figure 14: Evolution mensuelle de la composition sexuelle de S. serrata
Figure 15: Croissance de S. serrata
Figure 16: Courbe des captures de S. serrata
Figure 17: Production simulée de S. serrata en fonction des Tc50%
Figure 18: Productivité des mangroves en fonction de l'effort de pêche
Données capture-effort des collecteurs
Données mensuelles de poids et de longueurs
Date: | |||||
MALES |
|||||
Individus de 5 a 10 cm |
Individus de 10 a 15 cm |
Individus de 10> 15 cm |
|||
Largeur de carapace arrière (mm) |
Poids total |
Largeur de carapace arrière (mm) |
Poids total (gm) |
Largeur de carapace arrière (mm) |
Poids total (gm) |
FEMELLES SANS OEUFS |
|||||
Individus de 5 a 10 cm |
Individus de 10 a 15 cm |
Individus de 10> 15 cm |
|||
Largeur de carapace arrière (mm) |
Poids total (gm) |
Largeur de carapace arrière (mm) |
Poids total (gm) |
Largeur de carapace arrière (mm) |
Poids total (gm) |
INSTRUCTIONS:
Chaque mois 54 crabes (27 mâles et 27 femelles) a mesurer venant de la zone située au nord de Mahajanga et 54 crabes (27 mâles et 27) femelles venant de la zone sud de Mahajanga
Données mensuelles de production par lieu d'origine
Figure 1
Figure 2
Figure 3
Figure 4
Figure 5
Figure 6
Figure 7
Figure 8
Figure 9
Figure 10
Figure 11
par T.M. Hoekstra 1 et H. Razafindrainibe2
1
FAO Fishery Project
B.P.487, Victoria SEYCHELLES2 Centre National de Recherches Océanographiques,
B.P. 61, Nosy-Bé, MADAGASCAR
1. Introduction
2. Contexte de l'étude
3. Méthode d'approche
4. Les paramètres socio-économiques
5. Discussion
6. Conclusion
7. Bibliographie sommaire
Annexe 1: Les techniques de pèche
Annexe 2: questionnaire
Avec ses 3.500 km de mangrove, Madagascar dispose d'un potentiel en crabe des palétuviers. Les stocks les plus importants sont localisés sur la côte Ouest. Cette ressource a toujours fait l'objet d'une pêche traditionnelle pour la consommation locale et une exportation vers la Réunion, la production fluctuant autour de 120 tonnes par an jusqu'à ces dernières années.
Suite à l'installation d'une usine de traitement du produit au sein de la REFRIGEPECHE, le secteur s'est dynamisé, et la production a atteint 700 tonnes en 1987. Compte tenu du potentiel disponible, il est appelé à se développer. Malgré cette perspective, la pêcherie se trouve concurrencée par l'exploitation des autres ressources telle la crevette et la pratique d'une agriculture d'autosubsistance. Au stade actuel, il convient de situer le cadre socio-économique de cette nouvelle opportunité.
Cette étude socio-économique est en complément d'une étude de la biologie et de la dynamique des populations du crabe (BAUTIL et MARA, 1990 - manuscrit) qui a débuté en mars 1989 et doit se prolonger en 1990. Cette étude doit fournir les données sur les ressources nécessaires à la détermination d'un régime d'aménagement pour la pêcherie.
2.1. Les conditions du milieu
La zone d'étude est celle couverte par la collecte de la REFRIGEPECHE, allant de la baie de Mahajamba au Nord, à Soalala au Sud, sous la juridiction du Faritany3 de Mahajanga.
3
Unité administrative du territoire malgache équivalent à une province.
2.1.1. Le lieu de pêche
La ligne de côte très accidentée y décrit cinq baies plus ou moins importantes: Mahajamba, Bombetoka, Boeny, Marambitsy, Baly. Cette région est traversée par quatre fleuves principaux qui débouchent sur le Canal de Mozambique en des deltas souvent très évasés. Tout le long de la côte se sont développées des forêts denses de mangrove, habitat de prédilection de la ressource, qui ont recouvert les fonds des baies. Le plateau continental assez développé, les conditions de mer assez clémentes comparativement à la façade orientale de Madagascar, et la profusion de ressources halieutiques côtières, tels les poissons et la crevette a permis l'installation d'une pêche artisanale plutôt lucrative.
Dans certaines régions, les zones d'arrière mangrove se prêtent à l'agriculture, activité souvent pratiquée pour subvenir aux besoins de la famille.
2.1.2. Les conditions de climat
La région est soumise à un climat de type tropical humide, faisant alterner une saison pluvieuse, de décembre à mars, et une saison sèche. Elle est balayée par deux vents dominants, la mousson ("talio") venant du nord-ouest d'octobre à mars, et l'alizé du sud-est pour le reste de l'année. A ces vents s'ajoutent trois autres d'importance moindre quant à leur durée et/ou force: le "kosy", précédant la saison sèche qui peut parfois devenir violent et qui souffle du sud-ouest, l"'avaraka" soufflant du Nord en janvier-février, et le "mantasaly" durant la saison humide toujours accompagné de pluies torrentielles.
2.1.3. Les voies de communication
Elles sont souvent déficientes, voire inexistantes, à l'échelle des zones et villages de pêche. La voie fluvio-maritime est la plus utilisée. Toutefois, durant les périodes de crues, la plupart des fleuves ne sont pas navigables, laissant certains villages de pêche complètement isolés.
Le Faritany dispose d'un port long courrier secondaire à Mahajanga et d'un port de cabotage secondaire à Antsohihy.
2.1.4. Infrastructure sanitaire et scolaire
Bien que le Faritany de Mahajanga soit doté de plus de 1.700 écoles d'enseignement primaire de base (source: Banque de Données de l'Etat), la basse répartition de ces dernières laisse 34% des fokontany4, le plus souvent ceux les plus reculés, dépourvus d'institutions scolaires.
4
Unité administrative de base, équivalent à un quartier. Dans les endroits les plus reculés, il peut regrouper quelques petits hameaux.
Le Faritany est doté de deux hôpitaux médico-chirurgicaux, dans le chef-lieu et à Maintirano; des hôpitaux secondaires simples dont un à Analalava et Antsohihy et plusieurs centres médicaux. Les formations sanitaires au-dessous de ces derniers sont tenus par des infirmiers, et sont décentralisées au maximum, mais beaucoup de régions isolées n'en disposent pas, soit parce que le centre n'existe pas, soit parce qu'il n'est pas fonctionnel pour diverses raisons.
2.2. L'exploitation du crabe à Mahajanga
2.2.1. Historique
L'exploitation du crabe relève de la pêche traditionnelle. La production, comme le montre le tableau ci-après, oscillait entre 53 et 194 tonnes jusqu'en 1984.
Tableau 2.1: Evolution de la production de crabe dans la province de Mahajanga.
Années |
Tonnes |
1972 |
115 |
1973 |
53 |
1974 |
104 |
1975 |
95 |
1976 |
166 |
1977 |
124 |
1978 |
194 |
1979 |
147 |
1980 |
142 |
1981 |
103 |
1982 |
130 |
Source: Statistiques des Pêches Maritimes, 1972-1984
Depuis 1984, elle a connu une augmentation sensible suite au début d'une collecte du produit par la société REFRIGEPECHE OUEST. L'activité de cette société s'est intensifiée à partir de 1987, la collecte étant faite en utilisant ses propres vedettes. La nouvelle usine de conditionnement est entrée en opération en 1988. Les poids mensuels de crabe délivrées à l'usine en 1988 et 1989 figurent au Tableau 2.2 ci-dessous.
Tableau 2.2: Quantités mensuelles (kg) de crabes vivants lavés débarqués à l'usine de la REFRIGEPECHE-OUEST en 1988 et 1989 par centre de collecte et pour les neufs entités de mangroves considérées.
Mangroves |
1988 |
1989 |
Vilamatsa | 13,386 |
800 |
Anthaly | 36,017 |
3,988 |
Baly | 71,190 |
39,918 |
Marambitsy | 66.976 |
39,026 |
Namakia- Kompasy | 102,720 |
82,536 |
Boeny | 19,989 |
37,932 |
Ampasimariny | 20,680 |
17,520 |
Marosakoa | 41,126 |
36,920 |
Mahajamba | 190,551 |
155,094 |
Total | 562,638 |
413,734 |
Source: Bautil, B.R.R. et al. (1990) Etude préliminaire de la ressource en crabes des Mangroves (Scylla serrata) de Nord-ouest de Madagascar.
Note: Les baies de Vilamatsa et de Athaly se trouvent au Sud de Soalala (voir carte). La collecte de crabes en provenance de ces baies petites et éloignées à cessé à partir de mars 1989.
2.2.2. Les techniques de pêche
a) la pirogue
La pêche peut se pratiquer aussi bien à pied qu'à l'aide d'une embarcation. Celle-ci est taillée dans un tronc d'arbre, puis surélevé de bordées en planches. Sa quille pointue lui confère un hydrodynamisme optimal, tandis que le balancier compense l'instabilité (de l'équilibre) de la coque.
b) La pêche au trou (au crochet) 3
3
Pour une discussion plus complète des méthodes de pêche aux crabes, voir BAUTIL B., 1990.
Elle s'effectue à pied, lors des basses mers dans les zones exondées des mangroves à l'aide du crochet.
Le crochet est un bâton de bois dont l'extrémité est munis d'une pointe de fer recourbée. Il est destiné à extraire les crabes de leur terriers.
c) La pêche a la raquette
La pêche à la raquette se pratique à moitié en pirogue, à moitié à pied. La raquette est une sorte de grande cuillère faite avec une fibre de sisal encadrée d'un rebord en bois (de palétuvier). Elle est utilisée pour une pêche à vue dans les chenaux de mangroves, durant les marées montante et descendante (RAZAFIMANDIMBY, 1989). Elle supplée également la pêche à la ligne, pour récupérer la prise.
d) La pêche à la ligne (hameçon)
Elle se pratique dans les chenaux et les estuaires, à bord d'une pirogue, selon la phase de la marée. L'hameçon est appâté avec des morceaux de poisson ou de requin. Quand les crabes ont "mordu", ils ne lâchent plus la prise et peuvent être remontés hors de l'eau et saisis.
e) La pêche à la balance
C'est une méthode plutôt nouvelle dans la pêcherie. La balance est une sorte de corbeille circulaire, dont le fond est fait en filet (synthétique) et le cadre généralement métallique. Son diamètre varie de 58 à 75 cm (RAZAFIMANDIMBY, 1989). Elle est munie d'un orin et d'un flotteur. Appâtée avec des morceaux de poisson, de requin ou de raie, elle est immergée dans les chenaux et en estuaires, et est relevée tous les 10 à 15 minutes.
f) La pêche au casier
Les casiers sont fabriqués en fibres végétales. Tous sont appâtés et sont munis d'un flotteur.
2.2.3. L'intervention d'une société industrielle
Depuis 1984, la société REFRIGEPECHE OUEST a commencé la collecte du crabe dans les baies limitrophes de Mahajanga. En 1987, elle organise un réseau de collecte et ouvre une filière de traitement du produit. Cette source devenant insuffisante, et d'ailleurs irrégulière; pour alimenter la filière d'une capacité de 1.000 tonnes de crabe lavé, la société a mis en place en 1988 huit (8) groupement de pêcheurs pour la suppléer implantés dans quatre mangroves: la Mahajamba, Boeny, Kompasy et Namakia.
Les groupements de pêcheurs sont sous contrôle direct de la société. Les membres (aussi appelés pêcheurs associés) ont été recrutés dans la ville de Mahajanga et dans les villages riverains (RAZAFIMANDIMBY, 1989). La société pourvoit aux moyens nécessaires à la production: chaque membre est doté d'une pirogue et de dix balances, qui restent la propriété de la société. En contre partie, ils ont obligation de vendre le produit de leur pêche exclusivement à la société.
Dirigé par un chef, les groupements s'adonnent à part entière à la pêche au crabe, en pirogue ou à pied, individuellement ou par deux.
La REFRIGEPECHE assure la collecte des produits aussi bien de ceux des pêcheurs traditionnels simples, que de ceux des groupements. Pour cela, elle utilise six vedettes de 25 à 70 CV. Les collecteurs passent à des temps précisés à l'avance en des points de collecte déterminés. Les pêcheurs des groupements et ceux indépendants désirant vendre leur crabe à REFRIGEPECHE rallient ces points de collecte par leurs propres moyens.
Le prix au producteur est de 200 FMG/kg de crabe, avec boue pour les pêcheurs traditionnels et sans boue pour ceux associés. Par contre ces derniers reçoivent en plus 100 g de riz blanc (ou l'équivalent en paddy) par kg de crabe livré. Le paiement se fait au comptant pour les premiers et tous les mois pour les seconds.
C'est dans le cadre de cette nouvelle structure que cette étude a été réalisée.
2.3 Objectifs et limites de l'étude
L'objectif principal de départ a été d'expliquer la fluctuation de l'approvisionnement en crabe de la REFRIGEPECHE OUEST, fluctuation que l'on a imputé au domaine socio-économique. Et notamment une variation de l'effort dans la pêche au crabe, due à la pratique d'autres activités tels que les autres types de pêche ou l'agriculture.
Pour donner une explication satisfaisante de ce phénomène, une approche longitudinale de l'étude avec un suivi régulier des activités des pêcheurs durant une année aurait été nécessaire. Les ressources disponibles (humaines, financières) et le temps imparti étant insuffisants pour la réalisation d'une telle stratégie, on a opté pour une estimation des paramètres économiques, par la méthode de la visite unique (au lieu de multiple).
L'objectif général de l'étude était d'établir quel était le statut socio-économique des pêcheurs artisans de crabe, et d'identifier si possible les raisons pour les fluctuations dans la fourniture de crabe à la REFRIGEPECHE OUEST.
Plus spécifiquement, l'intention était de déterminer:
- les caractéristiques des pêcheurs et de leurs foyers;
- les caractéristiques des unités de pêche (forme habituelle des embarcations, engins, équipages et propriété);
- la mobilité géographique et emplois alternatifs des pêcheurs;
- la situation sociale et matérielle des pêcheurs (possession de maisons, terre, bétail, etc.);
- les filières de commercialisation et de conditionnement.
Parallèlement à cette investigation socio-économique, un suivi des captures et efforts a été conduit à des fins d'évaluation des stocks. Les données ont été recueillies sur une base hebdomadaire, et couvrant au moins une année. Une analyse de ces données est présentée ci-dessous. Elle nous donne la répartition sur une année (avril 1989 - avril 1990) du nombre mensuel de pêcheurs exploitant le crabe.
La présente étude socio-économique ne donne qu'une indication du nombre de pêcheurs impliqués dans d'autres activités, en ce qui concerne l'effort. Une autre limite de l'étude relève du fait que seuls les pêcheurs livrant leur crabe à REFRIGEPECHE OUEST sont considérés. Cette population de pêcheurs ne représente qu'une fraction de la population totale de pêcheurs de la zone d'étude.
Ce chapitre décrit la conduite des investigations.
3.1. Moyens et matériels
Cette étude a été réalisée conjointement par le Projet Régional FAO/OISO et le Centre National de Recherches Océanographiques de Nosy-Bé (Madagascar) avec le concours efficace de la société REFRIGEPECHE OUEST.
Elle a mis à contribution les collecteurs de la société (au nombre de neuf) pour la réalisation des enquêtes. Le suivi de la collecte de données (distribution, ramassage et vérification des questionnaires) a été confié à une personne basée au sein de la société.
Le traitement des données a été effectué sur support informatique à l'aide des logiciels dBase III Plus, Symphony et Statgraphics.
3.2. Méthode utilisée
3.2.1. L'unité d'enquête
L'unité d'enquête était le pêcheur livrant plus ou moins régulièrement du crabe aux collecteurs de la REFRIGEPECHE. En l'occurrence, elle a porté sur les fournisseurs de la société durant la période de mai à septembre 1989.
3.2.2. Collecte des données
a) Mise en forme du questionnaire
Un questionnaire a été ébauché, traduit en malgache puis testé sur terrain pendant trois jours. Pour ce faire, l'équipe de recherche a suivi les collecteurs de REFRIGEPECHE à Ampitsopitsoka lors d'une collecte hebdomadaire du produit.
Le test a été fait sur une vingtaine de pêcheurs indépendants et associés de trois sites de la "zone de Namakia" et dans la "zone de Kompasy".
La version finale en français du questionnaire est donnée en Annexe 2.
Un manuel d'instruction, à l'usage des enquêteurs, a expliqué la méthode d'enquête et de remplissage des questionnaires. Certaines questions sont fermées, d'autres ouvertes
b) La réalisation des enquêtes
Les 9 collecteurs de la REFRIGEPECHE OUEST sont basés dans les centres de collecte des baies et zones suivantes: baie de Baly, baie de Marambitsy, zone de Namakia, zone de Kompasy, baie de Boeny, zone d'Ampasimariny, zone de Marosakoa, baie de Mahajamba et baie de Bombetoka.
Les questionnaires leurs ont été distribués puis ramassés par les vedettes de la société. Au cours de leurs tournées, ils remplissent au fur et à mesure les questionnaires auprès des pêcheurs.
Un recueil des codes élaboré selon chaque (catégorie) réponse a permis de traduire les questionnaires remplis sur des feuilles (individuelles) de codage pour saisie ultérieure sur support informatique.
La collecte des données s'est déroulée de mai à septembre 1989. Le codage et la saisie des données a pris environ deux semaines.
Les résultats présentés dans ce rapport sont stratifiés selon le statut du pêcheurs, c'est-à-dire, les résultats concernant les pêcheurs indépendants et ceux des membres des groupement (pêcheurs associés) seront souvent présentés séparément.
2.3. Dimension et couverture de l'échantillonnage
Le tableau ci-dessous présente la distribution par baie des réponses à l'enquête socio-économique.
Tableau 3.1: Distribution des réponses par Baie
Baie/Zone |
Pêcheurs associés |
Pêcheurs indépendants |
Total |
Pourcentage |
Baie de Mahajamba | 62 |
174 |
236 |
100 |
Zone de Marosakoa | 0 |
58 |
58 |
74 |
Zone de Ampasimariny | 0 |
20 |
20 |
62 |
Baie de Boeny | 0 |
10 |
10 |
20 |
Zone de Kompasy | 7 |
23 |
30 |
30 |
Zone de Namakia | 6 |
29 |
35 |
87 |
Baie de Marambitsy | 0 |
25 |
25 |
28 |
Baie de Baly | 23 |
16 |
39 |
47 |
Total | 98 |
355 |
453 |
66 |
La colonne de pourcentages ci-dessus indique la proportion des pêcheurs ayant répondu à l'enquête socio-économique, par rapport au total des pêcheurs délivrant du crabe à la REFRIGEPECHE OUEST. Ce dernier chiffre provient de l'étude précitée sur les captures et efforts. Comme nous verrons à la section 5, ce nombre fluctue considérablement au cours de l'année. En conséquence, les pourcentages ne donnent qu'une indication approximative de la couverture de l'enquête.
4.1. La population
Un aspect de l'étude a été consacré à la connaissance des caractéristiques de la population de pêcheurs. Malgré la situation d'enclavement des villages, cette dernière présente diverses faces. Les investigations ont porté sur la provenance et la mobilité des pêcheurs, leur structure d'âge, la caractérisation de leur foyer et de leur logement, le niveau d'instruction et dans une certaine mesure les pratiques sociales.
4.1.1. Origine et mobilité
ANDRIANTSOA (1986) décrit les origines ethniques des pêcheurs traditionnels. Ce volet essaie de définir la provenance de la population par la connaissance des régions d'origine, de l'occupation du père et voire de leurs occupations antérieures.
La grande majorité des pêcheurs de crabe interrogés viennent du Faritany de Mahajanga (81%), et dans une faible proportion des autres régions, notamment du Sud Est de Madagascar. La plupart des membres des groupements (79%) sont des nouveaux immigrants dans les zones de pêche, fait qui s'explique par les conditions de leur recrutement par la REFRIGEPECHE 6. Ce taux, bien que plus bas, 43%, chez les pêcheurs indépendants indique une migration intraprovince assez forte.
6
La majeur partie des pêcheurs associés ont été recrutés parmi les sans-emploi de Mahajanga.
Les observations sur les occupations du père montrent une nette dominance de gens issus de familles de pêcheurs chez les pêcheurs indépendants et d'agriculteurs chez les pêcheurs associés.
Tableau 4.1: Répartition des pêcheurs selon leur famille d'origine (en %)
Famille d'origine |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
Pêcheurs | 49.3 |
12,2 |
Agriculteurs | 39,1 |
58,2 |
Autres activités | 9,3 |
24,5 |
Inconnus | 2,3 |
5,1 |
Total | 100.0 |
100,0 |
Environ la moitié des pêcheurs indépendants exercent le métier de leurs parents, tandis que les membres des groupements viennent de secteurs plus diversifiés, et notamment du secteur agricole.
Le tableau ci-dessous présente la répartition des pêcheurs selon leur occupation antérieure.
Tableau 4.2: Répartition des pêcheurs selon leur occupation antérieure (en %)
Occupation antérieure |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
Pêche | 66,2 |
50,0 |
Agriculture | 14,0 |
12,2 |
Sociétés privés | 9.8 |
10,2 |
Autres | 10,0 |
27,6 |
Total | 100,0 |
100,0 |
La compilation des activités antérieures des pêcheurs souligne un taux assez élevé de reconversion dans la profession - 33,8% à 50%, respectivement pour les pêcheurs indépendants et ceux associés - dont 14% à 12,2% d'anciens agriculteurs. 20% des pêcheurs indépendants et 38% des associés ont exercé auparavant divers autres métiers, la plupart dans des entreprises privées.
4.1.2. Structure d'âge
La distribution de fréquences d'âge des pêcheurs est représentée par Figure 4.1.
Figure 4.1: Distribution selon l'âge des pêcheurs indépendants et associés
L'âge moyen se situe autour de 31 ans, pour une fourchette de 12 - 70 ans. Par ailleurs, plus de 80% de la population a moins de 40 ans. On remarquera un taux appréciable (22 à 27%, respectivement chez les pêcheurs indépendants et les pêcheurs associés) de jeunes de moins de 20 ans. La proportion de gens âgés, plus de 56-60 ans (âge de mise à la retraite dans la fonction publique) est assez faible puisqu'il n'est que de 1,5 à 2,5%.
4.1.3. Statut civil et charges familiales
La connaissance de la situation familiale des pêcheurs peut donner une indication de l'opportunité de l'activité. Les pêcheurs se répartissent comme suit selon ce critère.
Tableau 4.3: Répartition des pêcheurs suivant leur situation familiale (en %)
Situation de famille |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
Mariés | 72,5 |
71,4 |
Célibataires | 18,5 |
26,6 |
Divorcés | 2,0 |
0,9 |
Inconnus | 7,0 |
1,1 |
Total | 100,0 |
100,0 |
Plus de 70% des pêcheurs entretiennent une famille. Le nombre moyens de personnes à charge (par pêcheur) est de 3 - 4, moins pour les célibataires.
4.1.4. Niveau d'instruction
Comme le montre le tableau suivant, peu de pêcheurs ont reçu une formation scolaire.
Tableau 4.4: Répartition des pêcheurs suivant leur niveau d'instruction (en %)
Niveau d'instruction |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
Illettrés | 85,4 |
62,2 |
Primaire (1 à 5 ans) | 5,6 |
10,2 |
Secondaire (>5 ans) | 3,4 |
20,4 |
Inconnus | 5,6 |
7,2 |
Total | 100,0 |
100,0 |
Plus de 80% des pêcheurs indépendants enquêtes sont illettrés. Le taux est relativement plus faible dans les groupements, probablement du fait du nombre d'immigrants, venant des sociétés privées, sises le plus souvent dans des grands centres où les conditions de scolarisation sont meilleures, alors que les écoles sont quasi-inexistantes dans les villages de pêcheurs. On observe en retour une forte inertie des parents à scolariser leurs enfants.
Tableau 4.5: Niveau de scolarisation des enfants de pêcheurs
Effectifs |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
Total |
Nombre total d'enfants | 771 |
179 |
950 |
Enfants scolarisables (a) | 498 |
123 |
621 |
Enfants non scolarisés (b) | 390 |
74 |
464 |
(a) enfants de plus de 6 ans
(b) enfants de plus de 6 ans n'ayant jamais été à l'école
Environ 75% des enfants en âge d'aller à l'école ne sont pas scolarisés.
4.1.5. Logement
Cette partie vise à décrire les conditions de logement des pêcheurs, considérées comme un indice de l'aisance d'une famille. La plupart (78% des pêcheurs indépendants) ont leur propre maison, les jeunes et les célibataires étant parfois logés par leur famille. La location représente 5% des cas.
La maison est souvent bâtie de plein pied, en feuille de palme, le plancher étant simplement la terre. L'usage de matériaux telle la tôle pour les murs et la toiture est très peu répandu, ce qui n'est pas surprenant vu les conditions de leur acquisition. La construction sur pilotis se rencontre surtout dans la baie de Mahajamba.
Environ 70% des cases comptent au plus deux pièces, le tiers des pêcheurs de groupement et le cinquième des indépendants n'en disposant que d'une seule. Les cases de plus de trois pièces sont rares (5 à. 10%). La densité moyenne d'occupation fluctue autour de deux personnes par pièce. Une exception est faite pour les ménages (22% du total) où l'on cohabite à 4 à 6 en moyenne dans une unique pièce.
Les pêcheurs des groupements habitent en général dans des maisons collectives fournies par la REFRIGEPECHE OUEST.
4.1.6. Les pratiques sociales
Certaines pratiques sociales peuvent constituer un facteur de limitation de l'effort de pêche. Plus de 70% des pêcheurs (indépendants et associés) couverts par cette étude observent des interdits ancestraux.
Les restrictions sur les jours de sortie en mer (un jour par semaine) touchent 52% des pêcheurs indépendants et 32% de ceux des groupements, sans distinction de classe d'âge.
L'observation des zones interdites est moins répandue, et à 31% ne concerne pratiquement que les pêcheurs indépendants.
4.2. Les moyens de production
La pêche au crabe, comme définie plus haut, peut aussi bien se pratiquer à pied qu'en pirogue. Elle fait intervenir plusieurs métiers, souvent pratiqués en association.
Cette partie décrit les caractéristiques de la pirogue, son mode d'acquisition, ainsi que l'importance de chaque métier.
4.2.1.- La pirogue
a) Caractéristiques;
Elles peuvent être construites avec une grande variété de bois. Le choix du matériau dépendra en priorité de sa disponibilité dans les mangroves. Les types les plus usités sont Sonneratia alba, connu localement sous le nom de "farafaka" (59,4%), le "pamba" ou Ceiba spp (21,1%), et ManGIFera indica ou "manga". Outre ces trois essences, les espèces suivantes ont également été notées :
- "Arofy", Woodfordia floribunda
- "Manongy", Erythroxylon ampullaceum
- "Aboringa", Hildegardia erythrosiphon
- "Sakoa", Sclerocarya coffra
- "Mafay", (nom scientifique inconnu)
- "Somaly", (nom scientifique inconnu)
Quelques 70% des pêcheurs indépendants et pratiquement tous les pêcheurs des groupements utilisent une pirogue dont le seul type rencontré dans le cadre de l'étude est celui traditionnel. 90% des pêcheurs des groupements et 97% des pêcheurs indépendants utilisent des pirogues à balancier.
La longueur de la pirogue dépend surtout de sa destination. Celles destinées aux transports dans les mangroves, par exemple, mesurent entre sept et huit mètres. En ce qui concerne les pêcheurs de crabe, le tableau suivant présente la distribution de fréquence des embarcations utilisées par ceux indépendants et ceux des groupements.
Tableau 4.6: Distribution des fréquences de longueur des embarcations (en %)
Longueur (a) (mètres) |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
1,8 |
2,1 |
9,9 |
3,6 |
35,3 |
68,1 |
5,4 |
61,3 |
17,6 |
7,2 |
1,3 |
4,4 |
Total |
100,0 |
100,0 |
(a)
La longueur a été enregistrée en réfy, l'unité de longueur locale (1 réfy =1,8 m)
Comme le montre ce tableau, les pêcheurs indépendants utilisent, en moyenne, des pirogues plus longues. Ce qui n'est pas surprenant, ces pêcheurs pratiquant également d'autres types de pêche embarqués à deux ou trois, telle la pêche à la ligne.
Seuls 10,8% des pirogues des pêcheurs indépendants sont munies de voile comme propulsion additionnelle. Le reste, comme tous les pêcheurs associés se déplacent uniquement à la rame.
b) Propriété, mode d'acquisition et âge
Parmi les pêcheurs indépendants embarqués, 73% sont propriétaires de leur pirogue. Environ le quart utilisent les embarcations de leur famille ou relations. La REFRIGEPECHE met usuellement une pirogue à la disposition de chaque pêcheur des groupements, celle-ci restant la propriété de la société.
Environ 54% des pêcheurs indépendants propriétaires de pirogue ont construit eux-même leur embarcation; 33.5% l'ont achetée; 12.8% l'ont reçue en don. On a noté très peu de crédit pour l'achat de la pirogue.
La Figure 4.2 présente la distribution des âges des pirogues.
Figure 4.2: Age des pirogues des pêcheurs indépendants et associés
Le diagramme relatif aux pirogues des pêcheurs associés montre un taux plus ou moins constant de construction. Celui des pêcheurs indépendants accuse un pic en 1987, deux ans avant l'étude. Cette époque concordant avec le début d'intervention de la REFRIGEPECHE, le fait laisse supposer une réponse immédiate des pêcheurs à ces nouvelles opportunités.
Comme le taux de construction des embarcations des pêcheurs indépendants n'a pas été constant, il n'est pas possible d'en déduire la durée de vie d'une pirogue par, par exemple, une analyse de régression sur l'âge. En général, et la plupart des pêcheurs l'affirment, on admet que la pirogue disparaît de la pêcherie après deux ans.
4.2.2. Fréquence des différents métiers
L'utilisation d'un engin unique ou de plusieurs engins en même temps ou selon les conditions de sortie (niveau de la marée) dépend du pêcheur. Le tableau suivant montre la répartition des pêcheurs selon ce critère.
Tableau 4.7: Répartition des pécheurs selon le nombre de types d'engins utilisés
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
|||
Nombre de types d'engins |
nombre |
pour-cent |
nombre |
pour-cent |
1 |
213 |
60,0 |
19 |
19,4 |
2 |
101 |
28,5 |
25 |
25,5 |
3 |
20 |
5,6 |
18 |
18,4 |
4 |
17 |
4,8 |
31 |
31,6 |
5 |
0 |
0,0 |
5 |
5,1 |
Inconnus | 4 |
1,1 |
0 |
0,0 |
Total | 355 |
100,0 |
98 |
100,0 |
Une forte proportion de pêcheurs indépendants (60%), et 19% des pêcheurs associés ne pratiquent qu'un seul métier. 25 à 28% utilisent deux engins. L'association de trois ou quatre engins concernent surtout, en fréquence relative, les pêcheurs des groupements. Les tableaux 4.8. et 4.9. résument les fréquences d'utilisation des engins dans le cas des pêcheurs à métier unique et à deux métiers.
Tableau 4.8: Fréquence d'utilisation des engins dans le cas des pêcheurs à métier unique
Engins |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
||
Nombre |
% |
Nombre |
% |
|
Crochet | 161 | 75,6 | 4 | 21,0 |
Balance | 12 | 5,7 | 12 | 63,2 |
Hameçons | 2 | 0,9 | 0 | 0,0 |
Raquette | 38 | 17,8 | 3 | 15,8 |
Total | 213 | 100,0 | 19 | 100,0 |
Note: Aucun cas de pécheurs au casier n'a été rencontré au cours de l'enquête.
Les pêcheurs indépendants qui n'emploient qu'un seul engin ont une prédilection pour le crochet, tandis que ceux des groupements ont la balance. Le crochet est un instrument simple, toujours disponible dans les mangroves, et ne nécessitant aucun investissement supplémentaire. L'utilisation fréquente de la balance par les membres est par contre liée au fait que c'est l'engin préconisé, et donné, par la REFRIGEPECHE.
Tableau 4.9: Fréquences (en nombre) de différentes associations d'engins dans le cas des pêcheurs à double métiers
Engins |
Crochet |
Balance |
Hameçons |
Raquette |
Casier |
Crochet | - |
(6) |
(3) |
(0) |
(0) |
Balance | 23 |
- |
(0) |
(6) |
(0) |
Hameçon | 13 |
2 |
- |
0 |
(0) |
Raquette | 62 |
0 |
1 |
- |
(0) |
Note: Les chiffres entre () se rapportent aux pêcheurs associés, les autres aux pêcheurs indépendants.
Dans le cas d'une association de deux engins, la plupart optent pour la raquette et le crochet, ou pour le crochet et la balance. L'association de trois engins voit surtout la combinaison crochet-hameçon-raquette.
4.2.3. L'équipage
La distribution en fréquences du nombre de personnes formant un équipage d'une unité de pêche au crabe est présenté au Tableau 4.10.
Tableau 4.10: Distribution de fréquences (%) du nombre d'équipiers par unité de pêche au crabe.
Equipage |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
1 |
59,9 |
62,6 |
2 |
30,3 |
31,6 |
3 |
9,2 |
5,1 |
4 |
0,6 |
1,0 |
Total | 100,0 |
100,0 |
Au Tableau 4.11, on peut voir qu'un nombre important de pêcheurs sont accompagnés de leur femme.
Tableau 4.11: Distribution de fréquences d'équipages mari et femme.
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
|
Avec femme | 24,2 |
31,2 |
Sans femme | 61,8 |
51,6 |
Non applicable | 13,7 |
17,2 |
Inconnus | 0,3 |
0,0 |
Total | 100,0 |
100,0 |
4.3. La conservation et la commercialisation
4.3.1. La conservation
Dans la pêche traditionnelle, les modes de conservation des produits nécessitent peu ou pas d'investissements. Ils sont pratiqués pour éviter la détérioration du produit avant leur commercialisation ou leur consommation, ainsi que pour faciliter leur transport à longue distance.
Le crabe est simplement conservé dans de la boue. Ainsi conditionné, il subit, d'après LE RESTE (1976) une mortalité de l'ordre de 30% au bout de huit (8) jours, pertes dues non seulement au stockage au niveau du pêcheur mais aussi au transport4. Ce taux de mortalité, qui augmente de façon progressive durant la première semaine atteint une valeur maximale et constante durant la deuxième semaine.
4
En 1988 and 1989 la mortalité pendant le transport (à REFRIGEPECHE OUEST) était estimée à environs 14 Aucune donnée précise n'est disponible, néanmoins.
Le passage des collecteurs est connu à l'avance. Le crabe est alors convoyé jusqu'au point de collecte le plus proche.
4.3.2. Le transport
Le déplacement se fait dans 35% des cas à pied, mais le plus souvent, 65%, en pirogue. Dans ce dernier cas, les pêcheurs du même village s'organisent pour la livraison des produits. Le déplacement dure en général une à deux heures, pouvant aller jusqu'à cinq-six heures pour certains comme le montre le tableau ci-dessous.
Tableau 4.12: Fréquences (en %) des modes de transport des différents produits
Durée du déplacement en heures |
Livraisons à pied |
Livraisons en pirogue |
Attente du collecteur |
0 |
0,9 |
0,5 |
87,5 |
1 |
50,0 |
34,6 |
12,2 |
2 |
36,6 |
54.7 |
0,0 |
3 |
3,6 |
7,0 |
0,0 |
4 |
3,6 |
1.4 |
0,0 |
5 |
2,7 |
0,9 |
0,0 |
6 |
0,9 |
0,0 |
0.0 |
Inconnu | 1,7 |
0,9 |
0,4 |
Total | 100,0 |
100,0 |
100,0 |
Ces chiffres soulignent l'insuffisance du réseau de collecte par rapport à la dispersion des villages (ou zones de pêche).
4.3.3. Commercialisation des produits
Outre l'autoconsommation, trois modes d'écoulement ont été individualisés: la vente aux collecteurs, la vente aux mareyeurs et la vente directe. Le tableau ci-après montre la fréquence de ces pratiques.
Tableau 4.13: Fréquences (en %) des pêcheurs pratiquant les divers systèmes d'écoulement du crabe
Destination des produits |
Pêcheurs indépendants |
Pêcheurs associés |
Collecteurs | 100,0 |
100,0 |
Mareyeurs 1/ | 0,3 |
0,0 |
Vente directe | 0.6 |
0,0 |
Autoconsommation | 53,0 |
15,0 |
Note: Le total dans les colonnes dépasse 100% du fait qu'un pécheur peut pratiquer différents modes d'écoulement.
1/ II y a raison de croire que 0,3% des pécheurs qui vendent du crabe aux mareyeurs serait une sous-estimation. Le nombre de mareyeurs augmente régulièrement. Il était estimé à au moins 10 en avril 1980 dans les zones comprises entre Marosakoa et la baie de Marambitsy. Ces mareyeurs achètent le crabe à un prix supérieur à celui des collecteurs (comm. père. RAMANTOAINA, Jonah). Par ailleurs, les interview étaient faits par les collecteurs de la REFRIGEPECHE OUEST, et il est a présumer que les pécheurs étaient peu enclins à avouer qu'ils vendaient aussi du crabe aux mareyeurs.
Compte tenu du choix de la population cible, il est évident que tous les pêcheurs interrogés vendent aux collecteurs.
Parmi les pêcheurs qui livrent le crabe à la société REFRIGEPECHE, 15 à 53% (respectivement chez les pêcheurs indépendants et chez ceux associés) prélèvent sur leur capture pour la consommation familiale. Les ventes directes et/ou aux mareyeurs sont très rares, et ne sont pratiquées que par 1% des pêcheurs indépendants.
Cette concurrence n'est pas sans incidence sur les prix au producteur. En effet, si les collecteurs de la REFRIGEPECHE proposent 200 FMG/kg de crabe, les mareyeurs achètent le même produit à 250 - 350 FMG. Le crabe lavé rendu à l'usine est payé à 600 - 700 FMG/kg.
4.4. Les activités connexes
Les résultats des enquêtes font apparaître que la pêche au crabe est pratiquée parallèlement à d'autres activités. On notera plus particulièrement
- une agriculture d'autosubsistance, occupation qui, selon ANDRIANTSOA (1987), devient systématique quand les charges familiales du pêcheur augmentent;
- la pêche des autres ressources.
4.4.1. L'agriculture
Quelques 231, soit 65% des pêcheurs indépendants pratiquent l'agriculture comme occupation secondaire. Parmi eux, 46.3% cultivent pour leur propre compte avec leur ménage. Environ 44% de ces derniers font une monoculture du riz, 26% font du riz et du manioc, 30% font en plus de ces cultures de la canne à sucre ou de la banane.
La majorité des pêcheurs riziculteurs produisent entre 1 et 30 sacs de paddy (1 sac pesant en moyenne 60 kg). La production moyenne est de 13,7 sacs de paddy, équivalent à 8,2 sacs, soit 410 kg de riz blanc par an. En admettant une consommation individuelle journalière de 0.5 kg (deux repas de riz), et un ménage moyen de 3.5 personnes, la production couvre en moyenne les besoins du ménage pour 234 jours (8 mois). Près du quart de ces pêcheurs peuvent couvrir leurs besoins annuels. Rapportant ces cas à la totalité (355) des pêcheurs indépendants, ils représentent 5 à 6 % des ménages dans la population cible.
Comme mentionné supra, environ la moitié des ménages faisant de la riziculture cultivent d'autres produits (tels que le mais ou le manioc) pour couvrir leurs besoins additionnels. Cette occupation mobilise une partie du temps de travail des pêcheurs.
4.4.2. L'élevage
Le tableau suivant présente la distribution de fréquences des ménages et des pêcheurs pratiquant l'élevage, ainsi qu'une indication de l'effectif de leur bétail.
Tableau 4.14: Pourcentage de ménages et nombre de pêcheurs indépendants faisant un élevage
BOVINS |
CHEVRES |
VOLAILLES |
||||
Nombre de têtes |
Ménages |
Pêcheurs |
Ménages |
Pécheurs |
Ménages |
Pêcheurs |
nul | 65.4 |
76,3 |
94,7 |
95,8 |
71,3 |
76,6 |
1- 5 |
4,2 |
5,4 |
0,6 |
2,0 |
1,4 |
3,4 |
6-10 |
4,5 |
3,4 |
0,8 |
0,0 |
2,8 |
5,1 |
11-20 |
7,0 |
5,1 |
2,5 |
1.1 |
6,2 |
5,4 |
21-30 |
6,5 |
5,9 |
0,6 |
0,8 |
8,4 |
5,1 |
31-40 |
6,5 |
2,3 |
0,3 |
0,0 |
5,3 |
2,5 |
41-50 |
2,5 |
0,6 |
0,0 |
0,0 |
1,4 |
0,8 |
51-60 |
1,7 |
0,6 |
0,6 |
0,3 |
1,4 |
0,6 |
61-70 |
0,3 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
71-80 |
0,6 |
0,3 |
0,0 |
0,0 |
0,6 |
0,3 |
81-90 |
0,3 |
0,3 |
0,0 |
0,0 |
1,1 |
0,3 |
> 90 |
0,6 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Total |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
(N) |
(356) |
(355) |
(356) |
(355) |
(356) |
(355) |
Note: Le pourcentage pour un pêcheur peut se trouver dans une catégorie (par exemple 3,4% possédant de 6 à 10 bovins), tandis que son foyer peut être dans une autre (11 à 20 bovins).
L'élevage bovin est le plus pratiqué, intéressant 23,7% des pêcheurs indépendants et 34,6% des familles, suivi par l'aviculture occupant 23,4% des pêcheurs et 28,7% des ménages. Au moment de l'enquête, le prix d'un bovin se situait aux environs de 250.000 FMG. La moyenne de bovins pour un pêcheurs qui possédaient un bovin ou plus se situait à 18 têtes. En ce qui concerne les bovins, le tableau ci-dessous montre que le cheptel peut être important, auquel cas il représente un capital vif appréciable. Le prix d'une chèvre était entre 15.000 et 20.000 FMG et celui d'une volaille était 200 FMG.
Chez les pêcheurs associés, les chiffres sont pratiquement les mêmes, à la différence que seul 15% ont des zébus.
Tableau 4.15: Pourcentage de ménages et nombre des pêcheurs associés faisant un élevage
BOVINS |
CHEVRES |
VOLAILLES |
||||
Nombre de têtes |
Ménages |
Pêcheurs |
Ménages |
Pêcheurs |
Ménages |
Pêcheurs |
nul | 75.5 |
86,7 |
92,9 |
99,0 |
64,3 |
74,5 |
1- 5 |
13,3 |
7.1 |
3,1 |
1,0 |
5,1 |
3,1 |
6-10 |
6,1 |
4,1 |
4,1 |
0,0 |
11,2 |
7.1 |
11-20 |
1,0 |
1,0 |
0,0 |
0,0 |
11.2 |
8.2 |
21-30 |
1,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
3,1 |
1,0 |
31-40 |
2,0 |
1,0 |
0,0 |
0,0 |
4.1 |
3,1 |
41-50 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
1.0 |
2,0 |
51-60 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
1,0 |
61-70 |
1,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
71-80 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
81-90 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
> 90 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
Total |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
100,0 |
(N) |
(98) |
(98) |
(98) |
(98) |
(98) |
(98) |
Le nombre moyen de bovins par pêcheur associé était 8. On note également que l'effectif du cheptel bovin augmente avec l'âge du pêcheur. En effet, le zébu constitue une épargne ou un placement.
Ainsi, bien que le plus souvent en mode extensif, ou à la limite en semi extensif, l'élevage occupe une place assez importante dans le vie du pêcheur.
4.4.3. Les autres types de pêche
Les diverses techniques de pêche utilisées pour exploiter les ressources autres que le crabe sont décrites en Annexe 1; il s'agit essentiellement de la pêche du poisson à la ligne ou au filet, la pêche à la crevette au filet ou au barrage, et la pêche du chevaquine au filet moustiquaire.
Quelques 275 pêcheurs indépendants, soit 77,5% exploitent d'autres ressources. 46,5% emploient un engin unique; 33,6% en combinent deux. Pour les autres, soit les informations ne sont pas disponibles (28 pêcheurs), soit ils combinent trois types d'engins ou plus.
La pêche au poisson est l'activité supplémentaire la plus courante.
Tableau 4.16: Distribution de fréquences des engins (indépendant de pêche au crabe) utilisés par les pêcheurs indépendants ne pratiquant qu'un seul type de pêche
Engins |
Nombre |
Pourcentage |
Lignes | 48 |
37,5 |
Filet poisson | 43 |
33.6 |
Filet crevette | 14 |
10,9 |
Filet moustiquaire | 12 |
9,4 |
Barrage | 11 |
8,6 |
Total | 128 |
100,0 |
Les associations de deux engins sont présentées ci-après.
Tableau 4.17: Fréquences (en nombre) de pêcheurs par type de combinaison
Engins | Lignes | Filet poisson | Filet crevette | Filet moustiquaire |
Filet poisson | 39 |
. |
- |
|
Filet crevette | 4 |
11 |
- |
- |
Filet moustiquaire | 6 |
22 |
5 |
- |
Barrage | 5 |
11 |
0 |
9 |
Dans la plupart des cas, les barrages ou les filets dont disposent les pêcheurs sont uniques. En ce qui concerne la ligne à main, les nombres varient entre 1 et 8. On a noté en tout 15 pêcheurs indépendants utilisant trois ou plus engins supplémentaires.
Les pêcheurs associés concentrent en principe le maximum de leur effort pour la pêche au crabe; cependant, 51% d'entre eux déclarent pratiquer d'autres pêches.
Une vingtaine de pêcheurs associés sortent parfois le filet à poisson, 17 la ligne à main, et quelques uns le filet à crevette ou le filet moustiquaire. Trois pêcheurs combinent la ligne avec le filet moustiquaire et trois la ligne avec le filet crevette.
Bien que la capture, surtout celle en poisson, des pêcheurs associés soit essentiellement destinée à l'autoconsommation, ils leur arrivent de vendre les prises en crevette, et en poisson, aux collecteurs de REFRIGEPECHE ou à des mareyeurs privés.
L'effort de pêche est conditionné par divers facteurs liés soit aux conditions du milieu, soit à la population. A défaut de pouvoir quantifier l'influence de ces facteurs, cette partie essaie de donner leurs modalités d'intervention.
5.1 Fluctuation de l'engagement dans la pêcherie de crabes
Figure 5.1: Nombre de pêcheurs (indépendants et associés) actifs - toutes baies
Des données ont été collectées sur les captures et efforts dans le contexte d'une étude de la biologie et des ressources de crabe, menée en parallèle avec cette enquête socio-économique. Les données hebdomadaires concernent la période à partir de mars 1989 et se poursuit en 1990. L'analyse de ces chiffres, qui est en cours, révélera les fluctuations de production et de taux de capture (BAUTIL, 1989 - manuscrit). L'analyse qui suit, basé sur ces données, se limite au nombre de pêcheurs engagés dans l'exploitation du crabe entre avril 1989 et avril 1990. Elle a été faite par tranche de deux semaines en séparant les pêcheurs indépendants et associés. Les résultats sont présentés à la Figure 5.1.
Un maximum de 280 pêcheurs indépendants étaient actifs en avril-mai 1989. Ce nombre a diminué à partir de juin, à un minimum de 120 en novembre et décembre. A partir de janvier, le nombre de pêcheurs actifs a augmenté à nouveau. Les résultats préliminaires de l'étude de taux de capture indique une baisse de productivité qui suit celles des pêcheurs actifs.
La diminution dans les livraisons à REFRIGEPECHE OUEST parait donc résulter de la conjonction de ces deux éléments.
A la Figure 5.1, on voit que l'activité des pêcheurs associés fluctue également au cours de l'année. Le maximum se situait en juin 1989 avec 63 pêcheurs actifs et le minimum en décembre 1989 avec 34. Donc, l'objectif de stabilisation des livraisons de la REFRIGEPECHE n'était que partiellement atteint 8. On doit signaler, ici, la mobilité des pêcheurs associés qui se joignent aux groupements et les quittent plutôt rapidement. Les chefs de groupements doivent souvent se rendre à Mahajanga pour recruter de nouveaux pêcheurs.
8
Ceci dépendra aussi de la productivité des pêcheurs, une analyse qui n'est pas encore complété (BAUTIL, 1990 -manuscrit).
5.2 Influence des conditions du milieu
La côte ouest recèle la plus grande étendue de mangrove de Madagascar. LE RESTE (1976) spécifie que la ressource en crabe est disponible aussi bien en estuaire que dans la mangrove ou en mer; aussi, la localisation de la ressource ne peut constituer un facteur limitant.
Toutefois, l'évacuation du produit est fortement handicapée par l'insuffisance des moyens de communication. La voie fluvio-maritime est la plus utilisée, mais elle peut devenir impraticable lors des grandes crues des saisons de pluies. L'on notera que l'exploitation du crabe s'est développée consécutivement à l'instauration d'un réseau de collecte.
La côte ouest est également réputée pour sa richesse (relative) en ressources halieutiques, dont les poissons (d'eaux saumâtres, d'estuaires et marins), la crevette, le chevaquine et le crabe. Cette profusion de ressources met en concurrence les différents produits.
L'insuffisance des voies de communications affecte de même l'approvisionnement des villages en produits de première nécessité, notamment en riz. Cette lacune oblige souvent les pêcheurs à produire selon leurs moyens les denrées qui leur sont indispensables, aspect qui grève sérieusement le temps alloué à la pêche. Ces communautés entretiennent ainsi une économie d'autosubsistance.
5.3. Influence des facteurs sociaux
La compilation des origines des pêcheurs montre une perpétuation des activités des parents. L'insertion dans la vie active se fait en bas âge, le métier étant facile d'accès, et demande peu d'investissement. Les pêcheurs au crabe quittent le secteur à l'âge de 55-60 ans, probablement à cause de leurs conditions physiques, la pêche au crabe nécessitant souvent de longues marches dans les mangroves. En effet, on observe un retour à l'activité à cet âge dans la pêche traditionnelle (voir courbe).
Un des facteurs favorisant l'orientation vers la pêche au crabe est certainement le niveau d'instruction trop bas et l'insuffisance de fonds (financiers) de démarrage. Il s'ensuit que l'exercice d'autres professions (surtout dans les centres urbains) devient pratiquement impossible. Cet état de fait se transmet souvent de génération en génération. En effet, les parents ne scolarisent pas leurs enfants pour les raisons suivantes :
- l'admission dans une école nécessite (normalement) des dossiers administratifs (acte de naissance. . .) qu'ils sont en difficulté de produire, d'une part parce que eux-même sont illettrés, et d'autre part parce que les naissances ne sont pas souvent déclarés du fait de l'éloignement excessif des centres administratifs, aggravé par la précarité voire l'inexistence des voies de communication;
- l'inexistence d'institution scolaire dans le village ou dans les villages voisins, fait constaté dans plusieurs cas, et rapporté par d'autres auteurs;
- l'insuffisance de moyens financiers pour subvenir aux dépenses de scolarité;
- le non intéressement à l'instruction scolaire.
En regardant les conditions de vie du pêcheur, en l'occurrence la qualité du logement, on constate que soit les matériaux de construction font défaut dans les villages, soit que leurs besoins de confort sont modestes. Cette dernière hypothèse peut se traduire par une faible motivation au travail.
Les pratiques sociales constituent également des facteurs non négligeables en ce qui concerne l'effort de pêche. En effet, plus de 50% des pêcheurs observent au moins un (1) jour ouvrable par semaine d'interdiction à la pêche. L'effort potentiel s'en trouve réduit d'environ 8%, réduction qui équivaut à 60 tonnes de produits en admettant une production annuelle de 700 tonnes.
5.4. Influence des autres activités
5.4.1. L'autosubsistance
L'agriculture est souvent perçue comme une sécurité alimentaire et est de ce fait pratiquée pour l'autosubsistance. Si l'on considère que 6% des pêcheurs subviennent à leurs besoins annuels en riz, on constate que l'activité peut mobiliser un temps appréciable du pêcheur, et à la limite on pourrait admettre la pêche comme une activité secondaire par rapport à l'agriculture, nécessaire pour l'acquisition de biens non productibles par le ménage parce que la fraction de la capture non autoconsommée est convertie en argent. La quantification de la perte du point de vue effort de pêche due à cette pratique est difficile. Néanmoins, on pourrait situer globalement, au vu du calendrier cultural les périodes de régression de l'effort liée au secteur.
Tableau 5.1: Calendrier cultural
La participation des hommes aux travaux des champs est maximum pendant la période de préparation du sol, qui a lieu, pour les trois principales cultures (riz, manioc, mais) de début octobre à fin février. En général, les femmes participent moins à cette activité.
5.4.2. La compétition des autres ressources
a) Les conditions d'exploitation
L'exploitation des autres ressources contribue également à dériver l'effort de pêche au crabe.
La pêche au poisson (à la ligne ou au filet) peut se pratiquer toute l'année. Des études antérieures ont montré que les sorties en pirogue sont favorisées de janvier à août, période où les vents soufflent de la terre le matin et de la mer l'après midi.
La pêche à la crevette est un volet important de la pêche traditionnelle du fait de la valeur marchande du produit, et de son accessibilité aux engins traditionnels, en particulier le barrage. Cet engin a l'avantage de pouvoir se fabriquer uniquement à partir de matériau disponible dans les mangroves. Il est sorti deux fois par mois lors des vives eaux, chaque sortie durant en moyenne sept (7) jours. La période la plus favorable se situerait entre avril et octobre (RABARISON ANDRIAMIRADO, 1989; comm. pers.), donc en saison sèche. En effet, ces engins étant installés le long des côtes, en estuaires et aux embouchures de fleuves, ils sont sensibles au débit de ces derniers qui augmente beaucoup durant la saison des pluies et les périodes cycloniques.
En ce qui concerne la pêche au chevaquine (au filet moustiquaire), elle serait favorable de novembre à mars. Cette activité concerne 10% des pêcheurs.
Ainsi, les fluctuations possibles de l'effort de pêche au crabe dues à l'existence d'autres ressources auraient lieu essentiellement en saison sèche , période où les sorties en mer et l'installation des barrages côtiers sont les plus favorables. Par ailleurs, si certaines techniques de pêche au crabe sont également tributaires du débit des cours d'eaux, donc de la saison, (pêche à la raquette), celle dite "au trou" prévaut largement.
b) L'écoulement des produits et les prix pratiqués
Les valeurs marchandes respectives des différents produits halieutiques influent certainement sur la pêche. Comparativement aux autres, celui du crabe semble peu compétitif, comme le montre le tableau ci-après.
Tableau 6.2: Les prix au producteur
Produits |
FMG/kg |
Crevettes | 1.600 |
Ahambamba (Thryssa vitrirostris) | 250 |
Varilava (Anchoviella sp) | 550 |
Chevaquine (Acetes erythraeus) | 600 |
Poissons divers | 400 |
Crabes (Scylla serrata) | 200-350 |
Source: RAZAFIMANDIMBY, 1989
De tous les produits débarqués par la communauté, le crabe est le moins coté. Aussi, si les conditions d'écoulement de ces différents produits étaient les même, on ne s'étonnerait pas de l'orientation des pêcheurs vers les autres pêche plutôt que celui du crabe, si leurs moyens le leur permettent (acquisition des engins essentiellement). Le tableau suivant consigne les modes d'écoulement de la crevette et du poisson.
Tableau 6.3: Fréquences (%) de pêcheurs pratiquant les divers systèmes d'écoulement des autres produits
Crevette |
Poissons |
|||
Destination de produits |
Pêcheurs indépendant |
Pêcheurs associés |
Pêcheurs indépendant |
Pêcheurs associés |
Collecteurs | 86 |
80 |
86 |
60 |
Mareyeurs | 2 |
10 |
1 |
20 |
Vente directe | 9 |
0 |
12 |
0 |
Autoconsommation | 53 |
30 |
75 |
57 |
Note: Le total dans les colonnes dépasse 100% du fait qu'un pêcheur peut pratiquer différents modes d'écoulement.
La majorité des producteurs de crevettes (plus de 80%) cèdent leur capture aux collecteurs. 10% vendent exclusivement aux mareyeurs ou directement sur le marché.
En ce qui concerne les poissons, le prélèvement pour la consommation familiale est presque systématique dans cette communauté. Dans certains cas (2%), ils sont uniquement péchés à cet effet.
Malgré les potentialités de la région, l'isolement des villages peut constituer un handicap majeur au développement de la pêche. Suite à l'installation d'une structure d'évacuation du produit, la pêcherie de crabe s'est dynamisée comme l'indique le fort taux d'immigration dans le secteur (plus de 40%) et l'augmentation de la production, qui est passée de quelques 120-150 tonnes il y a cinq ans, à 700 tonnes. L'activité occupe en forte proportion de jeunes ménages, mais semble difficile pour les gens à partir d'un certain âge du fait de l'effort physique qu'elle requiert, contrairement aux autres types de pêche. Si la faiblesse des investissements nécessaires et le niveau d'instruction (en général assez bas) des pêcheurs constituent un atout pour l'activité, la taille du ménage et les pratiques sociales peuvent régir l'effort.
Comme la plupart des sociétés rurales malgaches, les pêcheurs de crabe couverts par l'étude sont polyvalents du point de vue occupation, essentiellement à cause de la priorité donnée à l'autosuffisance et l'autosubsistance. On note plus particulièrement une forte implication dans l'agriculture, qui dans certains cas peut influer négativement sur l'effort de pêche compte tenu de son volume. L'abondance des autres ressources halieutiques dans la région dérive également cet effort de pêche, d'autant plus que le prix proposé au producteur pour le crabe est apparemment peu compétitif par rapport à celui offert pour les autres produits.
La présence des mareyeurs privés, apparemment en augmentation, donne au pêcheur une autre opportunité de vendre le crabe à meilleur prix. Cependant, il est souvent retenu par les avantages en nature que la société lui donne. Toutefois, cet aspect est un faux problème dans la mesure où la société accepte les livraisons directes à l'usine, excepté dans le cas où la demande du marché locale et des autres grands centres de consommation augmente significativement.
La quantification des fluctuations de l'effort de pêche au crabe requiert des observations sur terrain plus approfondies qu'une étude telle que la présente a été conçue ne pourrait aborder. Elle nécessiterait :
- l'observation périodique des activités individuelles;
- l'observation de l'évolution de la capture par unité d'effort, des captures saisonnières par village ou par zone;
- l'étude des différents circuits commerciaux et leur importance respectif.
Compte tenu de la place que la ressource en crabe pourrait prendre sur l'économie non seulement de la région, mais aussi sur la balance commerciale du pays, le maintien et le suivi adéquat de la pêcherie s'imposent. On attachera une importance particulière à l'étude de l'effort et de la production, en parallèle aux études biologiques de la ressource.
ANDRIANTSOA, M.H. (1987), Contribution à l'étude socio-économique de la pêche maritime traditionnelle et artisanale à Madagascar: l'exemple de la région de Mahajanga. Mém.d'Ingénieur ESSA. Univ.Antananarivo: 124p + annexes
ANONYME, (1972/1984), Statistiques des Pêches Maritimes
BAUTIL, B.R.R. et al. 1990 Etude préliminaire de la ressource en crabes des Mangroves (Scylla Serrata) de Nord-ouest de Madagascar.
BAUTIL, B.R.R. (1990), La pêche au crabe des mangroves et ses engins de pêche. Le "Bulletin des Pêches OISO", No. 32, juin 1990.
LE'RESTE, L. (1976), Etat de nos connaissances sur le crabe de vase Scylla serrata Forskal à Madagascar 32p
MADAGASCAR, Direction Générale de la Banque de Données de l'Etat, (1988), Inventaire socio-économique 1976-1986, Tome I et II, Madagascar, 483p.
RABARISON ANDRIAMIRADO, G.A. (1989), La pêche traditionnelle à la crevette en Baie d'Ambaro en 1988 In Actes du séminaire sur l'aménagement des pêcheries de crevettes côtières du Nord-Ouest de Madagascar: Nosy-Bé, Madagascar 13-21 juin 1989. Doc.OISO RAF/87/008/DR/50/89/F, pp:62-69
RAZAFIMANDIMBY, J. (1989), Analyse des activités de la pêcherie de crabe Scylla serrata sur la côte nord-ouest malgache - 1988. Mém.d'Ingéniorat Halieutique. Univ. Toliara :92p + annexes.
Les autres techniques de pêche rencontrées au cours de l'étude sont la pêche à la ligne, la pêche au filet (du poisson ou de la crevette), les engins fixes (barrages) et le filet moustiquaires. Ces techniques sont décrites brièvement ci-après.
Ligne à main
La ligne utilisée doit être forte, longue de 30 à 100 m, et lestée à sa partie inférieure d'un plomb. Elle comporte un ou au maximum deux hameçons. Divers appâts peuvent être utilisés, mais les pêcheurs traditionnels adoptent de préférence les sardinelles (Hilsa kelee), les petits crabes collectés sur les plages avant la sortie, ou la crevette. Les espèces cibles de la pêche à la ligne sont essentiellement le poisson et le crabe.
Filet poisson
Suivant le maillage utilisé, cet engin est sélectif sur l'espèce et la taille du poisson.
Les filets maillants encerclants, de maille très variable, sont les plus fréquents. Suivant le pouvoir d'achat du pêcheur, la longueur varie de 10 à 100 m, voire plus. Une série de cailloux cylindriques de 5 cm de long, percés dans le sens de leur plus grand axe pour introduire un fil, sert de lest. La ligne de flotteurs est par contre constituée d'une série de semelles de chaussure en plastique découpées en petits carrés de 5 cm de côté.
Selon le maillage et la chute choisis, le filet porte différents noms :
- "Harato" désigne un filet de maille trois doigts, et d'une chute de 1.8 à 2 m. Les espèces recherchées sont les Clupeidae ("karapapaka") et les Mugilidae ("kakabesofy", ou "jompo" ou "antafa");
- "Harato jerifa" , orienté vers la pêche des Chanidae ("vango"), a un maillage de 10 cm pour une chute de 0.8 m;
- "Jerifa" diffère du précédent par sa maille, 40 cm, et sa chute, 4 m. Cette variante est utilisée par les pêcheurs de Nosy Lava pour la capture de gros poissons, et surtout le requin-scie.
Barrage côtier ("valakira")
C'est un engin passif en forme de "V" dont l'ouverture est tournée vers le continent. Chaque bras mesure 10 à 200 m, et comporte des poteaux fixes de palétuvier (bois résistant à la corrosion marine), espacés de 1 m, soutenant sur le côté intérieur des lattis de 1 à 2 m de hauteur. Ces derniers sont confectionnés avec des bambous éclatés assemblés par des ficelles de raphia torsadées. A la pointe du barrage, c'est-à-dire à la jonction des deux bras, se trouve une chambre de capture. Cet engin cible principalement la crevette pénéide et le maquereau indien (Rastrelliger kanagurtà).
Filet à crevette ou "kopiko"
C'est un engin traditionnel destiné à la pêche à la crevette. Son aspect général rappelle un mini-chalut, tiré par deux personnes par ses ailes. Il est utilisé dans les profondeurs de moins de 1.50 m. L'ouverture verticale mesure entre 100 et 110 cm, tandis que celle horizontale varie entre 300 et 350 m, pour une profondeur de la poche de 500 cm environ. Il est confectionné à l'aide d'un tulle de 1 cm de maille, 90 cm de large et 50 m de long.
Filet moustiquaire ou "sihitra"
Fabriqué partir de moustiquaire de 2 mm de maille, il présente une ouverture rectangulaire de 50 cm de large par 250 cm de long. Sa profondeur varie de 3 à 4 m. Ce type d'engin est également tiré par deux personnes, par des cordes nouées aux quatre coins de l'ouverture. Il est sorti uniquement durant la pleine mer, par des profondeurs de 1 m environ, pour pêcher le chevaquine (Acetes erythreus).
Sylvie TOURETTE1 et David ARDILL2
1 Consultante économiste, Projet OISO
2 Directeur, Projet OISO
Introduction
Hypothèses entrant dans les simulations
Résultats des simulations
Conclusions
Annexe I: Simulations sur les activités de Réfrigépêche-ouest
Annexe II: Simulations sur les activités d'un bateau péchant le crabe
Les simulations réalisées contribuent à constituer un outil d'analyse sur la situation économique et financière actuelle de la société REFRIGEPECHE-OUEST et de proposer de nouvelles orientations concernant l'utilisation des capacités de production de l'usine de crabes.
Nous avons pour cela fait évoluer les paramètres portant sur:
- les quantités de crabes collectés en mangrove;
- la ventilation des produits usinés;
- et les coûts de transport liés à collecte.
Nous avons supposé constantes les variables suivantes (aux prix pratiqués en 1990):
- la quantité de crabes achetés directement à l'usine dans la mesure où la quantité actuelle de 125 tonnes est maximale;
- le prix d'achat moyen des quantités collectées soit 225 FMG/kg et celui relatif aux quantités amenées à l'usine (achats usine) soit 600 FMG/kg;
- les coûts de transport entre la mangrove et l'usine3;
- les coûts/kg de conditionnement des divers produits usinables;
- les coûts du personnel;
- les frais financiers liés aux remboursements et aux intérêts;
- les prix de vente des divers produits finis.
3
Les bateaux de collecte évoluent actuellement souvent à moins de moitié charge. Une production annuelle de 1.000 t n'entraînerait donc pas forcément une augmentation du coût de transport. Il serait même envisageable de limiter la collecte auprès des pêcheurs indépendants à la période des marées d'eau vive (une fois par quinzaine), période quand la pêche au crochet est possible. Seuls les pécheurs associés ont une pêche (à la balance) indépendante des marées, et auraient besoin d'une collecte hebdomadaire. Par ce moyen, une réduction du coût de collecte serait possible.
Certes, les résultats des simulations restent tributaires de la fiabilité des données injectées dans le modèle.
Le poids de crabe acheté comprend 20 pour-cent de boue et de crabes morts qui sont rejetés. Le prix d'achat moyen répercute cette perte, ainsi que les coûts de transport entre les mangroves et l'usine.
Les rendements de crabe en morceaux sont estimés à 50 pour-cent du crabe lavé conditionné sous cette forme. Il n'y a aucune perte de poids pour les crabes entiers crus. Ces deux produits sont vendus uniquement sur le marché de la Réunion, qui ne peut absorber qu'un maximum de 200 tonnes par an sous chaque forme.
L'hypothèse de production des pinces cocktail est que les pinces sont récupérées sur tous les crabes à l'exception de ceux qui sont vendus entiers. Le taux de récupération est estimé par Réfrigépêche-Ouest à 2 pour-cent. Il a été estimé en 1989 que le taux de récupération de chair de crabe était de 18,3 pour-cent des crabes décortiqués.
L'hypothèse de production de coquilles est la suivante: 500 coquilles sont récupérées par tonne de crabes lavés (à l'exception des crabes vendus entiers). Une coquille pèse 110 g et est constituée de 35% chair de crabe et de 65% de préparation (sauce béchamel; le coût de cette sauce n'a pas été vendus uniquement sur le marché de la Réunion, qui ne peut absorber qu'un maximum de 200 tonnes par an sous chaque forme.
L'hypothèse de production des pinces cocktail est que les pinces sont récupérées sur tous les crabes à l'exception de ceux qui sont vendus entiers. Le taux de récupération est estimé par Réfrigépêche-Ouest à 2 pour-cent. Il a été estimé en 1989 que le taux de récupération de chair de Crabe était de 18,3 pour-cent des crabes décortiqués.
L'hypothèse de production de coquilles est la suivante: 500 coquilles sont récupérées par tonne de crabes lavés (à l'exception des crabes vendus entiers). Une coquille pèse 110 g et est constituée de 35% chair de crabe et de 65% de préparation (sauce béchamel; le coût de cette sauce n'a pas été répercuté dans le modèle). La chaire nécessaire aux coquilles est donc déduite de la production de chair.
Bien que certaines charges d'exploitation (eau, électricité) soient communes à l'ensemble des produits usinés, les charges les plus élevées sont liées à la cuisson et dans une moindre mesure au conditionnement et à la congélation. Cela pourrait justifier le choix d'orienter la production usinable en crabes crus congelés (dans le but de réduire au maximum les charges variables d'exploitation du crabe) et en produits décortiqués pour valoriser le plus possible un produit à forte valeur ajoutée: ici le gratin de crabe.
Les coûts en capital apparaissent ici directement dépendants de l'évolution des cours mondiaux: le coût d'achat de l'usine (équipée d'une technologie de pointe extérieure) a été estimé à 9 980 000 FF en 1987, (emprunt au taux de 14,5% remboursable sur 7 ans).
Les coûts fixes totaux liés au fonctionnement de l'usine sont évalués a 1 110 millions FMG par an, soit 4 298 000 FF au taux de change moyen de FF/FMG: 258,43.
Dans la mesure où toutes les charges administratives et techniques des activités liées à la fois à la collecte du crabe et des autres produits (crevettes, poissons, etc.) et au chalutage des crevettes sont confondues, nous avons reconstitué les charges directement imputables sur l'activité du crabe. Nous obtenons 700 millions FMG de coûts totaux fixes liés à l'usinage.
Dix simulations ont été faites (Tableau 1 et Annexe I). Les quatre premières sont au niveau de production de 1988 (513 t) (la simulation III représente la ventilation actuelle de produits), et les autres sont au niveau maximum de production de l'usine (1.000 t).
Une bonne ventilation des produits usinés est une opération indispensable à réaliser. Aux conditions actuelles d'approvisionnement (500 tonnes), passer la totalité de la production usinable en produits décortiqués améliore marginalement la situation financière de l'entreprise (simulation II). La vente d'une partie de la production en morceaux apporte une nouvelle amélioration marginale, mais seulement puisque les pertes sur ce produit sont moins lourdes que sur la chair (simulation III).
Une nouvelle simulation (No. IV) tient compte d'une réduction de 100% des coûts de transport liés à la collecte du crabe. Cela ne permet pas d'aboutir à une situation rentable (ce qui confirme bien l'importance actuelle des coûts fixes liés au fonctionnement de l'usine).
Ainsi, dans les conditions actuelles d'approvisionnement (500 tonnes dont les trois-quarts sont collectés), la rentabilité de l'activité du crabe ne peut être assurée que sous une condition financière indispensable: la forte baisse des coûts en capital de l'usine, au terme du remboursement de l'emprunt contracté en 1987, associé à une collecte sans aucun coût.
Même avec la quantité de crabes traités selon la capacité prévue de production de l'usine, (soit 1.000 tonnes), la société ne réalise pas un profit net si l'on tient compte du coût de collecte (Simulations V à IX).
Tableau 1: Simulations concernant Réfrigépêche-Ouest
Les pertes nettes de la société s'alourdissent si l'on ne diversifie pas la production pour obtenir des gratins de crabe (utilisation des coquilles; simulations V et VI). Comme dans le cas de la simulation III, la production maximale de crabes en morceaux (simulation VIII) réduit les pertes dans une certaine mesure, puisque moins d'argent est perdu sur ce produit que sur la chair.
L'activité du crabe n'est rentable que sous les conditions retenues à travers les simulations proposées:
(i) Une utilisation maximale des capacités de production de l'usine, avec une bonne ventilation commerciale des produits usinés, associé à
(ii) Des coûts de transport du crabe entre les mangroves et l'usine subventionnés (simulation IX), ou
(iii) Une augmentation des prix (simulation X).
Afin de vérifier l'option (ii), nous avons élaboré un modèle économique faisant apparaître l'activité de pêche du crabe, associé à la collecte (Annexe II). Les hypothèses retenues étaient celles d'un bateau de 26 CV, fourni gratuitement (eg. don japonais).
Pour une capacité de capture de 200 kg de crabes par jour et 196 jours de pêche par an, les coûts de fonctionnement sont évalués à 98 000 FF par an. La capture totale estimée à 39 tonnes produit un résultat nul (ou les coûts de fonctionnement sont équivalent à la valeur de la production) à un prix de 2,5 FF/kg, soit le double du coût du crabe dans la simulation IX.
Donc, même dans le cas ou des bateaux seraient fournis gratuitement, la pêche artisanale au crabe ne peut pas subventionner le transport 4.
4
Nous n'avons pas examiné la situation ou le coût du transport serait subventionné par des activités autres que le crabe (collecte ou pêche d'autre produits), puisque cela ne peut constituer qu'une solution temporaire et que les - données pour le faire ne sont pas disponibles.
Il ne reste donc que l'hypothèse (iii) comme option pour rentabiliser la société.
La simulation X montre le résultat d'une augmentation de 32 à 40 FF du prix de la chair de crabe, hypothèse ou un petit bénéfice est réalisé 5. Dans cette situation, la société n'aura théoriquement pas de problèmes de flux de trésorerie. Il est évident, toutefois, qu'un bénéfice financier ne sera réalisé qu'après remboursement de l'emprunt. Il est à noter que dans cette simulation le meilleur bénéfice est réalisé si toute la production est passée en chair, pinces cocktail et coquilles.
5
Dans ce modèle, l'annuité qui contribue aux coûts fixes est basé sur le remboursement de l'emprunt sur 7 ans à un taux d'intérêts de 14,5%. Si l'on considère la vie de l'usine à 15 ans (conservateur), un taux d'intérêt de 20% (donc qui tient compte des éléments de risque dans cet investissement) donnerait à peu prés la même annuité (2.138.000 FF).
La stratégie de la société doit se concentrer sur la recherche de produits et de marchés plus porteurs que celui actuel de la chair de crabe 6.
6
Le conditionnement en coquilles est un exemple du type de produit i valeur ajoutée à rechercher: l'adjonction de béchamel multiplie par trou la valeur réelle de la chair.
Compte tenu de:
- l'apport en devises non-négligeable (les exportations ont rapporté 12 MFF en deux années d'exploitation,
- l'impact important de l'activité du crabe sur l'emploi local (600 à 800 personnes concernées par l'exploitation du crabe de mangrove), et
- la valorisation intéressante que représente le crabe en tant que produit national,
une subvention de l'Etat serait à envisager, sous forme d'un programme d'aide à la recherche de marchés et au développement de produits.
Entrées |
Coûts annuels |
||
Taux des assurances | 5 % | Entretien | 22.000 FF |
Puissance motrice | 26 CV | Achat engins | 15.000 FF |
Prix carburant | 4.00 FF/1 | Carburants | 29.258 FF |
Prix coque | 200.000 FF | Lubrifiants | 1.463 FF |
Prix moteur | 120.000 FF | Equipage | 8.839 FF |
Jours de pêche/an | 196 j | Assurances | 16.000 FF |
Jours de mer/an | 236 j | Divers | 4.628 FF |
Jours/marée | 6 | ||
Nombre de marées | 39 | COUTS d'OPERATION 7 | 97.188 FF |
Captures journalières | 200 kg | ||
Captures annuelles | 39 tonnes | ||
Résultats | |||
Prix du crabe pour compenser les coûts d'opération | 2,5 FF/kg |
7
Ces coûts ne comprennent pu de frais financière.