CONSERVATION DE LA DIVERSITE DES RESSOURCES GENETIQUES ANIMALES DANS LES PAYS D'AFRIQUE FRANCOPHONE SUB-SAHARIENNEPLANCHENAULT D. (CIRAD-EMVT Paris) BOUTONNET J.P. (INRA Montpellier) (Octobre 1995) |
EVOLUTION DE L'ELEVAGE ET DES RACES
Le continent africain est d�tenteur d'une partie importante de la diversit� des animaux domestiques. Il abrite les esp�ces domestiques les plus repr�sentatives (bovins, ovins, caprins, porcins, �quins, asins, camelins) sans omettre les volailles (poules, pintades, canards, dindons, oies) et certains rongeurs (lapins et aulacodes). Quelque 400 esp�ces ou vari�t�s d'animaux domestiques sont reconnues en Afrique. Quelques-unes de ces esp�ces ont �t� remarquablement �tudi�es, mais une grande majorit� d'entre elles n'a fait l'objet que de peu d'investigations. L'�tude r�cente, publi�e dans le World Watch List, n'a pu rassembler une information significative que sur 180 des 400 races (ou vari�t�s) connues mais parfois uniquement d�crites par leur nom et leur r�partition g�ographique.
Avant d'aller plus loin, il convient de faire une mise au point sur l'emploi de certains termes. Dans ce document, le terme de race sera employ� dans un sens extr�mement large. Il pourra s'agir de v�ritables races isol�es, parfaitement connues et �tudi�es (comme le bovin Kouri du Lac Tchad), ou de populations, isolats, familles, sous-familles qui ont �t� d�crits dans certains documents, mais pour lesquels les travaux de caract�risation sont peu avanc�s ou non r�alis�s. Deux exemples illustrent parfaitement cette situation. Les ch�vres Arabe, Maure, Touareg, du Sahel volta�que, du Kanem etc. sont-elles toutes diff�rentes ? Le porc de Korhogo de C�te d'Ivoire est-il diff�rent du porc de Dapaong du Togo ? Dans tous les cas, le terme de "race" sera employ�.
Pour le terme de conservation, nous utiliserons la d�finition donn�e dans la "Strat�gie mondiale de la Conservation" qui a �t� pr�par�e par l'Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (UICN), en collaboration avec l'Organisation des Nations unies pour l'�ducation, la science et la culture (UNESCO), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et le World Wildlife Fund (WWF). La conservation, c'est la gestion, en vue de l'utilisation par l'homme, de la biosph�re, dans le but de retirer le maximum d'avantages pour la g�n�ration actuelle, tout en maintenant son potentiel, afin de pouvoir satisfaire les besoins et les aspirations des futures g�n�rations. La conservation est donc un concept positif qui couvre la pr�servation, l'entretien, l'utilisation durable, la restauration et l'am�lioration de l'environnement naturel.
La pr�servation proprement dite est la partie de la conservation qui consiste � isoler un �chantillon d'une population de souches g�n�tiques animales pour l'entretenir dans un environnement exempt des forces humaines qui risquent de provoquer une modification g�n�tique. Ce proc�d� peut �tre effectu� in situ, les sp�cimens �tant alors des animaux vivants, dans leur environnement naturel, ou ex situ, les �chantillons �tant pr�serv�s par exemple par stockage cryog�nique. Ce concept est beaucoup plus statique que le pr�c�dent puisqu'il parle d'isolement mais il n'exclut pas des actions de valorisation. Seules les actions de l'homme pouvant entra�ner des modifications g�n�tiques sont rejet�es. Le probl�me de l'�volution en fonction des contraintes de milieu n'est pas abord�.
A un stade interm�diaire, la conservation par la gestion consiste � soumettre un �chantillonnage, ou l'ensemble d'une population animale, � une modification g�n�tique contr�l�e dans le but d'entretenir, d'utiliser, de restaurer ou d'am�liorer les ressources g�n�tiques animales en vue d'une production sp�cifique donn�e. En effet, la mani�re souvent la plus efficace de conserver les ressources g�n�tiques, est d'aider les agriculteurs � mettre en valeur leurs races et � les utiliser. Les crit�res d'am�lioration sont le plus souvent quantitatifs, dans le cas de l'Afrique o� la productivit� des animaux reste faible. Les crit�res de qualit� en vigueur dans les pays d�velopp�s (composition du lait, forme et �tat d'engraissement des carcasses) n'ont pour le moment pas d'int�r�t puisque aucun circuit commercial n'est capable de les valoriser. En revanche, certains crit�res doivent �tre conserv�s au cours de l'am�lioration g�n�tique sous peine de faire perdre tout d�bouch� au produit. Il en va ainsi de la couleur des ovins de Tabaski, des poulets destin�s au sacrifice. Le format des animaux est �galement important en production de viande car il d�termine le type de pr�paration culinaire. Des porcs de 80 kg n'ont aucune chance d'�tre vendus si la population a l'habitude de consommer des porcs de 20 kg !
C'est dans ce contexte du Programme de Conservation et de Gestion des Ressources G�n�tiques Animales dans le monde que la FAO a entrepris d'identifier et de d�crire les diff�rentes races d'animaux domestiques reconnues et de rep�rer les principaux probl�mes li�s � la conservation de la biodiversit�. Compte tenu des diff�rences importantes qui peuvent exister entre les milieux, les conditions climatiques, les syst�mes d'�levage, les syst�mes de production ou les conditions socioculturelles, les objectifs attendus devaient rechercher une meilleure ad�quation possible entre le d�veloppement de l'animal et son maintien dans l'�cosyst�me qu'il valorise. Pour rendre l'ensemble compr�hensible, il �tait essentiel d'uniformiser le mode de collecte de l'information sur les diff�rentes races. Dans cet esprit fut cr�� le syst�me d'information sur la diversit� des animaux domestiques (GIS-DAD ou Global Information System for Domestic Animal Diversity) dont la partie visible actuellement, outre les questionnaires, est repr�sent�e par le World Watch List. Ce document essentiel doit �tre mis � jour de fa�on permanente gr�ce � une base de donn�es en liaison directe avec les modifications du milieu ou des connaissances.
Le travail pr�sent� ici appartient � un ensemble de neuf missions planifi�es � travers le monde, par la FAO1, pour identifier et s�lectionner les projets pouvant contribuer de fa�on significative � la conservation de la diversit� des diff�rentes esp�ces d'animaux domestiques. Il s'int�resse essentiellement � l'Afrique francophone sub-saharienne (Angola, B�nin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, C�te d'Ivoire, Guin�e, Mali, Mauritanie, Niger, R�publique Centrafricaine, S�n�gal, Tchad, Togo).
Pour chacune des esp�ces consid�r�es (bovins, ovins, caprins, �quins, asins, porcins, camelins, volailles), nous avons recherch� le nom de la race de fa�on aussi pr�cise que possible. La pr�cision se r�f�re � l'emploi local qui est fait de cette race. Ainsi le z�bu White Fulani est enregistr� sous ce terme si cette d�signation correspond � un emploi courant. Le terme Akou ou Fulani peut �tre r�serv� � la description d'une autre race dans un autre environnement. Si, commun�ment, il n'est pas fait de diff�rence dans l'emploi de ces diff�rents termes, ces derniers sont plac�s en synonymes. Tous les synonymes orthographiques sont not�s (Azawak, Azawa, Azawal, Azaouak). Ce premier �nonc� prend d�j� en compte la d�finition de la race qui a �t� donn�e ant�rieurement. Le sens tr�s large de cette d�finition permet de consid�rer l'emploi usuel d'un terme comme pouvant caract�riser une race particuli�re. Au sein d'une esp�ce, l'action de l'homme ou d'autres facteurs (climatiques, g�ographiques, g�ologiques, sociologiques, etc..), a cr�� des races qui ont �t� modifi�es, model�es par ces m�mes �l�ments. A l'�vidence, le principe de poser comme diff�rentes, deux populations d'animaux domestiques pouvant porter le m�me nom dans des sites diff�rents, ne pr�sage en rien sur la conclusion finale de l'existence ou non d'une diff�rence r�elle. A l'inverse, deux races classiquement consid�r�es comme diff�rentes pourront tr�s bien �tre jug�es identiques � l'issue d'�tudes sp�cifiques sur des crit�res de production, de phan�roptiques, de composition sanguine ou enzymatique ou de structure chromosomique. Les outils d'investigation utilis�s par l'homme d�terminent, l� encore, la vision qu'il est possible d'avoir � un instant donn�, sur les races d'animaux domestiques.
La localisation est certainement un des facteurs essentiels au processus de cr�ation et de maintien des races. Les hommes au cours de leurs migrations ont emmen� avec eux leurs animaux et cr�� des isolats qui portent, soit le nom du lieu de migration (mouton du Macina), soit le nom de l'ethnie ayant effectu� ce d�placement (mouton Mossi). Ces races ont �t� modifi�es et adapt�es au syst�me d'�levage mis en place par les �leveurs. Le mode d'�levage intensif ou extensif, s�dentaire, transhumant ou nomade influe certainement sur le choix primitif des races. Toutefois, il est difficile de dire si l'existence d'une race d�termin�e a contraint l'�leveur � un mode d'�levage sp�cifique ou si ce dernier a �t� oblig� de fa�onner sa race afin de r�pondre aux contraintes techniques que lui imposait le milieu. Seules, des �tudes phylog�n�tiques nous permettraient de r�pondre � cette question.
La m�me remarque peut �tre faite pour la d�termination des aptitudes de certaines races. Contrairement � ce qui peut se passer en Europe par exemple, il est certain qu'en Afrique certaines sp�cificit�s comme, pour les races bovines, la production de lait ou de viande, ne sont pas aussi nettement d�clar�es. Mais il faut se garder de porter une conclusion trop h�tive qui serait de consid�rer la majorit� des races bovines africaines comme mixtes. En fait, la sp�cificit� d'une race est d�j� le signe d'un travail d'am�lioration g�n�tique r�alis� par l'homme, soit de fa�on empirique, soit de fa�on plus organis�e. Il y a alors mise en place d'un programme de s�lection plus ou moins d�clar� et utilisation de crit�res de s�lection qui, dans tous les cas, constituent le support de l'action humaine. Cette qualit� sp�cifique est celle donn�e par les scientifiques. Elle correspond au caract�re P de l'animal sur lequel est bas�e la s�lection. Dans le cas d'un objectif d'am�lioration de croissance d'un animal, le crit�re et l'objectif de s�lection se rejoignent puisqu'il est possible, pour atteindre l'objectif, de s�lectionner directement sur la croissance. La d�finition de ce crit�re de s�lection est beaucoup plus compliqu�e lorsque le plan d'am�lioration est, lui-m�me, plus sophistiqu� (utilisation des ascendants, des descendants, des collat�raux, s�lection multiple). L'objectif a orient� le choix du crit�re et a finalis� la race.
Bien que rien ne nous autorise � le faire, il est possible d'admettre que les anc�tres de nos �leveurs africains actuels n'avaient pas les m�thodes suffisantes pour effectuer une s�lection comme nous la concevons aujourd'hui. Mais ce serait bien mal les consid�rer que de ne pas leur reconna�tre la capacit� d'avoir choisi judicieusement un crit�re de s�lection en accord avec leur objectif. Il est alors pr�f�rable de s'interroger sur notre propre facult� � concevoir des crit�res qui n'entrent pas dans la probl�matique de notre soci�t� d'aujourd'hui. Il ne faut pas oublier que, dans l'histoire de certaines grandes races productives actuelles, seulement une poign�e d'hommes, dynamiques, d�cid�s et sans doute visionnaires, ont amen� une race � grande sp�cialisation qui correspondait aux objectifs actuels. Les outils d�velopp�s se rapportent bien �videmment � leurs besoins. La g�n�tique africaine est entach�e de cette histoire. Il est facile, dans ces conditions, de parler de finalit� lait ou viande. Mais rien n'interdit de penser � des aptitudes � l'exploitation de certains p�turages, � la r�sistance � certaines pathologies, � la valorisation de certains milieux, � la th�saurisation, � la confection d'une dot ou � la c�l�bration de rites sociaux ou religieux. Il faut bien avouer que nos outils d'aujourd'hui sont bien mal adapt�s pour r�pondre � une telle demande ou plus simplement � une mesure de ces crit�res. Ces aspects sont souvent �lud�s faute de r�f�rence mais il n'en demeure pas moins qu'ils ont, sans doute, �t� � l'origine de la cr�ation de certaines races.
Les races sont pour nous des ensembles d'animaux qu'un groupe humain reconna�t comme faisant partie de cette race. Le principe d'appartenance peut �tre fond� sur des crit�res phan�roptiques h�ritables (taille, cornage, couleur, toison,...) ou sur des performances, ou sur l'ascendance. La diversit� des races existantes � un moment donn� r�pond � la diversit� des contraintes de l'�levage et � celle des objectifs de l'�levage. Elle est accrue par le poids de l'histoire : chaque population animale est le r�sultat d'une longue �volution des syst�mes d'�levage.
Homog�nes sur les crit�res d'appartenance sur lesquels chaque race est construite, les diff�rentes races d'animaux peuvent �tre h�t�rog�nes sur d'autres crit�res. C'est d'ailleurs ce qui fait qu'on peut am�liorer la production moyenne d'une race par s�lection. La pr�servation de la biodiversit� concerne alors autant la pr�servation des diff�rentes races, que celle de la diversit� � l'int�rieur de chaque race.
Dans ce contexte, le croisement ne porte atteinte � la biodiversit� que si l'une des races entrant dans sa r�alisation voit son importance relative diminuer au cours du temps, et si les g�nes pr�sents chez cette race sont absents dans les autres races. Au contraire, dans certains cas, la pratique du croisement peut pr�server des g�nes, soit gr�ce � une nouvelle race fix�e, soit gr�ce au maintien oblig� des races parentales � qui les troupeaux crois�s fournissent un d�bouch� r�mun�rateur.
Il est possible, alors, de consid�rer les races d'animaux d'�levage comme des "construits sociaux" r�alis�s autour d'un ensemble de contraintes d'�levage et d'un ensemble d'objectifs d'utilisation des animaux. Les races qui ont connu une grande expansion ne doivent pas seulement leur succ�s � des qualit�s biologiques particuli�res (performances de production �lev�es et adaptation aux modes d'�levage les plus r�pandus). Elles le doivent aussi au dynamisme d'un groupe humain particulier (collectif d'�leveurs, ou firme priv�e) qui organise la s�lection des animaux, la ma�trise du potentiel g�n�tique, la promotion et la vente des reproducteurs, et enfin la r�partition de la rente g�n�r�e entre tous les acteurs. Cela signifie qu'il doit �tre possible de trouver, dans d'autres races, d'aussi bonnes qualit�s que dans les races dites "am�lior�es " si un bloc social prend en charge le long travail d'organisation que cela n�cessite.
Mais les races �voluent dans leurs caract�res sous la pression des changements qui se produisent soit dans les conditions d'�levage, soit dans les objectifs de production. Cette �volution peut se faire par tri des reproducteurs � l'int�rieur de la race (s�lection) ou par introduction de reproducteurs ext�rieurs (croisement). La plupart des races sont de fait issues de croisements. Ce raisonnement aboutit � exclure la notion de race pure. Aucune race n'est "pure", au sens de sans m�lange. Car cela signifierait, � l'extr�me, qu'elle serait issue d'un seul individu (clone !). Il nous semble difficile de nier l'existence et le grand int�r�t des brassages de g�nes.
Enfin, il �tait important de replacer ces races dans un contexte �conomique. La prise en consid�ration d'une race quelconque par un �leveur, et par l� m�me son maintien et son d�veloppement, ne peut �tre effective que si ce dernier a un int�r�t certain � s'engager dans cette voie. Cet avantage peut �tre imm�diatement per�u lorsque l'animal intervient directement dans l'autoconsommation familiale ou plus indirectement lorsque les produits ont une forte valeur commerciale. Dans tous les cas, il y a entre l'homme et l'animal partage de l'espace et des ressources du sol. Les races bovines adapt�es � un �levage extensif sont d�laiss�es au profit des cultures c�r�ali�res lorsque l'augmentation de la population le n�cessite ou lorsque cette sp�culation est plus rentable. Les modifications sont alors importantes. L'�leveur peut abandonner certaines esp�ces d'animaux domestiques pour rechercher des esp�ces mieux adapt�es aux nouvelles donnes. Il peut aussi modifier la race utilis�e ant�rieurement pour r�pondre aux contraintes que lui indiquent les circuits commerciaux. La conservation d'une race en l'�tat ne peut s'entendre alors que dans un milieu relativement ferm� o� l'autoconsommation du service ou du produit peut permettre son maintien � long terme. Dans tous les autres cas, il y a �volution du cheptel fournissant une r�ponse aux besoins. Il doit y avoir une v�ritable gestion qui autorise le d�veloppement sachant que de tout temps l'animal s'est adapt� � l'homme. Il semble utopique aujourd'hui de penser pouvoir arr�ter ce processus. Il est pr�f�rable de le g�rer en tentant de minimiser les pertes.
La deuxi�me partie du travail r�alis� cherchait � d�crire, pour chaque pays, quatre ou cinq situations cl�s. La pertinence pouvait s'appliquer � une race, une localisation, une caract�ristique ou un syst�me particuliers. La situation choisie se devait d'avoir un r�le � jouer ou une place bien d�finie dans la structure de l'�levage du pays consid�r�. On s'est attach� � d�crire la situation de fa�on claire et pr�cise sachant qu'il est possible de s'attacher � un animal de race donn�e (cas par exemple du mouton du Macina, du porc de Dapaong), � une production particuli�re (b-uf de travail, pintade couveuse, chamelle laiti�re par exemple), � une localisation bien d�termin�e (ch�vre de Maradi, pintade de Dori, porc de Korhogo) ou � un syst�me d'�levage caract�ristique (syst�me s�dentaire extensif en Mauritanie, potentialit�s d'�levage dans le delta int�rieur du Niger au Mali). Des op�rations de conservation ne peuvent �tre entreprises que dans un contexte �conomique d�fini, rentable pour l'�leveur et dans des conditions sociales acceptables. Les facteurs favorisants et limitants doivent �tre r�pertori�s.
En conclusion, il appara�t que la notion primitive d'invariabilit� des esp�ces pr�sentes et des races utilis�es peut facilement �tre supplant�e par une id�e beaucoup plus �volutive. Cette fixit� initiale a pr�n� l'utilisation universelle, dans la plupart des conditions de production, de quelques races d'animaux domestiques dites "sup�rieures". Elle d�veloppait des campagnes de croisements, de vente d'animaux am�liorateurs ou d'ins�mination artificielle. Elle g�n�rait des �checs dans des milieux mal adapt�s ou en �volution. En prenant comme base de r�flexion non plus l'animal mais le milieu qui �volue en interaction avec l'homme, il est possible de consid�rer l'animal comme un ensemble de g�nes organis�s pour valoriser une situation temporaire. Le probl�me r�side uniquement, de ce fait, dans la gestion de la dur�e. La notion m�me de race est li�e � celle de son milieu. Au point de vue de l'�volution des animaux, une esp�ce ou une race se forme lorsqu'elle subit un ISOLEMENT. Le plus souvent, il s'agit d'un isolement g�ographique. Parfois, il est comportemental. Il appara�t alors comme extr�mement paradoxal que, dans de nombreux pays, une diff�rence importante puisse �tre faite et qu'une s�paration nette puisse �tre �tablie entre l'�levage et l'environnement. Cette r�alit� est le fruit de l'histoire. Il n'est plus possible d'�tre l'avocat d'une telle situation. L'animal domestique comme l'animal sauvage interf�re sur l'environnement et sur la gestion que peut en faire l'homme. C'est une nouvelle philosophie.
Le catalogue des races est impressionnant puisque 44 races bovines, 28 races ovines, 19 races caprines, 7 races asines, 11 races �quines, 7 races camelines, 17 races porcines et 13 races de volailles ont �t� d�crites. Il faut, cependant, moduler cet inventaire puisque l'�tude est plac�e syst�matiquement au niveau des pays. Il peut y avoir redondance d'information. Une m�me race, avec la d�finition qui a �t� donn�e ant�rieurement, peut se trouver d�crite dans divers pays sans qu'il soit possible de dire s'il y a ou non de v�ritables diff�rences. Par exemple, les bovins N'Dama du Mali et de Guin�e sont sans doute identiques. Mais, au Mali, une coloration fauve et sans tache est admise. Les robes tachet�es y sont quasiment inexistantes. La couleur "froment ordinaire" ne repr�sente que 16 p.100 de la population. En Guin�e, toutes les couleurs, du blanc au noir en passant par le marron, sont admises. De la m�me fa�on, les N'Dama de Guin�e et du S�n�gal se diff�rencient par une taille plus �lev�e chez ce dernier. Une m�me race peut avoir un nom diff�rent d'un pays � l'autre et avoir �t� consid�r�e plusieurs fois.
A la lecture de cette liste, qui est le strict reflet des questions pos�es, il appara�t que dans tous les cas (exception faite pour le B�nin), il n'y a pas d'�valuation des effectifs par race. Cette situation est importante. Les estimations du cheptel sont faites, lorsqu'elles existent, par esp�ce et/ou par r�gion. Il est rare de pouvoir disposer d'une �valuation par race. Lorsque celle-ci existe, elle est souvent fantaisiste. Il est imp�ratif que, dans le cadre d'un programme prenant en compte la conservation du mat�riel g�n�tique des animaux domestiques, il soit possible de conna�tre avec une bonne pr�cision l'�tat des effectifs d'une race. Si la mise en place d'un recensement n'est pas du domaine de cette �tude, il est important d'y signaler que l'identification des animaux domestiques est un pr�alable � toute connaissance du cheptel, au moins pour les grandes esp�ces (bovins, camelins, �quins). Elle n�cessite une volont� politique qui peut �tre le premier engagement marqu� d'un pays pour le respect de l'Agenda 21.
Chez les bovins, l'extr�me �clatement des races donne un exemple concret de l'int�r�t d'une recherche permanente d'une correspondance entre la position de l'homme (positions g�ographique, sociale, �conomique, religieuse) et son choix pour une race qu'il transforme et am�liore. Les bovins de race Peul sont rencontr�s en Mauritanie. Au Mali, il existe un z�bu Peul Toronk� qui est tr�s proche du pr�c�dent. En C�te d'Ivoire, se rencontre le z�bu Peul soudanien. Ce bovin est caract�ristique mais sans doute voisin des pr�c�dents car fortement li� aux �leveurs que sont les Peul. Au S�n�gal, le z�bu Gobra est aussi appel� le Senegal Fulani qui est une terminologie aussi employ�e pour le Red Fulani et pour le White Fulani du Cameroun. Ces deux derni�res races sont aussi appel�es respectivement Red Mbororo et White Mbororo. Elles sont distingu�es du z�bu Goudali de l'Adamaoua qui est aussi un z�bu Peul du Cameroun. Il appara�t donc bien difficile, en l'�tat actuel de nos connaissances, d'�tablir des fronti�res entre les races. Il ne serait pas logique de consid�rer le z�bu Peul, le Gobra, le Toronk�, le Goudali, le Mbororo et le Peul soudanien puis de ne reconna�tre qu'un seul type de b�tail N'Dama.
A cet ensemble de races bovines se surajoute l'ensemble des croisements qui ont pu �tre effectu�s dans les pays. Le plus traditionnel et le plus facile � reconna�tre est celui qui est pratiqu� � la fronti�re des zones � glossines et des zones sans glossines. Ce croisement z�bu / taurin est appel� Djakor� au S�n�gal, Bambara au Mali (on trouve aussi le terme de Djakor�, ou taurin du Kaarta). Un peu partout, on utilise le terme de M�r�. Dans tous les cas, il est fait r�f�rence au N'Dama ou au Baoul� mais rarement � un type particulier de z�bu. De cette relative uniformit�, il semble difficile de vouloir y reconna�tre une seule "race" de N'Dama, tout en admettant plusieurs types de z�bus. Il est plus judicieux de vouloir respecter l'usage des �leveurs qui ne diff�rencient pas le z�bu intervenant dans le croisement avec le N'Dama. Cela ne signifie pas qu'il n'y a qu'une seule race de z�bu ou de N'Dama mais qu'il n'y a qu'une seule population M�r� r�pondant aux besoins et aux caract�ristiques recherch�s par l'�leveur.
A ce croisement particulier, il faut ajouter tous les croisements issus de l'utilisation de races exotiques. Ils sont principalement localis�s � proximit� des grands centres urbains et r�pondent aux besoins particuliers de production (lait ou viande). Ils peuvent aussi se situer pr�s des centres de recherches zootechniques et correspondent � un "�chappement" de certains types en fin d'exp�rimentation. En C�te d'Ivoire, on note les croisements N'Dama x Abondance, N'Dama x Simmental, N'Dama x Jersiais. Au Mali, on trouve � la p�riph�rie de Bamako des croisements de z�bus avec des Montb�liard et des Rouge des Steppes. Il est int�ressant de noter qu'au B�nin et au Togo, les Borgou sont consid�r�s comme une race alors qu'ils sont issus d'un croisement N'Dama et z�bu (sans doute White Fulani). Au S�n�gal, les croisements laitiers r�alis�s � la p�riph�rie de Dakar avec des z�bus pakistanais (Sahiwal et Red Sindhi) et des bovins Montb�liard n'ont pas �t� signal�s. Ils int�ressaient pourtant � terme les z�bus Gobra et Maure.
Pour les ovins, des remarques tr�s similaires peuvent �tre faites. En Mauritanie et au Mali, une distinction est faite entre les moutons Maure � poils longs et les moutons Maure � poils ras. Cela correspond � une utilisation particuli�re de ces moutons par les �leveurs (confection de cordes, tentes et couvertures). Il y a eu s�lection d'un type particulier pour une production de poils. Au S�n�gal, o� le mouton Maure � poils longs n'est pas retrouv� de fa�on aussi caract�ristique, on parle du mouton Touabire qui est tr�s proche du mouton Maure � poils ras. Cette diff�rence de vocabulaire ne signifie pas une diff�rence de race, mais bien une autre consid�ration de la part de l'�leveur. Comme pour les bovins, le mouton Peul se retrouve un peu partout dans les diff�rents pays. On trouve le mouton Peul Toronk� en Mauritanie, le Peul-Peul s�n�galais au S�n�gal, le Peul volta�que au Burkina Faso, le Peul Houda au Cameroun et au Tchad . Ce m�me mouton Houda est appel� mouton Bali-Bali au Niger et au Mali bien que dans ce pays il prend plus commun�ment le terme g�n�rique de mouton Peul.
Pour le mouton Djallonk�, la situation est aussi confuse. Le terme de Djallonk� est reconnu partout. Il est remplac� au Burkina Faso par le terme de Mossi qui correspond � l'attache d'une ethnie. De m�me au Tchad, pour ce m�me mouton, les �leveurs parlent de mouton Kirdi qui est retrouv� au Cameroun. Dans ce pays, les �leveurs effectuent des croisements Kirdi x Djallonk� et diff�rencient les races. Ils isolent aussi deux types de Kirdi, le Kirdi des plaines et celui des montagnes. Trois races sont donc diff�renci�es. Il reste � savoir ce que donne le croisement. Dans toute cette partie de l'Afrique, un seul mouton � laine est signal� au Mali. Il est int�ressant de noter que le mouton Vogan du Togo est consid�r� comme une race bien isol�e. Sa fixation n'est pourtant pas encore assur�e. Les croisements grand mouton Sah�lien x Djallonk� servent � produire cet animal.
Chez les caprins, la situation est tr�s proche de celles des ovins. On trouve un terme g�n�rique qui caract�rise la ch�vre du Sahel. Elle prend le nom de ch�vre Maure et ch�vre Touareg au Mali, ch�vre du Sahel volta�que au Burkina Faso et ch�vre Arabe au Tchad. Dans ce pays, il est int�ressant de noter l'influence des travaux de recherche effectu�s actuellement sur la caract�risation des races caprines qui tendent � montrer la grande uniformit� des races dans cette esp�ce. Les r�ponses au questionnaire ne fournissent que les deux grands types (Sah�lien et Djallonk�) et ne font plus r�f�rence aux races traditionnellement d�crites (ch�vre du Kanem, ch�vre de Massakori, ch�vre du Batha, ch�vre du Lac, ch�vre du Mayo Kebbi) qui refl�taient plus une r�partition g�ographique qu'une v�ritable diff�rence g�n�tique. En Mauritanie, il faut remarquer deux types particuliers d�clar�s, la ch�vre du Gu�ra (ou ch�vre espagnole) et la ch�vre Diougry ( ou ch�vre naine de l'Est = Djougre) en plus de la ch�vre du Sahel ou Maure. Pour les ch�vres Djallonk�, les m�mes remarques que pour les moutons peuvent �tre faites. Enfin, compte tenu de la non-participation du Niger � cette enqu�te, la ch�vre de Maradi n'appara�t pas dans les r�sultats. Cependant, elle ne peut �tre pass�e sous silence puisqu'elle repr�sente le sch�ma type d'une s�lection en vue d'une production sp�cifique (la peau).
Chez les porcins, en g�n�ral, il n'y a pas de description bien men�e des races qui pourrait aboutir � une diff�renciation de certains types. Les porcs sont de race locale. L'int�r�t pour cette esp�ce est limit� du fait, sans doute, de l'influence de l'islam. Seul au Mali, le porc local semble porter un nom (porc Somo). Dans les autres pays, seuls les croisements sont nomm�s � partir de la r�gion o� ils sont effectu�s (porc de Dapaong au Togo, porc de Korhogo en C�te d'Ivoire).
Chez les chevaux, les renseignements obtenus sont tr�s faibles et refl�tent le peu d'int�r�t qui est port� � cette esp�ce trypanosensible. Seuls, trois pays (Mali, Mauritanie, S�n�gal) d�crivent les �quins pr�sents sur leur territoire. Ce sont essentiellement des animaux de prestige, rarement signal�s pour le transport ou le labour. Il est �tonnant que certains pays comme le Cameroun, la C�te d'Ivoire, le Burkina Faso ou le Tchad n'aient pas signal� cette esp�ce. La litt�rature est pourtant riche dans ce domaine. On peut relever le cheval de Banamba, le poney Kirdi, le cheval de Bobo, le cheval Foutank�, le cheval Fulani (vari�t� du cheval de Dongolaw), le cheval Gondo (vari�t� du cheval de Bandiagara), le cheval de Barou�li, le cheval Haoussa, le cheval du Hohd (Mali, Mauritanie, vari�t� du Barbe), le poney Cotocoli (B�nin), le poney du Logone, le cheval Sonra� et le cheval Torodi (Niger). Les renseignements sont � rechercher. Il peut s'agir soit d'isolats particuliers, soit de croisements propres � une ethnie ou � une r�gion.
Pour les asins et les camelins, les renseignements sont encore plus rares. Toutefois, l'importance des asins est not�e dans tous les pays, notamment pour tous les transports (r�colte, bois, eau, lait). Les effectifs sont mal connus. Seule la d�nomination "race locale" est utilis�e. Il semble qu'une seule race ait �t� d�crite ici (animal gris cendr� ou bai-brun, avec raie cruciale fonc�e). Cependant, pr�s du fleuve Niger, des �nes blancs ont �t� not�s. Les camelins sont pr�sents dans 5 des 12 pays enqu�t�s. Seuls, 2 pays les ont d�crits. Leur importance dans la valorisation de certaines zones n'est pas � d�montrer
Comme les �nes et les dromadaires, les volailles ont une place importante au sein de l'agriculture africaine. Il semble qu'elles soient touch�es par ce vaste syndrome d'abandon qui frappe toutes "ces choses tellement courantes" qu'elles sont oubli�es. Pour les 12 pays enqu�t�s, il y une seule souche locale de poule. Il est peu probable que sur plus de 150 millions d'individus d�clar�s et n'ayant jamais fait l'objet d'un travail de s�lection, il n'y ait qu'une seule vari�t�. Il y a, plus certainement, une population primitive qu'il faut essayer de comprendre. Il est tr�s significatif dans ce contexte de ne trouver que des souches exotiques am�lioratrices dans les programmes d'aviculture villageoise.
Apr�s cet inventaire, il est apparu int�ressant de regarder comment les diff�rentes races relev�es �taient caract�ris�es. L'ensemble des �l�ments collect�s a �t� class� en deux rubriques capables de recevoir la plus grande partie des crit�res zootechniques caract�risant la race. A l'�vidence, les crit�res phan�roptiques �taient trop variables pour �tre homog�n�is�s. Ils devront �tre repris int�gralement avec quelques modifications provenant de la litt�rature. Pour les donn�es zootechniques, il a �t� possible de les regrouper apr�s modifications afin d'harmoniser les r�sultats et de voir quelle �tait la perception premi�re des diff�rentes races retenues pour les bovins, les ovins et les caprins.

Chez les bovins, sur les 30 races cit�es et pouvant �tre consid�r�es comme diff�rentes � l'heure actuelle, il appara�t que dans les crit�res de croissance, les donn�es comme le poids de naissance et le poids adulte des animaux (25 fois sur 30, soit 83 p.100) sont bien connues (fig.1). Il est �tonnant de voir que les donn�es attach�es aux femelles sont plus nombreuses que celles des m�les. Cela peut se comprendre dans le cas des crit�res de reproduction, mais en aucun cas pour des param�tres de croissance. On doit donc admettre une erreur. L'�tude bibliographique compl�mentaire permettra de la combler. Il est tout de m�me significatif d'avoir une telle distorsion pour les bovins et de ne pas la retrouver dans les esp�ces ovines et caprines. Il n'est pas interdit de penser que, dans ces pays � forte dominance �levage, on r�fl�chit et on se place avant tout en �leveur soucieux de maintenir son troupeau gr�ce � une gestion plus attentive des femelles.
La description des races bovines s'appuie principalement sur des mensurations. La hauteur au garrot (HG) �tait tr�s utilis�e autrefois pour d�finir la silhouette de l'animal. Cette donn�e a une valeur historique puisqu'elle provient des premiers travaux zootechniques faits sur les chevaux des arm�es qui devaient avoir une taille sup�rieure strictement � 1,40 m pour servir dans la cavalerie. Cette habitude a �t� �tendue aux autres esp�ces sans v�ritable raison scientifique. Il n'en demeure pas moins que cette mesure reste facile � effectuer. Aujourd'hui, avec le d�veloppement de la barym�trie pour les suivis des troupeaux villageois, il semble pr�f�rable de pr�coniser la prise du p�rim�tre thoracique (PT) qui est mieux corr�l� avec le poids de l'animal et qui est aussi tr�s facile � mesurer. Cet aspect n'est pas retenu puisque cette donn�e n'est retrouv�e que dans moins de 30 p.100 des cas. Les donn�es concernant la croissance pr�-sevrage sont faibles. Le poids � la naissance est bien connu. Le poids au sevrage, l'�ge au sevrage et le gain moyen quotidien (GMQ) avant le sevrage ne sont pas des donn�es recherch�es (20 p.100 des cas). La m�me remarque peut �tre faite pour la croissance apr�s sevrage. Certains GMQ n'�taient pas fournis dans les r�ponses et ont �t� calcul�s. Il faut donc admettre que l'animal est, en moyenne, grossi�rement connu par sa taille, son poids � la naissance et son poids adulte. Ceux-ci peuvent varier beaucoup d'un pays � l'autre. Seule la phan�roptique permet de bien diff�rencier les races.
Cependant, � ce niveau, une r�flexion s'impose. La couleur n'est pas toujours choisie comme un crit�re racial : cas des chevaux "pur-sang" arabes ou anglais par exemple. Mais elle est fr�quemment utilis�e par les �leveurs pour confirmer l'appartenance � une race. Une robe diff�rente de celle des autres populations animales de la m�me esp�ce permet de distinguer les animaux de deux tribus utilisant les m�mes p�turages (pr�vention contre les vols). Des robes bariol�es ou tachet�es, toutes diff�rentes d'un animal � l'autre, peuvent permettre d'identifier chacun de ses animaux sans contestation possible, et beaucoup plus efficacement qu'avec une boucle ou un tatouage. Cela peut �tre le cas des caprins africains.
Mais au niveau d'une race, une robe ou un cornage particuliers permettent d'authentifier d�s le premier coup d'-il, au cours de toute transaction, l'appartenance � une race, donc la garantie de certaines performances. Dans tous les cas o� les �changes de reproducteurs sont fr�quents, et o� chaque �leveur ne peut pas conna�tre individuellement l'ensemble des animaux des autres �leveurs, les caract�res phan�roptiques sont n�cessaires � la clart� des transactions. Ils deviennent moins n�cessaires - mais sont toujours utilis�s m�me dans les pays d�velopp�s - si les transactions se basent sur des "papiers" indiquant l'ascendance et les index g�n�tiques des reproducteurs.
Par ailleurs, les crit�res phan�roptiques ont une extr�me importance pour les consommateurs, m�me s'ils n'ont rien de rationnel (mais les go�ts des consommateurs sont-ils rationnels ?). C'est ainsi qu'on ne peut pas vendre d'oeufs blancs en France, ni d'oeufs beiges en Allemagne. En Afrique, o� la plupart des animaux sont vendus vivants aux consommateurs, la couleur de la toison ou du plumage, le cornage des b�liers, font partie des crit�res d'achat, selon des modalit�s propres � chaque culture. Les producteurs qui souhaitent fournir les march�s urbains doivent obligatoirement tenir compte de ces exigences des consommateurs.
Pour les donn�es de reproduction (fig.1), il est surprenant de constater que pour trois races seulement (10 p.100), la fertilit� est donn�e comme une caract�ristique. Les �leveurs sont pourtant tr�s demandeurs de ce type d'information. Cependant, l'�ge � la premi�re mise bas appara�t dans plus de 50 p.100 des cas. Les valeurs laiti�res sont bien d�finies en r�gle g�n�rale. Malgr� la relative impr�cision de l'ensemble de ces donn�es, dans tous les cas, l'aptitude g�n�rale de la race consid�r�e est indiqu�e. Tout se passe comme si la race �tait plus ou moins bien connue de la part des zootechniciens, mais que traditionnellement, par connaissance ancestrale, on attribuait � cette race une aptitude particuli�re, bien reconnue par les �leveurs. Nous reparlerons par la suite de cette dualit� qui existe entre la connaissance des �leveurs et celle des zootechniciens ou des g�n�ticiens.
Chez les ovins, des remarques similaires peuvent �tre faites avec une silhouette bien d�finie des diff�rentes races, des poids de naissance et des poids adultes bien connus. Mais les vitesses de croissance ne sont que peu connues avant le sevrage et pratiquement pas apr�s le sevrage. Les param�tres de reproduction ne sont que peu signal�s (30 p.100 des cas). Les donn�es sur la production laiti�re sont pratiquement inexistantes. Il faut noter que, dans les pays consid�r�s dans ce travail, les moutons ne sont pas � vocation laiti�re. Cette caract�ristique est corrobor�e par l'existence d'une bonne connaissance des rendements en viande. Les aptitudes globales sont d�clar�es.
Chez les caprins, il y a une connaissance plus nettement ax�e sur l'animal adulte. Les param�tres de croissance ne sont que peu consid�r�s. Cette constatation peut rejoindre la remarque faite ant�rieurement qui donnait une vocation plus laiti�re aux ch�vres. Cela se trouve confirm� � l'examen des crit�res de reproduction : la fertilit�, la f�condit� et les param�tres laitiers sont mieux connus.
Il existe une dualit� entre une connaissance des diverses races admise par les �leveurs en g�n�ral et celle d�finie par les chercheurs. Il semble que les centres d'int�r�t ne soient pas les m�mes. Les �leveurs ont utilis� et forg�, au cours des si�cles, des races adapt�es � leurs besoins. Elles sont reconnues comme laiti�res, bouch�res ou r�pondant aux crit�res de th�saurisation (viabilit�, fertilit�, r�sistance). Mais les chercheurs n'ont pas pris en compte ces diverses solutions. Ils avaient des crit�res de jugement pr�d�finis et les ont appliqu�s sans discernement. Dans la description des races bovines europ�ennes, par exemple, la fertilit� n'est pas un param�tre souvent retenu puisque les �leveurs contr�lent la reproduction. Chez les �leveurs traditionnels africains, en �levage extensif et en l'absence de contr�le de la reproduction, ces param�tres sont essentiels pour le d�veloppement du troupeau, sa gestion et la capitalisation assur�e au propri�taire. A posteriori, il va donc falloir comprendre si l'�leveur et le chercheur (ou le d�veloppeur) ont la m�me perception d'une race donn�e. Au Tchad, cette approche a �t� adopt�e dans un travail sur le b�tail Kouri. Pour l'identification des animaux "pure race", la comparaison du choix des �leveurs se basant sur des crit�res qui leur sont propres avec celui des chercheurs se r�f�rant � la litt�rature (cornage important, robe blanche ou isabelle, grande taille) a montr� une divergence significative dans l'�valuation des effectifs. La confirmation par des techniques modernes d'identification donnait raison aux �leveurs. La physionomie de cette race a chang� et les �leveurs �taient, sans aucun doute, les ouvriers de cette �volution, comme en t�moigne la pertinence de leur jugement. L'�valuation des effectifs globaux est peut-�tre � revoir. Sans parler de grands effectifs, il est possible qu'il ne faille plus parler, dans ce cas notamment, de races en voie de disparition et faire des programmes de sauvegarde mais de races en �volution et faire des programmes de gestion-am�lioration.
L'autre aspect concerne la caract�risation et le choix des races. Globalement, cette �tude a montr� les lacunes importantes qui existent dans l'�valuation zootechnique des races. La prise en compte de crit�res purement phan�roptiques, ethniques ou g�ographiques ne permet pas d'affirmer ou d'infirmer avec certitude l'existence de races diff�rentes au sein d'une m�me population. C'est le cas fr�quent chez les bovins o� une homog�n�it� de robe a souvent �t� recherch�e. A contrario, chez les petits ruminants ou les volailles, l'absence de s�lection sur la coloration ne permet pas de conclure en l'existence d'une seule race locale par exemple. Si nous regardons un peu plus finement certaines donn�es, nous nous apercevons qu'il y a un d�s�quilibre important dans les connaissances de certaines races. Ainsi, au Mali, pays qui d�tient environ 6 000 000 de bovins dont 6 p.100 de N'Dama et 12 p.100 de crois�s N'Dama x z�bu, les connaissances sur le N'Dama sont importantes, celles sur les z�bus sont moyennes et celles sur les crois�s quasi nulles. Il est certain que l'�tude sur la r�sistance du N'Dama � la trypanosomose est fondamentale et int�resse une part importante de la communaut� scientifique internationale. Mais, il est tout aussi certain que des travaux d'identification, de caract�risation et d'am�lioration des z�bus int�resseraient largement un nombre tout aussi grand d'�leveurs maliens.
En r�sum�, il faut retenir deux points essentiels :
la recherche d'une ad�quation entre la d�finition des races ressentie par les �leveurs et celle faite par la communaut� scientifique ;
la recherche d'une homog�n�isation des moyens permettant la caract�risation des races en donnant aux �leveurs et aux d�veloppeurs la capacit� de faire un choix judicieux.
La diversit� des types d'animaux utilis�s dans l'�levage est � mettre en rapport avec la diversit� des modalit�s selon lesquelles l'homme exploite l'animal. On peut rendre compte de cette diversit� en consid�rant d'une part la nature de la ressource fourrag�re utilis�e, d' autre part la diversit� des produits attendus de l'�levage
La plupart des produits non alimentaires de l'�levage n'ont plus aujourd'hui qu'une place mineure, � l'�chelle mondiale, dans leurs diverses utilisations. La plupart de l'�nergie provient du p�trole et du charbon, la plupart des engrais proviennent de l'industrie chimique, la plupart des textiles proviennent de v�g�taux ou de la chimie. Cependant ces produits de l'�levage sont encore tr�s utilis�s et repr�sentent, dans certains types d'�levage, une part importante de la production attendue des animaux.
Les produits alimentaires (lait, viande, oeufs) n'ont pas de substitut d'origine chimique. Ils tendent � devenir le principal produit de l'�levage. Ils sont pourtant partiellement substituables par des produits v�g�taux, si bien que les niveaux de consommation sont tr�s variables d'un groupement humain � l'autre, selon le revenu, les disponibilit�s du produit, et les habitudes de consommation.Dans les pays d'Afrique subsaharienne enqu�t�s, la plupart des types d'�levage sont orient�s vers plusieurs produits simultan�ment (viande et lait, viande et travail, viande et oeufs, viande et peau).
Du point de vue de la ressource fourrag�re utilis�e, on peut distinguer trois grands types :
a. Les p�turages non cultiv�s (steppe, savane, for�t). Les animaux pr�l�vent eux-m�mes des v�g�taux spontan�s. Cette ressource n'a n�cessit� aucune intervention productive de l'homme. Elle n'a aucun co�t de production. Sa mise en valeur n�cessite que les territoires o� elle est pr�lev�e ne soient pas utilis�s � d'autres fins, notamment l'agriculture, la chasse ou l'exploitation foresti�re. Cette ressource est d'autant plus abondante et facile d'acc�s que la densit� de population est plus faible. Les superficies consacr�es au p�turage sont partout en r�gression en Afrique devant la croissance des surfaces labour�es qui accompagne la croissance d�mographique.
b. Les sous-produits et r�sidus agricoles et domestiques. Un grand nombre d'animaux sont �lev�s avec les r�sidus culinaires (peaux de fruits et de l�gumes) ou agricoles (pailles et sons de c�r�ales, fanes de pois, etc.). Cette ressource est le sous-produit d'une activit� orient�e vers d'autres produits. Elle n'a donc pas de co�t de production. Cette ressource est proportionnelle � la production agricole elle-m�me. Elle est donc d'autant plus abondante que l'agriculture est plus intensive. Elle est en croissance en Afrique avec la croissance de l'agriculture.
c. Les fourrages cultiv�s. Il s'agit de produits cultiv�s sp�cialement pour l'alimentation des animaux : c�r�ales, tubercules, fourrages grossiers. Ils ne sont utilis�s que si l'augmentation de production animale obtenue est sup�rieure au co�t de cette culture, ou au prix d'un autre produit v�g�tal qui pourrait �tre obtenu avec les m�mes facteurs (terre, travail, intrants). Tr�s r�pandue dans les pays d�velopp�s o� le prix des c�r�ales est tr�s bas par rapport au prix des produits animaux, l'utilisation de fourrages cultiv�s est encore tr�s marginale en Afrique subsaharienne.
La combinaison des types de ressource v�g�tale, des logiques de fonctionnement des �leveurs, et des diff�rents produits permet de caract�riser cinq mod�les d'�levage .
1. Les mod�les pastoraux n'utilisent que de la v�g�tation spontan�e. Souvent mobiles, ils ont besoin d'un acc�s garanti aux terrains de p�turage. N'�tant pas agriculteurs, ils doivent vendre une partie de leurs produits pour se procurer ce qu'ils ne peuvent produire. Leurs animaux doivent avoir une bonne aptitude � la marche, et une forte capacit� de croissance des effectifs apr�s les fr�quentes catastrophes (sanitaires, climatiques). La productivit� individuelle des animaux n'est pas tr�s �lev�e, elle est compens�e par le nombre. A l'�tat pur, ce mod�le est en r�gression en Afrique, sauf dans les r�gions les moins dens�ment peupl�es. L'augmentation des effectifs de cheptel et l'expansion des terres labour�es conduisent la plupart des pasteurs � acheter de plus en plus souvent des fourrages aux agriculteurs, ou m�me � commencer eux-m�mes � pratiquer l'agriculture pour mieux subvenir � leurs besoins et � ceux de leurs animaux.
2. Les mod�les de basse-cour utilisent les r�sidus domestiques et agricoles. Ils sont pr�sents dans toutes les exploitations agricoles, le plus souvent avec des petits animaux (oiseaux, rongeurs, porcins, ovins, caprins). Ils produisent plusieurs produits, principalement pour l'usage de la famille. Les effectifs sont tr�s petits, ce qui rend ais� leur remplacement, en cas de mortalit�, par achat dans le voisinage. En revanche ces animaux peuvent avoir une productivit� individuelle �lev�e, �tant souvent tr�s bien nourris et attentivement soign�s.
3. Les mod�les paysans utilisent une combinaison, tr�s variable, de p�turages spontan�s, de r�sidus, de fourrages cultiv�s, et de fourrages achet�s. Ils sont l'un des �l�ments, avec les productions v�g�tales, du syst�me de production mis en oeuvre pour exploiter les ressources disponibles, en terre et en travail, en vue de fournir un revenu � la famille par l'autoconsommation et la vente de produits tr�s divers. Les animaux doivent � la fois �tre productifs dans l'ensemble des produits que l'on attend d'eux, et adapt�s aux conditions de leur �levage. Par la diversit� des combinaisons de ressources et de produits, ces mod�les abritent une grande diversit� de types g�n�tiques d'animaux. Ces mod�les paysans sont actuellement les plus r�pandus en Afrique. Ils participent en effet � l'intensification g�n�rale de l'agriculture, cons�quence de la hausse de la densit� d�mographique rurale. Leur croissance n'est frein�e que par les faibles progr�s de la production v�g�tale d'une part, et par l'�troitesse des march�s des produits, d'autre part.
4. Les mod�les " ranch ", tr�s r�pandus en Am�rique et Oc�anie, sont anecdotiques en Afrique. Ils n�cessitent de tr�s grandes �tendues de terres sans autre affectation et appropri�es privativement.
5. Les mod�les industriels sont d�connect�s de la dimension territoriale : ils n'utilisent que des aliments achet�s (r�sidus d'industrie agro-alimentaire ou fourrages cultiv�s). Orient�s vers la production d'un seul produit, ils ne se d�veloppent que si le prix de ce produit permet de r�mun�rer, au prix du march�, l'ensemble des facteurs achet�s. Le rapport de prix du produit animal (viande, lait, oeuf) � celui de l'aliment principal doit �tre sup�rieur � l'indice de consommation. Ils se d�veloppent en Afrique pr�s des grandes villes sur la base d'une alimentation subventionn�e ou import�e. Mais ils restent encore minoritaires dans l'approvisionnement des pays en produits animaux. Elev�s en milieu contr�l�, avec une alimentation stock�e et ma�tris�e, les animaux peuvent avoir des performances tr�s �lev�es. La diversit� g�n�tique est donc r�duite puisque les conditions d'�levage sont tr�s homog�nes et que son orientation tend vers un seul produit. Ces �levages tentent en Afrique d'utiliser un mat�riel g�n�tique exotique, le plus souvent import� des pays d�velopp�s, o� il a �t� tr�s s�lectionn� pour une seule production, dans des conditions de milieu et d'alimentation bien particuli�res et peu reproductibles en Afrique. Les �checs sont fr�quents, que ce soit du point de vue des conditions d'�levage (cas des vaches Montb�liard � Bamako) ou de l'adaptation du produit � la demande locale (cas du format des porcs Large White � Lom� ou de la couleur des poulets de chair pour les c�r�monies dans plusieurs pays africains).
La croissance d�mographique de l'Afrique est bien connue. Dans les 19 pays de l'Afrique de l'Ouest �tudi�s par l'OCDE (Etude des perspectives � long terme de l'Afrique de l'Ouest, Paris, 1994), la population a doubl� au cours des 30 derni�res ann�es et elle doublera encore au cours des 30 prochaines ann�es. La croissance plus rapide de la population urbaine est �galement bien connue. Dans les 19 pays �tudi�s, il est pr�vu que la population urbaine qui repr�sentait 15 p. 100 de la population totale en 1960, et 40 p.100 en 1990, repr�sentera les deux tiers de la population en 2020. Ce ph�nom�ne d'urbanisation, semblable � l'�volution pass�e des pays d�velopp�s, aura des cons�quences sur les circuits d'approvisionnement alimentaires des villes. A moins d'un recours accru aux importations, les fili�res int�rieures d'approvisionnement devront s'�toffer consid�rablement : croissance de la production en volume et d�veloppement des circuits commerciaux.
Un ph�nom�ne est cependant rest� peu remarqu� : contrairement � ce qui s'est produit dans les pays d�velopp�s, l'urbanisation s'est faite, et continuera � se faire, sans exode rural. La population rurale continue d'augmenter, certes moins vite que celle des villes. En cons�quence, il y aura de plus en plus de paysans. L'augmentation de la production agricole par agriculteur (n�cessaire pour nourrir la population urbaine croissante) devra se faire avec un nombre de plus en plus grand d'agriculteurs. Cela signifie � la fois la mise en valeur de terres jusqu'� pr�sent non travaill�es, le retour plus fr�quent sur les jach�res, et l'obtention d'une production accrue sur chaque parcelle cultiv�e.
Du point de vue de l'�levage, cette �volution entra�nera la diminution absolue des mod�les pastoraux, pratiqu�s dans les zones les moins dens�ment peupl�es et la diminution relative des mod�les de basse-cour. Ces deux mod�les vont �voluer vers des mod�les paysans en incorporant des fourrages cultiv�s et/ou achet�s dans la ration des animaux. Cette int�gration de l'agriculture et de l'�levage est d�j� largement pratiqu�e. Elle permet une augmentation de la production globale de chaque parcelle de terrain, par la mobilisation plus intense de la main-d'oeuvre disponible.
Cette int�gration-intensification peut prendre des formes tr�s vari�es : par transformation des mod�les paysans acqu�rant des animaux ; par installation, �ventuellement saisonni�re, de pasteurs comme cultivateurs ; par �change de fourrages et/ou d'animaux entre pasteurs et cultivateurs. Le d�veloppement des mod�les d'�levage paysans n�cessitera une grande vari�t� de types g�n�tiques d'animaux adapt�s aux conditions particuli�res tr�s vari�es d'alimentation, de mode de conduite, et de types de produits demand�s par le march�. Le b�tail actuel n'est pas forc�ment adapt� � ces besoins futurs et il est probable qu'il �voluera, comme il a d�j� �volu�, sans perdre de sa diversit� � l'�chelle du continent. Il est cependant possible d'accompagner cette �volution vers une intensification de l'�levage villageois par des actions collectives permettant de mieux l'orienter et de l'acc�l�rer.
Il s'agit d'aider les �leveurs � d�finir et � mettre en valeur le type d'animal qui correspond le mieux possible � leurs contraintes et � leurs objectifs, qui sont tous les deux en constante �volution. Il ne pourra donc s'agir que de projets tr�s localis�s, adapt�s � chaque situation particuli�re, avec des m�thodes qui pourront �tre mises en commun.
Les mod�les paysans peuvent fournir des produits animaux � des prix relativement faibles, puisque la part des p�turages et des sous-produits reste significative dans l'alimentation des animaux, que le co�t d'opportunit� du travail est faible, et que plusieurs produits valorisent l'�levage. Il n'en est pas de m�me des mod�les industriels, qui doivent r�mun�rer l'ensemble des fourrages au prix du march�, ainsi que de la main-d'oeuvre salari�e, et qui ne valorisent bien qu'un des produits de l'�levage. Cependant, si la demande urbaine est forte et donc les prix des produits suffisamment �lev�s par rapport aux intrants, alors ces mod�les, qui peuvent se localiser pr�s des villes, peuvent devenir comp�titifs par rapport aux mod�les paysans, surtout si ceux-ci voient leurs prix de vente ob�r�s par les co�ts d'acheminement. Il semble donc qu'il y aura une certaine place, � l'avenir, pour des productions de lait, de viande et d'oeufs, dans des ateliers industriels � la p�riph�rie des villes. Ils pourront �tre approvisionn�s en fourrages par la production paysanne int�rieure (s'agissant de produits non p�rissables, l'organisation des fili�res de commercialisation est plus facile), par les r�sidus d'industries agricoles locales (�grenage du coton, brasseries, meuneries, etc.) ou par des aliments import�s. Ils se d�velopperont d'autant plus que la demande (donc les prix) des produits animaux sera �lev�e, et que le prix des aliments sera bas.
Le choix du mat�riel g�n�tique � utiliser dans ces ateliers pose de graves probl�mes. Le mat�riel utilis� dans les pays d�velopp�s pour ce mod�le d'�levage r�sulte de plusieurs d�cennies de s�lection. Les animaux ne sont pas adapt�s aux conditions de milieu (climat, pathologie, alimentation), ni aux types de produits demand�s par les march�s africains.Il est donc important de pr�parer ce d�veloppement par des actions visant � trouver un mat�riel g�n�tique performant � partir des populations locales, par s�lection ou croisement. Par nature, ces mod�les sont moins localis�s que les mod�les paysans. Le mat�riel g�n�tique d�fini et d�velopp� pourra �ventuellement �tre transpos� ailleurs. Il faudra alors qu'un groupe d'�leveurs s'organisent pour g�rer la cr�ation, la diffusion et l'exploitation des mat�riels test�s ou s�lectionn�s.
Les mod�les paysans et les mod�les industriels sont appel�s � se d�velopper pour approvisionner la demande urbaine croissante. Par leur propre diversit� de conditions d'�levage, les mod�les paysans sont les mieux � m�me de servir de support au maintien de la diversit� g�n�tique des animaux, alors que les mod�les industriels impliquent la diffusion d'un mat�riel g�n�tique plus homog�ne. Mais les mod�les paysans ne pourront prendre une part importante des march�s urbains que si, en plus d'un appui aux programmes g�n�tiques, les �leveurs sont reli�s � un r�seau dense et souple de collecte, conditionnement et exp�dition de leurs produits vers les villes.
La conjoncture �conomique actuelle des diff�rents pays et les situations g�ographiques particuli�res ne permettent pas de d�gager des acteurs sp�cifiquement engag�s dans le domaine de la conservation de la biodiversit� des animaux domestiques. Dans tous les pays, soit par l'interm�diaire du questionnaire, soit lors des diverses rencontres de la mission, des structures nationales, s'occupant des aspects li�s � la biodiversit�, ont �t� mises en �vidence. Elles n'ont jamais une sp�cificit� dans ce domaine. Et, en r�gle g�n�rale, lorsqu'il est possible de les isoler, les financements permettant le fonctionnement des �quipes travaillant sur la conservation des animaux domestiques proviennent d'organismes ext�rieurs. Les investissements r�alis�s par le pays ne sont pas n�gligeables puisqu'ils couvrent g�n�ralement une grande partie des besoins en infrastructures et en personnels. Cependant, ces derniers restent difficiles � �valuer du fait de l'attribution non sp�cifique des moyens et de la pluridisciplinarit� des �quipes.
A l'issue de ce travail, il a �t� possible pr�senter 31propositions d'actions de conservation de la biodiversit� des animaux d'�levage. Ceux-ci s'organisent pour r�pondre � l'un des trois objectifs principaux :
- l'ad�quation du mat�riel animal et des objectifs des �leveurs,
- la n�cessit� d'une intensification des �levages villageois,
- l'int�gration des races locales au d�veloppement de l'�levage p�riurbain.
1 Ce document est tir� d'un travail r�alis� en 1995 pour le compte de la FAO. Les deux volumes composant ce travail peuvent �tre obtenus aupr�s de la FAO - Rome. Les auteurs remercient la FAO d'avoir autoris� cette publication.