Les mâles et les femelles sont conservés séparément en raison des différents produits vendus à partir de l’élevage d’esturgeon. L’absence de dimorphisme sexuel entraîne le développement de différentes méthodes de détermination du sexe des poissons immatures: biopsie et observations, dosage plasmatique de l’hormone 11-kétostérone et scanners à ultrasons. Ces actions sont normalement pratiquées vers 3 ans. Les mâles sont ensuite vendus. Les femelles sont conservées et la phase de grossissement dure plusieurs années jusqu’à ce qu’elles soient adultes et produisent du caviar. Elles sont ensuite récoltées pour leur chair. Certaines d’entres elles peuvent être conservés pour les stocks de géniteurs et de futures reproductions.
Stock de géniteurs
L’esturgeon de Sibérie est une espèce gonochorique. Les conditions d’élevage en ferme sont généralement plus favorables que les conditions naturelles dont ils sont originaires et la puberté a alors lieu bien plus tôt, à 6 ans environ pour les mâles et vers 7 ans pour les femelles dans des conditions tempérées.
La gestion du stock de géniteurs est compliquée par le fait que les femelles n’ovulent pas tous les ans (à de rares exceptions près) et ne sont pas toutes synchrones. Pour une cohorte donnée, le nombre de femelles adultes obtenu peut donc varier entre 35 et 63 pour cent du stock chaque année. Le contrôle de la température de l’eau permet d’obtenir des œufs sur une longue période, de décembre à mai.
La vernalisation et la stimulation hormonale sont réalisées pour obtenir des produits de bonne qualité sur le plan sexuel. Différents types d’hormones peuvent être utilisés, notamment des extraits pituitaires d’esturgeon ou de carpe, ou des gonadostimulines (GnRH). Le principal problème est d’être capable de déterminer le bon moment pour administrer l’injection d’hormones, c’est-à-dire de choisir les animaux qui présentent l’état physiologique le plus approprié. L’histoire du stock, la taille des follicules ovariens, l’homogénéité de ces derniers, leur apparence, la position de la vésicule germinale et la capacité de maturation in vitro des follicules ovariens sont des critères utiles pour déterminer le bon moment pour prendre la décision.
Les œufs sont récoltés grâce à un massage abdominal répété toutes les deux heures ou mieux, en réalisant une petite laparotomie. L’ouverture pratiquée est ensuite refermée avec des points de sutures. Pendant l’opération, l’animal reçoit un jet d’eau à travers la bouche. La récolte varie entre 8 et 14 pour cent du poids de la femelle vivante. Les œufs sont souvent de forme ovoïde, bruns et/ou vert foncé. Ils mesurent entre 3,0 et 3,8 mm et présentent plusieurs micropyles. On compte entre 35 et 45 œufs/g.
Les mâles produisent fréquemment plusieurs dizaines de ml de sperme qui sont collectés en utilisant un petit tube flexible introduit délicatement dans l’orifice génital. La fertilisation est réalisée en utilisant des techniques perfectionnées il y a déjà plusieurs décennies.
Ecloseries
Les œufs fertilisés doivent subir un traitement qui prévient leur rassemblement pendant l’incubation. On pratique très souvent une suspension d’argile aqueuse et parfois du lait est utilisé. Après rinçage, les œufs sont placés dans les incubateurs, généralement des carafes d’éclosion Zoug ou McDonald.
Le développement des embryons démarre au bout de 6 jours environ à une température de 13-14 °C. Les larves normales peuvent être facilement sélectionnées grâce à leur phototropisme positif.
L’ordre et la durée des différentes phases du comportement larvaire sont bien définis à 17-18 °C. Dans ces conditions, les larves doivent être nourries pour la première fois entre le 9
e et le 11
e jour suivant leur éclosion, c’est-à-dire une fois la phase d’alimentation endogène complètement achevée. D’excellents résultats sont immédiatement obtenus (en termes de taux de croissance et de mortalité) avec une alimentation composite. De simples petits bassins de 200 cm de long, 20 cm de large et 40 cm de profondeur sont appropriés pour l’élevage des larves au cours des 4 premières semaines. Le poids moyen des larves est d’environ 500 mg à 17-18 °C. La profondeur de l’eau est comprise entre 15 et 30 cm. Par la suite, des bassins circulaires (Φ = 2 m) peuvent être utilisés pour les alevins.
Techniques de grossissement
L’esturgeon de Sibérie peut être élevé dans un vaste éventail de systèmes: raceways, bassins circulaires, grands bassins dans le cadre de l’élevage intensif, étangs et cages. Les cages sont d’usage courant en Russie et en Uruguay. Des tests ont également été menés pour l’élevage d’esturgeon dans des systèmes à recirculation d’eau.
Dans les étangs, l’élevage peut être pratiqué à une densité comprise entre 1,5 et 3 kg/m² sans oxygénation. On a enregistré des densités de 50 à 80 kg/m² si de l’oxygène supplémentaire est fourni. L’esturgeon de Sibérie résiste à des températures élevées (25-26 °C) à condition que deux précautions soient prises simultanément: absence d’aliments et fourniture d’un niveau élevé d’O
2. Les esturgeons préfèrent l’ombre et évitent la lumière directe. La végétation submergée doit être évitée car elle peut piéger le poisson dans une masse d’algues.
Apport de nourriture
En Europe occidentale, les aliments utilisés sont principalement des granulés commerciaux souvent très proches de ceux adoptés dans la truiticulture. Les granulés extrudés présentent une meilleure stabilité dans l’eau et sont plus appropriés au comportement alimentaire de l’esturgeon. Les taux alimentaires en Europe occidentale dépassent rarement 1-1,5 pour cent de la biomasse. Ils sont même inférieurs à ces chiffres chez les plus grands individus. Des taux bien plus élevés (environ 4 pour cent) ont cependant été relevés dans la Fédération de Russie. En ce qui concerne l’élevage en étang, le lieu de distribution de la nourriture doit varier pour éviter l’accumulation de sédiments autour des zones de diffusion.
Techniques de récolte
Les poissons sont rassemblés au moyen de filets. Ils sont ensuite capturés avec une petite épuisette à mailles moyennes. Les plus gros individus sont attrapés à la main.
Manipulation et traitement
En ce qui concerne le caviar, les principales étapes de transformation sont les suivantes: sélection des femelles, conservation dans de l’eau courante quelques temps, assommage, éviscération, retrait des ovaires, refroidissement, examens de dépistage, rinçage, pesage, salage, séchage, conditionnement, étiquetage et conservation. Chaque étape est importante, la première (la sélection des femelles) étant la principale.